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Read Ebook: Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours. Tome II by Garneau F X Fran Ois Xavier

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Ebook has 568 lines and 117318 words, and 12 pages

vait, comme on a vu, par une suite d'actes marqu?s au coin de l'impr?voyance ou de la faiblesse, r?duit le Canada ? ne pouvoir se d?fendre m?me contre les cantons. M. de la Caffini?re fut oblig? de lever le blocus ? la fin de d?cembre apr?s avoir captur? cependant plusieurs vaisseaux ennemis; et le projet sur New-York fut forc?ment ajourn? ? une autre ?poque.

Quoique M. de Frontenac trouv?t la colonie inond?e de sang; qu'il v?t, pour comble de disgr?ces, arriver au moment o? il lui envoyait des secours M. de Varennes, qui, sur l'ordre du marquis de Denonville, avait ?vacu? le fort de Catarocoui, et fait sauter les fortifications, il n'en jugea pas moins, avec sa sagacit? ordinaire, que ce n'?tait qu'en frappant des coups hardis qu'il pourrait sauver le Canada, relever le courage des habitans, et reconqu?rir la confiance des alli?s que les Fran?ais avaient parmi les nations indig?nes en r?tablissant l'honneur de leurs armes. Il n'eut pas plus t?t pris les r?nes du gouvernement qu'une nouvelle vigueur en p?n?tra toutes les parties, se r?pandit rapidement parmi les Canadiens et les Sauvages. Tout le monde fut soudainement anim? d'une ardeur guerri?re. Les Ab?naquis lev?rent les premiers leur hache terrible.

Ils se mirent en campagne . Ce fut sur Pemaquid qu'ils dirig?rent leurs coups, fort situ? entre la rivi?re Penobscot et celle de K?n?bec sur le bord de la mer, et qui les incommodait beaucoup. Ils attaqu?rent les habitans voisins, tuant tous ceux qui voulaient r?sister, et investirent ensuite la place, mont?e de 20 canons, et qui se rendit apr?s une d?fense de plusieurs heures. Ils la ras?rent avec toutes les maisons d'alentour, et s'en retourn?rent dans les chaloupes qu'ils avaient prises apr?s en avoir ?gorg? les ?quipages.

Fiers de ce premier succ?s, ils entreprirent sur le champ une seconde exp?dition encore plus importante. Les ennemis avaient ?lev? une douzaine de petits forts pour prot?ger les ?tablissemens qu'ils avaient dans leur voisinage; ils les attaqu?rent brusquement, les surprirent, et renouvel?rent les horreurs dont Montr?al venait d'?tre le th??tre. Ils les emport?rent tous les uns apr?s les autres, et deux cents personnes p?rirent sous le glaive de ces barbares. Apr?s ce sanglant exploit, qui r?pandit la terreur dans toute la Nouvelle-Angleterre, ils s'en retourn?rent charg?s de butin. Ces deux exp?ditions, entreprises coup sur coup, ?t?rent ? celle-ci tout espoir de former une alliance avec les Ab?naquis, et de les d?tacher des Fran?ais.

L'ex?cution de la troisi?me partie du plan d'attaque des Fran?ais ?tait laiss?e ? la discr?tion et au jugement de M. de Frontenac. On devait croire qu'il ne n?gligerait rien pour harasser l'ennemi et lui faire tout le mal possible, suivant les r?gles de la guerre; car les hommes ont aussi ?tabli des lois pour s'entre-d?truire.

Ce qui avait fait le plus de tort aux Fran?ais dans l'estime des Sauvages, c'est leur inactivit?, qu'ils prenaient pour de la crainte. Le gouverneur fit dire ? M. de la Durantaye, commandant ? Michilimackinac, qu'il allait porter la guerre dans les colonies anglaises, et qu'il e?t ? en pr?venir les Outaouais et les Hurons, auxquels il devait faire comprendre que les affaires allaient changer, et que la France allait prendre une attitude digne d'elle.

Sans attendre la belle saison, il mit trois exp?ditions sur pied au milieu de l'hiver pour fondre par trois endroits ? la fois sur le pays ennemi. La premi?re, command?e par MM. d'Aillebout de Mantet et Lemoine de Ste.-H?l?ne et compos?e d'un peu plus de 200 Canadiens et Sauvages, fut lanc?e sur la Nouvelle-York. Plusieurs gentilshommes en faisaient partie, et entre autres M. Lemoine d'Iberville, celui-l? m?me qui avait pris deux vaisseaux aux Anglais dans la baie d'Hudson l'ann?e pr?c?dente, et M. LeBert du Ch?ne. Ces hardis chefs de bande form?rent le projet d'attaquer Albany; mais les Indiens, intimid?s par l'audace de l'entreprise, refus?rent d'y aller. Il fut r?solu alors de se rabattre sur Schenectady, situ? ? 17 milles d'Albany, et que les Fran?ais appelaient Corlar, du nom de son fondateur. L'on arriva le 8 f?vrier, dans la soir?e, devant cette ville ou bourg dont l'enceinte en forme de carr? long ?tait perc?e de deux portes et renfermait 80 maisons. Les habitans, quoiqu'avertis plusieurs fois de se tenir sur leurs gardes, dormaient dans une fatale s?curit? ne mettant pas m?me de sentinelles ? leurs portes. Ils n'avaient pas voulu croire qu'il f?t possible aux Canadiens, charg?s de leurs vivres et de leurs armes, de faire plusieurs centaines de milles au travers des bois et des marais, au milieu des glaces et des neiges. Incr?dulit? qui leur co?ta cher! Les Fran?ais ayant reconnu la place, y entr?rent sans bruit vers 11 heures du soir par une grosse temp?te de neige, et investirent toutes les maisons. Ces hommes couverts de frimats et l'oeil ardent devaient para?tre comme d'effrayans fant?mes dans les rues d?sertes de Schenectady destin? ? p?rir dans cette affreuse nuit. Les ordres se donnaient bas et la capotte du soldat, suivant la consigne, assourdissait le bruit des armes, lorsqu'? un signal donn? chacun poussa un cri sauvage et s'?lan?a dans les maisons, dont les portes furent bris?es ? coups de hache. Les malheureux habitans tout effray?s ne song?rent gu?re ? se d?fendre. Il n'y eut qu'? une esp?ce de fort gard? par une petite garnison, et que d'Aillebout de Mantet avait attaqu? lui-m?me, o? l'on ?prouva une vive r?sistance. L'on s'en empara enfin, et tout ce qu'il y avait dedans fut pass? au fil de l'?p?e. La ville fut ensuite livr?e au flammes. Deux maisons seulement furent ?pargn?es, celle o? l'on avait port? un officier canadien bless?, M. de Montigny, et celle du commandant de la place, le capitaine Sander, dont l'?pouse avait autrefois g?n?reusement recueilli quelques prisonniers fran?ais, et qui re?ut dans cette circonstance le prix de sa noble conduite. Un grand nombre de personnes p?rirent dans ce massacre, fruit du syst?me atroce de guerre qu'on avait adopt?, et secondes repr?sailles de celui de Lachine attribu? aux instigations des Anglais. On accorda la vie ? une soixantaine de vieillards, femmes et enfans, ?chapp?s ? la premi?re furie des assaillans, dont 27 furent emmen?s en captivit?. Le reste de la population se sauva dans la direction d'Albany, sans v?temens, au milieu d'une neige ?paisse qui tombait toujours pouss?e par un vent violent. Vingt-cinq de ces fugitifs perdirent des membres qu'ils s'?taient gel?s.

La nouvelle de cette affreuse trag?die arriva dans la capitale de la province au point du jour. Elle y fut apport?e par un homme qui n'avait eu que le temps de sauter sur son cheval, et qui avait eu un genoux fracass? par une balle en fuyant. Elle jetta la ville dans la plus grande consternation; l'on disait que les Fran?ais arrivaient et qu'ils ?taient 1400, tant la peur avait d?j? grossi leur nombre. L'on tira le canon d'alarmes, la ville fut mise en ?tat de d?fense, et la milice appel?e sous les armes jusqu'? une grande distance.

Cette exp?dition fit une sensation extraordinaire parmi les tribus indiennes, et l'on n'en parle encore chez les anciens habitans de la Nouvelle-York qu'avec un sentiment de terreur. La retraite fut accompagn?e de plusieurs accidens; l'on manqua de vivres, les hommes furent oblig?s de se disperser; plusieurs furent tu?s ou pris, et le reste atteignit Montr?al ?puis? de fatigues et de faim.

La seconde bande, form?e aux Trois-Rivi?res, n'?tait compos?e que de 52 Canadiens et Sauvages. M. Hertel, homme de t?te et de r?solution, la commandait. Apr?s une marche de deux mois, il tomba ? la fin de mars sur l'?tablissement de Salmon Falls , form? au bord de la rivi?re Piscataqua, dans la Nouvelle-Angleterre, et d?fendue par une maison fortifi?e et deux forts de pieux. Il fit attaquer sur le champ tous ces ouvrages ? la fois et les emporta d'assaut. On y fit 54 prisonniers, 27 maisons furent br?l?es, et 2000 pi?ces de b?tail p?rirent dans les flammes.

Les ennemis, s'?tant ralli?s, se pr?sent?rent vers le soir au nombre de 200 pour attaquer Hertel. Il s'?tait mis en bataille sur le bord d'une petite rivi?re sur laquelle il y avait un pont ?troit qu'il fallait passer pour l'atteindre. Les Anglais m?prisant le petit nombre de ses soldats, s'y engag?rent avec une grande assurance. Lorsque Hertel jugea qu'ils s'?taient assez avanc?s, il les chargea l'?p?e ? la main; dix huit ennemis tomb?rent tu?s ou bless?s du premier choc. Le reste tourna le dos et lui abandonna le champ de bataille. La Fresni?re, son fils a?n? fut bless?, Crevier son neveu fut tu?. Apr?s cette rencontre, il se retira sans plus ?tre inqui?t?.

Le troisi?me parti fut organis? ? Qu?bec. Le gouverneur avait voulu par ce partage exciter sans doute l'?mulation et l'ardeur de ces bandes. M. de Portneuf, fils du baron de B?cancourt, le commandait. Il ?tait compos? de Canadiens, d'une compagnie de troupes tir?e de l'Acadie et d'Ab?naquis, et il fut aussi heureux que les autres. Il s'empara de Casco, bourg situ? sur le bord de la mer ? l'embouchure de la rivi?re K?n?bec, et d?fendu par un fort mont? de 8 canons, devant lequel il fallut ouvrir la tranch?e. La garnison aurait fait une plus longue d?fense probablement sans une sortie dans laquelle p?rirent une partie de ses plus braves soldats. Les fortifications furent ras?es, et les maisons r?duites en cendre ? deux lieues ? la ronde.

Ces bandes intr?pides qui ne s'?taient pas content?es de ravager le plat pays comme le portaient leurs ordres; mais qui s'?taient attaqu?es aux places fortifi?es m?me; ces soldats que n'arr?taient ni la distance, ni la rigueur de l'hiver, ni les fatigues et les dangers de toute esp?ce, apprirent aux colonies anglaises qu'une direction ?nergique pr?sidait aux op?rations de leur ennemi, et, ce qui ?tait bien plus important, firent rompre les n?gociations qui se continuaient entre les alli?s du Canada et les Iroquois conf?d?r?s, pour former une ligue contre lui.

Le comte de Frontenac, pour montrer aux Indiens occidentaux que ces victoires n'?taient pas vaines, et afin de les mettre aussi en ?tat de se passer du commerce anglais, envoya dans le printemps suivant un grand convoi de marchandises ? Michilimackinac pour la traite. En m?me temps, il fit offrir ? ces Sauvages des pr?sens par le c?l?bre voyageur Nicolas Perrot, pour lequel ces peuples continuaient toujours d'avoir une grande consid?ration.

La nouvelle des excursions heureuses des Canadiens et ce convoi arriv?rent en m?me temps au grand entrep?t du pied du lac Sup?rieur, et au moment o? les ambassadeurs des nations de ces contr?es, allaient partir pour conclure un trait? d?finitif avec les cinq cantons; mais quand ils virent les Fran?ais, victorieux de leurs ennemis, arriver charg?s de marchandises et en assez grand nombre pour les rassurer contre la vengeance des Iroquois, ils ne craignirent plus de rompre avec eux, et, charm?s des pr?sens que Perrot leur pr?senta et qu'il fit valoir avec une adresse admirable, ils s'attach?rent plus ?troitement que jamais aux int?r?ts de la France. Bient?t apr?s 110 canots, portant pour 100 mille ?cus de pelleteries, et conduits par plus de 300 Sauvages de toutes les tribus, partirent pour Montr?al, o? ils furent re?us aux acclamations de toute la ville. Ils y trouv?rent le gouverneur, lequel dut jouir en les voyant arriver du succ?s de sa politique, qui d'ennemis presque d?clar?s avait fait en si peu de temps de tous ces peuples des alli?s fid?les. Ce revirement soudain ne s'?tait pas fait cependant sans opposition.

Le g?nie de le Rat, qui avait travaill? avec une si perverse sagacit? ? rompre les n?gociations de M. Denonville, cherchait alors ? engager les tribus dans une alliance avec les Iroquois en rendant celle avec les Fran?ais impossible. Il para?t que lui et sa nation ?taient l'?me de toute cette vaste intrigue, derri?re laquelle ils avaient l'art de se cacher, en se servant des Outaouais, dont la grossi?ret? naturelle permettait d'en faire de faciles instrumens. L'habile le Rat mit dans leur bouche ces paroles insolentes qu'ils r?pondirent lorsqu'on voulut les emp?cher de renvoyer les prisonniers Tsonnonthouans: <>. Rien n'annonce mieux que ce discours dans quel discr?dit M. Denonville avait laiss? tomber notre influence chez ces peuples.

Les cantons qui se croyaient au moment de former une grande conf?d?ration de toutes les nations indig?nes, et de se venger peut-?tre de toutes les insultes des Europ?ens, entr?rent en fureur lorsqu'ils virent leur projet ch?ri s'?vanouir comme un beau r?ve. Ils envoy?rent promettre des secours ? la Nouvelle-York, pour venger le sac de Schenectady; ils se saisirent du chevalier d'Eau en mission chez les Onnontagu?s et br?l?rent deux personnes de sa suite, ils l?ch?rent leurs guerriers sur la colonie; ils ne respiraient que la vengeance. Mais les partis qu'ils envoy?rent furent repouss?s partout. Le pays, qui ?tait depuis longtemps le th??tre d'irruptions sanglantes, s'?tait insensiblement couvert d'ouvrages palissad?s et munis de canons, qui renfermaient ordinairement l'?glise et le manoir seigneurial de chaque village. A la premi?re alarme, la population, hommes, femmes et enfans, courait s'y r?fugier. C'?taient les sc?nes du moyen ?ge qui se r?p?taient en Am?rique. Les annales canadiennes ont conserv? le souvenir de plusieurs d?fenses h?ro?ques de ces petits forts, o? vinrent toujours se briser le courage barbare et indisciplin? des Indig?nes. Deux des plus c?l?bres sont celles de madame de Verch?res en 1690, et de sa fille deux ans apr?s. Surprises l'une et l'autre pendant qu'elles ?taient seules ou presque seules, elles n'eurent que le temps de fermer les portes du fort o? elles se trouvaient, et d?j? il ?tait investi par une foule de Sauvages. Elles surent par leur pr?sence d'esprit et par leur intr?pidit? en imposer aux assi?geans; elles tir?rent le canon, prirent les fusils et s'en servirent avec tant d'adresse en se multipliant, en se montrant sur diff?rens points, que les barbares, croyant le fort d?fendu par plus de monde, avaient fini les deux fois par se retirer apr?s l'avoir tenu bloqu? pendant quelque temps. La fr?quence du danger avait aguerri la population, les femmes, les enfans m?me comme les hommes. Dans un combat o? un parti de Sauvages s'?tait retranch? dans une maison, et se d?fendait avec d?sespoir, l'on vit des habitans s'avancer jusqu'aupr?s des fen?tres et en arracher par leur chevelure ceux qui s'y pr?sentaient pour tirer.

Le plus grand mal de cette petite guerre en 1690, c'est qu'une partie des terres ne put ?tre ensemenc?e, circonstance qui augmenta pour l'ann?e suivante, la disette qui r?gnait d?j? dans le pays.

M. de Frontenac avait trouv? les Fran?ais bien d?chus dans l'opinion des tribus indiennes. Toutes les nations du nord et de l'ouest avaient ?t? leurs amies sinc?res jusqu'au moment o? les cantons leur avaient fait voir qu'elles auraient plus d'avantage ? commercer avec les Anglais, qui vendaient leurs marchandises ? meilleur march? et payaient les pelleteries plus cher, qu'avec le Canada. Cela avait caus? un premier refroidissement. L'irruption heureuse des Iroquois dans l'?le de Montr?al, avait chang? ce refroidissement en m?pris. Plusieurs d'entre eux avaient ?t? t?moins du massacre de Lachine, et ils ?taient rentr?s chez eux avec la conviction que les Fran?ais allaient succomber sous les efforts de leurs ennemis. Ces peuples ressentirent un moment une secr?te joie de se voir d?barrass?s d'un alli? incommode, qui avait ?t? plut?t leur ma?tre que leur ami. Ils oubliaient d?j? les services qu'ils en avaient re?us tant de fois, et les dangers qu'ils allaient courir, abandonn?s seuls ? l'ambition de leur implacable ennemi, quand la main puissante du comte de Frontenac reprit les r?nes du gouvernement, et ramena tous ces peuples dans leur ancienne alliance.

Il s'occupa, suivant les ordres de la cour, des n?gociations avec la conf?d?ration des cantons. Il n'eut pas besoin de les ouvrir; car tout en faisant la guerre ? ces peuples, le Canada maintenait toujours, par le moyen des missionnaires, des relations diplomatiques avec quelques unes des tribus. Il ?tait venu de France avec les chefs iroquois que son pr?d?cesseur y avait envoy?s charg?s de fers. Il leur montra beaucoup d'?gards, et conquit l'amiti? et la confiance de Our?ouhar? le principal d'entre eux. Sur le conseil de celui-ci, il en renvoya quatre dans les cantons avec l'ambassadeur iroquois qu'il avait trouv? ? Montr?al ? son arriv?e. Ils furent charg?s par Our?ouhar? d'assurer leurs compatriotes qu'ils retrouveraient dans le gouverneur ce qu'ils y avaient toujours vu autrefois, beaucoup de bienveillance et d'amour pour la justice.

Les cantons tinrent un conseil solennel dans le mois de janvier . Il y assista 80 chefs ou sachems. Les d?lib?rations furent longues ? cause de la n?gociation entam?e avec les Outaouais et les autres Indiens occidentaux dont on a parl? tout ? l'heure, et parce qu'ils avaient cru devoir aussi prier le gouvernement de la Nouvelle-York d'envoyer un d?put?, ce qu'il avait fait, mais pour dissuader le conseil de consentir ? aucune cessation d'armes avec les Fran?ais. M. de Frontenac s'?tant dout? que des int?r?ts hostiles ?taient consult?s, en ?prouvait une mauvaise humeur qu'il ne cachait pas. Il ?tait choqu? surtout du d?lai qu'on mettait ? discuter ses propositions. L'ambassadeur des cinq nations ne fut de retour que dans le mois de mars avec la r?ponse; et ayant eu la maladresse d'afficher une hauteur inconvenante, insultante m?me pour les Fran?ais, M. de Frontenac refusa de le voir. Le barbare fut humili? d'autant plus que le gouverneur affecta de montrer une grande politesse aux personnes de sa suite. Celui-ci chargea ensuite Our?ouhar? de huit colliers pour les cantons, mais avec ordre de les pr?senter de mani?re ? faire croire qu'il n'y ?tait pour rien. La dext?rit? et la noblesse qu'il mettait dans toutes ces n?gociations eurent un bon effet, et si la paix ne fut pas imm?diatement conclue, les Iroquois perdirent du moins beaucoup de leur fiert?.

Cependant les colonies anglaises, menac?es d'une invasion qu'elles ne croyaient qu'ajourn?e, et tenues continuellement dans la terreur par les bandes canadiennes, qui allaient porter leurs ravages jusqu'aux portes de leurs capitales, r?solurent de faire un grand effort pour s'emparer de la Nouvelle-France et couper ainsi le mal dans sa racine. Lorsqu'elles comparaient leurs forces aux forces de celle-ci, lorsqu'elles ne se surprenaient pas ? trembler sous la hache de quelques hordes fugitives sorties des neiges du Nord, elles s'?tonnaient qu'un si petit peuple p?t troubler ainsi leur repos, et elles ne doutaient point qu'avec de la bonne conduite la conqu?te du Canada ne f?t chose facile. Elles nomm?rent donc des d?put?s, qui s'assembl?rent dans le mois de mai ? New-York pour se concerter ensemble. Ces d?put?s donn?rent ? leur r?union le nom de congr?s, nom devenu fameux depuis. Il fut r?solu d'attaquer le Canada ? la fois par terre et par mer, et, ? cet effet, de lever 2000 hommes pour l'envahir par le lac Champlain, et d'envoyer un agent ? Londres afin de solliciter une force suffisante en vaisseaux et en soldats pour l'envahir par le golfe et prendre Qu?bec, apr?s qu'elle aurait enlev? l'Acadie, entreprise peu difficile dans l'?tat o? se trouvait alors cette province. Cet agent arriva en Angleterre au moment o?, menac?e d'une invasion en Irlande par Jacques II, et venant de perdre la bataille navale de Beachy gagn?e par Tourville, cette puissance voyait la supr?matie des mers lui ?chapper des mains. Il ne put en cons?quence rien obtenir de la m?tropole. Malgr? ce contretemps f?cheux, les colonies am?ricaines comptaient tellement sur leurs forces qu'elles d?cid?rent sur le champ d'ex?cuter leur projet seules.

En cons?quence l'ordre fut donn? d'armer imm?diatement une flotte et simultan?ment de lever une arm?e de terre. La plus grande activit? r?gna dans les bureaux de l'?tat, et une ardeur guerri?re s'empara tout-?-coup de cette population commer?ante, qui nagu?re encore ne r?vait que la paix et les sp?culations derri?re ses comptoirs charg?s de marchandises. L'arm?e de terre fut mise sous les ordres du g?n?ral Winthrop pour p?n?trer, comme on l'a dit, en Canada par le lac Champlain. Le chevalier Guillaume Phipps fut charg? du commandement de la flotte destin?e ? s'emparer d'abord de l'Acadie et ensuite de Qu?bec. Le chevalier Phipps, natif de Pemaquid dans la Nouvelle-Angleterre, ?tait le fils d'un forgeron et avait ?t? berger dans sa jeunesse. Ayant appris le m?tier de charpentier, il se fit un vaisseau dans lequel il commen?a ? naviguer, et devint bient?t assez bon marin. Promu au commandement d'une fr?gate, il r?ussit ? retirer du fond de la mer, sur les c?tes de Cuba, d'un galion espagnol qui y avait fait naufrage, pour la valeur de 300,000 livres sterling en or, en argent, en perles et en bijouteries. Cette trouvaille lui valut le titre de chevalier. Quelque temps apr?s son exp?dition de Qu?bec, il fut nomm? gouverneur du Massachusetts, et mourut en 1693 ? Londres, o? il avait ?t? appel? pour r?pondre ? des accusations port?es contre lui.

Nous avons dit que l'amiral Phipps ?tait charg? de s'emparer de l'Acadie et de Qu?bec. La p?ninsule acadienne, par sa position maritime interm?diaire entre cette derni?re ville et Boston, devait attirer en effet les premiers coups de l'ennemi et servir ensuite, si elle tombait en son pouvoir, de point d'appui et, en cas de revers, de retraite ? l'exp?dition principale, dont le succ?s allait entra?ner la prise de toutes les possessions fran?aises de l'Am?rique du Nord. L'Acadie depuis le trait? de Breda n'avait ?t? inqui?t?e au dehors que par les corsaires qui r?daient occasionnellement sur ses c?tes; et elle ?tait demeur?e au dedans dans son ?tat de l?thargie et de langueur habituelle, dont elle ne sortit que quand elle entendit le canon r?sonner ? ses portes. Mais en restant stationnaire elle avait recul?, car sa voisine la Nouvelle-Angleterre avait parcouru un chemin prodigieux depuis 25 ans. Aussi ? la rupture de la paix en 1689, elle se trouva encore incapable de se d?fendre. Sa faiblesse ?tait telle, qu'un simple corsaire portant 110 hommes, s'?tait empar? en 1674 de Pantago?t, o? M. de Chambly qui avait remplac? le chevalier de Grandfontaine comme gouverneur, faisait sa r?sidence. Le fort de Jemset dans la rivi?re St.-Jean, o? commandait M. de Marson, avait subi le m?me sort.

La cour s'?tait content?e d'y envoyer de temps en temps des personnes d'exp?rience pour voir quel progr?s elle avait fait et ce qu'exigeait sa d?fense. Plusieurs de leurs rapports sont ?crits avec soin et d?c?lent une connaissance approfondie du pays. Dans celui de M. de Meules de 1685, la population de l'Acadie est port?e ? 900 ?mes, ainsi elle ne pouvait gu?re d?passer 1000 ? la reprise des hostilit?s. Tous ces commissaires recommandaient des am?liorations qui n'?taient jamais ex?cut?es. M. Talon visita ce pays en 1672, en retournant en Europe, principalement pour traiter avec le chevalier Temple qui avait manifest? ? Colbert le d?sir de se retirer sur les terres de France. Le roi devait lui accorder des lettres de naturalisation et d'autres faveurs particuli?res. Comme cet homme avait des talens et de la fortune, on attendait de grands avantages de cette n?gociation pour l'Acadie; mais les nuages qui couvraient peut-?tre alors la faveur du diplomate anglais, et qui avaient ?t? le motif de sa d?marche aupr?s de la France, s'?tant dissip?s, cette affaire n'eut pas de suite.

Sa flottille, compos?e d'une fr?gate de 40 canons et de deux corvettes avec des transports portant 700 hommes de d?barquement, ?tait arriv?e trop tard pour secourir en passant, comme elle en avait l'ordre, le fort de Kask?b? situ? dans le pays qui forme aujourd'hui l'Etat du Maine, et qu'on savait attaqu? par les Fran?ais; il venait de se rendre ? M. de Portneuf. Elle avait alors continu? sa route vers Port-Royal, o? elle ?tait arriv?e le 20 mai .

Il n'y avait que 72 soldats dans cette capitale dont les fortifications ?taient en ruines. Le gouverneur, M. de Manneval, obtint une capitulation honorable; mais lorsque Phipps d?couvrit la faiblesse de la garnison et le mauvais ?tat de la place, il regretta les termes avantageux qu'il avait accord?s, et, ? l'exemple de Charnis?, il pilla les habitans; car on se faisait peu de scrupule de violer sa parole dans cette contr?e lointaine et presqu'oubli?e, o? le mal comme le bien restait inconnu. Apr?s les avoir forc?s de pr?ter serment de fid?lit? l'Angleterre, et avoir nomm? six magistrats au milieu d'eux, il remit ? la voile emmenant prisonniers M. de Manneval, 39 soldats et deux pr?tres. Del? il courut ? Chedabouctou, o? M. de Montorgueil occupait un fort avec 14 hommes et fit une si vigoureuse d?fense, que les assaillans furent oblig?s d'y mettre le feu. A l'?le Perc?e, Phipps ne laissa rien debout, il br?la jusqu'? l'humble chapelle des habitans. Charg? de d?pouilles il retourna dans son pays glorieux de ses faciles succ?s.

Apr?s son d?part l'Acadie fut pendant quelque temps en proie aux d?pr?dations de deux corsaires, qui firent prisonniers M. Perrot pr?d?cesseur de M. de Manneval et ancien gouverneur de Montr?al, ainsi que plusieurs autres personnes. Ils incendi?rent Port-Royal rest? sans chef, massacr?rent quelques habitans, et enlev?rent, presqu'aux yeux du chevalier de Villebon, qui arrivait d'Europe sur ces entrefaites, le vaisseau qui l'avait amen? avec les pr?sens pour les Indiens qui se trouvaient ? bord. Malgr? cette perte, les Sauvages protest?rent de leur fid?lit? ? la France dans un conseil convoqu? par M. de Villebon, et ils lui dirent qu'ils avaient re?u de la poudre et des balles, qu'ils ?taient satisfaits, qu'ils lui rendraient bon compte des ennemis. On a vu en effet qu'ils n'avaient pas besoin d'?tre sollicit?s pour agir. Ils avaient plusieurs sujets de plaintes contre les Anglais, qui avaient mis peu de soin ? remplir fid?lement les trait?s conclus avec eux. Les treize ans ?coul?s depuis la trahison du major Waldron, qui avait fait tomber ? Cocheco par surprise 400 des leurs entre ses mains, dont 200 avaient ?t? mis au gibet ou r?duits en esclavage, ces treize ans, disons-nous, n'avaient pas ?teint leur soif insatiable de vengeance. Ils avaient vu arriver avec joie le moment de satisfaire les m?nes de leurs fr?res qu'on avait fait p?rir ainsi d'une mort ignoble; et le major Waldron fut leur premi?re victime. Ils le surprirent ? Dover, sur la fronti?re, o? il r?sidait. Ils mirent cet officier, ?g? alors de plus de 80 ans, dans un fauteuil plac? sur une table, et ils lui demandaient par ironie, qui va maintenant juger les Indiens? Ils lui coup?rent le nez et les oreilles, et lui firent subir mille cruaut?s; jusqu'? ce qu'?puis? par la perte de son sang, il tomba de son si?ge sur la pointe de son ?p?e qu'un de ces barbares avan?a sous lui, et il expira . Cette vengeance indienne fut le signal des hostilit?s. On sait ce qu'ils firent ensuite.

Cependant tandis que M. de Villebon prenait paisiblement possession de l'Acadie, et que le chevalier Nelson, envoy? de Boston pour l'administrer, tombait entre les mains des Fran?ais avec le vaisseau qui le portait, la Grande-Bretagne, qui s'en croyait encore ma?tresse, r?unissait cette province au Massachusetts ? la suite des troubles dont nous avons parl? dans le dernier chapitre, et qui avait fini par le retrait des vieilles chartes de la Nouvelle-Angleterre. Il para?t qu'? cette ?poque m?re-patrie avait r?solu de r?unir ensemble toutes les colonies depuis la Nouvelle-Ecosse jusqu'? la baie de Delaware, afin de mettre une barri?re a l'extension des ?tablissemens fran?ais. Avait-elle le projet d'?tablir un pareil rempart contre la puissance des Etats-Unis, lorsqu'elle a r?uni r?cemment les Canadas et laiss? entrevoir l'addition future ? cette r?union des colonies du golfe St.-Laurent? Ou bien n'a-t-elle voulu dans cette occasion que donner le change ? la cr?dulit? vulgaire sur son v?ritable dessein? Toujours est-il vrai que la Nouvelle-Angleterre perdit une partie de ses libert?s et que l'union en question n'eut jamais lieu.

L'amiral Phipps de retour ? Boston mit la derni?re main aux pr?paratifs de l'exp?dition de Qu?bec, qu'on avait continu?s avec activit? pendant son absence. La flotte r?unie comptait 35 vaisseaux dont le plus fort portait 44 canons. On y fit monter environ 2,000 hommes de troupes de d?barquement. Les habitans de la ville voyaient du rivage cette force imposante avec orgueil, et ils se complaisaient dans la pens?e qu'elle ?tait compos?e uniquement d'Am?ricains, d'enfans du pays; que la m?tropole n'y avait point fourni d'auxiliaires, et que le Canada, ne pouvant opposer qu'une r?sistance inutile, viendrait proclamer par sa soumission leur puissance et leur sup?riorit?. Ils se disaient encore qu'apr?s un pareil sacrifice d'hommes et d'argent, qu'apr?s un t?moignage aussi ?clatant de leur patriotisme et de leur loyaut?, ils ne pouvaient manquer de m?riter la faveur du roi, et d'obtenir le r?tablissement de leur constitution. Il para?t qu'en effet c'?tait en partie pour lui montrer leur attachement qu'ils avaient offert avec tant d'empressement ? l'Angleterre de l'aider ? s'emparer des possessions fran?aises.

Cependant M. de Frontenac ?tait fort inquiet; sa situation v?ritablement ?tait des plus critiques. Il n'est gu?re permis de douter que si la flotte de l'amiral Phipps et l'arm?e du g?n?ral Winthrop eussent pu coordonner leurs mouvemens et attaquer ce pays ? la fois par le levant et par le couchant, il n'e?t couru les plus grands dangers, parceque cette combinaison l'e?t oblig? de diviser ses forces qui, r?unies, n'exc?daient pas le plus faible des deux corps envahissans. Mais la fortune et le courage bris?rent heureusement cette dangereuse combinaison, et avec elle dissip?rent les craintes sinistres qu'elle avait fait na?tre.

L'arm?e du g?n?ral Winthrop rapidement lev?e, arm?e et enr?giment?e, ?tait camp?e sur les bords du lac George, attendant l'arriv?e de l'amiral Phipps dans le fleuve St.-Laurent pour marcher sur Montr?al, lorsqu'une ?pid?mie ?clata dans ses rangs et se communiqua aux Iroquois auxiliaires; en peu de temps elle eut fait p?rir plus de 300 hommes. Les Sauvages, effray?s de cette mortalit?, se h?t?rent de s'?loigner des Anglais, qu'ils accus?rent de les avoir empoisonn?s. Les troupes de Winthrop, d?j? d?courag?es par la division des chefs, et affaiblies maintenant par la contagion, se retir?rent d'abord ? Albany, puis abandonn?rent leurs drapeaux, et chacun rentra dans ses foyers. Ainsi se dissipa le nuage qui, suspendu au flanc des montagnes du lac George, mena?ait le Canada du c?t? de l'occident. A la premi?re nouvelle des mouvemens de cette arm?e, le comte de Frontenac avait fait rassembler ? la h?te les troupes, les milices, et les Indiens dont il pouvait disposer. Douze cents hommes s'?taient trouv?s r?unis ? la Prairie de la Magdeleine pour barrer le chemin aux ennemis, et leur disputer la victoire sur la rive droite du St.-Laurent.

La retraite de Winthrop d?barrassa le gouverneur d'une grave inqui?tude, car il dut croire alors que l'attaque de l'Acadie avait occup? trop longtemps l'Amiral Phipps pour lui permettre d'entreprendre celle de Qu?bec dans la m?me saison, et que c'?tait l? peut ?tre le motif r?el du d?campement de l'arm?e de terre, explication raisonnable vu que les deux forces devaient agir simultan?ment. Il se pr?parait donc ? redescendre ? Qu?bec pour renvoyer chez eux les habitans qui avaient pris les armes ? la premi?re alarme, lorsqu'il re?ut coup sur coup plusieurs lettres du major Provot, qui commandait par int?rim dans la capitale, dont une lui annon?ait le d?part de la flotte de Boston, suivant la nouvelle apport?e par un Indien venu de la baie de Fondy par terre en douze jours, et les autres, l'arriv?e de cette flotte et ses progr?s dans le fleuve. Il partit imm?diatement et envoya en chemin l'ordre aux gouverneurs de Montr?al et des Trois-Rivi?res, MM. de Calli?res et de Ramsay, de descendre ? marches forc?es avec toutes leurs troupes, ? la r?serve de quelques compagnies qui seraient laiss?es pour garder Montr?al, et de se faire suivre par tous les habitans qu'ils pourraient rassembler sur leur route. Il arriva lui-m?me dans la capitale, dans la soir?e du 14 apr?s avoir failli p?rir dans la fragile embarcation qu'il avait choisie pour descendre plus rapidement le fleuve. L'ennemi ?tait d?j? au pied de l'?le d'Orl?ans. C'?tait presqu'une surprise.

Heureusement, le major Provot ?tait un officier tr?s intelligent. Dans l'espace de cinq jours il avait fait travailler avec tant d'activit? aux d?fenses de la ville qu'il l'avait mise ? l'abri d'un coup de main. Le gouverneur satisfait n'eut qu'? faire ajouter quelques retranchemens et ? confirmer le commandement d?j? donn? aux milices des deux rives du fleuve, en bas de Qu?bec, de se tenir pr?tes ? marcher au premier ordre. Toute la population montrait un ?lan, une d?termination qui faisaient bien augurer du succ?s.

Les fortifications s'?tendaient du palais de l'intendant sur la rivi?re St. Charles ? l'emplacement qu'occupe aujourd'hui la citadelle. C'?tait tout simplement des palissades, except? le ch?teau St.-Louis qui ?tait en pierre et qui occupait une partie de cette ligne d?fendue par trois petites batteries plac?es ? ses deux extr?mit?s et au centre. Cette ligne prot?geait la haute-ville. Il y avait une autre ligne de feu sur les quais, ? la basse-ville, compos?e aussi de trois batteries qui occupaient les intervalles des batteries sup?rieures. La communication de la ville basse ? la haute ?tait coup?e par trois retranchemens garnis de chevaux de frise, et les autres issues de la ville, qui n'avaient point de portes, avaient ?t? barricad?es.

Les batteries de la basse-ville commenc?rent le feu bient?t apr?s et abattirent des premiers coups le pavillon du vaisseau de Phipps, que des Canadiens all?rent enlever ? la nage et malgr? un feu tr?s vif dirig? sur eux de la flotte. Ce drapeau est rest? suspendu ? la vo?te de la cath?drale de Qu?bec jusqu'? l'incendie de cet ?difice en 1759.

L'ennemi fut deux jours sans rien entreprendre, quoique son plan d'attaque e?t ?t? arr?t? d?s le matin de son arriv?e. D'apr?s ce plan les troupes devaient d?barquer au nord de la rivi?re St.-Charles, et les chaloupes entrer dans cette rivi?re pour les traverser au sud, c'est ? dire du c?t? de la ville, o? elles leur porteraient ensuite leurs vivres, leur artillerie et tout leur mat?riel de guerre. Cette op?ration accomplie, la flotte devait s'approcher de la ville en d?tachant quelques uns de ses vaisseaux au-dessus de la place comme pour aller y d?barquer un nouveau corps. Pendant cette feinte pour tromper sur le vrai point d'attaque, les troupes d?j? d?barqu?es sur la rivi?re St.-Charles graviraient les hauteurs de Qu?bec, d'o? elles feraient un signal, et au m?me instant 200 hommes s'?lanceraient de la flotte sur la basse et la haute ville. On va voir comment l'ennemi ex?cuta ce hardi projet. Il y avait d?j? deux jours qu'il ?tait arriv?, et il n'avait rien fait encore. Le 18 enfin, il d?barqua 1300 hommes sous les ordres du major Walley sur la plage entre Beauport et la ville. Ils furent imm?diatement attaqu?s par environ 300 Canadiens, qui, profitant habilement du terrain mar?cageux et bois? en cet endroit, leur firent essuyer une perte d'une soixantaine d'hommes; mais ils eurent ? regretter de leur c?t?, entre autres M. de la Touche, fils du seigneur de Champlain, et le chevalier de Clermont, qui furent tu?s. M. Juchereau de St.-Denis, seigneur de Beauport, qui commandait le d?tachement, eut le bras casse. Le roi pour le r?compenser de sa bonne conduite l'anoblit, lui et M. Hertel, qui se distingua aussi dans ce si?ge ? la t?te des milices des Trois-Rivi?res.

Cependant l'amiral Phipps sans attendre que le major Walley se f?t empar? des hauteurs qu'il avait charge d'occuper avec ses forces, vint se ranger en bataille devant la ville pour la bombarder, et il commen?a un feu tr?s vif. Nos batteries ripost?rent avec ardeur et beaucoup de pr?cision. La canonnade dura ainsi jusqu'? la nuit avec la m?me vigueur de part et d'autre. Ce combat dans le magnifique bassin de Qu?bec pr?sentait un spectacle grandiose. Les d?tonations retentissaient de montagne en montagne, d'un c?t? jusqu'? la cime des All?ghanys, et de l'autre jusqu'? celle des Laurentides, tandis que des nuages de fum?e o? ?tincelaient des feux, roulaient sur les flots et le long des flancs escarp?s de Qu?bec h?riss?s de canons. La canonnade recommen?a le lendemain matin, mais l'on s'aper?ut bient?t que le feu des vaisseaux diminuait. A midi, en effet, il avait cess? enti?rement. La flotte ?tait fort maltrait?e, surtout le vaisseau amiral qui ?tait perc? ? l'eau en plusieurs endroits, avait toutes ses manoeuvres coup?es, et son grand m?t presque rompu. Dans cet ?tat Phipps, n'ayant fait aucune impression sur la ville, donna l'ordre de la retraite, et les vaisseaux d?fil?rent vers l'?le d'Orl?ans. Les troupes, qui de Beauport avaient eu l'oeil sur eux sans comprendre leur attaque pr?cipit?e, aper?urent ce mouvement r?trograde avec douleur, et de ce moment elles perdirent tout espoir de prendre Qu?bec. N?anmoins, ayant re?u cinq pi?ces de campagne dans la nuit, elles se mirent de nouveau en mouvement le 20, prot?g?es par une avant-garde ? leur t?te et des ?claireurs sur leurs flancs, pour forcer le passage de l? rivi?re St.-Charles. Mais apr?s avoir c?toy? quelque temps cette rivi?re, elles rencontr?rent MM. de Longueuil et de Ste.-H?l?ne ? la t?te de 200 volontaires qui avaient charg? leurs fusils de trois balles et qui, leur barrant le chemin, les arr?t?rent d'abord tout court, puis les forc?rent ensuite de se r?fugier dans un petit bois. Pendant l'engagement M. de Frontenac s'?tait avanc? en personne ? la t?te de 3 bataillons et les avait rang?s en bataille devant la rivi?re St.-Charles, dans le dessein de la traverser si les volontaires ?taient forc?s de reculer. M. de Ste.-H?l?ne re?ut dans ce combat une blessure mortelle. C'?tait un des hommes les plus spirituels et les plus aimables, et l'un des officiers les plus intr?pides, qu'e?t ce pays. Sa mort causa un regret universel chez les Canadiens. Il ?tait fr?re de M. d'Iberville.

Le jour suivant les ennemis firent un troisi?me effort, qui n'eut pas plus de succ?s que les deux premiers. Ces ?checs r?p?t?s devant quelques petits d?tachemens de milices achev?rent de les d?moraliser, d'autant plus que pour atteindre la ville ils avaient toujours une rivi?re ? passer, le gros des Fran?ais ? combattre, et qu'ils ne pouvaient plus compter sur la flotte pour appuyer leur mouvement. En cons?quence il fut d?cid? dans un conseil de guerre de se rembarquer; ce qui fut effectu? avec une si grande pr?cipitation, au milieu d'une nuit orageuse et tr?s obscure, que l'artillerie fut abandonn?e sur le rivage quoiqu'il n'y eut pas de poursuite.

Ainsi ? la fin d'octobre, le Canada se trouva d?livr? de deux arm?es puissantes, dont l'une avait ?t? dissip?e par les maladies et l'autre par le courage des habitans, qui avaient fait, dit une d?p?che, tout ce qu'on pouvait attendre de bons soldats, et qui m?rit?rent par cons?quent toutes les louanges que leur donna leur gouverneur. La lev?e du si?ge de Qu?bec fit assez de sensation en France, au milieu m?me des victoires ?clatantes qu'elle remportait sur l'Europe, pour que le roi en perp?tu?t le souvenir par une m?daille. Le comte de Frontenac donna, comme troph?e, deux des canons abandonn?s par l'ennemi ? un habitant nomm? Carr?, qui, par l'habilet? de ses manoeuvres ? la t?te de quelques Canadiens, avait conquis l'admiration g?n?rale.

Dans sa retraite dans le bas du fleuve, la flotte ennemie fut assaillie par des vents tempestueux; un vaisseau fut jet? ? la c?te sur l'?le d'Anticosti, o? la plus grande partie de l'?quipage p?rit de faim et de froid, plusieurs sombr?rent en mer et se perdirent corps et bien; d'autres enfin furent chass?s jusque dans les Antilles. Le reste atteignit Boston avec peine. Plus de 1000 hommes p?rirent par les maladies, par le feu et par les naufrages dans cette exp?dition qui co?ta au-del? de ?40,000 ? la Nouvelle-Angleterre.

Les colonies anglaises avaient regard? le Canada comme une conqu?te assur?e. Le retour des d?bris de leur flotte, apr?s avoir subi une d?faite, les remplit d'?tonnement et d'humiliation. Elles s'?taient vant?es d'avance de leurs succ?s; elles avaient compt? sur les d?pouilles des vaincus pour payer les frais de la guerre, et elles n'avaient pas pourvu ? la solde des troupes, qui, revenues de l'exp?dition, furent sur le point de se mutiner, parce qu'on n'avait pas de quoi les satisfaire. L'on se h?ta de mettre un imp?t; mais les soldats ne voulurent pas attendre qu'il f?t rentr?. Pour sortir d'embarras on eut recours au papier-monnaie, le premier qu'on e?t encore vu dans ces colonies. L'on fabriqua des billets, dits billets de cr?dit, de diverses d?nominations depuis deux chelins jusqu'? dix louis, qui furent re?us comme de l'argent par le tr?sor. Ainsi le Canada avec ses 11,000 habitans avait non seulement repouss? l'invasion, mais encore ?puis? les ressources financi?res de provinces infiniment plus riches et 20 fois plus populeuses que lui.

Cependant les Iroquois ayant vu le Canada pr?s de succomber, avaient cherch? ? se retirer de la lutte, car ils pr?tendaient tenir la balance entre les peuples avec lesquels ils ?taient en rapport, et surtout entre les Fran?ais et les Anglais. Voici comment raisonnaient ces barbares qui semblaient avoir ?tudi? au foyer de la politique des vieux cabinets de l'ancien monde. <>. Ils envoy?rent donc demander la paix ? M. de Frontenac, qui cr?t que c'?tait un stratag?me des Anglais pour lui donner le change sur quelque projet qu'ils m?ditaient. Il chargea M. de Calli?res de faire tra?ner la n?gociation en longueur, et invita les Outaouais ? continuer leurs hostilit?s contre les cantons, qui alors reprirent les armes. En m?me temps le gouverneur ?crivait ? M. de Pontchartrain, qui venait de remplacer M. de Seignelay dans le minist?re de la marine, que la conqu?te de New-York serait la s?ret? du Canada, et d?sarmerait les cantons, et qu'en se rendant ma?tre absolu de la p?che de Terreneuve, ce qui pourrait se faire en envoyant tous les ans trois ou quatre fr?gates croiser depuis le Cap de Sable jusqu'au nord de l'?le de Terreneuve, on assurerait pour le royaume un commerce de plus de 20 millions, et plus avantageux que ne le serait la conqu?te des Indes. <> Sentant l'importance de ce commerce, M. de Frontenac y revenait souvent comme Talon. Ces deux hommes sup?rieurs avaient d?couvert que les colonies anglo-am?ricaines ne faisaient tant d'efforts pour s'emparer de la Nouvelle-France qu'afin de rester ma?tresses des p?ches, et que l'Angleterre les appuyait par ce que cette industrie ?tait la base la plus solide de sa marine. L'on vit pendant cette guerre les marchands de Boston payer aux Fran?ais de l'Acadie une taxe pour avoir la permission de p?cher sur les c?tes de cette p?ninsule.

Tandis que les Ab?naquis ravageaient la Nouvelle-Angleterre, les Iroquois au nombre de mille guerriers ?tablissaient leur camp ? l'embouchure de la rivi?re des Outaouais, et del? se r?pandaient dans le haut de la colonie. Leurs bandes ?taient beaucoup plus faciles ? vaincre qu'? atteindre, car la nouvelle de leur apparition arrivait souvent avec celle de leur fuite. On organisa des corps volans pour les surveiller et pr?venir les surprises. Cette petite guerre o? les habitans rivalis?rent de z?le, de patience et de courage avec les troupes, toute fatiguante qu'elle fut, ne causait pas autant de d?rangement dans les habitudes qu'elle le ferait aujourd'hui, parce que l'on ?tait accoutum? ? cette existence mobile et pleine d'excitation, et que l'on aimait presque cette lutte de gu?rillas, o? la valeur personnelle avait de nombreuses occasions de se distinguer.

Comme on l'a dit, la contre partie de ces sc?nes de sang et de d?vastation se jouait dans la Nouvelle-Angleterre, o? les Ab?naquis ?taient pour les Fran?ais, ce que les cinq cantons ?taient en Canada pour les Anglais. La politique des deux gouvernemens coloniaux consistait ? travailler ? se d?tacher r?ciproquement chacun ses alli?s pour s'en faire des amis. Il serait oisif aujourd'hui d'entrer dans le d?tail des n?gociations conduites simultan?ment par les deux nations avec les tribus sauvages pour parvenir ? ce but. Les Indiens embarrass?s pr?taient souvent une oreille ?galement attentive aux deux partis, et leur donnaient les m?mes esp?rances. Il reste une masse prodigieuse de documens relatifs ? toutes ces transactions qui continuaient toujours en temps de guerre comme en temps de paix; mais qui devenaient plus actives lorsqu'on avait les armes ? la main. Les Fran?ais cherchaient ? s'attacher les cantons, les Anglais, les Ab?naquis, et toute l'adresse de la diplomatie ?tait mise en jeu par la nation rivale pour faire ?chouer ces efforts de conciliation. L'on appuyait de part et d'autre ses raisons de riches pr?sens, et pour satisfaire l'humeur guerri?re des Sauvages, l'on adoptait leur cruel syst?me de guerre, qui faisait des colonies un vaste th??tre de brigandages et de ruines. L'on donnait en Canada 10 ?cus pour un Iroquois tu? et 20 pour un Iroquois prisonnier. Cette diff?rence de prime qui fait honneur ? l'humanit? du gouvernement fran?ais fut ?tablie afin d'engager les Sauvages alli?s ? ne point massacrer leurs prisonniers comme c'?tait l'usage chez les barbares. Dans les colonies anglaises l'on suivait la m?me pratique, except? qu'il n'y avait point de prime pour les prisonniers. Un soldat recevait dix louis pour la chevelure d'un Indien, un milicien volontaire vingt louis, et s'il faisait la chasse dans les bois ? ce Sauvage comme ? une b?te f?roce, et qu'il en apport?t la chevelure, il recevait cinquante louis .

C'?tait pour encourager les Iroquois ? faire des d?pr?dations en Canada, et emp?cher toute alliance avec lui, que le major Schuyler de la Nouvelle-York se mit, en 1691, ? la t?te d'un corps de troupes et d'Indiens pour faire une pointe sur Montr?al. Cet officier, qui joignait une grande activit? ? beaucoup de bravoure, surprit, dans la nuit du 10 ao?t, le camp de 700 ? 800 hommes que le gouverneur avait fait assembler sous le fort de la Prairie de la Magdeleine, ? la premi?re nouvelle de la marche des ennemis. Se glissant le long de la hauteur sur laquelle ?tait le fort ? trente pas du fleuve, Schuyler p?n?tra jusque dans le quartier des milices, sur la gauche, qu'il trouva d?garni et s'y logea. L'alarme fut aussit?t r?pandue; M. de Saint-Cyrque, qui commandait en l'absence de M. de Calli?res, malade, marcha sur le champ ? lui. Schuyler opposa une vive r?sistance; mais lorsqu'il se vit sur le point d'avoir toutes les troupes fran?aises sur les bras, il op?ra sa retraite vers la rivi?re Richelieu en bon ordre et avec peu de perte.

A deux lieues de l?, il se trouva tout ? coup en face de M. de Varennes que M. de Frontenac avait envoy? pour prot?ger Chambly avec un d?tachement d'habitans et d'Indiens. M. de Varennes, ? la premi?re nouvelle du combat, s'?tait mis en marche pour la Prairie de la Magdeleine. Le major Schuyler sans h?siter l'attaqua avec une fureur qui aurait d?concert? un chef moins ferme et moins habile que lui. Le commandant canadien fit mettre sa troupe ventre ? terre derri?re deux grands arbres renvers?s pour essuyer le premier feu des ennemis, puis il les chargea ensuite avec tant d'ordre et de vigueur qu'ils furent rompus partout. Schuyler rallia ses soldats jusqu'? deux fois; mais apr?s une heure et demie de combat, ils se d?band?rent et la d?route fut compl?te. Ils laiss?rent quantit? de morts sur le champ de bataille. Leurs drapeaux et leur bagage devinrent les troph?es du vainqueur. Le jeune et vaillant le Bert du Ch?ne se distingua ? la t?te des Canadiens et fut bless? mortellement Les Sauvages combattirent avec une ?gale bravoure. La perte des Fran?ais fut consid?rable; ils eurent six officiers de tu?s ou bless?s ? mort, ce qui fait voir l'acharnement du combat, pendant lequel on se battit longtemps ? br?le-pourpoint.

Les troupes de Varennes, qui ?taient sur pied depuis trois jours, par des chemins affreux, sans pouvoir prendre de repos et manquant de vivres, ?taient tellement ?puis?es de fatigue qu'elles ne purent poursuivre les fuyards.

C'?tait pour rompre le trait? que les Ab?naquis venaient de conclure ? Pemaquid avec les Anglais, que M. de Villieu en entra?na 250 ? sa suite et tomba avec eux, en 1694, sur les ?tablissemens de la rivi?re Oyster, dans le New-Hampshire, br?la quantit? de maisons dont 5 ?taient fortifi?es et furent vaillamment d?fendues, et tua ou emmena en captivit? un grand nombre d'hommes.

La Fiance attendit pour prendre sa revanche jusqu'en 1696. A cette ?poque le minist?re r?solut de faire sauter Pemaquid, sur la suggestion de M. de Villebon, et de chasser les Anglais de tous les postes qu'ils occupaient dans l'?le de Terreneuve et ? la baie d'Hudson. Le comte de Frontenac proposait depuis longtemps de prendre Boston que l'on br?lerait, et New-York que l'on garderait, parce que ce dernier poste seul serait utile au Canada. Par cette conqu?te l'on se trouverait ma?tre de toutes les p?ches; mais la politique europ?enne fit taire la politique coloniale, qui fut toujours regard?e par la France comme secondaire, parce que son th??tre ? elle est l'ancien monde, dont elle est le pivot, parce que sa force ? elle r?side dans ses soldats de terre. L'on s'en tint au premier projet, dont l'ex?cution fut confi?e au courage de M. d'Iberville. L'on verra dans le chapitre suivant comment il s'en acquitta. En m?me temps la cour envoya de nouveaux ordres ? M. de Frontenac d'abattre ? tout prix l'orgueilleuse conf?d?ration iroquoise, qui continuait toujours les hostilit?s malgr? les dures le?ons qu'elle avait re?ues deux ou trois ans auparavant .

Huit cents de leurs guerriers ayant fait mine d'entrer en Canada, le gouverneur avait cru qu'il ?tait temps de ch?tier ces barbares indomptables contre lesquels on avait envoy? une exp?dition inutile de 300 hommes, dans l'hiver pr?c?dent , command?e par M. de Louvigny. Six cents hommes eurent ordre de tomber au milieu de l'hiver sur le canton des Anniers, le plus acharn? contre les Fran?ais. Ils partirent de Montr?al ? la fin de janvier. Les trois bourgades de cette belliqueuse tribu furent d?truites, et l'on fit 250 prisonniers. N?anmoins ces Sauvages reparurent encore dans la colonie le printemps suivant, et quelques unes de leurs bandes vinrent m?me ?prouver une d?faite dans l'?le de Montr?al. Ils commen?aient cependant ? se lasser, eux aussi, de la guerre. Les Mi?mis leur avaient d?j? tu? plusieurs centaines de guerriers, et ils venaient encore de les battre compl?tement sur les bords du lac Huron. Le gouverneur profita de cet ?puisement pour frapper un dernier coup et ob?ir aux instructions du roi. Comme mesure pr?liminaire, il ordonna de relever le fort de Frontenac; ce qui fut ex?cut? malgr? les repr?sentations de la Nouvelle-York, dont le gouverneur, M. Fletcher, fit en m?me temps des pr?sens consid?rables aux Iroquois pour attaquer et raser ce fort s'il ?tait possible. L'importance que les ennemis mettaient ? cette position, justifie le d?sir de M. de Frontenac de s'y maintenir, malgr? l'opinion de bien des gens dans la colonie et en France, entre autres de l'intendant, M. de Champigny, et m?me du roi dont les ordres contraires arriv?rent trop tard pour ?tee ex?cut?s.

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