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Read Ebook: Le Héros de Châteauguay by David L O Laurent Olivier

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Ebook has 256 lines and 16893 words, and 6 pages

Les Canadiens-Fran?ais r?pondirent ? l'appel de l'Angleterre et s'enr?l?rent sous le drapeau de leur jeune chef.

Il ?tait temps, les Am?ricains traversaient la fronti?re, au mois de juin mil huit cent-douze, ? trois endroits diff?rents.

Pendant que Brock et Sheaffe repoussaient les deux arm?es de l'ouest et du centre dans des combats glorieux, le g?n?ral Dearborn marchait sur Montr?al avec dix mille hommes, par le chemin de Saint-Jean et d'Odeltown. De Salaberry courut ? sa rencontre, ? la t?te de quatre cents voltigeurs, et n'eut pas m?me besoin des milices du district de Montr?al, qui s'avan?aient ? la h?te sous les ordres du colonel Deschambault. Ayant trouv? l'ennemi camp? sur la rive droite du la rivi?re Lacolle, il r?solut de le d?loger. La rapidit? de ses mouvements et l'initelligence avec laquelle il avait pr?par? ses travaux de d?fense d?concert?rent le g?n?ral am?ricain, qui repassa la fronti?re apr?s une attaque malheureuse o? quatorze cents de ses hommes furent mis en fuite par un avant-poste compos? d'une poign?e de voltigeurs.

La campagne de mil huit cent-douze ?tait finie.

Sir George Pr?vost f?licita le lieutenant-colonel de Salaberry de son succ?s, dans un ordre g?n?ral, et rendit hommage ? la loyaut? et au courage de la milice. Les Canadiens-Fran?ais durent ?tre surpris; c'?tait la premi?re fois qu'ils s'entendaient dire des choses agr?ables par les repr?sentants de la couronne anglaise.

La campagne de mil huit cent-treize fut plus s?rieuse; les Am?ricains, honteux de leur ?chec, s'?taient pr?par?s ? frapper un grand coup sur Montr?al, qu'ils consid?raient comme la clef du pays. La d?faite de Proctor, en Haut-Canada, par le g?n?ral Harrison, exalta leur enthousiasme et jeta avec raison le Bas-Canada dans l'effroi.

La situation devenait critique.

Deux arm?es, fortes chacune de sept ? huit mille hommes, marchaient sur Montr?al, l'une, sous les ordres de Hampton, par le lac Champlain, et l'autre, command?e par Dearborn et Wilkinson, descendait de Kingston. A ces dix-sept mille hommes le Bas-Canada ne pouvait opposer que trois mille soldats et miliciens.

La lutte parut un instant impossible.

Il fallait un homme assez habile pour emp?cher la jonction des deux arm?es am?ricaines et capable de suppl?er au nombre par la prudence et la valeur, d'accomplir un prodige, s'il le fallait. La patrie en danger avait besoin enfin d'un sauveur, d'un h?ros, elle le trouva:--c'?tait le lieutenant-colonel de Salaberry. Il accourt, prend le devant avec quatre cents voltigeurs, rencontre Hampton, culbute ses avant-postes ? Odeltown. et le poursuit jusqu'? Four-Corners, tombe sur lui avec une poign?e d'hommes et le remplit de terreur.

Apr?s plusieurs jours de marches et de contre-marches, Hampton reprenait, le vingt et un octobre, sa course en avant sur les bords de la rivi?re Ch?teauguay, que de Salaberry immortalisait, le vingt-six, par une victoire ? jamais m?morable.

Inutile de donner des d?tails de cette bataille si souvent racont?e et c?l?br?e par l'histoire, l'?loquence et la po?sie. Qui n'a senti battre son coeur au r?cit de cette lutte glorieuse o? trois cents Canadiens-Fran?ais d?firent sept mille Am?ricains? Qui ne sait que tout l'honneur de cette victoire appartient au brave colonel de Salaberry, que le succ?s de nos armes en ce jour c?l?bre fut le r?sultat de l'habilet? avec laquelle il sut disposer ses forces et fortifier sa position, et de la bravoure qu'il d?ploya pendant la bataille? Avec quel enthousiasme les derniers survivants de la poign?e de braves qui partage avec lui l'honneur de ce triomphe, racontent les faits ?clatants de leur h?ro?que colonel!

Ils le repr?sentent, avant la bataille, cherchant, exploitant toutes les ressources que le terrain, la rivi?re et la for?t pouvaient lui offrir, faisant de chaque arbre, de chaque pierre un retranchement, un abri pour ses troupes, frappant du pied la terre pour en faire jaillir des ?l?ments de victoire. Et lorsque la bataille est commenc?e, ils le montrent entra?nant ses braves voltigeurs ? sa suite; dominant le bruit de la bataille des ?clats de sa voix pr?sent sur tous les points ? la fois; multipliant le nombre de ses soldats par la rapidit? et la pr?cision de ses mouvements; dispersant un instant ses forces et les ralliant soudain pour tomber sur un point o? on ne l'attendait pas; faisant, faire un bruit de trompettes et pousser des cris effrayants; employant mille ruses pour ?tourdir, surprendre l'ennemi, et lui faire croire qu'il avait ? combattre des milliers d'hommes; donnant, enfin l'exemple d'un courage, d'une bravoure que le danger semblait grandir, bravant les balles avec cette h?ro?que insouciance qui l'avait illustr? sur les champs de bataille de la Martinique, et de la Guadeloupe.

La bataille dura quatre heures, Hampton, croyant avoir affaire ? une arm?e de dix mille hommes, se retira apr?s avoir eu une centaine d'hommes tu?s et bless?s, et reprit ? la h?te le chemin des ?tats-Unis; et lorsque Wilkinson, qui attendait au pied du Long-Sault le r?sultat de la bataille apprit la fatale nouvelle, il jugea ? propos de se retirer.

Le Bas-Canada ?tait sauv?. Les Am?ricains, d?courag?s, ne tent?rent plus s?rieusement de l'envahir pendant cette guerre, qui se termina l'ann?e suivante par le trait? de Gand.

Oui, le Bas-Canada ?tait sauv? et conserv? ? l'Angleterre par la bravoure des Canadiens-Fran?ais. Quel d?menti jet? ? la face de ceux qui avaient reproch? ? cette noble population d'?tre d?loyale, parce qu'elle avait du coeur et ne voulait pas laisser fouler aux pieds ses droits et ses libert?s! Ils tent?rent bien un instant, les insens?s! deo lui ravir sa gloire, d'arracher du front de Salaberry des lauriers si noblement conquis; mais les applaudissements de tout un peuple ?touff?rent les cris de la jalousie et du fanatisme. L'Angleterre elle-m?me d?clara, par la bouche du prince r?gent et du due de Kent, que Salaberry et ses braves voltigeurs ?taient les sauveurs du pays, les h?ros de Ch?teauguay.

Salaberry fut fait compagnon du Bain, et les chambres provinciales lui vot?rent des remerc?ments; plus tard, en mil huit cent dix-sept, il fut fait conseiller l?gislatif.

Mais ce fut l? toute la r?compense accord?e au brave colonel et ? ses compagnons d'armes; on trouva que c'?tait assez pour des Canadiens-Fran?ais. On a vu de ces braves dont la loyaut? avait conserv? ? l'Angleterre une riche colonie, mendier leur pain, la m?daille de Ch?teauguay sur la poitrine. Et apr?s un demi-si?cle, pas une pierre ne marque encore le glorieux champ de bataille o? ils ont illustr? son drapeau; seule, une tombe dans un cimeti?re ignor? indique l'endroit o? reposent les cendres du h?ros de Ch?teauguay.

On a quelquefois contest? l'importance de cette bataille en donnant pour raison, ou plut?t pour pr?texte, le petit nombre de tu?s et de bless?s; mais depuis quand mesure-t-on la grandeur d'une victoire ? la quantit? de sang vers?? Salaberry aurait-il plus de m?rite, s'il eut fait tuer ses hommes inutilement? N'est-ce pas plut?t un titre de gloire incomparable d'avoir pu accomplir un si beau fait d'armes sans une plus grande effusion de sang, d'avoir su m?nager par des mesures prudentes, la vie de ses braves soldats?

De Salaberry n'eut plus l'occasion de se signaler. Il avait conquis tous les grades que l'Angleterre pouvait accorder ? un soldat catholique et Canadien-Fran?ais; la protection m?me du duc de Kent n'aurait pu le le faire sortir des rangs accessibles aux m?diocrit?s. Une telle position ne devait pas convenir ? notre immortel compatriote. Il avait assez fait, d'ailleurs, pour un gouvernement qui avait eu l'ingratitude d'enlever ? son illustre p?re la demi-pension qu'il avait si noblement. gagn?e en combattant pour l'Angleterre. Il renon?a ? la carri?re militaire et v?cut ensuite pour sa famille, s'occupant d'administrer la seigneurie que mademoiselle Hertel de Rouville lui avait apport?e sous forme de dot. Il avait ?pous? cette noble demoiselle quelques mois avant la bataille de Ch?teauguay. Belle alliance! dont le duc de Kent le f?licita.

C'est ? Chambly qu'il fixa sa r?sidence, an milieu de la population t?moin de sa valeur et de sa gloire pendant la guerre. Sur la rivi?re Chambly, qu'on appelait le grenier du Bas-Canada, vivaient alors des familles remarquables par leur origine ou leurs talents, qui se disputaient la palme des belles mani?res, de la lib?ralit? et de la fid?lit? aux traditions du pass?. On y menait joyeuse vie; c'?tait pendant l'hiver une succession de f?tes, de promenades et de fricots l?gendaires. On luttait ? qui ferait le plus et le mieux.

On partait le matin; on d?nait chez le seigneur Jacob; on prenait les amis en passant, et on allait passer la soir?e chez M. Cartier, de Saint-Antoine, ou chez les messieurs Drolet, Franch?re et autres. Quel bruit! quel entrain! On se s?parait ? regret, avec la promesse de se revoir bient?t.

C'?tait une grande joie dans la tribu, lorsqu'on voyait arriver le brave colonel, car il n'?tait pas le moins bruyant, et lorsque venait son tour de chanter ou de prendre part ? un cotillon emport?, ? un reel favori, il ne tirait pas en arri?re. Tout le monde l'admirait pour sa gloire et l'aimait pour la gaiet? et l'affabilit? de son caract?re.

C'est dans une de ces joyeuses r?unions, chez M. Hatte de Chambly, qu'il fut soudain frapp? d'apoplexie, le vingt-six f?vrier mil huit cent vingt-neuf. Il mourut le lendemain sans avoir pu recouvrer l'usage de la parole, mais en pleine possession de ses facult?s mentales et en paix avec Dieu, entour? de ses enfants qu'il fit venir pour les b?nir.

Comme son p?re, il avait eu quatre fils et trois filles dont voici les noms: Alphonse-Melchior, ancien aide-de-camp provincial et d?put? adjudant-g?n?ral de milice pour le Bas-Canada, mort il y a quatre on cinq ans; Louis-Michel, mort; Maurice qui se tua ? l'?ge de douze ans, par accident; Charles-Ren?-L?onidase, mort; Hermine, dame Dr Galen, d?c?d?e; Charlotte, mari?e a M. Hatte de Sorel, et une autre, morte enfant; tous grands et robustes, h?ritiers du type remarquable des de Salaberry. Plusieurs petits-enfants existent pour perp?tuer le nom de cette belle famille.

Montr?al, septembre 1811.

HOMMAGES DE LA PATRIE AU H?ROS DE CH?TEAUGUAY.

Plusieurs personnes avaient parfois exprim? l'opinion qu'un monument devrait ?tre ?lev? ? la m?moire du h?ros de Ch?teauguay, Mais c'est ? M. J. O. Dion, de Chambly que revient l'honneur d'avoir forc? la nation ? accomplir un grand acte de r?paration et de reconnaissance. D?s mil huit cent soixante-dix, il avait parl? de ce projet et exprim? l'espoir et la volont? de le mettre bient?t ? ex?cution. Son r?ve ?tait de tout pr?parer pour le centenaire du g?n?ral de Salaberry, en 1878, ou au moins pour le cinquanti?me anniversaire de sa mort. Mais il ne put se mettre s?rieusement ? l'oeuvre que dans le mois de janvier 1879. Un comit? fut nomm? alors ? Chambly, et il tut d?cid? qu'on lancerait l'id?e par la c?l?bration d'une f?te destin?e ? comm?morer en m?me temps le centenaire du h?ros de Ch?teauguay et le cinquanti?me anniversaire de sa mort.

Cette f?te eut lieu le vingt-cinq f?vrier mil huit cent soixante et dix-neuf, et elle fut magnifique. Elle commen?a par une procession dans laquelle figur?rent des d?putations militaires d'un grand nombre de corps de milice et de volontaires de Montr?al et des paroisses environnantes, des membres du clerg?, les ?l?ves du coll?ge et des ?coles des Fr?res et plusieurs corps de musique. Apr?s avoir parcouru le village, la procession se rendit ? l'?glise qu'on avait pavois?e de draperies noires et jaunes. Au milieu de la nef, s'?levaient un catafalque et un ob?lisque imposant couvert d'inscriptions patriotiques. Une messe de requiem fut chant?e avec beaucoup d'effet par un choeur puissant; le comit? ?nergiquement aid? par Messire Thibault, cur? de la paroisse avait tout fait pour rendre la c?r?monie imposante.

L'ob?lisque se trouvait ? gauche de l'autel, au-dessus de l'endroit m?me o? reposent les cendres du h?ros. M. Globenski, seigneur de Saint-Eustache, y avait d?pos? une couronne d'immortelles avec l'inscription suivante: "Hommage du fils d'un voltigeur au h?ros de Ch?teauguay."

Dans l'apr?s-midi, ? une r?union du comit? g?n?ral, il fut d?cid? d'?lever un monument ? de Salaberry au moyen d'une souscription g?n?rale d'une piastre par t?te. Le soir, il y eut concert et banquet, et des discours patriotiques furent prononc?s par l'honorable Boucherville, M. Globenski, M. Bernier, de Saint-Jean, M. le colonel D'Orsennens, et l'auteur de cette biographie.

M Sulte avait compos? pour la circonstance les couplets suivants, qui furent chant?s avec effet par les ?l?ves du coll?ge:

S A L A B E R R Y!

Couplets ? chanter pour la f?te du 25 f?vrier 1879.

Fils de soldats, vaillante race, Rappelons-nous les jours pass?s, Que l'histoire en garde la trace: Aimons ceux qui nous ont sauv?s.

CHOEUR:

Chantons les combats de nos p?res, Ils marchaient droit ? l'ennemi! Vivent nos militaires, Gloire ? Salaberry!

Oui! que chacun de nous s'appr?te A transmettre le souvenir Des r?cits qu'en ces jours de f?te Nous recueillons pour l'avenir.

Chantons, etc.

Aux favoris se la victoire, Ces v?t?rans rest?s debout Comme les piliers de la gloire. rendons des hommages partout.

Chantons, etc.

S'il lui fallait prendre les armes. Le Canadien sous les drapeaux. Retrouvait encor des charmes Et l'exemple de ses h?ros.

Chantons, etc.

A partir de ce jour, M. Dion se multiplia pour assurer le succ?s de l'oeuvre; il ?crivit ? droite et ? gauche, alla de ville en ville, de village en village, de porte en porte, mendier pour le monument du h?ros de Ch?teauguay. Il eut ? lutter p?niblement contre ceux qui voulaient que ce monument fut ?rig? ? Montr?al, dans une ville, o? il aurait n?cessairement produit plus d'effet. Ses adversaires avaient peut-?tre les meilleures raisons de leur c?te, mais comme il n'y avait personne pour le suivre, pour d?ployer autant de d?vouement et d'activit?, il l'emporta naturellement et il n'y eut bient?t qu'une voix pour r?p?ter apr?s lui que Chambly devait avoir l'honneur de poss?der le monument comme les cendres du h?ros.

Mais la souscription marchait lentement.

M. Dion vit avec regret que le monument ne pourrait pas ?tre inaugur? en mil huit cent quatre-vingt. En attendant, pour stimuler le z?le de la population dans le district de Qu?bec, il entreprit de faire poser une tablette comm?morative A Beauport sur la maison m?me ou naquit de Salaberry. La population de Qu?bec r?pondit ? son appel, et le vingt-huit juin mil huit cent quatre-vingt, la c?r?monie eut lieu. Son Honneur le lieutenant-gouverneur pr?sidait, entour? de personnages marquants et d'une foule enthousiaste. Une immense acclamation remplit l'air quand le lieutenant-gouverneur ?carta le voile qui couvrait le marbre comm?moratif. Ce marbre a la forme d'un ?cusson et porte l'inscription suivante:

Force ? superbe et mercy ? faible.

ICI

NAQUIT, LE 18 NOVEMBRE 1778 CHARLES M. DE SALABERRY

C. B.

LE H?ROS DE CHATEAUGUAY

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