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Read Ebook: L'isthme de Panama Examen historique et géographique des différentes directions suivant lesquelles on pourrait le percer et des moyens à y employer; suivi d'un aperçu sur l'isthme de Suez. by Chevalier Michel

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Ebook has 69 lines and 16655 words, and 2 pages

nt consid?rables, ?tablir entre ces ?les et l'emplacement actuel de la barre un bon port, d'un acc?s facile et du c?t? de la terre et du c?t? de la mer.

Il y aurait lieu d'examiner si, du c?t? de la baie de Chorrera, il ne serait pas plus ais? qu'? Panama m?me de m?nager un mouillage commode, profond et s?r, bien accessible et du c?t? de la pleine mer et du c?t? de la terre, et si par cons?quent ce n'est point l? que devrait aboutir le canal, en suivant le Ca?mito, ou en coupant au travers de la plage, afin d'?viter la barre de cette rivi?re.

Autant qu'on peut en juger avec les renseignements insuffisants auxquels on est r?duit encore en Europe, la d?pense requise pour ?tablir des ports irr?prochables ? chacune des extr?mit?s du canal de Chagres ? Panama serait ?gale ? celle du canal lui-m?me.

Dans l'isthme de Panama, la population est clairsem?e, et elle est g?n?ralement peu amie du travail. Au sujet du nombre des ouvriers qu'on pourrait rassembler avec le concours actif du gouvernement grenadin, des renseignements fort contradictoires ont ?t? produits. La pr?somption est qu'il serait indispensable d'emmener d'Europe des ma?ons, des mineurs, des terrassiers m?me. Voulussent-ils travailler, les indig?nes ne le savent pas. Ils n'ont jamais eu occasion de pratiquer ni m?me de voir de grands d?blais ou de grands remblais, et ? plus forte raison des excavations sous-marines.

D'un autre c?t?, il y a une responsabilit? effrayante ? enr?ler des ouvriers europ?ens afin de les conduire dans l'isthme. C'est, en effet, un climat dangereux pour qui n'y est pas n? ou ne s'y est pas pr?par?, meurtrier pour qui s'expose ? l'ardeur du soleil ou qui respire les miasmes des mar?cages et ceux qu'exhale toute terre fra?chement remu?e. On aurait ? abriter les travailleurs, ? les camper, ? pourvoir ? leur bien-?tre; il faudrait leur tracer les r?gles dune bonne et s?v?re hygi?ne, et, ce qui est bien plus difficile, m?me en leur en fournissant tous les moyens, les leur faire observer malgr? les tentations sem?es sur leurs pas. Pendant les six mois de la saison des pluies, de mai en octobre, tout travail ? ciel ouvert serait forc?ment suspendu. Que ferait-on alors de cette multitude? Comment la garantir du mal du pays et de toutes les plaies que l'oisivet? engendre?

Ce ne sont point des impossibilit?s que je signale, ce sont des difficult?s, de celles que des hommes capables, d'une volont? forte et d'un esprit ?clair?, savent lever. Ce serait une pr?tention fort d?plac?e que d'esquisser ici, m?me sommairement, le programme de ce qu'il y aurait ? faire pour s'assurer le concours d'une grande quantit? de bras dans l'isthme, et pour emp?cher que le canal des deux oc?ans ne f?t obtenu qu'au prix de milliers de victimes humaines. Cependant, il me semble, et je ne le dis que pour indiquer comment ? mes yeux l'obstacle n'est point insurmontable, que des hommes disciplin?s d'avance, dress?s ? la r?gle militaire, habitu?s ? se suffire dans les cas impr?vus, tels enfin que nos admirables soldats du g?nie, pourraient, transport?s en corps sous la conduite de leurs braves et savants officiers, en qui ils ont toute confiance, entreprendre l'oeuvre avec chance de succ?s, et aborder, sans crainte d'?tre terrass?s par elle, la nature des r?gions ?quinoxiales, quelque rude jouteuse qu'elle soit, quelque s?duction qu'elle sache employer pour ?nerver celui qui r?siste ? ses caresses perfides. C'est probablement ? une d?termination semblable qu'il faudrait en venir. Rien de plus simple, au surplus, si les gouvernements des deux grands peuples de l'Europe occidentale, qui sont les deux premi?res puissances maritimes du monde, jugeaient ? propos de se concerter pour l'accomplissement d'un aussi beau dessein.

Enfin l'isthme de Panama n'offrirait point cette abondance de vivres de toute esp?ce, ? vil prix, qu'on trouverait sur les bords du lac de Nicaragua. Il faudrait y faire venir des convois de subsistances de bonne qualit? pour les campements de travailleurs.

Au-del? de la ligne trac?e de Panama ? Chagres, on rencontre la baie de Mandinga, o?, comme nous l'avons dit, l'isthme est r?duit ? sa moindre ?paisseur, et o?, d'apr?s M. Lloyd, se pr?senterait une vall?e transversale de mer ? mer, au fond de laquelle il serait possible de creuser un canal. Rien n'indique cependant qu'un nivellement exact y ait ?t? op?r?. C'est un pays qui reste encore ? d?couvrir, car les Europ?ens y ont ? peine mis le pied. M. Wheelwright assure qu'il est peupl? d'Indiens qui n'ont jamais reconnu d'autre gouvernement que celui de leurs caciques. Lui-m?me lorsqu'il voulut, apr?s avoir explor? la c?te, p?n?trer dans l'int?rieur, n'en put obtenir la permission de ces chefs m?fiants. C'?tait, il est vrai, en 1829; depuis lors si quelque autre observateur a ?t? plus heureux, les d?tails de son examen n'ont point ?t? livr?s au public. On ignore m?me si de bons ports s'y offriraient en regard l'un de l'autre, aux extr?mit?s d'une ligne de percement.

CINQUI?ME PASSAGE.--ISTHME DE DARIEN.

D?pression qu'offre la vall?e de l'Atrato.--Communication projet?e ? la fin du si?cle dernier entre la vall?e de l'Atrato et le port de Cupica par le Naipipi.--Elle est impossible.--Communication entre la vall?e de l'Atrato et celle du San-Juan, par le vallon de la Raspadura; on n'en ferait jamais un canal des deux oc?ans.

Nous avons encore ? examiner un autre passage, celui de l'isthme de Darien, au sujet duquel un moment on s'?tait berc? des plus belles esp?rances. L'isthme de Darien pr?sente certainement une d?pression extraordinaire du sol. Sur son flanc m?ridional, les montagnes se dressant tout-?-coup, les Andes de l'Am?rique du Sud apparaissent inopin?ment dans toute leur majest? et d?ploient leurs escarpements sans pareils. Dans le voisinage imm?diat des abruptes Cordill?res de Quindi? et du Choco, o? le voyageur ne peut m?me plus se fier au pied pourtant si s?r des mules, et o? l'homme qui n'a pas la force de grimper est r?duit ? se faire porter sur les ?paules de l'homme; ? c?t? de cimes couvertes de neiges au moins une grande partie de l'ann?e, ce qui, sous l'?quateur, suppose une hauteur extr?me, on voit les montagnes s'effacer tout-?-coup, et une vall?e transversale s'ouvrir d'oc?an ? oc?an. Un beau fleuve, le Rio Atrato, qui coule droit du midi au nord pour venir se jeter dans le golfe de Darien, ? peu pr?s au milieu de l'espace compris entre Porto-Belo et Carthag?ne, et qui est navigable sur une grande ?tendue, passe fort pr?s d'autres cours d'eau qui sont tributaires de l'autre Oc?an. L'un de ses affluents, le Naipipi, qui est navigable pour des canots, se rapproche beaucoup du port de Cupica, situ? sur le Pacifique, entre le cap Corrientes et le golfe San Miguel. Il n'y a que cinq ? six lieues de Cupica ? l'embarcad?re du Naipipi, et on avait assur? ? M. de Humboldt que cet intervalle ?tait occup? par un espace tout-?-fait aplani. ? la fin du si?cle dernier, des projets avaient ?t? pr?sent?s au gouvernement espagnol, afin de diriger par l? le commerce entre les deux oc?ans. Cupica devait devenir une nouvelle Suez. Mais un officier anglais, le capitaine Cochrane, qui descendit l'Atrato en 1824, donne des renseignements en contradiction avec ceux auxquels M. de Humboldt avait ajout? foi. Il en r?sulterait que l'?tablissement d'un canal entre l'Atrato et Cupica par la vall?e du Naipipi est impossible. Le trajet d'un oc?an ? l'autre serait par l? de 250 ? 300 kilom?tres.

Plus haut, pr?s de Novit?, l'Atrato est ais? ? mettre en rapport avec le San-Juan, qui se jette dans l'Oc?an Pacifique, ? Chirambar?, et qui est navigable. M. Cochrane, qui a visit? les lieux avec soin , dit-il, estime ? 360 m?tres environ la distance qui s?pare le San-Juan, ou plut?t la Tamina, son tributaire, de la Raspadura, affluent de l'Atrato. Les deux cours d'eau, ainsi voisins, portent canot l'un et l'autre. Pour les faire communiquer, il faudrait une tranch?e presque enti?rement dans le roc, d'environ 20 m?tres de profondeur. Les deux oc?ans seraient ainsi joints l'un ? l'autre. D'apr?s une note annex?e au remarquable rapport qu'a pr?sent?, le 2 mai 1839, M. Mercer ? la chambre des repr?sentants des ?tats-Unis, aux deux extr?mit?s de la ligne on aurait de bons ports. D'un c?t?, la principale des bouches de l'Atrato, appel?e Barbacoa, est sur la baie m?me de Candelaria, qui offre un mouillage s?r et profond, agit? seulement pendant les vents du Nord. De l'autre c?t?, dans la baie de Chirambir?, o? se termine le cours du San-Juan, les navires sont de m?me fort bien abrit?s. Mais cette jonction des deux oc?ans aurait 500 kilom., sans compter les d?tours des deux fleuves, et avec ces d?tours 650 ? 700, sinon davantage. La seule inspection de chiffres pareils suffit pour trancher la question. Sans doute, ? peu de frais, on ?tablirait par l? une communication praticable pour des barques l?g?res pendant une partie de l'ann?e; mais si l'on voulait une navigation permanente pour des navires de mer, ce serait un travail de titans, car il faudrait alors une ligne artificielle presque tout le long de cette ?norme distance.

CONCLUSION DES CINQ CHAPITRES PR?C?DENTS.--?TUDES ? FAIRE.

Deux trac?s se recommandent: l'un par Chagres et les environs de Panama, l'autre par le pays de Nicaragua.--D?pense ? laquelle il faut s'attendre avec l'un et avec l'autre; elle serait consid?rable, mais non au-dessus des forces des gouvernements des trois premi?res puissances maritimes r?unies.--Plan d'une ?tude g?n?rale ? Panama, au lac de Nicaragua, ? la baie de Mandinga, ? la Boca del Toro.--Il faudrait un personnel nombreux d'ing?nieurs et un plus nombreux d'agents subalternes.--Soldats du g?nie et matelots ? la suite des ing?nieurs.--?tudes m?dicales ? joindre ? celles des ing?nieurs, afin d'?tre pr?t, au cas o? des ouvriers europ?ens ou du nord de l'Am?rique devraient ?tre envoy?s dans l'isthme.--Il conviendrait que la France se charge?t de ces ?tudes; le gouvernement en retirerait beaucoup d'honneur, et ce serait conforme ? sa politique.

L'examen des cinq passages par lesquels il est naturel de chercher ? joindre les deux oc?ans, conduit ? cette conclusion, que, sur beaucoup de points, il est possible d'op?rer des jonctions d'utilit? locale que les pouvoirs publics des diff?rents ?tats entre lesquels l'isthme est partag? ne sauraient trop encourager; mais les communications qui pourraient exercer de l'influence sur le commerce g?n?ral du monde, et abr?ger la navigation entre l'extr?mit? orientale et l'extr?mit? occidentale du vieux continent, ou d'un revers ? l'autre de l'Am?rique, sont tr?s peu nombreuses. ? moins d'une d?couverte impr?vue du c?t? de la baie de Mandinga ou d'une autre moins probable, ? la Boca del Toro, deux seulement peuvent ?tre propos?es, celle du lac de Nicaragua et celle de Chagres ? Panama, ou ? la baie de Chorrera. Ces deux trac?s se ressemblent par un c?t?. Avec l'un comme avec l'autre le canal des deux oc?ans co?terait fort cher. Pour le canal de Chagres ? Panama, on avait parl? d'une somme de 13 ? 15 millions; c'est le d?cuple qu'il fallait dire, en tenant compte des travaux maritimes ? effectuer ? chacune des deux extr?mit?s. M. Stephens a ?t? beaucoup moins loin de la v?rit? quand il a ?valu? le canal de Nicaragua ? 20 ou 25 millions de dollars . Du moment qu'on voudrait un canal praticable pour les grands trois-m?ts du commerce ou pour les paquebots transatlantiques, il ne faudrait pas s'attendre ? une d?pense de moins de 150 millions de francs. Mais la jonction des deux grands oc?ans vaut bien 150 millions, et 200, et plus encore. Apr?s tout, pour les trois gouvernements de la France, de l'Angleterre et des ?tats-Unis, associ?s dans cette intention, un d?bours? pareil dans un espace de temps de cinq ou six ann?es, n'aurait rien qui p?t, je ne dirai pas les effrayer, mais les ?mouvoir. Cette ?l?vation des frais de premier ?tablissement est la seule similitude qu'il y ait entre les deux trac?s. Par l'isthme de Panama proprement dit, la coupure est courte; par le lac de Nicaragua, elle est longue; ? la v?rit?, la nature en a fait les frais sur une grande part. D'un c?t?, un climat salubre presque partout; un pays peupl?, l? du moins o? se d?ploierait la partie artificielle de la ligne, des vivres de toute esp?ce en abondance; de l'autre, une contr?e meurtri?re quant ? pr?sent, n'offrant ni bras pour le travail ni une subsistance assur?e pour les travailleurs venus du dehors.

En ce moment, l'option entre ces deux trac?s de Panama et de Nicaragua serait fort malais?e. Elle ne sera possible et ne pourra ?tre bien motiv?e qu'apr?s que des ?tudes s?rieuses et compl?tes auront ?t? faites. Un ing?nieur en chef des mines envoy? par le gouvernement fran?ais, M. Napol?on Garella, est dans les environs de Panama accompagn? d'un conducteur des ponts-et-chauss?es, M. Courtines. C'est quelque chose, mais ce n'est pas assez, m?me pour ce seul passage. Il y a des ?tudes de navigation ? faire ? chaque extr?mit? de la ligne, je veux dire des projets ? pr?parer pour l'am?lioration des ports dans lesquels le canal d?boucherait, afin de les rendre accessibles aux navires qu'am?nerait le canal et parfaitement s?rs. Une exploration soign?e du pays de Nicaragua est n?cessaire. De m?me pour le pays situ? derri?re la baie de Mandinga. Entre la Boca del Toro et la rivi?re Chiriqui, il y a peu d'espoir de d?couvrir une direction qu'un canal des deux oc?ans p?t suivre; cependant la localit? se recommande par trop de titres pour qu'on ne la fasse pas examiner; et, en tout cas, il est bon de se rendre compte du parti qu'on peut tirer des mines de charbon de Saint-David. En organisant ces diverses ?tudes, il serait bon de pr?voir le cas o? quelques uns des ing?nieurs seraient atteints des maladies auxquelles est sujet quiconque, entre les tropiques, supporte la chaleur du jour; et, par cons?quent, il serait opportun de les multiplier. Il conviendrait de les entourer d'un personnel nombreux d'agents subalternes, parce qu'ils ne trouveraient dans le pays personne qui f?t familier avec le maniement des instruments les plus simples, et il serait avantageux de les affranchir de toute n?cessit? d'assistance. Chacun de ceux qui auraient ? op?rer sur la terre ferme devrait emmener avec lui vingt-cinq ou trente soldats du g?nie, robustes, ?prouv?s d?j? par le s?jour des colonies autant que possible. De m?me ceux qui auraient ? ?tudier les mouillages devraient ?tre suivis de matelots choisis. Les matelots et les soldats du g?nie sont industrieux, d'excellent secours, bons ? toute chose. Cet entourage rendrait les plus grands services aux ing?nieurs pen- leurs agents dans ces pays plus encore que dans d'autres.

Des m?decins exp?riment?s devraient concourir ? ces ?tudes, afin de rechercher les bases du r?gime le plus propre ? conserver la vie des ouvriers europ?ens, dans le cas o? il serait reconnu n?cessaire d'en envoyer. Nous avons vu que, par Chagres, selon toute apparence, ce serait indispensable.

Sans ?tre anim? d'un patriotisme outrecuidant, je crois pouvoir dire que les ?tudes pr?liminaires devraient ?tre effectu?es par la France plut?t que par toute autre grande puissance maritime et notamment l'Angleterre. La France ne donne aucun ombrage aux jeunes gouvernements de l'Am?rique espagnole. On ne lui pr?te aucune pens?e d'envahissement en ces contr?es. ? tort ou ? raison, l'Angleterre y excite, au contraire, les appr?hensions les plus vives, et il faut convenir que sa prise de possession de l'?le de Roatan et les d?marches de ses agents, ? propos d'un soi-disant cacique des Mosquitos ?rig? en souverain pr?tendu ind?pendant, sont de nature ? inspirer des alarmes aux ?tats de l'Am?rique Centrale et de la Nouvelle-Grenade. Des explorateurs envoy?s par le gouvernement fran?ais seraient parfaitement accueillis dans le pays. Il n'en serait pas de m?me de commissaires britanniques.

Cette exploration, attentive, d?sint?ress?e, serait conforme aux aptitudes et aux penchants de notre nation, aux allures de notre politique g?n?reuse, ? nos tendances humanitaires, dont on peut se railler, mais qui n'en sont pas moins ?minemment honorables et au surplus invincibles. Elle profiterait ? un gouvernement qui cherche dans les oeuvres de la paix son affermissement et sa gloire.

DU PERCEMENT DE L'ISTHME DE SUEZ.

Il est un projet de canal auquel on ne peut s'emp?cher de comparer celui de l'isthme am?ricain. Je veux parler du percement de l'isthme de Suez. Ces deux isthmes sont associ?s dans tous les esprits; il n'est pas une intelligence pour qui Suez ne rime ? Panama. Ce sont, en effet, les deux passages qui s'indiquent pour p?n?trer d'Europe dans le grand Oc?an, l'un au levant, l'autre au couchant, en ?vitant un long circuit et des parages dangereux; jusqu'? un certain point, ils se font concurrence, et l'on est fond? ? penser que, pour ses rapports avec les immenses r?gions que le grand Oc?an baigne, l'Europe a plus ? attendre encore du percement de l'isthme de Suez que de celui de Panama. Il ne sera donc pas inopportun d'exposer ici sommairement la question de l'isthme ?gyptien.

Par son r?tr?cissement, l'isthme semble non moins favorable ? l'?tablissement d'un canal. Il n'y a que 120 kilom?tres de Suez ? la plage de Faramah, sur laquelle est Thyneh; et si l'on tient compte de ce que le flot s'?tend sur un espace de 5 kilom?tres au nord de Suez ? la mar?e haute, le minimum de la distance qui constitue vraiment l'isthme est r?duit ? 115 kilom?tres. Ce serait moins encore, si du c?t? de la M?diterran?e on consid?rait comme une d?pendance de la mer le lac Menzaleh, qui en effet communique avec elle.

L'in?galit? de niveau d'une mer ? l'autre, qui se pr?sente d?j? ? l'isthme de Panama, se reproduit ici bien plus marqu?e. Les nivellements de M. le P?re ont montr? que la basse mer de vive eau dans la mer Rouge ? Suez est de 8 m?tres 12 centim?tres au-dessus de l? basse M?diterran?e ? Thyneh. La mar?e de vive eau ? Thyneh est de 35 centim?tres seulement; ? Suez, elle est de 1 m?tre 89 centim?tres: de sorte que la diff?rence extr?me entre les deux mers est de 9 m?tres 90 centim?tres.

Quand les Fran?ais, conduits par Bonaparte, furent les ma?tres de l'?gypte, le g?n?ral en chef voulut le r?tablissement de cet antique ouvrage. Il y mettait tant de prix, qu'il en commen?a la reconnaissance en personne. Il alla jusqu'? Suez, parcourut les environs de cette ville et, dans cette excursion, il fut expos? aux plus grands p?rils. Sa pr?sence d'esprit seule le sauva d'une mort pareille ? celle du Pharaon acharn? ? la poursuite du peuple h?breu.

Les ordres du vainqueur des Pyramides furent ponctuellement ex?cut?s par M. le P?re, ing?nieur des ponts-et-chauss?es, et c'est de son important travail que j'extrais les renseignements qu'on va lire.

Comment faire cependant pour avoir une navigation du Nil ? Suez toute l'ann?e? Il faudrait, vers le milieu du canal, un bassin plus spacieux que le lac Moeris et aux bords ?lev?s, qui se remplirait pendant les crues, lorsque le fleuve serait ? sa plus grande hauteur; le canal am?nerait lui-m?me les eaux nourrici?res du fleuve ? ce r?servoir, qui les lui restituerait peu ? peu en les faisant durer autant que possible. Ce r?servoir devrait avoir une tr?s grande contenance, ce qui ici ne se pourrait qu'avec une tr?s grande superficie; ce serait un ouvrage sur l'?chelle de ce que jadis les rois d'?gypte faisaient de plus colossal. Mais, ? cause de la rapidit? de l'?vaporation dans ces chaudes contr?es, sous l'influence des vents secs du d?sert, on perdrait une forte proportion de l'eau ainsi mise en r?serve, et probablement le r?servoir ne remplirait qu'imparfaitement sa destination. Pour la portion du canal attenante ? la mer Rouge, on recourrait naturellement aux eaux de cette mer. Il y aurait lieu peut-?tre, pour le reste, de tenter de suppl?er partiellement ? la ressource d'un r?servoir par des machines qui puiseraient de l'eau dans le Nil et l'?l?veraient ? la hauteur n?cessaire; on a d?j? recours ? ce proc?d? sur plusieurs canaux. Avec la condition d'une navigation non interrompue pendant toute l'ann?e, le canal du Nil ? Suez devient, on le voit, fort difficile. Cependant qui pourrait dire que la civilisation moderne soit forc?e de reculer devant des entreprises semblables ? ce que, dans la limite de ses besoins, savait accomplir la civilisation antique? Si quelque part le progr?s n'est pas un vain mot, c'est dans l'art des constructions hydrauliques.

Une fois parvenu de Suez au Nil, on ne serait encore qu'? moiti? chemin de la M?diterran?e. Le fleuve, il est vrai, descend ? cette mer; malheureusement dans les basses eaux il ne laisse plus passer que de petites barques, et ses deux bras principaux, celui de Rosette et celui de Damiette, d?bouchent par des passes ?troites et p?rilleuses o? ne pourrait se hasarder aucun navire d'un tirant d'eau m?me m?diocre. Ce fut ce qui donna naissance ? Alexandrie. Alexandre, qui ?tait non seulement un grand capitaine, mais aussi un grand esprit et un grand roi, con?ut le dessein de nouer des rapports r?guliers entre la Gr?ce et les Indes. Deux lignes s'offraient ? lui, celle du golfe Persique et celle du golfe Arabique ou mer Rouge. Il ne choisit pas: il les prit toutes deux. Son ambition ?tait infinie; mais ses facult?s ?taient prodigieuses: son pouvoir sur les hommes et sur la nature n'avait pas de bornes. Il n'y avait que lui-m?me ? qui il ne s?t pas toujours commander. Pour d?velopper le commerce entre l'Orient et l'Occident , il fonda Alexandrie en un point du d?sert o? se trouvait, par exception, un bon port. Ce fut une des conceptions les plus intelligentes et les plus hardies de cette t?te audacieuse et capable, une des plus heureuses entreprises de cet homme auquel tout r?ussit.

Les navires venant de Suez par le canal devraient se diriger sur Alexandrie, parce que c'est le seul point de tout le rivage de l'?gypte par lequel un b?timent d'un tonnage un peu fort, venant de l'int?rieur, puisse entrer dans la M?diterran?e. Comment atteindre ce port, comment s'en rapprocher m?me, pendant la longue saison o? le Nil n'est plus accessible qu'? de petites barques? ? cet effet, de vastes travaux seraient indispensables. Il faudrait, 1? am?liorer la navigation du fleuve dans son lit, ? partir du d?bouch? du canal de Suez, en y relevant le niveau de l'eau par des barrages de retenue, ou bien creuser un canal lat?ral; 2? unir Alexandrie au Nil par un canal. Cette derni?re partie de l'oeuvre est accomplie, mais fort imparfaitement, par le canal Mahmoudi?h construit ou plut?t restaur? par le vice-roi M?h?met-Ali. Le Mahmoudi?h a 80 kilom?tres. La portion du fleuve ? am?liorer par des barrages ou ? remplacer par un canal lat?ral serait d'environ 180 kilom?tres; il y aurait donc une ?tendue totale de 260 kilom?tres, sur laquelle d'importants travaux seraient indispensables. Avec le canal de Suez au Nil, la distance totale entre Suez et Alexandrie s'?l?verait ? 413 kilom?tres environ. C'est bien long pour une ligne partout plus ou moins artificielle, et ce serait bien cher.

Jusqu'? ce que cet ouvrage soit accompli, et abstraction faite des effets que pourrait avoir le percement de l'isthme de Panama, les marchandises iront d'Europe aux Grandes-Indes et en Chine sur des navires doublant le cap de Bonne-Esp?rance. Suez ne sera un point de passage que pour les voyageurs et les d?p?ches qui franchiront chacune des deux mers sur les ailes de la vapeur. En ce moment on a quelquefois des nouvelles de Bombay ? Paris en trente et un jours, malgr? le temps perdu pour prendre du charbon ? Aden et pour traverser l'isthme. Trente et un jours! et les anciens en mettaient quarante pour parcourir la mer Rouge seule. Des am?liorations nouvelles se pr?parent; l'agent anglais qui a organis? ce service pour le compte de l'Angleterre, M. Waghorn, esp?re r?duire le trajet ? vingt-sept jours de Bombay ? Londres. En 1774, les Anglais, pour la premi?re fois, commenc?rent ? se servir de l'isthme de Suez pour le transport des d?p?ches des Indes. On put alors avoir des lettres de quatre-vingt-dix jours de date, et quand c'?tait de quatre-vingts jours on criait au miracle.

M. le P?re, comparant la navigation de l'Inde par le cap de Bonne-Esp?rance ? celle par la M?diterran?e, l'?gypte et la mer Rouge, a trouv? que la diff?rence de trajet serait de 26,100 kilom?tres ? 13,300, ou de pr?s de moiti?. Il estimait que, si l'on coupait l'isthme de part en part de Suez ? Thyneh, la travers?e pourrait ?tre r?duite de cinq mois ? trois. L'art de la navigation s'est perfectionn? depuis lors; mais dans les deux directions, par l'isthme et par le Cap, le voyage en serait ?galement abr?g?, et le rapport des dur?es des travers?es resterait le m?me.

COMMENT POURRAIT ?TRE EX?CUT? LE CANAL DE L'ISTHME DE PANAMA.

Bonnes dispositions du gouvernement de la Nouvelle-Grenade.--Immunit?s ? attendre de lui.--Excellents sentiments manifest?s ? l'origine par le gouvernement f?d?ral de l'Am?rique Centrale.--Triste situation de ce pays aujourd'hui; cependant les ?tats de Nicaragua et de Costa-Rica que traverserait le canal de Nicaragua sont tranquilles et offrent des garanties.--Une compagnie ne pourrait ex?cuter le canal, quel que soit celui des deux trac?s qu'on adopte.--B?n?fices ? attendre d'un p?age; nombre de navires qui se rendent dans le Grand-Oc?an par le cap Horn ou par le cap de Bonne-Esp?rance.--Il n'y aurait que les gouvernements de la France et de l'Angleterre qui pussent creuser le canal; il conviendrait qu'ils s'associassent dans ce but avec celui des ?tats-Unis.

Des deux trac?s qui se recommandent en ce moment pour le percement de l'isthme de Panama par un canal maritime, l'un traverse le sol de la Nouvelle-Grenade, l'autre est situ? dans l'Am?rique Centrale.

On trouverait le gouvernement de la Nouvelle-Grenade anim? des dispositions les meilleures, pourvu qu'il ne v?t aucun p?ril pour ses droits de souverainet?, dont il est justement jaloux. C'est un gouvernement ?clair?: il sent quel prix l'ouverture du canal de Panama donnerait ? une grande portion du territoire de la r?publique; il n'a cess? d'appeler l'industrie europ?enne ? s'en charger; il a accueilli ? bras ouverts tous les pr?tendants qui se sont pr?sent?s, en mettant ? leurs pieds, on peut le dire, les conditions les plus brillantes. Tour ? tour le baron Thierry, qui se pr?sentait pour son propre compte, et M. Charles Biddle, des ?tats-Unis, envoy? par le cabinet de Washington, sur le voeu exprim? par le s?nat de l'Union en faveur du creusement d'un canal maritime dans l'isthme, ont ?t? l'objet de ses pr?venances empress?es. Il n'est bonne disposition qu'il n'ait t?moign?e ensuite ? la Compagnie franco-grenadine, quoique, ? l'instigation d'agents ?trangers, les fonctionnaires locaux n'aient pas ?t? bienveillants pour elle. Un jeune Fran?ais plein de courage, d?j? nomm? plus haut, M. L?on Leconte, qu'un noble sentiment a d?termin? ? faire plusieurs voyages dans l'isthme, ? l'effet de rechercher le meilleur trac? du canal des deux oc?ans et de placer cette entreprise sous le patronage de son pays, se pla?t ? rendre bon t?moignage de la sollicitude dont il a vu anim?s ? cet ?gard les chefs de la r?publique et, en particulier, le pr?sident, avec lequel il s'en est entretenu.

Tout r?cemment, d?sesp?rant de l'industrie priv?e livr?e ? elle-m?me, le gouvernement grenadin a officiellement adress? aux grandes puissances maritimes un avis ainsi con?u:

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Quiconque voudra se charger de l'entreprise aura tout ce que le gouvernement grenadin peut accorder: les terrains, les mat?riaux qu'offre le voisinage, un tarif de p?ages suffisamment ?lev?, des facilit?s d'entrep?t. La Nouvelle-Grenade entend seulement rester ma?tresse chez elle, et veut que le passage soit neutre, c'est-?-dire ouvert ? tous les pavillons qui seraient ses amis, sans qu'aucune puissance ait la facult? de le fermer ? ses propres ennemis ou ? ses rivaux.

Dans l'Am?rique Centrale de m?me, aussit?t apr?s l'ind?pendance, le gouvernement f?d?ral se montra jaloux de favoriser l'ouverture de l'isthme par le lac de Nicaragua. Il fit un appel, d?s 1825, aux capitalistes ?trangers. En 1826, il donna une concession ? M. Palmer de New-York; la m?me ann?e, il transf?ra provisoirement le privil?ge ? une compagnie hollandaise, repr?sent?e par le g?n?ral Verveer, dont le premier int?ress? ?tait le roi des Pays-Bas, l'industrieux Guillaume de Nassau, et avec laquelle les n?gociations se continu?rent pendant les ann?es suivantes. On en ?tait au dernier terme quand la r?volution belge ?clata. Le roi Guillaume alors fut contraint d'abandonner ses projets sur le fleuve San-Juan de Nicaragua et ses arrangements avec l'Am?rique Centrale pour concentrer son attention et ses efforts sur les bouches de l'Escaut et pour s'entendre avec la Conf?rence de Londres.

Depuis lors l'Am?rique Centrale a ?prouv? de grandes infortunes. La conf?d?ration a ?t? rompue violemment, et les ?tats les plus importants de ceux qui la composaient ont cess? d'?tre anim?s de l'esprit de l'Europe. ? la suite d'une horrible guerre civile, l'?tat de Guatimala a subi le joug d'un forcen?. En armant ou en soutenant le condottiere Carrera pour ?carter et finalement ex?cuter le g?n?ral Morazan, digne repr?sentant des id?es europ?ennes, les classes qui poss?daient sous le r?gime colonial le plus d'influence se sont donn? un ma?tre sanguinaire ? elles-m?mes et au pays. Des t?n?bres semblables ? celles qui couvrirent les ci-devant provinces de l'Empire romain apr?s l'invasion des Barbares, s'appesantissent sur ces belles contr?es qu'on aurait crue si bien faites pour une domination meilleure. Heureusement, pourtant, les ?tats de Nicaragua et de Costa-Rica, que traverserait le canal des deux oc?ans, sont exempts de cette servitude brutale, et on aurait de leur part toutes les facilit?s d?sirables. J'ai dit d?j? qu'une intervention de la France dans les affaires du canal serait par eux vue de tr?s bon oeil, et que dans l'assistance ?videmment d?sint?ress?e de notre patrie ils seraient heureux d'apercevoir la promesse d'un patronage dont ils sentent le besoin envers d'autres que le sauvage Carrera.

Du reste, on ne voit pas pourquoi les gouvernements de ces deux grands pays ne s'accorderaient pas entre eux et avec celui des ?tats-Unis en faveur de cette op?ration, pour l'accomplir eux-m?mes apr?s qu'elle aura ?t? soigneusement ?tudi?e. L'Europe, ou, pour mieux dire, la race europ?enne, car c'est elle qui peuple aussi le nouveau continent, est livr?e ? un mouvement d'expansion en vertu duquel la plan?te tout enti?re semble devoir ?tre bient?t rang?e sous sa loi. Elle veut ?tre la souveraine du monde; mais elle entend l'?tre avec magnanimit?, afin d'?lever les autres hommes au niveau de ses propres enfants. Rien de plus naturel que de renverser les barri?res qui l'arr?tent dans son ?lan dominateur, dans ses plans de civilisation tut?laire. Qu'y aurait-il d'?trange ? ce que les deux nations les plus puissantes et les plus avanc?es de l'Europe se concertassent entre elles et avec celui des peuples de l'Am?rique qui est le premier par le nombre, par la richesse, par l'esprit d'entreprise et par l'extension de sa navigation, afin d'abattre la muraille qui barre le chemin du Grand-Oc?an et de ses rivages infinis? Le moyen de faire aimer la paix et d'en perp?tuer le r?gne, c'est de la montrer non seulement f?conde, mais pleine de majest? et m?me d'audace. Il faut qu'elle poss?de le don d'?tonner les hommes, de les passionner s'il se peut, en m?me temps que celui de les enrichir. Malheur ? elle, ou plut?t malheur ? nous-m?mes, si elle paraissait condamn?e ? ?tre froidement ?go?ste dans ses sentiments, mesquine dans ses conceptions, pusillanime dans ses entreprises! De ce point de vue, le projet de couper l'isthme de Panama se recommande hautement; et cette oeuvre ne serv?t-elle qu'? ?tablir, par la communaut? d'efforts, un lien de plus entre la France et l'Angleterre, lors m?me qu'il devrait en co?ter ? notre tr?sor 50 millions ou m?me 100, convenons qu'on a souvent plus mal d?pens? l'argent des contribuables.

J'insiste ici sur la convenance et la n?cessit? de faire concourir les ?tats-Unis ? cette oeuvre par beaucoup de motifs. D'abord c'est incontestablement de tous les peuples de l'Am?rique celui qui p?se le plus, dont les progr?s sont le plus ?clatants, qui a le plus le go?t et l'intelligence des grands travaux d'utilit? publique. Ce sont les plus hardis des navigateurs, les plus alertes des commer?ants. Leur pavillon est un de ceux qu'on rencontre le plus dans le Grand-Oc?an, et ils n'y ont acc?s que par l'isthme de Panama, tandis que l'Europe a la facult? de s'y pr?senter par les deux isthmes. Ils sont donc int?ress?s plus que qui que ce soit au percement de l'isthme de Panama, et ils seraient empress?s d'y contribuer mat?riellement autant que leur situation financi?re et la constitution f?d?rale le permettrait. Depuis longtemps le gouvernement des ?tats-Unis a les yeux fix?s sur l'isthme de Panama, et les citoyens n'ont pas cess? de l'exciter ? s'en occuper. C'est m?me ? lui que le gouvernement de l'Am?rique Centrale s'adressa, ? l'origine, pour le convier ? intervenir. M. Clay, lorsqu'il ?tait secr?taire d'?tat, sous la pr?sidence de M. Adams, en 1825, y avait donn? une attention particuli?re.

Le choix de la ville de Panama pour le si?ge du congr?s, auquel toutes les r?publiques nouvellement ?closes ? cette ?poque avaient ?t? convoqu?es pour consacrer leur fraternit? entre elles et avec les ?tats-Unis, montre ce qu'a ?t? pour l'Am?rique tout enti?re, d?s les premiers jours de son ?mancipation, le percement de l'isthme. C'est une oeuvre qui importe au Nouveau-Monde en masse. Au milieu de tous ces ?tats, l'Union de l'Am?rique du Nord ?tant comme l'a?n?e de la famille, tenter de creuser le canal des deux oc?ans sans le concours des ?tats-Unis, sans s'?tre entendu avec eux, ?quivaudrait presque ? l'entreprendre sans la permission de l'Am?rique. Or, l'Am?rique est libre aujourd'hui; elle a rompu les lisi?res par lesquelles elle tenait ? l'Europe, et l'on ne pourrait ainsi traiter d'elle, chez elle et sans elle, sans y soulever dans les coeurs les m?mes sentiments de haine ?nergique et implacable que provoquerait une atteinte audacieuse ? son ind?pendance m?me. Si l'on trouvait cette assertion exag?r?e, et qu'on pr?tend?t que la Nouvelle-Grenade ou les ?tats de Nicaragua et de Costa-Rica, en vertu de leur souverainet?, sont les ma?tres de conc?der le canal de jonction des deux oc?ans ? qui leur pla?t, et, par exemple, ? la France et ? l'Angleterre, nous remontrerions que depuis vingt ann?es l'Angleterre, la France, les ?tats-Unis et la Hollande travaillent ? se supplanter les uns les autres pour avoir le patronage de cette oeuvre, que tous ces efforts oppos?s se paralysent et que le canal est toujours ? commencer. Qu'est-il donc besoin de rappeler que, seule, l'union fait la force? Du jour o? les deux premi?res puissances maritimes de l'Europe et du monde, et la nation pr?pond?rante du nouveau continent s'accorderont ? vouloir que l'isthme de Panama soit tranch?, elles seront ?cout?es, et l'isthme s'abaissera devant leurs pavillons r?unis. Ainsi que nous le disions pour la France et l'Angleterre il n'y a qu'un instant, ce concert serait une garantie de plus acquise ? la paix du monde, et l'on ne saurait trop multiplier les gages en faveur de cette sainte cause.

TABLE DES MATI?RES.

TABLE DES MATI?RES.

CHAPITRE PREMIER.

Forme g?n?rale de l'isthme de Panama.

Sa grande longueur.--Sur cette longueur, cinq localit?s o? l'on peut rechercher un passage: 1? isthme de Tehuantepec; 2? ? l'est de la baie de Honduras; 3? lac de Nicaragua; 4? isthme de Panama proprement dit: minimum d'?paisseur de l'isthme ? la baie de Mandinga; ligne de la Boca del Toro ? l'embouchure du Chiriqui; 5? isthme de Darien.--Obstacle qu'oppose dans toute l'Am?rique au passage d'un oc?an ? l'autre la cha?ne les Andes; immense ?tendue de cette cha?ne.--L'isthme est montagneux; mais la cha?ne s'y abaisse pr?cis?ment aux cinq endroits ci-dessus. 1

Recherche d'un passage entre l'Oc?an Atlantique et l'Oc?an Pacifique, depuis la d?couverte du Nouveau-Monde.

Nature et proportions de la communication ? ?tablir.

Des difficult?s que les ing?nieurs sont accoutum?s ? franchir en creusant des canaux.

Premi?re localit? indiqu?e pour le percement de l'isthme.--Isthme de Tehuantepec et du Guasacoalco.

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