Read Ebook: Œuvres de Napoléon Bonaparte Tome I. by Napoleon I Emperor Of The French Panckoucke C L F Charles Louis Fleury Editor
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Ebook has 3246 lines and 169856 words, and 65 pages
MONSIEUR,
Le club patriotique ayant pris connaissance de l'?crit o? vous d?voilez avec autant de finesse que de force et de v?rit?, les men?es obscures de l'inf?me Buttafoco, en a vot? l'impression. Il m'a charg?, par une d?lib?ration dont je vous envoie copie, de vous prier d'y donner votre assentiment: il juge l'impression de cet ?crit utile au bien public. C'est une raison qui ne vous permet point d'excuse.
Je suis, etc. MASS?RIA,
LE SOUPER
DE BEAUCAIRE
Je me trouvais ? Beaucaire le dernier jour de la foire; le hasard me fit avoir pour convives ? souper, deux n?gocians marseillais, un Nimois et un fabricant de Mont-Sellier. Apr?s plusieurs momens employ?s ? nous reconna?tre, l'on sut que je venais d'Avignon, et que j'?tais militaire. Les esprits de mes convives, qui avaient ?t? toute la semaine fix?s sur le cours du n?goce qui accro?t les fortunes, l'?taient dans ce moment sur l'issue des ?v?nemens pr?sens, d'o? en d?pend la conservation; ils cherchaient ? conna?tre mon opinion, pour, en la comparant ? la leur, pouvoir se rectifier et acqu?rir des probabilit?s sur l'avenir, qui nous affectait diff?remment; les Marseillais surtout paraissaient ?tre moins p?tulans: l'?vacuation d'Avignon leur avait appris ? douter de tout; il ne leur restait qu'une grande sollicitude sur leur sort: la confiance nous eut bient?t rendu babillards, et nous commen??mes un entretien ? peu pr?s en ces termes.
LE NIMOIS.
L'arm?e de Cartaux est-elle forte? L'on dit qu'elle a perdu bien du monde ? l'attaque; mais s'il est vrai qu'elle ait ?t? repouss?e, pourquoi les Marseillais ont-ils ?vacu? Avignon?
LE MILITAIRE.
L'arm?e ?tait forte de 4,000 hommes lorsqu'elle a attaqu? Avignon, elle est aujourd'hui ? 6,000 hommes, elle sera avant quatre jours ? 10,000 hommes; elle a perdu cinq hommes et quatre bless?s; elle n'a point ?t? repouss?e, puisqu'elle n'a fait aucune attaque en forme: elle a voltig? autour de la place, a cherch? ? forcer les portes, en y attachant des p?tards; elle a tir? quelques coups de canon pour essayer la contenance de la garnison; elle a d? ensuite se retirer dans son camp pour combiner son attaque pour la nuit suivante. Les Marseillais ?taient 3,600 hommes; ils avaient une artillerie plus nombreuse et de plus fort calibre, et cependant ils ont ?t? contraints ? repasser la Durance; cela vous ?tonne beaucoup: mais c'est qu'il n'appartient qu'? de vieilles troupes de r?sister aux incertitudes d'un si?ge; nous ?tions ma?tres du Rh?ne, de Villeneuve et de la campagne, nous eussions intercept? toutes leurs communications. Ils ont d? ?vacuer la ville; la cavalerie les a poursuivis dans leur retraite; ils ont eu beaucoup de prisonniers et ont perdu deux pi?ces de canon.
LE MARSEILLAIS.
Ce n'est pas l? la relation que l'on nous a donn?e; je ne veux pas vous le contester, puisque vous ?tiez pr?sent; mais avouez que cela ne vous conduira ? rien: notre arm?e est ? Aix, trois bons g?n?raux sont venus remplacer les premiers; on l?ve ? Marseille de nouveaux bataillons, nous avons un nouveau train d'artillerie, plusieurs pi?ces de 24; sous peu de jours nous serons dans le cas de reprendre Avignon, ou du moins nous resterons ma?tres de la Durance.
LE MILITAIRE.
Voil? ce que l'on vous dit pour vous entra?ner dans le pr?cipice qui s'approfondit ? chaque instant, et qui peut-?tre engloutira la plus belle ville de la France, celle qui a le plus m?rit? des patriotes; mais l'on vous a dit aussi que vous traverseriez la France, que vous donneriez le ton ? la r?publique, et vos premiers pas ont ?t? des ?checs; l'on vous a dit qu'Avignon pouvait r?sister long-temps ? 20,000 hommes, et une seule colonne de l'arm?e, sans artillerie de si?ge, dans vingt-quatre heures, en a ?t? ma?tresse; l'on vous a dit que le Midi ?tait lev?, et vous vous ?tes trouv?s seuls; l'on vous a dit que la cavalerie nimoise allait ?craser les Allobroges, et ceux-ci ?taient d?j? au Saint-Esprit et ? Villeneuve; l'on vous a dit que 4,000 Lyonnais ?taient en marche pour vous secourir, et les Lyonnais n?gociaient leur accommodement; reconnaissez donc que l'on vous trompe, concevez l'imp?ritie de vos meneurs, et m?fiez-vous de leurs calculs; le plus dangereux conseiller, c'est l'amour-propre: vous ?tes naturellement vifs, l'on vous conduit ? votre perte par le m?me moyeu qui a ruin? tant de peuples, en exaltant votre vanit?, vous avez des richesses et une population consid?rables, l'on vous les exag?re; vous avez rendu des services ?clatans ? la libert?, l'on vous les rappelle, sans faire attention que le g?nie de la r?publique ?tait avec vous alors, au lieu qu'il vous abandonne aujourd'hui; votre arm?e, dites-vous, est ? Aix avec un grand train d'artillerie et de bons g?n?raux; eh bien, quoi qu'elle fasse, je vous assure qu'elle sera battue; vous aviez 3,600 hommes, une bonne moiti? s'est dispers?e; Marseille et quelques r?fugi?s du d?partement peuvent vous offrir 4,000 hommes: cela est beaucoup; vous aurez donc 5 ? 6,000 hommes sans ensemble, sans unit?, sans ?tre aguerris; vous avez de bons g?n?raux; je ne les connais pas; je ne puis donc leur contester leur habilet?, mais ils seront absorb?s par les d?tails, ne seront pas second?s par les subalternes, ils ne pourront rien faire qui soutienne la r?putation qu'ils pourraient s'?tre acquise, car il leur faudrait deux mois pour organiser passablement leur arm?e, et dans quatre jours Carteaux sera au-del? de la Durance, et avec quels soldats! avec l'excellente troupe l?g?re des Allobroges, le vieux r?giment de Bourgogne, un bon r?giment de cavalerie, le Brave bataillon de la C?te-d'Or, qui a vu cent fois la victoire le pr?c?der dans les combats, et six ou sept autres corps, tous de vieilles milices, encourag?s par leurs succ?s aux fronti?res, et sur votre arm?e; vous avez des pi?ces de 24, et de 18, et vous vous croyez inexpugnables, vous suivez l'opinion vulgaire; mais, les gens du m?tier vous diront, et une fatale exp?rience va vous le d?montrer, que de bonnes pi?ces de 4 et de 8 font autant d'effet, pour la guerre de campagne, et sont pr?f?rables sous bien des points de vue aux gros calibres; vous avez des canonniers de nouvelle lev?e, et vos adversaires ont des artilleurs des r?gimens de ligne, qui sont, dans leur art, les ma?tres de l'Europe. Que fera votre arm?e si elle se concentre ? Aix? Elle est perdue: c'est un axiome dans l'art militaire, que celui qui reste dans ses retranchemens est battu: l'exp?rience et la th?orie sont d'accord sur ce point, et les murailles d'Aix ne valent pas le plus mauvais retranchement de campagne, surtout si l'on fait attention ? leur ?tendue, aux maisons qui les environnent ext?rieurement ? la port?e du pistolet. Soyez donc bien s?rs que ce parti, qui vous semble le meilleur, est le plus mauvais; comment pourrez-vous d'ailleurs approvisionner la ville en si peu de temps de tout ce qu'elle aurait besoin? Votre arm?e ira-t-elle ? la rencontre des ennemis, mais elle est moins nombreuse, mais son artillerie est moins propre pour la campagne, elle serait rompue, d?s lors d?faite sans ressource, car la cavalerie l'emp?chera de se rallier; attendez-vous donc ? avoir la guerre dans le territoire de Marseille: un parti assez nombreux y tient pour la r?publique; ce sera le moment de l'effort; la jonction se fera; et cette ville, le centre du commerce du Levant, l'entrep?t du midi de l'Europe, est perdue. Souvenez-vous de l'exemple r?cent de Lisle, et des lois barbares de la guerre. Mais quel esprit de vertige s'est tout-?-coup empar? de votre peuple? quel aveuglement fatal le conduit ? sa perte? comment peut-il pr?tendre r?sister ? la r?publique enti?re? Quand il obligerait cette arm?e ? se replier sur Avignon, peut-il douter que sous peu de jours de nouveaux combattans ne viennent remplacer les premiers: la r?publique, qui donne la loi ? l'Europe, la recevra-t-elle de Marseille?
Unis avec Bordeaux, Lyon, Montpellier, N?mes, Grenoble, le Jura, l'Eure, le Calvados, vous avez entrepris une r?volution, vous aviez une probabilit? de succ?s, vos instigateurs pouvaient ?tre mal intentionn?s, mais vous aviez une masse imposante de forces; au contraire, aujourd'hui que Lyon, N?mes, Montpellier, Bordeaux, le Jura, l'Eure, Grenoble, Caen, ont re?u la constitution, aujourd'hui qu'Avignon, Tarascon, Arles ont pli?, avouez qu'il y a dans votre opini?tret? de la folie; c'est que vous ?tes influenc?s par des personnes, qui n'ayant plus rien ? m?nager, vous entra?nent dans leur ruine.
Votre arm?e sera compos?e de tout ce qu'il y aura de plus ais?s, des riches de votre ville, car les sans-culottes pourraient trop facilement tourner contre vous. Vous allez donc compromettre l'?lite de votre jeunesse accoutum?e ? tenir la balance commerciale de la M?diterran?e, et ? vous enrichir par leur ?conomie et leurs sp?culations, contre de vieux soldats, cent fois teints du sang du furibond aristocrate ou du f?roce Prussien.
Laissez les pays pauvres se battre jusqu'? la derni?re extr?mit?: l'habitant du Vivarais, des C?v?nes, de la Corse, s'expose sans crainte ? l'issue d'un combat: s'il gagne, il a rempli son but; s'il perd, il se trouve comme auparavant dans le cas de faire la paix et dans la m?me position... Mais vous!!... perdez une bataille, et le fruit de mille ans de fatigues, de peines, d'?conomies, de bonheur, devient la proie du soldat.
Voil? cependant les risques que l'on vous fait courir avec autant d'inconsid?ration.
LE MARSEILLAIS.
Vous allez vite et vous m'effrayez; je conviens avec vous que la circonstance est critique, peut-?tre vraiment ne songe-t-on pas assez ? la position o? nous nous trouvons; mais avouez que nous avons encore des ressources immenses ? vous opposer.
Vous m'avez persuad? que nous ne pourrions pas r?sister ? Aix, votre observation du d?faut de subsistance pour un si?ge de longue dur?e, est peut-?tre sans r?plique; mais pensez vous que toute la Provence peut voir long-temps de sang-froid, le blocus d'Aix; elle se l?vera spontan?ment, et votre arm?e, cern?e de tout c?t?, se trouvera heureuse de repasser la Durance.
LE MILITAIRE.
Que c'est mal conna?tre l'esprit des hommes et celui du moment; partout il y a deux partis; d?s le moment que vous serez assi?g?s, le parti sectionnaire aura le dessous dans toutes les campagnes; l'exemple de Tarascon, d'Orgon, d'Arles, doit vous en convaincre: vingt dragons ont suffi pour r?tablir les anciens administrateurs et mettre les autres en d?route.
D?sormais, tout grand mouvement en votre faveur est impossible dans votre d?partement, il pouvait avoir lieu lorsque l'arm?e ?tait au-del? de la Durance et que vous ?tiez entiers; ? Toulon, les esprits sont tr?s-divis?s, et les sectionnaires n'y ont pas la m?me sup?riorit? qu'? Marseille, il faut donc qu'ils restent dans leur ville, pour contenir leurs adversaires... Quant au d?partement des Basses-Alpes, vous savez que presque la totalit? a accept? la constitution.
LE MARSEILLAIS.
Nous attaquerons Carteaux dans nos montagnes o? sa cavalerie ne lui sera d'aucun secours.
LE MILITAIRE.
Comme si une arm?e qui prot?ge une ville ?tait ma?tresse du point d'attaque; d'ailleurs il est faux qu'il existe des montagnes assez difficiles aupr?s de Marseille pour rendre nul l'effet de la cavalerie; seulement, vos oliviers sont assez rapides pour rendre plus embarrassant le service de l'artillerie et donner un grand avantage ? vos ennemis. Car, c'est dans les pays coup?s, que par la vivacit? des mouvemens, l'exactitude du service et la justesse de l'?l?vation des distances, que le bon artilleur a de la sup?riorit?.
LE MARSEILLAIS.
Vous nous croyez donc sans ressources: serait-il possible qu'il f?t dans la destin?e de cette ville qui r?sista aux Romains, conserva une partie de ses lois sous les despotes qui les ont suivis, qu'elle dev?nt la proie de quelques brigands? Quoi! l'Allobroge charg? des d?pouilles de Lisle, ferait la loi dans Marseille! quoi! Dubois de Cranc?, Albitte, seraient sans contradicteurs! ces hommes alt?r?s de sang, que les malheurs des circonstances ont plac?s au timon des affaires, seraient les ma?tres absolus! Quelle triste perspective vous m'offrez. Nos propri?t?s, sous diff?rens pr?textes, seraient envahies; ? chaque instant nous serions victimes d'une soldatesque que le pillage r?unit sous les m?mes drapeaux. Nos meilleurs citoyens seraient emprisonn?s et p?riraient par le crime. Le club rel?verait sa t?te monstrueuse pour ex?cuter ses projets infernaux! rien de pis que cette horrible id?e; mieux vaut-il s'exposer ? vaincre que d'?tre victime sans alternative.
LE MILITAIRE.
Voil? ce que c'est que la guerre civile, l'on se d?chire, l'on s'abhorre, l'on se tue sans se conna?tre... Les Allobroges... Que croyez-vous que ce soit? des Africains, des habitans de la Sib?rie: eh! point du tout, ce sont vos compatriotes, des Proven?aux, des Dauphinois, des Savoyards: on les croit barbares parce que leur nom est ?tranger. Si l'on appelait votre phalange, la phalange phoc?enne, l'on pourrait accr?diter sur son compte toute esp?ce de fable.
Il est vrai que vous m'avez rappel? un fait, c'est celui de Lisle, je ne le justifie pas, mais je l'explique.
Les Lislois ont tu? le trompette qu'on leur avait envoy?, ils ont r?sist? sans esp?rance de succ?s, ils ont ?t? pris d'assaut, le soldat est entr? au milieu du feu et des morts, il n'a plus ?t? possible de le contenir, l'indignation a fait le reste.
Ces soldats que vous appelez brigands, sont nos meilleures troupes et nos bataillons les plus disciplin?s, leur r?putation est au-dessus de la calomnie.
Dubois-Cranc? et Albitte, constans amis du peuple, ils n'ont jamais d?vi? de la ligne droite.... Ils sont sc?l?rats aux yeux des mauvais. Mais Condorcet, Brissot, Barbaroux aussi ?taient sc?l?rats lorsqu'ils ?taient purs; l'apanage des bons, sera d'?tre toujours mal fam?s chez le m?chant. Il vous semble qu'ils ne gardent aucune mesure avec vous; et au contraire, ils vous traitent en enfans ?gar?s........ Pensez-vous que, s'ils eussent voulu, Marseille e?t retir? les marchandises qu'elle avait ? Beaucaire? ils pouvaient les s?questrer jusqu'? l'issue de la guerre? ils ne l'ont pas voulu faire, et, gr?ce ? eux, vous pouvez retourner tranquillement chez vous.
Vous appelez Carteaux un assassin: eh bien! sachez que ce g?n?ral se donne les plus grandes sollicitudes pour l'ordre et la discipline, t?moin sa conduite au Saint-Esprit et ? Avignon: l'on n'a pas pris une ?pingle. Il a fait emprisonner un sergent qui s'?tait permis d'arr?ter un Marseillais de votre arm?e qui ?tait rest? dans une maison, parce qu'il avait viol? l'asile du citoyen sans un ordre expr?s. L'on a puni des Avignonnais qui s'?taient permis de d?signer une maison comme aristocrate. L'on instruit le proc?s d'un soldat accus? de vol..... Votre arm?e, au contraire, a tu?, assassin? plus de trente personnes, a viol? l'asile des familles, a rempli les prisons de citoyens, sous le pr?texte vague qu'ils ?taient des brigands.
Ne vous effrayez point de l'arm?e, elle estime Marseille, parce qu'elle sait qu'aucune ville n'a tant fait de sacrifices ? la chose publique; vous avez dix-huit mille hommes ? la fronti?re et vous ne vous ?tes point m?nag?s dans toutes les circonstances. Secouez le joug du petit nombre d'aristocrates qui vous conduisent, reprenez des principes plus sains, et vous n'aurez pas de plus vrais amis que le soldat.
LE MARSEILLAIS.
Ah! vos soldats ont bien d?g?n?r? de l'arm?e de 1789; elle ne voulut pas, cette arm?e, prendre les armes contre la nation, les v?tres devaient imiter un si bel exemple, et ne pas tourner leurs armes contre leurs concitoyens.
LE MILITAIRE.
Avec ces principes, la Vend?e aurait aujourd'hui plant? le drapeau blanc sur les murs de la Bastille relev?e, et le camp de Jal?s dominerait ? Marseille.
LE MARSEILLAIS.
La Vend?e veut un roi, veut une contre-r?volution; la guerre de la Vend?e, du camp de Jal?s est celle du fanatisme; la n?tre, au contraire, est celle des vrais r?publicains, amis des lois, de l'ordre, ennemis de l'anarchie et des sc?l?rats. N'avons-nous pas le drapeau tricolore? Et quel int?r?t aurions-nous ? vouloir l'esclavage?
LE MILITAIRE.
Je sais bien que le peuple de Marseille est bien loin de celui de la Vend?e, en fait de contre-r?volution. Le peuple de la Vend?e est robuste et sain, celui de Marseille est faible et malade, il a besoin de miel pour avaler la pilule; pour y ?tablir la nouvelle doctrine, l'on a besoin de le tromper; mais depuis quatre ans de r?volution, apr?s tant de trames, de complots, de conspiration, toute la perversit? humaine s'est d?velopp?e sous diff?rens aspects, les hommes ont perfectionn? leur tact naturel; cela est si vrai, que, malgr? la coalition d?partementale, malgr? l'habilet? des chefs, le grand nombre des ressorts de tous les ennemis de la r?volution, le peuple partout s'est r?veill? au moment o? on le croyait ensorcel?.
Vous avez, dites-vous, le drapeau tricolore?
Paoli aussi l'arbora en Corse pour avoir le temps de tromper le peuple, d'?craser les vrais amis de la libert?, pour pouvoir entra?ner ses compatriotes dans ses projets ambitieux et criminels; il arbora le drapeau tricolore, et il fit tirer contre les b?timens de la r?publique, et il fit chasser nos troupes des forteresses, et il d?sarma celles qui y ?taient, et il fit des rassemblemens pour chasser celles qui ?taient dans l'?le, et il pilla les magasins, en vendant ? bas prix tout ce qu'il y avait, afin d'avoir de l'argent pour soutenir sa r?volte, et il ravagea et confisqua les biens des familles les plus ais?es, parce qu'elles ?taient attach?es ? l'unit? de la r?publique, et il se fit nommer g?n?ralissime, et il d?clara ennemis de la patrie, tous ceux qui resteraient dans nos arm?es: il avait fait pr?c?demment ?chouer l'exp?dition de Sardaigne; et cependant, il avait l'impudeur de se dire l'ami de la France et bon r?publicain, et cependant, il trompa la convention qui rapporta son d?cret de destitution; il fit si bien enfin, que lorsqu'il a ?t? d?masqu?, par ses propres lettres, trouv?es ? Calvi, il n'?tait plus temps, les flottes ennemies interceptaient toutes les communications.
Ce n'est plus aux paroles qu'il faut s'en, tenir, il faut analyser les actions; et avouez qu'en appr?ciant les v?tres, il est facile de vous d?montrer contre-r?volutionnaires.
Quel effet a produit dans la r?publique le mouvement que vous avez fait? Vous l'avez conduite pr?s de sa ruine; vous avez retard? les op?rations de nos arm?es; je ne sais pas si vous ?tes pay?s par l'Espagnol et l'Autrichien; mais certes, ils ne pouvaient pas d?sirer de plus fortes diversions: que feriez,-vous de plus, si vous l'?tiez? Vos succ?s sont l'objet des sollicitudes de tous les aristocrates reconnus; vous avez plac? ? la t?te de vos sections et de vos arm?es, des aristocrates avou?s, un Latcurette, ci-devant colonel, un Soumise, ci-devant lieutenant-colonel du g?nie., qui ont abandonn? leurs corps, au moment de la guerre, pour ne pas se battre pour la libert? des peuples.
Vos bataillons sont pleins de pareilles gens, et votre cause ne serait pas la leur, si elle ?tait celle de la r?publique.
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