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Read Ebook: La petite roque by Maupassant Guy De

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Ebook has 1143 lines and 43966 words, and 23 pages

L'homme, sachant qu'on ne r?sistait pas au maire, repartit d'un pas d?courag? en jetant sur le cadavre un coup d'oeil oblique et craintif.

Des voix lointaines s'?levaient sous les arbres, une rumeur confuse, le bruit d'une foule qui approchait; car M?d?ric, dans sa tourn?e, avait sem? la nouvelle de porte en porte. Les gens du pays, stup?faits d'abord, avaient caus? de ?a dans la rue, d'un seuil ? l'autre; puis ils s'?taient r?unis; ils avaient jas?, discut?, comment? l'?v?nement pendant quelques minutes; et maintenant ils s'en venaient pour voir.

Ils arrivaient par groupes, un peu h?sitants et inquiets, par crainte de la premi?re ?motion. Quand ils aper?urent le corps, ils s'arr?t?rent, n'osant plus avancer et parlant bas. Puis ils s'enhardirent, firent quelques pas, s'arr?t?rent encore, avanc?rent de nouveau, et ils form?rent bient?t autour de la morte, de sa m?re, du m?decin et de Renardet, un cercle ?pais, agit? et bruyant qui se resserrait sous les pouss?es subites des derniers venus. Bient?t ils touch?rent le cadavre. Quelques-uns m?me se baiss?rent pour le palper. Le m?decin les ?carta. Mais le maire, sortant brusquement de sa torpeur, devint furieux, et, saisissant la canne du docteur Labarbe, il se jeta sur ses administr?s en balbutiant: <> En une seconde le cordon de curieux s'?largit de deux cents m?tres.

La Roque s'?tait relev?e, retourn?e, assise, et elle pleurait maintenant dans ses mains jointes sur sa face.

Dans la foule, on discutait la chose; et des yeux avides de gar?ons fouillaient ce jeune corps d?couvert. Renardet s'en aper?ut, et, enlevant brusquement sa veste de toile, il la jeta sur la fillette qui disparut tout enti?re sous le vaste v?tement.

Les curieux se rapprochaient doucement; la futaie s'emplissait de monde; une rumeur continue de voix montait sous le feuillage touffu des grands arbres.

Le maire, en manches de chemise, restait debout, sa canne ? la main, dans une attitude de combat. Il semblait exasp?r? par cette curiosit? du peuple et r?p?tait: <>

Les paysans avaient grand'peur de lui; ils se tinrent au large. Le docteur Labarbe, qui fumait, s'assit ? c?t? de la Roque, et il lui parla, cherchant ? la distraire. La vieille femme aussit?t ?ta ses mains de son visage et elle r?pondit avec un flux de mots larmoyants, vidant sa douleur dans l'abondance de sa parole. Elle raconta toute sa vie, son mariage, la mort de son homme, piqueur de boeufs, tu? d'un coup de corne, l'enfance de sa fille, son existence mis?rable de veuve sans ressources avec la petite. Elle n'avait que ?a, sa petite Louise; et on l'avait tu?e; on l'avait tu?e dans ce bois. Tout d'un coup, elle voulut la revoir, et, se tra?nant sur les genoux jusqu'au cadavre, elle souleva par un coin le v?tement qui le couvrait; puis elle le laissa retomber et se remit ? hurler. La foule se taisait, regardant avidement tous les gestes de la m?re.

Mais, soudain, un grand remous eut lieu; on cria: <>

Deux gendarmes apparaissaient au loin, arrivant au grand trot, escortant leur capitaine et un petit monsieur ? favoris roux, qui dansait comme un singe sur une haute jument blanche.

Le garde champ?tre avait justement trouv? M. Putoin, le juge d'instruction, au moment o? il enfourchait son cheval pour faire sa promenade de tous les jours, car il posait pour le beau cavalier, ? la grande joie des officiers.

Il mit pied ? terre avec le capitaine, et serra les mains du maire et du docteur, en jetant un regard de fouine sur la veste de toile que gonflait le corps couch? dessous.

Quand il fut bien au courant des faits, il fit d'abord ?carter le public que les gendarmes chass?rent de la futaie, mais qui reparut bient?t dans la prairie, et forma haie, une grande haie de t?tes excit?es et remuantes tout le long de la Brindille, de l'autre c?t? du ruisseau.

Le m?decin, ? son tour, donna des explications que Renardet ?crivait au crayon sur son agenda. Toutes les constatations furent faites, enregistr?es et comment?es sans amener aucune d?couverte. Maxime aussi ?tait revenu sans avoir trouv? trace des v?tements.

Cette disparition surprenait tout le monde, personne ne pouvant l'expliquer que par un vol; et, comme ces guenilles ne valaient pas vingt sous, ce vol m?me ?tait inadmissible.

Le juge d'instruction, le maire, le capitaine et le docteur s'?taient mis eux-m?mes ? chercher deux par deux, ?cartant les moindres branches le long de l'eau.

Renardet disait au juge: <>

L'autre, sournois et perspicace, r?pondit: <> Une ruse peut-?tre? Ce crime a ?t? commis ou par une brute ou par un madr? coquin. Dans tous les cas, nous arriverons bien ? le d?couvrir.>>

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