Read Ebook: Vie de Jésus by Renan Ernest
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 610 lines and 110018 words, and 13 pages
NOTES:
Leyde, Noothoven van Goor, 1862. Paris, Cherbuliez. Ouvrage couronn? par la soci?t? de La Haye pour la d?fense de la religion chr?tienne.
Strasbourg, Treuttel et Wurtz. 2e ?dition, 1860. Paris, Cherbuliez.
Paris, Michel L?vy fr?res, 1860.
Paris, Ladrange. 2e ?dition, 1856.
Strasbourg, Treuttel et Wurtz. Paris, Cherbuliez.
Les grands r?sultats obtenus sur ce point n'ont ?t? acquis que depuis la premi?re ?dition de l'ouvrage de M. Strauss. Le savant critique y a, du reste, fait droit dans ses ?ditions successives avec beaucoup de bonne foi.
Il est ? peine besoin de rappeler que pas un mot, dans le livre de M. Strauss, ne justifie l'?trange et absurde calomnie par laquelle on a tent? de d?cr?diter aupr?s des personnes superficielles un livre commode, exact, spirituel et consciencieux, quoique g?t? dans ses parties g?n?rales par un syst?me exclusif. Non-seulement M. Strauss n'a jamais ni? l'existence de J?sus, mais chaque page de son livre implique cette existence. Ce qui est vrai, c'est que M. Strauss suppose le caract?re individuel de J?sus plus effac? pour nous qu'il ne l'est peut-?tre en r?alit?.
<>
Eus?be cite le passage sur J?sus comme nous le lisons maintenant dans Jos?phe. Orig?ne et Eus?be citent une autre interpolation chr?tienne, laquelle ne se trouve dans aucun des manuscrits de Jos?phe qui sont parvenus jusqu'? nous.
Judae Epist., 14.
C'est ainsi qu'on disait: <
Luc, I, 1-4.
C'est-?-dire en dialecte s?mitique.
I Joann., i, 3, 5. Les deux ?crits offrent la plus compl?te identit? de style, les m?mes tours, les m?mes expressions favorites.
Voir ci-dessous, p. 159.
C'est ainsi que Napol?on devint un lib?ral dans les souvenirs de ses compagnons d'exil, quand ceux-ci, apr?s leur retour, se trouv?rent jet?s au milieu de la soci?t? politique du temps.
Les versets XX, 30-31, forment ?videmment l'ancienne conclusion.
VI, 2, 22; VI, 22.
Par exemple, ce qui concerne l'annonce de la trahison de Judas.
Souvent on sent que l'auteur cherche des pr?textes pour placer des discours .
Outre les synoptiques, les Actes, les ?p?tres de saint Paul, l'Apocalypse en font foi.
Ainsi, le pardon de la femme p?cheresse, la connaissance qu'a Luc de la famille de B?thanie, son type du caract?re de Marthe r?pondant au de Jean , le trait de la femme qui essuya les pieds de J?sus avec ses cheveux, une notion obscure des voyages de J?sus ? J?rusalem, l'id?e qu'il a comparu ? la Passion devant trois autorit?s, l'opinion o? est l'auteur que quelques disciples assistaient au crucifiement, la connaissance qu'il a du r?le d'Anne ? c?t? de Ca?phe, l'apparition de l'ange dans l'agonie .
Par exemple, IV, 16.
Par exemple, en ce qui concerne Quirinius, Lysanias, Theudas.
Comp. Luc, I, 31, ? Matth., I, 21.
Ainsi, le repas de B?thanie lui donne deux r?cits
La femme qui oint les pieds, Zach?e, le bon larron, la parabole du pharisien et du publicain, l'enfant prodigue.
Par exemple, Marie de B?thanie devient pour lui une p?cheresse qui se convertit.
J?sus pleurant sur J?rusalem, la sueur de sang, la rencontre des saintes femmes, le bon larron, etc. Le mot aux femmes de J?rusalem ne peut gu?re avoir ?t? con?u qu'apr?s le si?ge de l'an 70.
Voir le passage pr?cit? de Papias.
Le livre o? seront contenus les r?sultats de cette mission est sous presse.
VIE DE J?SUS
CHAPITRE PREMIER.
PLACE DE J?SUS DANS L'HISTOIRE DU MONDE.
L'?v?nement capital de l'histoire du monde est la r?volution par laquelle les plus nobles portions de l'humanit? ont pass? des anciennes religions, comprises sous le nom vague de paganisme, ? une religion fond?e sur l'unit? divine, la trinit?, l'incarnation du Fils de Dieu. Cette conversion a eu besoin de pr?s de mille ans pour se faire. La religion nouvelle avait mis elle-m?me au moins trois cents ans ? se former. Mais l'origine de la r?volution dont il s'agit est un fait qui eut lieu sous les r?gnes d'Auguste et de Tib?re. Alors v?cut une personne sup?rieure qui, par son initiative hardie et par l'amour qu'elle sut inspirer, cr?a l'objet et posa le point de d?part de la foi future de l'humanit?.
L'homme, d?s qu'il se distingua de l'animal, fut religieux, c'est-?-dire qu'il vit, dans la nature, quelque chose au del? de la r?alit?, et pour lui quelque chose au del? de la mort. Ce sentiment, pendant des milliers d'ann?es, s'?gara de la mani?re la plus ?trange. Chez beaucoup de races, il ne d?passa point la croyance aux sorciers sous la forme grossi?re o? nous la trouvons encore dans certaines parties de l'Oc?anie. Chez quelques-unes, le sentiment religieux aboutit aux honteuses sc?nes de boucherie qui forment le caract?re de l'ancienne religion du Mexique. Chez d'autres, en Afrique surtout, il arriva au pur f?tichisme, c'est-?-dire ? l'adoration d'un objet mat?riel, auquel on attribuait des pouvoirs surnaturels. Comme l'instinct de l'amour, qui par moments ?l?ve l'homme le plus vulgaire au-dessus de lui-m?me, se change parfois en perversion et en f?rocit?; ainsi cette divine facult? de la religion put longtemps sembler un chancre qu'il fallait extirper de l'esp?ce humaine, une cause d'erreurs et de crimes que les sages devaient chercher ? supprimer.
Les brillantes civilisations qui se d?velopp?rent d?s une antiquit? fort recul?e en Chine, en Babylonie, en ?gypte, firent faire ? la religion certains progr?s. La Chine arriva de tr?s-bonne heure ? une sorte de bon sens m?diocre, qui lui interdit les grands ?garements. Elle ne connut ni les avantages, ni les abus du g?nie religieux. En tout cas, elle n'eut par ce c?t? aucune influence sur la direction du grand courant de l'humanit?. Les religions de la Babylonie et de la Syrie ne se d?gag?rent jamais d'un fond de sensualit? ?trange; ces religions rest?rent, jusqu'? leur extinction au IVe et au Ve si?cle de notre ?re, des ?coles d'immoralit?, o? quelquefois se faisaient jour, par une sorte d'intuition po?tique, de p?n?trantes ?chapp?es sur le monde divin. L'?gypte, ? travers une sorte de f?tichisme apparent, put avoir de bonne heure des dogmes m?taphysiques et un symbolisme relev?. Mais sans doute ces interpr?tations d'une th?ologie raffin?e n'?taient pas primitives. Jamais l'homme, en possession d'une id?e claire, ne s'est amus? ? la rev?tir de symboles: c'est le plus souvent ? la suite de longues r?flexions, et par l'impossibilit? o? est l'esprit humain de se r?signer ? l'absurde, qu'on cherche des id?es sous les vieilles images mystiques dont le sens est perdu. Ce n'est pas de l'?gypte, d'ailleurs, qu'est venue la foi de l'humanit?. Les ?l?ments qui, dans la religion d'un chr?tien, viennent, ? travers mille transformations, d'?gypte et de Syrie sont des formes ext?rieures sans beaucoup de cons?quence, ou des scories telles que les cultes les plus ?pur?s en retiennent toujours. Le grand d?faut des religions dont nous parlons ?tait leur caract?re essentiellement superstitieux; ce qu'elles jet?rent dans le monde, ce furent des millions d'amulettes et d'abraxas. Aucune grande pens?e morale ne pouvait sortir de races abaiss?es par un despotisme s?culaire et accoutum?es ? des institutions qui enlevaient presque tout exercice ? la libert? des individus.
La po?sie de l'?me, la foi, la libert?, l'honn?tet?, le d?vouement, apparaissent dans le monde avec les deux grandes races qui, en un sens, ont fait l'humanit?, je veux dire la race indo-europ?enne et la race s?mitique. Les premi?res intuitions religieuses de la race indo-europ?enne furent essentiellement naturalistes. Mais c'?tait un naturalisme profond et moral, un embrassement amoureux de la nature par l'homme, une po?sie d?licieuse, pleine du sentiment de l'infini, le principe enfin de tout ce que le g?nie germanique et celtique, de ce qu'un Shakspeare, de ce qu'un Goethe devaient exprimer plus tard. Ce n'?tait ni de la religion, ni de la morale r?fl?chies; c'?tait de la m?lancolie, de la tendresse, de l'imagination; c'?tait par-dessus tout du s?rieux, c'est-?-dire la condition essentielle de la morale et de la religion. La foi de l'humanit? cependant ne pouvait venir de l?, parce que ces vieux cultes avaient beaucoup de peine ? se d?tacher du polyth?isme et n'aboutissaient pas ? un symbole bien clair. Le brahmanisme n'a v?cu jusqu'? nos jours que gr?ce au privil?ge ?tonnant de conservation que l'Inde semble poss?der. Le bouddhisme ?choua dans toutes ses tentatives vers l'ouest. Le druidisme resta une forme exclusivement nationale et sans port?e universelle. Les tentatives grecques de r?forme, l'orphisme, les myst?res, ne suffirent pas pour donner aux ?mes un aliment solide. La Perse seule arriva ? se faire une religion dogmatique, presque monoth?iste et savamment organis?e; mais il est fort possible que cette organisation m?me f?t une imitation ou un emprunt. En tout cas, la Perse n'a pas converti le monde; elle s'est convertie, au contraire, quand elle a vu para?tre sur ses fronti?res le drapeau de l'unit? divine proclam?e par l'islam.
Des accents inconnus se font d?j? entendre pour exalter le martyre et c?l?brer la puissance de <
Ce grand livre une fois cr??, l'histoire du peuple juif se d?roule avec un entra?nement irr?sistible. Les grands empires qui se succ?dent dans l'Asie occidentale, en brisant pour lui tout espoir d'un royaume terrestre, le jettent dans les r?ves religieux avec une sorte de passion sombre. Peu soucieux de dynastie nationale ou d'ind?pendance politique, il accepte tous les gouvernements qui le laissent pratiquer librement son culte et suivre ses usages. Isra?l n'aura plus d?sormais d'autre direction que celle de ses enthousiastes religieux, d'autres ennemis que ceux de l'unit? divine, d'autre patrie que sa Loi.
A travers de nombreuses d?faillances, Isra?l soutint admirablement cette vocation. Une s?rie d'hommes pieux, Esdras, N?h?mie, Onias, les Macchab?es, d?vor?s du z?le de la Loi, se succ?dent pour la d?fense des antiques institutions. L'id?e qu'Isra?l est un peuple de Saints, une tribu choisie de Dieu et li?e envers lui par un contrat, prend des racines de plus en plus in?branlables. Une immense attente remplit les ?mes. Toute l'antiquit? indo-europ?enne avait plac? le paradis ? l'origine; tous ses po?tes avaient pleur? un ?ge d'or ?vanoui. Isra?l mettait l'?ge d'or dans l'avenir. L'?ternelle po?sie des ?mes religieuses, les Psaumes, ?closent de ce pi?tisme exalt?, avec leur divine et m?lancolique harmonie. Isra?l devient vraiment et par excellence le peuple de Dieu, pendant qu'autour de lui les religions pa?ennes se r?duisent de plus en plus, en Perse et en Babylonie, ? un charlatanisme officiel, en ?gypte et en Syrie, ? une grossi?re idol?trie, dans le monde grec et latin, ? des parades. Ce que les martyrs chr?tiens ont fait dans les premiers si?cles de notre ?re, ce que les victimes de l'orthodoxie pers?cutrice ont fait dans le sein m?me du christianisme jusqu'? notre temps, les Juifs le firent durant les deux si?cles qui pr?c?dent l'?re chr?tienne. Ils furent une vivante protestation contre la superstition et le mat?rialisme religieux. Un mouvement d'id?es extraordinaire, aboutissant aux r?sultats les plus oppos?s, faisait d'eux ? cette ?poque le peuple le plus frappant et le plus original du monde. Leur dispersion sur tout le littoral de la M?diterran?e et l'usage de la langue grecque, qu'ils adopt?rent hors de la Palestine, pr?par?rent les voies ? une propagande dont les soci?t?s anciennes, coup?es en petites nationalit?s, n'avaient encore offert aucun exemple.
Jusqu'au temps des Macchab?es, le juda?sme, malgr? sa persistance ? annoncer qu'il serait un jour la religion du genre humain, avait eu le caract?re de tous les autres cultes de l'antiquit?: c'?tait un culte de famille et de tribu. L'isra?lite pensait bien que son culte ?tait le meilleur, et parlait avec m?pris des dieux ?trangers. Mais il croyait aussi que la religion du vrai Dieu n'?tait faite que pour lui seul. On embrassait le culte de J?hovah quand on entrait dans la famille juive; voil? tout. Aucun isra?lite ne songeait ? convertir l'?tranger ? un culte qui ?tait le patrimoine des fils d'Abraham. Le d?veloppement de l'esprit pi?tiste, depuis Esdras et N?h?mie, amena une conception beaucoup plus ferme et plus logique. Le juda?sme devint la vraie religion d'une mani?re absolue; on accorda ? qui voulut le droit d'y entrer; bient?t ce fut une oeuvre pie d'y amener le plus de monde possible. Sans doute, le sentiment d?licat qui ?leva Jean-Baptiste, J?sus, saint Paul, au-dessus des mesquines id?es de races n'existait pas encore; par une ?trange contradiction, ces convertis ?taient peu consid?r?s et trait?s avec d?dain. Mais l'id?e d'une religion exclusive, l'id?e qu'il y a quelque chose au monde de sup?rieur ? la patrie, au sang, aux lois, l'id?e qui fera les ap?tres et les martyrs, ?tait fond?e. Une profonde piti? pour les pa?ens, quelque brillante que soit leur fortune mondaine, est d?sormais le sentiment de tout juif. Par un cycle de l?gendes, destin?es ? fournir des mod?les d'in?branlable fermet? , les guides du peuple cherchent surtout ? inculquer cette id?e que la vertu consiste dans un attachement fanatique ? des institutions religieuses d?termin?es.
Les r?gnes des derniers Asmon?ens et celui d'H?rode virent l'exaltation grandir encore. Ils furent remplis par une s?rie non interrompue de mouvements religieux. A mesure que le pouvoir se s?cularisait et passait en des mains incr?dules, le peuple juif vivait de moins en moins pour la terre et se laissait de plus en plus absorber par le travail ?trange qui s'op?rait en son sein. Le monde, distrait par d'autres spectacles, n'a nulle connaissance de ce qui se passe en ce coin oubli? de l'Orient. Les ?mes au courant de leur si?cle sont pourtant mieux avis?es. Le tendre et clairvoyant Virgile semble r?pondre, comme par un ?cho secret, au second Isa?e; la naissance d'un enfant le jette dans des r?ves de paling?n?sie universelle. Ces r?ves ?taient ordinaires et formaient comme un genre de litt?rature, que l'on couvrait du nom des Sibylles. La formation toute r?cente de l'Empire exaltait les imaginations; la grande ?re de paix o? l'on entrait et cette impression de sensibilit? m?lancolique qu'?prouvent les ?mes apr?s les longues p?riodes de r?volution, faisaient na?tre de toute part des esp?rances illimit?es.
En Jud?e, l'attente ?tait ? son comble. De saintes personnes, parmi lesquelles on cite un vieux Sim?on, auquel la l?gende fait tenir J?sus dans ses bras, Anne, fille de Phanuel, consid?r?e comme proph?tesse, passaient leur vie autour du temple, je?nant, priant, pour qu'il pl?t ? Dieu de ne pas les retirer du monde sans avoir vu l'accomplissement des esp?rances d'Isra?l. On sent une puissante incubation, l'approche de quelque chose d'inconnu.
Ce m?lange confus de claires vues et de songes, cette alternative de d?ceptions et d'esp?rances, ces aspirations, sans cesse refoul?es par une odieuse r?alit?, trouv?rent enfin leur interpr?te dans l'homme incomparable auquel la conscience universelle a d?cern? le titre de Fils de Dieu, et cela avec justice, puisqu'il a fait faire ? la religion un pas auquel nul autre ne peut et probablement ne pourra jamais ?tre compar?.
NOTES:
Je rappelle que ce mot d?signe simplement ici les peuples qui parlent ou ont parl? une des langues qu'on appelle s?mitiques. Une telle d?signation est tout ? fait d?fectueuse; mais c'est un de ces mots, comme <
I Sam., X, 25.
Isa?e, II, 1-4, et surtout les chapitres XL et suiv., LX et suiv.; Mich?e, IV, 4 et suiv. Il faut se rappeler que la seconde partie du livre d'Isa?e, ? partir du chapitre XL, n'est pas d'Isa?e.
Ruth, i, 16.
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page