Read Ebook: Elle et lui by Sand George
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Ebook has 1139 lines and 66618 words, and 23 pages
--Je sais, lui dit-il, que vous partez pour Montmorency. Aussi je ne fais qu'entrer et sortir pour vous demander une adresse, celle de mademoiselle Jacques.
Laurent tressaillit.
--Et que diable voulez-vous ? mademoiselle Jacques? r?pondit-il en faisant semblant de chercher du papier pour rouler une cigarette.
--Moi? Rien... c'est-?-dire si! Je voudrais bien la conna?tre; mais je ne la connais que de vue et de r?putation. C'est pour une personne qui veut se faire peindre que je demande son adresse.
--Vous la connaissez de vue, mademoiselle Jacques?
--Parbleu! elle est tout ? fait c?l?bre ? pr?sent, et qui ne l'a remarqu?e? Elle est faite pour cela!
--Vous trouvez?
--Eh bien, et vous?
--Moi? Je n'en sais rien. Je l'aime beaucoup, je ne suis pas comp?tent.
--Vous l'aimez beaucoup?
--Oui, vous voyez, je le dis; ce qui est la preuve que je lui ne fais pas la cour.
--Vous la voyez souvent?
--Quelquefois.
--Alors vous ?tes son ami... s?rieux?
--Eh bien, oui, un peu... Pourquoi riez-vous?
--Parce que je n'en crois rien; ? vingt-quatre ans, on n'est pas l'ami s?rieux d'une femme... jeune et belle!
--Bah! elle n'est ni si jeune ni si belle que vous dites. C'est un bon camarade, pas d?sagr?able ? voir, voil? tout. Pourtant elle appartient ? un type que je n'aime pas, et je suis forc? de lui pardonner d'?tre blonde. Je n'aime les blondes qu'en peinture.
--Elle n'est pas d?j? si blonde! elle a les yeux d'un noir doux, des cheveux qui ne sont ni bruns ni blonds, et qu'elle arrange singuli?rement. Au reste, ?a lui va, elle a l'air d'un sphinx bon enfant.
--Le mot est joli; mais... vous aimez les grandes femmes, vous!
--Elle n'est pas tr?s-grande, elle a des petits pieds et des petites mains. C'est une vraie femme. Je l'ai bien regard?e, puisque j'en suis amoureux.
--Tiens, quelle id?e vous avez l?!
--Cela ne vous fait rien, puisqu'en tant que femme, elle ne vous pla?t pas?
--Mon cher, elle me plairait, que ce serait tout comme. Dans ce cas-l?, je t?cherais d'?tre mieux avec elle que je ne suis; mais je ne serais pas amoureux, c'est un ?tat que je ne fais pas; par cons?quent, je ne serais pas jaloux. Poussez donc votre pointe, si bon vous semble.
--Moi? Oui, si je trouve l'occasion; mais je n'ai pas le temps de la chercher, et, au fond, je suis comme vous, Laurent, parfaitement enclin ? la patience, vu que je suis d'un ?ge et d'un monde o? le plaisir ne manque pas... Mais, puisque nous parlons de cette femme-l?, et que vous la connaissez, dites-moi donc... c'est pure curiosit? de ma part, je vous le d?clare, si elle est veuve ou...
--Ou quoi?
--Je voulais dire si elle est veuve d'un amant ou d'un mari.
--Je n'en sais rien.
--Pas possible!
--Parole d'honneur, je ne lui ai jamais demand?. ?a m'est si ?gal!
--Savez-vous ce qu'on dit?
--Non, je ne m'en soucie pas. Qu'est-ce qu'on dit?
--Vous voyez bien que vous vous en souciez! On dit qu'elle a ?t? mari?e ? un homme riche et titr?.
--Mari?e...
--On ne peut plus mari?e, par-devant M. le maire et M. le cur?.
--Quelle b?tise! elle porterait son nom et son titre.
--Ah! voil?! Il y a un myst?re l?-dessous. Quand j'aurai le temps, je chercherai ?a, et je vous en ferai part. On dit qu'elle n'a pas d'amant connu, bien qu'elle vive avec une grande libert?. D'ailleurs, vous devez savoir cela, vous?
--Je n'en sais pas le premier mot. Ah ?a! vous croyez donc que je passe ma vie ? observer ou ? interroger les femmes? Je ne suis pas un fl?neur comme vous, moi! je trouve la vie tr?s courte pour vivre et travailler.
--Vivre... je ne dis pas. Il para?t que vous vivez beaucoup. Quant ? travailler... on dit que vous ne travaillez pas assez. Voyons, qu'est-ce que vous avez l?? Laissez-moi voir!
--Non, ce n'est rien, je n'ai rien de commenc? ici.
--Vous en ?tes bien capable!
--Oui, quand vous le m?riterez; mais, pour cette t?te-l?, c'est superbe et s'admire tout b?tement. Qu'est-ce que ?a sera?
--Est-ce que je sais?
--Voulez-vous que je vous le dise?
--Vous me ferez plaisir.
--Faites-en une sibylle. On coiffe ?a comme on veut, ?a n'engage ? rien.
--Tiens, c'est une id?e.
--Et puis on ne compromet pas la personne ? qui ?a ressemble.
--?a ressemble ? quelqu'un?
--Parbleu! mauvais plaisant, vous croyez que je ne la reconnais pas? Allons, mon cher, vous avez voulu vous moquer de moi, puisque vous niez tout, m?me les choses les plus simples. Vous ?tes l'amant de cette figure-l?!
--La preuve, c'est que je m'en vais ? Montmorency! dit froidement Laurent en prenant son chapeau.
--?a n'emp?che pas! r?pondit Mercourt.
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