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Read Ebook: Histoires incroyables Tome I by Lermina Jules

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Ebook has 915 lines and 46678 words, and 19 pages

Si par hasard il parvenait ? ouvrir ma porte, s'il s'enfuyait... tout ?tait perdu. Car, ce que je voulais avant tout, c'est qu'il ne p?t pas aller l? o? il allait d'ordinaire. Je voulais d?ranger cette machine, briser un engrenage, affoler la roue.

--Mais non, je n'ai rien ? craindre.

--? vous la donne, capitaine.

Mais ces mots qui br?lent mes l?vres, je ne les prononcerai pas...

D'ailleurs, pourquoi ne puis-je pas chasser le souvenir? Le jeu m'int?resse, la fiche est ? dix dollars... Voyons! faisons un pacte avec moi-m?me. Il est dix heures et demie. ? minuit, je retournerai chez moi. Minuit, c'est bien convenu.

Il marche toujours, lui. Oh! ne dites pas non, j'en suis s?r. C'est comme si j'y ?tais... ses pieds et sa canne heurtent r?guli?rement la dalle de l'antichambre... pan, pan, pan... pan, pan, pan! un bruit r?gulier, une, deux, trois... O? veut-il aller comme cela?

Onze heures et demie! Encore une demi-heure. Allons, je suis content de moi. Mais aussi, pour me r?compenser, je me donne un quart d'heure de gr?ce... je partirai ? minuit moins un quart.

--Capitaine, nous avons gagn? trente-deux fiches, je crois.

--Oui, vous nous quittez?

Comme je souris victorieusement en r?pondant: <>

Voil?. Je mets mon paletot. Au revoir, mes amis. Oh! ils ne se doutent pas de ma joie. J'ai un peu la fi?vre. Je suis comme un amoureux qui court ? son premier rendez-vous. Ma ma?tresse s'appelle ?nigme. C'est un beau nom, n'est-il pas vrai?

Adieu, adieu. Je suis parti.

Je n'y tiens plus, allons.

J'avan?ais tout doucement vers Hamilton-square. Car je ne voulais pas arriver brusquement. Je ne voulais pas ?tre vu, ?tre entendu. Et puis, je me disais en prenant l'autre c?t? de la chauss?e: <>

Et je restai ? la place que j'occupais, clou? par l'?tonnement,--oui, clou?,--comme si tout ? coup une cheville d'un pied e?t transperc? la semelle de mes bottes et e?t ?t? riv?e par une main invisible en dessous du pav?!...

Ce n'?tait point cela le moins du monde. Comment d?finirai-je ce que j'entendais? Ce n'?tait pas un pi?tinement. Oh! non, c'?tait plut?t un roulement. Tr?s vif, sans arr?t. Il n'y avait pas un intervalle d'un dixi?me de seconde entre chacun des sons qui parvenaient ? mon oreille...

Pourquoi donc h?sit?-je ? avancer? Je n'ai pas peur; certes, la terreur est bien loin de mon ?me. Pourtant c'est bien ?trange.

Je penche la t?te en avant, je tends le cou... je regarde!

Je vois!... il peut donc se faire qu'une v?rit? soit plus ?trange que toutes les suppositions?...

Et les deux autres font le m?me man?ge au dehors... C'est une bizarre chose que ces trois mannequins, mus par une m?me ficelle. Ce sont ces six talons qui produisent le roulement... il y a aussi trois cannes...

Quel parti dois-je prendre?

Attendre? Quoi? Que la machine motrice s'arr?te d'elle-m?me... Il y a l? des ressorts d'acier que rien ne d?tendra. Le jour peut avoir une influence sur l'?tranget? de la nuit, cela est vrai. Le chant du coq chasse les fant?mes. Soit; mais il n'y a pas ici de fant?mes, les spectres n'ont pas de talons, et, comme dit le po?te:

Et le souffle muet glissa sur le silence.

Mais cette h?sitation ne dure pas... je me glisse doucement jusqu'? ma porte, je monte deux degr?s du perron, je suis derri?re mes deux ?tranges visiteurs. Et, sans qu'ils s'en aper?oivent--car, sur mon ?me ils ne s'en aper?oivent pas--je passe mon bras entre eux deux, j'introduis la cl? dans ma serrure qui grince, et d'un ?lan brusque, j'ouvre la porte...

Derni?rement, sur la ligne ferr?e du Massachusetts, deux locomotives, --choses de fer et d'acier,--se pr?cipit?rent l'une sur l'autre. Eh bien! par Jupiter,--proportionnellement ? la masse projet?e,--le choc ne fut pas plus violent.

Les deux gentlemen heurt?rent Golding, qui heurta les deux gentlemen.

Puis il y eut un cri,--ou plut?t trois cris en un seul...

Et ils s'enfuyaient dans la direction du parc, avec leur fardeau ballott?, cahot?, tressautant.

Qu'auriez-vous fait? Ce que je fis.

Je courus apr?s eux. Mais, bast! ces jambes-l? ?taient de fer; je les vis, longtemps, bondissant ? travers les rues, les squares, les avenues, l'emportant, lui,--et avec lui mon secret,--et je dus m'arr?ter, haletant, ?puis?, soufflant et m'appuyant les deux mains au c?t?... Ils ?chapp?rent ? ma vue.

Voyons. Me voici chez moi, bien calme, bien repos?. Il faut que je r?fl?chisse.

Quels sont les autres ?l?ments du probl?me?

Prenons deux points math?matiques A et B, pla?ons-les comme ceci:

A................................. B

Je repasse soigneusement mes d?ductions. Elles sont justes.

Occupons-nous maintenant de la conclusion, qui servira de base ? mes recherches ult?rieures.

Cette conclusion, la voici, telle qu'elle sort tout arm?e de mon cerveau.

Golding doit tous les soirs aller retrouver les deux gentlemen. Il ne peut s'en dispenser. Eux de leur c?t? ne peuvent rester s?par?s de Golding.

Le lendemain, de bonne heure, j'?tais chez Golding. Je ne vous dissimulerai pas qu'il m'avait fallu une certaine audace pour me rendre chez le sollicitor.

Mais la curiosit? fut plus forte que l'inqui?tude. Je voulais savoir s'il se souviendrait. Pourquoi ce doute? Il ?tait bien ?vident qu'il ne pouvait avoir oubli? ce qui s'?tait pass? la veille au soir, ? moins que...

Et tenez, j'avais raison. Voil? ma?tre Golding qui me re?oit avec la plus grande affabilit?. Bien mieux. Il me parle de notre petit repas et d'une certaine sauce, comme si rien que de tr?s naturel n'avait accompagn? son d?part. Il est toujours le m?me, teint fleuri, oeil ?merillonn?. Je crois qu'au besoin il accepterait une seconde invitation.

Je me retire. Mon plan est fait. Vous l'avez devin?. Pour proc?der par ordre, il faut maintenant conna?tre deux autres points importants:

Ceci me para?t facile. ? six heures, je serai l?.

Oh! je vous avoue que j'ai la fi?vre. C'est une rude t?che que j'ai entreprise; mais aussi que son accomplissement me promet de jouissances!

Je saurai tout... Quand je prononce ces trois mots, je sens que je serai pay? au centuple de mes peines.

Aussi, dix minutes avant que l'heure sonne, je suis l?, blotti dans un coin, ? quelques pas de sa porte. Je sais qu'il est dans son ?tude. Je n'aurais pas commis cet enfantillage de ne pas m'en assurer.

Ces dix minutes me paraissent un si?cle. Elles passent cependant--trop lentement--mais elles passent. L'attention pr?te m?me ? mes sens une telle finesse que j'entends--je suis s?r que je l'entends--le timbre f?l? de sa pendule.

Nous avons suivi Broadway quelque temps. Nous sortons de la ville. Nous allons au faubourg. Nous arpentons la route--arpenter est le mot, car chacun de ses pas a une dimension fixe, implacable.

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