bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: La San-Felice Tome 05 by Dumas Alexandre

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 876 lines and 36315 words, and 18 pages

u'il avait re?u, et il se confiait ? eux.

Seulement, il lui fut d?montr? plus clair que jamais que toutes les attentions successives et croissantes qu'avait eues pour lui le directeur de la forteresse n'avaient d'autre but que d'amener Nicolino ? lui faire quelque ouverture ou ? recueillir les siennes; ce qui serait arriv?, sans aucun doute, si Nicolino ne se f?t, ? cause de l'avis re?u, tenu sur la r?serve.

Le temps s'?coula sans aucun rapprochement entre le gouverneur et son prisonnier. Seulement, comme par oubli, celui-ci eut la permission de rester sur le rempart.

Dix heures sonn?rent. On se rappelle que c'?tait l'heure indiqu?e par Maliterno ? l'archev?que, pour sonner, sous peine de mort, toutes les cloches de Naples. A la derni?re vibration des bronzes, toutes les cloches ?clat?rent ? la fois.

Nicolino ?tait pr?par? ? tout, except? ? ce concert de cloches, et le gouverneur, ? ce qu'il para?t, n'y ?tait pas plus pr?par? que lui; car, ? ce bruit inattendu, Roberto Brandi se rapprocha de son prisonnier et le regarda avec ?tonnement.

--Oui, je comprends bien, dit Nicolino, vous me demandez ce que signifie cet effroyable charivari; j'allais vous faire la m?me question.

--Alors, vous l'ignorez?

--Parfaitement. Et vous?

--Moi aussi.

--Alors, promettons-nous que le premier des deux qui l'apprendra en fera part ? son voisin.

--Je vous le promets.

--C'est incompr?hensible, mais c'est curieux, et j'ai pay? bien cher, souvent, ma loge ? Saint-Charles pour voir un spectacle qui ne valait pas celui-ci.

Mais, contre l'attente de Nicolino, le spectacle devenait de plus en plus curieux.

En effet, comme nous l'avons dit, arr?t?s au milieu de leur infernale besogne par une voix qui semblait leur parler d'en haut, les lazzaroni, qui entendent mal la langue c?leste, coururent en demander l'explication ? la cath?drale.

Les deux spectateurs, pour lesquels on e?t pu croire que le spectacle ?tait fait, virent alors l'?trange procession sortir de l'?glise, au milieu des pleurs, des cris, des lamentations. Les torches ?taient si nombreuses et jetaient un tel ?clat, qu'? l'aide de sa lunette, que le commandant envoya chercher, Nicolino reconnut l'archev?que sous son dais, portant le saint sacrement, les chanoines portant ? ses c?t?s le sang et la t?te de saint Janvier, et enfin, derri?re les chanoines, Maliterno et Rocca-Romana, dans leur ?trange costume, ne portaient rien, ou plut?t portaient, de tous les poids, le plus pesant: les p?ch?s du peuple.

Nicolino savait son fr?re Rocca-Romana aussi sceptique que lui, et Maliterno aussi sceptique que son fr?re. Il fut donc, malgr? la grande pr?occupation qui le tenait, pris d'un rire hom?rique en reconnaissant les deux p?nitents.

Quelle ?tait cette com?die? dans quel but ?tait-elle jou?e? C'?tait ce que ne pouvait s'expliquer Nicolino que par ce m?lange, tout particulier ? Naples, du grotesque au sacr?.

Sans doute, entre onze heures et minuit, aurait-il l'explication de tout cela.

Roberto Brandi, qui n'attendait aucune explication, paraissait plus inquiet et plus impatient que son prisonnier; car lui aussi connaissait Naples et se doutait qu'il y avait quelque immense pi?ge cach? sous cette com?die religieuse.

Nicolino et le commandant suivirent des yeux, avec la plus grande curiosit?, la procession dans les diff?rentes ?volutions qu'elle accomplit depuis sa sortie de la cath?drale jusqu'? sa rentr?e; puis ils virent le bruit diminuer, les torches s'?teindre, et y succ?der le silence et l'obscurit?.

Quelques maisons auxquelles le feu avait ?t? mis continu?rent de br?ler; mais personne ne s'en occupa.

Onze heures sonn?rent.

--Je crois, dit Nicolino, qui d?sirait suivre les instructions du billet en rentrant dans son cabinet, je crois que la repr?sentation est termin?e. Qu'en dites-vous, mon commandant?

--Je dis que j'ai encore quelque chose ? vous faire voir avant que vous rentriez chez vous, mon cher prisonnier.

Et il lui fit signe de le suivre.

--Nous nous sommes, lui dit-il, jusqu'? pr?sent pr?occup?s de ce qui se passe ? Naples, depuis Mergellina jusqu'? la porte Capuana,--c'est-?-dire ? l'ouest, au midi et ? l'est:--occupons-nous un peu de ce qui se passe au nord. Quoique ce qui nous vient de ce c?t? fasse peu de bruit et jette peu de lumi?re, cela vaut la peine que nous y accordions un instant d'attention.

Nicolino se laissa conduire par le gouverneur sur la partie du rempart exactement oppos?e ? celle du haut de laquelle il venait de contempler Naples, et, sur les collines qui enveloppent la ville, depuis celle de Capodimonte jusqu'? celle de Poggioreale, il vit une ligne de feux dispos?s avec la r?gularit? d'une arm?e en marche.

--Ah! ah! fit Nicolino, voil? du nouveau, ce me semble.

--Oui, et qui n'est pas sans int?r?t, n'est-ce pas?

--C'est l'arm?e fran?aise? demanda Nicolino.

--Elle-m?me, r?pondit le gouverneur.

--Demain, alors, elle entrera ? Naples.

--Oh! que non! On n'entre point ? Naples comme cela quand les lazzaroni ne veulent pas qu'on y entre. On se battra deux, trois jours, peut-?tre.

--Eh bien, apr?s? demanda Nicolino.

--Apr?s?... Rien, r?pondit le gouverneur. C'est ? nous de songer ? ce que peut, dans un pareil conflit, faire de bien ou de mal ? ses alli?s, quels qu'ils soient, le gouverneur du ch?teau Saint-Elme.

--Et peut-on savoir, en cas de conflit, pour qui seraient vos pr?f?rences?

Et, comme, tout en causant, on ?tait arriv? au haut de l'escalier qui conduisait aux prisons inf?rieures, le ge?lier reconduisit Nicolino ? son cachot et l'y enferma, comme d'habitude, ? double tour.

Nicolino se trouva dans la plus compl?te obscurit?.

Par bonheur, les instructions qu'il avait re?ues n'?taient point difficiles ? suivre. Il se dirigea ? t?tons vers son lit, le trouva et se jeta dessus tout habill?.

A peine y ?tait-il depuis cinq minutes, qu'il entendit le cri d'alarme, cri suivi d'une fusillade assez vive et de trois coups de canon.

Puis tout rentra dans le silence le plus absolu.

Qu'?tait-il arriv??

Nous sommes oblig?s de dire que, malgr? le courage bien ?prouv? de Nicolino, le coeur lui battait fort en se faisant cette question.

Dix autres minutes ne s'?taient point ?coul?es, que Nicolino entendit un pas dans l'escalier, une clef tourna dans la serrure, les verrous grinc?rent et la porte s'ouvrit, donnant passage au digne commandant, ?clair? d'une bougie qu'il tenait lui-m?me ? la main.

Roberto Brandi referma la porte avec la plus grande pr?caution, d?posa sa bougie sur la table, prit une chaise et vint s'asseoir pr?s du lit de son prisonnier, qui, ignorant absolument o? aboutirait toute cette mise en sc?ne, le laissait faire sans lui adresser une seule parole.

--Eh bien, lui dit le gouverneur lorsqu'il fut assis ? son chevet, je vous le disais bien, mon cher prisonnier, que le ch?teau Saint-Elme ?tait d'une certaine importance dans la question qui doit se plaider demain.

--Et ? quel propos, mon cher commandant, venez-vous, ? une pareille heure, vous f?liciter pr?s de moi de votre perspicacit??

--Parce que c'est toujours une satisfaction d'amour-propre, que de pouvoir dire ? un homme d'esprit comme vous: <> ensuite parce que je crois que, si nous attendons ? demain pour causer de nos petites affaires, dont vous n'avez pas voulu causer ce soir,--je sais maintenant pourquoi,--si nous attendons ? demain, dis-je, il pourra bien ?tre trop tard.

--Voyons, mon cher commandant, demanda Nicolino, il s'est donc pass? quelque chose de bien important depuis que nous nous sommes quitt?s?

--Allons, allons, dit Nicolino en se levant, ramassez les atouts, abattez votre jeu, et causons.

--Causons! dit le gouverneur, c'est bient?t dit.

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top