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Read Ebook: Les Pardaillan — Tome 01 by Z Vaco Michel

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Ebook has 5674 lines and 127094 words, and 114 pages

--Moi, Jeanne! Il para?t que je vous effraie! Par la mort-dieu, n'ai-je donc pas le droit de vous parler,... comme lui... comme mon fr?re!

Elle demeura tremblante. Et lui, ?clatant de rire:

--Si je ne l'ai pas, ce droit, je le prends! Oui, c'est moi Jeanne! moi qui ai sinon tout entendu, du moins tout vu! Tout! vos baisers et vos ?treintes! Tout, vous dis-je, par l'enfer! Vous m'avez fait souffrir comme un damn?! Et maintenant, ?coutez-moi! Sang du Christ, ne vous ai-je pas le premier d?clar? mon amour? Est-ce que je ne vaux pas Fran?ois?

--Henri, dit-elle, je vous aime et vous aimerai toujours comme un fr?re... le fr?re de celui ? qui j'ai donn? ma vie. Et il faut que mon affection pour vous soit grande, puisque je n'ai jamais dit un mot ? Fran?ois...

--Ah! c'est plut?t pour lui ?pargner une inqui?tude! Mais dites-lui que je vous aime! Qu'il vienne, les armes ? la main, me demander des comptes!

--C'en est trop, Henri! Ces paroles me sont odieuses, et j'ai besoin de toutes mes forces pour me souvenir encore que vous ?tes son fr?re!

--Son fr?re?... Son rival! R?fl?chissez, Jeanne!

Le jeune homme grin?a des dents, et haleta:

--Donc, vous me repoussez!... Parlez! mais parlez donc!... Vous vous taisez?... Ah! prenez garde!

--Puissent les menaces que je lis dans vos yeux retomber sur moi seule!

Henri frissonna.

--Au revoir, Jeanne de Piennes, gronda-t-il; vous m'entendez?... Au revoir... et non adieu!...

Alors ses yeux s'inject?rent. Il eut un geste violent, secoua la t?te comme un sanglier bless? et se rua ? travers la for?t.

--Puisse-je ?tre seule frapp?e! balbutia Jeanne.

Et comme elle disait ces mots, quelque chose d'inconnu, de lointain, d'inexprimable, tressaillit au fond, tout au fond de son ?tre. D'un geste instinctif, elle porta les mains ? ses flancs, et tomba ? genoux; prise d'une terreur folle, elle b?gaya:

--Seule! seule! Mais, malheureuse, je ne suis plus seule! mais il y a en moi un ?tre qui vit et veut vivre!

MINUIT!

Le silence et les t?n?bres d'une nuit sans lune pesaient sur la vall?e de Montmorency. Onze heures sonn?rent lentement au clocher de Margency.

Jeanne de Piennes s'?tait redress?e pour compter les coups, cessant d'actionner son rouet!... Elle murmura:

--Ce soir, quand je suis rentr?e, pourquoi mon p?re paraissait-il boulevers??... Pourquoi, si convulsivement, m'a-t-il serr?e sur son coeur? Comme il ?tait p?le! En vain, j'ai essay? de lui arracher son secret...

Enfin, elle ?teignit le flambeau, s'enveloppa d'une mante et, poussant la porte, marcha vers une maison paysanne situ?e ? cinquante pas.

Comme elle longeait une haie toute parfum?e de ros?s sauvages, il lui sembla qu'une ombre, une forme humaine, se dressait de l'autre c?t? de la haie.

--Fran?ois!... appela-t-elle, palpitante.

Rien ne lui r?pondit... et, secouant la t?te, elle poursuivit son chemin. Alors, cette ombre se mit en mouvement, se glissa vers la demeure du seigneur de Piennes, alla droit ? une fen?tre ?clair?e; et l'homme, rudement, frappa.

Le seigneur de Piennes ne s'?tait pas couch?. A pas lents, le dos vo?t?, il se promenait dans la salle, l'esprit tendu dans une recherche affreuse: qu'allait devenir sa Jeanne!

Le coup frapp? ? la fen?tre arr?ta soudain sa morne promenade, et l'immobilisa dans l'attente pantelante d'une derni?re catastrophe.

Le seigneur de Piennes, alors, ouvrit, regarda!...

Et un rugissement de haine, de douleur et de d?sespoir d?chira sa gorge... Celui qui frappait, c'?tait un fils de l'implacable ennemi, c'?tait Henri de Montmorency!

Le vieillard se retourna: d'un bond, il courut ? une panoplie, d?crocha deux ?p?es, les jeta sur la table.

Henri avait franchi la fen?tre, ?chevel?, hagard.

D'un signe violent, le seigneur de Piennes montra les deux ?p?es.

Henri secoua la t?te, haussa les ?paules et saisit la main du vieillard.

--Je ne suis pas venu pour me mesurer avec vous, dit-il d'une voix d?mente; pour quoi faire? Je vous tuerais. Et d'ailleurs, je n'ai pas de haine contre vous, moi! Est-ce que cela me regarde que mon p?re vous ait fait disgracier? Je sais! oh! je sais: par le conn?table, vous avez perdu votre gouvernement; de riche et puissant que vous ?tiez, vous ?tes pauvre et mis?rable!...

--Qu'es-tu donc venu faire ici? Parle! gronda le vieux capitaine.

--Tu veux savoir pourquoi je suis ici? C'est parce que je sais que tu dois aux Montmorency la mis?re qui t'accable! Oui, c'est parce que je connais ta haine, vieillard insens?, que je viens te crier: N'est-il pas un abominable sacril?ge que Jeanne de Piennes soit la ma?tresse de Fran?ois de Montmorency!...

Le seigneur de Piennes chancela. Un nuage rouge passa devant ses yeux. Ses pupilles se dilat?rent. Sa main se leva pour une insulte supr?me. Henri de Montmorency, d'un geste foudroyant, saisit cette main et la serra ? la broyer.

--Tu doutes! rugit-il. Vieillard stupide! Je te dis que ta fille, ? cette minute m?me, est dans les bras de mon fr?re! Viens! viens!

Stupide, en effet, sans forces, sans voix, le p?re de Jeanne fut violemment entra?n? par le jeune homme qui, d'un coup de pied, ouvrit la porte: l'instant d'apr?s, tous deux ?taient devant la chambre de Jeanne... Cette chambre ?tait vide!...

Le seigneur de Piennes leva au ciel des bras charg?s de mal?diction et sa clameur d?sesp?r?e traversa lamentablement le silence de la nuit.

Puis courb?, r?lant, vacillant, se heurtant ? la muraille, il parvint ? regagner la salle... Henri s'?tait enfui dans la nuit, comme dut jadis s'enfuir Ca?n.

Jeanne de Piennes avait march? jusqu'? la maison paysanne. Le premier coup de minuit sonna: au d?tour du sentier, ? trois pas d'elle, Fran?ois apparut...

Elle le reconnut aussit?t et, au m?me instant, elle fut dans ses bras. L'?treinte fut presque violente: ils s'aimaient vraiment de toute leur ?me.

--Mon aim?e, dit alors Fran?ois de Montmorency, les minutes nous sont compt?es ce soir. Un cavalier vient d'arriver au manoir, devan?ant mon p?re d'une heure: il faut que le conn?table me trouve au ch?teau... Parle donc, bien-aim?e... dis-moi quel est le secret qui t'oppresse. Quoi que tu aies ? me confier, souviens-toi que c'est un ?poux qui t'?coute...

--Un ?poux, mon Fran?ois! Oh! tu m'enivres de bonheur...

--Un ?poux, Jeanne: je le jure par mon nom glorieux et sans tache jusqu'? ce jour!

--Eh bien, fit-elle toute palpitante, ?coute...

Il se pencha. Elle appuya sa t?te sur son ?paule. Elle allait parler... elle cherchait la parole d'aveu...

A ce moment, un cri terrible, un cri d'horrible agonie d?chira le silence des choses...

--C'est la voix de mon p?re! balbutia Jeanne ?pouvant?e. Fran?ois! Fran?ois! on ?gorge mon p?re!...

Elle s'?tait arrach?e des bras de l'amant; elle se mit ? courir; en quelques secondes elle fut devant la maison et vit la porte et la fen?tre ouvertes... Un instant plus tard, elle ?tait dans la salle: son p?re r?lait dans un fauteuil. Elle se jeta sur lui, toute secou?e de sanglots, saisit sa t?te blanche dans ses bras...

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