bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Le juif errant - Tome II by Sue Eug Ne

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 6900 lines and 284179 words, and 138 pages

Eug?ne Sue

LE JUIF ERRANT

Tome II

Table des mati?res

Douzi?me partie Les promesses de Rodin

La rue Clovis est, on le sait, un des endroits les plus solitaires du quartier de la montagne Sainte-Genevi?ve; ? l'?poque de ce r?cit, la maison portant le num?ro 4 dans cette rue se composait d'un corps de logis principal, travers? par une all?e obscure qui conduisait ? une petite cour sombre, au fond de laquelle s'?levait un second b?timent singuli?rement mis?rable et d?grad?. Le rez-de- chauss?e de la fa?ade formait une boutique demi-souterraine, o? l'on vendait du charbon, du bois en falourdes, quelques l?gumes et du lait.

Cette boutique, situ?e tout aupr?s de l'all?e, servait de loge de portier, et la fruiti?re servait de porti?re.

-- Bonjour, mademoiselle Rose-Pompon, dit la m?re Ars?ne d'un air avenant, vous ?tes matinale aujourd'hui, vous n'avez donc pas dans? hier?

-- Ne m'en parlez pas, m?re Ars?ne, je n'avais gu?re le coeur ? la danse; cette pauvre C?physe a pleur? toute la nuit, elle ne peut se consoler de ce que son amant est en prison.

-- Tenez, dit la fruiti?re, tenez, mademoiselle, faut que je vous dise une chose ? propos de votre C?physe. ?a ne vous f?chera pas?

-- Est-ce que je me f?che, moi?... dit Rose-Pompon en haussant les ?paules.

-- Croyez-vous que M. Phil?mon, ? son retour, ne me grondera pas?

-- Vous gronder! Pourquoi?

-- ? cause de son logement, que vous occupez...

-- Ah ?a, m?re Ars?ne, est-ce que Phil?mon ne vous a pas dit qu'en son absence je serai ma?tresse de ses deux chambres comme je l'?tais de lui-m?me?

-- Ce n'est pas pour vous que je parle, mademoiselle, mais pour votre amie C?physe, que vous avez aussi amen?e dans le logement de M. Phil?mon.

-- Et o? serait-elle all?e sans moi, ma bonne m?re Ars?ne? Depuis que son amant a ?t? arr?t?, elle n'a pas os? retourner chez elle, parce qu'ils y devaient toutes sortes de termes. Voyant sa peine, je lui ai dit. <>

-- Dame, mademoiselle, si vous m'assurez que M. Phil?mon ne sera pas f?ch?... ? la bonne heure.

-- F?ch?, et de quoi? qu'on lui ab?me son m?nage? Il est si gentil, son m?nage! Hier, j'ai cass? la derni?re tasse... et voil? dans quelle dr?le de chose je suis r?duite ? venir chercher du lait.

Et Rose-Pompon, riant aux ?clats, sortit son joli petit bras blanc de son manteau et fit voir ? la m?re Ars?ne un de ces verres ? vin de champagne de capacit? colossale, qui tiennent une bouteille environ.

-- Ah! mon Dieu! dit la fruiti?re ?bahie, on dirait une trompette de cristal.

-- Et dire qu'il va falloir vous mettre votre lait l?-dedans! ?a me rend toute honteuse, dit la m?re Ars?ne.

-- Et moi donc... si je rencontrais quelqu'un dans l'escalier... en tenant ce verre ? la main comme un cierge... Je rirais trop... je casserais la derni?re pi?ce du bazar ? Phil?mon et il me donnerait sa mal?diction.

-- Il n'y a pas de danger que vous rencontriez quelqu'un; le premier est d?j? sorti, et le second ne se l?ve que tard.

-- ? propos de locataire, dit Rose-Pompon, est-ce qu'il n'y a pas ? louer une chambre au second, dans le fond de la cour? Je pense ? ?a pour C?physe, une fois que Phil?mon sera de retour.

-- Oui, il y a un mauvais petit cabinet sous le toit... au-dessus des deux pi?ces du vieux bonhomme qui est si myst?rieux, dit la m?re Ars?ne.

-- Ah! oui, le p?re Charlemagne... vous n'en savez pas davantage sur son compte?

-- Mon Dieu, non, mademoiselle, si ce n'est qu'il est venu ce matin au point du jour; il a cogn? aux contrevents:

<<-- Avez-vous re?u une lettre pour moi, ma ch?re dame? m'a-t-il dit .

<<-- Non, monsieur, que je lui ai r?pondu.

<<-- Bien! bien! alors ne vous d?rangez pas, ma ch?re dame, je repasserai.

<

-- Il ne couche donc jamais dans la maison?

-- Jamais. Probablement qu'il loge autre part, car il ne vient passer ici que quelques heures dans la journ?e tous les quatre ou cinq jours.

-- Et il y vient tout seul?

-- Toujours seul.

-- Vous en ?tes s?re? Il ne ferait pas entrer par hasard de petite femme en minon-minette? car alors Phil?mon vous donnerait cong?, dit Rose-Pompon d'un air plaisamment pudibond.

-- M. Charlemagne! une femme chez lui! Ah! le pauvre cher homme! dit la fruiti?re en levant les mains au ciel; si vous le voyiez, avec son chapeau crasseux, sa vieille redingote, son parapluie rapi?c? et son air bonasse; il a plut?t l'air d'un saint que d'autre chose.

-- Mais alors, m?re Ars?ne, qu'est-ce qu'il peut venir faire ainsi tout seul pendant des heures dans ce taudis du fond de la cour, o? on voit ? peine clair en plein midi.

-- C'est ce que je vous demande, mademoiselle; qu'est-ce qu'il y peut faire? car pour venir s'amuser ? ?tre dans ses meubles, ce n'est pas possible: il y a en tout chez lui un lit de sangle, une table, un po?le, une chaise et une vieille malle.

-- C'est dans les prix de l'?tablissement de Phil?mon, dit Rose- Pompon.

-- Et, malgr? ?a, mademoiselle, il a autant de peur qu'on entre chez lui que si on ?tait des voleurs et qu'il aurait des meubles en or massif; il a fait mettre ? ses frais une serrure de s?ret?; il ne me laisse jamais sa clef; enfin il allume son feu lui-m?me dans son po?le, plut?t que de laisser entrer quelqu'un chez lui.

-- Et vous dites qu'il est vieux.

-- Oui, mademoiselle... dans les cinquante ? soixante.

-- Et laid?

-- Figurez-vous comme deux petits yeux de vip?re perc?s avec une vrille, dans une figure toute bl?me, comme celle d'un mort... si bl?me enfin que les l?vres sont blanches, voil? pour son visage. Quant ? son caract?re, le vieux brave homme est si poli, il vous ?te si souvent son chapeau en vous faisant un grand salut, que c'en est embarrassant.

-- Mais j'en reviens toujours l?, reprit Rose-Pompon, qu'est-ce qu'il peut faire tout seul dans ces deux chambres? Apr?s ?a, si C?physe prend le cabinet au-dessus quand Phil?mon sera revenu, nous pourrons nous amuser ? en savoir quelque chose... Et combien veut-on louer ce cabinet?

-- Dame... mademoiselle, il est en si mauvais ?tat que le propri?taire le laisserait, je crois bien, pour cinquante ? cinquante-cinq francs par an, car il n'y a gu?re moyen d'y mettre de po?le, et il est seulement ?clair? par une petite lucarne en tabati?re.

-- Pauvre C?physe! dit Rose-Pompon en soupirant et en secouant tristement la t?te; apr?s s'?tre tant amus?e, apr?s avoir tant d?pens? d'argent avec Jacques Rennepont, habiter-l? et se mettre ? vivre de son travail!... Faut-il qu'elle ait du courage!...

-- Le fait est qu'il y a loin de ce cabinet ? la voiture ? quatre chevaux o? Mlle C?physe est venue vous chercher l'autre jour, avec tous ces beaux masques, qui ?taient si gais... surtout ce gros en casque de papier d'argent avec un plumeau et en bottes ? revers... Quel r?joui!

-- Ah!... les jeunesses... les jeunesses!... dit la fruiti?re.

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top