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Read Ebook: Contes d'Amérique by Mullem Louis

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Ebook has 1602 lines and 70634 words, and 33 pages

<<--Tu vas le savoir. R?ponds! Que penses-tu de cet ?tranger toujours pr?sent dans notre maison?

<<--L'associ? de notre p?re? Oui, je sais qu'au fond du coeur, tu le hais.

<<--Oh! de toute ma haine, depuis l'extr?me enfance, depuis une sc?ne funeste... qui est l'histoire de ta vie. Le p?re, ? cette ?poque, ?tait un travailleur obstin?, sans cesse anxieux et rude, dont chacun avait peur. L'autre, l'?migr?, parlait habituellement ? ma m?re dans un langage de douceur et de cajolerie sournoise qui soulevait mes r?pulsions d'instinct. Il y eut drame un jour: Ma m?re voilait son front de ses mains, l'?tranger montrait une attitude louche, je tremblais et pleurais au bruit des menaces de mon p?re. Que s'?tait-il pass?? Je ne pouvais comprendre alors, mais tu naquis peu apr?s, tu grandissais, je t'observais avec une persistance d'abord inconsciente, puis volontaire, et enfin la v?rit? se reconstruisit enti?re dans mon cerveau: La trahison revivait en toi; elle ?clatait dans ta ressemblance exacte, absolue, ridicule, avec cet homme d'autre race. Ton existence ?tait une honte, un crime et une d?rision! Me comprends-tu maintenant?

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Andrew, conform?ment ? son r?cit, fit une pause durant laquelle MM. Gibb et Fogg se sentirent plus cruellement embarrass?s que jamais. On e?t dit que sur la face somnolente de M. Johann Schelm se dessinait quelque chose d'incompr?hensible, comme un m?lange de confusion, d'incr?dulit? et de d?fi. Andrew, de son c?t?, se poss?dait en une sorte de sang-froid de com?dien tout en exhibant une ?motion d?sordonn?e. Mystifiait-on MM. Fogg et Gibb? Et pourtant il s'agissait certainement de la famille Wallholm et de l'associ?, M. Schelm, dans ce qui venait de se d?biter. L'histoire des deux fr?res ?tait une suite trop ?vidente des racontages circonvoisins. Andrew, sous pr?texte de litt?rature, trahissait-il les secrets du foyer paternel? Mais comment pouvait-il broder sur de telles avanies? Comment savait-il ces myst?res; qui donc avait os? les lui d?voiler? MM. Gibb et Fogg s'y perdaient.

Andrew avait, derechef, consult? le feuillet qu'agitait un tremblement de ses doigts.

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<<--Faiblesse d'?me, soins de fortune ou aveuglement, que sais-je? mon p?re avait oubli?. Mais sans rel?che, moi, je me suis d?battu contre ce secret qu'il m'?tait interdit de r?v?ler, j'ai d? supporter cette tache ? mon honneur h?r?ditaire, d?vorer l'humiliation, refouler des d?sirs affol?s de vengeance. Le courage de me taire plus longtemps m'a manqu?. A ton tour donc de subir cette destin?e, de mesurer ce que p?se ? la conscience le recel d'un nom vol? par l'adult?re, l'hypocrisie d'affections que repousse la voix du sang!...

<<--Que faire? interrompait le plus jeune, enfant par les pleurs, homme sous l'insults...

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<<--L'?tang qui dort ? nos pieds est profond, la for?t qui nous entoure s'ouvre sur le monde. Choisis. La nuit venue, tu verras ? travers les branches une lumi?re approcher de ma fen?tre. Accomplis alors ta volont?, quelle qu'elle soit.

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Sur ce dernier paragraphe, Andrew avait saisi la lampe d'une main et s'?tait lev? tragique, en mani?re de po?te emport? par son r?ve, mimant l'action, vivant les personnages:

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?clair? de profil, Andrew ?tait d'une p?leur de mort; sa voix s'?levait en ?clats d?sesp?r?s. Le coeur s'?tranglait sous les redingotes de MM. Gibb et Fogg; M. Johann Schelm, entra?nement du r?cit ou terreur de la r?alit?, s'?tait enfin mis debout et un semblant de menace roulait dans son oeil ahuri.

<> redit Andrew.

Il y eut un instant d'attente, puis une lueur sillonna la cime des arbres et une d?tonation retentit dans le bois.

Andrew lan?a un coup d'oeil final au manuscrit et s'agenouilla.

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L'?motion et l'angoisse de l'auditoire devinrent indescriptibles. Que dire, que conclure? On regardait avec effarement Andrew prostern?; on entendit une horloge tintant dix heures, en m?me temps qu'une voix fougueusement acari?tre retentissait au bas de l'escalier:

--Ce vacarme finira-t-il? criait le peu accommodant M. Wallholm p?re.

En d?pit des navrantes impressions du moment, on ne songea plus qu'? fuir la m?chante humeur du vieil ours.

--Partez, partez vite! commandait Andrew, redress? comme par un ressort.

Les jeunes Gibb et Fogg d?gringol?rent l'?tage et purent ? peine entrevoir une derni?re fois les misses Kate et Lizzie, qui repliaient leurs broderies.

Arriv?s sur la route, ils remarqu?rent que M. Johann Schelm les suivait ? quelques pas. Il n'y avait donc plus de doute! Andrew s'?tait montr? v?ridique, une sanglante folie avait ?t? commise!

Ils march?rent quelque temps suffoqu?s, transis, n'osant desserrer les dents, l'imagination hant?e d?j? de l'apparition du suicid? flottant sur l'eau; ils songeaient ? se rendre au bord de l'?tang, quand de l'obscurit? se d?tacha une forme humaine venant en sens inverse et marquant le pas d'une chanson.

--Harris! s'?cri?rent Gibb et Fogg, ravis.

--Ah! chers amis, vous voil?! dit Harris Wallholm qui les avait aussi reconnus ? la voix.

--Eh bien! mes bons! ai-je bien jou? mon r?le? la poudre a-t-elle parl? ? propos? Et que dites-vous du nouveau proc?d? litt?raire de ce fou d'Andrew?

--Le nouveau proc?d??...

--Oui! le <> dont on parle tant aujourd'hui ne lui suffit plus, il cherche, para?t-il, quelque chose au del?.

--Et quoi donc?...

--Je n'en sais rien; on essaiera la d?finition un autre jour.

--Oui, oui, un autre jour, dit M. Johann Schelm, qui s'?tait approch? et avait appuy? son bras sur l'?paule d'Harris Wallholm.--Rentrons, mon enfant, la soir?e est froide, tu pourrais t'enrhumer.

L'UNION LIBRE

Une f?brile impatience, une impatience v?ritablement ?pileptique et enrag?e, secouait la foule entass?e depuis le lever du jour dans la Cent-Vingti?me Rue du Quatorzi?me Quartier de San-Francisco.

L'agitation allait croissant; la rumeur des milliers de voix de cette multitude avait l'accent d'un oc?an qui se f?che.

C'est qu'on attendait un ?v?nement extraordinaire et de nature, certes, ? faire d?lirer toutes les imaginations.

Mais il n'?tait encore que dix heures du matin, et c'?tait ? midi seulement qu'Ellen Kemp, l'h?ro?ne de ce fait m?morable, devait faire son apparition.

Or:--<>

--ainsi lisait-on sur un gigantesque calicot qui couvrait toute la fa?ade du Septi?me H?tel de la Cent-Vingti?me Rue--<

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<> devant la porte du Septi?me H?tel, et s'y laissera voir ? loisir pendant l'op?ration, confi?e aux jeunes et innocentes mains de cinq pensionnaires du Troisi?me Orphelinat. Le gagnant, quel qu'il soit, poss?dera l?gitimement la jeune personne, s'il le veut et s'il le peut; s'il refuse le mariage, miss Ellen Kemp gardera la dot et sa libert?.>>

--?ducation! beaut?! jeunesse! et vingt mille dollars! Tels ?taient les cris admiratifs que poussait sans fin l'?paisse masse d'hommes encaiss?s comme des harengs dans la Cent-Vingti?me Rue dont ils emplissaient litt?ralement la chauss?e, les trottoirs, les caf?s, les <> de toute esp?ce. Car le public f?minin, justifiant la statistique invoqu?e plus haut, ?tait en infime minorit?.

Cet attroupement de peuple et de populace exhalait une p?n?trante odeur d'eau-de-vie et de tabac. Par-dessus les t?tes, sur toute l'?tendue de la couche vivante, voltigeait un l?ger nuage bleu?tre de fum?e de cigares, ? travers laquelle s'?levait, en spirales plus denses et plus grises, la vapeur de quelques pipes et br?le-gueules.

Mais le ciel ?tait pur et bleu. Le soleil de juillet l?chait de flamme chaque d?tail et l'on voyait, parmi quelques taches d'ombre, un perp?tuel miroitement de lumi?res crues et criardes.

Il y avait quantit? de rigides figures de Yankees, aux grands fronts cord?s de veines, aux longs traits secs, ? la peau bise, ? la bouche railleuse, cynique ou cruelle, faute de poil aux l?vres. On devinait nombre d'Irlandais ? leur physionomie blafarde et alcoolis?e, ? leur inculte fouillis de cheveux couleur de houblon. Par-ci par-l? pivotaient les cr?nes suants et frais ras?s des Chinois silencieusement attentifs.

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