Read Ebook: L'Illustration No. 3729 15 Août 1914 by Various
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page
Ebook has 127 lines and 13868 words, and 3 pages
L'ILLUSTRATION
COURRIER DE PARIS
LES GRANDES HEURES
C'est ainsi que le 2 ao?t, vers deux heures, cet officier et moi, qui ne nous connaissions pas, nous avons ?t? pr?sent?s l'un ? l'autre pour devenir amis.
J'ai la conviction que nous nous reverrons.
On le savait condamn?, mais on esp?rait, malgr? tout, qu'il h?siterait ? embrasser ce grave parti de s'?loigner pour toujours, qu'? la derni?re minute il y regarderait ? plusieurs fois avant de nous faire cette peine. Nous nous flattions que cet homme docte et fin, cet ?rudit de la souplesse, d'une habilet? sup?rieure et qui offrait si peu de prise, ?chapperait longtemps ? la poigne s?che et sans art de la mort et qu'il trouverait le moyen de rester <
Ainsi nous ne comprenions pas toujours tr?s bien ce qu'il y avait cependant de lucide et de p?n?trant sous les oscillations de Lema?tre. Il balan?ait, mais ne reculait pas. Ses atermoiements n'?taient pas de la fuite. On peut m?me d?clarer, sans crainte d'erreur, que ses qualit?s de d?cision, sa vaillance, furent la juste, n?cessaire et noble contre-partie des faiblesses et des nonchaloirs de surface de sa personne physique. Son geste ?tait flottant, mais non sa pens?e. Son scepticisme m?me mordait, n'avait rien de mou. La clart? coupante, m?lodieuse et grave de sa parole r?v?lait celle de son jugement, et il avait la conscience, jusqu'en doutant avec loyaut?, d'articuler son doute et de le marteler, d'y mettre un peu d'acier.
Il fut enfin pleinement courageux, dans des
AMBASSADEURS DE LA DUPLICE
heures fameuses que l'on n'a pas oubli?es. Il n'a jamais eu peur quand la peur lui e?t ?t? presque permise, et pour une grande cause il aurait donn?, s'il l'avait fallu, sa vie,... mais avec un petit geste de mod?ration et un sourire ? la Montaigne.
Mais dans l'exc?s de notre joie nous devons la mesurer, la traiter s?v?rement. Ne soyons pas encore ?perdus de bonheur. Ne croyons pas que la phrase glorieuse ait achev? de remplir son destin, qu'elle soit acquise, d?finitive et sans laisser de place ? des remous d'angoisses, ? des fluctuations de nouvelles souffrances. Il faut attendre encore avant de la pouvoir clamer ? la face d'un ciel tricolore et serein. L'orage est toujours l?, qui menace et qui gronde. La porte s'est seulement ouverte ? demi, en un brusque effort... Nous avons pu poser le pied sur les marches du seuil et donner, entre deux feux de peloton, un haletant baiser d'amour, le premier, ? la fr?missante captive... Mais elle n'est pas d?livr?e! Elle a toujours ses fers... Nous la d?livrerons... Br?l?s et d?j? poss?d?s par cette courte ?treinte, pr?parons-nous ? la recommencer. Nous avons vu la prisonni?re. Elle a pass? la t?te ? travers les barreaux... Nous l'avons embrass?e... Les barreaux ne sont pas bris?s...
HENRI LAVEDAN.
LA GUERRE
LES FAITS DE LA SEMAINE
BELGIQUE.--Le roi Albert prend le commandement en chef de l'arm?e. Il adresse ? ses soldats une proclamation: <
La bataille devant Li?ge continue avec acharnement. Tous les forts tiennent bon.
Deux officiers et six soldats allemands p?n?trent dans Li?ge dans le but de tuer le g?n?ral Leman, gouverneur de la place; il ?chappe ? cette tentative.
RUSSIE.--La flotte allemande bombarde Sveaborg, vieille forteresse au large de la c?te finlandaise, et occupe les ?les d'Aland.
Une d?p?che de Saint-P?tersbourg annonce que, la veille, samedi, le tsar a fait appeler l'ambassadeur de France et l'a embrass? en lui disant: <
Le grand-duc Nicolas, commandant en chef des arm?es russes, t?l?graphie au g?n?ral Joffre, g?n?ralissime fran?ais, l'assurance de sa foi absolue dans la victoire et de son attachement.
AUTRICHE.--Une d?p?che de Vienne annonce que la veille, 5 ao?t, l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie ? Saint-P?tersbourg a, d'ordre de son gouvernement, notifi? ? M. Sazonof, ministre des Affaires ?trang?res du tsar, l'?tat de guerre entre les deux pays.
La Serbie rappelle son ministre ? Berlin.
Nos troupes qui, jusqu'au jour de la d?claration de guerre se tenaient ? 8 kilom?tres de la fronti?re, couvrent cette zone, occupant Vic et Moyen-Vic.
BELGIQUE.--Les Allemands demandent un armistice pour relever leurs morts et leurs bless?s devant Li?ge.
Lord Kitchener est nomm? ministre de la Guerre.
RUSSIE.--L'avant-garde russe franchit la fronti?re de la Pologne prussienne.
L'ambassadeur de Russie quitte Vienne. On refuse de lui permettre de rentrer directement en Russie.
Les hostilit?s ont commenc? aussi ? la fronti?re austro-russe.
GRANDE-BRETAGNE.--Dans la nuit commence, sur la c?te de Belgique et la c?te de France, le d?barquement des troupes britanniques.
MONTENEGRO.--Une batterie mont?n?grine, ?tablie sur le mont Lovcen, qui domine les bouches de Cattaro, bombarde cette ville depuis la veille.
Une d?p?che Havas ajoute: <
Le communiqu? de 23 heures 30 confirme l'occupation de Mulhouse. Altkirch a ?t? occup?e vendredi ? la tomb?e de la nuit. Mulhouse samedi ? 17 heures.
Les Allemands se retirent sur Neuf-Brisach.
Le soir, nos troupes s'emparent des cols du Bonhomme et de Sainte-Marie-aux-Mines apr?s un violent combat.
BELGIQUE.--L'armistice demand? par les Allemands est refus?.
SERBIE.--Les avant-gardes serbes ont franchi la fronti?re de Bosnie.
MONTENEGRO.--Deux croiseurs autrichiens bombardent Antivari.
Nos troupes tiennent toujours Cernay, Mulhouse. Altkirch, ayant devant elles la lisi?re de la for?t de Hart qui para?t s?rieusement am?nag?e en vue d'une d?fense.
Un t?l?gramme du gouverneur g?n?ral de l'Afrique occidentale fran?aise rend compte que la garnison du Grand Popo , avec la collaboration d'un croiseur anglais, vient d'assurer la prise de possession de la colonie allemande du Togoland.
Dans les Vosges, le combat a repris, le matin, aux cols de Sainte-Marie et du Bonhomme.
BELGIQUE.--De toutes parts arrivent les nouvelles des exc?s sans nom commis par les Allemands dans la r?gion qu'ils occupent, entre Li?ge et Verviers.
La cavalerie fran?aise a couvert de patrouilles toute la r?gion de l'Eifel. Elle a trouv? le contact de l'infanterie allemande sur l'Ourthe et au sud de Neufch?teau.
Les Allemands ont pu faire passer un certain nombre d'escadrons dans la r?gion de Tongres, au nord de Li?ge.
RUSSIE.--Le tsar re?oit au Palais d'Hiver en audience solennelle en pr?sence du g?n?ral en chef le grand-duc Nicolas, et des ministres, les membres du Conseil de l'Empire et de la Douma.
La Douma et le Conseil d'Empire votent d'enthousiasme tous les projets de loi d?pos?s par le gouvernement en vue de la guerre.
SERBIE.--Les troupes serbes sont arriv?es ? 60 kilom?tres environ de Sarajevo. Toute la vall?e de la Drina inf?rieure est entre les mains des Serbes.
ITALIE.--Le comte d'Avarna, ambassadeur d'Italie ? Vienne, qui ?tait venu faire aupr?s du cabinet de Rome une supr?me tentative pour entra?ner l'Italie dans la guerre, repart, sa mission ayant ?chou?.
Les troupes du 19e corps d'arm?e, amen?es d'Alg?rie sous la protection de notre escadre, ont d?barqu? et sont dirig?es vers l'Est.
BELGIQUE.--Li?ge est investie. Les forts demeurent intacts. La ville est occup?e par les Allemands qui retiennent comme otages les notables, notamment l'?v?que et le bourgmestre.
La cavalerie allemande a commenc? l'exploration m?thodique de la r?gion de l'Hesbaye, grande plaine ondul?e entre Li?ge et Bruxelles o? semble se pr?parer une grande bataille. 10.000 cavaliers op?rent, suivis de d?tachements d'infanterie.
On annonce officiellement ? l'arm?e belge que les pertes allemandes autour de Li?ge s'?l?vent ? 2.000 morts, 20.000 bless?s, plus 9.700 prisonniers.
Add to tbrJar First Page Next Page