Read Ebook: Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours. Tome III by Garneau F X Fran Ois Xavier
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Ebook has 572 lines and 118140 words, and 12 pages
"Minulla on jo kaksi tarjousta kes?ksi", Erkki nauroi iloisesti, "asianajaja Storm, vanha johtajani sill? alalla, on kysynyt, enk? haluaisi ottaa paikkaa h?nen konttoorissaan, ja asioitsija Busch on kutsunut minua ulkomaan matkalle -- Schweiziin ja Italiaan, luullakseni -- yhdess? h?nen ja h?nen nuorten tytt?riens? kanssa."
"Vai niin, vai on h?n tehnyt sen! -- sanonpa sinulle toki vaan yhden seikan: sen miehen k?y pian ohraisesti, ja muista, ett? helpompi on tehd? solmu kuin purkaa se. Ensimm?inen tarjous n?ytt?? minusta paremmin hyv?ksytt?v?lt?; Stormilla on jo hyv? maine, ja h?nell? on teht?vi? yllin kyllin. Tee kuinka tahdot, Erkki, vaan harkitse ensin."
"Ei kiirett? ollenkaan; uudenvuoden t?ll? puolen tahdon vain lev?ht??."
Erkki meni huoneesensa ja istui kirjoitusp?yd?n ??reen. H?nen leponansa oli oikeastaan toinen tutkiminen, er?s lempiaine, jota h?nen oli ollut pakko lakitieteen t?hden j?tt??. H?n oli salaisesti kielentutkija, ja h?nen p?yd?ll??n oli hollantilaisia, espanjalaisia, italialaisia, viel?p? ven?l?isi?kin kirjoja -- enimm?sti raamattuja, sill? niit? oli niin helppo saada sek? oivallinen toisiinsa verrata, kun kreikkalainen teos ohjeena oli. Erkki katsahti kelloaan ja asettui mukavaan asentoon ik??nkuin se, joka jotakin makupalaa odottaa. Mutta h?n nousi ?kki? yl?s, t?rke? apul?hde puuttui, h?nen t?ytyi kiirehti?, saadakseen sen, ennenkuin sen omistaja matkusti kotiinsa joululuvalle.
"No, niin", h?n ajatteli, "tuon ahkeran kumppanin kohtaan kyll?. Mutta mist? se johtuu, ett'en milloinkaan tule sit? miest? l?hemm?ksi, vaikka se niin ihmeellisesti minua puoleensa vet???"
Erkki ei nyt ensi kertaa mietiskellyt sit? suhdetta, joka h?nen ja tuon nuoren koulumiehen, Sven Langen, v?lille oli muodostunut. Kaikissa tieteit? koskevissa seikoissa heill? oli sama mielipide; Erkki -- joka niill? aloilla oli v?h?p?t?isin -- katsoi yl?s kumppaninsa perusteellisuuteen ja raittiisen, nerokkaasen k?sitykseen, kun taas Sven puolestaan rakastettavimmalla alttiudella h?nt? ohjasi; mutta siihen se j?i. Mit??n keskustelua muista seikoista ei heid?n v?lill??n oikein syntynyt; kun Erkki katsoi noihin selkeihin, lapsellisiin kasvoihin, niin h?n ei voinut tavallista vapaata puhetapaansa pit??, eik? my?sk??n Sven ottanut sanoakseen, mit? h?nell? ehk? olisi sanottavaa ollut. Keskustelu siis tykk?n??n keskeytyi tahi johtui taas rakkaihin kirjoihin.
Mutta mit?h?n oli se nauru, niin raitis ja vastustamattomasti tarttuva, ett? Erkin, joka seisoi oven takana ja kolkutti, t?ytyi vastoin tahtoansa nauraa muassa? Oliko se todellakin hiljainen, salamielinen Sven Lange, joka niin nauroi?
"Hyv?? p?iv??! -- vai, tek? se olette!" Sven asettui oven eteen, ep?r?iv?isyyden ilmaus vilahti h?nen hymyileville kasvoilleen, sitte h?n, v?h?n arveltuaan, antoi tilaa Erkille.
"K?yk?? sis??n vain, Anker! -- ?itini, kandidaatti Anker, minun yst?v?ni", esitteli Sven.
"Tervetuloa, te tulette juuri parhaiksi!" kuului yst?v?llisesti h?nt? vastaan. Tuolla ??nell? oli omituinen vilpit?n s?vel; pari selv??, sinist? silm??, samalla kertaa lempe?t? ja viisasta, kiintyi v?hin h?nt? tutkimaan.
"Sven tekee pilaa minun suurista laitoksistani", jatkoi Svenin ?iti, osoittaen p?yd?lle, jossa t?ytel?inen lautanen h?yry?cette entreprise avec 4,000 hommes et 12 bouches ? feu, et cet officier g?n?ral se croyait s?r du succ?s. 2,000 hommes s'?taient d?j? embarqu?s ? Montr?al, et la t?te de la colonne arrivait ? Frontenac, lorsque la nouvelle de l'apparition de l'arm?e du colonel Johnson sur le lac St. Sacrement, fit rappeler une partie de ces troupes. Le corps ennemi qui s'avan?ait ?tait celui qui devait agir contre St.-Fr?d?ric. Le 1er septembre, le g?n?ral Dieskau, que ce contre-ordre avait singuli?rement contrari?, et contre l'opinion duquel il avait ?t? donn?, se trouva ? la t?te du lac Champlain avec 1,500 Canadiens, 700 soldats et 800 Hurons, Ab?naquis et Nipissings, en tout 3,000 hommes. C'?tait assez pour arr?ter Johnson. L'on continua d'acheminer des forces sur le lac Ontario. Un bataillon monta jusqu'? Niagara avec ordre de relever les ruines de ce fort, compos? d'une maison palissad?e entour?e d'un foss?, et de s'y maintenir. Un autre bataillon se campa au couchant des murs de Frontenac. A la fin de l'?t? ces trois positions importantes, St.-Fr?d?ric, Niagara et Frontenac, paraissaient suffisamment prot?g?es.
Dans la vall?e de l'Ohio, le fort Duquesne, ouvrage plein de d?fauts dans sa construction, mais command? par M. de Contrecoeur, officier exp?riment? et fort brave, n'avait qu'une garnison de 200 hommes; il pouvait cependant attirer ? lui un certain nombre de voyageurs canadiens et de sauvages. Les autres postes r?pandus dans ces r?gions lointaines, n'avaient pas proportionnellement de garnisons plus nombreuses. Les for?ts et la distance formaient leur plus grande protection.
Du c?t? de l'Acadie, les forts Beaus?jour et Gaspareaux avaient pour commandans, le premier, M. de Vergor, prot?g? de l'intendant Bigot, et le second, M. de Villeray. Ces officiers avaient ? peine 150 soldats ? leur disposition; mais en cas d'attaque, ils devaient compter sur l'aide des Acadiens fix?s autour d'eux ou errant dans leur voisinage, comme si ces pauvres gens, que les Anglais regardaient comme leurs sujets, ?taient bien libres d'agir.
Des quatre exp?ditions projet?es par les Anglais contre le Canada, la premi?re en mouvement fut celle qui ?tait charg?e de s'emparer de ces derniers postes. Les troupes qui la composaient, lev?es dans le Massachusetts, pouvaient former 2,000 hommes command?s par le colonel Winslow, personnage influent du pays. Partie de Boston le 20 mai, elle arriva dans 41 navires le 1er juin ? Chignectou, o? elle d?barqua et fut renforc?e par 300 r?guliers. Elle marcha aussit?t avec un train d'artillerie sur Beaus?jour. Arr?t?e un instant sur les bords de la rivi?re Messaguash par les Fran?ais qui y avaient ?lev? un blockhaus garni de canons, et qui, apr?s une heure de combat, y mirent le feu et se retir?rent, elle parvint jusqu'? Beaus?jour, repoussant devant elle un petit corps d'Acadiens que M. de Vergor avait envoy? d?fendre une hauteur ? quelque distance.
Le fort de Beaus?jour avait alors une garnison de 100 soldats et d'environ 300 Acadiens. Rien n'y ?tait ? l'?preuve de la bombe, ni la poudri?re, ni les casemates. Les assi?geans ayant ouvert la tranch?e le 12 juin, le 16 la place se rendit par capitulation, apr?s une assez molle r?sistance, la seule il est vrai que l'on put attendre de l'?tat de ses fortifications, du chef inexp?riment? et indolent ? qui elle avait ?t? confi?e, du nombre des ennemis, et aussi de la crainte des habitans d'?tre pass?s par les armes s'ils ?taient pris en combattant contre l'Angleterre. Les troupes sortirent avec les honneurs de la guerre pour ?tre transport?es ? Louisbourg, et il fut stipul? que les Acadiens qui avaient combattu avec elles, ne seraient point inqui?t?s. Le fort Gaspareaux, d?fendu par une vingtaine de soldats et quelques habitans, se rendit aux m?mes conditions. Le nom du fort Beaus?jour fut chang? pour celui de Cumberland, et le major Scott y fut laiss? comme commandant. Cet officier fit d?sarmer la population, mais il ne put la forcer de pr?ter le serment de fid?lit? ? George II; sur quoi il fit prisonniers tous les habitans qu'il put attraper, conform?ment aux ordres du g?n?ral Hopson, qui avait remplac? M. Cornwallis en qualit? de gouverneur de l'Acadie.
Apr?s cette conqu?te, les vainqueurs envoy?rent trois b?timens de guerre dans la rivi?re St. Jean pour attaquer le fort que les Fran?ais y avaient ?lev?, et qui ?tait command? par M. de Boish?bert. Ce dernier, n'ayant pas assez de monde pour le d?fendre, y mit le feu avant l'arriv?e des assaillans et se retira. Mais, ayant ?t? inform? de ce qui se passait ? Beaus?jour, au lieu de retraiter sur Qu?bec, il s'avan?a au secours des Acadiens dans le fond de la baie de Fondy, et leur ayant donn? des armes, il battit avec eux les Anglais dans plusieurs rencontres. Ces avantages ne purent emp?cher cependant qu'? la fin ces derniers ne br?lassent tous les ?tablissemens, et ne contraignissent les habitans ? se r?fugier dans les bois, et ensuite ? ?migrer au Cap-Breton, ? l'?le St. Jean, ? Miramichi, ? la baie des Chaleurs et ? Qu?bec, o? ces malheureux portaient partout le spectacle d'un d?vo?ment sans bornes et d'une mis?re profonde.
Tel fut le succ?s des ennemis dans la premi?re partie de leur plan de campagne. Quoiqu'il fut, sous le rapport militaire, plus nominal que r?el, puisqu'ils ne purent pas avancer plus loin de ce c?t?, o? des bandes arm?es les continrent, la nouvelle cependant en causa un grand m?contentement ? la cour de France, surtout lorsqu'on y apprit les terribles cons?quences que les pertes que l'on venait de faire avaient eues pour les infortun?s Acadiens. Le roi ?crivit lui-m?me ? M. de Vaudreuil de faire juger rigoureusement, par un conseil de guerre qu'il pr?siderait en personne, Vergor et de Villeray, ainsi que les garnisons qui servaient sous leurs ordres. Le proc?s eut lieu l'ann?e suivante au ch?teau St.-Louis, et tous les accus?s furent acquitt?s ? l'unanimit?. L'?vacuation de l'Acadie laissa ? la merci des Anglais les habitans de cette province, qui portaient le nom de Neutres, et qui n'avaient pu se r?soudre ? abandonner leur terre natale.
Ce qui nous reste ? raconter de ce peuple int?ressant, rappelle un de ces drames douloureux dont les exemples sont rares m?me aux ?poques barbares de l'histoire, alors que les lois de la justice et de l'humanit? sont encore ? na?tre avec les lumi?res de la civilisation.
Sur 15 ? 16 mille Acadiens qu'il y avait dans la p?ninsule au commencement de leur ?migration, il n'en restait qu'environ 7,000 des plus riches, dont les moeurs douces ont fourni ? Raynal un tableau si touchant et si vrai.
< < < < < < Vains souhaits! La guerre de 1744 commen?a les infortunes de ce peuple; celle de Sept ans consomma sa ruine totale. Depuis quelque temps les agens de l'Angleterre agissaient avec la plus grande rigueur; les tribunaux, par des violations flagrantes de la loi, par des d?nis syst?matiques de justice, ?taient devenus pour les pauvres habitans un objet ? la fois de terreur et de haine. Le moindre employ? voulait que sa volont? f?t la loi. < Tous les autres ?tablissemens des Acadiens pr?sent?rent le m?me jour et ? la m?me heure le m?me spectacle de d?solation. Les vaisseaux firent voile pour les diff?rentes provinces o? devaient ?tre jet?s ces proscrits. On les dispersa sur le rivage depuis Boston jusqu'? la Caroline. Pendant plusieurs jours apr?s leur d?part, l'on vit les bestiaux s'assembler ? l'entour des ruines fumantes des habitations de leurs ma?tres, et le chien fid?le passer les nuits ? pleurer, par ses longs hurlemens, la main qui lui donnait sa subsistance et le toit qui lui pr?tait son abri. Heureux encore dans leur douleur, ils ignoraient jusqu'? quel exc?s l'avarice et l'ambition peuvent porter les hommes, et quels crimes elles peuvent leur faire commettre. La plupart des colonies anglaises re?urent les Acadiens avec humanit?, comme pour protester contre la rigueur inexorable de leur gouvernement. Benezet, issu d'une famille fran?aise bannie ? la r?vocation de l'?dit de Nantes, les accueillit comme des fr?res ? Philadelphie. Quelques-uns de ces exil?s se r?fugi?rent ensuite ? la Louisiane; d'autres ? la Guyane fran?aise, et des Fran?ais, bannis eux-m?mes ? Sinnamari, y trouv?rent en 1798, une famille acadienne qui les accueillit par ces paroles hospitali?res: < L'Angleterre ne retira aucun avantage de cet acte de politique jalouse et ombrageuse, acte qui fit conna?tre aussi ? tous les colons ce qu'?tait la piti? m?tropolitaine, et qui fournit un nouveau motif aux Canadiens, s'ils en avaient besoin, de d?fendre leur pays avec toute l'?nergie dont ils ?taient capables. Tandis que le fer et la flamme changeaient en d?serts les champs les plus fertiles de l'Acadie, le g?n?ral Braddock faisait ses pr?paratifs pour rejeter les Fran?ais au-del? de la vall?e de l'Ohio. Wills' Creek ?tait le lieu qu'il avait donn? pour rendez-vous ? ses troupes, dans le voisinage des Apalaches. Il se mit en marche aux acclamations de la population. Sa petite arm?e formait, avec les bagages, une colonne de quatre milles de longueur; elle ne put avancer que fort lentement au milieu des rivi?res, des montagnes et des for?ts. Le temps s'?coulait; il commen?a ? craindre de ne pouvoir surprendre le fort Duquesne, o? il savait qu'il y avait peu de monde. Inquiet de plus en plus il prit le parti, pour acc?l?rer sa marche, de diviser ses forces en deux corps. Il laissa 1000 hommes sous les ordres du colonel Dunbar avec les gros bagages pour le suivre avec toute la c?l?rit? possible, et il se mit lui-m?me ? la t?te du second corps, compos? de 1,200 hommes d'?lite ?quipp?s ? la l?g?re, et prit les devans afin d'atteindre le point d?sir? avant que l'alarme y fut r?pandue. Le 9 juillet il traversait la rivi?re Monongah?la ? environ trois lieues du fort Duquesne, et longeait avec rapidit? sa rive m?ridionale se comptant d?j? ma?tre du poste fran?ais. Washington, qui servait alors avec le grade de colonel dans son ?tat-major, aimait ? raconter qu'il n'avait jamais vu de plus beau spectacle que la marche des troupes anglaises dans cette m?morable journ?e. Tous les soldats, d'une belle tenue, marchaient en colonnes; leurs armes d'acier poli ?tincelaient aux rayons du soleil. La rivi?re coulait paisiblement ? leur droite, et ? leur gauche d'immenses for?ts les ombrageaient de leur solennelle grandeur. Officiers et soldats, personne ne doutait du succ?s; on marchait comme ? un triomphe. A midi cette troupe si fi?re repassait par un second gu?, ? dix milles du fort Duquesne, sur la rive septentrionale de la Monongah?la, dans une plaine unie, ?lev?e de quelques pieds seulement au-dessus de l'eau et d'un demi mille de largeur. A l'extr?mit? de cette plaine le terrain montait l?g?rement quelque temps, puis se terminait tout-?-coup par des montagnes tr?s hautes. La route du gu? au fort fran?ais traversait la plaine et cette hauteur, et se prolongeait ensuite au milieu d'un pays in?gal et couvert de bois. Le colonel Gage formait l'avant-garde avec 300 hommes de troupes de ligne; un autre d?tachement de 200 hommes suivait, et le g?n?ral venait ensuite avec le corps principal et l'artillerie. M. de Contrecoeur commandait, comme on l'a dit d?j?, au fort Duquesne. Un des partis qu'il tenait en campagne pour ?pier les mouvemens de l'ennemi, l'informa le 8 que les Anglais n'en ?taient plus qu'? 6 lieues. Il se d?cida sur-le-champ ? les attaquer en chemin, et il alla lui-m?me marquer la place o? les troupes devaient s'embusquer . Le lendemain 253 Canadiens, dont 13 officiers, et 600 sauvages sortirent du fort Duquesne, ? 8 heures du matin, sous les ordres de M. de Beaujeu, pour aller attendre au lieu indiqu? le g?n?ral Braddock et tomber sur lui ? l'improviste. Cette troupe descendait le terrain l?g?rement inclin? qui bordait la plaine dont l'on a parl? tout-?-l'heure lorsque le colonel Gage commen?ait ? le monter. La t?te des deux colonnes vint subitement en contact avant que les Fran?ais pussent arriver au lieu marqu? pour l'embuscade. Ceux-ci cependant, moins troubl?s par cette rencontre impr?vue que les Anglais, ouvrirent incontinent un feu tr?s vif qui fit replier l'avant-garde ennemie. Ce mouvement r?trograde donna le temps ? M. de Beaujeu de ranger son d?tachement en bataille. Profitant des hautes herbes dont la terre ?tait couverte, il pla?a les Canadiens ? cheval sur le chemin en front de la colonne anglaise, et poussa les sauvages en avant de chaque c?t? de mani?re ? former un demi-cercle. Les Anglais, revenus de leur premi?re surprise, se remirent en marche en se dirigeant vers le centre de cette ligne concentrique. Lorsqu'ils arriv?rent pr?s des Canadiens ils furent assaillis par une d?charge de mousqueterie tr?s meurtri?re qui les arr?ta encore tout court, et qui fut suivie d'une autre sur leur flanc droit qui augmenta leur consternation. Apr?s quelques instans cependant, l'ordre se r?tablit dans leurs rangs, et ils se mirent ? tirer; leur artillerie, pouss?e rapidement en avant, ouvrit son feu; ce fut dans une des premi?res d?charges de cette arme que M. de Beaujeu fut tu?. M. Dumas prit aussit?t le commandement, et aid? de M. de Ligneris et des autres officiers, il tomba avec une extr?me vigueur sur les ennemis, dont le feu de mousqueterie et surtout d'artillerie avait d'abord ?branl? les sauvages peu accoutum?s ? entendre des d?tonations si consid?rables. Mais, voyant les Canadiens tenir fermes en front, ils avaient aussit?t repris avec de grands cris leur place au pied des arbres qu'ils venaient d'abandonner. Les Fran?ais sans se d?couvrir, profitant habilement des accidens du terrain, resserraient de plus en plus leur cercle autour des ennemis qui, pendant longtemps, firent bonne contenance et m?me un mouvement en avant, anim?s par leurs officiers qui les dirigeaient l'?p?e ? la main. Mais, ?cras?s sous le feu le plus vif, auquel ils ne pouvaient r?pondre que faiblement ? cause du d?sordre d?j? grand qui r?gnait parmi eux, ils finirent par tomber dans une confusion compl?te. Tous les corps se trouv?rent serr?s les uns contre les autres et confondus. Les soldats, tirant au hasard sans se reconna?tre, tuaient leurs propres officiers et leurs camarades. Les milices furent les seules troupes qui montr?rent du calme et qui firent preuve d'autant de fermet? que de bravoure. Les Fran?ais choisissaient leurs victimes et visaient de sang-froid sur ces masses confuses qui semblaient tourbillonner sous la gr?le de balles qui les accablait, et que le g?n?ral Braddock s'effor?ait vainement de former en pelotons et en colonnes, comme s'il e?t ?t? dans les plaines de la Flandre. Apr?s trois heures de combat la t?te de la colonne anglaise abandonna ses canons et se replia en d?sordre. Prenant ce mouvement pour une fuite, les Canadiens et les sauvages abord?rent l'ennemi la hache ? la main, et l'enfonc?rent de toutes parts. Alors les Anglais l?ch?rent partout le pied; on les poursuivit ? travers la plaine en en faisant un grand carnage; un nombre consid?rable n'?chappa au fer des vainqueurs que pour aller se noyer dans la Monongah?la en voulant traverser cette rivi?re ? la nage. Dumas sachant que le colonel Dunbar n'?tait pas loin, et ne pouvant arracher du champ de bataille les Indiens qui s'y livraient au pillage, fit enfin suspendre la poursuite. Le carnage avait ?t? presque sans exemple dans les annales de la guerre moderne . Pr?s de 800 hommes avaient ?t? tu?s ou bless?s sur les 1200 qui marchaient ? la suite du g?n?ral Braddock, dont 63 officiers sur 86. Ceux-ci avaient montr? le plus grand courage pendant le combat, et fait des efforts incroyables pour rallier les troupes; plusieurs se firent tuer de d?sespoir. A l'exception du colonel Washington, tous les officiers qui combattaient ? cheval furent tu?s ou bless?s. Le g?n?ral Braddock lui-m?me, apr?s avoir eu trois chevaux tu?s sous lui, re?ut un coup mortel. Le malheureux g?n?ral, qui ?tait mourant, fut mis d'abord dans un tombereau, puis ? cheval et enfin port? par les soldats. Il expira quatre jours apr?s la bataille, et fut enterr? sur le bord du chemin aupr?s du fort de la N?cessit?, ? l'entr?e du d?sert. C'?tait un officier exp?riment? et plein de bravoure; mais arrogant, m?prisant son ennemi, les milices am?ricaines et les Indiens. Il eut la mortification de voir, avant de mourir, ses r?guliers prendre la fuite pendant que les Virginiens combattaient comme de vieux soldats avec la plus grande intr?pidit?. Les troupes en d?route rencontr?rent le colonel Dunbar ? 40 milles de la Monongah?la; elles communiqu?rent leur terreur aux soldats que cet officier avait sous ses ordres. Dans un instant ce corps de r?serve se d?banda. L'artillerie fut d?truite; les munitions et les gros bagages furent br?l?s sans que personne sut d'apr?s quels ordres, et tout le monde se mit ? fuir, ceux qui avaient combattu comme ceux qui n'avaient pas combattu. La discipline et le calme ne se r?tablirent un peu que lorsque les fuyards, harass?s et ?perdus, arriv?rent au fort Cumberland dans les Apalaches. Le colonel Washington ?crivit: < Les Fran?ais firent un riche butin. Tous les bagages des vaincus, qui ?taient consid?rables, leurs vivres, 15 bouches ? feu, une grande quantit? d'armes et de munitions de guerre, la caisse militaire et tous les papiers du g?n?ral Braddock qui d?voil?rent les projets de l'Angleterre, et que le duc de Choiseul adressa ensuite dans un m?moire aux diverses cours de l'Europe, tomb?rent entre leurs mains. Ils trouv?rent aussi sur le champ de bataille, parmi une grande quantit? de chariots bris?s, 4 ? 500 chevaux dont une partie avait ?t? tu?e et nageait dans le sang au milieu des morts et des bless?s. Cette victoire ne co?ta aux Fran?ais qu'une quarantaine d'hommes, outre la perte de M. de Beaujeu qui fut vivement regrett? et par les Canadiens, ses compatriotes, et par les tribus indiennes. Ainsi se termina la bataille de la Monongah?la, l'une des plus m?morables de l'histoire am?ricaine. Les troupes battues ne se rassur?rent compl?tement que lorsqu'elles furent parvenues ? Philadelphie, o? elles prirent leurs quartiers d'hiver. La nouvelle de ce d?sastre jeta les colonies anglaises, expos?es aux courses des bandes canadiennes, dans l'effroi et la consternation. Les provinces de la Pennsylvanie, du Maryland et de la Virginie se trouv?rent ouvertes aux incursions des Indiens. Les fronti?res furent abandonn?es et l'alarme se r?pandit au-del? des montagnes et jusque dans les ?tablissement des bords de la mer, qui craignirent un instant d'?tre attaqu?s, et o? les pr?dicateurs mont?rent dans tes chaires pour rassurer les populations effray?es et ranimer leur courage . Le gain de cette bataille assura la possession de l'Ohio aux Fran?ais, du moins pour cette campagne, comme la d?faite du colonel Washington, au fort de la N?cessit?, la leur avait assur?e l'ann?e pr?c?dente. Tandis que ces ?v?nemens se passaient A l'extr?mit? m?ridionale du Canada, les troupes anglaises destin?es pour en attaquer les parties centrales, c'est-?-dire Niagara et St-Fr?deric, se r?unissaient ? Albany. Elles partirent de cette ville au nombre de 5 ? 6 mille hommes sous les ordres du g?n?ral Lyman, pour le portage entre la rivi?re Hudson et le lac St.-Sacrement, suivies du colonel Johnson qui venait avec l'artillerie, les bateaux, les vivres et tout le mat?riel n?cessaire pour le si?ge du fort St.-Fr?d?ric. Arriv? au portage, le g?n?ral Lyman fit commencer le fort Edouard, sur la rive gauche de l'Hudson, pour lui servir de base d'op?ration, en m?me temps que le colonel Johnson, marchant toujours, poussait jusqu'? la t?te du lac St.-Sacrement o? il ?tablit son camp. Il pressait le transport des bateaux au lac, impatient d'aller s'assurer de l'important passage de Carillon avant que les Fran?ais s'y fussent fortifi?s, lorsqu'il apprit qu'ils venaient eux-m?mes pour l'attaquer dans ses retranchemens. Nous avons parl? ailleurs de l'inqui?tude que l'apparition de Johnson sur le lac St-Sacrement avait caus?e ? M. de Vaudreuil, et nous avons mentionn? que ce gouverneur avait aussit?t fait abandonner l'attaque d'Osw?go pour s'opposer ? ses progr?s. C'est en cons?quence de cet ordre que Dieskau se trouvait le 1er septembre ? St.-Fr?d?ric avec un corps de 3000 hommes. Ce g?n?ral attendait une occasion favorable pour agir, lorsqu'il apprit que les ennemis ne seraient pas encore pr?ts de sit?t ? marcher en avant, que le fort Edouard ?tait peu avanc?, et qu'il serait assez facile de s'emparer, par un coup de main, de ce poste qui ?tait tr?s important, vu qu'il renfermait les magasins des troupes de Johnson. Il r?solut sur-le-champ de le surprendre. Il partit donc de St.-Fr?d?ric avec ses 3000 hommes. Rendu ? Carillon, il y en laissa 1,500 pour assurer sa retraite en cas d'?chec, et avec le reste, compos? d'environ 220 r?guliers, 680 Canadiens command?s par M. de Repentigny, 600 sauvages sous les ordres de M. de St.-Pierre, et des vivres pour huit jours. Il continua sa route quoiqu'il e?t ?t? inform? ? Carillon que 900 Am?ricains ?taient retranch?s sous les murs de la place qu'il allait attaquer. Mais Dieskau, comme le g?n?ral Braddock, n'avait que du m?pris pour la milice; il n?gligea les pr?cautions que cet avis aurait d? lui faire prendre, et les instructions de M. de Vaudreuil, qui lui recommandaient express?ment dans tous les cas d'attaquer avec toutes ses forces sans jamais les diviser. Les Canadiens et tes sauvages le bl?m?rent de laisser la moiti? de ses soldats ? Carillon. Mais il br?lait du d?sir d'?clipser, par quelque action d'?clat, la victoire de l'Ohio, car d?j? l'on voyait na?tre, entre les troupes du pays et celles de France, une jalousie trop encourag?e par les officiers g?n?raux pour ne pas aller toujours en augmentant jusqu'? la fin de la guerre. Craignant qu'un plus grand nombre d'hommes ne retard?t sa marche, il ne voulut pas ?couter ces sages conseils, dont l'oubli fut la premi?re cause de sa ruine. Afin d'?viter le corps du colonel Johnson et de d?rober sa marche aux ennemis, il remonta par le lac Champlain, et alla d?barquer dans la baie du Grand-Marais ? six ou huit lieues du fort Edouard. Le 7 septembre il alla coucher sur les bords de l'Hudson, ? une lieue des Anglais, avec l'intention de les attaquer le lendemain au point du jour. Mais, ? la sollicitation des Iroquois du Sault St-Louis, dit-on, les Indiens d?j? fort m?contens de la division de l'arm?e, et auxquels le g?n?ral fran?ais avait ?t? oblig? de faire dire que les troupes qui avaient ?t? laiss?es en arri?re allaient joindre, pour les engager ? le suivre en partant de Carillon, refus?rent alors de marcher, soit parce qu'ils redoutaient l'artillerie du camp et du fort, soit, ce qui est aussi probable, parce qu'ils ne voulaient pas attaquer les Anglais sur leur territoire, le fort Edouard ?tant en effet b?ti sur les terres dont les eaux se versent dans la mer par l'Hudson. Ils ajout?rent n?anmoins qu'ils ?taient pr?ts ? le suivre ? l'attaque du camp du colonel Johnson, situ? sur le territoire fran?ais. Cette distinction des Iroquois est, du reste, conforme ? l'esprit de leur ancienne politique de chercher ? tenir la balance entre les deux nations. Les Canadiens, voyant la r?solution des sauvages, appuy?rent leur suggestion. D?s lors le g?n?ral Dieskau fut oblig? de se conformer ? leur d?sir. L'entreprise contre le fort Edouard fut abandonn?e, et le lendemain matin, 8, le corps fran?ais se remit en marche, sur trois colonnes, les r?guliers au centre, pour passer les montagnes et tomber subitement sur le colonel Johnson dont il ?tait ?loign? de cinq lieues environ. Celui-ci cependant, qui avait 2,500 hommes avec lui, ayant appris le projet des Fran?ais contre le fort Edouard, avait d?tach? le matin m?me, en vertu d'une r?solution d'un conseil de guerre tenu la veille, le colonel Williams, ? la t?te de 1,200 hommes dont 200 Indiens, pour tendre une embuscade aux Fran?ais ? leur retour du fort Edouard. Dieskau fut averti, ? 4 milles du camp de Johnson, par un prisonnier, de l'arriv?e pr?s de lui de ce d?tachement qui marchait par le m?me chemin que les Fran?ais, mais en sens contraire. Ce g?n?ral fit aussit?t arr?ter la colonne du centre, et il poussa les deux autres, c'est-?-dire les Canadiens, qui mirent leurs sacs ? terre pour ?tre plus l?gers, ? la droite, et les sauvages ? la gauche, 300 pas en avant, avec ordre de se coucher ventre ? terre au milieu du bois, et de n'attaquer l'ennemi en flanc que quand ils entendraient le feu du centre. Dans cette position, il attendit les Anglais, qui vinrent ainsi tomber dans le pi?ge qu'ils s'en allaient tendre eux-m?mes. Heureusement pour eux cependant, que les Indiens de la gauche des Fran?ais se d?couvrirent trop vite, et annonc?rent leur pr?sence avant qu'il f?t temps, car ils auraient pu ?tre enti?rement d?truits. Le g?n?ral Dieskau voyant l'embuscade ?vent?e, fit charger les troupes et les Canadiens; les sauvages en firent autant, et se battirent avec acharnement pour venger la mort de leur brave commandant, M. de St.-Pierre, tu? par un Anglais qu'ils assomm?rent ? coups de hache. Les Canadiens montr?rent la m?me ardeur. En peu de temps les ennemis, malgr? les efforts les plus vigoureux et qui co?t?rent la vie ? leur commandant et au fameux chef indien Hendrick, furent mis en pleine d?route apr?s avoir fait des pertes consid?rables. Le g?n?ral fran?ais les poursuivit vivement, eux et le second corps envoy? ? leur secours, et qui fut aussi culbut? dans un instant. Il voulait les emp?cher de se reconna?tre, et profiter du d?sordre pour entrer p?le-m?le avec eux dans les retranchemens de Johnson. Mais il fallait des troupes plus disciplin?es que les siennes pour ex?cuter une pareille manoeuvre. Les sauvages et une partie des Canadiens s'arr?t?rent pour recueillir leurs bless?s, et se reposer apr?s ce premier combat; ils ?taient d'ailleurs ext?nu?s de fatigue, ayant march? tout le long de la route, depuis le matin, ? travers les bois et les broussailles dans un pays ?pre et difficile, pour couvrir la colonne du centre qui marchait dans le chemin battu. Les chefs indiens, murmurant tout haut contre l'impr?voyance du g?n?ral, cri?rent ? ceux de leurs guerriers qui le suivaient, de revenir sur leurs pas. La plupart ex?cut?rent cet ordre et ne combattirent plus de la journ?e, de m?me qu'une partie des Canadiens. Dieskau, esp?rant par son exemple de les engager ? le suivre, ne s'arr?ta point, et il arriva devant les retranchemens ennemis ? 11 heures du matin avec ? peine la moiti? de ses forces. Ces retranchemens, adoss?s au lac et ?rigea sur la petite ?minence sur laquelle fut ensuite b?ti le fort George, dont on voit encore les ruines aujourd'hui, ? la droite de Caldwell, ?taient form?s de bateaux, de chariots, d'arbres renvers?s et flanqu?s de deux ruisseaux coulant sur un fond mar?cageux. Ils ?taient h?riss?s de canons. Les Fran?ais en arrivant ? la vue du lac si pittoresque de St.-Sacrement, qui se prolonge entre des montagnes dont quelques unes ont pr?s de 2000 pieds de hauteur, purent les apercevoir, et se dirig?rent vers leur centre, les r?guliers ? droite et les Canadiens ? gauche. Une halte de quelques instans qu'ils firent pour se former ? 150 verges des ennemis, donna ? ceux-ci le temps de se reconna?tre et de garnir leurs ouvrages. L'attaque commen?a; elle se fit avec une grande vivacit?. Les r?guliers, apr?s avoir fait un feu de pelotons tr?s nourri, s'?lanc?rent ? la bayonnette pour p?n?trer dans les abattis; mais malgr? l'intr?pidit? qu'ils montr?rent dans cet assaut, ils furent ramen?s par un feu de mousqueterie et de mitraille ? bout portant. Ils se reform?rent, et march?rent de nouveau en avant sans plus de succ?s. Ils s'?puis?rent ainsi en efforts infructueux depuis midi jusqu'? deux heures. Les Canadiens et les sauvages qui avaient suivi le g?n?ral Dieskau, ou qui vinrent ensuite le rejoindre, voyant l'inutilit? de ces tentatives, se r?pandirent ? droite dans le bois et ? gauche sur une petite hauteur qui dominait la position des ennemis, d'o? ils ouvrirent un feu plongeant dans leurs barricades ? 12 ou 15 pas seulement de distance, et qu'ils continu?rent avec intr?pidit? jusqu'? la fin de la journ?e. Le g?n?ral fran?ais, qui se tenait entre les r?guliers et les Canadiens, r?solut de tenter un nouvel assaut. Il se mit ? la t?te des premiers, et tirant son ?p?e il les conduisit lui-m?me ? la charge; mais ils vinrent encore ?chouer au pied des retranchemens, du sommet desquels les Anglais choisissaient leurs victimes et tiraient ? couvert et ? loisir. C'est pendant cette attaque, que le g?n?ral Dieskau, retournant vers la gauche pour ordonner aux Canadiens de charger, se trouva, sans s'en apercevoir, si pr?s des ennemis qu'il re?ut trois coups de feu presqu'en m?me temps qui le firent tomber. Le chevalier de Montreuil qui se trouvait alors pr?s de sa personne, et qui fut aussi atteint d'une balle au bras, l'aida ? se tra?ner au pied d'un arbre, et appela deux Canadiens pour le porter hors du danger. L'un d'eux fut tu? en arrivant et tomba sur les jambes du g?n?ral; le second fut en m?me temps bless?. Sans se troubler Dieskau ordonna au chevalier d'aller ? la droite pour ranimer l'attaque qui se ralentissait, et refusa de se laisser emporter, disant: < L'action avait dur? 5 heures. Les Fran?ais ne furent pas inqui?t?s dans leur retraite. Les ennemis intimid?s par la furie avec laquelle ils avaient ?t? attaqu?s, rest?rent dans leurs retranchemens, ? l'exception de quelques hommes qui saut?rent en dehors pour se mettre ? leur poursuite. L'un d'eux, en voyant le g?n?ral au pied d'un arbre, lui tira ? douze pas une balle qui lui traversa les deux cuisses et la vessie; il le fit ensuite prisonnier. Ce soldat se trouva ?tre un d?serteur canadien ?tabli depuis une dizaine d'ann?es dans la Nouvelle-York. Cependant le chevalier de Montreuil avait r?ussi ? rallier une partie des troupes ? 500 pas du camp ennemi et ? les mettre dans quelque esp?ce d'ordre. A ce moment de la journ?e tout le corps fran?ais de 1,500 hommes ?tait divis? par bandes et dispers?. Une partie se trouvait encore sur le champ de bataille du matin, une autre ?tait en pleine retraite; le chevalier de Montreuil, avec un troisi?me d?bris, reprenait le chemin du Grand-Marais emmenant avec lui 103 bless?s qu'il avait recueillis, et enfin le reste, compos? de Canadiens et de sauvages toujours en possession de la hauteur sur la droite des Anglais, et ignorant ce qui se passait ailleurs, continuait ? faire un feu tr?s vif dans les retranchemens. Si les ennemis s'?taient jet?s alors t?te baiss?e sur les Fran?ais, ils auraient pu les d?truire en d?tail. Quelques petites bandes seulement tomb?rent dans les d?tachemens sortis du fort ?douard et furent dispers?s. Le chevalier de Montreuil arriva au bout de deux jours au Grand-Marais avec sa colonne ext?nu?e de faim et de fatigue, n'ayant pu prendre, de peur d'?tre mis entre deux feux, les sacs pos?s ? terre dans le premier combat. Il y trouva une autre colonne qui y ?tait arriv?e du matin aussi sans vivres. Enfin, les restes de l'exp?dition s'?tant graduellement r?unis, on se rembarqua pour retourner ? Carillon. Les pertes furent moins consid?rables qu'on avait lieu de le croire, quoique plus de 310 hommes, ou la moiti? environ des r?guliers et le quart des Canadiens et des sauvages qui attaqu?rent les retranchemens, furent tu?s, bless?s ou faits prisonniers, dont 13 officiers y compris le g?n?ral Dieskau, sur lesquels il y avait 9 Canadiens. Celles des Anglais, essuy?es principalement dans la d?route des troupes du corps du colonel Williams qui y fut tu? avec 7 autres officiers, atteignirent un chiffre plus ?lev? . Le colonel Titcombe fut tu?, le colonel Johnson ainsi que le major Nichols furent bless?s dans les retranchemens. De l'aveu m?me des vainqueurs, qui ?taient au nombre de 2,200 hommes, ce furent les ouvrages qui les prot?geaient et leur artillerie qui leur assur?rent la victoire, les assaillans n'ayant point de canon.
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