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Read Ebook: La Tulipe Noire by Dumas Alexandre

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Ebook has 679 lines and 36856 words, and 14 pages

--Eh! vite, vite, vite, mes maOEtres, les entendez-vous? cria le cocher tout effar,.

Mais apr?s avoir fait monter Corneille le premier, le grand pensionnaire se retourna vers la jeune fille.

--Adieu, mon enfant, dit-il; tout ce que nous pourrions te dire ne t'exprimerait que faiblement notre reconnaissance. Nous te recommandons ... Dieu, qui se souviendra, j'esp?re, que tu viens de sauver la vie de deux hommes.

Rosa prit la main qui lui tendait le grand pensionnaire et la baisa respectueusement.

--Allez, dit-elle, allez, on dirait qu'ils enfoncent la porte.

Jean de Witt monta pr,cipitamment, prit place pr?s de son fr?re, et ferma le mantelet de la voiture en criant:

--Au Tol-Hek!

Le Tol-Hek ,tait la grille qui fermait la porte conduisant au petit port de Schweningen, dans lequel un petit b?timent atttendait les deux fr?res.

La voiture partit au galop de deux vigoureux chevaux flamands et emporta les fugitifs. Rosa les suivit jusqu'... ce qu'ils eussent tourn, l'angle de la rue. Alors elle rentra fermer la porte derri?re elle et jeta la clef dans un puits.

LES MASSACREURS

Les rugissements de la foule ,clataient comme un tonnerre, car il lui ,tait bien d,montr, que Corn,lius de Witt n',tait plus dans la prison. En effet, Corneille et Jean avaient pris la grande rue qui conduit au Tol-Hek, tout en recommandant au cocher de ralentir le pas de ses chevaux pour que le passage de leur carrosse n',veill?t aucun soup?on. Mais arriv, au milieu de cette rue, quand il vit de loin la grille, le cocher n,gligea tout pr,caution et mit le carrosse au galop.

Tout ... coup il s'arr^ta.

--Qu'y a-t-il? demanda Jean en passant la t^te par la porti?re.

--Oh! mes maOEtres, s',cria le cocher, il y a ...

La terreur ,touffait la voix du brave homme.

--Voyons, ach?ve, dit le grand pensionnaire. --Il y a que la grille est ferm,e. --Comment! la grille est ferm,e? Ce n'est pas l'habitude de fermer la grille pendant le jour. --Voyez plut"t.

Jean de Witt se pencha en dehors de la voiture et vit en effet la grille ferm,e.

--Va toujours, dit Jean, j'ai sur moi l'ordre de commutation, le portier ouvrira.

La voiture reprit sa course, mais on sentait que le cocher ne poussait plus ses chevaux avec la m^me confiance. Puis en sortant sa t^te par la porti?re, Jean de Witt avait ,t, vu et reconnu par un brasseur qui poussa un cri de surprise, et courut apr?s deux autres hommes qui couraient devant lui. Au bout de cent pas il les rejoignit et leur parla; les trois hommes s'arr^t?rent, regardant s',loigner la voiture, mais encore peu s-rs de ceux qu'elle renfermait. La voiture, pendant ce temps, arrivait au Tol-Hek.

--Ouvrez! cria le cocher. --Ouvrir, dit le portier paraissant sur le seuil de sa maison, ouvrir, et avec quoi? --Avec la clef, parbleu! dit le cocher. --Avec la clef, oui; mais il faudrait l'avoir pour cela. --Comment! vous n'avez pas la clef de la porte? demanda le cocher. --Non. --Qu'en avez-vous donc fait? --Dame! on me l'a prise. --Qui cela? --Quelqu'un qui probablement tenait ... ce que personne ne sortit de la ville. --Mon ami, dit le grand pensionnaire sortant la t^te de la voiture et risquant le tout pour le tout, mon ami, c'est pour moi Jean de Witt et pour mon fr?re Corneille, que j'emm?ne en exil. --Oh! monsieur de Witt, je suis au d,sespoir, dit le portier se pr,cipitant vers la voiture, mais sur l'honneur, la clef m'a ,t, prise. --Quand cela? --Ce matin. --Par qui? --Par un jeune homme de vingt-deux ans, p?le et maigre. --Et pourquoi la lui avez-vous remise? --Parce qu'il avait un ordre sign, et scell,. --De qui? --Mais de messieurs de l'h"tel de ville. --Allons, dit tranquillement Corneille, il paraOEt que bien d,cid,ment nous sommes perdus. --Sais-tu si la m^me pr,caution a ,t, prise partout? --Je ne sais. --Allons, dit Jean au cocher, Dieu ordonne ... l'homme de faire tout ce qu'il peut pour conserver sa vie; gagne une autre porte. --Ah! dit le portier, voyez-vous l...-bas? --Passe au galop ... travers ce groupe, cria Jean au cocher, et prends la rue ... gauche; c'est notre seul espoir.

Le groupe dont parlait Jean avait eu pour noyau les trois hommes que nous avons vus suivre des yeux la voiture, et qui depuis ce temps et pendant que Jean parlementait avec le portier s',tait grossi de sept ou huit nouveaux individus. Ces nouveaux arrivants avaient ,videmment des intentions hostiles ... l'endroit du carrosse. Aussi, voyant les chevaux venir sur eux au grand galop, se mirent-ils en travers de la rue en agitant leurs bras arm,s de b?tons et criant:

--Arr^te! arr^te!

La voiture et les hommes se heurt?rent enfin. Les fr?res de Witt ne pouvaient rien voir, enferm,s qu'ils ,taient dans la voiture. Mais ils sentirent les chevaux se cabrer, puis ,prouv?rent une violente secousse. Il y eut un moment d'h,sitation et de tremblement dans toute la machine roulante, qui s'emporta de nouveau, passant sur quelque chose de rond et de flexible qui semblait ^tre le corps d'un homme renvers,, et s',loigna au milieu des blasph?mes.

--Oh! dit Corneille, je crains bien que nous n'ayons fait un malheur. --Au galop! au galop! cria Jean. --Mais, malgr, cet ordre, tout ... coup le cocher s'arr^ta. --Eh bien? demanda Jean. --Voyez-vous? dit le cocher.

Jean regarda.

Toute la populace du Buytenhoff apparaissait ... l'extr,mit, de la rue que devait suivre la voiture.

--Arr^te et sauve-toi, dit Jean au cocher; il est inutile d'aller plus loin; nous sommes perdus. --Les voil...! les voil...! cri?rent ensemble cinq cents voix. --Oui, les voil..., les traOEtres! les meurtriers! les assassins! r,pondirent ceux qui couraient apr?s la voiture.

Tout ... coup le carrosse s'arr^ta. Un mar,chal venait, d'un coup de massue, d'assommer un des deux chevaux, qui tomba dans les traits. En ce moment le volet d'une fen^tre s'entr'ouvrit et l'on put voir le visage livide et les yeux sombres d'un jeune homme se fixant sur le spectacle qui se pr,parait. Derri?re lui apparaissait la t^te d'un officier presque aussi p?le que la sienne.

--Oh! mon Dieu! mon Dieu! monseigneur, que va-t-il se passer? murmura l'officier. --Quelque chose de terrible, bien certainement, r,pondit celui-ci. --Oh! voyez-vous, monseigneur, ils tirent le grand pensionnaire de la voiture, ils le battent, ils le d,chirent. --En v,rit,, il faut que ces gens-l... soient anim,s d'une bien violente indignation, fit le jeune homme du m^me ton impassible qu'il avait conserv, jusqu'alors. --Et voici Corneille qu'ils tirent ... son tour du carrosse, Corneille d,j... tout bris,, tout mutil, par la torture. Oh! voyez donc, voyez donc. --Oui, en effet, c'est bien Corneille.

L'officier poussa un faible cri et d,tourna la t^te. C'est que, sur le dernier degr, du marchepied, avant m^me qu'il eut touch, la terre, Corneille de Witt venait de recevoir un coup de barre de fer qui lui avait bris, la t^te. Il se releva cependant, mais pour retomber aussit"t. Puis des hommes le prenant par les pieds, le tir?rent dans la foule, au milieu de laquelle on put suivre le sillage sanglant qu'il y tra?ait et qui se refermait derri?re lui avec de grandes hu,es pleines de joie. Le jeune homme devint plus p?le encore, ce qu'on e-t cru impossible, et son oeil se voila un instant sous sa paupi?re. L'officier vit ce mouvement de piti,, le premier que son s,v?re compagnon e-t laiss, ,chapper, et voulant profiter de cet amollissement de son ?me:

--Venez, venez, monseigneur, dit-il, car voil... qu'on va assassiner aussi le grand pensionnaire.

Mais le jeune homme avait d,j... ouvert les yeux.

--En v,rit,! dit-il. Ce peuple est implacable. Il ne fait pas bon de le trahir. --Monseigneur, dit l'officier, est-ce qu'on ne pourrait pas sauver ce pauvre homme, qui a ,lev, Votre Altesse? S'il y a un moyen, dites-le, et duss,-je y perdre la vie ...

Guillaume d'Orange, car c',tait lui, plissa son front d'une fa?on sinistre, et r,pondit:

--Colonel van Deken, allez, je vous prie, trouver mes troupes afin qu'elles prennent les armes ... tout ,v,nement. --Mais laisserai-je donc monseigneur seul ici, en face de ces assassins? --Ne vous inqui,tez pas de moi plus que je ne m'en inqui?te, dit brusquement le prince. Allez.

L'officier partit avec une rapidit, qui t,moignait bien moins de son ob,issance que de la joie de n'assister point au hideux assassinat du second des fr?res. Il n'avait point ferm, la porte de la chambre que Jean, qui par un effort supr^me avait gagn, le perron d'une maison situ,e presque en face de celle o-- ,tait cach, son ,l?ve, chancela sous les secousses qu'on lui imprimait de dix c"t,s ... la fois en disant:

--Mon fr?re, o-- est mon fr?re? --Un de ces furieux lui jeta bas son chapeau d'un coup de poing.

Un autre lui montra le sang qui teignait ses mains, celui-l... venait d',ventrer Corneille, et il accourait pour ne point perdre l'occasion d'en faire autant au grand pensionnaire, tandis que l'on traOEnait au gibet le cadavre de celui qui ,tait d,j... mort. Jean poussa un g,missement lamentable et mit une de ses mains sur ses yeux.

--Ah! tu fermes tes yeux, dit un des soldats de la garde bourgeoise, eh bien! je vais te les crever, moi!

Et il lui poussa dans le visage un coup de pique sous lequel le sang jaillit.

--Mon fr?re! cria de Witt essayant de voir ce qu',tait devenu Corneille, ... travers le flot de sang qui l'aveuglait, mon fr?re! --Va le rejoindre! hurla un autre assassin en lui appliquant son mousquet sur la tempe et en l?chant la d,tente.

Mais le coup ne partit point. Alors le meurtrier retourna son arme, et la prenant ... deux mains par le canon il assomma Jean de Witt d'un coup de crosse. Jean de Witt chancela et tomba ... ses pieds. Mais aussit"t, se relevant par un supr^me effort:

--Mon fr?re! cria-t-il d'une voix tellement lamentable que le jeune homme tira le contrevent sur lui.

D'ailleurs il restait peu de chose ... voir, car un troisi?me assassin lui l?cha ... bout portant un coup de pistolet qui partit cette fois, et il tomba pour ne plus se relever. Alors chacun de ses mis,rables, enhardi par cette chute, voulut d,charger son arme sur le cadavre. Chacun voulut donner un coup de masse, d',p,e ou de couteau, chacun voulut tirer sa goutte de sang, arracher son lambeau d'habits. Puis quand ils furent tous deux bien meurtris, bien d,chir,s, bien d,pouill,s, la populace les traOEna nus et sanglants ... un gibet improvis,, o-- des bourreaux amateurs les suspendirent par les pieds. Nous ne pourrions dire si ... travers l'ouverture du volet le jeune homme vit la fin de cette terrible sc?ne, mais au moment m^me o-- il pendait les deux martyrs au gibet, il traversait la foule et gagnait le Tol-Hek toujours ferm,.

--Ah! monsieur, s',cria le portier, me rapportez-vous la clef? --Oui, mon ami, la voil..., r,pondit le jeune homme. --Oh! c'est un bien grand malheur que vous ne m'ayez pas rapport, cette clef seulement une demi-heure plus t"t, dit le portier en soupirant. --Et pourquoi cela? demanda le jeune homme. --Parce que j'eusse pu ouvrir aux messieurs de Witt. Tandis que, ayant trouv, la porte ferm,e, ils ont ,t, oblig,s de rebrouusser chemin. Ils sont tomb,s au milieu de ceux qui les poursuivaient. --La porte! la porte! s',cria une voix qui semblait ^tre celle d'un homme press,. Le prince se retourna et reconnut le colonel van Deken. --C'est vous, colonel? dit-il. Vous n'^tes pas encore sorti de la Haye? C'est accomplir tardivement mon ordre. --Monseigneur, r,pondit le colonel, voil... la troisi?me porte ... laquelle je me pr,sente; j'ai trouv, les deux autres ferm,es. --Eh bien! ce brave homme va nous ouvrir celle-ci. Ouvre, mon ami, dit le prince au portier qui ,tait rest, tout ,bahi ... ce titre de monseigneur.

L'AMATEUR DE TULIPES ET SON VOISIN

--Les admirables ca

Et Corn,lius se d,lectait dans sa contemplation, et Corn,lius s'absorbait dans les plus doux r^ves. Soudain la sonnette de son cabinet fut plus vivement ,branl,e que d'habitude. Corn,lius tressaillit, ,tendit la main sur ses ca

--Qui va l...? demanda-t-il. --Monsieur, r,pondit le serviteur, c'est un messager de la Haye. --Un messager de la Haye....Que veut-il? --Monsieur, c'est Craeke. --Craeke, le valet de confiance de monsieur Jean de Witt? Bon! qu'il attende. --Je ne puis attendre, dit une voix dans le corridor.

Et en m^me temps Craeke se pr,cipita dans le s,choir.

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