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Read Ebook: Consuelo Tome 3 (1861) by Sand George

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Ebook has 1736 lines and 122044 words, and 35 pages

CONSUELO

PAR

GEORGE SAND

MICHEL L?VY FR?RES, LIBRAIRES-?DITEURS, RUE VIVIENNE 2 BIS, PARIS Tous droits r?serv?s

TOME TROISI?ME

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Et il chanta une phrase banale o? il introduisit d'une mani?re fort vulgaire plusieurs de ces ornements. Consuelo s'amusa ? redire la phrase en faisant le trille en sens inverse.

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Il recommen?a, et Consuelo tronqua l'ornement d'une fa?on plus baroque et plus d?sesp?rante que la premi?re fois, en gardant son s?rieux et affectant un grand effort d'attention et de volont?. Joseph ?touffait, et feignait de tousser pour cacher un rire convulsif.

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Consuelo se moqua de lui pendant un bon quart d'heure, et, quand elle en eut assez, elle chanta le trille avec toute la nettet? dont elle ?tait capable.

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Et le comte s'essuya le front quoiqu'il n'y e?t pas une goutte de sueur.

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Consuelo, qui commen?ait ? sentir le sommeil et la fatigue la gagner, abr?gea de beaucoup la le?on de roulade. Elle fit toutes celles que lui prescrivit l'opulent p?dagogue, avec docilit?, de quelque mauvais go?t qu'elles fussent, et laissa m?me r?sonner naturellement sa belle voix, ne craignant plus de se trahir, puisque le comte ?tait r?solu ? s'attribuer jusqu'? l'?clat subit et ? la puret? c?leste que prenait son organe de moment en moment.

A peine Joseph fut-il sorti, que le comte, prenant les deux mains de Consuelo avec des regards fort expressifs, essaya de l'attirer pr?s de lui. Interrompue dans sa roulade, Consuelo le regardait aussi avec beaucoup d'?tonnement, croyant qu'il voulait lui faire battre la mesure; mais elle lui retira brusquement ses mains et se recula au bout de la table, en voyant ses yeux enflamm?s et son sourire libertin.

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--Oui, monsieur le comte, r?pondit Consuelo avec beaucoup de gravit? et en faisant un grand salut; c'est parfaitement entendu.>>

Joseph rentra en cet instant avec le valet de chambre, qui portait deux flambeaux, et le comte sortit en donnant un petit coup sur la joue de Joseph et en adressant ? Consuelo un sourire d'intelligence.

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--Plus achev? encore que tu ne penses, lui r?pondit-elle d'un air pensif.

--C'est ?gal, c'est le meilleur homme du monde, et il me sera fort utile ? Vienne.

--Oui, ? Vienne, tant que tu voudras, Beppo; mais ? Passaw, il ne le sera pas le moins du monde, je t'en avertis. O? sont nos effets, Joseph?

--Dans la cuisine. Je vais les prendre pour les monter dans nos chambres, qui sont charmantes, ? ce qu'on m'a dit. Vous allez donc enfin vous reposer!

--Bon Joseph, dit Consuelo en haussant les ?paules. Allons, reprit-elle, va vite chercher ton paquet, et renonce ? ta jolie chambre et au bon lit o? tu pr?tendais si bien dormir. Nous quittons cette maison ? l'instant m?me; m'entends-tu? D?p?che-toi, car on va s?rement fermer les portes.>>

Haydn crut r?ver.

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--Je crains encore plus le Hoditz que le Mayer, r?pondit Consuelo avec impatience. Allons, cours, n'h?site pas, ou je te laisse et je pars seule.>>

Il y avait tant de r?solution et d'?nergie dans le ton et la physionomie de Consuelo, que Haydn, ?perdu et boulevers?, lui ob?it ? la h?te. Il revint au bout de trois minutes avec le sac qui contenait les cahiers et les hardes; et, trois minutes apr?s, sans avoir ?t? remarqu?s de personne, ils ?taient sortis du palais, et gagnaient le faubourg ? l'extr?mit? de la ville.

Ils entr?rent dans une ch?tive auberge, et lou?rent deux petites chambres qu'ils pay?rent d'avance, afin de pouvoir partir d'aussi bonne heure qu'ils voudraient sans ?prouver de retard.

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--Dors tranquille, lui r?pondit-elle, et apprends en deux mots que nous n'avons pas grand'chose ? craindre maintenant. M. le comte a devin? avec son coup d'oeil d'aigle que je ne suis point de son sexe, et il m'a fait l'honneur d'une d?claration qui a singuli?rement flatt? mon amour-propre. Bonsoir, ami Beppo; nous d?campons avant le jour. Je secouerai ta porte pour te r?veiller.>>

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--Oui, dit Consuelo, vous lui pr?f?riez le comte. Je suis heureuse maintenant que celui-ci se soit born? ? des promesses, et qu'il n'ait pas souill? nos mains de ses bienfaits.

--Apr?s tout, nous ne lui devons rien, reprenait Joseph. Qui a eu le premier la pens?e et la r?solution de combattre les recruteurs? c'est le baron; le comte ne s'en souciait pas, et n'y allait que par complaisance et par ton. Qui a couru des risques et re?u une balle dans son chapeau, bien pr?s du cr?ne? encore le baron! Qui a bless?, et peut-?tre tu? l'inf?me Pistola? le baron! Qui a sauv? le d?serteur, ? ses d?pens peut-?tre, et en s'exposant ? la col?re d'un ma?tre terrible? Enfin, qui vous a respect?e, et n'a pas fait semblant de reconna?tre votre sexe? qui a compris la beaut? de vos airs italiens, et le go?t de votre mani?re?

--Et le g?nie de ma?tre Joseph Haydn? ajouta Consuelo en souriant; le baron, toujours le baron!

--Sans doute, reprit Haydn pour lui rendre sa maligne insinuation; et il est bien heureux peut-?tre, pour un noble et cher absent dont j'ai entendu parler, que la d?claration d'amour ? la divine Porporina soit venue du comte ridicule, au lieu d'?tre faite par le brave et s?duisant baron.

--Beppo! r?pondit Consuelo avec un sourire m?lancolique, les absents n'ont tort que dans les coeurs ingrats et l?ches. Voil? pourquoi le baron, qui est g?n?reux et sinc?re, et qui est amoureux d'une myst?rieuse beaut?, ne pouvait pas songer ? me faire la cour. Je vous le demande ? vous-m?me: sacrifieriez-vous aussi facilement l'amour de votre fianc?e et la fid?lit? de votre coeur au premier caprice venu?>>

Beppo soupira profond?ment.

--Vous devenez galant et doucereux, Beppo! je vois que vous avez profit? dans la soci?t? de M. le comte; mais puissiez-vous ne jamais ?pouser une margrave, et ne pas apprendre comment on traite l'amour quand on a fait un mariage d'argent!>>

A Moelk, il fallut se s?parer du brave pilote, et ce ne fut pas sans regret. Ils ne trouvaient pas dans les embarcations qui s'offrirent pour les mener plus loin les m?mes conditions d'isolement et de s?curit?. Consuelo se sentait repos?e, rafra?chie, aguerrie contre tous les accidents. Elle proposa ? Joseph de reprendre leur route ? pied jusqu'? nouvelle occurrence. Ils avaient encore vingt lieues ? faire, et cette mani?re d'aller n'?tait pas fort abr?viative. C'est que Consuelo, tout en se persuadant qu'elle ?tait impatiente de reprendre les habits de son sexe et les convenances de sa position, ?tait au fond du coeur, il faut bien l'avouer, aussi peu d?sireuse que Joseph de voir la fin de son exp?dition, Elle ?tait trop artiste par toutes les fibres de son organisation, pour ne pas aimer la libert?, les hasards, les actes de courage et d'adresse, le spectacle continuel et vari? de cette nature que le pi?ton seul poss?de enti?rement, enfin toute l'activit? romanesque de la vie errante et isol?e.

Je l'appelle isol?e, lecteur, pour exprimer une impression secr?te et myst?rieuse qu'il est plus facile ? vous de comprendre qu'? moi de d?finir. C'est, je crois, un ?tat de l'?me qui n'a pas ?t? nomm? dans notre langue, mais que vous devez vous rappeler, si vous avez voyag? ? pied, au loin, et tout seul, ou avec un autre vous-m?me, ou enfin, comme Consuelo, avec un compagnon facile, enjou?, complaisant, et mont? ? l'unisson de votre cerveau. Dans ces moments-l?, si vous ?tiez d?gag? de toute sollicitude imm?diate, de tout motif inqui?tant, vous avez, je n'en doute pas, ressenti une sorte de joie ?trange, peut-?tre ?go?ste tant soit peu, en vous disant: A l'heure qu'il est, personne ne s'embarrasse de moi, et personne ne m'embarrasse. Nul ne sait o? je suis. Ceux qui dominent ma vie me chercheraient en vain; ils ne peuvent me d?couvrir dans ce milieu inconnu de tous, nouveau pour moi-m?me, o? je me suis r?fugi?. Ceux que ma vie impressionne et agite se reposent de moi, comme moi de mon action sur eux. Je m'appartiens enti?rement, et comme ma?tre et comme esclave. Car il n'est pas un seul de nous, ? lecteur! qui ne soit ? la fois, ? l'?gard d'un certain groupe d'individus, tour ? tour et simultan?ment, un peu esclave, un peu ma?tre, bon gr?, mal gr?, sans se l'avouer et sans y pr?tendre.

Nul ne sait o? je suis! Certes c'est une pens?e d'isolement qui a son charme, un charme inexprimable, f?roce en apparence, l?gitime et doux dans le fond. Nous sommes faits pour vivre de la vie de r?ciprocit?. La route du devoir est longue, rigide, et n'a d'horizon que la mort, qui est peut-?tre ? peine le repos d'une nuit. Marchons donc, et sans m?nager nos pieds! Mais si, dans des circonstances rares et bienfaisantes, o? le repos peut ?tre inoffensif, et l'isolement sans remords, un vert sentier s'offre sous nos pas, mettons ? profit quelques heures de solitude et de contemplation. Ces heures nonchalantes sont bien n?cessaires ? l'homme actif et courageux pour retremper ses forces; et je dis que, plus votre coeur est d?vor? du z?le de la maison de Dieu , plus vous ?tes propre ? appr?cier quelques instants d'isolement pour rentrer en possession de vous-m?me. L'?go?ste est seul toujours et partout. Son ?me n'est jamais fatigu?e d'aimer, de souffrir et de pers?v?rer; elle est inerte et froide, et n'a pas plus besoin de sommeil et de silence qu'un cadavre. Celui qui aime est rarement seul, et, quand il l'est, il s'en trouve bien. Son ?me peut go?ter une suspension d'activit? qui est comme le profond sommeil d'un corps vigoureux. Ce sommeil est le bon t?moignage des fatigues pass?es, et le pr?curseur des ?preuves nouvelles auxquelles il se pr?pare. Je ne crois gu?re ? la v?ritable douleur de ceux qui ne cherchent pas ? se distraire, ni ? l'absolu d?vouement de ceux qui n'ont jamais besoin de se reposer. Ou leur douleur est un accablement qui r?v?le qu'ils sont bris?s, ?teints, Et qu'ils n'auraient plus la force d'aimer ce qu'ils ont perdu; ou leur d?vouement sans rel?che et sans d?faillance d'activit? cache quelque honteuse convoitise, quelque d?dommagement ?go?ste et coupable, dont je me m?fie.

Ces r?flexions, un peu trop longues, ne sont pas hors de place dans le r?cit de la vie de Consuelo, ?me active et d?vou?e s'il en fut, qu'eussent pu cependant accuser parfois d'?go?sme et de l?g?ret? ceux qui ne savaient pas la comprendre.

Le premier jour de ce nouveau trajet, comme nos voyageurs traversaient une petite rivi?re sur un pont de bois, ils virent une pauvre mendiante qui tenait une petite fille dans ses bras, et qui ?tait accroupie le long du parapet pour tendre la main aux passants. L'enfant ?tait p?le et souffrant, la femme h?ve et grelottant de la fi?vre. Consuelo fut saisie d'un profond sentiment de sympathie et de piti? pour ces malheureux, qui lui rappelaient sa m?re et sa propre enfance.

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--H?las! leur dit celle-ci, j'?tais fort heureuse encore il y a peu de jours. Je suis une paysanne des environs de Harmanitz en Boh?me. J'avais ?pous?, il y a cinq ans, un beau et grand cousin ? moi, qui ?tait le plus laborieux des ouvriers et le meilleur des maris. Au bout d'un an de mariage, mon pauvre Karl, ?tant all? faire du bois dans les montagnes, disparut tout ? coup et sans que personne p?t savoir ce qu'il ?tait devenu. Je tombai dans la mis?re et dans le chagrin. Je croyais que mon mari avait p?ri dans quelque pr?cipice, ou que les loups l'avaient d?vor?. Quoique je trouvasse ? me remarier, l'incertitude de son sort et l'amiti? que je lui conservais ne me permirent pas d'y songer. Oh! que j'en fus bien r?compens?e, mes enfants! L'ann?e derni?re, on frappe un soir ? ma porte; j'ouvre, et je tombe ? genoux en voyant mon mari devant moi. Mais dans quel ?tat, bon Dieu! Il avait l'air d'un fant?me. Il ?tait dess?ch?, jaune, l'oeil hagard, les cheveux h?riss?s par les gla?ons, les pieds en sang, ses pauvres pieds tout nus qui venaient de faire je ne sais combien de cinquantaines de milles par les chemins les plus affreux et l'hiver le plus cruel! Mais il ?tait si heureux de retrouver sa femme et sa pauvre petite fille, que bient?t il reprit le courage, la sant?, son travail et sa bonne mine. Il me raconta qu'il avait ?t? enlev? par des brigands qui l'avaient men? bien loin, jusque aupr?s de la mer, et qui l'avaient vendu au roi de Prusse pour en faire un soldat. Il avait v?cu trois ans dans le plus triste de tous les pays, faisant un m?tier bien rude, et recevant des coups du matin au soir. Enfin, il avait r?ussi ? s'?chapper, ? d?serter, mes bons enfants! En se battant comme un d?sesp?r? contre ceux qui le poursuivaient, il en avait tu? un, il avait crev? un oeil ? l'autre d'un coup de pierre; enfin, il avait march? jour et nuit, se cachant dans les marais, dans les bois, comme une b?te sauvage; il avait travers? la Saxe et la Boh?me, et il ?tait sauv?, il m'?tait rendu! Ah! Que nous f?mes heureux pendant tout l'hiver, malgr? notre pauvret? et la rigueur de la saison! Nous n'avions qu'une inqui?tude; c'?tait de voir repara?tre dans nos environs ces oiseaux de proie qui avaient ?t? la cause de tous nos maux. Nous faisions le projet d'aller ? Vienne, de nous pr?senter ? l'imp?ratrice, de lui raconter nos malheurs, afin d'obtenir sa protection, du service militaire pour mon mari, et quelque subsistance pour moi et mon enfant; mais je tombai malade par suite de la r?volution que j'avais ?prouv?e en revoyant mon pauvre Karl, et nous f?mes forc?s de passer tout l'hiver et tout l'?t? dans nos montagnes, attendant toujours le moment o? je pourrais entreprendre le voyage, nous tenant toujours sur nos gardes, et ne dormant jamais que d'un oeil. Enfin, ce bienheureux moment ?tait venu; je me sentais assez forte pour marcher, et ma petite fille, qui ?tait souffrante aussi, devait faire le voyage dans les bras de son p?re. Mais notre mauvais destin nous attendait ? la sortie des montagnes. Nous marchions tranquillement et lentement au bord d'un chemin peu fr?quent?, sans faire attention ? une voiture qui, depuis un quart d'heure, montait lentement le m?me chemin que nous. Tout ? coup la voiture s'arr?te, et trois hommes en descendent. <> Mon mari se retourne ? ces paroles, et me dit: <> Il commen?ait ? s'enfuir, lorsqu'un de ces hommes abominables s'?lance sur moi, me renverse, place un pistolet sur ma t?te et sur celle de mon enfant. Sans cette id?e diabolique, mon mari ?tait sauv?; car il courait mieux que ces bandits, et il avait de l'avance sur eux. Mais au cri qui m'?chappa en voyant ma fille sous la gueule du pistolet, Karl se retourne, fait de grands cris pour arr?ter le coup, et revient sur ses pas. Quand le sc?l?rat qui tenait son pied sur mon corps vit Karl ? port?e: <> r?pond mon pauvre homme; et il se mit ? courir vers eux plus vite qu'il ne s'?tait enfui, malgr? les pri?res et les signes que je lui faisais pour qu'il nous laiss?t mourir. Quand ces tigres le tinrent entre leurs mains, ils l'accabl?rent de coups et le mirent tout en sang. Je voulais le d?fendre; ils me maltrait?rent aussi. En le voyant garrotter sous mes yeux, je sanglotais, je remplissais l'air de mes g?missements. Ils me dirent qu'ils allaient tuer ma petite si je ne gardais le silence, et ils l'avaient d?j? arrach?e de mes bras, lorsque Karl me dit: <> J'ob?is; mais la violence que je me fis en voyant frapper, lier et b?illonner mon mari, tandis que ces monstres me disaient: <> fut si violente, que je tombai comme morte sur le chemin. J'y restai je ne sais combien d'heures, ?tendue dans la poussi?re. Quand, j'ouvris les yeux, il faisait nuit; ma pauvre enfant, couch?e sur moi, se tordait en sanglotant d'une fa?on ? fendre le coeur, il n'y avait plus sur le chemin que le sang de mon mari, et la trace des roues de la voiture qui l'avait emport?. Je restai encore l? une heure ou deux, essayant de consoler et de r?chauffer Maria, qui ?tait transie et moiti? morte de peur. Enfin, quand les id?es me revinrent, je songeai que ce que j'avais de mieux ? faire ce n'?tait pas de courir apr?s les ravisseurs, que je ne pourrais atteindre, mais d'aller faire ma d?claration aux officiers de Wiesenbach, qui ?tait la ville la plus prochaine. C'est ce que je fis, et ensuite je r?solus de continuer mon voyage jusqu'? Vienne, et d'aller me jeter aux pieds de l'imp?ratrice, afin qu'elle emp?ch?t du moins que le roi de Prusse ne f?t ex?cuter la sentence de mort contre mon mari. Sa majest? pouvait le r?clamer comme son sujet, dans le cas o? l'on ne pourrait atteindre les recruteurs. J'ai donc us? de quelques aum?nes qu'on m'avait faites sur les terres de l'?v?que de Passaw, o? j'avais racont? mon d?sastre, pour gagner le Danube dans une charrette, et de l? j'ai descendu en bateau jusqu'? la ville de Moelk. Mais ? pr?sent mes ressources sont ?puis?es. Les personnes auxquelles je dis mon aventure ne veulent gu?re me croire, et, dans le doute si je ne suis pas une intrigante, me donnent si peu, qu'il faut que je continue ma route ? pied. Heureuse si j'arrive dans cinq ou six jours sans mourir de lassitude! car la maladie et le d?sespoir m'ont ?puis?e. Maintenant, mes chers enfants, si vous avez le moyen de me faire quelque petite aum?ne, donnez-la-moi tout de suite, car je ne puis me reposer davantage; il faut que je marche encore, et encore, comme le Juif errant, jusqu'? ce que j'aie obtenu justice.

--Oh! ma bonne femme, ma pauvre femme! s'?cria Consuelo en serrant la pauvresse dans ses bras, et en pleurant de joie et de compassion; courage, courage! Esp?rez, tranquillisez-vous, votre mari est d?livr?. Il galope vers Vienne sur un bon cheval, avec une bourse bien garnie dans sa poche.

--Qu'est-ce que vous dites? s'?cria la femme du d?serteur dont les yeux devinrent rouges comme du sang, et les l?vres tremblantes d'un mouvement convulsif. Vous le savez, vous l'avez vu! O mon Dieu! grand Dieu! Dieu de bont?!

--H?las! que faites-vous? dit Joseph ? Consuelo. Si vous alliez lui donner une fausse joie; si le d?serteur que nous avons contribu? ? sauver ?tait un autre que son mari!

--Roux, les yeux verts, la figure large, cinq pieds huit pouces de haut; le nez un peu ?cras?, le front bas; un homme superbe.

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