Read Ebook: Jim Harrison boxeur by Doyle Arthur Conan
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Ebook has 3080 lines and 98197 words, and 62 pages
Arthur Conan Doyle
JIM HARRISON, BOXEUR
Titre original: Rodney Stone
Table des mati?res
I -- FRIAR'S OAK
Aujourd'hui, 1er janvier de l?ann?e 1851, le dix-neuvi?me si?cle est arriv? ? sa moiti?, et parmi nous qui avons ?t? jeunes avec lui, un bon nombre ont d?j? re?u des avertissements qui nous apprennent qu'il nous a us?s.
Nous autres, les vieux, nous rapprochons nos t?tes grisonnantes et nous parlons de la grande ?poque que nous avons connue, mais quand c'est avec nos fils que nous nous entretenons, nous ?prouvons de grandes difficult?s ? nous faire comprendre.
Nous et nos p?res qui nous ont pr?c?d?s, nous avons pass? notre vie dans des conditions fort semblables; mais eux, avec leurs chemins de fer, leurs bateaux ? vapeur, ils appartiennent ? un si?cle diff?rent.
Nous pouvons, il est vrai, leur mettre des livres d'histoire entre les mains et ils peuvent y lire nos luttes de vingt-deux ans contre ce grand homme malfaisant. Ils peuvent y voir comment la Libert? s'enfuit de tout le vaste continent, comment Nelson versa son sang, comment le noble Pitt eut le coeur bris? dans ses efforts pour l'emp?cher de s'envoler de chez nous pour se r?fugier de l'autre c?t? de l'Atlantique.
Tout cela, ils peuvent le lire, ainsi que la date de tel trait?, de telle bataille, mais je ne sais o? ils trouveront des d?tails sur nous-m?mes, o? ils apprendront quelle sorte de gens nous ?tions, quel genre de vie ?tait le n?tre et sous quel aspect le monde apparaissait ? nos yeux, quand nos yeux ?taient jeunes, comme le sont aujourd'hui les leurs.
Si je prends la plume pour vous parler de cela, ne croyez pas pourtant que je me propose d??crire une histoire. Lorsque ces choses se passaient, j'avais atteint ? peine les d?buts de l'?ge adulte, et quoique j'aie vu un peu de l'existence d'autrui, je n'ai gu?re le droit de parler de la mienne.
C'est l'amour d'une femme qui constitue l'histoire d'un homme, et bien des ann?es devaient se passer avant le jour o? je regardai dans les yeux celle qui fut la m?re de mes enfants.
Il nous semble que cela date d'hier et pourtant ces enfants sont assez grands pour atteindre jusqu'aux prunes du jardin, pendant que nous allons chercher une ?chelle, et ces routes que nous parcourions en tenant leurs petites mains dans les n?tres, nous sommes heureux d'y repasser, en nous appuyant sur leur bras.
Mais je parlerai uniquement d'un temps o? l'amour d'une m?re ?tait le seul amour que je connusse.
Si donc vous cherchez quelque chose de plus, vous n'?tes pas de ceux pour qui j'?cris.
Mais s'il vous pla?t de p?n?trer avec moi dans ce monde oubli?, s'il vous pla?t de faire connaissance avec le petit Jim, avec le champion Harrison, si vous voulez frayer avec mon p?re, qui fut un des fid?les de Nelson, si vous tenez ? entrevoir ce c?l?bre homme de mer lui-m?me, et Georges qui devint par la suite l?indigne roi d'Angleterre, si par-dessus tout vous d?sirez voir mon fameux oncle, Sir Charles Tregellis, le roi des petits-ma?tres, et les grands champions, dont les noms sont encore familiers ? vos oreilles, alors donnez la main, et... en route.
Mais je dois vous pr?venir: si vous vous attendez ? trouver sous la plume de votre guide bien des choses attrayantes, vous vous exposez ? une d?sillusion.
Lorsque je jette les yeux sur les ?tag?res qui supportent mes livres, je reconnais que ceux-l? seuls se sont hasard?s ? ?crire leurs aventures, qui furent sages, spirituels et braves.
Pour moi, je me tiendrais pour tr?s satisfait si l'on pouvait juger que j'eus seulement l'intelligence et le courage de la moyenne.
Des hommes d'action auraient peut-?tre eu quelque estime pour mon intelligence et des hommes de t?te quelque estime de mon ?nergie. Voil? ce que je peux d?sirer de mieux sur mon compte.
En dehors d'une aptitude inn?e pour la musique, et telle que j'arrive le plus ais?ment, le plus naturellement, ? me rendre ma?tre du jeu d'un instrument quelconque, il n'est aucune sup?riorit? dont j'aie lieu de me faire honneur aupr?s de mes camarades.
En toutes choses, j'ai ?t? un homme qui s'arr?te ? mi-route, car je suis de taille moyenne, mes yeux ne sont ni bleus, ni gris, et avant que la nature e?t poudr? ma chevelure ? sa fa?on, la nuance ?tait interm?diaire entre le blanc de lin et le brun.
Il est peut-?tre une pr?tention que je peux hasarder; c'est que mon admiration pour un homme sup?rieur ? moi n'a jamais ?t? m?l?e de la moindre jalousie, et que j'ai toujours vu chaque chose et l'ai comprise telle qu'elle ?tait.
C'est une note favorable a laquelle j'ai droit maintenant que je me mets ? ?crire mes souvenirs.
Ainsi donc, si vous le voulez bien, nous tiendrons autant que possible ma personnalit? en dehors du tableau.
Si vous arrivez ? me regarder comme un fil mince et incolore, qui servirait ? r?unir mes petites perles, vous m'accueillerez dans les conditions m?mes o? je d?sire ?tre accueilli.
Notre famille, les Stone, ?tait depuis bien des g?n?rations vou?e ? la marine et il ?tait de tradition, chez nous, que l'a?n? port?t le nom du commandant favori de son p?re.
C'est ainsi que nous pouvions faire remonter notre g?n?alogie jusqu'? l'antique Vernon Stone, qui commandait un vaisseau ? haut gaillard, ? l'avant en ?peron, lors de la guerre contre les Hollandais.
Par Hawke Stone et Benbow Stone, nous arrivons ? mon p?re Anson Stone qui ? son tour me baptisa Rodney Stone en l'?glise paroissiale de Saint-Thomas, ? Portsmouth, en l'an de gr?ce 1786.
Tout en ?crivant, je regarde par la fen?tre de mon jardin, j'aper?ois mon grand gar?on de fils, et si je venais ? appeler <
Ma bonne m?re, la meilleure qui fut jamais, ?tait la seconde fille du R?v?rend John Tregellis, cur? de Milton, petite paroisse sur les confins de la plaine mar?cageuse de Langstone.
Elle appartenait ? une famille pauvre, mais qui jouissait d'une certaine consid?ration, car elle avait pour fr?re a?n? le fameux Sir Charles Tregellis, et celui-ci, ayant h?rit? d'un opulent marchand des Indes Orientales, finit par devenir le sujet des conversations de la ville et l'ami tout particulier du Prince de Galles.
J'aurai ? parler plus longuement de lui par la suite, mais vous vous souviendrez d?s maintenant qu'il ?tait mon oncle et le fr?re de ma m?re. Je puis me la repr?senter pendant tout le cours de sa belle existence, car elle ?tait toute jeune quand elle se maria.
Elle n'?tait gu?re plus ?g?e quand je la revois dans mon souvenir avec ses doigts actifs et sa douce voix.
Elle m'appara?t comme une charmante femme aux doux yeux de tourterelle, de taille assez petite, il est vrai, mais se redressant quand m?me bravement.
Dans mes souvenirs de ce temps-l?, je la vois constamment v?tue de je ne sais quelle ?toffe de pourpre ? reflets changeants, avec un foulard blanc autour de son long cou blanc, je vois aller et venir ses doigts agiles pendant qu'elle tricote.
Je la revois encore dans les ann?es du milieu de sa vie, douce, aimante, calculant des combinaisons, prenant des arrangements, les menant ? bonne fin, avec les quelques shillings par jour de solde d'un lieutenant, et r?ussissant ? faire marcher le m?nage du cottage du Friar's Oak et ? tenir bonne figure dans le monde.
Et maintenant, je n'ai qu'? m'avancer dans le salon, pour la revoir encore, apr?s quatre-vingts ans d'une existence de sainte, en cheveux d'un blanc d'argent, avec sa figure placide, son bonnet coquettement enrubann?, ses lunettes a monture d'or, son ?pais ch?le de laine bord? de bleu.
Je l'aimais en sa jeunesse, je l'aime en sa vieillesse, et quand elle me quittera, elle emportera quelque chose que le monde entier est incapable de me faire oublier. Vous qui lisez ceci, vous avez peut-?tre de nombreux amis, il peut se faire que vous contractiez plus d'un mariage, mais votre m?re est la premi?re et la derni?re amie. Ch?rissez-la donc, pendant que vous le pouvez, car le jour viendra o? tout acte irraisonn?, o? toute parole jet?e avec insouciance, reviendra en arri?re se planter comme un aiguillon dans votre coeur. Telle ?tait donc ma m?re, et quant ? mon p?re, la meilleure occasion pour faire son portrait, c'est l'?poque o? il nous revint de la M?diterran?e.
Pendant toute mon enfance, il n'avait ?t? pour moi qu'un nom et une figure dans une miniature que ma m?re portait suspendue ? son cou.
Dans les d?buts, on me dit qu'il combattait contre les Fran?ais.
Quelques ann?es plus tard, il fut moins souvent question de Fran?ais et on parla plus souvent du g?n?ral Bonaparte.
Je me rappelle avec quelle frayeur respectueuse je regardai ? la boutique d'un libraire de Portsmouth la figure du Grand Corse.
C'?tait donc l? l'ennemi par excellence, celui que mon p?re avait combattu toute sa vie, en une lutte terrible et sans tr?ve.
Pour mon imagination d'enfant, c'?tait une affaire d'honneur d'homme ? homme, et je me repr?sentais toujours mon p?re et cet homme ras? de pr?s, aux l?vres minces, aux prises, chancelant, roulant dans un corps ? corps furieux qui durait des ann?es.
Ce fut seulement apr?s mon entr?e ? l'?cole de grammaire que je compris combien il y avait de petits gar?ons dont les p?res ?taient dans le m?me cas.
Une fois seulement, au cours de ces longues ann?es, mon p?re revint ? la maison.
Par l?, vous voyez ce que c'?tait d'?tre la femme d'un marin en ce temps-l?.
C'?tait aussit?t apr?s que nous e?mes quitt? Portsmouth pour nous ?tablir ? Friar's Oak qu'il vint passer huit jours avant de s'embarquer avec l'amiral Jervis pour l'aider ? gagner son nouveau nom de Lord Saint-Vincent.
Je me rappelle qu'il me causa autant d'effroi que d'admiration par ses r?cits de batailles et je me souviens, comme si c'?tait d'hier, de l'?pouvante que j'?prouvai en voyant une tache de sang sur la manche de sa chemise, tache qui, je n'en doute point, provenait d'un mouvement maladroit fait en se rasant.
? cette ?poque je restai convaincu que ce sang avait jailli du corps d'un Fran?ais ou d'un Espagnol, et je reculai de terreur devant lui, quand il posa sa main calleuse sur ma t?te.
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