Read Ebook: La capitaine by Chevalier H Emile Henri Emile
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Ebook has 926 lines and 23017 words, and 19 pages
Les vergues ployaient sous le poids des matelots pr?ts ? ob?ir au commandement du capitaine, qui arpentait la galerie m?diane, une lunette et un porte-voix ? la main.
Il ?tait costum? et masqu? comme d'habitude, seulement sous sa blouse de soie noire, il avait endoss? une cotte de mailles en acier, tr?s-fine, ? l'?preuve de l'arme blanche et de la balle.
Le major Vif-Argent se dirigea vers lui:
--Oui, mon digne docteur, r?pondit le comte; et nous aurons l'honneur de lier la conversation avec le vice-amiral.
--Le mari de madame Stevenson?
Il emboucha son porte-voix.
--Range ? hisser les bonnettes hautes et basses!
Il ?tait chaudement poursuivi par trois navires qu'on apercevait ? deux milles de distance.
Cependant, gr?ce ? sa marche sup?rieure, il aurait r?ussi ? leur ?chapper, pour un temps au moins; mais la brise fra?chit, ronfla dans les voiles avec un grondement de tonnerre, et tout ? coup le m?t d'artimon, cassa en deux au chouquet de la grand'vergue.
Il s'abattit sur le pont, tua et blessa, quelques personnes.
--Allons, voici ma besogne qui commence, dit le docteur, en descendant de la galerie.
Son allure se ralentit.
--A la mer le m?t d'artimon! cria le capitaine.
Le bruit des haches r?sonna, l'arbre fut coup? au niveau de la batterie et pr?cipit? dans les flots avec tout son gr?ement.
--Samson, ? ton poste, mon camarade, ordonna Lancelot, et envoie ta drag?e ? ce mendiant de vaisseau-amiral, qui nous gagne.
--Oui, ma?tre, r?pondit le colosse.
Il s'avan?a pr?s de la caronade, dont la bouche monstrueuse formait la gueule du requin sculpt? ? la proue, pointa cette pi?ce et y mit le feu.
Un ?clair, un nuage de fum?e, une explosion formidable s'en suivirent.
--Touch?! tu l'as touch? dans les oeuvres vives! c'est bien, Samson, dit le capitaine.
--Oui, ma?tre, r?pliqua l'Hercule, en saluant militairement sans quitter la caronade.
--Mes enfants, reprit le commandant, pr?parez-vous au combat. Ils sont trois contre nous; vous savez votre devoir!
Lancelot ne pouvait plus ?chapper ? la poursuite dont il ?tait l'objet, la rupture de son m?t d'artimon ayant alourdi le navire. Il r?solut aussit?t d'affronter l'ennemi et de l'?tonner par son audace. En cons?quence, il fit serrer une partie des voiles, virer de bord et pousser droit aux agresseurs.
Le fracas de l'artillerie couvrit bient?t tous les autres bruits; et des tourbillons de vapeur voil?rent les objets.
Les autres ?taient des bricks.
Longtemps il ?choua, press? qu'il ?tait par ces petits navires qui le mitraillaient avec fureur.
Enfin, il parvint ? mettre le feu ? l'un. L'autre craignant d'?tre envahi par l'incendie prit le large, et Lancelot profita de sa retraite momentan?e pour se jeter par b?bord sur le vaisseau-amiral au risque de se briser lui-m?me.
Aussit?t des hommes adroits, robustes, debout sur le beaupr? et les vergues de misaine, lanc?rent les lourdes griffes de fer destin?es ? amarrer les deux navires l'un ? l'autre. Puis, comme des vautours, ils fondirent sur les Anglais la hache ou le sabre ? la main, le poignard entre les dents.
Toujours sur sa galerie, les yeux ?tincelants sous son masque, Arthur Lancelot faillit tomber ? la renverse, tant fut violent le choc de cette bord?e.
--Samson, dit le capitaine, allonge-moi vite un soufflet sur la joue de ce braillard ou mal va nous arriver.
Le balafr? fit pivoter sa caronade, ajusta le brick et lui lan?a, dans la car?ne, sous l'?peron, un ?norme boulet de quarante-huit.
--Bravo! bravo! dit Lancelot.
--Oui, ma?tre, r?pliqua l'artilleur imperturbable.
Une grande consternation s'observait sur le brick.
--Trois pieds de bordage en d?rive! venait de crier le ma?tre-calfat.
La r?percussion d'un nouveau coup de canon retentit.
La seconde fr?gate des forbans accourait, en effet, toutes voiles dehors.
Samson y fut aussit?t que lui.
A l'instant o? il arrivait, un jeune enseigne, arm? d'une ?p?e nue, attaqua l'intr?pide capitaine, qui fut bless? au cou, avant d'avoir pu se mettre en garde.
Il tomba, baign? dans son sang.
Samson se rua sur le jeune homme, lui arracha son ?p?e, la brisa comme un verre, et il allait ?trangler l'enseigne, renvers?, r?lant sous son genou.
Mais Lancelot lui dit, d'une voix ?teinte:
--Non... ne le tue pas... ne lui fais pas de mal... prot?ge-le... Je le veux... Qu'il ne voie pas la femme!... Retournez ? Anticosti...
TROISI?ME PARTIE
ANTICOSTI
L'ILE D'ANTICOSTI
Est-il un voyageur europ?en, parcourant les grasses prairies du nord-ouest am?ricain; les immenses et f?condes vall?es de la rivi?re Rouge, la Saskatchaouane, l'Assiniboine, et cette terre promise nomm?e la Colombie o? la flore et la faune des parties de l'univers les plus riches et les plus oppos?es ont form? un charmant hymen pour offrir ? ce coin de l'autre h?misph?re, des produits merveilleux dont l'excellence seule ?gale la beaut?; est-il, dis-je, un voyageur qui ne d?plore l'ignorance ou l'apathie d'une portion de notre population, condamn?e par son insouciance ? v?g?ter sur un sol ?puis? ou ? languir, ? s'?tioler au souffle empoisonn? des grandes villes manufacturi?res?
Un voyage de quelques semaines, quelques ann?es d'un travail assidu, d'une sobri?t? salutaire, et ces malheureux se seraient procur? ? eux, ? leurs enfants, ? leurs pauvres enfants, une vie large et abondante, une sant? vigoureuse; ils verraient en perspective un avenir des plus brillants.
Mais, sans aller aussi loin, sans mettre entre sa m?re-patrie et sa patrie adoptive plus de huit jours d'intervalle, on trouve, dans le Nouveau-Monde, un emplacement magnifique, qui pr?senterait ? des entreprises agricoles ou commerciales, conduites sur une grande ?chelle, des avantages inimaginables.
Terres fertiles, bois giboyeux, la c?te la plus poissonneuse des deux continents, voil? les ressources premi?res de ces lieux situ?s aux portes de l'Am?rique septentrionale, sup?rieurement d?fendus par la nature, et cependant ? peu pr?s inconnus ? la civilisation.
C'est l'?le d'Anticosti, dont l'exploration g?ologique officielle ne fut entreprise qu'en 1856, par la Commission canadienne, sous la direction de sir William Logan. et encore M. Murray qui fit cette exploration, ne p?n?tra-t-il qu'? dix ou douze milles ? l'int?rieur.
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