Read Ebook: La Vie de M. de Molière Réimpression de l'édition originale (Paris 1705) et des pièces annexes by Grimarest Jean L Onor Le Gallois De Lalauze Adolphe Illustrator
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Cette femme n'a?ant aucune ressource, et connoissant l'humeur bien-fesante de Moli?re, alla le prier de lui pr?ter son Th??tre pour trois jours seulement, afin que le petit gain qu'elle esp?roit de faire dans ses trois repr?sentations lui serv?t ? remettre sa troupe en ?tat. Moli?re voulut bien lui acorder ce qu'elle lui demandoit. Le premier jour fut plus heureux qu'elle ne se l'?toit promis; mais ceux qui avoient entendu le petit Baron, en parl?rent si avantageusement, que le second jour qu'il parut sur le Th??tre, le lieu ?toit si rempli, que la Raisin fit plus de mille ?cus.
Moli?re, qui ?toit incommod?, n'avoit pu voir le petit Baron les deux premiers jours; mais tout le monde lui en dit tant de bien, qu'il se fit porter au Palais Royal ? la troisi?me repr?sentation, tout malade qu'il ?toit. Les Com?diens de l'H?tel de Bourgogne n'en avoient manqu? aucune, et ils n'?toient pas moins surpris du jeune Acteur, que l'?toit le Public, sur tout la Du-Parc, qui le prit tout d'un coup en amiti?; et qui bien s?rieusement avoit fait de grands pr?paratifs pour lui donner ? souper ce jour-l?. Le petit homme, qui ne s?avoit auquel entendre pour recevoir les caresses qu'on lui fesoit, promit ? cette Com?dienne qu'il iroit chez elle. Mais la partie fut rompue par Moli?re, qui lui dit de venir souper avec lui. C'?toit un ma?tre et un oracle quand il parloit. Et ces Com?diens avoient tant de d?f?rence pour lui, que Baron n'osa lui dire qu'il ?toit retenu; et la Du-Parc n'avoit garde de trouver mauvais que le jeune homme lui manqu?t de parole. Ils regardoient tous ce bon acueil, comme la fortune de Baron; qui ne fut pas plut?t arriv? chez Moli?re, que celui-ci commen?a par envoyer chercher son Tailleur, pour le faire habiller, et il recommanda au Tailleur que l'habit f?t tr?s-propre, complet, et fait d?s le lendemain matin. Moli?re interrogeoit et observoit continuellement le jeune Baron pendant le souper, et il le fit coucher chez lui, pour avoir plus de tems de conno?tre ses sentimens par la conversation, afin de placer plus seurement le bien qu'il lui vouloit faire.
Le lendemain matin le Tailleur exact aporta sur les neuf ? dix heures au petit Baron un ?quipage tout complet. Il fut tout ?tonn?, et fort aise de se voir tout d'un coup si bien ajust?. Le Tailleur lui dit qu'il falloit descendre dans l'apartement de Moli?re pour le remercier. <
Moli?re lui demanda ce que sinc?rement il souhaiteroit le plus alors?--<
La Raisin ne fut pas longtemps ? savoir son malheur; anim?e par son Olivier, elle entra toute furieuse le lendemain matin dans la chambre de Moli?re, deux pistolets ? la main, et lui dit que s'il ne lui rendoit son Acteur elle alloit lui casser la t?te. Moli?re, sans s'?mouvoir, dit ? son domestique de lui ?ter cette femme-l?. Elle passa tout d'un coup de l'emportement ? la douleur; les pistolets lui tomb?rent des mains, et elle se jeta aux pi?s de Moli?re, le conjurant, les larmes aux yeux, de lui rendre son Acteur; et lui exposant la mis?re o? elle alloit ?tre r?duite, elle et toute sa famille, s'il le retenoit.--<
Moli?re, qui aimoit les bonnes moeurs, n'eut pas moins d'attention ? former celles de Baron, que s'il e?t ?t? son propre fils: il cultiva avec soin les dispositions extraordinaires qu'il avoit pour la d?clamation. Le Public sait comme moi jusqu'? quel degr? de perfection il l'a ?lev?. Mais ce n'est pas le seul endroit par lequel il nous a fait voir qu'il a s?u profiter des le?ons d'un si grand Ma?tre. Qui, depuis sa mort, a soutenu plus seurement le Th??tre comique, que Monsieur Baron?
Le Roi se plaisoit tellement aux divertissements fr?quents que la Troupe de Moli?re lui donnoit, qu'au mois d'Ao?t 1665, Sa Majest? jugea ? propos de la fixer tout-?-fait ? son service, en lui donnant une pension de sept mille livres. Elle prit alors le titre de la Troupe du Roi, qu'elle a toujours conserv? depuis, et elle ?toit de toutes les f?tes qui se fesoient par tout o? ?toit Sa Majest?.
Cependant ces jugemens injustes et de cabale, et la situation domestique o? se trouvoit Moli?re, ne laissoient pas de le troubler, quelque heureux qu'il f?t du c?t? de son Prince, et de celui de ses amis. Son mariage diminua l'amiti? que la B?jart avoit pour lui auparavant, au lieu de la cimenter: de mani?re qu'il voyoit bien que sa belle-m?re ne l'aimoit plus, et il s'imaginoit que sa femme ?toit pr?te ? le ha?r. L'esprit de ces deux femmes ?toit tellement opos? ? celui de Moli?re qu'? moins de s'assujetir ? leur conduite, et ? leur humeur, il ne devoit pas compter de jouir d'aucuns momens agr?ables avec elles. Le bien que Moli?re fesoit ? Baron d?plaisoit ? sa femme: sans se mettre en peine de r?pondre ? l'amiti? qu'elle vouloit exiger de son mari, elle ne pouvoit souffrir qu'il e?t de la bont? pour cet enfant, qui de son c?t? ? treize ans n'avoit pas toute la prudence n?cessaire, pour se gouverner avec une femme, pour qui il devoit avoir des ?gards. Il se voyoit aim? du mari; necessaire m?me ? ses spectacles, caress? de toute la Cour, il s'embarassoit fort peu de plaire, ou non ? la Moli?re: elle ne le n?gligeoit pas moins; elle s'?chapa m?me un jour de lui donner un soufflet sur un sujet assez l?ger. Le jeune homme en fut si vivement piqu? qu'il se retira de chez Moli?re: il crut son honneur int?ress? d'avoir ?t? batu par une femme. Voil? de la rumeur dans la maison. <
Cette femme prit la r?solution de courir la Province avec sa Troupe, qui r?ussit assez par tout ? cause de son Acteur. Mais elle se d?rangea par la suite. Il s'en forma une meilleure, dans laquelle ?toit Mademoiselle de Beauval: Baron jugea ? propos de s'y metre. Cependant il ?toit toujours ocup? de Moli?re; l'?ge, le changement lui fesoient sentir la reconnoissance qu'il lui devoit, et le tort qu'il avoit eu de le quiter. Il ne cachoit point ces sentimens, et il disoit publiquement qu'il ne chercheoit point ? se remettre avec lui, parce qu'il s'en reconnoissoit indigne. Ces discours furent raport?s ? Moli?re; il en fut bien aise; et ne pouvant tenir contre l'envie qu'il avoit de faire revenir ce jeune homme dans sa Troupe, qui en avoit besoin, il lui ?crivit ? Dijon une lettre tr?s-touchante; et comme s'il avoit ?t? assur? que Baron adh?reroit ? sa pri?re, et r?pondroit au bien qu'il lui fesoit, il lui envoya un nouvel ordre du Roi, et lui marqua de prendre la poste pour se rendre plus promtement aupr?s de lui.
Moli?re avoit souffert de l'absence de Baron; l'?ducation de ce jeune homme l'amusoit dans ses momens de rel?che; les chagrins de famille augmentoient tous les jours chez lui. Il ne pouvoit pas toujours travailler, ni ?tre avec ses amis pour s'en distraire. D'ailleurs il n'aimoit pas le nombre, ni la g?ne, il n'avoit rien pour s'amuser et s'?tourdir sur ses d?plaisirs. Sa plus douloureuse r?flexion ?toit, qu'?tant parvenu ? se former la r?putation d'un homme de bon esprit, on e?t ? lui reprocher que son m?nage n'en f?t pas mieux conduit, et plus paisible. Ainsi il regardoit le retour de Baron comme un amusement famillier, avec lequel il pourroit avec plus de satisfaction mener une vie tranquile, conforme ? sa sant? et ? ses principes, d?barass? de cet atirail ?tranger de famille, et d'amis m?me qui nous d?robent le plus souvent par leur pr?sence importune les momens les plus agr?ables de notre vie.
Baron ne fut pas moins vif que Moli?re sur les sentimens du retour: il part aussi-t?t qu'il eut re?u la lettre: et Moli?re ocup? du plaisir de revoir son jeune Acteur quelques momens plut?t, fut l'atendre ? la porte Saint Victor le jour qu'il devoit arriver. Mais il ne le reconnut point. Le grand air de la campagne et la course l'avoient tellement harrass? et d?figur?, qu'il le laissa passer sans le reconno?tre, et il revint chez lui tout triste apr?s avoir bien atendu. Il fut agr?ablement surpris d'y trouver Baron, qui ne put metre en oeuvre un beau compliment qu'il avoit compos? en chemin; la joie de revoir son bien-faiteur lui ?ta la parole.
Moli?re demanda ? Baron s'il avoit de l'argent. Il lui r?pondit qu'il n'en avoit que ce qui ?toit rest? de r?pandu dans sa poche; parce qu'il avoit oubli? sa bourse sous le chevet de son lit ? la derni?re couch?e; qu'il s'en ?toit aper?u ? quelques postes; mais que l'empressement qu'il avoit de le revoir ne lui avoit pas permis de retourner sur ses pas pour chercher son argent. Moli?re fut ravi que Baron rev?nt touch?, et reconnoissant. Il l'envoya ? la Com?die, avec ordre de s'enveloper tellement dans son manteau que personne ne p?t le reconno?tre; parce qu'il n'?toit pas habill?, quoique fort proprement, ? la phantaisie d'un homme qui en fesoit l'agr?ment de ses spectacles; Moli?re n'oublia rien pour le remetre dans son lustre. Il reprit la m?me atention qu'il avoit eue pour lui dans les commencemens: et l'on ne peut s'imaginer avec quel soin il s'apliquoit ? le former dans les moeurs, comme dans sa profession. En voici un exemple qui fait un des plus beaux traits de sa vie.
Un homme, dont le nom de famille ?toit Mignot, et Mondorge celui de Com?dien, se trouvant dans une triste situation, prit la r?solution d'aller ? Haute?il, o? Moli?re avoit une maison, et o? il ?toit actuellement, pour t?cher d'en tirer quelque secours, pour les besoins pressans d'une famille qui ?toit dans une mis?re affreuse. Baron, ? qui ce Mondorge s'adressa, s'en aper?ut ais?ment; car ce pauvre Com?dien fesoit le spectacle du monde le plus pitoyable. Il dit ? Baron, qu'il savoit ?tre un assur? protecteur aupr?s de Moli?re, que l'urgente n?cessit? o? il ?toit lui avoit fait prendre le parti de recourir ? lui, pour le mettre en ?tat de rejoindre quelque troupe avec sa famille; qu'il avoit ?t? le camarade de Mr de Moli?re en Languedoc; et qu'il ne doutoit pas qu'il ne lui f?t quelque charit?, si Baron vouloit bien s'int?resser pour lui.
Baron monta dans l'apartement de Moli?re, et lui rendit le discours de Mondorge, avec peine, et avec pr?caution pourtant, craignant de rapeller d?sagr?ablement ? un homme fort riche, l'id?e d'un camarade fort gueux. <
Quoique la Troupe de Moli?re f?t suivie, elle ne laissa pas de languir pendant quelque tems par le retour de Scaramouche. Ce Com?dien, apr?s avoir gagn? une somme assez consid?rable pour se faire dix ou douze mille livres de rente, qu'il avoit plac?es ? Florence, lieu de sa naissance, fit dessein d'aller s'y ?tablir. Il commen?a par y envoyer sa femme, et ses enfans; et quelque tems apr?s il demanda au Roi la permission de se retirer en son Pays. Sa Majest? voulut bien la lui acorder; mais elle lui dit en m?me-tems qu'il ne falloit pas esp?rer de retour. Scaramouche, qui ne comptoit pas de revenir, ne fit aucune atention ? ce que le Roi lui avoit dit: il avoit de quoi se passer du Th??tre. Il part; mais il trouva chez lui une femme et des enfans rebelles, qui le re?urent non-seulement comme un ?tranger, mais encore qui le maltrait?rent. Il fut batu plusieurs fois par sa femme, aid?e de ses enfans, qui ne voulaient point partager avec lui la jouissance du bien qu'il avoit gagn?, et ce mauvais traitement alla si loin, qu'il ne put y r?sister: de mani?re qu'il fit solliciter fortement son retour en France, pour se d?livrer de la triste situation o? il ?toit en Italie. Le Roi eut la bont? de lui permettre de revenir. Paris l'avoit trouv? fort ? redire; et son retour r?jouit toute la Ville. On alla avec empressement ? la Com?die Italienne pendant plus de six mois, pour revoir Scaramouche: la Troupe de Moli?re fut n?glig?e pendant tout ce tems-l?; elle ne gagnoit rien; et les Com?diens ?toient pr?ts ? se r?volter contre leur Chef. Ils n'avoient point encore Baron pour rapeller le Public; et l'on ne parloit pas de son retour. Enfin ces Com?diens injustes murmuroient hautement contre Moli?re, et lui reprochoient qu'il laissoit languir leur Th??tre. <
Ce n'est pas l? le seul d?sagr?ment que Moli?re ait eu avec ses Com?diens: l'avidit? du gain ?touffoit bien souvent leur reconnoissance, et ils le harcelloient toujours pour demander des graces au Roi. Les Mousquetaires, les Gardes-du-Corps, les Gendarmes, et les Chevaux-L?gers entroient ? la Com?die sans payer: et le Parterre en ?toit toujours rempli: de sorte que les Com?diens press?rent Moli?re d'obtenir de Sa Majest? un Ordre pour qu'aucune personne de sa Maison n'entr?t ? la Com?die sans payer. Le Roi le lui acorda. Mais ces Messieurs ne trouv?rent pas bon que les Com?diens leur fissent imposer une loi si dure; et ils prirent pour un affront qu'ils eussent eu la hardiesse de le demander: les plus mutins s'ameut?rent; et ils r?solurent de forcer l'entr?e. Ils furent en troupe ? la Com?die. Ils ataquent brusquement les Gens qui gardoient les portes. Le Portier se deffendit pendant quelque tems; mais enfin ?tant oblig? de c?der au nombre, il leur jeta son ?p?e, se persuadant qu'?tant desarm?, ils ne le tueroient pas: le pauvre homme se trompa. Ces furieux, outr?s de la r?sistance qu'il avoit faite, le perc?rent de cent coups d'?p?e: et chacun d'eux en entrant lui donnoit le sien. Ils cherchoient toute la Troupe pour lui faire ?prouver le m?me traitement qu'aux gens qui avoient voulu soutenir la porte. Mais B?jart, qui ?toit habill? en vieillard pour la pi?ce qu'on alloit jouer, se pr?senta sur le Th??tre. <
Quand tout ce vacarme fut pass? la Troupe tint conseil, pour prendre une r?solution dans une occasion si p?rilleuse. <
Quand le Roi fut instruit de ce d?sordre, Sa Majest? ordonna aux Commandans des Corps qui l'avoient fait, de les faire metre sous les armes le lendemain, pour conno?tre et faire punir les plus coupables, et pour leur r?it?rer ses deffenses d'entrer ? la Com?die sans payer. Moli?re, qui aimoit fort la harangue, fut en faire une ? la t?te des Gendarmes; et leur dit que ce n'?toit point pour eux, ni pour les autres personnes qui composoient la Maison du Roi, qu'il avoit demand? ? Sa Majest? un ordre pour les emp?cher d'entrer ? la Com?die: que la Troupe seroit toujours ravie de les recevoir quand ils voudroient les honorer de leur pr?sence. Mais qu'il y avoit un nombre infini de malheureux qui tous les jours abusant de leur nom, et de la bandoli?re de Messieurs les Gardes-du-Corps, venoient remplir le Parterre, et ?ter injustement ? la Troupe le gain qu'elle devoit faire. Qu'il ne croyoit pas que des Gentilshommes qui avoient l'honneur de servir le Roi d?ssent favoriser ces mis?rables contre les Com?diens de Sa Majest?. Que d'entrer ? la Com?die sans payer n'?toit point une pr?rogative que des personnes de leur caract?re d?ssent si fort ambitionner, jusqu'? r?pandre du sang pour se la conserver. Qu'il falloit laisser ce petit avantage aux Auteurs, et aux Personnes, qui n'a?ant pas le moyen de d?penser quinze sols, ne voyoient le spectacle que par charit?, s'il m'est permis, dit-il, de parler de la sorte. Ce discours fit tout l'effet que Moli?re s'?toit promis; et depuis ce tems-l? la Maison du Roi n'est point entr?e ? la Com?die sans payer.
L'amiti? qu'ils avoient form?e d?s le Coll?ge, Chapelle et lui, dura jusqu'au dernier moment. Cependant celui-l? n'?toit pas un ami consolant pour Moli?re, il ?toit trop dissip?; il aimoit v?ritablement, mais il n'?toit point capable de rendre de ces devoirs empress?s qui r?veillent l'amiti?. Il avoit pourtant un apartement chez Moli?re ? Hauteuil, o? il alloit fort souvent; mais c'?toit plus pour se r?jouir, que pour entrer dans le s?rieux. C'?toit un de ces g?nies sup?rieurs et r?jouissans, que l'on annon?oit six mois avant que de le pouvoir donner pendant un repas. Mais pour ?tre trop ? tout le monde, il n'?toit point assez ? un v?ritable ami: de sorte que Moli?re s'en fit deux plus solides dans la personne de Mrs Rohault et Mignard, qui le d?dommageoient de tous les chagrins qu'il avoit d'ailleurs. C'?toit ? ces deux Messieurs qu'il se livroit sans r?serve. <
Chapelle n'entroit pas si intimement dans les plaintes de Moli?re, il ?toit contrariant avec lui, et il s'ocupoit beaucoup plus de l'esprit et de l'enjouement, que du coeur, et des affaires domestiques, quoique ce f?t un tr?s-honn?te homme. Il aimoit tellement le plaisir qu'il s'en ?toit fait une habitude. Mais Moli?re ne pouvoit plus lui r?pondre de ce c?t?-l?, ? cause de son incommodit?. Ainsi quand Chapelle vouloit se r?jouir ? Hauteuil, il y menoit des Convives pour lui tenir t?te; et il n'y avoit personne qui ne se f?t un plaisir de le suivre. Conno?tre Moli?re ?toit un m?rite que l'on chercheoit ? se donner avec empressement: d'ailleurs Mr de Chapelle soutenoit sa table avec honneur. Il fit un jour partie avec Mrs de J..., de N..., et de L..., pour aller se r?jouir ? Hauteuil avec leur ami. <
Les Convives se mirent ? table: les commencemens du repas furent froids: c'est l'ordinaire entre gens qui savent m?nager le plaisir; et ces Messieurs excelloient dans cette ?tude. Mais le vin eut bien t?t r?veill? Chapelle, et le tourna du c?t? de la mauvaise humeur. <
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Chapelle ?toit heureux en semblables avantures. En voici une, o? il eut encore besoin de Moli?re. En revenant d'Hauteuil, ? son ordinaire, bien rempli de vin , il eut querelle au milieu de la petite prairie d'Hauteuil avec un valet, nomm? Godemer, qui le servoit depuis plus de trente ans. Ce vieux domestique avoit l'honneur d'?tre toujours dans le carosse de son Ma?tre. Il prit phantaisie ? Chapelle en descendant d'Hauteuil, de lui faire perdre cette pr?rogative, et de le faire monter derri?re son carosse. Godemer, acoutum? aux caprices que le vin causoit ? son Ma?tre, ne se mit pas beaucoup en peine d'ex?cuter ses ordres. Celui-ci se mit en col?re: l'autre se moque de lui. Ils se gourment dans le carosse: le Cocher descend de son si?ge pour aller les s?parer. Godemer en profite pour se jeter hors du carosse. Mais Chapelle irrit? le poursuit, et le prend au collet; le Valet se deffend, et le Cocher ne pouvoit les s?parer. Heureusement Moli?re et Baron, qui ?toient ? leur fen?tre, aper?urent les Combatans: ils crurent que les Domestiques de Chapelle l'assommoient: ils acourent au plus v?te. Baron, comme le plus ingambe, arriva le premier, et fit cesser les coups; mais il fallut Moli?re pour terminer le diff?rent. <
Moli?re ?tant seul avec Baron, il prit occasion de lui dire que le m?rite de Chapelle ?toit effac? quand il se trouvoit dans des situations aussi d?sagr?ables que celle o? il venoit de le voir: qu'il ?toit bien f?cheux qu'une personne qui avoit autant d'esprit que lui, e?t si peu de retenue; et qu'il aimeroit beaucoup mieux avoir plus de conduite pour se satisfaire, que tant de brillant pour faire plaisir aux autres. <
Je ne puis m'emp?cher de raporter celui qu'il dit ? l'occasion d'une ?pigramme qu'il avoit faite contre Mr le M. de ....; c'?toit une esp?ce de fat constitu? en dignit?, on sait que la fatuit? est de tous les ?tats. Le Marquis offens? se trouvant chez Mr de M. en pr?sence de Chapelle, qu'il savoit ?tre l'Auteur de l'?pigramme, ou du moins il s'en doutoit, mena?oit d'une terrible force le pauvre Auteur, sans le nommer: son emportement ne finissoit point. Le Po?te devoit mourir sous le b?ton, ou du moins en avoir tant de coups, qu'il se souviendroit toute sa vie d'avoir versifi?. Chapelle, fatigu? d'entendre toujours ce fanfaron parler sur ce ton l?, se l?ve, et s'aprochant de Mr de.... <
Et non content encor du tort que l'on me fait, Il court parmi le monde un livre abominable, Et de qui la lecture est m?me condamnable, Un livre ? m?riter la derni?re rigueur, Dont le fourbe a l'affront de me faire l'Auteur. Et l? dessus on voit Oronte qui murmure, Et t?che m?chamment d'apuyer l'imposture; Lui qui d'un honn?te homme ? la Cour tient le rang... Etc...
Tout le monde sait qu'apr?s cela cette pi?ce fut jou?e de suite, et qu'elle a toujours ?t? fort aplaudie toutes les fois qu'elle a paru; et les personnes qui ont voulu par passion la critiquer, ont toujours succomb? sous les raisons de ceux qui en connoissent le m?rite.
Quoique Moli?re donn?t ? ses pi?ces beaucoup de m?rite du c?t? de la composition, cependant elles ?toient repr?sent?es avec un jeu si d?licat, que quand elles auroient ?t? m?diocres elles auroient pass?. Sa troupe ?toit bien compos?e; et il ne confioit point ses rolles ? des Acteurs qui ne seussent pas les ex?cuter, il ne les pla?oit point ? l'avanture, comme on fait aujourd'hui. D'ailleurs il prenoit toujours les plus difficiles pour lui. Ce n'est pas qu'il e?t universellement l'?loquence du corps en partage, comme Baron. Au contraire dans les commencemens, m?me dans la Province, il paroissoit mauvais Com?dien ? bien des gens; peut-?tre ? cause d'un hoquet ou tic de gorge qu'il avoit, et qui rendoit d'abord son jeu d?sagr?able ? ceux qui ne le connoissoient pas. Mais pour peu que l'on f?t atention ? la d?licatesse avec laquelle il entroit dans un caract?re, et il exprimoit un sentiment, on convenoit qu'il entendoit parfaitement l'art de la d?clamation. Il avoit contract? par habitude le hoquet dont je viens de parler. Dans les commencemens qu'il monta sur le th??tre, il reconnut qu'il avoit une volubilit? de langue, dont il n'?toit pas le ma?tre, et qui rendoit son jeu d?sagr?able. Et des efforts qu'il se fesoit pour se retenir dans la prononciation, il s'en forma un hoquet, qui lui demeura jusques ? la fin. Mais il sauvoit ce d?sagr?ment par toute la finesse avec laquelle on peut repr?senter. Il ne manquoit aucun des accens et des gestes n?cessaires pour toucher le spectateur. Il ne d?clamoit point au hasard, comme ceux qui destitu?s des principes de la d?clamation, ne sont point assur?s dans leur jeu: il entroit dans tous les d?tails de l'action. Mais s'il revenoit aujourd'hui, il ne reconnoitroit pas ses ouvrages dans la bouche de ceux qui les repr?sentent.
Il est vrai que Moli?re n'?toit bon que pour repr?senter le Comique; il ne pouvoit entrer dans le s?rieux, et plusieurs personnes assurent qu'a?ant voulu le tenter, il r?ussit si mal la premi?re fois qu'il parut sur le th??tre, qu'on ne le laissa pas achever. Depuis ce tems-l?, dit on, il ne s'atacha qu'au Comique, o? il avoit toujours du succ?s, quoique les gens d?licats l'acusassent d'?tre un peu grimacier. Mais si ces personnes l? le lui avoient reproch? ? lui-m?me, je ne sais s'il n'auroit pas eu raison de leur r?pondre que le commun du Public aime les charges, et que le jeu d?licat ne l'affecte point.
Moli?re n'?toit point un homme qu'on p?t oublier par l'absence. Mr Bernier ne fut pas plut?t de retour de son voyage du Mogol qu'il fut le voir ? Hauteuil. Apr?s les premiers complimens d'amiti?, celui-l? commen?a la conversation par la relation. Il fit d'abord observer ? Moli?re que l'on n'en usoit point avec l'Empereur du Mogol d?tr?n?, et avec ses enfans, aussi inhumainement qu'on le fait en Turquie. <
Moli?re trouva mieux son compte dans la Sc?ne suivante, que dans celle du Courtisan; il se mit dans le vrai ? son aise, et donna des marques d?sint?ress?es d'une parfaite sinc?rit?; c'?toit o? il triomphoit. Un jeune homme de vingt-deux ans, beau et bien fait, le vint trouver un jour; et apr?s les complimens lui d?couvrit qu'?tant n? avec toutes les dispositions n?cessaires pour le Th??tre, il n'avoit point de passion plus forte, que celle de s'y attacher; qu'il venoit le prier de lui en procurer les moyens, et lui faire conno?tre que ce qu'il avan?oit ?toit v?ritable. Il d?clama quelques Sc?nes d?tach?es, s?rieuses et comiques devant Moli?re, qui fut surpris de l'art avec lequel ce jeune homme fesoit sentir les endroits touchans. Il sembloit qu'il e?t travaill? vingt ann?es, tant il ?toit assur? dans ses tons; ses gestes ?toient m?nag?s avec esprit: de sorte que Moli?re vit bien que ce jeune homme avoit ?t? ?lev? avec soin. Il lui demanda comment il avoit apris la d?clamation.--<
Si Chapelle ?toit incommode ? ses amis par son indiff?rence, Moli?re ne l'?tait pas moins dans son domestique par son exactitude et par son arangement. Il n'y avoit personne, quelque attention qu'il e?t, qui y p?t r?pondre: une fen?tre ouverte ou ferm?e un moment devant ou apr?s le tems qu'il l'avoit ordonn? metoit Moli?re en convulsion; il ?toit petit dans ces ocasions. Si on lui avoit d?rang? un livre, c'en ?toit assez pour qu'il ne travaill?t de quinze jours: il y avoit peu de domestiques qu'il ne trouv?t en deffaut; et la vieille servante la Forest y ?toit prise aussi souvent que les autres, quoiqu'elle d?t ?tre acoutum?e ? cette fatigante r?gularit? que Moli?re exigeoit de tout le monde. Et m?me il ?toit pr?venu que c'?toit une vertu; de sorte que celui de ses amis qui ?toit le plus r?gulier, et le plus arang?, ?toit celui qu'il estimoit le plus.
Il ?toit tr?s-sensible au bien qu'il pouvoit faire dire de tout ce qui le regardoit: ainsi il ne n?gligeoit aucune ocasion de tirer avantage dans les choses communes, comme dans le s?rieux, et il n'?pargnoit pas la d?pense pour se satisfaire; d'autant plus qu'il ?toit naturellement tr?s-lib?ral. Et l'on a toujours remarqu? qu'il donnoit aux pauvres avec plaisir, et qu'il ne leur fesoit jamais des aum?nes ordinaires.
Il n'aimoit point le jeu; mais il avoit assez de penchant pour le sexe; la de... l'amusoit quand il ne travailloit pas. Un de ses amis, qui ?toit surpris qu'un homme aussi d?licat que Moli?re e?t si mal plac? son inclination, voulut le d?go?ter de cette Com?dienne. <
C'?toit l'homme du monde qui se fesoit le plus servir; il falloit l'habiller comme un Grand Seigneur, et il n'auroit pas arang? les plis de sa cravate. Il avoit un valet, dont je n'ai pu savoir ny le nom, ny la famille, ny le pays; mais je sais que c'estoit un domestique assez ?pais, et qu'il avoit soin d'habiller Moli?re. Un matin qu'il le chaussoit ? Chambord, il mit un de ses bas ? l'envers. <
Il y a des gens de ce tems-cy qui pr?tendent que Moli?re ait pris l'id?e du Bourgeois Gentilhomme dans la Personne de Gandouin, Chapelier, qui avoit consomm? cinquante mille ?cus avec une femme, que Moli?re connoissoit, et ? qui ce Gandouin donna une belle maison qu'il avoit ? Meudon. Quand cet homme fut ab?m?, dit-on, il voulut plaider pour rentrer en possession de son bien. Son neveu, qui ?toit Procureur et de meilleur sens que lui, n'a?ant pas voulu entrer dans son sentiment, cet Oncle furieux lui donna un coup de couteau, dont pourtant il ne mourut pas. Mais on fit enfermer ce fou ? Charanton d'o? il se sauva par dessus les murs. Bien loin que ce Bourgeois ait servi d'original ? Moli?re pour sa pi?ce, il ne l'a connu ni devant, ni apr?s l'avoir faite; et il est indiff?rent ? mon sujet que l'avanture de ce Chapelier soit arriv?e, ou non, apr?s la mort de Moli?re.
Moli?re ?toit vif quand on l'ataquoit. Benserade l'avoit fait; mais je n'ai pu savoir ? quelle ocasion. Celui-l? r?solut de se venger de celui-cy, quoiqu'il f?t le bel esprit d'un grand Seigneur, et honor? de sa protection. Moli?re s'avisa donc de faire des vers du go?t de ceux de Benserade, ? la louange du Roi, qui repr?sentoit Neptune dans une f?te. Il ne s'en d?clara point l'Auteur; mais il eut la prudence de le dire ? Sa Majest?. Toute la Cour trouva ces vers tr?s-beaux, et tout d'une voix les donna ? Benserade, qui ne fit point de fa?on d'en recevoir les complimens, sans n?anmoins se livrer trop imprudemment. Le Grand Seigneur, qui le prot?geoit, ?toit ravi de le voir triompher; et il en tiroit vanit?, comme s'il avoit lui m?me ?t? l'Auteur de ces vers. Mais quand Moli?re eut bien pr?par? sa vengeance, il d?clara publiquement qu'il les avoit faits. Benserade fut honteux; et son Protecteur se f?cha, et mena?a m?me Moli?re d'avoir fait cette pi?ce ? une personne qu'il honoroit de son estime et de sa protection. Mais le Grand Seigneur avoit les sentimens trop ?lev?s, pour que Moli?re d?t craindre les suites de son premier mouvement.
Quand la Pi?ce fut finie il prit sa robe de chambre, et fut dans la loge de Baron, et il lui demanda ce que l'on disoit de sa Pi?ce. Mr le Baron lui r?pondit que ses ouvrages avoient toujours une heureuse r?ussite ? les examiner de pr?s, et que plus on les repr?sentoit, plus on les go?toit. <
Aussi-t?t que Moli?re fut mort, Baron fut ? Saint Germain en informer le Roi; Sa Majest? en fut touch?e, et daigna le t?moigner. C'?toit un homme de probit?, et qui avoit des sentimens peu communs parmi les personnes de sa naissance, on doit l'avoir remarqu? par les traits de sa vie que j'ai raport?s: et ses Ouvrages font juger de son esprit beaucoup mieux que mes expressions. Il avoit un atachement inviolable pour la Personne du Roi, il ?toit toujours ocup? de plaire ? Sa Majest?, sans cependant n?gliger l'estime du Public, ? laquelle il ?toit fort sensible. Il ?toit ferme dans son amiti?, et il savoit la placer. Mr le Mar?chal de Vivone ?toit celui des Grands Seigneurs qui l'honoroit le plus de la sienne. Chapelle fut saisi de douleur ? la mort de son ami, il crut avoir perdu toute consolation, tout secours; et il donna des marques d'une affliction si vive que l'on doutoit qu'il lui surv?c?t long tems.
Tout le monde sait les difficultez que l'on eut ? faire enterrer Moli?re, comme un Chr?tien Catholique; et comment on obtint en consid?ration de son m?rite et de la droiture de ses sentimens, dont on fit des informations, qu'il f?t inhum? ? Saint Joseph. Le jour qu'on le porta en terre il s'amassa une foule incroyable de Peuple devant sa porte. La Moli?re en fut ?pouvant?e; elle ne pouvoit p?n?trer l'intention de cette Populace. On lui conseilla de r?pandre une centaine de pistoles par les fen?tres. Elle ne h?sita point; elle les jetta ? ce Peuple amass?, en le priant avec des termes si touchans de donner des pri?res ? son mari, qu'il n'y eut personne de ces gens-l? qui ne pri?t Dieu de tout son coeur.
Le Convoi se fit tranquilement ? la clart? de pr?s de cent flambeaux, le Mardi vingt un de F?vrier. Comme il passoit dans la rue Montmartre on demanda ? une femme, qui ?toit celui que l'on portoit en terre?--<
Il ne fut pas mort, que les ?pitaphes furent r?pandues par tout Paris. Il n'y avoit pas un Po?te qui n'en e?t fait; mais il y en eut peu qui r?ussirent. Un Abb? crut bien faire sa Cour ? d?funt Monsieur le Prince de lui pr?senter celle qu'il avoit faite. <
M... ? qui une source profonde d'?rudition avoit m?rit? un des emplois les plus pr?cieux de la Cour, et qui est un Illustre Pr?lat aujourd'hui, daigna honorer la m?moire de Moli?re par les Vers suivans:
Plaudebat, Moleri, tibi plenis Aula Theatris; Nunc eadem moerens post tua fata gemit. Si risum nobis movisses parcius olim, Parcius heu! lachrymis tingeret ora dolor.
Mr de la Bruy?re en a jug? ainsi. <
J'avois fort ? coeur de recouvrer les ouvrages de Moli?re, qui n'ont jamais vu le jour. Je savois qu'il avoit laiss? quelques fragmens de pi?ces qu'il devoit achever: je savois aussi qu'il en avoit quelques unes enti?res, qui n'ont jamais paru. Mais sa femme, peu curieuse des ouvrages de son mari, les donna tous quelque tems apr?s sa mort au sieur de la Grange, Com?dien, qui connoissant tout le m?rite de ce travail, le conserva avec grand soin jusqu'? sa mort. La femme de celui-cy ne fut pas plus soigneuse de ces ouvrages que la Moli?re: elle vendit toute la Biblioth?que de son mari, o? aparemment se trouv?rent les manuscripts qui ?toient restez apr?s la mort de Moli?re.
Cet Auteur avoit traduit presque tout Lucr?ce; et il auroit achev? ce travail, sans un malheur qui arriva ? son ouvrage. Un de ses domestiques, ? qui il avoit ordonn? de mettre sa peruque sous le papier, prit un cahier de sa traduction pour faire des papillotes. Moli?re n'?toit pas heureux en domestiques, les siens ?toient sujets aux ?tourderies, ou celle-cy doit ?tre encore imput?e ? celui qui le chaussoit ? l'envers. Moli?re, qui ?toit facile ? s'indigner, fut si piqu? de la destin?e de son cahier de traduction, que dans la col?re, il jetta sur le champ le reste au feu. A mesure qu'il y avoit travaill? il avoit lu son ouvrage ? Mr Rohault qui en avoit ?t? tr?s-satisfait, comme il l'a t?moign? ? plusieurs personnes. Pour donner plus de go?t ? sa traduction, Moli?re avoit rendu en Prose toutes les mati?res Philosophiques; et il avoit mis en vers ces belles descriptions de Lucr?ce.
On s'?tonnera peut-?tre que je n'aie point fait Mr de Moli?re Avocat. Mais ce fait m'avoit ?t? absolument contest? par des personnes que je devois suposer en savoir mieux la v?rit? que le Public; et je devois me rendre ? leurs bonnes raisons. Cependant sa famille m'a si positivement assur? du contraire, que je me crois oblig? de dire que Moli?re fit son Droit avec un de ses camarades d'?tude; que dans le tems qu'il se fit recevoir Avocat ce Camarade se fit Com?dien; que l'un et l'autre eurent du succ?s chacun dans sa profession: et qu'enfin lors qu'il prit phantaisie ? Moli?re de quiter le Barreau pour monter sur le Th??tre, son camarade le Com?dien se fit Avocat. Cette double cascade m'a paru assez singuli?re pour la donner au Public telle qu'on me l'a assur?e, comme une particularit? qui prouve que Moli?re a ?t? Avocat.
FIN
A PARIS Chez CLAUDE CELLIER, r?e S. Jacques ? la Toison d'or, vis-?-vis S. Yves
M DCC VI
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