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Read Ebook: Heath's Modern Language Series: La Mère de la Marquise by About Edmond Brush Murray Peabody Editor

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Ebook has 571 lines and 44449 words, and 12 pages

--D'abord, il est jeune: vingt-huit ans.

--C'est un d?tail, passons.

--Il est tr?s beau.

--Vanit? des vanit?s!

--Votre fille n'en dira pas autant. Il est plein d'esprit.

--Denr?e inutile en m?nage.

--Une instruction s?rieuse: ancien ?l?ve de l'?cole polytechnique!

--Soit.

--De plus il a fait des ?tudes sp?ciales qui ne vous seront pas...

--C'est fort bien; mais le solide, monsieur le baron!

--Ah! quant ? la fortune, il r?pond trop exactement au programme. Ruin? de fond en comble. Il a donn? sa d?mission en sortant de l'?cole, parce que...

--Je le lui pardonne, monsieur le baron.

--La derni?re fois qu'il est venu me voir, le pauvre gar?on pensait ? chercher une place.

--Sa place est toute trouv?e; mais dites-moi, cher baron, il est bien noble?

--Comme Charlemagne. Voil? donc ce que vous appelez le solide!

--Sans doute.

--Un de ses anc?tres a failli devenir roi d'Antioche en 1098.

--Et sa parent??

--Tout le faubourg.

--Un nom connu?

--Il me semble. Outreville!... c'est un joli nom. On mettra une plaque de marbre au-dessus de la porte coch?re: H?TEL D'OUTREVILLE. Mais va-t-il vouloir de ma fille? une m?salliance!

--Eh! charmante, un homme ne se m?sallie pas. Je comprends qu'une fille qui s'appelle Mlle de Noailles ou Mlle de Choiseul r?pugne ? changer de nom pour s'appeler Mme Mignolet. Mais un homme garde son nom, donc il ne perd rien. D'ailleurs, Gaston n'a pas les pr?jug?s de sa caste. Je le verrai en sortant d'ici, et demain au plus tard je vous donnerai de ses nouvelles.

--Faites mieux, mon excellent baron: s'il est bien dispos?, venez demain, sans fa?on, d?ner avec lui. A-t-il des papiers de famille? un arbre g?n?alogique?

--Sans doute.

--T?chez donc qu'il les apporte!

--Y songez-vous, charmante? C'est moi qui viendrai un de ces jours vous d?chiffrer tout ce grimoire. ? bient?t!>>

Le baron s'achemina ? petits pas vers le n? 34 de la rue Saint-Beno?t. C'?tait une maison bourgeoise dont la principale locataire avait meubl? quelques chambres pour loger les ?tudiants. Il monta au second ?tage et frappa ? une petite porte num?rot?e. Le marquis, en veste de travail, vint lui ouvrir. C'?tait en effet un beau jeune homme et un mari fort d?sirable. Il ?tait un peu grand, mais d'une taille si bien prise que personne ne songeait ? lui reprocher quelques centim?tres de trop. Ses pieds et ses mains attestaient que ses anc?tres avaient v?cu sans rien faire pendant plusieurs si?cles. Sa t?te ?tait magnifique: un front haut, large et couronn? de cheveux noirs qui se rejetaient spontan?ment en arri?re; des yeux bleus d'une grande douceur, mais profond?ment enfonc?es sous des sourcils puissants; un nez fi?rement arqu? dont les ailes fines fr?missaient ? la moindre ?motion, une bouche un peu large et des dents charmantes: une moustache noire, ?paisse et brillante, qui encadrait de belles l?vres rouges sans les cacher; un teint ? la fois brun et rose, couleur de travail et de sant?. Le baron fit cet inventaire d'un coup d'oeil rapide, en serrant la main de Gaston, et il murmura en lui-m?me: <>

<

--Bonne nouvelle, monsieur: j'ai une place. J'avais fait mettre, il y a quelques jours, une note dans les journaux. Un de mes anciens camarades d'?cole qui dirige les mines de Poullaouen, dans le Finist?re, a devin? mon nom sous les initiales: il a parl? de moi aux administrateurs, et l'on m'offre une place de 3000 francs, ? prendre au 1er mai. Il ?tait temps! j'entamais mon dernier billet de cent francs. Je partirai dans cinq jours pour la Bretagne. Poullaouen est un triste pays, o? il pleut dix mois de l'ann?e, et vous savez si j'aime le soleil. Mais je pourrai continuer mes ?tudes, pratiquer quelques-unes de mes th?ories, faire mes exp?riences sur une grande ?chelle: c'est tout un avenir!

--Voyez comme je tombe mal! Je venais vous proposer autre chose.

--Dites toujours: je n'ai pas encore r?pondu.

--Voulez-vous vous marier?>>

Le marquis fit une moue parfaitement sinc?re. <

--Ta, ta, ta! reprit le baron en riant. Comment! vous avez vingt-huit ans, vous vivez ici comme un chartreux; je viens vous offrir une fille sage, jolie, bien ?lev?e, un ange de seize ans; et voil? comme vous me recevez!>>

Un ?clair de jeunesse s'alluma au fond des beaux yeux de Gaston, mais ce fut l'affaire d'un instant. <

--Il ne vous imposerait rien du tout. Votre futur beau-p?re est mort depuis plus de quinze ans; la famille se compose d'une belle-m?re, excellente bourgeoise malgr? ses pr?tentions. Pour vous donner une id?e de ses mani?res, je vous dirai qu'elle m'a charg? de vous mener demain d?ner chez elle, si ce mariage ne vous d?pla?t pas. Vous voyez qu'on ne fait pas de c?r?monie!

--Merci, monsieur, mais j'ai Poullaouen dans la t?te.

--Quel homme! on vous assure par contrat la propri?t? d'un h?tel rue Saint-Dominique, d'une for?t de quatre cents hectares en Lorraine, et de cent mille livres de rente. Vous en donnera-t-on autant ? Poullaouen?

--Non, mais j'y serai dans mon ?l?ment. Proposeriez-vous ? un poisson cent mille francs de rente pour vivre hors de l'eau?

--Eh bien! n'en parlons plus. Je voulais vous dire cela en passant. Maintenant j'ai quelques visites ? faire; au revoir. Vous ne partirez pas sans me dire adieu?>>

Le baron s'avan?a jusqu'? la porte en souriant malicieusement. Au moment de sortir, il se retourna et dit ? Gaston:

<>

Gaston l'arr?ta sur le seuil: <

--Non, non. ?pousez Poullaouen!

--Mon vieil ami!

--Eh bien, soit. ? demain.>>

Apr?s le d?part du baron, Gaston d'Outreville se jeta dans le fauteuil, plongea sa t?te dans ses deux mains, et r?fl?chit si longuement que son encre de Chine eut le temps de s?cher. <> Je connais bon nombre de jeunes gens qui, ? sa place, eussent ?t? moins embarrass?s. Ils auraient eu bient?t fait de construire un roman d'amour pour expliquer tout le myst?re. Mais Gaston manquait de fatuit?, comme Lucile de coquetterie. La seule id?e qui lui vint fut que Mme Beno?t voulait pour gendre un forgeron bien ?lev?. <> L?-dessus, il refit de l'encre de Chine et termina consciencieusement son lavis.

Le lendemain, il se promena ? grands pas dans le jardin du Luxembourg, jusqu'? l'heure du d?jeuner.

Apr?s midi, il s'enferma dans un cabinet de lecture, o? il feuilleta successivement tous les journaux du jour et toutes les revues du mois; depuis longtemps il n'avait fait pareille d?bauche. <> ? cinq heures, il se mit ? sa toilette, qui fut longue: il s'attendait ? d?ner avec sa future. Six heures et demie sonnaient lorsqu'il entra chez le baron. Il esp?rait savoir de son vieil ami comment Mme Beno?t avait pris la fantaisie de le choisir pour gendre: mais le baron fut myst?rieux comme un oracle. Il respectait trop son orgueil pour lui conter la v?rit?. En arrivant au petit h?tel de la rue Saint-Dominique, ils aper?urent deux ouvriers juch?s sur une double ?chelle et occup?s ? mesurer quelque chose au-dessus de la porte coch?re.

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