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Read Ebook: The Strange Little Girl: A Story for Children by V M Tingley Katherine Augusta Westcott Commentator

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Ebook has 28 lines and 4630 words, and 1 pages

CHARLES MONSELET.

HISTOIRE ANECDOTIQUE DU TRIBUNAL R?VOLUTIONNAIRE

AVIS. En raison de la nouvelle l?gislation, relative ? la propri?t? litt?raire, l'auteur se r?serve le droit de traduction de cet ouvrage.

PARIS D. GIRAUD ET J. DAGNEAU, LIBRAIRES-?DITEURS, 7, RUE VIVIENNE, AU PREMIER, 7.

HISTOIRE

TRIBUNAL R?VOLUTIONNAIRE

INTRODUCTION.

Cela commence ?galement par un tambour,--le tambour de Santerre. Il bat le rappel sur la place d?serte, que d?core une statue grossi?re et mal fa?onn?e comme les idoles des peuples barbares: c'est la statue de la Libert?, qui demeura si longtemps spectatrice des crimes commis en son nom. Autour d'elle, comme dans une vase obscure, rampe, s'agite une multitude d'hommes et de femmes; ce sont les habitu?s de la trag?die nationale qui se joue tous les jours ? cet endroit. Des guinguettes install?es dans des foss?s, des cabarets en planches, des bouqueti?res en jupes blanches ? raies rouges, des marchands de chansons hiss?s sur des chaises et vendant leurs couplets, des enfants que leurs bonnes ont amen?s l? par curiosit?, rompent la hideuse physionomie de cette place. Il n'est pas encore nuit, il est cette heure cr?pusculaire du dix thermidor, heure solennelle qui vit le d?nouement de la Terreur; une bande rouge brille ? l'horizon. Apr?s la statue de la Libert?, l'autre monument de la place c'est l'?chafaud.--L'?chafaud et la Libert?! L'?chafaud, cet abominable et honteux argument des r?volutionnaires; la Libert?, cette chim?re sublime! Tous les deux se rencontrant, comme pour se nier l'un par l'autre.

Sur la plate-forme de l'?chafaud, attendent Sanson et ses aides.

Alors, on voit arriver--lentement--cette procession de charrettes fatales dont les roues ont si longtemps et si impun?ment trac? parmi nous leur sillon d'?pouvante. Elles arrivent une ? une, au bruit du tambour de Santerre, persistant comme un remords. Ce sont de lourdes et ignobles charrettes tra?n?es par des chevaux de somme crott?s jusqu'au poitrail, et escort?es par des gendarmes, le sabre nu. Elles contiennent chacune dix ? douze victimes, garrott?es, debout, la t?te d?couverte, figures sublimes et p?les, vieillards dont la poitrine ?tale encore des lambeaux de dentelle, jeunes gens ?chevel?s dont le regard semble invoquer Dieu, hommes calmes qui pensent ? la France. Toutes ces victimes descendent ? quelques pas de l'arbre de la libert?, beau peuplier bruissant et doux qui r?pand la fra?cheur sur la foule, et elles s'acheminent vers l'escalier rouge. Devant elles, marche le roi. Puis viennent les g?n?raux, cicatris?s, imposants, Luckner, Broglie, Beauharnais, d'Estaing, Dillon. Ensuite, voici le tour des noms augustes et r?v?r?s: l'octog?naire F?nelon, digne petit neveu de l'archev?que de Cambrai; le jeune fils de Buffon, qui crie vainement au peuple le nom de son p?re; l'illustre Malesherbes, qui sourit ? la mort et dont les cheveux blancs feront reculer le bourreau. Voici Lavoisier qui n'ach?vera pas son probl?me, parce que le pays n'a plus besoin de savants; Cazotte et Sombreuil, ces deux p?res que leurs filles n'ont pu sauver qu'une fois; d'Espr?m?nil et Linguet, deux hommes de talent, deux antagonistes que le tr?pas va r?concilier. Voici Adam Lux, l'amoureux d'une morte, et Andr? Ch?nier dont la voix harmonieuse laisse ?chapper un po?tique regret!

Le cort?ge monte ? l'?chafaud. Mais l'escalier inf?me s'est transform? en ?chelle de lumi?re; vainement ses pieds plongent dans la boue, au milieu des convulsions et des hurlements d'une foule en d?lire,--les ?chelons sup?rieurs percent le firmament assombri et vont s'appuyer sur le tr?ne du Tr?s-Haut. C'est l'Echelle de Jacob tendue aux martyrs d'une ?poque de rage populaire et de repr?sailles amoncel?es. Longue, magnifique, triomphale est cette ascension! Le ciel, sillonn? de raies flamboyantes, laisse tomber comme une pluie mystique, par ses ab?mes entr'ouverts, les mille soupirs d'all?gresse et d'amour ?clos sur les harpes des anges, tandis que d'une voix divine s'exhale l'?vang?lique appel:--Venez ? moi, vous tous, les opprim?s et les martyrs!

On se souvient de ces mots d'un pr?sident au parlement, renouvel?s de Rabelais: <> Qu'e?t-il dit et pens? ce magistrat, s'il e?t assist? aux d?bats du Tribunal r?volutionnaire?

Assez d'autres jusqu'? pr?sent ont dit au peuple: Tu es grand, tu es magnanime, tu es g?n?reux, tu as tous les nobles et tous les sublimes instincts; tu es la voix de Dieu! Peut-?tre convient-il aujourd'hui plus qu'? toute autre heure, de dire au peuple: Tu es injuste, tu es cruel, tu es ?gar?, tu n'?coutes que ta haine ou ta mis?re, l'esprit de Dieu s'est retir? de toi!

Peut-?tre convient-il, surtout ? cette ?poque o? les r?volutionnaires de maintenant semblent vouloir imiter les r?volutionnaires de jadis, de remettre sous les yeux des fils le tableau des crimes de leurs p?res, et de tenir le langage suivant aux Pangloss d?mocratiques qui trouvent que tout est pour le mieux dans la plus mauvaise des r?publiques possibles:--Lorsque vous e?tes le pouvoir entre les mains, voici ce que vous f?tes du pouvoir; voici les r?sultats de deux ann?es de r?gime populaire; voici par quels moyens vous pr?tend?tes faire refleurir l'?galit? et la fraternit?, et comment, ? la place de de ces deux fleurs id?ales, vous ne v?tes sortir de terre que l'ortie monstrueuse et ensanglant?e de l'anarchie!

Le Tribunal r?volutionnaire--oeuvre du peuple de ce temps-l?--n'a pas eu encore son historien. Si pourtant une institution se d?tache du fond sinistre de la R?volution et se dresse terrible, n'est-ce pas celle-ci, ? coup s?r? Parodie de la justice, masque de l'iniquit?!--De cette histoire, on conna?t ? peine quelques ?pisodes, les principaux, les vulgaires; on croit que c'est assez et que le reste importe peu, ou bien que c'est toujours la m?me chose. On se trompe: ce qui n'est pas connu est le plus effrayant.

Le montagnard Forestier avait raison,--car ce fut le Tribunal r?volutionnaire qui tua la Convention nationale; le Tribunal r?volutionnaire tua ceux-l? m?mes qui l'avaient fond?; le Tribunal r?volutionnaire e?t tu? tout le monde, si on ne l'e?t tu? lui-m?me, ? la fin.

Ce que nous allons entreprendre, c'est quelque chose d'assez semblable au voyage de Dante Alighieri dans la spirale larmoyante de l'Enfer. Les m?mes ?motions, sinon les m?mes drames, nous attendent dans les cercles que nous allons parcourir. Ce sont presque aussi les m?mes personnages,--depuis Ugolin rongeant le cr?ne de ses enfants jusqu'? Paolo et Francesca, ces deux beaux visages pench?s sur un po?me, et dont la mort a confondu les souffrances comme l'amour avait confondu les f?licit?s. Tous les r?prouv?s se ressemblent, qu'ils soient de Florence ou de Paris; et les jur?s du Tribunal r?volutionnaire valent les damn?s du po?te.

Le Tribunal repr?sente les coulisses de la r?volution. Nul h?ros de ce th??tre ne peut sortir par un autre chemin: il faut in?vitablement que, sa tirade finie et ses crimes consomm?s, le tra?tre rentre par ces issues r?pugnantes et myst?rieuses. L?, comme dans les coulisses v?ritables, on assiste ? ce d?pouillement du prestige qui fait le com?dien, on voit le fard sur sa joue en sueur, on voit ses rides, on voit ses faux cheveux,--et, comme il n'est plus sous les yeux du public, on voit son ridicule, sa petitesse, sa col?re, son ?go?sme. Ainsi verrons-nous successivement tous les tyrans d?couronn?s et ? bout de leur r?le, venir ?taler leur abattement et leur nullit? sur les bancs incessamment encombr?s du Tribunal r?volutionnaire.

<>, disent les vers dor?s de Pythagore.--O po?tique philosophe! Jamais v?rit? plus vraie ne s'envola de tes l?vres r?veuses. O sublime poursuivant de l'id?al, jamais ton regard dessill? n'a plong? plus avant dans les gouffres de la r?alit?! Toi qui pr?tendais lire dans la nature comme dans un livre ouvert, et qui, plus puissant cr?ateur qu'Hom?re, nous r?v?la un monde entier,--le monde de la m?tempsycose!--Souvent je suis tent? d'embrasser ton autel, ? Pythagore! et de croire, en effet, qu'une seule et m?me ?me, froide, perfide, atroce, a anim? les corps de Catilina, de Cromwell et de Robespierre!

Car c'est un des traits principaux du caract?re de ces hommes--de s'?tre cru n?cessaires, indispensables, providentiels presque!

Sans doute aussi que leur jeunesse, comme celle de presque tous les h?ros et de presque tous les bienfaiteurs du genre humain, avait ?t? proph?tiquement sillonn?e par ces actions d'?clat, par ces traits de vertu, par ces h?ro?smes pr?matur?s, par ces ?clairs de raison ou de g?nie, qui sont l'aube des intelligences sup?rieures, destin?es ? rayonner sur le monde. Sans doute qu'ils ?taient entr?s dans la R?volution promise, avec tout un pass? s?rieux, pur, ?clatant, digne d'admiration ou tout au moins digne d'estime?...

Celui-ci, qui fera de la politique par amputation, comme il fait de la chirurgie, c'est le m?decin des ?curies du comte d'Artois. Il est alors partisan de la cour, et estime que ceux qui le font vivre m?ritent de vivre. Barbouilleur de volumes illisibles et remplis de morgue, il s'attire une verte critique de Voltaire, o? se trouve cette phrase: <> Ce personnage hargneux, qui sera tour ? tour le Thersite et l'Ajax de la R?volution, et ? qui ne manquera aucun genre d'humiliation ni aucun genre de triomphe, ce pamphl?taire de souterrain, que sa mort fera comparer ? S?n?que, et dont le plus ?l?gant com?dien du dix-huiti?me si?cle, Mol?, reproduira les traits sur le th??tre; ce m?decin des chevaux, grossier et malpropre, c'est Jean-Paul Marat. Passons vite.

Alors celui qui a nom Fouquier commence la lecture des tr?s-authentiques et tr?s-m?diocres vers que voici:

--Bravo! s'?crie le gros homme; il faut envoyer cela ? quelque journal.

Puis les deux amis recommencent ? boire. Avez-vous reconnu, dans ces deux d?bauch?s, Georges Danton, le dieu de la canaille, et Fouquier-Tinville, l'accusateur public du Tribunal r?volutionnaire?

Faut-il descendre plus bas encore? Faut-il poursuivre cette nomenclature d'obsc?nes aventuriers, d'hypocrites, de libertins, de charlatans? Faut-il tirer de leur fange ces domestiques voleurs, ces bouchers stupides, ces pr?tres d?froqu?s, ces ivrognes--qui seront les g?n?raux, les repr?sentants, les chefs de la R?PUBLIQUE IMMORTELLE!--Non, restons dans le milieu supportable, avec les hommes possibles et raisonnants, m?me les plus sanguinaires; ne nous arr?tons pas aux brutes qui remplissent les mar?cages de la Terreur.

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