Read Ebook: Jim Harrison boxeur by Doyle Arthur Conan
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Ebook has 3080 lines and 98197 words, and 62 pages
? cette ?poque je restai convaincu que ce sang avait jailli du corps d'un Fran?ais ou d'un Espagnol, et je reculai de terreur devant lui, quand il posa sa main calleuse sur ma t?te.
Ma m?re pleura am?rement apr?s son d?part.
Quant ? moi, je ne fus pas f?ch? de voir son dos bleu et ses culottes blanches s'?loigner par l'all?e du jardin, car je sentais, en mon insouciance et mon ?go?sme d'enfant, que nous ?tions plus pr?s l'un de l'autre, quand nous ?tions ensemble, elle et moi.
J'?tais dans ma onzi?me ann?e quand nous quitt?mes Portsmouth, pour Friar's Oak, petit village du Sussex, au nord de Brighton, qui nous fut recommand? par mon oncle, Sir Charles Tregellis.
Un de ses amis intimes, Lord Avon, poss?dait sa r?sidence pr?s de l?.
Le motif de notre d?m?nagement, c'?tait qu'on vivait ? meilleur march? ? la campagne, et qu'il serait plus facile pour ma m?re de garder les dehors d'une dame, quand elle se trouverait ? distance du cercle des personnes qu'elle ne pourrait se refuser ? recevoir
C'?tait une ?poque d'?preuves pour tout le monde, except? pour les fermiers. Ils faisaient de tels b?n?fices qu'ils pouvaient, ? ce que j'ai entendu dire, laisser la moiti? de leurs terres en jach?re, tout en vivant comme des gentlemen de ce que leur rapportait le reste.
Le bl? se vendait cent dix shillings le quart, et le pain de quatre livres un shilling neuf pences.
Nous aurions eu grand peine ? vivre, m?me dans le paisible cottage de Friar's Oak sans la part de prises revenant ? l'escadre de blocus sur laquelle servait mon p?re.
La ligne de vaisseaux de guerre louvoyant au large de Brest n'avait gu?re que de l'honneur ? gagner. Mais les fr?gates qui les accompagnaient firent la capture d'un bon nombre de navires caboteurs, et, comme conform?ment aux r?gles de service elles ?taient consid?r?es comme d?pendant de la flotte, le produit de leurs prises ?tait r?parti au marc le franc.
Mon p?re fut ainsi a m?me d'envoyer ? la maison des sommes suffisantes pour faire vivre le cottage et payer mon s?jour ? l'?cole que dirigeait Mr Joshua Allen.
J'y restai quatre ans et j'appris tout ce qu'il savait.
Ce fut ? l'?cole d'Allen que je fis la connaissance de Jim Harrison, du petit Jim, comme on la toujours appel?. Il ?tait le neveu du champion Harrison, de la forge du village.
Je me le rappelle encore, tel qu'il ?tait en ce temps-l?, avec ses grands membres d?gingand?s, aux mouvements maladroits comme ceux d'un petit terre-neuve, et une figure qui faisait tourner la t?te ? toutes les femmes qui passaient.
C'est de ce temps-l? que date une amiti? qui a dur? toute notre vie. Je lui appris ses lettres, car il avait horreur de la vue d'un livre, et de son c?t?, il m'enseigna la boxe et la lutte, il m'apprit ? chatouiller la truite dans l'Adur, ? prendre des lapins au pi?ge sur la dune de Ditchling, car il avait la main aussi leste qu'il avait le cerveau lent.
Mais il ?tait mon a?n? de deux ans, de sorte que longtemps avant que j'aie quitt? l'?cole, il ?tait all? aider son oncle ? la forge.
Friar's Oak est situ? dans un pli des Dunes et la quaranti?me borne milliaire entre Londres et Brighton est pos?e sur la limite m?me du village.
Ce n'est qu'un hameau, ? l'?glise v?tue de lierre, avec un beau presbyt?re et une rang?e de cottages en briques rouges, dont chacun est isol? par son jardinet.
? une extr?mit? du village se trouvait la forge du champion Harrison, ? l'autre l'?cole de Mr Allen.
Le cottage jaune, un peu ? l'?cart de la route, avec son ?tage sup?rieur en surplomb et ses croisillons de charpente noircie fix?s dans le pl?tre, c'est celui que nous habitions.
Je ne sais s'il est encore debout.
Je crois que c'est assez probable, car ce n'est pas un endroit propre ? subir des changements.
Juste en face de nous, sur l'autre bord de la large route blanche, ?tait situ?e l'auberge de Friar's Oak tenue en mon temps par John Cummings.
Ce personnage jouissait d'une tr?s bonne r?putation locale, mais quand il ?tait en voyage, il ?tait sujet ? d'?tranges d?rangements, ainsi qu'on le verra plus tard.
Bien qu?il y eut un courant continu de commerce sur la route, les coches venant de Brighton en ?taient encore trop pr?s pour faire halte et ceux de Londres trop press?s d'arriver ? destination, de sorte que s'il n'avait pas eu la chance d'une jante bris?e, d'une roue disjointe, l'aubergiste n'aurait pu compter que sur la soif des gens du village.
C'?tait juste l'?poque o? le prince de Galles venait de construire ? Brighton son bizarre palais pr?s de la mer.
En cons?quence, depuis mai jusqu'en septembre, il ne s'?coulait pas un jour que nous ne vissions d?filer ? grand bruit, devant nos portes, une ou deux centaines de pha?tons.
Le petit Jim et moi, nous avons pass? maintes soir?es d'?t? allong?s dans l'herbe ? contempler tout ce grand monde, ? saluer de nos cris les coches de Londres, arrivant avec fracas, au milieu d'un nuage de poussi?re et les postillons pench?s en avant, les trompettes retentissantes, les cochers coiff?s de chapeaux bas ? bords tr?s relev?s, avec la figure aussi cramoisie que leurs habits.
Les voyageurs riaient toujours quand le petit Jim les interpellait ? haute voix, mais s'ils avaient su comprendre ce que signifiaient ses gros membres mal articul?s, ses ?paules disloqu?es, ils l'auraient peut-?tre regard? de plus pr?s et lui auraient accord? leurs encouragements.
Le petit Jim n'avait connu ni son p?re ni sa m?re, et toute sa vie s'?tait ?coul?e chez son oncle, le champion Harrison. Harrison, c'?tait le forgeron de Friar's Oak.
Il avait re?u ce surnom, le jour o? il avait combattu avec Tom Johnson, qui ?tait alors en possession de la ceinture d'Angleterre, et il l'aurait s?rement battu sans l'apparition des magistrats du comt? de Bedford qui interrompirent la bataille.
Pendant des ann?es, Harrison n'eut pas son pareil pour l'ardeur ? combattre et pour son adresse ? porter un coup d?cisif, bien qu'il ait toujours ?t?, ? ce que l?on dit, lent sur ses jambes.
? la fin, dans un match avec le juif Baruch le noir, il termina le combat par un coup lanc? ? toute vol?e, qui non seulement rejeta son adversaire par-dessus la corde d'arri?re, mais qui encore le mit pendant trois longues semaines entre la vie et la mort.
Harrison fut, pendant tout ce temps-l?, dans un ?tat voisin de la folie. Il s'attendait d'heure en heure ? se voir prendre au collet par un agent de Bow Street et condamner ? mort.
Cette m?saventure, ajout?e aux pri?res de sa femme, le d?cida ? renoncer pour toujours au champ clos et ? r?server sa grande force musculaire pour le m?tier o? elle paraissait devoir trouver un emploi avantageux.
Gr?ce au trafic des voyageurs et aux fermiers du Sussex, il devait avoir de l'ouvrage en abondance ? Friar's Oak.
Il ne tarda pas longtemps ? devenir le plus riche des gens du village; et quand il se rendait, le dimanche, ? l'?glise avec sa femme et son neveu, c'?tait une famille d'apparence aussi respectable qu'on pouvait le d?sirer. Il n'?tait point de grande taille, cinq pieds sept pouces au plus, et l'on disait souvent que s'il avait pu allonger davantage son rayon d'action, il aurait ?t? en ?tat de tenir t?te ? Jackson ou ? Belcher, dans leurs meilleurs jours.
Sa poitrine ?tait un tonneau.
Ses avant-bras ?taient les plus puissants que j'aie jamais vus, avec leurs sillons profonds, entre des muscles aux saillies luisantes, comme un bloc de roche polie par l'action des eaux.
N?anmoins, avec toute cette vigueur, c'?tait un homme lent, rang?, doux, en sorte que personne n'?tait plus aim? que lui, dans cette r?gion campagnarde.
Sa figure aux gros traits, bien ras?e, pouvait prendre une expression fort dure, ainsi que je l'ai vu ? l'occasion, mais pour moi et tous les bambins du village, il nous accueillait toujours un sourire sur les l?vres, et la bienvenue dans les yeux. Dans tout le pays, il n'y avait pas un mendiant qui ne s?t que s'il avait des muscles d'acier, son coeur ?tait des plus tendres.
Son sujet favori de conversation, c'?tait ses rencontres d'autrefois, mais il se taisait, d?s qu'il voyait venir sa petite femme, car le grand souci qui pesait sur la vie de celle-ci ?tait de lui voir jeter l? le marteau et la lime pour retourner au champ clos. Et vous n'oubliez pas que son ancienne profession n'?tait nullement atteinte ? cette ?poque de la d?consid?ration qui la frappa dans la suite. L'opinion publique est devenue d?favorable, parce que cet ?tat avait fini par devenir le monopole des coquins et parce qu'il encourageait les m?faits commis sur l'ar?ne.
Le boxeur honn?te et brave a vu lui aussi se former autour de lui un milieu de gredins, tout comme cela arrive pour les pures et nobles courses de chevaux. C'est pour cela que l'Ar?ne se meurt en Angleterre et nous pouvons supposer que quand Caunt et Bendigo auront disparu, il ne se trouvera personne pour leur succ?der. Mais il en ?tait autrement ? l'?poque dont je parle.
L'opinion publique ?tait des plus favorables aux lutteurs et il y avait de bonnes raisons pour qu'il en f?t ainsi.
On ?tait en guerre. L'Angleterre avait une arm?e et une flotte compos?es uniquement de volontaires, qui s'y engageaient pour ob?ir ? leur instinct batailleur, et elle avait en face d'elle un pays o? une loi despotique pouvait faire de chaque citoyen un soldat.
Si le peuple n'avait pas eu en surabondance cette humeur batailleuse, il est certain que l'Angleterre aurait succomb?.
On pensait donc et on pense encore que, les choses ?tant ainsi, une lutte entre deux rivaux indomptables, ayant trente mille hommes pour t?moins et que trois millions d'hommes pouvaient disputer, devait contribuer ? entretenir un id?al de bravoure et d'endurance.
Sans doute, c'?tait un exercice brutal, et la brutalit? m?me en ?tait la fin derni?re, mais c'?tait moins brutal que la guerre qui doit pourtant lui survivre.
Est-il logique d'inculquer ? un peuple des moeurs pacifiques, en un si?cle o? son existence m?me peut d?pendre de son temp?rament guerrier?
C'est une question que j'abandonne ? des t?tes plus sages que la mienne.
Mais, c'?tait ainsi que nous pensions au temps de nos grands-p?res et c'est pourquoi on voyait des hommes d'?tat comme Wyndham, comme Fox, comme Althorp, se prononcer en faveur de l'Ar?ne.
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