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Read Ebook: Le magasin d'antiquités Tome II by Dickens Charles Des Essarts Alfred Translator

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Ebook has 1943 lines and 106201 words, and 39 pages

Ils le suivirent des yeux tandis qu'il marchait lentement, inclin? et le dos vo?t?; et chaque fois que le vieillard tournait la t?te pour regarder en arri?re, ce qui lui arrivait souvent, ils agitaient la main ou lui jetaient de loin un cri d'encouragement. Ce ne fut qu'apr?s l'avoir vu graduellement diminuer et se perdre comme un point dans le lointain, qu'ils se retourn?rent l'un vers l'autre et se hasard?rent ? pousser de grands ?clats de rire.

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-- Quoi qu'il apporte, part ? deux,>> r?pondit Isaac List.

L'autre secoua la t?te et dit:

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List et le boh?mien donn?rent leur assentiment ? ces paroles. Apr?s s'?tre divertis quelque temps aux d?pens de la cr?dulit? de leur victime, les trois hommes laiss?rent l? ce sujet comme ?puis?, et se mirent ? causer dans un argot que l'enfant ne pouvait comprendre. Cependant, comme ils paraissaient s'entretenir de choses qui les int?ressaient vivement, Nelly jugea que le moment ?tait opportun pour s'enfuir sans ?tre aper?ue; elle se glissa d'un pas lent et discret, suivant l'ombre des haies et franchissant les foss?s jusqu'? ce qu'elle e?t gagn? la route et f?t assez loin d'eux pour se croire en s?ret?. Alors elle courut de toutes ses forces vers le logis, d?chir?e et ensanglant?e par les ronces et les ?pines, mais le coeur bien autrement meurtri; enfin elle se jeta tout accabl?e sur son lit.

La premi?re id?e qui se pr?senta ? son esprit, ce fut la fuite, une fuite imm?diate; ce fut d'entra?ner le vieillard et de mourir plut?t de faim au bord de la route que de laisser son grand-p?re en butte ? de si terribles tentations. Nelly se souvint alors que le crime ne devait pas ?tre commis avant la nuit suivante: elle avait donc le temps n?cessaire pour r?fl?chir et pour aviser ? ce qu'il fallait faire. Mais une horrible crainte s'empara d'elle: si en cet instant m?me le crime allait ?tre commis!... Elle tremblait d'entendre des cris inarticul?s et des g?missements rompre le silence de la nuit; elle songeait en fr?missant ? ce que son grand-p?re pourrait ?tre conduit ? faire, s'il venait ? ?tre surpris au milieu du vol, n'ayant ? lutter que contre une femme. Supporter une pareille torture, c'?tait impossible. Nelly se glissa jusqu'? la chambre o? se trouvait l'argent; elle ouvrit la porte et regarda. Dieu soit lou?! le vieillard n'?tait pas l?... et mistress Jarley dormait paisiblement! L'enfant revint ? sa propre chambre pour se mettre au lit.

Mais le sommeil ?tait-il possible? le sommeil! mais le repos m?me ?tait-il possible au sein de pareilles terreurs toujours croissantes? ? demi habill?e, les cheveux en d?sordre, elle courut au lit du vieillard, qu'elle saisit par le poignet en l'arrachant au sommeil.

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-- J'ai fait un r?ve effrayant, dit l'enfant avec une ?nergie qui ne pouvait na?tre que de l'exc?s de sa terreur. Un r?ve effrayant, horrible! Ce n'est pas la premi?re fois. Dans ce r?ve il y a des hommes aux cheveux gris comme vous; ces hommes sont au milieu d'une chambre obscurcie par la nuit, et ils volent l'or de ceux qui dorment. Debout! debout!...>>

Le vieillard trembla de tous ses membres et joignit les mains dans l'attitude de la pri?re.

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Il la contemplait comme un spectre, et elle en avait toute l'apparence; elle avait l'air d'une d?terr?e, et le vieillard ?prouvait un tremblement redoubl?.

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-- Quoi! cette nuit? murmura le vieillard.

-- Oui, cette nuit. Demain soir il serait trop tard. Le r?ve reviendrait. La fuite seule peut nous sauver. Debout!>>

Le vieillard sortit de son lit, le front humide, couvert d'une froide sueur, la sueur de l'?pouvante, et, se courbant devant l'enfant, comme si c'?tait un ange envoy? en mission pour le conduire ? sa volont?, il fut bient?t pr?t ? la suivre. Elle le prit par la main et l'emmena. Au moment o? ils passaient devant la porte de la chambre o? le vieillard s'?tait propos? de commettre le vol, Nelly frissonna et regarda son grand-p?re en face. Qu'il ?tait p?le! et quel regard il rencontra dans les yeux de l'enfant!

Elle le conduisit ? sa propre chambre, et le tenant toujours par la main, comme si elle craignait de le perdre un instant de vue, elle rassembla son modeste bagage et suspendit son panier ? son bras. Le vieillard re?ut d'elle son bissac qu'il jeta sur son dos, son b?ton qu'elle avait apport?, puis Nelly le fit sortir.

Ils travers?rent des rues resserr?es, des ruelles ?troites; leur pas ?tait ? la fois timide et rapide. Ils gravirent aussi, toujours courant, la colline escarp?e, couronn?e par le vieux ch?teau noir, sans s'?tre seulement retourn?s pour jeter un regard derri?re eux.

Mais comme ils approchaient des murs en ruine, la lune se leva dans tout son ?clat; et alors, du pied de ce monument garni de lierre, de mousse et d'herbes grimpantes, l'enfant contempla la ville endormie, couch?e dans l'ombre de la vall?e; puis plus loin la rivi?re avec ses sillages mouvants de lumi?re, puis encore les collines lointaines; et pendant ce temps elle pressait moins fortement la main du vieillard, quand tout ? coup, fondant en larmes, elle se jeta au cou de son grand-p?re.

Cette faiblesse momentan?e une fois pass?e, l'enfant ?voqua de nouveau la r?solution qui l'avait soutenue jusqu'alors; et ne perdant pas de vue cette id?e salutaire, que c'?tait le crime des hommes qui pr?cipitait sa fuite, que de sa seule fermet? d?pendait le salut de son grand-p?re, sans qu'elle e?t pour s'aider l'appui d'un bon conseil ou d'une main secourable, elle pressa le pas de son compagnon et s'interdit de regarder d?sormais en arri?re.

Tandis que le vieillard, soumis et abattu, semblait se courber devant elle, se faire humble et petit comme s'il ?tait en pr?sence de quelque ?tre sup?rieur, l'enfant ?prouvait en elle-m?me un sentiment nouveau qui ?levait sa nature et lui inspirait une ?nergie et une confiance qu'elle ne s'?tait jamais connues. Maintenant la responsabilit? ne se divisait plus: le poids tout entier de leurs deux existences retombait sur Nelly, et d?sormais c'?tait elle qui devait penser et agir pour deux.

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En tout autre temps, l'id?e d'avoir abandonn? sans un mot d'explication l'amie qui leur avait montr? une bienveillance si franche, l'id?e qu'elle et son grand-p?re seraient coupables, au moins en apparence, de trahison et d'ingratitude; joint ? cela, le regret d'avoir d? s'?loigner des deux soeurs, l'eussent remplie de chagrin. Mais maintenant toute autre consid?ration s'effa?ait devant les incertitudes, les anxi?t?s de leur vie sauvage et errante; et dans le d?sespoir m?me de leur situation Nelly puisait plus d'?l?vation et de force.

Aux p?les lueurs du clair de lune qui ajoutaient ? la blancheur mate de son teint, ce visage d?licat sur lequel la pens?e soucieuse s'unissait ? la gr?ce charmante et ? la douceur de la jeunesse, ces yeux brillants, cette t?te tout intellectuelle, ces l?vres qui se pressaient avec tant de r?solution et de courage, ces contours fins, ce m?lange de tant d'?nergie et de tant de faiblesse, tout cela disait dans un silence ?loquent l'histoire de Nelly et de son grand-p?re: mais cette histoire, elle n'?tait recueillie que par le vent qui l'emportait pour jeter peut-?tre au chevet de quelque m?re le r?ve p?nible d'une enfant se fanant dans sa fleur et s'endormant de ce sommeil qui ne conna?t point de r?veil.

La nuit commen?a ? dispara?tre, la lune ? s'effacer, les ?toiles ? p?lir et ? s'obscurcir: le matin, froid comme ces astres sans lumi?re, se montra lentement. Alors de derri?re une colline le soleil se leva majestueux, poussant devant lui les brouillards comme de noirs fant?mes, et purgeant la terre de ces ombres s?pulcrales jusqu'? ce que les t?n?bres fussent dissip?es. Quand il eut mont? plus haut sur l'horizon, et que ses rayons bienfaisants eurent repris leur chaleur, l'enfant et le vieillard se couch?rent pour dormir sur une berge, tout pr?s d'un cours d'eau.

Cependant Nelly laissa sa main pos?e sur le bras du vieillard; et longtemps apr?s qu'il se fut endormi profond?ment, elle le contemplait encore d'un oeil fixe. Enfin, la lassitude s'empara d'elle; sa main se d?tendit, se roidit de nouveau, se d?tendit encore, et les deux compagnons sommeill?rent l'un aupr?s du l'autre.

Un bruit confus de voix, m?l? ? ses r?ves, ?veilla Nelly. Vers elle et le vieillard, ?tait pench? un homme ? l'ext?rieur rude et grossier; deux de ses compagnons regardaient ?galement, du haut d'un grand bateau pesamment charg? qui avait ?t? amarr? ? la berge, tandis que nos voyageurs dormaient. Le bateau n'avait ni rames, ni voiles; mais il ?tait tir? par une couple de chevaux qui, en ce moment, stationnaient sur le chemin de halage, pendant que la corde qui les retenait ?tait d?tendue et tra?nait dans l'eau.

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