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Read Ebook: Une Pupille Genante by Dombre Roger

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Ebook has 1933 lines and 48916 words, and 39 pages

Roger DOMBRE , Une pupille g?nante , ici dans l??dition de 1926

Produit par Daniel FROMONT

Collection Familia

Roger DOMBRE

Une Pupille g?nante

PARIS

GAUTIER ET LANGUEREAU, EDITEURS

Tous droits de traduction d?adaptation et de reproduction r?serv?s pour tous pays.

UNE PUPILLE GENANTE

PREMIERE PARTIE

Jacques Simi?s ouvrit un ?il, puis l?autre, b?illa, s??tira et demanda ? son valet de chambre, Lazare, qui venait ?carter les persiennes:

? Lazare, quelle heure est-il?

? Monsieur, il est dix heures.

? Quel temps fait-il?

? Ni beau ni laid, Monsieur, et le barom?tre est au variable.

? Bien, comme cela tu ne te compromets pas. Y a-t-il des lettres?

? Pas beaucoup: voici le courrier d?ailleurs, Monsieur peut voir.

Et Lazare d?posa sur la table de nuit quelques journaux et quelques enveloppes m?diocrement garnies.

? Tant que cela? fit indolemment le viveur en s??tirant de plus belle. Bah! ? tout ? l?heure les affaires s?rieuses. Lazare, j?ai faim.

? Je vais apporter ? Monsieur son chocolat.

? Tr?s cuit surtout. Cette brute de C?sarine m?envoie toujours de l?eau chaude.

? Je vais y veiller, Monsieur.

Et, apr?s avoir laiss? entrer lentement dans la chambre un jour att?nu? par les rideaux de guipure, Lazare sortit.

Simi?s referma les yeux avec un indicible sentiment de bien- ?tre, et dans son cerveau encore engourdi flotta la vision de la veille.

Ah! la bonne soir?e qu?il avait pass?e au caf? de Paris! Dieu! qu?on avait ri! Ce diable de Pinsonneau en avait-il racont? des farces de sa vie de garnison! et avait-on assez raill? le clerg?, les pr?tres et les m?meries des cl?ricaux! et l?excellent Mo?t qu?on y avait sabl?, sans compter le Moselle p?tillant et le Tockay exquis!

Par exemple les cigares laissaient un peu ? d?sirer, mais Simi?s ?tait rendu difficile par ceux que lui envoyait son ami de la Nouvelle-Orl?ans.

D?cid?ment ce souper et les rires qui l?avaient accompagn? l?avaient creus?; et ce diable de Lazare qui n?apportait pas son d?jeuner, quel lambin, quelle brute! c??tait ? lui casser une canne sur le dos!

En attendant, Simi?s allait lire son courrier; il se souleva sur son lit pour se mettre sur son s?ant non sans esquisser une grimace de douleur.

? Ces s... rhumatismes! g?mit-il.

C?est que celui qu?on appelait jadis le beau Simi?s avait soixante ans, et bien heureux encore ?tait-il d?en ?tre quitte ? si bon march? avec les infirmit?s de cet ?ge.

Il attira ? lui son binocle qu?il ajusta sur son nez et prit dans la masse une carte bleut?e sur laquelle courait une ?criture ?l?gante.

? Bon! dit-il avec ennui, une demande d?argent; je connais ?a, mais cette fois encore je ferai la sourde oreille, car j?ai pour principe qu?il ne faut pas pr?ter aux autres, surtout ? ceux qui, selon toute probabilit?, ne peuvent rendre ce qu?ils ont emprunt?. Qu?est-ce encore? Ah! Cathellin qui m?invite ? d?ner: ma foi, ce ne sera pas dr?le, des jeunes mari?s! Quelle id?e aussi lui a pris d??pouser cette veuve?... Quant aux journaux, voyons... voici le Figaro, l?Intransigeant... Tiens, le Quotidien qui manque ? l?appel? Ces gredins l?auront gard? ? la cuisine pour le d?guster avant moi, je vais leur laver la t?te d?importance... Par le diable, qu?est-ce que cette ?p?tre sur papier d?affaires, qui s?est gliss?e sous les gazettes?... Bien! ma?tre Briant, le notaire de L?o!... qu?est-ce qu?il peut avoir ? m?apprendre?... Pourvu que cet imb?cile de L?o n?ait pas commis encore quelque b?vue! il n?a jamais r?ussi en rien. Et moi qui ai des capitaux dans sa plantation des Antilles; pas lourds, heureusement; la perte ne serait pas grande. Diable! quatre pages de th?me; il est ?pistolier, le notaire! voyons ce qu?il me veut.

Simi?s se mit ? lire attentivement: le soleil, p?lot et terne, joua cependant un instant sous les rideaux aux teintes douces, arrachant une ?tincelle d?argent aux aciers des chenets, au bronze dor? des cand?labres, aux socles des coupes; baisant au passage le visage rieur d?un faune de marbre.

Simi?s l??picurien lisait toujours; autour de lui tout respirait non seulement le bien-?tre, mais le luxe absolu ?panoui l? sans lourdeur, avec go?t, avec art, selon le caprice du possesseur ?go?ste et raffin?.

Lorsque Lazare reparut, portant en ?quilibre sur sa main le plateau o? fumait le chocolat vanill? et onctueux accompagn? de r?ties toutes chaudes, il faillit reculer ? la vue de son ma?tre: soulev? sur sa couche moelleuse, celui-ci, furieux, montrait le poing au ciel de lit qui n?en pouvait mais et froissait dans ses doigts une lettre lac?r?e. Son visage, ordinairement rose et empreint d?une expression railleuse, ?tait devenu jaune, marbr? de taches fonc?es; ses yeux verd?tres flamboyaient; ses cheveux gris se h?rissaient de col?re sur le cr?ne l?g?rement d?pouill? au sommet du front.

Simi?s n??tait pas beau ? voir ainsi, lui qui passait en g?n?ral pour un homme encore agr?able ? regarder en d?pit de son ?ge m?r.

En apercevant son valet de chambre, il l?apostropha rudement:

? Allons, maraud, t?te de buse, animal, on ne veut donc pas que je d?jeune ce matin?

? Monsieur avait recommand? que son choc...

? Butor! vas-tu raisonner? apporte-moi ?a et plus vite.

Tout tremblant, Lazare ob?it.

Lorsque Simi?s eut aval? une gorg?e du liquide fumant, il s??cria avec un redoublement de fureur:

? Triple brute, ? pr?sent tu veux m??bouillanter! Ne pouvais-tu m?avertir que le chocolat sortait du feu? Assassin, va! J?ai la peau de la langue enlev?e; vous l?avez fait expr?s; vous voulez ma mort, vous autres idiots. Tiens!

Et, d?un geste violent, Simi?s envoya rouler la tasse et son contenu sur le tapis, entre les jambes de l?infortun? Lazare qui se mit ? hurler de douleur.

Cela fit rire Simi?s et Lazare se calma; au fond il savait que les boutades de ce ma?tre exigeant ne duraient pas et qu?il fallait les supporter; il y avait tant de petits profits ? ramasser dans cette maison de c?libataire riche! c?e?t ?t? folie de la quitter.

? Tu vas nettoyer le tapis, reprit M. Simi?s en indiquant la tache noir?tre ?tal?e sur la moquette rouge.

? Monsieur me permettra au moins de changer de pantalon? r?pondit piteusement Lazare.

? Va! mais fais vite. Il s?imagine que sa peau est br?l?e peut-?tre! ces gens sont si douillets! grommela Simi?s en s?allongeant dans son lit avec b?atitude.

? Qu?est-ce que Monsieur va prendre ? la place de son chocolat? demanda Lazare pr?t ? sortir.

? Du th? et qu?on ne me fasse pas attendre.

Dix minutes apr?s, Lazare rentrait, la th?i?re sur le plateau, une ?ponge dans l?autre main pour r?parer les m?faits de son ma?tre.

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