Read Ebook: Aventures d'un Gentilhomme Breton aux îles Philippines by La Gironi Re Paul P De
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Ebook has 352 lines and 20556 words, and 8 pages
: je veux parler des sauterelles, qui tout ? coup, comme de gros nuages, viennent s'abattre sur un champ couvert d'une luxuriante v?g?tation, et la d?truisent dans un instant jusqu'? la racine.
Dans diverses parties des Philippines, particuli?rement ? Lu?on, on cultive l'indigo avec succ?s.
Cependant cette culture est celle qui pr?sente le plus d'?ventualit?s. Quelques jours de mauvais temps et de vent d?truisent souvent toute la r?colte. Quelquefois aussi des myriades de chenilles d?vorent dans quelques heures toutes les feuilles; ce qu'elles laissent ne suffit pas pour payer les frais de manipulation.
Mais si la saison a ?t? favorable, s'il n'arrive pas d'accidents, si la fabrication se fait avec intelligence, le prix ?lev? de l'indigo indemnise largement le cultivateur.
Pour la culture, aussit?t apr?s l'hivernage, avant la saison des grandes chaleurs et lorsque l'on n'a pas ? craindre de fortes pluies, on pr?pare les terres par deux ou trois bons labours ? la charrue et plusieurs hersages, jusqu'? ce qu'elles soient parfaitement ameublies, et on s?me ? la vol?e.
La plante sort de terre le troisi?me ou le quatri?me jour. Elle pousse tant qu'elle trouve un peu d'humidit?; mais les s?cheresses la font demeurer stationnaire pendant tout le temps de leur dur?e. Aussit?t que les premi?res pluies arrivent au commencement de la mousson d'ouest, elle s'?l?ve avec vigueur, ainsi que toutes les mauvaises herbes; c'est alors qu'il faut faire successivement un, deux, et parfois trois sarclages.
Deux mois et demi apr?s les premi?res pluies, les plantes ont acquis toute leur hauteur, et l'on reconna?t qu'elles sont bonnes ? r?colter lorsque la feuille est ?paisse, recouverte d'un velout? blanch?tre, et qu'elle est cassante ? la moindre pression.
La maturit? arrive ordinairement vers la fin du mois de juillet, au milieu de la saison des pluies.
A cette ?poque, on a d?j? pr?par? tout ce qui est n?cessaire pour la fabrication, afin de ne pas ?tre pris au d?pourvu et de ne pas donner aux plantes le temps de se d?garnir d'une partie de leurs feuilles, ce qui arriverait si on ajournait la r?colte.
Chacune d'elles est ainsi compos?e:
Deux grandes cuves d'un diam?tre de 2 m?tres 70 centim?tres ? 2 m?tres 80 centim?tres, et de 3 m?tres de profondeur. L'une sert pour la fermentation, et l'autre pour le battage. Cette derni?re doit ?tre un peu plus petite que la premi?re.
Elles sont toutes deux plac?es sur le bord d'un ruisseau ou d'une rivi?re, pour la facilit? de l'eau. Celle destin?e ? la fermentation doit ?tre plac?e sur un plan assez ?lev? pour qu'au moyen de robinets ?tablis longitudinalement, toute l'eau qu'elle contient puisse ?tre transvas?e dans la cuve du battage.
Un ou deux seaux sont plac?s ? l'extr?mit? de balanciers, avec des poids ? l'autre extr?mit?. Ces balanciers, fix?s sur des fourches, s'?l?vent ? quelques m?tres au-dessus de la cuve de fermentation.
Cet appareil ? puiser est en tout semblable ? celui que l'on voit sur les bords du Nil, en Espagne, et dans quelques-unes de nos contr?es m?ridionales:
Tout ?tant ainsi dispos?, on commence la r?colte.
Dans la premi?re journ?e, on coupe assez de plantes pour avoir toujours un jour d'avance.
Si la saison se comporte favorablement, la plante repousse, et donne quelquefois successivement deux ou trois r?coltes dans la m?me ann?e.
De grand matin, la cuve de fermentation est charg?e de toute la quantit? de plantes qu'elle peut contenir.
On les maintient au niveau des bords de la cuve avec des madriers qui viennent se fixer ? de petits tasseaux m?nag?s dans les douilles. Sans cette pr?caution, elles surnageraient.
Lorsque cette cuve est pleine d'eau et de plantes, on l'abandonne ? la fermentation, qui s'op?re ordinairement en vingt ou vingt-quatre heures, selon la temp?rature.
Quand la fermentation est arriv?e ? son plus haut degr?, ce qui a lieu le lendemain matin, on enl?ve les plantes de la cuve, en ayant soin de bien les secouer pour qu'il n'y reste pas d'eau.
L'Indien alors prend un des battoirs, le plonge au fond de la cuve, et fait quelques mouvements pour que la chaux se r?pande partout.
La quantit? de chaux n?cessaire ne peut ?tre appr?ci?e que par un homme exp?riment?.
De cette quantit? d?pend exclusivement la qualit? que l'on veut obtenir, ainsi que les diverses nuances.
Apr?s que la chaux a ?t? mise dans le liquide, on laisse reposer pendant quelques minutes, pendant lesquelles se pr?cipitent au fond de la cuve toutes les parties ?trang?res ? l'indigo, qui, encore ? l'?tat de solubilit? dans l'eau, y reste en suspens.
Apr?s quelques minutes ?coul?es, on ouvre, les uns apr?s les autres, les robinets superpos?s sur toute la hauteur de la cuve, et le liquide s'?coule dans la cuve du battage.
On travaille ensuite ? remplir la cuve de nouvelles plantes, apr?s toutefois l'avoir d?barrass?e du d?p?t de chaux et de terre qui est rest? au fond.
Trois ou quatre heures apr?s, tout l'indigo contenu dans le liquide s'est d?pos? au fond de la cuve; alors on ouvre les robinets superpos?s, pour laisser ?couler l'eau au dehors.
Cette eau ne contient plus aucune partie colorante.
Chacune de ces op?rations produit en moyenne 3 kilog. d'indigo.
Tous les six jours, lorsque 18 ou 20 kilog. sont r?colt?s, on les retire de la cuve pour les transporter dans une autre cuve beaucoup plus petite plac?e pr?s des couloirs.
Dans cette derni?re on laisse encore d?poser, et on d?cante le plus possible avec un siphon.
Enfin, lorsqu'on ne peut plus en retirer de l'eau, et lorsque l'indigo est d?j? comme une esp?ce de boue, on le place dans des couloirs, o? il finit de s'?goutter.
Ensuite on le met sous la presse, d'o? on le retire comme un gros g?teau que l'on divise au moyen d'un fil d'archal en petits carr?s, que l'on place sur les s?choirs. Cette dessiccation, pour ?tre compl?te, se fait souvent attendre plus d'un mois, selon l'?tat de la temp?rature.
Lorsque l'indigo est parfaitement sec, on le met dans des caisses pour le livrer au commerce.
Cette mani?re de faire la r?colte est celle qui est usit?e partout aux Philippines.
Cependant quelques grands cultivateurs y apportent une modification dont j'ai ?t? le premier auteur, et qui r?duit de beaucoup les frais de manipulation.
Cette modification consiste ? remplacer les cuves pour la fermentation par un grand bassin en ma?onnerie, dispos? de mani?re ? recevoir naturellement l'eau n?cessaire pour le remplir dans l'espace d'une heure. A une distance de 50 ? 60 m?tres sur un plan au-dessous du niveau de ce bassin, on place le nombre de cuves n?cessaires pour recevoir tout son contenu.
Ce bassin, dont les bords sont au niveau du sol, facilite beaucoup le travail, et apporte une grande ?conomie de main-d'oeuvre.
D'abord il se remplit sans qu'il soit n?cessaire de puiser de l'eau ? force de bras, et on ?vite de monter les plantes ? une hauteur de 4 ? 5 m?tres.
L'Indien qui transporte la r?colte ? la fabrique arrive avec une petite charrette sans roues sur le bord du r?servoir, et l?, sans difficult?, il la d?charge dans le r?servoir m?me.
Les cuves pour le battage sont plac?es ? une distance de 50 ? 60 m?tres sur une m?me ligne.
La premi?re communique au r?servoir par des bambous divis?s en deux et formant une esp?ce de dalle; ensuite chaque cuve communique l'une avec l'autre par le m?me moyen. Le liquide se rend ? la premi?re cuve en recevant, dans toute la longueur du trajet qu'il parcourt, le contact de l'air.
Lorsque la premi?re cuve est pleine, elle d?verse par un robinet son trop-plein, qui va remplir la seconde cuve; et ainsi de suite jusqu'? la derni?re.
Tout ce mouvement que re?oit le liquide est un v?ritable battage qui se compl?te avec peu de travail, et les deux tiers de moins d'ouvriers que dans le syst?me des cuves de fermentation.
Les diverses autres cultures aux Philippines pr?sentent si peu de diff?rence avec celles des m?mes produits pratiqu?es dans d'autres pays, que je crois inutile de les d?crire ici.
Apr?s le riz, le tabac est le produit qui donne, p?cuniairement parlant, les plus grands r?sultats, bien qu'il soit mis en r?gie et ne puisse ?tre vendu qu'au gouvernement.
Cette culture diff?re sans doute bien peu de celle mise en pratique dans tous les pays du monde: elle consiste ? faire de grands semis qui sont ensuite transplant?s dans des terres bien ameublies par plusieurs labours ? la charrue et ? la herse. On repique les jeunes plantes par lignes distantes de 1 m?tre 50 centim?tres les unes des autres, et sur la longueur on laisse 1 m?tre d'intervalle entre chaque plant.
Pendant les deux mois qui s'?coulent apr?s la plantation, il est indispensable de donner quatre labours avec la charrue entre chaque rang, et apr?s chaque labour, tous les quinze jours, d?truire ? la main, ou mieux avec la pioche, les herbes qui n'ont pu ?tre atteintes avec la charrue.
Les quatre labours doivent ?tre pratiqu?s de mani?re ? former alternativement un sillon au milieu de chaque ligne et sur les c?t?s; et par cons?quent, au dernier labour, la terre recouvre les plantes jusqu'aux premi?res feuilles, et il reste une rigole au milieu pour l'?coulement des eaux.
Aussit?t que chaque plant a acquis une hauteur suffisante, on l'?t?te pour obliger la s?ve ? se porter vers les feuilles; et quelques semaines apr?s on fait la r?colte.
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