bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Le Livre 010101: Enquête by Lebert Marie

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 1209 lines and 96205 words, and 25 pages

Nicolas Ancion utilise l'internet comme outil de communication et de cr?ation depuis 1997: "Je publie des textes en ligne, soit de mani?re exclusive deux romans-feuilletons ?crits sp?cialement pour ce support), soit de mani?re compl?mentaire . Je dialogue avec les lecteurs et les enseignants ? travers mon site web."

En avril 2000, Anne-B?n?dicte Joly, ?crivain, d?cide d'auto-publier ses oeuvres en utilisant le web pour les faire conna?tre. "Mon site a plusieurs objectifs, ?crit-elle. Pr?senter mes livres ? travers des fiches signal?tiques et des extraits choisis, pr?senter mon parcours , permettre de commander mes ouvrages, offrir la possibilit? de laisser des impressions sur un livre d'or, guider le lecteur ? travers des liens vers des sites litt?raires. Cr?er un site internet me permet d'?largir le cercle de mes lecteurs en incitant les internautes ? d?couvrir mes ?crits. Internet est ?galement un moyen pour ?largir la diffusion de mes ouvrages. Enfin, par une politique de liens, j'esp?re susciter des contacts de plus en plus nombreux. Internet devra me permettre d'aller ? la rencontre de lecteurs que je n'aurai pas l'occasion en temps ordinaire de c?toyer. Je pense ? des pays francophones tels que le Canada qui semble r?server une place importante ? la litt?rature fran?aise. Je suis d?j? r?f?renc?e dans des annuaires et des moteurs de recherche anglo-saxons, et en passe de d?finir des accords d'?change de liens avec des sites universitaires et litt?raires canadiens."

Po?te et plasticienne, Silvaine Arabo d?bute en mai 1997 la cyber-revue Po?sie d'hier et d'aujourd'hui. "Pour ce qui est d'internet, je suis autodidacte , explique-t-elle. En 1997 j'ai eu l'id?e de construire un site litt?raire centr? sur la po?sie: internet me semble un moyen privil?gi? pour faire circuler des id?es, pour communiquer ses passions aussi. Je me suis donc mise au travail, tr?s empiriquement, et ai finalement abouti ? ce site sur lequel j'essaye de mettre en valeur des po?tes contemporains de talent, sans oublier la n?cessaire prise de recul sur l'objet consid?r?."

L'utilisation de l'internet a-t-elle des incidences sur son activit? de po?te? "Disons que la gestion d'un site internet - si l'on veut qu'il demeure vivant - requiert beaucoup de temps. Mais je fais en sorte que ma cr?ation personnelle n'en souffre pas. Par ailleurs, internet m'a mise en contact avec d'autres po?tes, dont certains fort int?ressants... Cela rompt le cercle de la solitude et permet d'?changer des id?es. On se lance des d?fis aussi... Internet peut donc pousser ? la cr?ativit? et relancer les motivations des po?tes puisqu'ils savent qu'ils seront lus et pourront m?me, dans le meilleur des cas, correspondre avec leurs lecteurs et avoir les points de vue de ceux-ci sur leurs textes. Je ne vois personnellement que des aspects positifs ? la promotion de la po?sie par internet: tant pour le lecteur que pour le cr?ateur. "En mars 2001, elle cr?e sur support papier, Saraswati: revue de po?sie, d'art et de r?flexion. Cyber-revue et revue papier, "les deux cr?ations se compl?tent et sont vraiment ? placer en regard l'une de l'autre."

Murray Suid ?crit des livres p?dagogiques et des livres pour enfants. Il est ?galement l'auteur d'oeuvres multim?dias et de sc?narios. "L'internet est devenu mon principal instrument de recherche, et il a largement - mais pas compl?tement - remplac? la biblioth?que traditionnelle et la communication de personne ? personne pour une recherche pr?cise. A l'heure actuelle, au lieu de t?l?phoner ou d'aller interviewer les gens sur rendez-vous, je le fais par courrier ?lectronique. Du fait de la rapidit? inh?rente ? la messagerie ?lectronique, j'ai pu collaborer ? distance avec des gens, particuli?rement pour des sc?narios. J'ai par exemple travaill? avec deux producteurs allemands. Cette correspondance est ?galement facile ? conserver et ? organiser, et je peux donc ais?ment acc?der ? l'information ?chang?e de cette fa?on. De plus, le fait d'utiliser le courrier ?lectronique permet aussi de garder une trace des id?es et des r?f?rences documentaires. Ce type de courrier fonctionnant bien mieux que le courrier classique, l'internet m'a permis de beaucoup augmenter ma correspondance. De m?me le rayon g?ographique de mes correspondants s'est beaucoup ?tendu, surtout vers l'Europe . Auparavant, j'?crivais rarement ? des correspondants situ?s hors des Etats-Unis. C'est ?galement beaucoup plus facile, je prends nettement plus de temps qu'avant pour aider d'autres ?crivains dans une sorte de groupe de travail virtuel. Ce n'est pas seulement une attitude altruiste, j'apprends beaucoup de ces ?changes qui, avant l'internet, me demandaient beaucoup plus d'efforts."

D?s 1998, Murray Suid pr?conise une solution d?sormais choisie par de nombreux auteurs. "Un livre peut avoir un prolongement sur le web - et donc vivre en partie dans le cyberespace. L'auteur peut ainsi ais?ment l'actualiser et le corriger, alors qu'auparavant il devait attendre longtemps jusqu'? l'?dition suivante, quand il y en avait une. Je ne sais pas si je publierai des livres sur le web, au lieu de les publier en version imprim?e. J'utiliserai peut-?tre ce nouveau support si les livres deviennent multim?dias. Pour le moment je participe au d?veloppement de mat?riel p?dagogique multim?dia. C'est un nouveau type de mat?riel qui me pla?t beaucoup et qui permet l'interactivit? entre des textes, des films, des documents audio et des graphiques tous reli?s les uns aux autres. Un an apr?s, en ao?t 1999, il relate: "En plus des livres compl?t?s par un site web, je suis en train d'adopter la m?me formule pour mes oeuvres multim?dias - qui sont sur CD-Rom - afin de les r?actualiser et d'enrichir leur contenu." Depuis, Murray Suid participe ? des r?alisations multim?dias ? caract?re p?dagogique con?ues pour le r?seau. Il travaille notamment pour EDVantage Software qui, de soci?t? multim?dia, est devenue une soci?t? internet de logiciels ?ducatifs.

Michel Beno?t ?crit des nouvelles polici?res, des r?cits noirs et des histoires fantastiques. "L'internet s'est impos? ? moi comme outil de recherche et de communication, essentiellement. Non, pas essentiellement. Ouverture sur le monde aussi. Si l'on pense: recherche, on pense: information. Voyez-vous, si l'on pense: ?criture, r?flexion, on pense: connaissance, recherche. Donc on va sur la toile pour tout, pour une id?e, une image, une explication. Un discours prononc? il y a vingt ans, une peinture expos?e dans un mus?e ? l'autre bout du monde. On peut donner une id?e ? quelqu'un qu'on n'a jamais vu, et en recevoir de m?me. La toile, c'est le monde au clic de la souris. On pourrait penser que c'est un beau clich?. Peut-?tre bien, ? moins de prendre conscience de toutes les implications de la chose. L'instantan?it?, l'information tout de suite, maintenant. Plus besoin de fouiller, de se taper des heures de recherche. On est en train de faire, de produire. On a besoin d'une information. On va la chercher, imm?diatement. De plus, on a acc?s aux plus grandes biblioth?ques, aux plus importants journaux, aux mus?es les plus prestigieux. On pense ? une toile d'un grand peintre, un instant plus tard, on l'a devant les yeux, on peut l'imprimer pour l'?tudier plus en d?tail. Il y a une guerre quelque part dans le monde, un instant plus tard, on lit les communiqu?s de propagande d'un c?t? et de l'autre. La toile, le web, est en train de donner son vrai sens au village global, Ga?a, la terre-m?re.

Mon avenir professionnel en inter-relation avec le net, je le vois exploser. Plus rapide, plus complet, plus productif. Je me vois faire en une semaine ce qui m'aurait pris des mois. Plus beau, plus esth?tique. Je me vois r?ussir des travaux plus raffin?s, d'une facture plus professionnelle, m?me et surtout dans des domaines connexes ? mon travail, comme la typographie, o? je n'ai aucune comp?tence. La pr?sentation, le transport de textes, par exemple. Le travail simultan? de plusieurs personnes qui seront sur des continents diff?rents. Arriver ? un consensus en quelques heures sur un projet, alors qu'avant le net, il aurait fallu plusieurs semaines, parlons de mois entre les francophones. Plus le net ira se complexifiant, plus l'utilisation du net deviendra profitable, n?cessaire, essentielle."

Dans son roman Sanguine sur toile , l'internet est un personnage en soi, explique Alain Bron, consultant en syst?mes d'information et ?crivain. "Plut?t que de le d?crire dans sa complexit? technique, le r?seau est montr? comme un ?tre tant?t mena?ant, tant?t pr?venant, maniant parfois l'humour. N'oublions pas que l'?cran d'ordinateur joue son double r?le: il montre et il cache. C'est cette ambivalence qui fait l'intrigue du d?but ? la fin. Dans ce jeu, le grand gagnant est bien s?r celui ou celle qui sait s'affranchir de l'emprise de l'outil pour mettre l'humanisme et l'intelligence au-dessus de tout."

En quoi consiste l'intrigue? "La "toile", c'est celle du peintre, c'est aussi l'autre nom d'internet: le web - la toile d'araign?e, explique l'auteur. "Sanguine" ?voque le dessin et la mort brutale. Mais l'amour des couleurs justifierait-il le meurtre? Sanguine sur toile ?voque l'histoire singuli?re d'un internaute pris dans la tourmente de son propre ordinateur, manipul? ? distance par un tr?s myst?rieux correspondant qui n'a que vengeance en t?te. J'ai voulu emporter le lecteur dans les univers de la peinture et de l'entreprise, univers qui s'entrelacent, s'?chappent, puis se rejoignent dans la fulgurance des logiciels. Le lecteur est ainsi invit? ? prendre l'enqu?te ? son propre compte pour tenter de d?m?ler les fils tress?s par la seule passion. Pour percer le myst?re, il devra r?pondre ? de multiples questions. Le monde au bout des doigts, l'internaute n'est-il pas pour autant l'?tre le plus seul au monde? Comp?titivit? oblige, jusqu'o? l'entreprise d'aujourd'hui peut-elle aller dans la violence? La peinture tend-elle ? reproduire le monde ou bien ? en cr?er un autre? Enfin, j'ai voulu montrer que les images ne sont pas si sages. On peut s'en servir pour agir, voire pour tuer."

Autre roman dans lequel le web est omnipr?sent, La Toile, de Jean-Pierre Balpe, directeur du d?partement hyperm?dias de l'Universit? Paris 8. Publi? en 1999 par CyLibris, maison d'?dition en ligne, cet roman est une projection dans l'avenir. "Notre internet fait p?le figure aupr?s de l'omnipr?sente toile ?lectronique sur laquelle repose le monde de 2015, lit-on sur le site de l'?diteur. Chacun vit, travaille, communique, s'instruit ? travers le r?seau... Chacun? Non, car le syst?me engendre aussi ses exclusions, et rejette dans la marginalit? les non-int?gr?s, ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas ?tre "citoyens du web". Dans cet avenir plus que probable, un "web artist" ouzb?que, Khamid Khan Kharamidov, est retrouv? assassin? dans une chambre d'h?tel de Montr?al. Pour la police, ce n'est d'abord qu'une affaire de routine. Pour Blaise Carver, universitaire sp?cialis? en sciences de la communication et hisorien du r?seau, enqu?ter sur la mort de Kharamidov et jouer les d?tectives amateurs n'est d'abord qu'un pari amical. Mais bient?t, tous r?alisent que la mort du 'web artist' n'est que le sommet de l'iceberg, et que derri?re ce crime s'?tendent une infinit? de ramifications qui, du Canada ? l'Angleterre, de la Sib?rie ? l'Australie, de Paris ? Sion, mettent en p?ril l'?quilibre du monde entier. Tandis que, devant sa console, Blaise Carver commence ? entrevoir l'effrayante v?rit?, un compte ? rebours, quelque part, est d?j? enclench?..."

Principe de base du web, le lien hypertexte permet de relier entre eux des documents textuels et des images. Quant au lien hyperm?dia, il permet l'acc?s ? des graphiques, des documents audio et vid?o et des images anim?es. L'hyperlien ouvre de nombreuses perpectives pour la cr?ation en g?n?ral et la litt?rature en particulier. Des ?crivains n'ont pas tard? ? en explorer les possibilit?s.

Jean-Paul, ?crivain et musicien, est le webmestre du site des cotres furtifs, qui raconte des histoires en 3D. "La navigation par hyperliens se fait en rayon ou en louvoiements . Bien s?r, les deux sont possibles avec l'imprim?. Mais la diff?rence saute aux yeux: feuilleter n'est pas cliquer. L'internet n'a donc pas chang? ma vie, mais mon rapport ? l'?criture. On n'?crit pas de la m?me mani?re pour un site que pour un sc?nario, une pi?ce de th??tre, etc.

En fait, ce n'est pas sur la toile, c'est dans le premier Mac que j'ai d?couvert l'hyperm?dia ? travers l'auto-apprentissage d'Hypercard. Je me souviens encore de la stupeur dans laquelle j'ai ?t? plong?, durant le mois qu'a dur? mon apprentissage des notions de boutons, liens, navigation par analogies, par images, par objets. L'id?e qu'un simple clic sur une zone de l'?cran permettait d'ouvrir un ?ventail de piles de cartes dont chacune pouvait offrir de nouveaux boutons dont chacun ouvrait un nouvel ?ventail dont... bref l'apprentissage de tout ce qui aujourd'hui sur la toile est d'une banalit? de base, cela m'a fait l'effet d'un coup de foudre .

"Les possibilit?s de l'?criture sp?cifiques ? l'internet sont multiples ", ?crit Alex Andrachmes, producteur audiovisuel, ?crivain et explorateur d'hypertexte. A l'origine, il s'int?resse surtout ? "l'?criture de mail : des mails fictifs". Tout comme Jean-Paul, il participe au websoap, qui "a comme particularit? d'utiliser exclusivement les moyens du web pour raconter les r?cits qu'il se donne comme objectif de mettre en place. Le d?fi que lance ? ses auteurs notre r?alisateur/int?grateur Olivier Lef?vre est de taille. En effet, habituellement, l'?criture, qu'elle soit de roman, de sc?nario ou de th??tre, implique des descriptions, des indications de mise en sc?ne . Ici, rien de tout ?a. Tout doit se dire sous forme d'adresse ? un autre personnage. Il faut ensuite rebondir sur la ou les r?ponses, et s'arranger pour que le n?cessaire soit dit. De plus, logiquement, une adresse ? un tiers est le plus souvent succinte, pleine de r?f?rence et de sous-entendus, entre le ton parl?, un ton un peu litt?raire, un ton un peu d?personnalis? par rapport ? la parole, mais proche quand m?me de son interlocuteur. On est plus proche du roman "?pistolaire" du 19e , que d'une continuit? dialogu?e... Donc, exercice difficile pour tout 'tchatcheur', ?tre court, mais tout dire, tout en restant l?ger... Heureusement, de temps ? autre nous sommes aid?s par un concept qui nous vient droit du jeu de r?le : le PNJ, le personnage non jou?. Des adresses ? ce personnage, proche du second r?le d'une fiction classique, mais non jou? par un des "joueurs-auteurs", permet de pr?parer "le" mail d?cisif ? un autre personnage principal, en mettant en place la situation. Attention tout de m?me: il faut rester dans la coh?rence du r?cit et assurer stabilit? et visibilit?! En fait, un peu comme dans la dramaturgie cin?matographique ou th??trale, o? l'importance du hors champ n'est plus ? inventer, le sens saute d'un mail ? l'autre. Plus clairement, un mail qui a un sens tr?s positif en tant que tel, peut en prendre un tout autre, lorsqu'il est compl?t? par une information distill?e par un autre mail. Dans cette nouvelle forme d'?criture, tout s'invente en temps r?el. Et c'est ce qui est passionnant..."

Naomi Lipson, ?crivain multim?dia, traductrice et peintre, fait elle aussi partie de l'?quipe du websoap. "Aux c?t?s d'Olivier Lef?vre, qui est le concepteur du projet, j'ai cr?? le personnage principal, Mona Bliss, autour duquel gravitent une galaxie d'autres personnages, tous dou?s d'une vie propre, c'est-?-dire, sur la toile, d'un site personnel et d'une bo?te aux lettres ?lectronique dont le contenu est accessible ? tous sur le Blue Mailer ."

Plus g?n?ralement, "j'ai toujours baign? dans l'?criture, raconte-t-elle, mais je n'ai produit de textes dignes de ce nom que gr?ce ? l'ordinateur, qui a profond?ment modifi? ma fa?on d'?crire et de penser. Quand il m'arrive par hasard de retourner au stylo et au papier, je suis perdue, mon ?criture, comme intrins?quement hypertextuelle, part dans tous les sens sur la page blanche. La structure n'est plus la m?me. Bien s?r, avec ma formation classique je pourrais rapidement retrouver l'?criture lin?aire, mais franchement, je n'en ai plus envie. Je me sens en parfaite ad?quation avec l'hypertexte, tout simplement. Peut-?tre parce que j'ai l'esprit d'escalier..."

Lucie de Boutiny est l'auteur de Non, roman multim?dia publi? en feuilleton sur le web par Synesth?sie, revue en ligne d'art contemporain. "NON prolonge les exp?riences du roman post-moderne , explique-t-elle. Cette hyperstylisation permet ? la narration des d?veloppements inattendus et offre au lecteur l'attrait d'une navigation dans des r?cits multiples et multim?dias, car l'?crit ? l'?cran s'apparente ? un jeu et non seulement se lit mais aussi se regarde. Quant au sujet: NON est un roman comique qui fait la satire de la vie quotidienne d'un couple de jeunes cadres suppos?s dynamiques. Bien qu'appartenant ? l'?lite high-tech d'une industrie florissante, Monsieur et Madame sont les jouets de la dite r?volution num?rique. Les personnages sont de bons produits. Les images et le style graphique qui accompagnent leur petite vie conventionnelle ne se privent pas de d?tourner nombre de vrais bandeaux publicitaires et autres ic?nes qui font l'apologie d'une vie bien encadr?e par une soci?t? de contr?le."

Lucie de Boutiny publie aussi bien sur papier que sur ?cran. "D'une mani?re g?n?rale, mon humble exp?rience d'apprentie auteur m'a r?v?l? qu'il n'y a pas de diff?rence entre ?crire de la fiction pour le papier ou le pixel: cela demande une concentration maximale, un isolement ? la limite d?sesp?r?, une patience obsessionnelle dans le travail millim?trique avec la phrase, et bien entendu, en plus de la volont? de faire, il faut avoir quelque chose ? dire! Mais avec le multim?dia, le texte est ensuite mis en sc?ne comme s'il n'?tait qu'un sc?nario. Et, si ? la base, il n'y a pas un vrai travail sur le langage des mots, tout le graphisme et les astuces interactives qu'on peut y mettre fera gadget. Par ailleurs, le support modifie l'appr?hension du texte, et m?me, il faut le souligner, change l'oeuvre originale."

Les possibilit?s offertes par l'hyperlien ont n?anmoins chang? son mode d'?criture. "Ce qui a chang?: le bonheur d'?crire autrement, car ce qu'il se passe, depuis l'av?nement d'ordinateurs multim?dias, relativement peu co?teux, connect?s au web, est qu'un certain nombre d'artistes ?clair?s par la f?e ?lectricit? ont besoin d'?tre illumin?s. Quelles que soient leurs confessions d'origine , elles/ils utilisent le m?dia num?rique comme un outil de cr?ation dont il faut d?couvrir les possibles. Le net ?tant ?volutif, les artistes proposent le plus souvent des tentatives, c'est curieux, des works in progress, c'est opini?tre, ou des pi?ces plus ambitieuses qui se construisent dans le temps, en fonction de l'am?lioration du web . Ainsi le cyberartiste propose souvent des actualisations et des versions O.x. Voil? qui est int?ressant et qui nous sort du march?."

Roman d'Anne-C?cile Brandenbourger, La mal?diction du parasol s'est d'abord intitul?e Apparitions inqui?tantes. "Longue histoire ? lire dans tous les sens, un labyrinthe de crimes, de mauvaises pens?es et de plaisirs ambigus", la version originale s'est d?velopp?e sous forme de feuilleton pendant deux ans sur le site d'Anacoluthe, en collaboration avec Olivier Lef?vre. L'histoire est publi?e en f?vrier 2000 aux ?ditions 00h00.com, en tant que premier titre de la collection 2003, consacr?e aux nouvelles ?critures num?riques. Suite au succ?s du livre, six mois apr?s, en ao?t 2000, le roman est r??dit? en version imprim?e aux ?ditions "Florent Massot pr?sente", avec une couverture en 3D et un nouveau titre.

"Les possibilit?s offertes par l'hypertexte m'ont permis de d?velopper et de donner libre cours ? des tendances que j'avais d?j? auparavant, ?crit l'auteur. J'ai toujours ador? ?crire et lire des textes ?clat?s et inclassables et l'hyperm?dia m'a donn? l'occasion de me plonger dans ces formes narratives en toute libert?. Car pour cr?er des histoires non lin?aires et des r?seaux de textes qui s'imbriquent les uns dans les autres, l'hypertexte est ?videmment plus appropri? que le papier. Je crois qu'au fil des jours, mon travail hypertextuel a rendu mon ?criture de plus en plus intuitive. Plus 'int?rieure' aussi peut-?tre, plus proche des associations d'id?es et des mouvements d?sordonn?s qui caract?risent la pens?e lorsqu'elle se laisse aller ? la r?verie. Cela s'explique par la nature de la navigation hypertextuelle, le fait que presque chaque mot qu'on ?crit peut ?tre un lien, une porte qui s'ouvre sur une histoire."

Mis en ligne en juin 1997, oVosite est l'oeuvre d'un collectif de six auteurs issus du d?partement hyperm?dias de l'Universit? Paris 8: Chantal Beaslay, Laure Carlon, Luc Dall'Armellina, Philippe Meuriot, Anika Mignotte et Claude Rouah. oVosite est con?u et r?alis? "autour d'un symbole primordial et spirituel, celui de l'oeuf, explique Luc Dall'Armellina. Le site s'est constitu? selon un principe de cellules autonomes qui visent ? exposer et int?grer des sources h?t?rog?nes au sein d'une interface unifiante."

Les possibilit?s offertes par l'hypertexte ont-elles chang? son mode d'?criture?

"Non - parce qu'?crire est de toute fa?on une affaire tr?s intime, un mode de relation qu'on entretient avec son monde, ses proches et son lointain, ses mythes et fantasmes, son quotidien et enfin, appendus ? l'espace du langage, celui de sa langue d'origine. Pour toutes ces raisons, je ne pense pas que l'hypertexte change fondamentalement sa mani?re d'?crire, qu'on proc?de par touches, par impressions, associations, quel que soit le support d'inscription, je crois que l'essentiel se passe un peu ? notre insu.

Oui - parce que l'hypertexte permet sans doute de commencer l'acte d'?criture plus t?t: devan?ant l'activit? de lecture jusque dans l'acte d'?crire. L'?criture devient peut-?tre plus modulaire. On ne vise plus tant la longue horizontalit? du r?cit mais la mise en espace de ses fragments, autonomes. Et le travail devient celui d'un tissage des unit?s entre elles. L'autre aspect li? ? la modularit? est la possibilit? d'?critures crois?es, ? plusieurs auteurs. Peut-?tre s'agit-il d'ailleurs d'une m?ta-?criture, qui met en relation les unit?s de sens entre elles."

Pour Lucie de Boutiny, ?crivain papier et pixel, "les ?crivains fran?ais, c'est historique, sont dans leur majorit? technophobes. Les institutions culturelles et les universitaires lettr?s en revanche soutiennent les d?marches hyperlitt?raires ? force de colloques et publications diverses. Du c?t? des plasticiens, je suis encore plus rassur?e, il est acquis que l'art en ligne existe."

"Je viens du papier, ajoute-t-elle. Mes 'conseillers litt?raires', des amis qui n'ont pas ressenti le vent de libert? qui souffle sur le web, aimeraient que j'y reste, englu?e dans la p?te ? papier. Appliquant le principe de demi-d?sob?issance, je fais des allers-retours papier-pixel. L'avenir nous dira si j'ai perdu mon temps ou si un nouveau genre litt?raire hyperm?dia va na?tre. Si les ?crivains fran?ais classiques en sont encore ? se demander s'ils ne pr?f?rent pas le petit carnet Clairefontaine, le Bic ou le Mont-Blanc f?tiche, et un usage mod?r? du traitement de texte, plut?t que l'ordinateur connect?, voire l'installation, c'est que l'HTX n?cessite un travail d'accouchement visuel qui n'est pas la vocation originaire de l'?crivain papier. En plus des pr?occupations du langage , le techno-?crivain - collons-lui ce label pour le diff?rencier - doit aussi ma?triser la syntaxe informatique et participer ? l'invention de codes graphiques car lire sur un ?cran est aussi regarder."

"L'avenir de la cyber-litt?rature, techno-litt?rature ou comme on voudra l'appeler, est trac? par sa technologie m?me", ?crit Jean-Paul, webmestre du site des cotres furtifs. Il est maintenant impossible ? un auteur seul de manier ? la fois les mots, leur apparence mouvante et leur sonorit?. Ma?triser aussi bien Director, Photoshop et Cubase, pour ne citer que les plus connus, c'?tait possible il y a dix ans, avec les versions 1. ?a ne l'est plus. D?s demain , il faudra savoir d?l?guer les comp?tences, trouver des partenaires financiers aux reins autrement solides que Gallimard, voir du c?t? d'Hachette-Matra, Warner, Pentagone, Hollywood. Au mieux, le statut du... ?crivaste? multim?diaste? sera celui du vid?aste, du metteur en sc?ne, du directeur de produit: c'est lui qui ?cope des palmes d'or ? Cannes, mais il n'aurait jamais pu les d?crocher seul. Soeur jumelle du cin?matographe, la cyber-litt?rature sera une industrie, avec quelques artisans isol?s dans la p?riph?rie off-off ."

"La couverture du r?seau autour de la surface du globe resserre les liens entre les individus distants et inconnus, explique Luc Dall'Armellina, co-auteur et webmestre d'oVosite. Ce qui n'est pas simple puisque nous sommes plac?s devant des situations nouvelles: ni vraiment spectateurs, ni vraiment auteurs, ni vraiment lecteurs, ni vraiment interacteurs. Ces situations cr?ent des nouvelles postures de rencontre, des postures de 'spectacture' ou de 'lectacture' . Les notions de lieu, d'espace, de temps, d'actualit? sont requestionn?es ? travers ce m?dium qui n'offre plus gu?re de distance ? l'?v?nement mais se situe comme aucun autre dans le pr?sent en train de se faire. L'?cart peut ?tre mince entre l'envoi et la r?ponse, parfois imm?diat . Mais ce qui frappe et se trouve rep?rable ne doit pas masquer les aspects encore mal d?finis tels que les changements radicaux qui s'op?rent sur le plan symbolique, repr?sentationnel, imaginaire et plus simplement sur notre mode de relation aux autres. 'Plus de proximit?' ne cr?e pas plus d'engagement dans la relation, de m?me 'plus de liens' ne cr?ent pas plus de liaisons, ou encore 'plus de tuyaux' ne cr?ent pas plus de partage. Je r?ve d'un internet o? nous pourrions ?crire ? plusieurs sur le m?me dispositif, une sorte de lieu d'atelier d'?critures permanent et qui autoriserait l'?criture personnelle , son partage avec d'autres auteurs, leur mise en relation dans un tissage d'hypertextes et un espace commun de notes et de commentaires sur le travail qui se cr?e. Je r?ve encore d'un internet gratuit pour tous et partout, avec toute l'utopie que cela repr?sente. Internet est jeune mais a d?j? ses mythologies, ainsi Xanadu devait ?tre cette cit? merveilleuse ou tout le savoir du monde y serait lisible en toutes les langues. Loin d'?tre au bout de ce r?ve, internet tient tout de m?me quelques-unes de ces promesses."

Bien que cet ouvrage concerne essentiellement le livre, il semble essentiel de consacrer un chapitre ? la presse en ligne, que ce soit la presse imprim?e pr?sente sur le web ou la cyberpresse. Pourquoi? D'abord parce que le monde du livre et celui de la presse ont toujours ?t? tr?s li?s. Et ensuite parce qu'il est possible que la diff?rence entre le livre et la presse s'amenuise au fil des ans, au moins dans le domaine de la presse sp?cialis?e. Depuis peu, chez certains ?diteurs de documentaires, les livres peuvent ?tre vendus en chapitres ind?pendants les uns des autres , un ?l?ment que les auteurs ont d?sormais ? l'esprit lors de la r?daction. Aussi la fronti?re ne deviendra-t-elle pas de plus en plus t?nue entre le chapitre et l'article?

Les premi?res ?ditions ?lectroniques de journaux sont disponibles par le biais de services commerciaux tels que America Online ou CompuServe. Puis les ?diteurs de ces journaux cr?ent des serveurs web. La plupart des journaux et magazines sur papier ont maintenant leur site web sur lequel ils proposent une s?lection d'articles ou bien la version int?grale de leur dernier num?ro, ainsi que des forums, des dossiers et des archives. D'autres journaux et magazines sont purement ?lectroniques.

Mont? dans le cadre d'un projet exp?rimental avec l'INA et pr?sent? en f?vrier 1995 lors du forum des images Imagina, le site web du mensuel Le Monde diplomatique est le premier site d'un p?riodique imprim? fran?ais. Il permet l'acc?s ? l'ensemble des articles depuis 1998, par date, sujet et pays. L'int?gralit? du mensuel en cours est consultable gratuitement pendant les deux semaines suivant sa parution. Un forum permanent de discussions en ligne permet des ?changes avec les lecteurs. Le site comprend aussi des bases documentaires comprenant des textes de r?f?rence et des dossiers d'actualit?. A sa suite, rapidement, des quotidiens imprim?s cr?ent un site web: Lib?ration fin 1995, Le Monde et L'Humanit? en 1996, etc.

La presse doit maintenant compter avec l'internet pour les diverses ressources qu'offre le r?seau: rapidit? de propagation de l'information, acc?s ? de nombreux sites d'information, liens ? des articles et sources traitant du m?me sujet, bases de donn?es documentaires allant du g?n?ral au sp?cialis? et r?ciproquement , bases de donn?es iconographiques , archivage avec moteur de recherche. Le r?seau permet une information en profondeur qu'aucun organe de presse ne pouvait donner jusqu'ici. Derri?re l'information du jour se trouve toute une encyclop?die qui aide ? la comprendre.

Signe des temps, en novembre 2000, ? Lille, la F?d?ration nationale de la presse fran?aise organise un congr?s consacr? ? l'avenir de la presse face au d?veloppement de l'internet et des nouvelles technologies . 500 acteurs de la presse fran?aise y ?changent leurs exp?riences. Le congr?s pr?c?dent s'?tait tenu en octobre 1991, soit dix ans auparavant. "En dix ans, il s'est pass? beaucoup de choses, souligne Alain Boulonne, pr?sident de la FNPF . Avec la mont?e en puissance des nouvelles technologies, nous sommes confront?s ? un avenir extr?mement improbable, dans lequel la presse doit se battre pour trouver sa place." Trois questions dominent les travaux: ? qui appartiendra demain l'entreprise de presse, les probl?mes de labellisation des contenus sur le web, et l'internet en tant qu'opportunit? pour valoriser les fonds ?ditoriaux.

Voici trois exemples repr?sentatifs de la presse en ligne: Ouest-France, quotidien imprim? pr?sent sur le web depuis juillet 1996 , Les Chroniques de Cyb?rie, lettre ?lectronique hebdomadaire cr??e d?s novembre 1994 et pr?sente sur le web depuis avril 1995 , et enfin FTPress, soci?t? de cyberpresse cr??e en septembre 1999 .

Ouest-France, le grand quotidien de l'ouest avec ses 42 ?ditions diff?rentes, ouvre son serveur internet en juillet 1996. Bernard Boudic en a ?t? le responsable ?ditorial jusqu'en d?cembre 2000. "TC-Multim?dia a ?t? cr??e en 1986, explique-t-il. Elle prennait la suite de l'Association t?l?matique de l'ouest qui avait exp?riment? le minitel . D'abord sp?cialis?e exclusivement dans les services vid?otex, elle a fait aussi de l'internet ? partir de juillet 1996. Elle est charg?e d'exploiter sur ce m?dia l'ensemble de la production du journal Ouest-France."

"A l'origine, l'objectif ?tait de pr?senter et relater les grands ?v?nements de l'Ouest en invitant les internautes ? une promenade dans un grand nombre de pages consacr?es ? nos r?gions , ?crit Bernard Boudic en juin 1998. Tr?s vite, nous nous sommes aper?us que cela ne suffisait pas. Nous nous sommes tourn?s vers la mise en ligne de dossiers d'actualit?, puis d'actualit?s tout court. Aujourd'hui nous avons quatre niveaux d'infos: quotidien, hebdo , ?v?nements et dossiers. Et nous offrons des services . Nous travaillons sur un projet de journal ?lectronique total: mise en ligne automatique chaque nuit de nos quarante ?ditions dans un format respectant typographie et hi?rarchie de l'information et autorisant la constitution par chacun de son journal personnalis? ."

"Internet a chang? ma vie professionnelle d'abord parce que je suis devenu le responsable ?ditorial du site, ajoute-t-il ? la m?me ?poque. Les retomb?es sur le travail quotidien des journalistes d'Ouest-France sont encore minces. Nous commen?ons seulement ? offrir un acc?s internet ? chacun . Certains utilisent internet pour la messagerie ?lectronique et comme source d'informations. Mais cette pratique demande encore ? s'?tendre et ? se g?n?raliser. Bien s?r, nous r?fl?chissons aussi ? tout ce qui touche ? l'?criture multim?dia et ? sa r?troaction sur l'?criture imprim?e, aux changements d'habitudes de nos lecteurs, etc. Internet est ? la fois une menace et une chance. Menace sur l'imprim?, tr?s certainement . Mais c'est aussi l'occasion de relever tous ces d?fis et de rajeunir la presse imprim?e."

Trois ans apr?s, en janvier 2001, quelles sont les perspectives? "Nous avons la chance de disposer d'un gisement d'informations d?j? utilis?es pour le papier et de petites annonces. Nous avons une marque connue et respect?e. Mais le mod?le ?conomique n'est pas trouv?. Nous pensons d?velopper un service payant ? destination des centres de documentation qui leur permettrait de rechercher dans les 42 ?ditions n'importe quel article correspondant ? une requ?te par mots-cl?s."

En ce qui concerne le journal imprim? en g?n?ral , "mon avis est que le journal-papier est menac? ? terme s'il ne se renouvelle pas dans la forme et dans le fond. La prise en mains du journal se fera de plus en plus tard . Il y aura des arbitrages avec la t?l?vision , avec l'internet rapide . Il n'y aura pas de publicit? disponible pour faire vivre tout le monde."

Jean-Pierre Cloutier, journaliste qu?b?cois, lance Les Chroniques de Cyb?rie, chronique hebdomadaire des actualit?s de l'internet, en novembre 1994 sous la forme d'une lettre hebdomadaire envoy?e par courrier ?lectronique . A partir d'avril 1995, on peut ?galement lire les Chroniques directement sur le web. Depuis bient?t sept ans maintenant, elles font r?f?rence dans la communaut? francophone, y compris dans le domaine du livre.

Quel est l'historique des Chroniques? "Il y a deux choses ici, dans mon cas, relate Jean-Pierre Cloutier en juin 1998. D'abord une ?poque o? j'?tais traducteur . Je me suis branch? ? internet ? la demande de clients de ma petite entreprise de traduction car ?a simplifiait l'envoi des textes ? traduire et le retour des textes traduits. Assez rapidement, j'ai commenc? ? ?largir mon bassin de client?le et ? avoir des contrats avec des clients am?ricains.

Puis, il y a eu carr?ment changement de profession, c'est-?-dire que j'ai mis de c?t? mes activit?s de traduction pour devenir chroniqueur. Au d?but, je le faisais ? temps partiel, mais c'est rapidement devenu mon activit? principale. C'?tait pour moi un retour au journalisme, mais de mani?re manifestement tr?s diff?rente. Au d?but, les Chroniques traitaient principalement des nouveaut?s . Mais graduellement on a davantage trait? des questions de fond du r?seau, puis d?bord? sur certains points d'actualit? nationale et internationale dans le social, le politique et l'?conomique.

Dans le premier cas, celui des questions de fond, c'est relativement simple car toutes les ressources sont en ligne. On peut donc y mettre son grain de sel, citer, ?tendre l'analyse, pousser des recherches. Pour ce qui est de l'actualit?, la s?lection des sujets est tributaire des ressources disponibles, ce qui n'est pas toujours facile ? d?nicher. On se retrouve alors dans la m?me situation que la radio ou la t?l?, c'est-?-dire que s'il n'y a pas de clip audio ou d'images, une nouvelle m?me importante devient du coup moins attrayante sur le plan du m?dium."

Toujours en juin 1998, quelles ?taient les perspectives? "Dans le cas des Chroniques de Cyb?rie, nous avons pu lancer et maintenir une formule en raison des co?ts d'entr?e relativement faibles dans ce m?dium. Cependant, tout d?pendra de l'ampleur du ph?nom?ne dit de 'convergence' des m?dias et d'une hausse possible des co?ts de production s'il faut offrir de l'audio et de la vid?o pour demeurer concurrentiels. Si oui, il faudra songer ? des alliances strat?giques, un peu comme celle qui nous lie au groupe Ringier et qui a permis la relance des Chroniques apr?s six mois de mise en veilleuse. Mais quel que soit le degr? de convergence, je crois qu'il y aura toujours place pour l'?crit, et aussi pour les analyses en profondeur sur les grandes questions."

Deux ans apr?s, en ao?t 2000, Jean-Pierre Cloutier ?crit: "Fin juillet 1998, ? peu pr?s au moment o? nous avions notre tout premier entretien, j'?crivais: "Quelqu'un me demandait r?cemment quelles ?taient les grandes tendances d'internet et si quelque chose avait chang? dans la couverture journalistique de l'espace cyber. Apr?s avoir feint de ne pas avoir entendu la question, question de songer ? une r?ponse ad?quate, je lui ai r?pondu qu'au d?but, un bon chroniqueur se devait d'avoir les deux pieds bien ancr?s dans le milieu des technologues et des cr?atifs. Maintenant, il importe d'avoir un bureau ? mi-chemin entre le Palais de justice et la Place de la bourse, et de cultiver ses amis avocats et courtiers." Je constate que, depuis ce temps, mais surtout depuis un an, cette tendance s'est confirm?e. Les consid?rations financi?res comme les placements initiaux de titres , les options d'achat d'actions, la mont?e fulgurante du Nasdaq fin 1999 et d?but 2000, puis la correction boursi?re du printemps, bref, toute cette activit? a domin? grandement l'actualit? du cyberespace.

Puis, sur le plan juridique, il y a eu l'affaire Microsoft . C'est la plus visible, celle qui a monopolis? l'attention pendant des mois. Plus r?cemment, c'est l'affaire Napster qui retient l'attention . L'affaire UEJF - LICRA - Yahoo! en France est aussi, ? mon avis, ?minemment importante car elle implique le concept de censure 'g?ographique', ? partir d'un territoire donn?. Mais outre ces 'causes c?l?bres', il ne se passe pas une journ?e sans que les fils de presse ne rapportent des d?cisions de tribunaux qui ont des incidences sur l'avenir d'internet. Ce sont donc les manoeuvres boursi?res et les objets de litiges port?s devant les tribunaux qui fa?onnent le mode de vie en r?seau, et ce au d?triment d'une r?flexion et d'une action profonde sur le plan strict de la communication."

En f?vrier 1996, Fran?ois Vadrot, alors directeur des syst?mes d'information du CNRS , cr?e LMB Actu , lettre d'information hebdomadaire consacr?e ? l'actualit? de l'internet et des nouvelles technologies. Trois ans plus tard, en ao?t 1999, il cr?e FTPress , soci?t? fran?aise de cyberpresse. En septembre 1999, LMB Actu est remplac? par Internet Actu . D'autres publications suivent, ainsi que des r?alisations multim?dias, des ?missions de t?l?vision, etc., dont certaines suivent de pr?s l'actualit? du livre.

"En r?sum?, mon activit? consiste ? d?velopper une soci?t?, FTPress, sp?cialis?e dans la presse online , explique Fran?ois Vadrot en mai 2000. Le concept de FTPress est de r?aliser des m?dias professionnels sp?cialis?s chacun dans un secteur ?conomique: la sant?, l'automobile, l'image num?rique, les ressources humaines, la logistique, etc. Chaque m?dia traite de l'?conomie, de la technologie, des aspects politiques et sociaux, d'un secteur modifi? par l'arriv?e des nouvelles technologies et d'internet. Le premier a ?t? Internet Actu, cr?? au CNRS en f?vrier 1996, suivi de Pixel Actu , puis de eSant? Actu . Nous sommes partis de l'?crit, mais nous allons maintenant vers le multim?dia, avec prochainement des ?missions de t?l?vision. FTPress r?alise aussi des m?dias pour des tiers."

"Mon avenir professionnel, je le vois comme un pr?sent professionnel, poursuit Fran?ois Vadrot. Si vous m'aviez pos? cette question il y a deux ans , je vous aurais r?pondu qu'? force de travailler avec internet et ? propos d'internet , je r?vais de cr?er une entreprise internet. Mais je me demandais alors comment m'y prendre. Si vous me l'aviez pos?e il y a un an , je vous aurais r?pondu que j'avais fait le saut, que les d?s ?taient jet?s, et que j'avais annonc? mon d?part de l'administration... pour cr?er FTPress. Je ne pouvais plus supporter de rester o? j'?tais. Je devenais aigre. C'?tait cr?er mon entreprise ou bien... prendre une ann?e sabbatique ? ne rien faire. Et aujourd'hui je suis en plein dedans. J'ai l'impression de vivre les histoires que l'on lit dans la presse sur les start-up."

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top