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Read Ebook: Poignet-d'acier Ou Les Chippiouais by Chevalier H Emile Henri Emile

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Ebook has 2480 lines and 48306 words, and 50 pages

--Par le diable, cela m'est bien ?gal, je n'ai pas besoin de ses subsides, r?pliqua James avec suffisance.

--Je crois que vous avez tort, observa Robin; la proposition qu'il vous fait est tr?s-acceptable. Le m?tier d'avocat ne vaut pas grand'chose ? Qu?bec et m?me dans tout le Canada. Nos jeunes gens r?pugnent au commerce; telle est la cause de l'appauvrissement journalier de la population fran?aise ici. ?gar?s par un syst?me d'?ducation cl?ricale vicieux, nous voulons faire ce que nous appelons nos classes, et ensuite, honteux ou incapables d'entrer dans le n?goce, nous nous jetons dans le barreau, la m?decine ou la pr?trise. Avocats sans clients, m?decins sans malades, pr?tres sans vocation!

--Et artistes? fit James avec un ?clat de rire.

--Oui, artistes comme moi, sans mod?les, sans critiques, par cons?quent sans talent.

--Je ne voulais pas dire cela, s'?cria Mac Carthy avec un accent quelque peu ironique.

--Passons, dit Robin, voulez-vous avoir mon opinion?

--Sur quoi?

--Sur votre conduite.

--Allez!

--Eh bien! franchement, vous devriez condescendre ? la pri?re de votre p?re.

--Que n'ai-je votre enthousiasme pour les Peaux-Bouges! fit distraitement James.

--Il ne s'agit pas de mon enthousiasme, mais de votre avenir. Je suis votre ami, votre a?n?, laissez-moi vous donner un bon et loyal conseil.

--Comme il vous plaira, dit James en ?touffant un b?illement.

--Retournez ? la factorerie.

Mac Carthy lui jeta un coup d'oeil oblique.

--Oui, appuya Robin, retournez-y, vos meilleurs int?r?ts le commandent. Car que gagnez-vous ? Qu?bec? cinq cents piastres par an au plus; ? force de travail et d'intrigues, vous arriverez peut-?tre ? mille...

--Peuh! interrompit James d'un ton incr?dule.

--C'est comme cela, pourtant, mon cher. Tandis que, si vous ?coutez votre p?re, dans quelques ann?es vous le remplacerez au poste de commandant du fort du Prince-de-Galles, avec mille louis d'appointements, une ind?pendance compl?te, et la position la plus enviable du monde.

--Que je vous abandonne bien volontiers, en paiement de votre avis!

--Ah! si c'?tait possible!

Et Robin retomba dans sa pr?occupation, sans pr?ter attention aux regards de satisfaction et de haine que son compagnon dardait de temps en temps sur lui.

Le reste du trajet s'effectua dans une sorte de silence, coup? seulement par quelques propos sans importance.

A Lorette, Alfred Robin arr?ta sa voiture devant une ?l?gante villa, ?lev?e dans une prairie, sur les bords de la cataracte.

Un domestique indien re?ut de son ma?tre les r?nes du cheval, et les deux amis s'avanc?rent vers la maison.

En haut du p?ristyle, une jeune et charmante femme attendait.

C'?tait madame Victorine Robin, n?e de Nelsac.

Elle avait ?pous? Alfred contre le gr? de ses parents, et ? la suite d'aventures assez romanesques, puisque son p?re l'ayant, pour la s?parer de son amant, envoy?e dans un couvent au fond de la Colombie, ? plus de deux mille lieues de Qu?bec, le jeune homme s'?tait bravement mis en route aussit?t la retraite de Victorine connue, et, apr?s mille dangers, l'avait enlev?e du monast?re, ramen?e dans les ?tablissements civilis?s, et ?pous?e ? New-York .

De l?, les deux jeunes gens ?taient venus se fixer ? Lorette, qu'ils habitaient depuis six ans.

Loin de leur pardonner, M. et madame de Nelsac avaient quitt? Qu?bec ? la nouvelle de ce mariage et pass? en Angleterre, o? ils r?sidaient actuellement.

Cependant, le public, d'abord peu favorablement dispos? pour les h?ros de cette histoire, avait fini par les absoudre en faveur du rare exemple de vertus conjugales qu'ils offraient ? tous.

On les proposait pour mod?le, et, assur?ment, ils ?taient dignes de cet honneur.

D?s qu'elle aper?ut son mari, Victorine, rougissante de plaisir, se pr?cipita dans ses bras.

James Mac Carthy, qui marchait ? quelques pas de Robin, fr?mit; il serra convulsivement les poings; une expression de jalousie atroce tortura ses traits.

--Comme tu as ?t? longtemps absent! disait madame Robin, en s'appuyant tendrement au bras d'Alfred.

--Mais il est ? peine midi!

--Mais monsieur est parti ? quatre heures du matin! c?lina-t-elle.

--Il en ?tait bien cinq, ch?re!

--Pour mon coeur il est toujours trop t?t quand tu t'?loignes de moi.

Se penchant l?g?rement, Robin donna un baiser ? Victorine.

Les dents de Mac Carthy criss?rent. Il tira son mouchoir et le mit sur sa figure pour cacher l'irritation ? laquelle il ?tait en proie.

--Mais tu ne dis rien ? notre ami James, qui a bien voulu venir partager notre d?ner? fit Alfred en se retournant.

Le front de la jeune femme se couvrit d'un nuage.

--Monsieur est bien bon, murmura-t-elle en baissant les yeux.

--Ah ?a, est-ce que vous nous bouderiez, par hasard? s'?cria gaiement Robin, remarquant l'air contraint de Mac Carthy et de Victorine.

--Je viens d'?tre pris d'un mal de dents..., commen?a le premier.

--Mal de dents, mal d'amour, r?pliqua Alfred. Tenez, je vous prie, compagnie ? ma femme, ajouta-t-il en souriant; j'ai laiss? dans la voiture certains objets...

--Quelque nouveau pr?sent, je gage, dit Victorine, essayant de prendre un ton d?gag?.

--Tu verras, ch?re, tu verras, r?pondit Alfred, qui courut aussit?t vers la remise.

D?s qu'il eut disparu, Mac Carthy se rapprocha vivement de la jeune femme, et, lui saisissant la main, avant qu'elle e?t pu s'opposer ? son dessein:

--Madame, lui dit-il, vous savez que je vous aime...

--Taisez-vous, monsieur! je ne souffrirai pas ce langage! r?pliqua-t-elle avec un brusque effort pour retirer les doigts qu'il pressait dans les siens.

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