bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Aphrodite: Moeurs antiques by Lou S Pierre

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 1609 lines and 57343 words, and 33 pages

<

--Est-ce que tu ne sais pas?

--Non, je ne l'ai pas regard?. Il ?tait bien? Je crois que j'ai dormi tout le temps; j'?tais fatigu?e. Je ne me souviens plus de rien. ? quelle heure est-il parti? Ce matin de bonne heure?

--Au lever du soleil, il a dit...

--Qu'est-ce qu'il a laiss?? Est-ce beaucoup? Non, ne me le dis pas. Cela m'est ?gal. Qu'est-ce qu'il a dit? Il n'est venu personne depuis son d?part? Est-ce qu'il reviendra? donne-moi mes bracelets.>>

L'esclave apporta un coffret, mais Chrysis ne le regarda point, et levant son bras si haut qu'elle put:

<

--Tout est extraordinaire, dit Djala, ou rien. Les jours se ressemblent.

--Mais non. Autrefois, ce n'?tait pas ainsi. Dans tous les pays du monde, les dieux sont descendus sur la terre et ont aim? des femmes mortelles. Ah! sur quels lits faut-il les attendre, dans quelles for?ts faut-il les chercher, ceux qui sont un peu plus que des hommes? Quelles pri?res faut-il dire pour qu'ils viennent, ceux qui m'apprendront quelque chose ou qui me feront tout oublier? Et si les dieux ne veulent plus descendre, s'ils sont morts, ou s'ils sont trop vieux, Djala, mourrai-je aussi sans avoir vu un homme qui mette dans ma vie des ?v?nements tragiques?>>

Elle se retourna sur le dos et tordit ses doigts les uns sur les autres.

<

--Quel bracelet aujourd'hui?

--Je les mettrai tous. Mais laisse-moi. Je n'ai besoin de personne. Va sur les marches de la porte, et si quelqu'un vient, dis que je suis avec mon amant, un esclave noir, que je paie... Va.

--Tu ne sortiras pas?

--Si. Je sortirai seule. Je m'habillerai seule. Je ne rentrerai pas. Va-t'en. Va-t'en!>>

Elle laissa tomber une jambe sur le tapis et s'?tira jusqu'? se lever. Djala ?tait doucement sortie.

Elle marcha tr?s lentement par la chambre, les mains crois?es autour de la nuque, toute ? la volupt? d'appliquer sur les dalles ses pieds nus o? la sueur se gla?ait. Puis elle entra dans son bain.

Se regarder ? travers l'eau ?tait pour elle une jouissance. Elle se voyait comme une grande coquille de nacre ouverte sur un rocher. Sa peau devenait unie et parfaite; les lignes de ses jambes s'allongeaient dans une lumi?re bleue; toute sa taille ?tait plus souple; elle ne reconnaissait plus ses mains. L'aisance de son corps ?tait telle qu'elle se soulevait sur deux doigts, se laissait flotter un peu et retomber mollement sur le marbre sous un remous l?ger qui heurtait son menton. L'eau p?n?trait dans ses oreilles avec l'agacement d'un baiser.

L'heure du bain ?tait celle o? Chrysis commen?ait ? s'adorer. Toutes les parties de son corps devenaient l'une apr?s l'autre l'objet d'une admiration tendre et le motif d'une caresse. Avec ses cheveux et ses seins, elle faisait mille jeux charmants. Parfois m?me, elle accordait ? ses perp?tuels d?sirs une complaisance plus efficace, et nul lieu de repos ne s'offrait aussi bien ? la lenteur minutieuse de ce soulagement d?licat.

Le jour finissait: elle se dressa dans la piscine, sortit de l'eau et marcha vers la porte. La marque de ses pieds brillait sur la pierre. Chancelante et comme ?puis?e, elle ouvrit la porte toute grande et s'arr?ta, le bras allong? sur le loquet, puis rentra et, pr?s de son lit, debout et mouill?e, dit ? l'esclave:

<>

La Malabaraise prit une large ?ponge ? la main, et la passa dans les doux cheveux d'or de Chrysis, tout charg?s d'eau et qui ruisselaient en arri?re; elle les s?cha, les ?parpilla, les agita moelleusement, et plongeant l'?ponge dans une jarre d'huile, elle en caressa jusqu'au cou sa ma?tresse avant de la frotter avec une ?toffe rugueuse qui fit rougir sa peau assouplie.

Chrysis s'enfon?a en frissonnant dans la fra?cheur d'un si?ge de marbre et murmura:

<>

Dans le rayon horizontal du soir, la chevelure encore humide et lourde brillait comme une averse illumin?e de soleil. L'esclave la prit ? poign?e et la tordit. Elle la fit tourner sur elle-m?me, telle qu'un gros serpent de m?tal que trouaient comme des fl?ches les droites ?pingles d'or, et elle enroula tout autour une bandelette verte trois fois crois?e afin d'en exalter les reflets par la soie. Chrysis tenait, loin d'elle, un miroir de cuivre poli. Elle regardait distraitement les mains obscures de l'esclave se mouvoir dans les cheveux profonds, arrondir les touffes, rentrer les m?ches folles et sculpter la chevelure comme un rhyton d'argile rose. Quand tout fut accompli, Djala se mit ? genoux devant sa ma?tresse et rasa de pr?s son pubis renfl?, afin que la jeune fille e?t, aux yeux de ses amants, toute la nudit? d'une statue.

Chrysis devint plus grave et dit ? voix basse:

<>

Une petite bo?te de bois de rose, qui venait de l'?le Dioscoride, contenait des fards de toutes les couleurs. Avec un pinceau de poils de chameau, l'esclave prit un peu d'une p?te noire, qu'elle d?posa sur les beaux cils courbes et longs, pour que les yeux parussent plus bleus. Au crayon deux traits d?cid?s les allong?rent, les amollirent; une poudre bleu?tre plomba les paupi?res; deux taches de vermillon vif accentu?rent les coins des larmes. Il fallait, pour fixer les fards, oindre de c?rat frais le visage et la poitrine: avec une plume ? barbes douces qu'elle trempa dans la c?ruse, Djala peignit des tra?n?es blanches le long des bras et sur le cou; avec un petit pinceau gonfl? de carmin, elle ensanglanta la bouche et toucha les pointes des seins; ses doigts, qui avaient ?tal? sur les joues un nuage l?ger de poudre rouge, marqu?rent ? la hauteur des flancs les trois plis profonds de la taille, et dans la croupe arrondie deux fossettes parfois mouvantes; puis avec un tampon de cuir fard? elle colora vaguement les coudes et aviva les dix ongles. La toilette ?tait finie.

Alors Chrysis se mit ? sourire et dit ? l'Hindoue:

<>

Elle se tenait assise et cambr?e dans son fauteuil de marbre. Ses ?pingles faisaient un rayonnement d'or derri?re sa face. Ses mains appliqu?es sur sa gorge espa?aient entre les ?paules le collier rouge de ses ongles peints, et ses pieds blancs ?taient r?unis sur la pierre.

Djala, accroupie pr?s du mur, se souvint des chants d'amour de l'Inde:

<>

Elle chantait d'une voix monotone.

<>

La jeune fille alterna, d'une voix plus douce et lente:

<>

Et elles chant?rent, l'une apr?s l'autre.

<

--Mes yeux sont ? l'ombre de mes cils comme des lacs profonds sous des branches noires.

--Tes l?vres sont des fleurs d?licates o? est tomb? le sang d'une biche.

--Mes l?vres sont les bords d'une blessure br?lante.

--Ta langue est le poignard sanglant qui a fait la blessure de ta bouche.

--Ma langue est incrust?e de pierres pr?cieuses. Elle est rouge de mirer mes l?vres.

--Tes bras sont arrondis comme deux d?fenses d'ivoire, et tes aisselles sont deux bouches.

--Mes bras sont allong?s comme deux tiges de lys, d'o? se penchent mes doigts comme cinq p?tales.

--Tes cuisses sont deux trompes d'?l?phants blancs, qui portent tes pieds comme deux fleurs rouges.

--Mes pieds sont deux feuilles de n?nufar sur l'eau; mes cuisses sont deux boutons de n?nufar gonfl?s.

--Tes seins sont deux boucliers d'argent dont les pointes ont tremp? dans le sang.

--Mes mamelles sont la lune et le reflet de la lune dans l'eau.

--Ton nombril est un puits profond dans un d?sert de sable rose, et ton bas-ventre un jeune chevreau couch? sur le sein de sa m?re.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top