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Read Ebook: Voyage dans l'Aurès: Notes d'un médecin envoyé en mission chez les femmes arabes by Chellier Doroth E

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Ebook has 313 lines and 15468 words, and 7 pages

Accompagn?e de M. Arripe et de mon interpr?te, je quitte Lamb?se vers dix heures du matin, reprenant le breack qui nous avait amen?s.

A onze heures, nous arrivons ? l'oued Taza et nous nous arr?tons ? la maison cantonni?re pour prendre notre repas.

Avant de repartir, je visite un enfant syphilitique atteint de pemphizus, un autre atteint de malaria, type quarte, et un vieillard ayant une otite.

L'Oued Taza est situ? dans une r?gion essentiellement fi?vreuse.

A midi, la voiture nous emporte sur le chemin d'Arris. A deux heures, nous arrivons aux Ouled Daoud; une tente est dress?e pour nous mettre ? l'abri, car la pluie commence ? tomber. Un superbe m?choui nous attend; nous nous empressons de lui faire honneur.

C'est l? le point terminus de la route, d'ailleurs ? peine carrossable; il faut se r?signer ? prendre les mulets, montures que nous devons abandonner seulement cinq semaines plus tard.

C'est sous une pluie fine et froide que nous nous engageons dans la vall?e; six heures de marche nous am?nent ? Arris.

De loin on aper?oit l'h?pital que les missionnaires d'Afrique, les p?res blancs, ont commenc? ? faire construire eu 1893 apr?s ?tre venus s'installer au Bordj d'Arris, dans la vall?e de l'oued El-Abiod, le 17 ao?t de la m?me ann?e.

Tout d'abord, on est ? la fois ?tonn? et surpris de trouver dans ces montagnes o? ne s'?l?ve aucune habitation europ?enne, une maison d'hospitalisation aussi vaste et d'une installation aussi compl?te.

D?j? les yeux se sont habitu?s ? l'isolement de la r?gion, les villages ?tant rares sur la route qui m?ne de Lamb?se ? Arris.

L'h?pital se compose de deux grandes salles pour les malades, de cabinets d'isolement pour les contagieux, du logement des soeurs, de la cuisine, de la chapelle. Un b?timent isol? doit ?tre construit pour le m?decin qui sera, parait-il, un indig?ne.

C'est le lendemain de notre arriv?e, le dimanche 12 mai, que le R. P. Duval me fit visiter les diff?rentes salles de l'h?pital. Elles ne sont pas encore compl?tement achev?es, et cependant les soeurs doivent arriver le 12 juin, jour de l'inauguration projet?e de l'h?pital.

Je me rends ensuite au Bordj o? est ?tablie la consultation que donne le R. P. Bouillon, et j'assiste ? cette consultation.

Les femmes passent d'abord ; un carcinome stomacal, une ent?rite, des douleurs rhumatho?des, des gastrites, trois hernies ombilicales, un cas d'hyst?rie, du prurigo, de la malaria avec ses acc?s francs et dans sa forme cachectique; et plus nombreux encore les cas de syphilis avec ses gommes, ses manifestations cutan?es, ses plaques muqueuses, etc., une m?trite que j'examine, un cas de st?rilit? et un carcinome du sein.

Apr?s midi, les hommes viennent ? la consultation du R. P. Bouillon. C'est encore la syphilis qui domine et la malaria vient ensuite.

Dans ma journ?e, je vis 56 malades.

C'est ? Arris que j'ai l'occasion d'interroger pour la premi?re fois les femmes chaou?as sur les pratiques de l'accouchement, sur celles de l'avortement et sur la fr?quence des maladies ut?rines,--toutes questions dont j'aurai occasion de parler plus tard.

Vers le soir, je visite les alentours de l'h?pital o? coule un magnifique torrent aux eaux claires et limpides et dont la force est assez puissante pour actionner les roues des moulins chaou?as.

A la fin du jour j'assiste ? l'un des plus beaux spectacles qui se puissent admirer: le soleil couchant sur la Marhadou , et sur le Ch?lia, ce dernier r?put? comme le plus haut sommet de toute l'Alg?rie.

Quel d?cor!

Une montagne couleur de feu dans toute sa partie sup?rieure, tandis que sur les bas flancs les teintes d'un bleu sombre dominent, mettant en vigueur l'embrasement du sommet.

Je ne crois pas qu'il soit possible de r?ver plus ?clatant, plus aveuglant triomphe de la couleur; l'impression ressentie est inoubliable.

Le lendemain, 13 mai, ? six heures et demie, du matin, on nous am?ne nos mulets; nous quittons Arris, gravissant p?niblement les flancs du contrefort qui s?pare la vall?e de l'Oued-El-Abiod de celle de l'Oued-Abdi.

A neuf heures, nous franchissons le col o? nous attend le cheick de Baali, et par une pente rapide nous atteignons, une demi-heure apr?s, le village de ce nom.

Nous ?tions enfin dans cette pittoresque vall?e de l'Oued-Abdi, que nous allions parcourir chaque jour plus ?merveill?s de ses sites et de la richesse que rec?lent ses agr?ables jardins et sa Verdure sans cesse renaissante.

On acc?de au village compos? de gourbis b?tis en terre par une petite mont?e assez raide. Nous sommes fort bien accueillis et nous trouvons le caf? maure transform? ? notre intention en une salle tendue de melhafa .

Sur le sol mal nivel? du gourbi, des tapis ont ?t? ?tendus. C'est l? que je me repose et que nous prenons notre repas, compos? de mets arabes offerts par le cheick, et de mets fran?ais pr?par?s par le de?ra , qui nous sert de cuisinier.

Les femmes de Baali et celles des villages environnants sont accourues.

Je les visite sous la tente, dans le village.

Il est tout ? fait impossible de maintenir leur impatience. Elles se pressent autour de moi, et malgr? ma d?fense r?it?r?e de ne pas p?n?trer toutes ensemble sous la tente, elles l'envahissent, y r?pandant une odeur parfois insupportable.

Quarante femmes et enfants d?fil?rent devant mois; vingt-et-une seulement furent reconnues v?ritablement malades.

L?, comme partout au cours de cette mission, je constate que c'est la syphilis qui m'apporte, le plus nombreux contingent de malades. Acquise ou h?r?ditaire, elle s'affirme par ses manifestations chez la femme adulte et chez l'enfant ? la mamelle; puis la malaria et les conjonctivites granuleuses.

Je re?ois ? Daali une visite inattendue.

La reine de l'Aur?s est venue nous voir, non comme malade, mais en visiteuse, attir?e par la curiosit? de voir une femme m?decin.

Elle est fort belle et il ne me para?t pas qu'elle soit de race chaou?a pure. Elle semble plut?t, si j'ose dire, ?tre la fille d'une femme chaou?a et d'un europ?en.

D'une haute stature et d'un port tr?s noble, elle a des ?paules et des bras d'une ligne parfaite. La t?te est remarquable et superbe, mais d'expression lassante par son impassibilit? qu'on devine voulue et ?tudi?e. Au bout de quelques instants il semble qu'on regarda une statue.

Son costume qui rappelle celui de toutes les femmes de l'Aur?s, mais singuli?rement plus riche, ajoute encore ? sa beaut?. Elle a la figure d?couverte, sa melhafa est rose crevette. Jet? sur ses ?paules et tombant jusqu'au bas de sa robe, en arri?re, un voile de cr?pe noir.

Sa coiffure ne se distingue pas de celle des autres femmes. Un gros madras allong? dans le sens transversal recouvre les cheveux et supporte des bijoux d'argent compos?s de cha?nettes se terminant en bas par des plaques de divers mod?les, qui tombent de chaque c?t? du visage. Des boucles d'oreilles faites d'un anneau d'argent mesurant 10 centim?tres de diam?tre et se passant dans le lobule de l'oreille et dans la partie sup?rieure de la conque.

Des bracelets aux poignets et aux chevilles compl?tent la toilette.

Tous les bijoux des femmes de l'Aur?s sont en argent; et la femme pauvre comme la femme ais?e, la femme jeune comme la femme vieille porte ces bijoux plus ou moins nombreux suivant leur condition.

La reine de l'Aur?s , a ?t? mari?e ? douze ans ? un cheik. Elle a ensuite divorc? pour se remarier deux fois. Maintenant elle est Azria , condition qu'elle pr?f?re sans doute aux pr?c?dentes, car elle a refuse plusieurs fois de prendre un quatri?me mari.

A trois heures de l'apr?s midi de ce m?me jour, M. Delp?rier de Labruzerie, administrateur-adjoint vient me rejoindre et remplace M. Arippe qui rentre ? Lamb?se; ce nouveau compagnon de voyage restera avec moi jusqu'? la fin de ma mission.

Apr?s avoir ?t? salu?s parles indig?nes et accompagn?s par le cheik, nous quittons Baali nous dirigeant vers Chir en suivant le fond de la vall?e de l'Oued Abdi.

La reine de l'Aur?s nous accompagne.

Nous suivons de petits sentiers parfois d?couverts, parfois tr?s ombrag?s par les arbres fruitiers dont les branches s'?chappent des jardins; tr?s souvent nos b?tes marchent dans l'eau, ou bien ont ? suivre des pentes raides form?es par de grosses pierres en escaliers.

Apr?s quatre heures et demie d'une marche p?nible nous arrivons ? Chir. A sept heures et demie, la nuit est presque venue. Le cheik nous conduit dans le gourbi qui nous est pr?par? et dont l'am?nagement ne laisse pas que d'?tre tout ? fait pittoresque et confortable. Des tapis cachent les montants de bois qui soutiennent la terrasse; des fleurs en gerbe sur une table o? br?le des lampes au p?trole, ce qui g?te un peu la couleur locale; mais l'ensemble n'en demeurera pas moins plaisant ? l'oeil.

Un excellent repas nous est servi et nous demandons ? nous reposer des fatigues d'une journ?e bien remplie. Nous avions march? plus de sept heures ? dos de mulet.

Le lendemain, 14 mai, ma consultation commenc?e dans la matin?e dura jusqu'au soir.

J'avais re?u les m?dicaments command?s et je pouvais contenter ces pauvres malades auxquels on ne peut songer ? d?livrer des ordonnances. Ils sont tout ? la la fois trop mis?rables et trop ?loign?s d'un centre o? ils pourraient s'approvisionner de m?dicaments.

Je visite d'abord les enfants du cheik; l'un est atteint de conjonctivite granuleuse, l'autre de paralysie infantile, un troisi?me de bronchite, un quatri?me d'imp?tigo du cuir chevelu.

L'enfant du Buch-Adel atteint aussi d'imp?tigo.

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