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Read Ebook: La culotte du brigadier by Pharaon Florian

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Ebook has 126 lines and 9585 words, and 3 pages

LA CULOTTE DU BRIGADIER

Saint-Maximin est une jolie et coquette petite ville de Province, pleine de soleil et d'ombrages, c?l?bre par son ?glise aux allures de cath?drale et par le souvenir du brigadier Camar?on.

L'?pop?e de ce brave v?t?ran des guerres d'Afrique est d?crite ? la fresque par quatre grandes pages qui forment la paroi de la salle de la "Pomme-de-Pin", cabaret qui, il y a trente ans ?tait le grand caf? de la bourgeoisie de l'endroit.

Le premier tableau repr?sente un chien en arr?t et dans la p?nombre ombreuse d'un sentier, la silhouette de deux gendarmes; dans le second, les deux gardiens de la paix publique sont au galop, poursuivis plut?t que suivis par le chien; le troisi?me fait assister les spectateurs ? un repas que partage le chien; le quatri?me, enfin, une sorte d'apoth?ose, nous montre le brigadier son chapeau bross? et carr? sur la t?te, encore tout bott?, mais, en chemise, et l'arri?re-train d'un chien fuyant par un carreau de papier r?solument travers?.

Ces fresques sont sign?es Lucoli, un peintre qui battait mis?rablement la campagne en 1846, et qui poss?de aujourd'hui un palais ? Florence, sa patrie.

Or, voici l'aventure qu'elles racontent, aventure rest?e l?gendaire ? Saint-Maximin, ? Puy Loubien, ? Trets, et dans toute la vall?e de l'Arc, c?l?bre par la victoire de Marius et la d?faite des Cimbres.

M. Fr?d?ric de Trets ?tait un grand chasseur devant le Seigneur, aussi fier de la s?ret? de son oeil que de son vieux compagnon Faro, magnifique chien d'arr?t qu'il se faisait gloire d'avoir dress?.

Un soir, il revenait, le carnier plein, de battre la plaine, lorsque au d?tour du chemin, il rencontra son voisin Sixte Choua. Sixte Choua ?tait aussi un chasseur, mais chasseur d'oiseaux de passage, qu'il guettait nonchalamment de son poste; il avait, en outre pour la plus profonde aversion les chiens, qui ne sont bons, disait-il, qu'? effaroucher le gibier et ? le mettre en fuite.

M. Fr?d?ric et Sixte Choua se serr?rent la main et firent route vers Trets. Faro, en chien bien dress?, marchait le nez sur les talons de son ma?tre.

La conversation ne tarda pas ? rouler sur la chasse, et Sixte Choua reprit sa th?se sur l'inutilit? du chien.

M. Fr?d?ric chercha ? convaincre son compagnon en lui citant les prouesses de Faro; mais Sixte Choua avait son opinion faite et n'en voulait pas d?mordre. A chaque fait que lui citait M. Fr?d?ric, Sixte Choua r?pondait:

--C'est un pur hasard.

M. Fr?d?ric ?tait exasp?r?.

--Qu'entends-tu par un pur hasard? s'?cria-t-il.

--Oh! rien.

--Mais encore?

--Eh bien, suppose une supposition: tu as la bouche ouverte, je te jette une cerise entre le nez et le menton; si elle ne tombe pas dans ta bouche, c'est par un pur hasard.

--Tu es plus ent?t? que le bedeau de Peynier.

M. Fr?d?ric s'arr?ta, fit mine de charger son fusil; Faro, les yeux fix?s sur lui, raidit son fouet.

--Cherche! lui cria-t-il en lui d?signant un champ de tr?fle qui bordait la route.

Puis se tournant vers Sixte Choua:

--Tiens, lui dit-il, nous sommes seuls; Faro ne nous voit ni ne nous entend, n'est-ce pas? Eh bien, regarde: je mets cette pi?ce de cinq francs sous cette pierre; nous allons rentrer ? Trets, et j'enverrai Faro la chercher. Tu ne diras pas que c'est un pur hasard, ?a?

--Oh! pour ?a non; ce ne sera pas un pur hasard.

--Eh bien, partons, dit M. Fr?d?ric.

Il siffla Faro, et ils se dirig?rent vers Trets, o? ils arriv?rent ? la nuit tombante.

En attendant le souper que pr?parait la m?nag?re, les deux amis s'assirent sur un banc qu'ombrageait un magnifique figuier et s'appr?t?rent ? p?tuner, comme disait M. Fr?d?ric, qui avait la pr?tention d'?tre un beau parleur. Lorsque sa pipe fut bien allum?e, il appela Faro, qui vint se placer entre ses jambes, et il le caressa.

--Tu vois, Faro, dit-il en montrant au chien une pi?ce de cinq francs, tu vois! J'en ai perdu une sur le chemin, va la chercher!

Faro donna quelques ?clats de voix en bondissant pour indiquer qu'il avait compris; puis, prenant piste, le nez au ras du sol, il partit en courant.

--Eh bien, qu'en dis-tu? dit M. Fr?d?ric.

--S'il rapporte la pi?ce, je dirai que ce n'est pas un pur hasard.

Faro qu?ta tout le long du chemin et s'arr?ta net devant la pierre sous laquelle ?tait plac?e la pi?ce de cinq francs. Il essaya vainement de la soulever avec son museau; il flairait bruyamment, cherchant une issue pour atteindre la pi?ce. Apr?s de vains efforts, il se d?cida ? gratter le sol pour faire une excavation qui lui permit d'atteindre l'objet qu'il recherchait.

Il se livrait ardemment ? cette besogne sur le bord du sentier, lorsque deux gendarmes apparurent. Faro ?tait un trop honn?te chien pour fuir devant l'autorit?; il consid?ra m?me l'arriv?e des repr?sentants de la force publique comme un secours providentiel. Tout fr?tillant, il s'?lan?a vers eux, revint vers la pierre, se mit ? regratter, retourna, semblant solliciter leur assistance.

Le brigadier ?tait un homme d'exp?rience, et, trouvant ce man?ge insolite, il mit pied ? terre. Le chien ne le quittait pas de vue. Camar?on--tel ?tait le nom du brigadier,--souleva la pierre et vit une belle pi?ce blanche qui, malgr? la nuit qui ?tait arriv?e, se d?tachait brillante sur la terre sombre. Le chien se pr?cipita sur elle, mais le brigadier l'avait d?j? saisie.

--Diable! diable! dit-il, qu'est-ce que cela signifie? Quel est ce myst?re?

Apr?s un moment de r?flexion, il mit soigneusement la pi?ce de cinq francs dans la poche de son pantalon et remonta ? cheval.

Puis, comme la nuit ?tait venue, il partit au trot, suivi de son subordonn?.

Faro, un instant h?sitant, ?tonn? peut-?tre de l'acte d'ind?licatesse du brigadier, prit son parti et se mit ? la poursuite des gendarmes.

Tout en chevauchant, son inf?rieur se hasarda ? l'interroger:

--Pour lors, brigadier, que vous pensez que cette pi?ce...

--Est une pi?ce ? conviction... que c'est ? cet endroit m?me que fut d?valis? le boucher du Beausset, dont auquel j'ai perdu la piste des coupables... et qu'avec cette pi?ce je fais faire un rapport au capitaine, avec mes id?es.

Faro suivait toujours.

--Le chien nous suit, dit le gendarme.

--Tant mieux, que ce sera une pi?ce ? conviction de plus ? mettre dans mon rapport au capitaine.

En arrivant ? Saint-Maximin, ils mirent les chevaux ? l'?curie et mont?rent souper dans le r?fectoire de la caserne.

Faro n'avait pas quitt? la botte du gendarme.

On se mit ? table, et Faro fut admirablement trait?. Camar?on n'avait jamais vu de chien plus caressant; la t?te appuy?e sur les genoux du brigadier, il ne perdait pas un seul de ses mouvements et poussait la familiarit? jusqu'? fourrer son museau dans la poche de sa culotte.

Le repas fini, chacun se retira dans sa chambre, et Camar?on emmena avec lui Faro.

Je ne vous ferai pas assister ? la toilette de nuit d'un brigadier de gendarmerie; sachez seulement que, ? peine Camar?on venant de d?poser n?gligemment sa culotte sur le dossier d'une chaise, Faro se pr?cipita dessus, la happa et bondit avec ? travers un carreau de papier qui rempla?ait une vitre absente de la fen?tre.

Je ne chercherai pas ? vous d?crire la stup?faction de Camar?on. Il cria: "Au voleur!" Ses hommes accoururent, et, dans le costume semi-officiel bien repr?sent? par Lucoli, il raconta ? ses subordonn?s sa m?saventure.

On battit les rues sombres de Saint-Maximin, au grand ?moi des habitants, mais on ne d?couvrit pas Faro.

--Couchons-nous, dit philosophiquement le brigadier; ce chien est un fricoteur et demain tout le monde ? cheval, ? la recherche de son propri?taire, qui doit ?tre un fricoteur.

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