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Read Ebook: Goena-Goena: Oorspronkelijke roman by Daum P A Paul Adriaan

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Ebook has 725 lines and 25900 words, and 15 pages

C?t himen peut avoir sa raison politique; Elise peut aussi le trouver tirannique, Si c?t objet forc? de son affection, N'a jamais attir? que son aversion, Ou si quelque autre amant regne en son coeur fidelle Amintas pourroit-il estre heureux avec elle; Et quand elle tiendroit son sceptre d'Amintas, D'un ?poux qui d?plaist les dons ne plaisent pas, Contrainte en son amour, & contrainte en sa haine, Amante malheureuse, & malheureuse Reine, D'un choix violent? le souvenir cruel, Luy feroit de son Trosne un supplice eternel. Le sceptre, & les tresors qu'apporte un himen?e N'en fait point icy bas l'heureuse Destin?e, On n'est pas moins captif pour l'estre avec esclat, Et les raisons d'amour ne le sont point d'Estat.

CLARISE.

Amintas est bien-fait, genereux; plein de gloire, Son bras s'est signal? par plus d'une victoire, Il est aym? du peuple, ador? de la Cour, De moindres qualit?s donneroient de l'amour. Mais la Princesse vient, retirez vous; possible Vas-je la disposer ? vous estre visible.

ELIZE, CLARICE.

ELIZE.

Quel est c?t estranger?

CLARICE.

C'est un Cilicien, Pour qui je vous demande un secret entretien.

ELIZE.

Et que peut me vouloir c?t ?tranger, Clarice?

CLARICE.

Vous rendre ? ce qu'il dit un important service.

ELIZE.

Qu'il vienne; mais s'il veut quelque grace de moy, Je n'ay plus de pouvoir depuis la mort du Roy. Faittes luy donc s?avoir qu'Amintas, & son Pere Sont aujourd'huy les Dieux que la Cypre revere.

ELISE.

Princesse malheureuse, & qu'un indigne sort, Contraint des sa jeunesse ? souhaiter sa mort: Le Ciel ne te fit don d'une illustre naissance, Que pour faire aux mortels redouter sa puissance, Il te ravit un Throsne ? ta naissance acquis: De tes propres sujets il fait tes ennemis, Et du choix d'un Espoux t'ostant le privilege, Il te rend vers ton Pere ingrate, & sacrilege; Mais des ordres d'un Pere on se peut dispenser, Quand une foy promise, est honteuse ? fausser. On me peut faire choir d'un Trosne hereditaire, Mais me rendre inconstante, on ne le s?auroit faire: Je t'aymeray tousiours, soit que loin de ces lieux, Ton ame dans le Ciel ait place entre les Dieux, Soit qu'entre les mortels, o? tu vis plein de gloire Tu conserves encore Elise en ta memoire; Soit qu'un ingrat oubly la chasse de ton coeur, Je t'aymeray tousiours d'une constante ardeur, Prince qui meritois une autre destin?e, Prince le seul espoir d'Elise infortun?e.

CLARICE, ELISE, SEBASTE.

CLARICE.

Voicy cet ?tranger.

ELISE.

Que voulez vous de moy?

SEBASTE.

Orosmane des Mers le redoutable Roy, Qui sur mille vaisseaux portant par tout la guerre, Fait respecter son nom aux Maistres de la terre, Vous offre sa valeur contre vos ennemis, Et vingt mille soldats ? vos ordres so?mis, Quand vous l'ordonnerez, d'une puissante Arm?e, Vous verrez ? l'instant cette ville enferm?e; Vous verrez les Tyrans qui vous donnent la loy, La recevoir de vous, & trembler sous mon Roy

ELISE.

On a mal inform? vostre vaillant Corsaire, Et son secours icy ne m'est point necessaire; Mais d'o? peuvent venir les soins officieux, D'un homme si funeste ? la paix de ces lieux, Plus craint de nos vaisseaux que les plus grands orages, Qui tient nos ports bloquez, desole nos rivages, Et qui laissant en paix le reste des humains, Nous choisit pour l'objet de ses faits inhumains;

SEBASTE.

Orosmane n'est pas tout ce qu'il paroist estre, Et possible le temps le fera mieux connoistre, Mais troublast-t'il la Cypre encor plus qu'il ne fait, Il vous distingue fort de ces peuples qu'il hait, Il n'est soin ny devoir qu'il ne vueille vous rendre, Et de fortes raisons Dans vos seuls interests l'engagent tellement, Qu'il fait ses ennemis des vostres seulement: Un Prince incomparable, & dont l'illustre vie, A vos yeux ses vainqueurs fut tousiours asservie, Et qui jusqu'au trepas constant en son Amour, Ne regretta que vous quand il perdit le jour, Eut long temps la fortune ? ses voeux favorable; Mais se fier en elle est bastir sur le sable. Ce Prince malheureux vit son Trosne envahy, Il fut de ses sujets abandonn?, trahy, Et reduit ? la fin de quitter une Terre, O? tout sembloit d'accord ? luy faire la guerre, Il fonda sur les flots l'espoir de son salut, N'ayant plus qu'un vaisseau de tant d'autres qu'il e?t, Sa galere en ces mers tombant dans nostre Arm?e, Se vit en un moment des nostres enferm?e, Mais luy loing de ceder ? l'ennemy plus fort, De vos meilleurs soldats se fit craindre d'abord, Et fit seul contre nous en sa seule galere, Ce que le Dieu de Trace en sa place eust peu faire, Repoussant plusieurs fois de son bord investy, Les nombreux ennemis de son foible party. Orosmane ravy de sa rare vaillance, Fait cesser le combat; vers ce guerrier s'avance; Luy presente ? la fois, & la paix, & la main, Et ne re?oit de luy que fiert?, que d?dain, Il offence Orosmane; il l'attaque, il le presse, De tout ce qui luy reste; & de force, & d'adresse; Irrite son courroux par son sang repandu: Mais foible par celuy qu'il a d?ja perdu, Enfin il tombe aux pieds d'Orosmane invincible, Et trouva son vainqueur ? son malheur sensible, Il s'appelloit Alcandre.

ELISE.

Helas! il est donc mort, Alcandre? mon Alcandre.

SEBASTE.

Il a chang? de sort.

ELISE.

Et le fier Orosmane est meurtrier d'Alcandre?

SEBASTE.

Il se croiroit heureux, s'il pouvoit vous le rendre.

ELISE.

Helas!

SEBASTE.

Alcandre donc ce Prince malheureux, Expirant, conjura son vainqueur genereux, Son vainqueur, qu'il voyoit pres de luy tout en larmes, Maudire; mais trop tard, ses trop heureuses Armes, De vous offrir son bras, sa flotte, & son pouvoir, Et d'appaiser par l? son juste desespoir, De voir ainsi finir son Amour, & sa vie, Dans un temps o? peut-estre il vous auroit servie, Et c'est d'o? sont venus les soins officieux, D'un guerrier sans pareil qui vous est odieux; Mais sur qui vous regnez; en qui revit Alcandre, Qui voudroit comme luy pour vous tout entreprendre, Et de qui la valeur ne veut point d'autre prix, Que la gloire d'avoir pour vous tout entrepris,

ELISE.

Ha plustost qu'un Barbare ait part en mon estime, Un Corsaire Insolent qui me propose un crime, Plustost que d'attirer le reproche eternel, D'armer en ma faveur un bras si criminel, Que les plus grands malheurs que l'on craint sur la Terre, Me fassent sans relasche une cruelle guerre, Que ces mesmes Tyrans, dont trop officieux Il m'offre d'abaisser l'orgueil ambitieux, Exercent contre moy toute la violence, Qu'inspire ? des sujets une aveugle insolence: H? que peut-il me rendre apres m'avoir ost?, Le seul bien qui manquoit ? ma f?licit??

SEBASTE.

Orosmane s?ait bien que vous estes gesn?e, Dans la libre action du choix d'un himen?e, Qu'il vous fait perdre Alcandre un amant genereux, De qui le seul defaut fut d'estre malheureux; Que tout son sang vers?, toute sa flotte offerte, Peut reparer ? peine une si grande perte.

ELISE.

Et s?ait-il que mon coeur ne peut trop d?tester, Celuy qui m'oste Alcandre, & s'en ose vanter; Veut-il du sang encore apres celuy d'Alcandre, Et m'offre-t'il le fer qui vient de le repandre?

SEBASTE.

Orosmane....

ELISE.

Ostez vous estranger odieux, Ce qui vient d'Orosmane est horrible ? mes yeux, Ha ne les ouvrons plus que pour verser des larmes, Renon?ons pour jamais aux objets pleins de charmes, Donnons nous toute entiere ? nos tristes ennuis, Et faisons de nos jours des ?ternelles nuicts. C'estoit donc de nos feux la trompeuse esperance, C'est donc ce que le Ciel gardoit ? sa constance, Dans un temps o? son bras secondant sa valeur, Estoit prest d'establir nostre commun bon-heur; De luy rendre un Royaume usurp? par mon Pere, Et de me conserver la Cypre hereditaire? Ne viens donc plus espoir, de tes trompeurs appas, Adoucir des tourmens que tu ne gueris pas, Puisque je pers Alcandre, & que je le veux suivre, Dequoy peux tu servir ? qui ne veut plus vivre? O?y bientost dans le Ciel o? tu vis loin de moy, Je t'y joindray bien-tost pour n'estre plus qu'? toy, Belle ame qui quittas, & fis tout pour Elise, Et seule eus le pouvoir d'asservir sa franchise.

ELISE, ALCIONNE.

ELISE.

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