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Read Ebook: L'Illustration No. 3730 22 Août 1914 by Various

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Ebook has 159 lines and 13153 words, and 4 pages

Nous continuons ? progresser dans la Haute-Alsace. Nos troupes d?bouchent sur la Seille, occupant tour ? tour Ch?teau-Salins et Dieuze, puis, ? la fin de la journ?e, Delme et Morhange. Enfin Mulhouse est repris.

A Florenville , on signale une rencontre de cavalerie heureuse pour les n?tres.

BELGIQUE.--La reine des Belges et ses enfants, ainsi que le gouvernement et le corps diplomatique, quittent Bruxelles pour Anvers, consid?r?e comme imprenable. Bruxelles demeure bien d?fendue.

Des forces allemandes tr?s importantes franchissent la Meuse entre Li?ge et Namur.

LA LETTRE DU TAMBOUR

L'?tape a ?t? dure. On marche vers le front. On a h?te d'y ?tre. On y sera tout ? l'heure... En attendant, on se repose. On bavarde gaiement, ou l'on sommeille ? c?t? des faisceaux. Le tambour, lui, s'est dit qu'il avait mieux ? faire que de bavarder ou de dormir, et que, puisqu'il est un des rares hommes de la compagnie qui ait une table ? ?crire ? sa disposition, c'est bien le moins qu'il en profite. Et il s'est assis devant sa table ? ?crire... C'est la <> qui n'a jamais <> que des rassemblements et des marches, et qui, dans quelques heures peut-?tre, battra la charge heureuse, la victorieuse course ? l'ennemi.

Pour l'instant, ce ne sont pas les baguettes d'?b?ne qu'y prom?ne la main du petit soldat; mais un bout de crayon, qui va faire aussi, lui, d'utile besogne, puisqu'il aura port? un instant de r?confort et de joie aux coeurs de <>, et qui pleurent.

La lettre du tambour, pourtant, n'en dira pas long, car la consigne, n'est-ce pas, est d'en raconter le moins possible... Il ne faut pas dire o? on va. Il ne faut pas dire d'o? l'on vient; ni ce qu'on fait; ni en quel lieu l'on s'est arr?t?... Et c'est l'orgueil du petit troupier qui va se battre de penser qu'il y a l? un secret sacr? que la patrie lui confie, et que chacun doit garder pour soi.

LE PREMIER TROPH?E

Lundi matin, ? 9 h. 45, le colonel Serret, ancien attach? militaire de France ? Berlin, se pr?sentait au minist?re de la Guerre, en automobile, accompagn? d'un officier de l'arm?e active et de deux sous-officiers de gendarmerie: il venait remettre au gouvernement le premier drapeau pris aux Allemands, le drapeau du 132e d'infanterie, enlev?--au prix de quels prodiges de vaillance!--par les soldats du 1er bataillon de chasseurs ? pied, ? l'affaire de Sainte-Blaise, Alsace.

Quelques instants apr?s, ce troph?e guerrier flottait ? une fen?tre de l'h?tel du minist?re de la Guerre, au-dessous du drapeau tricolore. Et, la nouvelle de son arriv?e se r?pandant comme une tra?n?e de poudre, la foule accourait, d'heure en heure plus dense, pour le contempler.

Tout le jour, des curieux bien sages, presque recueillis, d?fil?rent, en rangs press?s, devant cette enseigne captive. Le soir elle fut pr?sent?e au pr?sident de la R?publique, et passa la nuit ? l'Elys?e dans la chambre de l'officier de service. Le lendemain matin elle ?tait conduite aux Invalides, o? elle ne sera qu'un troph?e de plus, perdu dans la masse de ceux qui flottent autour du d?me glorieux. Une compagnie de la garde r?publicains lui faisait escorte.

Dans la cour d'honneur du noble h?tel de Mansart, le g?n?ral Niox attendait, le drapeau du 132e allemand. Le sous-officier qui l'avait apport? le remit au doyen des dix invalides encore hospitalis?s, Pierre Dumont, un ancien combattant de Crim?e, d'Italie, et aussi de 1870-1871,--?trange retour de fortune, pour ce vaincu d'autrefois dont l'?motion dut ?tre intense quand, fi?rement dress? sur son unique jambe, il pr?senta le drapeau ennemi qui fut courtoisement salu? par tous les assistants.

L'ARRIV?E EN FRANCE ET LA VISITE A PARIS DU G?N?RAL FRENCH.

OU SONT LES AUTOBUS

LEUR MILITARISATION POUR LE RAVITAILLEMENT DES TROUPES EN VIANDE FRAICHE

La disparition des autobus, qui a ?t? une des premi?res cons?quences de la mobilisation g?n?rale, a quelque peu d?sorient? la population parisienne; on s'aper?oit aujourd'hui du r?le ?norme qu'ils jouaient dans la capitale.

Les Parisiens ne sauraient cependant se plaindre de cette disparition, car les autobus que nous devons ? la maison Schneider et ? son ing?nieur M. Brilli? vont jouer dans notre arm?e, pendant la guerre qui vient de commencer, un r?le de premier ordre. Ce n'est point qu'ils soient destin?s ? transporter du personnel, tout au moins d'une fa?on habituelle; leur emploi ne pr?senterait en effet dans ce cas qu'une importance assez faible, car les 1.000 autobus de la Compagnie G?n?rale des Omnibus ne peuvent contenir que 35.000 voyageurs, soit au maximum 30.000 hommes arm?s et ?quip?s. Leur r?le est bien autrement important. Ils sont destin?s ? assurer jusqu'au front la ravitaillement en viande fra?che de tous les corps de troupe.

Pour toutes ces raisons on songea, d?s les d?buts de l'automobile, ? assurer le transport de la viande fra?che au moyen de la traction m?canique. On ne pouvait gu?re songer ? constituer dans les magasins un approvisionnement de voitures ? viande automobiles qui, tout en ?tant d'un prix fort ?lev?, se seraient bient?t d?t?rior?es en magasin. On se contenta d'exp?rimenter quelques mod?les d'essai, pour se rendre compte des conditions ? r?aliser et l'on chercha un moyen d'utiliser les v?hicules existant dans l'industrie. Les premi?res exp?riences ayant donn? des r?sultats tr?s satisfaisants, on eut l'id?e de recourir ? la Compagnie G?n?rale des Omnibus qui venait de construire ses premi?res voitures automobiles .

La transformation de ces autobus en voitures ? viande ?tait relativement facile. Le ciel de la voiture ?tant extr?mement solide et la voiture formant un long couloir, on n'avait qu'? suspendre la viande ? des crochets attach?s ? des barres de fer dispos?es ? peu pr?s comme l'?taient les mains courantes des omnibus.

Il suffisait de fixer solidement ces barres de fer, en ?tayant au besoin le ciel de la voiture, en raison de la longue port?e des barres, de d?monter les si?ges pour d?gager l'int?rieur de la voiture, d'installer une porte munie d'un grillage m?tallique, de remplacer ?galement par du grillage m?tallique les glaces mobiles d'a?ration, enfin de doubler int?rieurement la carrosserie avec des feuilles de zinc jusqu'? une certaine hauteur pour rendre facile l'entretien de la voiture.

Un certain nombre d'autobus ainsi transform?s figur?rent aux grandes manoeuvres ? plusieurs reprises. Ces essais donn?rent les meilleurs r?sultats et eurent pour cons?quence l'adoption du syst?me exp?riment?.

L'autobus sans imp?riale, qui a remplac? l'autobus ? imp?riale, a un plafond plus l?ger; d'autre part, son compartimentage int?rieur est assez compliqu?. La transformation est moins facile, mais elle permet d'arriver au m?me r?sultat. Cette transformation a ?t? ex?cut?e par les soins de la Compagnie G?n?rale des Omnibus qui avait pass? avec l'Etat un trait? l'obligeant ? conserver en magasin, en temps de paix, toutes les mati?res premi?res n?cessaires. Les travaux de transformation ont ?t? termin?s en temps utile pour tous les corps d'arm?e mobilis?s.

L'autobus ?tant am?nag? comme nous l'avons indiqu? plus haut, l'utilisation devient tr?s simple.

La viande en quartiers est suspendue ? des crocs fix?s au ciel de la voiture, comme dans un ?tal de boucher, sans que les quartiers se touchent. Dans ces conditions un autobus ne peut gu?re transporter plus de 1.800 kilogrammes de viande abattue, alors que le m?me v?hicule transportait pr?c?demment trente-cinq voyageurs, plus le chauffeur et le conducteur, soit au total environ 2.600 kilogrammes de Parisiens sur... pied .

Ce chiffre de 1.800 kilogrammes repr?sente 3.600 rations de viande fra?che, ? raison de 500 grammes par ration. Un autobus transform? renferme ainsi un peu plus que la viande n?cessaire chaque jour ? un r?giment d'infanterie comprenant normalement 3 bataillons de 1.000 hommes.

Il suffirait donc, ? la rigueur, d'une douzaine d'autobus par corps d'arm?e et, avec 250 autobus, nos vingt corps de premi?re ligne se trouveraient suffisamment pourvus. Mais le service des petites unit?s serait mal assur?, les trains r?gimentaires auraient ? accomplir des parcours exag?r?s et enfin on ne pourrait point parer aux accidents impr?vus. Aussi a-t-on ? peu pr?s doubl? les effectifs pr?c?dents, tout en conservant un certain nombre d'autobus pour le transport des bless?s et peut-?tre pour certains transports rapides de personnel combattant.

Ajoutons que l? o? le r?seau de routes est en bon ?tat les autobus peuvent apporter la viande jusque dans les cantonnements, ce qui ?vite aux trains r?gimentaires des fatigues excessives et ?pargne ? la viande des transbordements f?cheux.

Quand les Parisiens reverront leurs autobus, comme les carrosseries en seront hors de service, ils auront alors le plaisir de les voir remplacer par des carrosseries plus larges et plus confortables que la Compagnie G?n?rale des Omnibus a adopt?es en principe il y a quelques semaines. A quelque chose malheur est bon.

SAUVEROCHE.

LES VICISSITUDES DE LA GUERRE.

LA BATAILLE DE HAELEN

Le sol de la vaillante Belgique, sur lequel s'est produite la premi?re attaque allemande, la premi?re entreprise contre une place forte, Li?ge, aura eu aussi l'honneur de voir se d?rouler un des premiers combats s?rieux en rase campagne. Il s'est livr? le mercredi 12 ao?t, entre Diest et Haelen, et a mis en pr?sence une quinzaine de milliers d'hommes.

C'est sur ce champ de bataille que furent prises, au lendemain de la sanglante rencontre, les photographies que nous donnons ici,--les premi?res photographies de la grande guerre.

Nos amis belges avaient en face d'eux les cavaliers qui viennent de dragonner si sauvagement, pillant et massacrant tour ? tour, dans le Limbourg et le Brabant, autour de Jodoigne, Tirlemont, Hasselt, Louvain, et, parmi eux, les fun?bres hussards de la Mort, de Dantzig, que commanda nagu?re le kronprinz: leurs exactions sont maintenant ch?ti?es.

Mercredi matin, les Allemands quittaient Hasselt, d?clarant aller tout droit ? Bruxelles. Malheureusement pour eux, il y avait sur la route ce <> dont parle le po?te.

Ils partirent sans m?me s'?clairer, tellement ils ?taient s?rs d'eux, ? travers une contr?e pourtant accident?e. Ils arriv?rent ainsi jusqu'? Haelen. Mais ? peine le premier peloton de uhlans p?n?trait-il dans ce village, qu'il y ?tait accueilli par un feu intense. Le peloton entier fut fauch?: les cyclistes arm?s de la mitrailleuse portative Hotchkiss venaient de se r?v?ler, et le premier coup qu'ils portaient ?tait terrible, prouvant que leur corps ?tait aussi redoutable qu'ing?nieusement organis?: <>, disait le lendemain le capitaine de la compagnie. Le combat commen?ait.

Les cyclistes r?sist?rent magnifiquement. Leurs officiers les commandaient avec le m?me calme que s'ils eussent ?t? ? l'exercice. Le flegme belge n'a rien ? envier au flegme britannique, cette ?l?gante possession de soi-m?me et ce d?dain superbe des contingences.

Les Allemands s'?taient vite rendu compte que ceux qui se dressaient devant eux ?taient peu nombreux. Ils lanc?rent leur cavalerie en trombe: <>, devait d?clarer plus tard un de leurs officiers bless?s. Le vieux mar?chal de Haeseler, qui commandait autrefois ? Metz, fit ? Guillaume II lui-m?me, un jour que le kaiser s'?tait senti d'humeur ? jouer ? la guerre, la m?me observation.

Les deux mitrailleuses de la compagnie cycliste entr?rent en action; les imp?tueux cavaliers aussit?t se repli?rent. Alors, l'agresseur fit donner le canon. Une pluie de mitraille ?crasa le petit bourg, criblant les rues, les maisons, l'?glise. Bien abrit?s, habilement dissimul?s, les cyclistes tinrent bon, jusqu'au moment o? ils se virent pr?s d'?tre d?bord?s par le nombre: ? 200, ils avaient maintenu en respect 6.000 ennemis. Ils se repli?rent,--non sans que deux d'entre eux fussent all?s, sous le feu, faire sauter le pont de Haelen. Ils avaient admirablement rempli leur r?le.

Les troupes belges mass?es en arri?re se d?masqu?rent alors. Ce fut, de part et d'autre, une canonnade terrible. Mais on fit une constatation int?ressante, et que les communiqu?s de notre minist?re de la Guerre ont signal?e d?j?, dans les escarmouches qu'ont eues nos propres troupes, c'est que l'effet des obus allemands ?tait presque nul. Aurait-on donc calomni? la maison Krupp, quand on l'accusa d'avoir vendu aux pauvres Turcs des projectiles pour l'exportation?

Le tir des Belges ?tait, au contraire, d'une pr?cision merveilleuse: on en eut la preuve ? l'heure de la retraite, o? un seul canon ennemi continuait de tirer, les autres ?tant sans doute en mauvais point.

L'avantage se manifesta bient?t nettement du c?t? des Belges. Quelque flottement se fit sentir chez les Allemands, dont la cavalerie, tenue sous le feu des canons de nos alli?s, ?tait immobilis?e; ce fut surtout un duel d'artillerie.

Pourtant, ? un moment, des dragons de Mecklembourg se lanc?rent, comme dans un supr?me effort, de Haelen sur la route de Diest, une belle all?e droite, bord?e d'arbres, telle qu'on en voit dans les tableaux des vieux ma?tres flamands. Ils n'all?rent pas loin: ? l'entr?e de Zelck-Haelen, une barricade se dressait en travers de la route. Des mitrailleurs cyclistes ?taient embusqu?s derri?re, d'autres dans les greniers des premi?res maisons du village, d'autres dans le clocher de l'?glise. Ils attendaient, tranquilles. Et quand les cavaliers aux flammes jaunes et noires ne furent plus qu'? 200 m?tres, le cr?pitement des armes automatiques ?clata en gr?le. L'escadron fut fauch? comme une gerbe. Seuls, deux pauvres chevaux emball?s franchirent la barricade.

C'?tait, pour les Allemands, la partie perdue. L'artillerie graduellement se taisait. La retraite se dessina vers Saint-Trond. A la nuit, il ne resta plus sur le terrain de la lutte qu'un amas de morts et de bless?s, des armes abandonn?es, lances, fusils, des accessoires d'?quipement. L'ennemi avait laiss? l? plus de 3.000 hommes.

Ce fut, pendant plusieurs jours, une vision infernale, un vrai charnier o? les cadavres des chevaux se m?laient ? ceux des hommes. Les paysans n'arrivaient qu'avec peine ? enterrer les uns et les autres. On pensa un moment ?tre oblig?s de les br?ler, ne pouvant suffire ? la besogne.

Quant aux bless?s, on avait fait diligence pour les enlever, les adversaires confondus, Belges et Allemands trait?s avec les m?mes soins. Et ces derniers n'en revenaient pas de se voir couch?s dans les lits blancs de l'hospice civil de Diest. Car, afin de les mieux exciter au combat, leurs officiers n'avaient cess? de leur r?p?ter que nos amis--comme nous!--ne manqueraient pas de les achever s'ils tombaient frapp?s d'un coup. Quelques-uns, d'ailleurs, avaient re?u de leurs propres chirurgiens, avant la d?b?cle, les premiers soins ou du moins, avaient ?t? examin?s. Beaucoup portaient au cou une pancarte avec leur nom, le num?ro de leur r?giment, l'indication de leurs blessures et un avis m?dical conseillant les soins qu'il fallait leur donner.

Parmi les troph?es de victoire que cette magnifique journ?e rapportait aux Belges se trouvait l'?tendard des hussards de la Mort, le macabre ?tendard auquel, il y a quelques mois, le kronprinz, abandonnant ce r?giment pour venir ? Berlin, au grand ?tat-major, pr?parer la guerre, adressait un si belliqueux au revoir!... Depuis le lendemain de la rude bataille, il est ? l'h?tel de ville de Diest, triste, sous ses couleurs sombres, autant qu'un plumet de catafalque.

Au moment m?me o? nous achevons ce num?ro, arrive une nouvelle qui ajoute une ?motion profonde ? toutes celles que nous ?prouvons depuis quelques jours: le pape Pie X est mort jeudi matin, ? une heure et demie.

Depuis plus d'un an d?j?, la sant? du Saint-P?re ?tait chancelante. Son grand ?ge--il ?tait bient?t octog?naire, ce qu'on n'imaginerait jamais ? voir ses plus r?centes photographies--faisait ? tout instant redouter la fatale catastrophe. En quelques jours, un catarrhe pulmonaire vient d'achever de terrasser l'auguste vieillard.

A quelle heure sombre il dispara?t! Il avait fait les plus nobles et les plus pressants efforts pour conjurer l'orage. Il avait eu la superbe illusion de pouvoir exercer quelque ascendant sur le vieil empereur Fran?ois-Joseph, <>, comme lui au terme d'une longue vie, et que l'adversit? acharn?e e?t d? rendre sage. Il avait esp?r? le d?terminer ? la d?marche, au geste qui e?t assur? la paix. Un autre esprit d?moniaque contrebalan?ait sa bienveillante influence. Il fut vaincu. Et il n'est pas t?m?raire de penser que le spectacle douloureux que lui offrit, ? ses derni?res heures la chr?tient? tout enti?re aux prises dans une lutte farouche et sans merci, ait abr?g? peut-?tre les heures du Pontife, du pasteur des peuples catholiques.

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