Read Ebook: Cri des colons contre un ouvrage de M. l'évêque et sénateur Grégoire ayant pour titre 'De la Littérature des nègres' by Tussac F R De Fr Richard
<> Quel pompeux ?loge l'?v?que Gr?goire fait de la race n?gre, puisqu'avant cette ?poque, elle peut compter un nombre si consid?rable de savans distingu?s dans tous les genres, dont il promet de nous faire conno?tre les noms et les ouvrages. Genty a donc grand tort, lorsqu'il avance que le g?nie ne peut na?tre au sein de l'opprobre et de la mis?re, quand on n'entrevoit aucune r?compense, aucun espoir de soulagement. Genty veut-il parler des n?gres en Afrique, ou des esclaves de S. Domingue? Ceux d'Afrique existent depuis long-temps en corps de nation; ils n'y ont pas ?t? sans doute assez long-temps. Quant ? ceux des Antilles et autres colonies de S. Domingue, nous ferons observer, ? M. Genty, que les deux mots opprobre et mis?re sont inconvenans. Le mot opprobre ne peut nullement s'appliquer aux esclaves honn?tes, qui, en remplissant les devoirs attach?s ? leur condition qui n'est malheureuse que comparativement, sont tout aussi respectables, et s'estiment autant qu'une infinit? de blancs qui, en se targuant du titre illusoire d'hommes libres, sont, sous plusieurs rapports, plus esclaves qu'eux, surtout, sous celui de la mis?re, dont le nom seul est ignor? dans les Antilles; fille des besoins naturels multipli?s sous les zones temp?r?es ou froides, elle n'a jamais d?pass? les tropiques. Tout aussi Vrais philantropes que quelques Europ?ens, nous d?sirons, pour beaucoup d'individus, que nous avons sous les yeux, un sort pareil ? celui des n?gres esclaves bons sujets. H?las! plus d'un tiers des Am?ricains sont r?duits en France ? le d?sirer pour eux-m?mes. Selon le cur? Sibire, nous en sommes bien dignes; pourtant nous ne l'avons pas.
<>
Nous n'en pouvons disconvenir; sa morale sublime devroit ?tre un des moyens les plus puissans de rendre les hommes meilleurs; mais h?las! nous voyons avec peine que son effet n'est pas toujours infaillible; le sang des ministres de cette sainte religion, ne fume-t-il pas encore? ne crie-t-il pas vengeance contre ceux qui, en se d?corant du nom pompeux de chr?tien, se sont vautr?s dans la fange, et se sont rendus coupables de tous les crimes de la barbarie la plus sauvage? Ne se disoient-ils pas chr?tiens, les ?missaires qui nous sont venus de France aux Antilles, et qui ont souill? nos villes et nos campagnes, par des sacrifices de sang humain? N'e?t-il pas mieux vallu, pour nous servir des propres expressions de M. Gr?goire, nous envoyer des serpens ? sonnettes? A Dieu ne plaise que nous en accusions la religion, si nous maintenons seulement qu'elle n'ait pas toujours un frein assez puissant pour la multitude, si un chef juste et ferme ne se r?unit ? elle pour faire respecter et ex?cuter ses lois.
<> Il seroit plus vrai de dire que le commerce des esclaves par les Europ?ens, suscite peut-?tre plus de guerres en Afrique qu'il n'y en avoit autrefois; mais les souverains sont moins barbares depuis qu'ils trouvent ? vendre leurs prisonniers, puisqu'alors ils les faisoient p?rir; et quoi qu'en disent les n?grophiles, l'esclavage des Antilles est pr?f?rable ? la mort; et la fausse id?e que les Europ?ens s'en sont fait, ne provient que de l'exaltation et de l'exag?ration des n?grophiles qui d?naturent tout; ils veulent ? toute force <> Conviendront-ils qu'il y avoit dans les colonies beaucoup d'affranchis? D'o? leur est venue cette libert?? N'?toit-elle pas la r?compense des services rendus ? l'habitation, au ma?tre? Il n'y avoit presque pas d'exemple qu'un habitant mour?t sans avoir, par son testament, l?gu? la libert? ? plusieurs de ses sujets, soit domestiques, soit cultivateurs; n'?toit-il pas d'usage de donner la libert? aux n?gresses qui avoient six enfans vivans; ? celles qui avoient ?t? nourrices des enfans du ma?tre? Mais, ne parlons pas des affranchissemens, qui ne pouvoient ?tre la r?compense que d'un petit nombre de n?gres, la certitude pour tous d'?tre log?s, v?tus, nourris, m?dicament?s depuis l'?poque o? ils cessent, par leur ?ge, de pouvoir rendre des services ? l'habitation, jusqu'? leur mort, qui, quoi qu'en disent les n?grophiles, arrive souvent ? une ?poque tr?s recul?e; cette certitude n'est-elle pas une r?compense, un espoir de soulagement et de repos pour l'avenir? Vos journaliers, en Europe, et tous les hommes sans propri?t?s ou sans talens ont-ils ce m?me espoir? Du jour o? ils cessent d'?tre utiles ? la soci?t?, commence leur mis?re; et leurs ressources finissent pr?cis?ment ? l'?poque ou leurs besoins augmentent, quand la vieillesse et les infirmit?s qui l'accompagnent viennent les accabler. N'est-ce pas l? l'esclavage de la n?cessit?, mille fois pire que celui dont, pour le malheur du plus grand nombre de n?gres, les n?grophiles ont demand? imprudemment l'abolition, dans un temps inconvenant, et de la mani?re la plus impolitique et la plus dangereuse.