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Read Ebook: Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps (Tome 7) by Guizot Fran Ois

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Ebook has 652 lines and 83005 words, and 14 pages

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J'informai aussit?t M. Piscatory de cet entretien. <

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Mes instructions officielles, d?lib?r?es et accept?es au conseil du Roi, furent l'expression de cette politique. J'insistai sp?cialement sur la n?cessit?, pour le roi Othon, de marcher sans arri?re-pens?e dans les voies o? il venait d'entrer: <>

Je ne me trompais pas en comptant sur le ferme concours du cabinet anglais ? cette politique. Lord Aberdeen porta, sur ce qui venait de se passer en Gr?ce, le m?me jugement que nous, et donna ? sir Edmond Lyons les m?mes instructions. Sir Robert Peel trouva m?me, dans la premi?re r?daction que lui en communiqua lord Aberdeen, quelques mots trop indulgents pour le mouvement r?volutionnaire grec dont le caract?re militaire le choquait particuli?rement. Lord Aberdeen modifia volontiers sa phrase, mais en maintenant le fond de sa pens?e: <>

A Vienne, comme le prouvaient l'attitude et le langage de M. de Prokesch, la pr?voyance avait ?t? la m?me qu'? Paris et ? Londres; mais c'?tait la politique du prince de Metternich de regarder toutes les r?volutions comme des fautes et des maux, m?me quand il les trouvait naturelles et in?vitables; il ne reconnaissait jamais leur droit, et les condamnait tout en les acceptant. Il redoutait vivement, d'ailleurs, la contagion du mouvement r?volutionnaire grec dans l'Europe m?ridionale, surtout en Italie, et il t?moigna au comte de Flahault son inqui?tude: <>

M. de Metternich ?tait d'ailleurs bien d?cid? ? ne pas entrer en lutte avec la France et l'Angleterre quand il les trouvait franchement unies. Sans donner ? M. de Prokesch des instructions semblables aux n?tres, il lui prescrivit de ne pas combattre notre action et de la seconder plut?t, sans le dire tout haut et sans y engager sa responsabilit?.

Le comte de Nesselrode att?nuait, en les expliquant, l'acte et le langage de l'empereur: <> A Paris, M. de Kisseleff, en me communiquant les d?p?ches de M. de Nesselrode, les commentait avec autant de mod?ration que le vice-chancelier en apportait dans ses commentaires sur les paroles de son ma?tre. Rentr? en Russie, M. Catacazy ne fut point maltrait?. Son secr?taire, M. Persiani, resta ? Ath?nes comme charg? d'affaires. A Londres, la conf?rence des trois puissances protectrices de la Gr?ce continua de se r?unir, et le baron de Br?nnow d'y si?ger, d?clarant, en toute occasion, qu'il restait compl?tement ?tranger aux questions politiques soulev?es par les ?v?nements de Gr?ce, et qu'il ne prenait part ? la conf?rence qu'? raison des questions financi?res auxquelles donnait lieu la garantie accord?e en 1833 par les trois puissances ? l'emprunt grec.

Toutes ces r?serves, toutes ces r?ticences ne m'abusaient point sur la vive pr?occupation du cabinet russe au sujet des affaires grecques, et sur l'influence cach?e qu'il ne cessait d'y rechercher et d'y exercer. Pas plus que lord Aberdeen, je ne croyais que, de P?tersbourg, on e?t pr?m?dit? et pr?par? la r?volution constitutionnelle d'Ath?nes; pourtant les clients avou?s de la Russie avaient ?t? parmi les plus ardents ? fomenter le m?contentement grec, et les premiers engag?s dans son explosion; le chef militaire de l'insurrection du 15 septembre, le colonel Kalergis, passait pour bien voisin du parti russe, et le premier ministre du nouveau cabinet qu'elle avait impos? au roi Othon, M. Metaxa, en ?tait le chef reconnu. A part m?me ces questions de personnes, <>

Lord Aberdeen ne s'expliquait pas aussi cat?goriquement que moi sur le p?ril de l'influence russe; il restait soigneusement en bons rapports avec le baron de Br?nnow, et l'aidait ? ?luder, dans la conf?rence de Londres, les embarras que lui faisait la col?re affich?e de l'empereur son ma?tre: <> mais son action dans les affaires de Gr?ce et son entente avec nous ? leur sujet ne se ressentaient point de ces m?nagements; elle ?tait de jour en jour plus enti?re et plus confiante; il communiquait souvent ? M. de Jarnac, non-seulement ses instructions officielles, mais ses lettres particuli?res ? sir Edmond Lyons: <>

M?me avant la r?volution du 15 septembre, j'avais fait plus qu'adresser ? M. Piscatory de semblables instructions; j'avais engag? M. Colettis ? ne pas partir imm?diatement pour Ath?nes, o? il venait d'?tre rappel?; je ne voulais pas que sa pr?sence apport?t quelque embarras dans le bon accord naissant entre M. Piscatory et sir Edmond Lyons; et malgr? les vives instances de ses amis, M. Colettis lui-m?me ?tait si bien entr? dans ma pens?e, qu'il avait, en effet, ajourn? son d?part. Apr?s la r?volution du 15 septembre, et quand les ?lections pour l'assembl?e nationale grecque furent ? peu pr?s termin?es, il se d?cida avec raison ? partir. Il vint, vers le milieu d'octobre, prendre cong? de moi ? Auteuil, o? je passais encore les beaux jours d'automne; il ?tait gravement et affectueusement ?mu, avec un peu de solennit? ? la fois naturelle et volontaire; il retournait en Gr?ce apr?s huit ans d'absence; il quittait la France o? il avait ?t? si bien accueilli, o? il avait tant vu et tant appris! <> Je lui r?p?tai, avec la plus amicale insistance, les m?mes conseils, les m?mes recommandations qui, depuis trois ans, avaient rempli nos entretiens. Nous nous embrass?mes et il partit: <> M. Maurocordato ?tait, quelques jours auparavant, revenu de Constantinople ? Ath?nes sur un vaisseau anglais.

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M. Colettis ne trompa point cette attente; toujours soup?onneux au fond de l'?me et toujours digne, m?me en s'effacant, il ne laissa percer aucune m?fiance, aucune exigence personnelle, et mit tous ses soins ? s'entendre avec MM. Maurocordato et Melaxa, ? m?nager les susceptibilit?s jalouses de sir Edmond Lyons, ? contenir ses rudes et impatients amis: <>--<>

Ouverte le 20 novembre 1843, l'assembl?e nationale employa pr?s de quatre mois ? d?battre et ? voter la constitution. On nous avait d'avance demand?, sur ce sujet, ? lord Aberdeen et ? moi, nos plus explicites conseils. M. Colettis, avant son d?part, m'avait m?me instamment pri?, non-seulement de lui ?crire mes id?es quant ? la constitution, mais de les r?diger en articles. Je m'y refusai absolument: <> Mais je ne pouvais me dispenser, et lord Aberdeen lui-m?me me le demandait, de donner, sur cette grande question, des instructions ? Ath?nes pour l'exercice de notre influence commune. J'?crivis donc ? M. Piscatory:

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Pas plus que les individus, les peuples n'aiment ? s'entendre dire qu'ils sont petits et qu'ils feraient bien de s'en souvenir. Partout o? s'?levait, ? cette ?poque, le d?sir d'une constitution, le grand r?gime constitutionnel de la France et de l'Angleterre s'offrait aux esprits, ? la fois avec l'attrait de la nouveaut? et l'empire de la routine; pourquoi ne pas l'adopter tel qu'il ?tait pratiqu? et qu'il avait r?ussi ailleurs? En communiquant ? M. Piscatory mes vues sur la constitution grecque, je lui avais prescrit de ne leur donner aucune forme, aucune apparence officielle, et de les pr?senter aux Grecs uniquement comme les conseils d'un ami convaincu de leur utilit?. Lord Aberdeen, en informant sir Edmond Lyons que j'?crirais avec d?tail, sur ce sujet, ? M. Piscatory, lui avait recommand? d'appuyer mes conseils, mais sans en prendre la responsabilit?. Il avait lui-m?me des doutes sur quelques-unes de mes id?es; et sir Robert Peel, d'un esprit moins libre et plus domin? par ses habitudes anglaises, se montrait plus favorable ? la convocation annuelle de la chambre des d?put?s et contraire ? toute participation du s?nat ? un r?le sp?cial de conseil d'?tat. La constitution grecque, d?lib?r?e par l'assembl?e nationale, accept?e par le roi Othon et promulgu?e le 16 mars 1844, fut monarchique et lib?rale, mais calqu?e sur le mod?le du r?gime constitutionnel de France et d'Angleterre, et destin?e ainsi ? en rencontrer, sur ce petit th??tre, les difficult?s et les p?rils.

Tant que si?gea l'assembl?e nationale charg?e de l'enfantement constitutionnel, la n?cessit? de l'accord et de l'action commune fut sentie et accept?e par tout le monde, par les chefs des partis grecs comme par les diplomates ?trangers. Parmi les anciens amis de M. Colettis beaucoup s'indignaient de son impartialit?, lui reprochaient ses complaisances pour ses anciens adversaires, et le pressaient de se mettre hautement ? leur t?te contre les partisans de MM. Maurocordato et Metaxa, qui ne lui rendaient pas toujours ce qu'il faisait pour eux: <> M. Piscatory le soutenait fermement dans cette difficile ?preuve: <> Sir Edmond Lyons, malgr? ses pr?ventions et ses pr?tentions, ?tait frapp? de cet exemple, et rendait justice ? ceux qui le lui donnaient: <> Il faisait effort lui-m?me pour se conformer aux recommandations de lord Aberdeen, mettre de c?t? l'esprit de parti et maintenir l'entente; mais ses habitudes et son naturel reprenaient souvent leur empire; il rentrait souvent dans ses m?fiances jalouses, dans sa passion d'influence et de domination exclusive. M. Piscatory m'en avertissait et s'en d?fendait, sur les lieux m?mes, vivement mais sans humeur: <> J'informai lord Aberdeen de cet incident: <>

J'?crivis en m?me temps ? M. Piscatory: <>

La constitution faite et promulgu?e, un probl?me bien plus difficile encore s'?levait: il fallait former un minist?re capable de contenir, en le satisfaisant, ce peuple ressuscit? en armes, d'affermir cette royaut? chancelante, de supporter la libert? publique en maintenant la loi. A peine fut-on en pr?sence de cette t?che, que les obstacles et les p?rils ?clat?rent: le minist?re qui ?tait n? de la r?volution et qui avait pr?sid? au travail de la constitution disparut; M. Metaxa donna sa d?mission; il s'?tait brouill? avec M. Maurocordato, et l'attitude de l'empereur Nicolas rendait, pour le parti nappiste, le gouvernement constitutionnel impossible. <>

Les dispositions de M. Colettis m'inqui?taient: il avait mis, ? me les faire conna?tre, sa m?le franchise; avant m?me que la constitution f?t promulgu?e, il avait ?crit au directeur des affaires politiques dans mon minist?re, M. Desages, qui avait son amiti? et toute ma confiance: <>

M. Colettis ne voulait ni courir le risque de s'user dans le premier minist?re charg? de faire le premier essai de la constitution, ni contracter une longue et intime alliance avec M. Maurocordato, le client de l'Angleterre, de la puissance la plus favorable ? la Turquie et la plus contraire ? l'agrandissement de la Gr?ce. Dans son patriotique orgueil, il se r?servait pour un avenir infiniment plus ?loign? qu'il ne le pensait, et qu'il n'?tait pas en ?tat d'avancer d'un jour.

M. Maurocordato h?sitait beaucoup ? se charger seul du pouvoir. Il alla demander ? M. Piscatory s'il pouvait compter sur le concours de la l?gation fran?aise. M. Piscatory lui en donna l'assurance. Le cabinet fut form?. Quelques jours apr?s, M. Maurocordato m'?crivit pour m'expliquer son acceptation et r?clamer de nouveau mon appui qu'une fois d?j? je lui avais pr?t?. Je le lui promis. M. Piscatory s'employa efficacement ? obtenir de M. Colettis la promesse de ne point attaquer le nouveau cabinet: <>

La satisfaction anglaise ne fut pas de longue dur?e; il fut bient?t ?vident que le minist?re Maurocordato ne r?ussirait pas. Son chef ?tait un homme d'un esprit juste et fin, d'une assez grande activit? administrative et diplomatique, d'un patriotisme sinc?re, d'une int?grit? reconnue, mais sans puissance naturelle de caract?re et de volont?, enclin ? mettre partout l'adresse ? la place de l'?nergie, et aussi peu capable de r?sister ? ses amis que de lutter contre ses adversaires. Il n'?tait d'ailleurs le repr?sentant d'aucun des grands partis politiques de la Gr?ce, ni du parti guerrier ni du parti religieux; il venait du Fanar, et les Fanariotes ?taient suspects et odieux au peuple grec. M. Maurocordato n'avait de force que son m?rite personnel, des amis ?pars et l'appui de l'Angleterre. C'?tait trop peu pour la t?che difficile qu'il avait ? accomplir, surtout pour la mise en pratique de la loi ?lectorale que l'assembl?e nationale avait vot?e avec la constitution, et qui devait former la premi?re chambre des d?put?s. Les ?lections tourn?rent contre lui avec ?clat; il n'?tait ?videmment qu'un pouvoir de surface et de passage, sans racines dans le pays; ce fut de ses deux rivaux, MM. Colettis et Metaxa, surtout de M. Colettis, que les ?lections d?montr?rent l'influence et r?clam?rent le gouvernement.

M. Piscatory avait pr?vu ce r?sultat, me l'avait fait pressentir et s'y ?tait lui-m?me pr?par?. Apr?s avoir vivement press? M. Colettis de s'allier avec M. Maurocordato, et avoir loyalement appuy? le cabinet naissant de ce dernier, il avait pris soin de ne pas s'engager, corps et ?me, dans ses destin?es, et de rester en tr?s-bons rapports avec M. Colettis, en ?tablissant hautement, envers celui-ci et ses amis, l'ind?pendance de la politique fran?aise: <>

J'approuvai pleinement cette attitude de notre ministre ? Ath?nes; mais je ne m'en contentai pas; j'avais eu, avec M. Colettis, des relations si intimes qu'elles me donnaient le droit de lui dire sans r?serve ma pens?e. Je lui ?crivis: <

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