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Read Ebook: Le Tour du Monde; Athos Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860 by Various Charton Douard Editor

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Ebook has 220 lines and 40294 words, and 5 pages

Arriv?e ? Kazeh. -- Accueil hospitalier. -- Snay ben Amir. -- ?tablissements des Arabes. -- Leur mani?re de vivre. -- Le Temb?. -- Chemins de l'Afrique orientale. -- Caravanes. -- Porteurs. -- Une journ?e de marche. -- Costume du guide. -- Le Mganga. -- Coiffures. -- Halte. -- Danse. -- S?jour ? Kazeh. -- Avidit? des B?loutchis. -- Saison pluvieuse. -- Yombo. -- Coucher du soleil. -- Jolies fumeuses. -- Le Ms?n?. -- Orgies. -- Kajjanj?ri. -- Maladie. -- Passage du Malagarazi. -- Tradition. -- Beaut? de la Terre de la Lune. -- Soir?e de printemps. -- Orage. -- Faune. -- Cynoc?phales, chiens sauvages, oiseaux d'eau. -- Ouakimbou. -- Ouanyamou?zi. -- Toilette. -- Naissances. -- ?ducation. -- Fun?railles. -- Mobilier. -- Lieu public. -- Gouvernement. -- Ordalie. -- R?gion insalubre et f?conde. -- Aspect du Tanganyika. -- Ravissements. -- Kaou?l?. 321

Tatouage. -- Cosm?tiques. -- Mani?re originale de priser. -- Caract?re des Ouajiji; leur c?r?monial. -- Autres riverains du lac. -- Ouatata, vie nomade, conqu?tes, mani?re de se battre, hospitalit?. -- Installation ? Kaou?l?. -- Visite de Kann?na. -- Tribulations. -- Maladies. -- Sur le lac. -- Bourgades de p?cheurs. -- Ouafanya. -- Le chef Kanoni. -- C?te inhospitali?re. -- L'?le d'Oubouari. -- Anthropophages. -- Accueil flatteur des Ouavira. -- Pas d'issue au Tanganyika. -- Temp?te. -- Retour. 337

FRAGMENT D'UN VOYAGE AU SAUBAT , par M. Andrea DEBONO 348

VOYAGE ? L'?LE DE CUBA, par M. Richard DANA .

EXCURSIONS DANS LE DAUPHIN?, par M. Adolphe JOANNE .

Le pic de Belledon. -- Le Dauphin?. -- Les Goulets. 369

Les gorges d'Ombl?ze. -- Die. -- La vall?e de Roumeyer. -- La for?t de Saou. -- Le col de la Cochette. 385

EXCURSIONS DANS LE DAUPHIN?, par M. ?lis?e RECLUS .

La Grave. -- L'Aiguille du midi. -- Le clapier de Saint-Christophe. -- Le pont du Diable. -- La B?rarde. -- Le col de la Tempe. -- La Vallouise. -- Le Pertuis-Rostan. -- Le village des Claux. -- Le mont Pelvoux. -- La Balme-Chapelu. -- Moeurs des habitants. 402

LISTE DES GRAVURES. 417

LISTE DES CARTES. 422

ERRATA. 427

VOYAGE AU MONT ATHOS,

PAR M. A. PROUST.

Salonique. -- Juifs, Grecs et Bulgares. -- Les mosqu?es. -- L'Albanais Rabottas.

J'avais form?, pendant mon s?jour en Gr?ce, le projet de visiter leurs couvents, et, le 9 mai 1858, apr?s m'?tre muni ? Constantinople de lettres patriarcales, sans lesquelles on court le risque d'?tre mal accueilli des moines, je quittai Pera avec mon ami Schranz et le drogman Voulgaris. Schranz devait m'aider ? reproduire les peintures par la photographie; Voulgaris se chargeait de la linguistique et de la cuisine. Notre projet ?tait de toucher ? Salonique, et de l? de gagner l'Athos par terre.

Le 10 nous entrions dans le golfe Therma?que, et le lendemain nous doublions la pointe de Kara-Bournou.

La ville est partag?e en deux par une rue qui s'?tend de l'est ? l'ouest, parall?lement ? la mer. Cette rue est grande, r?guli?re, bord?e de boutiques ? auvents, et termin?e ? chacune de ses extr?mit?s par un arc de triomphe. C'est l? l'endroit vivant, le quartier anim? de la ville; ailleurs le silence est complet, les rues sont d?sertes, ?troites et taill?es ? pic dans le rocher. On ne s'explique cette pr?f?rence pour la ville basse que par la difficult? d'atteindre les quartiers hauts; car les immondices entra?n?es par la pente naturelle font de la premi?re un v?ritable ?gout, et il n'est rien de plus sale que cette large rue et le bazar qui l'avoisine, si ce n'est la population qui l'anime. Cette population est en grande partie compos?e de juifs. <>

Au milieu des Bulgares et des Grecs, confondus par un costume noir comme un v?tement de deuil, on reconna?t les juifs ? leur coiffure faite d'un mouchoir de coton roul? en turban, ? leur veste bord?e de fourrures, et surtout ? ce nez pro?minent qu'ils ont conserv? sous toutes les latitudes. Leurs femmes ont un accoutrement qui rappelle les modes du Directoire: un diad?me en carton, recouvert de m?tal et serr? sous la m?choire par une ?toffe l?g?re, leur cache compl?tement les cheveux, fait saillir les joues et ressortir la p?leur mate de leur visage. Une robe de laine frang?e en dents de scie, retenue sous les seins par une ceinture agraf?e d'or, accuse les formes et laisse voir les pieds chauss?s de babouches ou de brodequins lac?s.

En butte au m?pris de tous, hommes et femmes ont cet air inquiet qu'imprime la pers?cution.

Un hasard heureux nous avait fait arriver ? Salonique le jour o? les bergers descendent de la montagne pour se louer pendant le temps de la moisson: le bazar en ?tait encombr?. Nous profit?mes de cette foule pour perdre deux ministres anglicans qui, depuis le bateau, nous entretenaient avec t?nacit? de discussions religieuses ? notre gr? trop subtiles, et nous nous m?mes ? la recherche des mosqu?es.

Cette basilique a ?t? construite au commencement du huiti?me si?cle sur le tombeau de saint D?m?trius, martyris? ? Salonique en 307. <> Au jour m?me de l'entr?e d'Amurat dans la ville, cette source se tarit. Les imans ont respect? le tombeau et le montrent aux ?trangers dans un des angles de la mosqu?e, tol?rance dont le m?rite est att?nu? par le b?n?fice qu'ils en retirent. L'?glise est pr?c?d?e d'une petite cour carr?e, ombrag?e de figuiers. Le narthex a deux entr?es. C'est dans le narthex que se tenaient les cat?chum?nes , les ?nergum?nes et tous ceux qu'on ne jugeait pas dignes d'approcher du sanctuaire. Les portes de l'?glise leur restaient ouvertes seulement pendant le sermon qui pr?c?dait la c?l?bration du service divin: de l? vient qu'il y a souvent dans les hom?lies grecques des discours adress?s aux pa?ens pour combattre leurs croyances et les attirer ? la foi chr?tienne, coutume qui semble s'?tre conserv?e dans les sermons de nos pr?dicateurs, qui parfois s'adressent ? leurs ouailles comme ? des infid?les. Le narthex est couvert par le , galerie r?serv?e aux femmes. <>

La basilique de Saint-D?m?trius est partag?e en trois nefs par deux rangs de colonnes qui soutiennent les galeries lat?rales. La principale nef est form?e par seize colonnes de vert antique, et le sanctuaire par quatre colonnes de granit rouge d'?gypte. Les dalles sont de marbre blanc, les murs marquet?s de porphyre, la charpente, apparente, en bois de ch?ne, sans peinture et sans ornement.

La disposition de ces basiliques n'affecte que deux types, l'un ? branches ?gales, vo?t? en coupoles; l'autre, sans coupoles et sans croix, de forme longue comme les basiliques de Rome. Toutes sont petites et la plus grande ne couvrirait pas le cinqui?me de la surface d'une de nos cath?drales. On n'y trouve pas la hardiesse des monuments du moyen ?ge, mais le plan en est plus saisissable et se rapproche plus, ? ce titre, des conceptions de l'antiquit? grecque si admirables par leur unit?. Le jour y p?n?tre faiblement par de petites lucarnes, et donne un air de myst?re ? ces sanctuaires intimes d'une religion dont la morale aust?re ne s'accommodait pas encore des splendeurs que la foi affaiblie devait plus tard demander ? profusion.

Pr?paratifs de d?part. -- Vasilika. -- Galatz. -- Nedgesalar. -- L'Athos Saint-Nicolas. -- Le P. G?d?on.

Sous cette oasis verdoyante, un groupe de femmes se reposaient pr?s d'un arabas. Nous cherchions ? les deviner sous leur voile transparent, quand, ? la vue des Albanais, elles s'enfuirent, preuve du respect qu'inspirent les agents de l'autorit? turque....

? mesure qu'on s'?loigne de la mer, les habitations deviennent rares, le myrte pousse librement dans cette terre f?conde que m?prise la charrue, et ce n'est qu'? Galatz qu'on retrouve l'agriculture et son cort?ge mugissant: Galatz est adoss? au mont Disoron, au fond d'un cirque gigantesque. Ses maisons, ?parpill?es sur le rocher, et surmont?es d'une ?norme tour qui projette dans la vall?e son ombre trapue et massive, lui donnent l'aspect d'une petite ville....

? partir de Nedgesalar le sentier va toujours en montant, et nous remarquions qu'en sens inverse de la v?g?tation, qui se rabougrit et se ratatine par degr?s ? mesure qu'on approche des hauts sommets, les hommes ont les ?paules plus larges, le regard plus fier et la d?marche plus assur?e, la tyrannie oisive qui courbe et fl?trit ayant d'ordinaire le pied peu montagnard. Mais comme il n'y a pas de r?gle sans exception, nous n'avions pas fait un kilom?tre, que la premi?re partie de nos observations se trouva de tous points inexacte, et que nous entr?mes sous un couvert d'arbres, tels que nous n'en avions encore vu dans aucune vall?e. On se ferait difficilement une id?e de ces monstrueux colosses entrelac?s et enchev?tr?s les uns dans les autres comme les serpents de la t?te de M?duse. Quelques-uns ont mont? droits, unis, comme d'un seul jet, par l'?chapp?e que leur laissaient les voisins; d'autres, moins heureux, refoul?s par de plus forts, se sont contourn?s, tordus en rameaux courts, ?normes, boursoufl?s aux extr?mit?s, et la s?ve faisant irruption a ouvert dans leurs flancs de larges crat?res b?ants ou mis ? nu des excroissances informes. Sous cette v?g?tation tourment?e fleurissent, comme en une serre chaude, le rhododendron ? fleur pourpre, l'airelle rouge et l'amaryllis.

Au sortir de ce ligneux orage nous attendait un de ces spectacles g?ographiques qui surprennent sans ?mouvoir. L'Athos, semblable ? un sphinx accroupi dans la mer, s'?talait ? l'horizon dans toute sa longueur: jusqu'? lui les vall?es se succ?daient nombreuses comme les sillons d'un champ labour?; ? droite, on d?couvrait toute la presqu'?le de Pall?ne et, ? gauche, Orfano, au bout d'un golfe arrondi au compas: tout, m?me au plus loin, ?tait baign? d'une nappe de lumi?re limpide et transparente. On suit encore de l?, ? chaque pas, les traces de l'incendie de 1821. Les Turcs ont appliqu? la sinistre parole de Makmoud: <> ont tout d?truit jusqu'? Polyhieros .

Le soir, ? neuf heures, nous traversions la rivi?re de Doutlitcha? , quand un pappas qui passait par l? nous dit que nous ?tions venus trop sur le sud-est, qu'il nous fallait gagner la plage de Gemati, et que pr?s de l? nous trouverions le village d'Agios-Nicolaos o? nous pourrions passer la nuit. ? minuit nous arrivions audit village, mais l?, complication impr?vue! les maisons ?taient encombr?es de vers ? soie. On nous d?blaya bien deux chambres de ces h?tes incommodes, mais on oublia d'en chasser les puces, punaises, pucerons et maringouins qui n'eurent garde de nous oublier, ?tant convi?s ? un festin assez rare pour eux. Je compris ? ce moment la distance que mon ami C.... met entre ces deux mots: Voyage.... d'agr?ment; mais toute peine a sa r?compense, et, ne pouvant dormir dans cette magnanerie, nous e?mes le loisir d'admirer aux premiers rayons du soleil les cocons rang?s sur des claies comme autant de petites bulles d'or.

Le r?cit du P. G?d?on ?tait coup? d'invocations ? la Vierge qui, disait-il, avait appel? le mont Athos sa terre de pr?dilection.

Le couvent russe. -- La messe chez les Grecs. -- Kari?s et la r?publique de l'Athos. -- Le vo?vode turc. -- Le peintre Anthim?s et le pappas Manuel. -- M. de S?vastiannoff.

Le 17 mai, ? deux heures de la nuit, nous jetions l'ancre devant le couvent russe, sur la c?te occidentale de l'Athos. Aux premi?res lueurs de l'aube, des masses de t?tes apparurent aux fen?tres des galeries hautes. On ne saurait voir rien de plus incoh?rent que la construction de ce monast?re. C'est un m?lange incroyable de redans, de bastions, de tours, tourillons et culs-de-lampe: tout cela l?zard?, ?br?ch? et jauni par le temps. Dans la longue ?tendue de ces murailles il n'y a aucune ouverture, mais seulement au-dessous de la toiture, des galeries de bois en saillie, ?tay?es sur le mur par des arcs-boutants. Ces galeries, ajout?es depuis que les pirates ont cess? d'inqui?ter les moines, sont peintes d'une couleur sang de boeuf qui rompt la monotonie du ton g?n?ral. Cet amas de ma?onnerie est entass? sur un rocher plant? au milieu d'une verdure luxuriante.

Voulgaris que j'avais d?p?ch? en ambassadeur revint suivi de deux caloyers, charg?s de melons et de figues fra?ches que nous envoyait l'higoum?ne.

Apr?s avoir fait honneur ? cet envoi, nous mont?mes la pente ardue qui m?ne au monast?re. Une porte double, verrouill?e comme la porte d'une prison et surmont?e d'une Vierge dont on distingue les v?tements dor?s ? travers un treillage, donne entr?e dans la cour principale. Au milieu de cette cour est le Catholicon, basilique ? cinq coupoles perc?es d'ouvertures jumelles: tout autour, sur un double rang d'arcades superpos?es les cellules. On nous conduisit d'abord ? l'?glise, selon la r?gle de saint Basile: <> C'?tait l'heure de la messe: les moines se rangeaient dans les stalles. Ces moines ou caloyers sont v?tus d'une robe brune retombant ? plis droits, et, par-dessus, d'un v?tement ?galement tr?s-long, mais de couleur plus claire et serr? ? la taille par une ceinture de cuir noir, agraf?e de cuivre. Ils ont les pieds chauss?s de brodequins, et la t?te couverte d'un bonnet jaune amadou en forme de g?teau de Savoie. Prenant ? la lettre la parole de l'?criture, <> ils portent les cheveux et la barbe aussi longs qu'ils veulent cro?tre. Quelques-uns roulent leurs cheveux en un chignon ?norme qu'ils retroussent sous leur bonnet, mais un grand nombre, non contents de la longueur d?mesur?e de leurs barbes, laissent retomber sur les ?paules leur abondante crini?re, ce qui, ? la longue, par le frottement, rend leur l?vite compl?tement imperm?able et leur donne une apparence de porc-?pic derri?re laquelle dispara?t toute expression de physionomie.

Cependant parmi les vieillards qui entraient dans l'?glise d'un pas chancelant, je vis un jeune homme s'avancer d'un pas ferme: je ne crois pas avoir jamais rencontr? d'expression plus pure de la beaut? m?le: ses yeux brillaient comme des flambeaux au milieu de la p?leur mate de son visage, amaigri par le je?ne et sa barbe retrouss?e par la ligne fi?re de ses l?vres se divisait sur sa poitrine, m?lant ses reflets bleu?tres aux tons plus sombres de sa chevelure. C'?tait un Grec de Zante, arriv? depuis peu sur la montagne.

la mit dans le bassin, versa le vin et l'eau, recouvrit le bassin d'une croix et offrit le sacrifice.

Apr?s le service divin nous p?mes circuler librement dans l'?glise. Le plan de celle-ci est ? branches ?gales; des fresques tapissent les murs jusqu'? la vo?te, dispos?es dans cet ordre, ? peu pr?s invariable dans les ?glises du rite grec: au centre le Christ b?nissant, portant ce monogramme: IHC XC. O , J?sus-Christ tout-puissant; du c?t? de l'Orient la Vierge , entre les anges Michel et Gabriel; plus bas les proph?tes; dans les pendentifs, les ?vang?listes; au dedans du b?ma la C?ne; au-dessus du narthex, la Transfiguration; et sur les branches de la croix, les miracles de J?sus-Christ et les sujets de l'Ancien Testament. En dehors, sous la vo?te du narthex, les asc?tes, les stylites, les saints philosophes et les saints ?v?ques.

Apr?s une visite dans les cellules, meubl?es d'une simple estrade en bois sur laquelle couchent les moines, on nous conduisit au r?fectoire o? la communaut? d?nait d'un macaroni trop cuit noy? dans une sauce trop longue. Un caloyer lisait une hom?lie pendant le repas.

Ce monast?re est habit? par des caloyers russes et grecs. Nous pr?mes cong? d'eux pour pr?senter le plus t?t possible nos lettres d'introduction ? Kari?s. Ce village est ? quatre heures du couvent russe. On traverse jusqu'? une certaine hauteur des jardins et des plants d'oliviers entretenus par les moines, ? l'aide d'un syst?me d'irrigation tr?s-ing?nieux; l'eau est amen?e des hautes assises du rocher par des troncs d'arbres creux ajust?s bout ? bout et ?tay?s d'une branche ? l'autre. Plus haut ce sont des bois de ch?nes et de ch?taigniers d'une vigueur surprenante ? cause du voisinage de la mer. Les historiens byzantins parlent fr?quemment de cette v?g?tation merveilleuse. <> dit Cantacuz?ne. <>

Kari?s est cach? dans un pli du versant oriental, au milieu de skites et d'ermitages accroch?s ? toutes les asp?rit?s de la montagne. Les maisons sont basses, faites en bois, enduites d'un cr?pi rose ou blanc, et align?es sur les c?t?s d'une rue unique. Dans cette rue se tiennent, au fond de petites boutiques, ouvertes en tabati?re, des moines qui vendent des rosaires, des gravures et des ustensiles de m?nage sculpt?s par les ermites. C'est au bout de cette rue, dans une grande maison de modeste apparence, que si?ge le conseil qui gouverne la montagne.

J'ai dit qu'il y a vingt monast?res sur l'Athos. Dix-sept sont habit?s par des caloyers grecs, un par des caloyers russes et grecs, et deux par des Serbes et des Bulgares.

Tous sont de l'ordre de saint Basile, mais ne sont plus gouvern?s d'apr?s les m?mes lois. Autrefois, ils avaient chacun un higoum?ne inamovible; mais ? la suite de discussions dont je n'ai pu savoir au juste la date, l'organisation fut modifi?e, et aujourd'hui dix de ces monast?res seulement, dits couvents de c?nobites, ont conserv? les anciens usages; les dix autres ont pris la d?nomination de couvents libres , et sont r?gis par un conseil d'?pitropes renouvel? tous les quatre ans.

En notre qualit? d'artistes, le pr?sident nous dit qu'il nous logerait chez le peintre Anthim?s, une des lumi?res de la Sainte-Montagne. Avant d'aller chez notre h?te, nous mont?mes faire visite ? l'aga, qui habite la seconde aile du Konack. Ce pauvre musulman est l? tout ? fait d?pays?, n'ayant pour compagnons qu'un secr?taire et quelques Albanais de sa religion. C'est un jeune homme de trente ? trente-cinq ans, ni beau ni laid, engraiss? par l'oisivet?, h?b?t? par la solitude. Il nous accueillit avec tout l'enthousiasme d'un homme ravi de voir d'autres visages que les profils liturgiques qui l'entourent; mais cette expansion fut de courte dur?e, et il retomba dans son assoupissement, dont il ne sortira vraisemblablement que le jour o? il sera appel? ? d'autres fonctions, ou admis ? faire valoir ses droits ? la retraite.

Anthim?s, notre h?te, ?tait un tout autre homme, vif, alerte et remuant. Il habitait sa petite maisonnette en compagnie d'un pappas appel? Manuel, sorte de paria qui faisait la cuisine, cultivait le jardin, nettoyait la maison, aidait le peintre dans ses travaux, l'assistait ? la messe et trouvait le temps de dormir et de boire quelquefois outre mesure, malgr? ces nombreuses occupations.

Pendant que nous attendions le moment d'?tre admis aupr?s du conseil, j'?tais all? jusqu'au Catholicon. L? entrait en m?me temps que moi un jeune homme. V?tus tous les deux comme on l'est au pays du macadam, nous nous devin?mes Fran?ais. Il ?tait peintre, s'appelait Vaudin, et travaillait avec M. de S?vastiannoff. J'avais entendu parler en Gr?ce des travaux de M. de S?vastiannoff au mont Athos. Ma premi?re visite fut naturellement pour lui. L'auteur des admirables reproductions photographiques que l'Institut a vues il y a quelques ann?es, m'accueillit avec cette courtoisie et cette cordialit? habituelle ? l'aristocratie russe. Nous caus?mes de la France en fran?ais, ce qui est une grande jouissance, et nous pr?mes le th? en russe, ce qui est la bonne mani?re.

Quoi qu'il en soit, voici la version des moines: saint Athanase demanda ? l'empereur la permission de construire un monast?re sur l'Athos et ?leva la grande Lavra ou Laure ; mais la montagne ?tait occup?e par des ermites. Ces ermites envoy?rent une d?putation ? Constantinople pour protester contre l'envahissement de leur retraite. Leurs pri?res ne furent pas ?cout?es et les monast?res se succ?d?rent sur les flancs de la montagne.

A. PROUST.

VOYAGE AU MONT ATHOS,

PAR M. A. PROUST.

Ermites ind?pendants. -- Le monast?re de Koutloumousis. -- Les biblioth?ques. -- La peinture. -- Manuel Panselinos et les peintres modernes.

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