Read Ebook: George Sand et ses amis by Le Roy Albert
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 399 lines and 142885 words, and 8 pages
Le lendemain matin, pour Aurore le r?veil fut lugubre. Deschartres vint lui annoncer que sa grand'm?re avait eu une attaque d'apoplexie. Elle s'?tait lev?e durant la nuit, ?tait tomb?e et n'avait pu se relever. Elle resta paralys?e, avec un c?t? mort depuis l'?paule jusqu'au talon. C'?taient des divagations presque continuelles, un lamentable ?tat d'enfance. Elle voulait qu'on lui l?t le journal et ne pouvait fixer son attention. Elle demandait des cartes, n'avait pas la force de les tenir et se plaignait qu'on ne voul?t pas la soulager en lui faisant une application de la dame de pique sur le bras. Et cette d?g?n?rescence des facult?s dura tout le printemps, tout l'?t?, tout l'automne, avec quelques rares heures de lucidit?.
Autour du fauteuil, aupr?s du lit o? s'?teignait cette belle intelligence comme une lampe priv?e d'huile, Aurore passa neuf grands mois hant?s par de m?lancoliques m?ditations. Elle dut prendre la direction de la maison. Deschartres, fort avis?, exigea qu'elle f?t chaque jour une sortie ? cheval, qu'elle respir?t l'air du matin, apr?s ?tre demeur?e des apr?s-midi ou des soir?es enti?res dans la chambre de la malade, absorbant du tabac ? priser, du caf? noir sans sucre et m?me de l'eau-de-vie pour ne pas succomber au sommeil. Il advenait souvent que la pauvre paralys?e prenait la nuit pour le jour, exigeait qu'on ouvr?t les volets et se croyait aveugle, puisqu'elle ne voyait pas le soleil.
Elle suivit le conseil et lut tour ? tour Mably, Locke, Condillac, Montesquieu, Bacon, Bossuet, Aristote, Leibnitz, Pascal, Montaigne--<
C'?tait l'?poque o? l'Italie et la Gr?ce se soulevaient pour leur affranchissement. Or la monarchie et l'Eglise n'h?sitaient pas ? se prononcer en faveur du Grand-Turc contre les chr?tiens justement r?volt?s. Aurore, avec lord Byron comme guide, avait embrass? la cause hell?nique. Deschartres soutenait le sultan, repr?sentant de l'autorit?. Et c'?taient d'interminables discussions au cours de leurs promenades. Un jour, le p?dagogue distrait tomba sur le gazon, tout en ayant soin d'achever sa phrase. <
Cependant les inqui?tudes d'Aurore pour le salut de l'?me de sa grand'm?re subsistaient et survivaient m?me ? l'?branlement de sa foi religieuse. D?go?t?e du culte tel qu'on le pratiquait ? Saint-Chartier ou ? La Ch?tre, elle s'abstenait d'aller ? la messe pour entendre les beuglements des chantres, leurs calembours involontaires en latin, le ronflement des bonnes femmes qui s'endormaient sur leur chapelet, les bavardages de la bonne soci?t?, les disputes des sacristains et des enfants de choeur, et le bruit des gros sous qu'on r?colte et qu'on compte. Elle pr?f?rait lire sa messe dans sa chambre; mais elle aurait voulu--et en cela son catholicisme persistait--r?concilier sa grand'm?re avec l'Eglise. Cet ?v?nement si souhait? se produisit par les soins de l'archev?que d'Arles, Lom?nie de Brienne, qui ?tait pour la malade une mani?re de beau-fils, car il ?tait issu des fameuses amours de son mari Francueil et de madame d'Epinay. Ce pr?lat, que madame Dupin avait entour? nagu?re de sollicitude presque maternelle, ?tait d'une balourdise et d'une stupidit? d'autant plus d?concertantes que son p?re et sa m?re auraient d? lui l?guer quelque trait de leur remarquable intelligence. Physiquement, il ressemblait ? madame d'Epinay qui, de l'aveu unanime des contemporains et d'apr?s son propre t?moignage, fut laide. Au surplus, George Sand nous a trac? le portrait de l'archev?que: <
L'archev?que, piqu? de pros?lytisme, essaya de chapitrer la petite-fille apr?s la grand'm?re, en se promenant ou, nous dit George Sand, en roulant comme une toupie ? travers le jardin. Il eut moins de succ?s. <
Le spectacle de la confession de sa grand'm?re avait attrist? Aurore. Elle-m?me ne devait plus solliciter l'absolution, ? la suite d'une question indiscr?te du cur? de La Ch?tre qui, sur des bavardages de petite ville, lui demanda si elle avait un commencement d'amour pour un jeune homme. Elle quitta le confessionnal, et ne voulut pas davantage s'adresser au vieux cur? de Saint-Chartier qui, lorsqu'on s'attardait ? ?num?rer des p?ch?s, avait coutume de grommeler: <
Pour occuper ses loisirs et d?tendre son imagination, elle s'adonna ? l'ost?ologie, ? l'anatomie, avec Deschartres et un camarade qu'elle appelle Claudius et qui leur apportait des t?tes, des bras, des jambes, voire un squelette entier de petite fille qu'elle garda longtemps sur sa commode et qui lui causait des cauchemars. Alors elle mettait le squelette ? la porte de sa chambre, et s'endormait paisiblement. Il va sans dire qu'? La Ch?tre on jasait de cette jeune fille qui ?tudiait des os de mort, tirait au pistolet, chassait, et s'habillait en gar?on. On pr?tendit qu'elle profanait les hosties et qu'elle entrait ? cheval dans l'?glise, caracolant autour du ma?tre-autel, ou encore que la nuit elle d?terrait les cadavres.
Le 22 d?cembre 1821, madame Dupin succomba. Depuis le mois de f?vrier ses facult?s s'?taient obscurcies, mais elle eut, ? l'instant supr?me, un retour de lucidit? et dit ? sa petite-fille: <
Aurore passait sous la direction de sa m?re qui n'avait pas assist? aux fun?railles, mais qui arriva pour l'ouverture du testament. Les dispositions prises par l'a?eule confiaient sa petite-fille ? son cousin paternel Ren? de Villeneuve, mais elles ne furent pas respect?es. Il y eut des sc?nes violentes: madame Maurice Dupin s'abandonna ? des r?criminations injurieuses contre la d?funte. Aurore fut r?volt?e. Elle aurait voulu rentrer au couvent. Il ne s'y trouvait pas de chambre vacante. Elle dut suivre sa m?re ? Paris. Cette p?riode de sa vie lui laissa une impression d'amertume et de rancoeur. Entre la m?re et la fille, il se produisit une s?rie de froissements inoubliables qui attestaient une v?ritable incompatibilit? d'humeur. Madame Maurice Dupin alla jusqu'? exhiber ? Aurore des lettres de La Ch?tre ou de Nohant, des d?lations de domestiques, qui incriminaient la conduite de la jeune fille et cherchaient ? la salir. Ce fut le comble, un d?bordement de d?sespoir et de naus?e.
De vrai, madame Maurice Dupin ?tait folle, ou peu s'en faut. Ses nerfs malades la dominaient et lui faisaient commettre des insanit?s. Si elle voyait Aurore lire, elle lui arrachait le volume des mains, incapable qu'elle ?tait elle-m?me de se livrer ? une lecture s?rieuse. Elle ne songeait qu'? s'attifer, ? changer de toilette, ? remuer; elle avait des perruques, tour ? tour blond, ch?tain clair, cendr? et noir roux. Parfois, elle entamait avec sa fille le chapitre de son pass? et lui faisait des confidences ? tout le moins superflues.
La plaisanterie fut reprise par les uns, par les autres. Casimir disait ? madame Ang?le: <
Une entrevue fut m?nag?e, au Plessis, entre madame Dupin et le colonel. Celui-ci, avec sa chevelure d'argent, sa d?coration et son air respectable, plut ? la veuve qui, on le sait, avait toujours eu beaucoup de go?t pour les militaires. Le fils lui ?tait moins sympathique. <
Voici le sabre de mon p?re! Tu vas le mettre ? ton c?t?! Ton bras est fort, ton ?me est fi?re, Ce glaive sera bien port?!
Ou encore:
Dites-lui qu'on l'a remarqu?, Distingu?; Dites-lui qu'on le trouve aimable.
Madame Dupin accepta en principe l'id?e du mariage, exprima le d?sir qu'on arr?t?t les conditions p?cuniaires, quitta le Plessis en y laissant sa fille, puis elle revint au bout de quelques jours, toute boulevers?e. Elle avait d?couvert des choses monstrueuses: Casimir avait ?t? gar?on de caf?! On rit, elle se f?cha, elle emmena Aurore ? l'?cart, pour lui dire que dans cette maison on mariait les h?riti?res avec des aventuriers, moyennant pot-de-vin.
C'?tait l? une calomnie gratuite ? l'adresse des Roettiers, mais l'?cervel?e avait vu clair dans le jeu de Casimir. Celui-ci, f?rocement cupide--nous le d?couvrirons plus tard--se souciait surtout et m?me uniquement de faire un riche mariage. Aurore ?tait un beau parti; elle avait presque un demi-million, et il ne devait apporter, en fin de compte, apr?s avoir jet? beaucoup de poudre aux yeux, qu'une soixantaine de mille francs. Comment madame Dupin se laissa-t-elle persuader? Elle re?ut la visite de madame Dudevant, qui la s?duisit par une rare distinction mondaine et sut la flatter. Avec des ?loges on trouvait ais?ment le chemin de son coeur et les avenues de sa pens?e. Aurore elle-m?me jugea charmante la belle-m?re de Casimir. Le mariage fut d?cid?, abandonn?, repris. Madame Dupin ne pouvait accepter la perspective d'avoir <
Le mariage fut c?l?br? le 10 septembre 1822 ? Paris, et quelques jours apr?s les jeunes ?poux partirent pour Nohant o? Deschartres les accueillit avec joie. La vie conjugale r?serve ? Aurore des d?sillusions rapides, vite accrues, et qui la pousseront aux r?solutions extr?mes.
CHAPITRE V
LA CRISE CONJUGALE
Deschartres, qui faisait office de m?decin consultant, entoura de mille pr?cautions la grossesse d'Aurore. Il exigea qu'elle demeur?t six semaines couch?e. C'?tait ? l'?poque des grandes neiges. Pour la distraire, on apporta sur son lit de petits oiseaux qui, affam?s et grelottants, se laissaient prendre ? la main. Au baldaquin elle fit suspendre des branches de sapin et elle passa ces longues journ?es d'inaction dans une v?ritable voli?re, parmi les pinsons, les rouges-gorges, les verdiers, les moineaux apprivois?s, ? qui elle donnait la becqu?e et qui venaient se r?chauffer sur ses couvertures. D?s que la temp?rature fut plus cl?mente et qu'on ouvrit les fen?tres, tous ces oiseaux--est-ce ingratitude ou amour de la libert??--s'envol?rent ? tire-d'aile. <
Et la garde qui veille aux barri?res du Louvre N'en d?fend pas les rois.
Pour Aurore le couvent m?me fut inefficace. On y avait cependant admis Maurice, ? condition qu'il pass?t par le tour; il y passa. Entre temps, survint un gros chagrin, la mort subite et vraisemblablement le suicide de Deschartres, qui s'?tait ruin? dans des sp?culations malheureuses sur l'huile de navette et de colza. Le s?jour de Paris ne convenait gu?re ni ? Aurore ni ? Casimir. Ils y voyaient assez fr?quemment le baron Dudevant qui sympathisait avec sa bru; mais sa femme ?tait plus r?che. Elle ne consentait ? recevoir le petit Maurice que sous serment qu'on aurait pris toutes les pr?cautions d?sirables et que ses parquets seraient indemnes. <
Au printemps de 1825, M. et madame Dudevant regagn?rent Nohant, o? Casimir vivait en grande intimit? de table et de cabaret avec le demi-fr?re d'Aurore, Hippolyte Chatiron, mari? ? une demoiselle Emilie de Villeneuve, et qui ?tait le plus incorrigible des buveurs et le meilleur des gar?ons ? jeun. M. Dudevant, en prenant sur lui mod?le, fut non moins ivrogne, mais il eut le vin hargneux et m?chant. A eux deux, ils symbolisaient l'un et l'autre aspect du genre: le bon et le mauvais pochard. Et Aurore ?tait oblig?e de supporter leurs interminables et bruyantes <
Un s?jour chez son beau-p?re, ? Guillery, semble avoir laiss? ? Aurore une impression favorable. Elle aimait ce vieillard, qui la traitait avec une pointe de galanterie respectueuse, et dont elle r?sume ainsi le caract?re, <
Le baron Dudevant mourut pendant l'hiver 1825-1826. Aurore ?tait absente de Guillery. Son mari lui annon?a brusquement la nouvelle: <
Au cours de l'?t?, M. et madame Dudevant retourn?rent ? Nohant, et durant les cinq ann?es suivantes Aurore ne devait gu?re s'en absenter. Sa sant?, chaque hiver, ?tait tr?s ?prouv?e par les rhumatismes qui l'obligeaient ? se couvrir de flanelle. <
En d?pit de la tristesse et de la mauvaise sant?, plusieurs des lettres d'Aurore, dat?es de cette ?poque, sont d'un tour assez leste, notamment celle qui est adress?e ? sa m?re le 17 juillet 1827. Elle la plaint d'?tre malheureuse dans le choix de ses servantes, mais lui demande si elle ne les prend pas trop jeunes, ? l'?ge de la coquetterie et de la l?g?ret?. Elle lui conseille une femme d'un ?ge m?r, <
Une campagne ?lectorale, o? la sobri?t? n'est pas de rigueur et o? le candidat et son escorte sont vou?s ? boire chez tous les personnages influents, devait agr?er ? Casimir Dudevant. Les ?lections pass?rent; l'habitude persista, inv?t?r?e et accrue. Le seigneur de Nohant ?tait sans cesse en parties et en f?tes. <
Pour rem?dier aux d?boires de son existence, Aurore avait la consolation de beaucoup lire--elle faisait venir de Paris les nouveaut?s--et de soigner les malades de Nohant et des alentours. Elle ?tait m?diocre m?nag?re, d?pensant 14.000 francs en une ann?e, quand son mari lui avait assign? le maximum de 10.000. Dans les lettres ? Jules Boucoiran, pr?cepteur de Maurice, ou ? sa m?re, elle n'a qu'une pens?e dominante: la sollicitude pour ses enfants. Le reste lui importe peu. Le spectacle de la vie lui a donn? un d?go?t pr?matur?. Elle parle de sa sciatique, de ses douleurs, ? la fa?on d'une sexag?naire, et elle ajoute sous couleur de badinage: <
CHAPITRE VI
LES D?BUTS LITT?RAIRES
O? descendit-elle d?s l'abord ? Paris? Ce point est obscur. En tous cas, ce ne fut pas chez son fr?re Hippolyte, car elle ?crit ? Maurice dans sa premi?re lettre: <
<
<
Le soir, elle va assez fr?quemment au th??tre; mais par esprit d'?conomie--et en suivant, ?crit-elle ? Boucoiran, certain conseil que vous m'avez donn?--elle s'habille en homme. Ainsi elle ?vite de renouveler sa garde-robe, et c'est en costume d'?tudiant qu'elle occupe, avec Jules Sandeau et d'autres amis, les loges qu'Henri de Latouche lui donne presque tous les soirs. Le bruit en est arriv? jusqu'? sa m?re, qui exprime son ?tonnement de cette singularit?. George Sand lui r?pond, pendant un de ses s?jours ? Nohant, en feignant de prendre le change: <
<
Entre Balzac et George Sand il y avait antinomie de conception. Non qu'elle e?t une th?orie pr?con?ue lorsqu'elle commen?a ? ?crire; mais son tour d'esprit devait la porter ? id?aliser les sentiments de ses personnages, alors que Balzac suivait une impulsion toute contraire et qu'il a d?finie ? merveille dans un entretien avec madame Sand: <
Apr?s deux s?jours ? Nohant au milieu et ? la fin de 1831, elle revient ? Paris en avril 1832, am?ne Solange et s'installe quai Saint-Michel, au cinqui?me ?tage d'une grande maison d'o? elle a une vue superbe sur Notre-Dame, Saint-Jacques la Boucherie et la Sainte-Chapelle. <
De ce m?me style qui n'est pas exempt de mauvais go?t, le romancier se d?fend de <> Il n'aura garde de <> il aboutit ? cette conclusion ampoul?e: <
Je le ferais encor si j'avais ? le faire.
Si les th?ses propos?es sont discutables et captieuses, le roman en soi est attachant. L'intrigue n'offre aucune complication. Indiana, ?me sentimentale et romanesque, souffre aupr?s du colonel Delmare. Ce rude personnage a jur? de tuer quiconque braconne sur ses terres. Il atteint ainsi, mais d'un coup de fusil charg? de gros sel, un jeune voisin, Raymon de Rami?re, qui escaladait son mur pour rendre visite ? Noun, une cr?ole, soubrette d'Indiana. Assez vite, d'ailleurs, le Don Juan provincial est las de la femme de chambre en tablier blanc et en madras. Il ne demanderait qu'? passer de l'escalier de service au grand escalier. Noun s'en aper?oit et se jette dans la rivi?re prochaine. Indiana n'a-t-elle rien devin? ou ne s'alarme-t-elle pas de succ?der ? sa cam?riste? Du moins elle s'?prend de Raymon de Rami?re, malgr? les adjurations de sir Ralph Brown qui tient aupr?s d'elle l'emploi de soupirant volontairement platonique. Elle suit son mari ? l'?le Bourbon, mais sans pouvoir oublier l'amour qui la poss?de. Dans un acc?s d'exaltation, elle s'embarque pour la France, afin de rejoindre Raymon. Elle le trouve mari?. Crise de d?sesp?rance. Ralph la soigne, la gu?rit, et tous deux vont terminer leurs jours dans quelque chaumi?re indienne, renouvel?e de Bernardin de Saint-Pierre. Ainsi se manifeste l'apophtegme de George Sand: <
Il est d?plaisant que les rendez-vous de Raymon et de Noun aient lieu dans la chambre m?me d'Indiana absente, <
Pour traduire ces fluctuations d'un amour qui va de l'office au boudoir, George Sand use assez volontiers du style hyperbolique et fleuri, ? la mode de 1830. Ce sont des exclamations: <
Raymon de Rami?re pourrait continuer longtemps sur ce ton, si Noun n'arrivait avec son madras et son tablier, et ne s'?tonnait de le voir agenouill?, baisant et arrosant de ses larmes le lit d'Indiana. Elle crut qu'il faisait sa pri?re. Et George Sand ajoute: <
Par bonheur, et pour effacer l'impression de ce pathos, il est des pages charmantes dans la partie descriptive. Voici, notamment, un paysage nocturne, qui encadre un rendez-vous d'amour: <
< < Sand, quand tu l'?crivais, o? donc l'avais-tu vue, Cette sc?ne terrible o? Noun, ? demi-nue, Sur le lit d'Indiana s'enivre avec Raymon? Qui donc te la dictait, cette page br?lante O? l'amour cherche en vain, d'une main palpitante, Le fant?me ador? de son illusion? En as-tu dans le coeur la triste exp?rience? Ce qu'?prouve Raymond, te le rappelais-tu? Et tous ces sentiments d'une vague souffrance Ces plaisirs sans bonheur, si pleins d'un vide immense, As-tu r?v? cela, George, ou t'en souviens-tu? N'est-ce pas le r?el dans toute sa tristesse, Que cette pauvre Noun, les yeux baign?s de pleurs, Versant ? son ami le vin de sa ma?tresse, Croyant que le bonheur, c'est une nuit d'ivresse, Et que la volupt?, c'est le parfum des fleurs? Et cet ?tre divin, cette femme ang?lique, Que dans l'air embaum? Raymon voit voltiger, Cette fr?le Indiana, dont la forme magique Erre sur les miroirs comme un spectre l?ger, O George! n'est-ce pas la p?le fianc?e Dont l'Ange du d?sir est l'immortel amant? N'est-ce pas l'Id?al, cette amour insens?e Qui sur tous les amours plane ?ternellement? Ah! malheur ? celui qui lui livre son ?me, Qui couvre de baisers sur le corps d'une femme Le fant?me d'une autre, et qui sur la beaut? Veut boire l'Id?al dans la r?alit?! Malheur ? l'imprudent qui, lorsque Noun l'embrasse, Peut penser autre chose, en entrant dans son lit, Sinon que Noun est belle et que le temps qui passe A compt? sur ses doigts les heures de la nuit! Demain viendra le jour; demain, d?sabus?e, Noun, la fid?le Noun, par la douleur bris?e, Rejoindra sous les eaux l'ombre d'Oph?lia; Elle abandonnera celui qui la m?prise, Et le coeur orgueilleux qui ne l'a pas comprise Aimera l'autre en vain,--n'est-ce pas, L?lia? Terms of Use
Create Support ticket Your support tickets Stock Market News! © tbrjars.com2025 All Rights reserved.
Names for male characters of your book
Names for female characters of your book
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Back to top