Read Ebook: Vie de Benjamin Franklin écrite par lui-même - Tome 2 suivie de ses œuvres morales politiques et littéraires by Franklin Benjamin Cast Ra Jean Henri Translator
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Ebook has 854 lines and 70692 words, and 18 pages
Un observateur assez ing?nieux disoit une fois, qu'en se promenant le matin dans les rues, lorsque le pav? ?toit glissant, il distinguoit ais?ment o? demeuroient les bonnes gens, parce qu'ils avoient soin de jeter des cendres sur la glace qui ?toit devant leur porte. Probablement il auroit port? un jugement tout diff?rent du caract?re de ceux qui fournissent aux frais du tribunal dont nous parlons.
DES MOYENS PROPRES ? R?PRIMER LES ABUS DU TRIBUNAL.
Jusqu'? pr?sent, on n'en a employ? aucun. Mais depuis qu'on a tant ?crit sur la constitution f?d?rative des ?tats-Unis, et qu'on a si savamment et si clairement discut? toutes les autres parties d'un bon gouvernement, je me suis instruit au point de m'imaginer qu'il y a quelque moyen de r?primer le tribunal: cependant je n'ai pu en trouver aucun qui ne soit une violation du droit sacr? de la libert? de la presse. Mais, je crois en avoir d?couvert un, qui, au lieu de diminuer la libert? g?n?rale, doit l'augmenter; c'est de rendre au peuple une sorte de libert?, dont nos loix l'ont priv?, la libert? du b?ton.
Lorsque la soci?t? ?toit dans son enfance, et que les loix n'existoient point encore, si un homme en insultoit un autre, par quelques mauvais propos, l'offens? pouvoit se venger de l'agresseur par un bon coup de poing sur l'oreille; et en cas de r?cidive, il lui donnoit une vol?e de coups de b?ton. Cela n'?toit contraire ? aucune loi. Mais ? pr?sent ce droit est interdit. Ceux qui en usent sont punis comme des perturbateurs, tandis que le droit de calomnier est encore dans toute sa force, parce que les loix, qu'on a faites contre lui, sont rendues inutiles par la libert? de la presse.
Je propose donc de ne point toucher ? la libert? de la presse, et de lui laisser toute son ?tendue, sa force, sa vigueur; mais de permettre aussi ? la libert? du b?ton de marcher avec elle d'un pas ?gal.
Alors, ? mes concitoyens! si un impudent ?crivain attaque votre r?putation, qui vous est, peut-?tre, plus ch?re que la vie, et s'il met son nom au bas de son barbouillage, vous pourrez aller le trouver en plein jour et lui fendre la t?te loyalement. S'il se cache derri?re l'imprimeur, et que vous d?couvriez pourtant qui il est, vous pourrez vous cacher aussi, vous mettre en embuscade la nuit, l'attaquer par derri?re, et lui donner une bonne vol?e de coups de b?ton. Si votre adversaire paie de meilleurs ?crivains que lui, pour vous mieux calomnier, vous paierez aussi de robustes porte-faix, qui auront de meilleurs bras que les v?tres, et qui vous aideront ? le mieux rosser.
Telle est mon opinion quant au ressentiment particulier et ? la r?tribution que m?ritent les calomnies. Mais si, comme cela doit ?tre, le public est offens? de la conduite des diffamateurs, je ne conseillerai pas d'en venir tout de suite, avec eux, aux moyens que j'ai propos?s, mais de nous contenter mod?r?ment de les plonger dans une barrique de goudron, de les couvrir de plumes, de les mettre dans une couverte et de les bien berner.
Cependant si l'on croyoit que ma proposition p?t troubler le repos public, je recommanderois humblement ? nos l?gislateurs de prendre en consid?ration la libert? de la presse et la libert? du b?ton, et de nous donner une loi qui marque bien distinctement l'?tendue et les limites de l'une et de l'autre; car il est n?cessaire que dans le m?me temps qu'ils mettent la personne d'un citoyen en s?ret? contre les attaques des autres, ils s'occupent aussi des moyens d'emp?cher qu'on attente ? sa r?putation.
There is a lust in man no charm can tame, Of loudly publishing his neighbour's shame.
On aegle's wings, immortal, scandals fly, While virtuous actions are but born and die.
DRYDEN.
SUR L'ART DE NAGER.
J'avoue que je n'ai pas le temps de faire toutes les recherches et les exp?riences qu'exige l'art de nager. C'est pourquoi je me bornerai ? faire un petit nombre de remarques.
J'avois fait, dans mon enfance, deux palettes ovales, d'environ dix pouces de long et six pouces de large, avec un trou pour pouvoir passer le pouce, et les tenir solidement. Elles ressembloient beaucoup aux palettes des peintres. En nageant, je les poussois horizontalement en avant, et ensuite j'appuyois fortement leur surface sur l'eau en les ramenant en arri?re. Je me souviens que ces instrumens me fesoient nager beaucoup plus v?te; mais ils fatiguoient mes poignets.
J'avois aussi attach? sous chacun de mes pieds une esp?ce de sandale: mais je n'en ?tois pas content, parce que j'observai que les pieds des nageurs repoussoient l'eau plut?t avec le dedans et la cheville du pied qu'avec la plante du pied.
Nous avons ici pour nager plus commod?ment, des corsets faits avec une double toile ? voile piqu?e et garnie en dedans de petits morceaux de li?ge.
Je ne connois point le scaphandre de Lachapelle.
Je sais, par exp?rience, qu'un nageur qui a beaucoup de chemin ? faire, a beaucoup d'avantage ? se retourner de temps en temps sur le dos, et ? varier les moyens d'acc?l?rer son mouvement progressif.
Quand il ?prouve une crampe ? la jambe, le moyen de la faire cesser, est de frapper tout-?-coup la partie qui en est affect?e, et il ne peut le faire qu'en se tournant sur le dos et levant sa jambe en l'air.
Durant les grandes chaleurs de l'?t?, on ne court aucun risque ? se baigner, quoiqu'on ait chaud, lorsque la rivi?re, dans laquelle on se baigne, a ?t? bien ?chauff?e par le soleil. Mais il est tr?s-dangereux de se jeter dans l'eau froide, quand on a fait de l'exercice et quand on a chaud. Je vais en citer un exemple. Quatre jeunes moissonneurs, qui avoient travaill? toute la journ?e et s'?toient ?chauff?s, voulant se rafra?chir, se plong?rent dans une source froide. Deux d'entr'eux moururent sur-le-champ; un troisi?me expira le lendemain matin, et le quatri?me ne r?chappa qu'avec peine. Lorsqu'en pareille circonstance on boit une certaine quantit? d'eau froide, dans l'Am?rique septentrionale, on en ?prouve des effets non moins funestes.
La natation est un des exercices les plus agr?ables et les plus sains. Quand on nage une heure ou deux, dans la soir?e, on dort fra?chement toute la nuit, m?me dans la saison la plus chaude. Peut-?tre est-ce parce que les pores de la peau ?tant alors plus propres, la transpiration insensible en est augment?e et procure cette fra?cheur.
Il est certain qu'un homme attaqu? de la diarrh?e, se gu?rit en nageant beaucoup, et ?prouve quelquefois un inconv?nient tout oppos?. Quant aux gens qui ne savent point nager, ou qui ont la diarrh?e dans une saison qui ne leur permet point cet exercice, ils peuvent prendre des bains chauds, qui, en n?toyant et rafra?chissant la peau, leur deviennent salutaires, et souvent les gu?rissent radicalement. Je parle d'apr?s ma propre exp?rience, et celle des personnes ? qui j'ai conseill? de faire comme moi.
Vous ne serez pas f?ch? si je termine ces observations, faites ? la h?te, en vous disant que, comme la m?thode ordinaire de nager se borne au mouvement des bras et des jambes, et est par cons?quent un exercice fatigant, lorsqu'on a besoin de traverser un espace d'eau consid?rable, il y a un moyen de nager long-temps avec aisance: ce moyen est de se servir d'une voile. J'en ai fait la d?couverte heureusement et par hasard, ainsi que je vais vous l'expliquer.
Lorsque j'?tois encore fort jeune, je m'amusois un jour avec un cerf-volant; et m'approchant du bord d'un ?tang, qui avoit pr?s d'un mille de large, j'attachai ? un pieu la corde du cerf-volant, qui s'?toit d?j? ?lev? tr?s-haut. Pendant ce temps-l? je nageois. Mais voulant jouir des deux plaisirs ?-la-fois, j'allai reprendre la corde de mon cerf-volant, et me tournant sur le dos, je m'apper?us que j'?tois entra?n? sur l'eau d'une mani?re tr?s-agr?able. Je priai alors un de mes camarades de faire le tour de l'?tang, et de porter mes v?temens dans un endroit que je lui indiquai; et tenant toujours la corde du cerf-volant, je traversai l'eau sans la moindre fatigue, et m?me avec beaucoup de plaisir. Je fus seulement oblig? de temps en temps de ralentir un peu ma course, parce que je m'apper?us que quand j'allois trop v?te, le cerf-volant descendoit trop bas. Mais d?s que je m'arr?tois, il remontait.
C'est la seule fois que j'ai fait usage de ce moyen, avec lequel on pourroit, je crois, traverser de Douvres ? Calais. Mais le paquebot est encore pr?f?rable.
Ceci a ?t? ?crit pour r?pondre ? quelques questions de M. Dubourg.
Il reste tr?s-peu d'exemplaires de ces M?moires de l'Acad?mie royale de Londres. Cet Ouvrage est complet: il comprend neuf divisions; savoir:
En tout 14 vol. On ne les s?pare point.
Tome 50, page 30.
NOUVELLE MODE DE PRENDRE DES BAINS.
Londres, le 28 juillet 1768.
J'approuve beaucoup l'?pith?te de tonique, que vous donnez, dans votre lettre du 8 juin, ? la nouvelle m?thode de traiter la petite v?role; et je saisis cette occasion, pour vous faire part de l'usage que j'ai moi-m?me adopt?.
Vous savez que depuis long-temps les bains froids sont employ?s ici comme un tonique. Mais le saisissement que produit en g?n?ral l'eau froide, m'a toujours paru trop violent; et j'ai trouv? plus analogue ? ma constitution, et plus agr?able de me baigner dans un autre ?l?ment, c'est-?-dire, dans l'air froid. Je me l?ve donc, tous les jours, de tr?s-bon matin, et je reste alors sans m'habiller une heure ou une demi-heure, suivant la saison, m'occupant ? lire, ou ? ?crire.
Je ne tenterai pas d'expliquer pourquoi les v?temens humides occasionnent des rhumes plut?t que les v?temens mouill?s; parce que j'en doute. J'imagine, au contraire, que ni les uns ni les autres n'ont un tel effet; et que les causes des rhumes sont absolument ind?pendantes de l'humidit? et m?me du froid. Je me propose d'?crire une petite dissertation sur ce sujet, d?s que j'en aurai le temps.
Ceci est extrait de quelques lettres adress?es ? M. Dubourg.
OBSERVATIONS SUR LES ID?ES G?N?RALES CONCERNANT LA VIE ET LA MORT.
Vos observations sur les causes de la mort, et les moyens que vous proposez pour rappeler ? la vie les personnes qui paraissent avoir ?t? tu?es par le tonnerre, prouvent ?galement votre sagacit? et votre humanit?. Il paro?t que les id?es qu'on a sur la vie et sur la mort, sont en g?n?ral peu exactes.
Un crapaud enseveli dans du sable, vit, dit-on, jusqu'au moment o? ce sable se p?trifie; et alors l'animal ?tant renferm? dans une pierre, peut vivre encore pendant une longue suite de si?cles. Les faits cit?s ? l'appui de cette opinion, sont trop nombreux, et trop bien circonstanci?s pour ne pas m?riter un certain degr? de cr?ance.
Accoutum?s ? voir manger et boire tous les animaux qui nous sont familiers, nous avons de la peine ? concevoir comment un crapaud peut exister dans une pareille prison. Mais si nous r?fl?chissons que, dans leur ?tat ordinaire, les animaux n'?prouvent la n?cessit? de prendre de la nourriture, que parce que la transpiration leur fait perdre continuellement une partie de leur substance, il nous paro?tra moins impossible que ceux qui sont dans l'engourdissement, transpirant moins, parce qu'ils ne font point d'exercice, aient moins besoin d'alimens; et que d'autres, tels que les tortues de terre et de mer, les serpens, et quelques esp?ces de poisson, qu'on voit couverts d'?cailles ou de coquilles, qui arr?tent la transpiration, puissent exister un temps consid?rable, sans prendre aucune esp?ce de nourriture.
Une plante, charg?e de fleurs, se fane et meurt presqu'aussit?t qu'elle est expos?e ? l'air, si sa racine n'est point dans un sol humide, o? elle pompe une assez grande quantit? de substance pour remplacer celle qui s'exhale, et que l'air emporte continuellement. Mais, peut-?tre, que si elle ?toit envelopp?e de vif-argent, elle pourroit, pendant un tr?s-long espace de temps, conserver sa vie v?g?tale, son parfum et sa couleur. Alors, cette m?thode seroit tr?s-commode pour transporter, des climats lointains, ces plantes d?licates, qui ne peuvent supporter l'air de la mer, et qui exigent un soin et des m?nagemens particuliers.
J'ai vu un exemple de mouches communes, conserv?es d'une mani?re qui a quelque rapport avec celle-l?. Elles avoient ?t? noy?es dans du vin de Mad?re, au moment o? l'on l'avoit mis en bouteilles, en Virginie, pour l'envoyer ? Londres. Lorsqu'on le d?boucha, dans la maison d'un de mes amis, chez qui j'?tois alors, il tomba trois mouches dans le premier verre qu'on remplit. Comme j'avois entendu dire que des mouches noy?es pouvoient ?tre rappel?es ? la vie, quand on les exposoit aux rayons du soleil, je proposai d'en faire l'exp?rience sur celles-l?. En cons?quence, on les mit au soleil, sur un petit tamis, qui avoir servi ? passer le vin dans lequel elles ?toient.
En moins de trois heures, deux de ces mouches commenc?rent ? recouvrer la vie par degr?s. Elles eurent d'abord quelques mouvemens convulsifs dans les jambes; puis elles se lev?rent, frott?rent leurs yeux avec leurs pieds de devant, battirent leurs ailes avec ceux de derri?re, et bient?t apr?s, commenc?rent ? voler, se trouvant dans la vieille Angleterre, sans savoir comment elles y ?toient venues, La troisi?me ne donna aucun signe de vie jusqu'au coucher du soleil, et comme on n'avoit plus aucun espoir de la voir ressusciter, on la jeta.
Je d?sirerois que, d'apr?s cet exemple, il f?t possible d'inventer une m?thode d'embaumer les noy?s de mani?re ? pouvoir les rappeler ? la vie, ? une ?poque tr?s-?loign?e, et comme je d?sire ardemment de voir quel sera l'?tat de l'Am?rique dans cent ans d'ici, au lieu d'attendre une mort ordinaire, je me plongerois dans un tonneau de vin de Mad?re, avec un petit nombre d'amis, pour ?tre, au bout d'un si?cle, rappel? ? la vie par le doux soleil de ma ch?re patrie.
Mais puisque tr?s-probablement nous vivons dans un temps o? les sciences sont encore trop dans l'enfance, pour voir un tel art port? ? sa perfection, il faut que je me contente du plaisir, que vous me promettez, de voir ressusciter un poulet ou un coq d'Inde.
Ceci est aussi tir? des lettres ? M. Dubourg.
PR?CAUTIONS N?CESSAIRES DANS LES VOYAGES SUR MER.
Quand on veut entreprendre un long voyage, il n'y a rien de mieux que de le tenir secret jusqu'au moment du d?part. Sans cela, on est continuellement interrompu et tracass?, par des visites d'amis et de connoissances, qui font non-seulement perdre un temps pr?cieux, mais oublier des choses importantes; de sorte que quand on est embarqu? et qu'on cingle d?j? en pleine mer, on se rappelle avec beaucoup d'inqui?tude des affaires non termin?es, des comptes non r?gl?s, et un nombre infini de choses qu'on se proposoit d'emporter, et dont on sent, ? chaque instant, la privation.
Ne seroit-il pas tr?s-avantageux de changer la coutume de rendre visite aux gens qui vont voyager, de les laisser seuls et tranquilles pendant quelques jours, pour faire leurs pr?paratifs, et ensuite, prendre cong? de leurs amis, et recevoir leurs voeux pour un heureux retour?
Il n'est pas toujours possible de choisir le capitaine avec lequel on doit s'embarquer; et cependant, le plaisir, le bonheur du voyage en d?pend; car il faut, pendant un temps, vivre dans sa soci?t?, et ?tre, en quelque sorte, soumis ? ses ordres. Si c'est un homme spirituel, aimable et d'un caract?re obligeant, on en est bien plus heureux.
On en rencontre quelquefois de tels: mais ils sont rares. Toutefois, si le v?tre n'est pas de ce nombre, il peut ?tre bon marin, actif, tr?s-vigilant, et vous devez alors le dispenser du reste; car ce sont les qualit?s les plus essentielles pour un homme, qui commande un vaisseau.
Quelque droit que, d'apr?s votre accord avec lui, vous ayez ? ce qu'il a embarqu? pour l'usage des passagers, vous devez prendre toujours quelques provisions particuli?res, dont vous puissiez vous servir de temps en temps. Il faut donc avoir de bonne eau, parce que celle du vaisseau est souvent mauvaise. Mais mettez la v?tre en bouteilles; car autrement, vous courriez risque de la voir se g?ter. Il faut aussi que vous emportiez du bon th?, du caf? moulu, du chocolat, du vin de l'esp?ce que vous aimez le mieux, du cidre, des raisins secs, des amandes, du sucre, du sirop de capillaire, des citrons, du rhum, des oeufs dans des flacons d'huile, des tablettes de bouillon, et du biscuit. Quant ? la volaille, il est presqu'inutile d'en emporter, ? moins que vous ne vouliez vous charger du soin de lui donner ? manger et de la soigner vous-m?me. L'on en prend ordinairement si peu de soin ? bord, qu'elle est presque toujours malade, et que la viande en est aussi coriace que du cuir.
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