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Read Ebook: Bref récit et succincte narration de la navigation faite en MDXXXV et MDXXXVI par le capitaine Jacques Cartier aux îles de Canada Hochelaga Saguenay et autres by Cartier Jacques Avezac M D Marie Armand Pascal Author Of Introduction Etc

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Ebook has 144 lines and 44955 words, and 3 pages

RELATION ORIGINALE de JACQUES CARTIER.

Lyon. Imprimerie de Louis Perrin

R?IMPRESSION FIGUR?E DE L'?DITION ORIGINALE RARISSIME DE MDXLV AVEC LES VARIANTES DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTH?QUE IMP?RIALE

PR?C?D?E D'UNE BR?VE ET SUCCINCTE INTRODUCTION HISTORIQUE PAR M. D'AVEZAC

PARIS LIBRAIRIE TROSS PASSAGE DES DEUX PAVILLONS , N? 8. 1863

BREVE ET SUCCINCTE INTRODUCTION HISTORIQUE.

Aucun peuple ne semble avoir tenu aussi peu de compte que les Fran?ais de la part l?gitime qui devait lui appartenir dans l'histoire des d?couvertes & de l'exploration des contr?es lointaines; nul ne s'est montr? si peu soucieux de la renomm?e que pourraient lui acqu?rir ses aventures maritimes ou ses p?r?grinations terrestres; & tandis que d'autres nations sonnaient leurs plus ?clatantes fanfares en l'honneur de leurs propres m?rites, nous avons laiss? perdre le souvenir des navigations & des voyages parall?lement accomplis avec moins de retentissement par nos a?eux, & qui nous sont quelquefois accidentellement r?v?l?s, ? notre grand ?bahissement, par les r?cits des ?trangers. Qui donc, par exemple, nous pourra dire aujourd'hui quel ?tait ce navire fran?ais dont l'arriv?e ? Canton est racont?e sous la date de 1521 dans les Annales chinoises, ? l'?poque o? le Portugal & l'Espagne pr?tendaient avoir seuls, par privil?ge, l'acc?s de ces mers! Bien d'autres de nos prouesses, surtout des plus anciennes, ont ainsi disparu, sans doute, de la m?moire des hommes.

Les entreprises officielles patronn?es par le souverain ont presque seules ?chapp? ? ce total oubli des contemporains & de la post?rit?, mais pour beaucoup d'entre elles, c'est ? grand'peine encore qu'il se peut recueillir quelques lambeaux des relations o? elles ?taient racont?es.

Tel est pr?cis?ment le cas pour le c?l?bre navigateur breton qui le premier alla planter le drapeau de la France aux lieux o? s'?l?vent maintenant Qu?bec & Montr?al: sur ses trois voyages au Canada, nous sommes redevables ? un collecteur italien de nous avoir transmis le r?cit du premier dans une version que nous tenons volontiers pour fid?le, comme nous devons ? un collecteur anglais d'avoir sauv? les fragments mutil?s du troisi?me dans une traduction que nous voulons bien supposer exacte; c'est uniquement pour le second voyage qu'il est parvenu jusqu'? nous une relation originale fran?aise, ?man?e de l'un des compagnons de Jacques Cartier, sinon de lui-m?me: & de l'?dition qui en fut faite ? Paris en 1545, les bibliographes ne connaissent plus en Europe qu'un seul exemplaire, conserv? au mus?e Britannique; c'est l? qu'il a fallu en aller prendre une exacte copie ? l'intention des amateurs qui attachent du prix ? ces vieilles reliques, pour la reproduire scrupuleusement dans le mince volume en t?te duquel nous ?crivons ces lignes.

Les c?tes derri?re lesquelles s'?tendent les parages explor?s, pour la premi?re fois suivant toute apparence, par le c?l?bre malouin, avaient d?s long-temps ?t? reconnues, & la tradition a conserv? la m?moire d'?tablissements fort anciens en quelques parties de ce vaste littoral qui s'?tend, vis-?-vis de l'Europe occidentale, depuis les abords de la zone torride jusqu'aux froides r?gions arctiques.

Les enfants de la verte Erin, qui de nos jours ?migrent en si grand nombre vers les Etats de l'Union am?ricaine, avaient, comme aux Faer-oer & comme en Irlande, devanc? pareillement sur cette marge extr?me de l'Oc?an occidental, les aventuriers scandinaves, qui partout les rencontr?rent d?j? ?tablis; quand le chef islandais Are Marson, le trisa?eul du savant Are Froda, fut jet? par la temp?te en 983 sur ces lointains rivages, que les sagas du Nord ont appel?s Irland it Mikla, ou la Grande-Irlande, il y fut recueilli par une population chr?tienne, qui le baptisa & le retint au milieu d'elle; c'est l? que seize ans apr?s vint se r?fugier Bioern Asbrandson, s'arrachant ? l'amour de la belle Thurida pour fuir la col?re d'un fr?re offens?; & il avait pass? vingt-huit ann?es sur cette terre ?trang?re quand y aborda son compatriote Gudleif Gudlangson, parti de Dublin pour retourner en Islande, pouss? par les vents du nord-ouest jusque par del? l'Oc?an, surpris d'y entendre encore les sons de la langue d'Erin, mais reprenant aussit?t la mer, gr?ce ? l'entremise de Bioern, & emportant de la part du vieil exil? un anneau d'or pour sa bien-aim?e Thurida, & une ?p?e pour Kiartan, le fils qu'il avait eu d'elle.

A c?t? de ces vestiges des anciennes ?migrations transatlantiques des Irlandais, leurs voisins les Gallois ont peut-?tre aussi une place ? revendiquer pour eux-m?mes: du moins se conserve-t-il chez eux une certaine tradition des navigations occidentales de Madoc, le second des fils d'Owen Guynedd, un de leurs princes; fuyant les discordes intestines de sa propre famille, il partit en 1170 pour aller ? la d?couverte vers ces lointains parages, y choisit un lieu ? sa convenance o? il d?barqua cent vingt hommes, & revint ?quiper en Europe une flottille de dix navires pour transporter dans ce nouvel ?tablissement tous les ?l?ments d'une colonie permanente; mais l? s'arr?te la vieille l?gende, & quelques vers gallois du quinzi?me si?cle ont seuls tardivement consacr? le souvenir de l'entreprise de Madoc ap Owen.

Les ?tablissements scandinaves offrent ? notre investigation plus de certitude, de suite & de dur?e. L'islandais Biarne H?riulfson, ?cart? pendant une brume intense de sa route vers le Groenland o? il allait retrouver son p?re, avait aper?u & c?toy? en 896 des terres inconnues vers l'occident, d'o? il avait regagn? en cinq journ?es de mer la demeure paternelle; le r?cit qu'il en faisait un jour, apr?s plusieurs ann?es, ? la cour de Norv?ge, fit na?tre le regret qu'il n'e?t pas effectu? une reconnaissance plus exacte de ces contr?es nouvelles; si bien qu'un de ses compagnons, Leif Erikson ayant r?solu d'aller compl?ter sa d?couverte, lui acheta son navire, y embarqua trente-cinq hommes au printemps de l'an 1000, & vint atterrir ? la c?te signal?e par Biarne, au point o? celui-ci l'avait perdue de vue: ce n'?tait qu'un plateau rocheux & aride, Helluland, o? l'?rudition moderne a cru reconna?tre Terre-Neuve; on reprit la mer, & l'on vint descendre, au bout de trois journ?es au sud-ouest, sur une terre plate & bois?e, Markland, signal?e par la blancheur des sables du rivage, telle que les instructions nautiques repr?sentent l'Acadie; puis navigant encore deux journ?es au sud-ouest, on atteignit une ile, pr?s de laquelle une p?ninsule s'avan?ait ? l'est & au nord, comme on voit aujourd'hui le cap Cod d?passer au nord-est l'?le Nantucket; Leif s'engagea dans le d?troit, puis trouvant au-del? un lieu favorable, il forma pr?s d'une petite rivi?re un ?tablissement pour explorer ? son aise le pays; & comme on rencontra dans les environs de Leifsbudir, la vigne croissant spontan?ment, on donna ? cette contr?e le nom de Vinland; c'est aujourd'hui le Rhode-Island & la r?gion voisine. Apr?s avoir pris un chargement de bois de construction, Leif revint au printemps de 1001 au Groenland, & pendant une douzaine d'ann?es encore les fr?res Thorwald & Thorstein, sa belle-soeur Gudrida remari?e ? Thorfinn Karlsefne, & enfin sa vaillante soeur Freydisa, firent diverses exp?ditions semblables au Vinland; mais l'hostilit? des sauvages indig?nes les fit renoncer ? poursuivre ces armements p?riodiques. D'autres, sans doute, les reprirent ? leur tour, & les ?tablissements fond?s par Leif & par Thorfinn se d?velopp?rent ? la longue d'une mani?re permanente, puisque l'?v?que groenlandais Erik s'y rendit lui-m?me, en 1121 afin de pourvoir aux besoins spirituels de la colonie.

Les sagas du Nord ont conserv? quelques autres traces des relations qui se continu?rent entre le Groenland & la c?te oppos?e: en 1266 des navires furent envoy?s en reconnaissance par del? les stations de p?che les plus avanc?es, jusqu'? la hauteur, pense-t-on, du d?troit de Barrow; en 1285 deux eccl?siastiques islandais, Adalbrand & Thorwald Helgason, naviguaient ? l'ouest jusqu'? Terre-Neuve, d?sign?e en cette circonstance par les chroniqueurs sous le nom de Fundu-nyia-land, qui se retrouve tout entier dans la forme anglaise actuelle de New-Foundland; enfin, en 1347, un voyage de dix-sept Groenlandais au Markland fut contrari? au retour par une temp?te qui entra?na le navire en Islande; & la narration qu'on en faisait en 1356 montre que le pays de Markland ?tait alors encore fr?quent? par les Scandinaves. Mais il n'en est plus question dans leurs histoires ult?rieures.

Un r?cit v?nitien, venu ? la lumi?re apr?s un trop long oubli, peut n?anmoins, sans trop de scrupule, ?tre admis en appendice ? la suite de ces souvenirs des navigations scandinaves; je veux parler des lambeaux d'une correspondance de famille ?man?e des fr?res Nicolas & Antoine Z?ni, qui s'?taient ?tablis vers 1390 aux Faer-oer, ou comme on disait alors, en Frislande, & navigu?rent successivement pendant une quinzaine d'ann?es dans ces mers septentrionales.

Le dernier y recueillit, de la bouche d'un vieux p?cheur, la notice d'une terre lointaine dans l'ouest, nomm?e Estotiland, o? vingt-six ans auparavant , il avait ?t? jet? par une furieuse temp?te; les habitants conservaient des rapports habituels avec le Groenland, & poss?daient encore quelques livres latins, qu'ils ne comprenaient plus. Associ? par eux, au bout de cinq ann?es, ? une exp?dition dans le sud, vers le pays de Drogio, une temp?te le jeta plus loin, chez un peuple de sauvages cannibales qui le gard?rent esclave pendant de longues ann?es, jusqu'? ce qu'apr?s bien des vicissitudes il parvint ? s'?chapper de leurs mains & ? regagner Drogio, d'o? il revint apr?s trois ans d'attente ? Estotiland: il se livra alors au commerce entre ces deux contr?es, s'y enrichit, & put terminer enfin sa longue odyss?e en armant lui-m?me un navire pour retourner en Frislande.

C'est encore ? ces relations de plus en plus rares, mais qui n'avaient jamais ?t? compl?tement abandonn?es entre les Etats scandinaves & leurs colonies du nord-ouest, que se rattache le souvenir de ce pilote norv?gien, originaire de Pologne, Hans Koeln ou Ivan z'Kolna, c'est-?-dire Jean de Kolno en Mazovie, envoy? en 1476 pour ravitailler les stations du Groenland, & qui visita, dit-on, la c?te oppos?e en p?n?trant jusqu'? la grande baie qui devait recevoir longtemps apr?s le nom de Hudson.

Il est naturel de penser qu'une notion plus ou moins pr?cise, mais certaine & incontest?e, de l'existence des r?gions transatlantiques tant de fois abord?es par les marins du Nord, s'?tait conserv?e parmi eux, & les ?crits d'Adam de Br?me prouvent qu'elle avait m?me p?n?tr?, d?s le onzi?me si?cle, jusqu'au sein de la Germanie. On devait la trouver d'autant plus vivante & plus assur?e, qu'on s'?levait davantage vers les escales d'o? ?taient parties les plus fr?quentes exp?ditions: il ne faut donc point se r?crier contre la supposition que dans son voyage d'Islande en 1477, Christophe Colomb aurait recueilli en cette ?le des indices propres ? exciter ou confirmer dans son esprit la conviction que l'Oc?an occidental pouvait ?tre franchi par de hardis navigateurs, s?rs de trouver au-del? des rivages accessibles. Les th?ories du florentin Toscanelli avaient d?j?, en 1477, soutenu cette th?se aupr?s des savants de Portugal, & lorsque Colomb parvint ? les conna?tre quelques ann?es apr?s, vers 1481 suivant toute apparence, il n'h?sita plus ? se consacrer sans r?serve ? l'accomplissement du grand dessein d'aller par cette voie de l'occident ? la rencontre des plages extr?mes de l'Asie orientale; mais il lui fallut l'immense courage de mendier encore pendant plus de dix ann?es, aupr?s des rois de l'Europe latine, des vaisseaux que, nouveau Typhis, il p?t conduire ? la conqu?te de cette autre toison d'or. Serait-il vrai que, dans l'intervalle, un navigateur fran?ais, le capitaine Cousin, de Dieppe, port? ? l'ouest en 1488, jusqu'? de lointains parages inconnus aurait alors atteint ou aper?u quelque point de la c?te am?ricaine? Rien ne se peut d?duire avec pr?cision des vagues indices que nous ont tardivement transmis ? ce sujet d'insuffisantes traditions en admettant le fait comme certain, ce ne serait en d?finitive qu'un anneau de plus ? compter dans la cha?ne des d?couvertes au bout de laquelle vient se souder, ? la fameuse date du 10 octobre 1492, la v?ritable prise de possession, par l'Europe, de l'h?misph?re transatlantique, simplement jusqu'alors visit? ? l'aventure par les devanciers de l'immortel G?nois.

De nouvelles lettres royales, du 3 f?vrier 1498, l'autoris?rent alors ? choisir dans les ports d'Angleterre jusqu'? six navires de charge destin?s ? transporter des colons aux terres & iles ainsi d?couvertes, & bient?t deux b?timents arm?s aux frais du roi & portant trois cents hommes partirent pour cette destination sous les ordres de S?bastien Cabot, qui avait accompagn? son p?re dans ses deux pr?c?dentes explorations; mais la rigueur de la saison, bien qu'on f?t au mois de juillet, lui fit perdre une grande partie de son monde: arr?t? par les glaces vers 56? ? 58? de latitude, il descendit la c?te jusqu'? la hauteur du d?troit de Gibraltar, & n'ayant plus de vivres, il revint en Angleterre, ramenant avec lui trois sauvages, qui furent pr?sent?s au roi quelque temps apr?s.

Les d?couvertes anglaises de 1497 & l'essai de colonisation de 1498, bient?t connus en Espagne & en Portugal, y ?veill?rent la crainte d'une concurrence inattendue dans la recherche des richesses dont on s'?tait promis la possession exclusive, & des exp?ditions y furent aussit?t projet?es ? l'encontre de cette m?connaissance de leurs pr?tendus droits.

On a cru retrouver dans une lettre royale dat?e de S?ville le 6 mai 1500, & dans quelques autres circonstances douteusement significatives, les indices d'une entreprise m?dit?e par l'Espagne, mais qui n'eut point alors de suites s?rieuses.

Le Portugal fut plus actif: une exp?dition fut confi?e d?s l'ann?e 1500, par le roi Emmanuel ? Gaspard Cortereal, qui partit de Terc?re avec deux navires, s'avan?a tout d'abord jusqu'? 50? de latitude ou davantage, & reconnut, jusqu'? un fleuve charg? de gla?ons, Rio Nevado, la grande terre qui fut alors appel?e de son nom & que l'on d?signe aujourd'hui sous celui de Labrador. Revenu heureusement ? Lisbonne, il en repartit l'ann?e suivante avec ses deux navires; se dirigeant ? l'ouest nord-ouest, il trouva la terre ? une distance de deux mille milles, & courut l'espace de six ? sept cents milles encore le long d'une c?te, arros?e de fleuves nombreux & couverte de grands bois, qu'il supposa devoir ?tre la continuation de celle qu'il avait vue dans le nord l'ann?e pr?c?dente, mais jusqu'? laquelle il ne pouvait tenter d'arriver cette fois, ? cause des glaces: le pays ?tait tr?s-peupl?, & il ne se fit pas scrupule d'y enlever un certain nombre d'habitants, dont il garda cinquante ? son bord, & pla?a huit autres sur la seconde de ses caravelles. Celle-ci rentra ? Lisbonne le 8 octobre 1501, mais l'autre, attendue d'heure en heure, de semaine en semaine, ne reparut plus. Michel Cortereal r?solut d aller ? la recherche de son fr?re, & partit au printemps de 1502 avec trois navires pour aller fouiller s?par?ment toutes les rivi?res de la c?te, fixant au 20 ao?t un rendez-vous g?n?ral en un lieu convenu, pour le retour; mais il ne s'y trouva point lui-m?me, & les deux autres navires, apr?s l'avoir vainement attendu, revinrent seuls en Portugal, o? l'on n'eut plus aucune nouvelle de son sort.

Les Fran?ais, de leur c?t?, pratiquaient aussi, d?s cette ?poque, les mers qui baignent la c?te orientale des deux Am?riques; sans nous arr?ter ? parler de leurs navigations australes, bornons-nous a rappeler ici leurs exp?ditions de p?che & leurs explorations priv?es en ces parages o? l'autorit? royale vint si tardivement donner une cons?cration publique ? leurs efforts. Nous ne chercherons m?me pas ? recueillir de simples traditions ou de vagues indices plus ou moins dignes d'un examen s?rieux: nous voulons nous en tenir ? des t?moignages explicites & formels.

C'est ? la collection italienne de Ramusio qu'il nous faut recourir pour retrouver, sous un v?tement ?tranger, avec le titre pompeux de grand capitaine de mer, un fran?ais de Dieppe, dans lequel il nous est permis de reconna?tre l'astronome & pilote Pierre Crignon, qui fut le compagnon des fr?res Parmentier dans leur voyage de 1529 ? Sumatra, & qui avait ?galement navigu? sur les c?tes du Br?sil & de Terre-Neuve.

En d?crivant cette derni?re, qui s'?tend, continent & ?les, du 40? au 60? degr?s de latitude sur une longueur de trois cent cinquante lieues, il fait remarquer la brisure accus?e par le cap Ras entre la direction de la c?te m?ridionale qui se refuse vers l'ouest, & celle de la c?te bor?ale qui court vers le nord. Aux Portugais est due la d?couverte des soixante-dix lieues environ de littoral comprises entre le cap Ras & le cap de Boavista; tout ce qui est au sud du cap Ras a ?t? explor? en 1504 par ses Normands, & par les Bretons, qui y ont laiss? leur nom ? un cap bien connu; tout ce qui est au nord du cap de Boavista a ?t? relev? pareillement par les dits Normands & Bretons: le capitaine Jean Denys, de Honfleur, avec le pilote Camart, de Rouen, y conduisit son navire en 1506, & en rapporta, dit-on, une carte assez ?tendue; puis, en 1508, le capitaine Thomas Aubert, commandant le navire la Pens?e, arm? par Jean Ango, p?re du c?l?bre gouverneur de Dieppe, y transporta le premier des colons normands.

Dix ans apr?s, en 1518, suivant l'interpr?tation commune, mais peut-?tre en r?alit? quelques ann?es plus tard, fut entreprise une exp?dition analogue <> il s'?tait approvisionn? d'hommes & de bestiaux, & fit voiles jusqu'? l'?le de Sable en face des p?cheries bretonnes; mais la longueur du voyage l'ayant trop longtemps tenu sur la mer, il fut contraint de d?charger l? son bestail, vaches & pourceaux, faute d'eaux douces & de p?turages>>; & cette exp?dition avort?e n'eut d'autre r?sultat que d'avoir jet? sur cette terre aride des animaux qui s'y multipli?rent graduellement, & devinrent, longtemps apr?s, une ressource inesp?r?e pour d'autres Fran?ais qu'une fortune de mer devait un jour condamner ? y s?journer cinq ans entiers dans un d?plorable abandon.

Jusqu'alors, ce n'?taient que des exp?ditions priv?es.

Enfin le roi de France se d?termina ? prendre lui-m?me sa part dans le lotissement des terres d'outre-mer que se faisaient ? leur guise les autres souverains de l'Europe occidentale, & il envoya officiellement ? son tour, ? la d?couverte des pays transatlantiques o? il lui conviendrait de prendre pied.

Le temps ?tait d?j? loin, o? l'on avait cru retrouver en ces contr?es le Japon, la Chine & les Indes d'Asie: les navigations de Cabot dans le nord, comme celles de Vespuce dans le sud avaient d?montr? qu'il s'agissait en r?alit? d'un monde nouveau; & bien qu'on le cr?t r?uni ? ses derni?res limites aux r?gions bor?ales asiatiques, l'extension des conqu?tes espagnoles dans l'ouest, & la circumnavigation de Magellan, avaient appris qu'il y avait au-del? de ce nouveau continent une autre mer par laquelle on arrivait ? l'Orient v?ritable, si plein de richesses & de merveilles: quelque passage, moins ?loign? que le d?troit franchi par l'escadre castillane, pouvait exister sur l'immense ligne des c?tes am?ricaines, & conduire par une voie plus courte ? ces iles des ?pices, objet de tant de convoitises rivales.

Fran?ois 1er mit en 1523 aux ordres du florentin Jean Verrazzano quatre navires pour aller ? la recherche d'un tel passage & prendre possession des terres o? il serait possible de le rencontrer. Mais une temp?te fit avorter les premi?res tentatives; les vicissitudes de la guerre & de la mer ne laiss?rent au navigateur la facult? d'effectuer son exploration que dans une seconde campagne & avec une seule nef, la Dauphine sur laquelle il partit d?finitivement de Mad?re le 17 janvier 1524 pour aller atterrir ? la fin de f?vrier vers 34? de latitude, sur une c?te inconnue qu'il longea l'espace de cinquante lieues en tirant au sud sans y d?couvrir aucune baie; ce qui lui fit reprendre la bord?e du nord, & suivre ensuite le littoral ? l'est & au nord-est jusqu'au parall?le de 41? 40' descendant ? terre par intervalles, pour reconna?tre le pays, o? la vigne croissait en abondance, & les habitants, dont le teint ?tait g?n?ralement fonc? & les moeurs hospitali?res; il rencontra enfin une belle a grande rivi?re, aux eaux profondes, aux pittoresques rivages , d'o? un orage soudain le for?a de s'?loigner ? son grand regret, pour ne s'arr?ter qu'apr?s une course de quatre-vingts lieues encore droit ? l'est, o? il rencontra une ile triangulaire semblable ? celle de Rhodes, qu'il appela Louise, du nom de la m?re du roi de France, & derri?re laquelle s'ouvrait une baie commode; Narraganset habit?e par une population beaucoup plus blanche que toutes les autres & qui lui fit l'accueil le plus cordial. Apr?s avoir joui pendant quinze jours de cette gracieuse hospitalit?, il reprit sa route le 6 mai, longeant une c?te qui s'?levait progressivement & se couvrait de bois touffus habit?s par un peuple brun & farouche, puis une terre nue & rocheuse bord?e d'un grand nombre d'iles; jusqu'? ce qu'arriv? ? 50? de latitude, ayant consomm? toutes ses munitions & ses vivres, il revint en France, & ?crivit en rade de Dieppe le compte-rendu de son voyage, qu'il adressa au roi le 8 juillet 1524.

On raconte que dans une exp?dition ult?rieure aux m?mes parages, Verrazzano ?tant descendu ? terre sans assez de pr?caution, fut saisi par les sauvages, & servit de p?ture ? un horrible festin. Avait-il imm?diatement re?u de Fran?ois Ier une nouvelle mission, on ne sait. D'autres soucis ?taient venus absorber les pens?es du monarque, & le prisonnier de Pavie n'eut bient?t plus le loisir de songer de long-temps ? la poursuite de ses projets d'?tablissement outremer.

L'Espagne, au contraire, triomphait, & pendant que Fernand Cortez adressait de Mexico, le 18 octobre 1524, ? l'empereur Charles-Quint, un rapport o? il d?veloppait l'id?e de faire explorer ? la fois la c?te atlantique depuis la Floride jusqu'aux Bacalaos, & la c?te oppos?e sur l'Oc?an pacifique, pour trouver le secret de ce passage que Verrazzano ?tait all? d?couvrir; un pilote portugais au service de l'Espagne, d?serteur de l'exp?dition de Magellan & repouss? de celle de Loaysa, Etienne Gomes de Porto, obtenait ? S?ville, ? la fin de cette m?me ann?e, l'autorisation d'aller explorer aussi, sur les traces de Verrazzano, le littoral compris entre la Floride & les Bacalaos. Le comte Fernand d'Andrade, le docteur Beltram, le riche Chistophe de Haro, lui arm?rent un petit navire avec lequel il partit de la Corogne au commencement de 1525, alla toucher ? Cuba & ? la pointe de la Floride, & remontant au nord, explora particuli?rement la c?te comprise de 40? ? 41? de latitude, un peu en-de?? & un peu au-del?, y enleva un grand nombre d'habitants pour en faire des esclaves, poussa ensuite sa navigation, ? ce qu'on dit, jusqu'au cap Ras, & revint, apr?s une absence de dix mois, d?sarmer ? la Corogne, d'o? il se rendit ? Tol?de en novembre, pr?c?d? de la fausse nouvelle qu'il apportait du girofle, tandis qu'il n'amenait en r?alit? que des esclaves: m?prise n?e d'un jeu de mots involontaire qui avait substitu? clavos ? esclavos. Et les cosmographes espagnols donn?rent le nom de Tierra de Est?van Gomez ? la contr?e qu'il avait reconnue & pill?e, entre celle du licenci? Luc Vasquez de Ayllon & les p?cheries bretonnes.

Quelle qu'ait pu ?tre l'influence de ces ?crits sur les d?terminations royales, toujours est-il que deux navires, le Samson & la Mary de Guilford, quittant la Tamise le 20 mai 1527, & partant d?finitivement de Plymouth le 10 juin, sous le commandement de Jean Rut, firent voile vers le nord jusqu'au 1er juillet, qu'ils furent assaillis dans la nuit par un violent orage; la temp?te les s?para, & fit probablement sombrer le Samson, qui ne reparut plus; deux jours apr?s par 53? de latitude, la Mary, dross?e par les glaces redescendait vers 52? elle aper?ut la terre; elle atteignit un havre bien abrit?, & s'y arr?ta dix jours pour faire de l'eau. Comme, au d?part des deux navires, le rendez-vous avait ?t? donn? en cas de s?paration accidentelle, au cap de Sper de Terre-Neuve, o? l'on devait s'attendre mutuellement durant six semaines, Rut gouverna au sud pour s'y rendre, & vint mouiller le 3 ao?t dans la baye de Saint-Jean, o? il trouva onze navires de p?che normands, un breton & deux portugais; de l? il ?crivit au roi pour lui rendre compte des ?v?nements, pendant que le math?maticien de l'exp?dition, Albert de Prato, chanoine de Saint-Paul de Londres, ?crivait de son c?t?, le 10 ao?t, au cardinal Wolsey l?gat du saint-si?ge.

C'est chez les historiens espagnols des Indes occidentales qu'il faut chercher les traces ult?rieures de cette exp?dition avort?e: on y trouve signal?e l'apparition, aux Antilles, d'un navire anglais, arm? en m?me temps qu'un autre pour aller par le nord au pays du grand khan, s?par? de son compagnon par la temp?te, arr?t? dans sa route par les glaces, redescendu aux Bacalaos o? il avait rencontr? jusqu'? cinquante b?timents de p?che espagnols, fran?ais & portugais, ayant vu son pilote massacr? par les sauvages sur une c?te inhospitali?re, venu ensuite le long du littoral jusqu'? la rivi?re de Chicora, de l? gagnant la Jama?que, repouss? de Saint-Domingue ? coups de canon, & reprenant enfin la route d'Angleterre.

Les souvenirs que Hakluyt put recueillir long-temps apr?s de la bouche de quelques contemporains, c'est que le navire parti de la Tamise le 10 mai 1527 ?tait rentr? au port vers le commencement d'octobre de la m?me ann?e.

Quand la paix de Cambrai eut rendu ? Fran?ois 1er le loisir d'aviser ? l'administration de son royaume, il put reprendre ses desseins d'exploration & d'?tablissement dans le nouvel h?misph?re: c'?tait un moyen encore de lutter contre son hautain & trop heureux rival. Il accueillit donc avec faveur la demande qu'un capitaine de navire de Saint-Malo, Jacques Cartier, adressait en 1533 ? Philippe de Chabot, seigneur de Brion, comte de Buzan?ois & de Charny, amiral de France, d'?tre envoy? au compte du roi pour continuer l'entreprise de d?couverte & de colonisation confi?e neuf ans auparavant ? Jean Verrazzano.

Deux navires, du port de soixante tonneaux, ayant chacun soixante & un hommes d'?quipage, furent en cons?quence mis sous ses ordres; & le vice-amiral Charles de Mouy, seigneur de la Meilleraye, ayant pris au nom du roi le serment de tous les gens de l'exp?dition, elle partit de Saint-Malo le 20 avril 1534, & vint atterrir le 10 mai suivant ? Terre-Neuve, pr?s du cap Boavista, mouillant ? cinq lieues de l? vers le sud, dans un port qui re?ut le nom de Sainte-Catherine; on remonta ensuite la c?te vers le nord pour entrer dans le golfe des Ch?teaux, c'est-?-dire le d?troit actuel de Belle-Isle, & le nom de Sainte-Catherine reparut une seconde fois pour d?signer l'?le m?me qui signale cette ouverture.

A partir de ce point, Cartier longea vers l'ouest la c?te m?ridionale du Labrador, jalonnant ?? & l? sa route de quelque nom breton, tel que Brest ou Saint-Servan, au milieu de beaucoup d'autres, jusqu'? la baie de Shecatica, qui sut appel?e port de Jacques Cartier. Comme le golfe allait s'?largissant de plus en plus, il voulue en reconna?tre la rive oppos?e, & il vint aborder au cap Double, la pointe Riche de nos jours, pour descendre ensuite la c?te jusqu'? un cap qu'on atteignit le 24 juin & qu'on appela pour cette raison cap de Saint-Jean, aujourd'hui cap de l'Anguille. De l?, tournant ? l'ouest, on toucha successivement ? diverses iles, ? l'une desquelles fut laiss? le nom de Brion, en l'honneur du grand-amiral qui avait patronn? l'exp?dition, & l'on arriva au fleuve des Barques ; on remonta en suite au nord en explorant la baie des Chaleurs, dont l'entr?e est signal?e au del? par le cap de Prato , o? l'on serait tent? de chercher un souvenir du pilote pi?montais massacr? dans l'exp?dition anglaise de 1527. Puis, coupant le d?troit de Saint-Pierre on regagna les terres septentrionales pr?s de la r?sidence du chef sauvage Ti?no, au cap actuel de Montjoli, & prenant d?sormais ? l'est pour s'en retourner, on franchit de nouveau le d?troit de Belle-Isle le jour de l'Assomption, & l'on rentra ? Saint-Malo le 5 septembre.

Le rapport que fit aussit?t Cartier, des r?sultats de ce premier voyage, fut tr?s-bien accueilli, & d?s le 30 octobre suivant le grand-amiral lui faisait exp?dier, sous son propre seing, une nouvelle commission <>

Cartier ayant tout dispos? pour l'ex?cution de sa nouvelle mission, partit de Saint-Malo le 19 mai 1535, &, contrari? par les vents dans sa travers?e, n'arriva que le 7 juillet ? l'isle aux Oiseaux, d'o? il se rendit au d?troit de Belle-Isle pour y attendre ses deux conserves, qui le rejoignirent le 26 juillet; il prit alors ? l'ouest vers le cap de Ti?no, o? il ?tait le 31 juillet, poursuivit la m?me route jusqu'au 10 ao?t, ? l'entr?e de la rivi?re actuelle de Saint-Jean, qu'il appela baie de Saint-Laurent, en l'honneur du patron du jour; & allant ensuite visiter la grande ?le de Natiscotec il y aborda le 15 ao?t & lui donna en cons?quence le nom de l'Assomption.

Du c?t? du sud elle faisait face au pays de Honguedo, o? commen?ait la grande rivi?re conduisant ? Canada & ? Hochelaga, qu'il r?solut de remonter, en reprenant son exploration de la rive septentrionale depuis la baie de Saint-Laurent. Il rencontra d'abord sept iles qu'il appela les iles Rondes, puis les ?les du Bic auxquelles il donna le nom d'?lots de Saint-Jean; le 1er septembre il reconnut l'entr?e de la grande rivi?re de Saguenay & les deux iles qui lui font face. Poursuivant sa route, il s'arr?tait le 6 septembre sur une ?le couverte de coudriers, laquelle conserve encore le nom d'ile aux Coudres qu'il lui donna, & le lendemain il atteignit un amas d'iles, o? commen?ait le pays de Canada. La plus grande ?tait charg?e de vignes, ce qui la lui fit appeler d'abord ile de Bacchus; mais il pr?f?ra ensuite le nom d'?le d'Orl?ans, qui lui est rest?. Au bout se trouvait un endroit convenable pour le mouillage de ses navires: il s'y arr?ta le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix, dont ce lieu prit le nom; c'est la rivi?re Saint-Charles d'aujourd'hui. Tout aupr?s ?tait Stadacone, r?sidence royale du chef de Canada, remplac?e maintenant par la ville de Qu?bec, dont le faubourg Saint-Jean est assis pr?cis?ment ? l'endroit o? gisait l'ancienne capitale des sauvages.

Apr?s avoir pourvu ? la s?ret? de ses navires dans le havre de Sainte-Croix, Cartier r?solut de pousser sa reconnaissance dans le haut du fleuve jusqu'? Hochelaga avec le plus petit des trois b?timents & les embarcations. Parti le 19 septembre, il navigua sans interruption jusqu'au 28, qu'il atteignit les domaines du chef Ochelay, ? l'entr?e d'une rivi?re o? le courant ?tait rapide & dangereux , & bient?t apr?s un grand lac form? par l'?largissement du fleuve ; l? il lui fallut laisser le navire pour continuer de remonter avec les embarcations seules, & le 20 octobre on arrivait ? Hochelaga, au-dessous des rapides imp?tueux appel?s aujourd'hui le courant de Sainte-Marie. La capitale ?tait assise au pied d'une montagne bien cultiv?e, qui re?ut le nom de Mont-Royal, lequel s'est perp?tu? ? la m?me place sous la forme de Montr?al, ainsi qu'on appelle maintenant le chef-lieu du Haut-Canada.

En redescendant le grand fleuve, il remarqua, le 7 octobre, un affluent de la rive septentrionale dont l'entr?e ?tait signal?e par quatre petites ?les bois?es, & auquel il donna le nom de Fouez , qu'a remplac? celui de Trois-Rivi?res. Quatre jours apr?s il rentrait au havre de Sainte-Croix, o? les matelots des deux navires rest?s au mouillage avaient pendant son absence ?lev? un fort. Il y passa tout l'hiver, tr?s-maltrait? par le scorbut, qui lui enleva vint-cinq de ses compagnons, & aurait fait de plus grands ravages si les indig?nes ne lui eussent enseign? un rem?de souverain dans la d?coction des feuilles & de l'?corce d'?pinette blanche ou de pesse du Canada . Enfin, le 6 mai 1536, il appareilla pour retourner en France, abandonnant la carcasse d'un de ses navires, faute de monde pour le r?armer. Les restes en ont ?t? retrouv?s dans la vase par les habitants de Qu?bec, le 26 septembre 1843, & quelques fragments en ont ?t? envoy?s, comme une pr?cieuse relique, au mus?e de Saint-Malo.

Le 21 mai Cartier reconnaissait Honguedo, puis le cap de Prato, d'o? il gagnait l'?le de Brion, & le 1er juin, prenant au sud-est, il touchait successivement ? deux pointes de terre qu'il appela le cap de Lorraine & le cap de Saint-Paul, au nord & ? l'est de l'ile du cap Breton; il abordait ensuite ? Terre-Neuve dans une anse qu'il appela le havre du Saint-Esprit, & qui n'est autre que le port aux Basques de nos jours: puis il rangeait la c?te jusqu'aux ?les de Saint-Pierre, o? il rencontra plusieurs navires fran?ais, & prenant enfin le large au sortir du h?vre de Rognouse ou baie des Tr?pass?s, il rentrait ? Saint-Malo le 16 juillet suivant.

En France, o? Cartier avait ramen? quelques sauvages canadiens, on s'occupait de les instruire, afin de trouver en eux des interpr?tes & des auxiliaires pour la civilisation de leurs compatriotes: ils furent baptis?s le 25 mars 1538; mais le changement de climat leur devint funeste, & ils moururent tous sauf un seul avant qu'on p?t tirer d'eux aucun service. Malgr? ce d?sappointement, une nouvelle exp?dition fut r?solue par l'intervention active d'un gentilhomme picard, Jean-Fran?ois de la Roque sieur de Roberval, que le roi, par lettres du 15 janvier 1540, nomma son lieutenant g?n?ral ?s terres neufves de Canada, Hochelaga & Saguenay & autres circonvoisines. Des lettres royales, donn?es ? Saint-Prix le 17 octobre suivant, institu?rent Jacques Cartier capitaine g?n?ral & ma?tre pilote de tous les navires & vaisseaux qui seraient envoy?s pour cette entreprise.

Cinq navires jaugeant ensemble quatre cents tonneaux ayant ?t? convenablement dispos?s en cons?quence, Cartier partit de Saint-Malo le 23 mai 1541, laissant en France Roberval, qui devait le rejoindre bient?t avec le compl?ment du mat?riel destin? ? la fondation de l'?tablissement projet?. Cartier se trouvait le 23 ao?t au h?vre de Sainte-Croix; mais il pr?f?ra pour l'hivernage de ses vaisseaux un autre endroit ? quatre lieues plus loin, ? l'entr?e d'une rivi?re pr?s du cap Rouge, o? il construisit un fort & des magasins, auxquels il donna le nom de Charlesbourg royal; apr?s quoi il renvoya en France deux de ses navires, sous les ordres de Mac? Jalobert son beau-fr?re, & d'Etienne No?l son neveu, qui partirent le 2 septembre. Il alla lui-m?me reconna?tre au-dessus de Hochelaga les sauts ou rapides qui barrent le cours du fleuve, revint hiverner au fort, & n'ayant aucune nouvelle de Roberval ? la fin de Mai 1542, il prit le parti de s'en retourner en France. Ayant rel?ch? au havre Saint-Jean, sous le cap Double, il y rencontra Roberval qui arrivait enfin avec deux navires, mais il se refusa ? remonter avec lui, & vint d?sarmer ? Saint-Malo, o? on le voit, le 21 octobre, tenir sur les fonts baptismaux la tille du lieutenant de Roi gouverneur de cette ville.

A quelque temps de l?, sur l'ordre du Roi, qui rappelait Roberval en France, Cartier partit de rechef de Saint-Malo au printemps de 1543 pour aller chercher les restes de cette exp?dition avort?e, & rentra d?finitivement ? Saint-Malo apr?s une absence de huit mois.

Et l'id?e d'un ?tablissement fran?ais au Canada demeura d?sormais abandonn?e pendant plus d'un demi-si?cle.

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