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Read Ebook: Histoire de la vie et de l'administration de Colbert by Cl Ment Pierre

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Ebook has 1449 lines and 233968 words, and 29 pages

HISTOIRE

DE LA VIE ET DE L'ADMINISTRATION

DE COLBERT

CONTR?LEUR G?N?RAL DES FINANCES,

MINISTRE SECR?TAIRE D'?TAT DE LA MARINE, DES MANUFACTURES ET DE COMMERCE,

SURINTENDANT DES B?TIMENTS;

PR?C?D?E D'UNE ?TUDE HISTORIQUE

SUR NICOLAS FOUQUET,

Surintendant des Finances;

SUIVIE DE PI?CES JUSTIFICATIVES, LETTRES ET DOCUMENTS IN?DITS;

PAR

PIERRE CL?MENT.

PARIS,

GUILLAUMIN, LIBRAIRE,

?diteur du Journal des ?conomistes, de la Collection des principaux ?conomistes, du Dictionnaire du commerce et des marchandises, etc.

RUE RICHELIEU, 14.

Corbeil, Impr. de CR?T?.

AVERTISSEMENT.

J'avais entrepris une s?rie d'?tudes historiques sur l'administration des surintendants, contr?leurs g?n?raux et ministres des finances c?l?bres. Arriv? ? l'administration de Colbert, je me suis aper?u que ce sujet, infiniment plus vaste que je n'avais cru ? un premier examen, m'entra?nerait bien au del? des limites que je m'?tais d'abord impos?es, et, au lieu de quelques articles, j'ai fait un livre. C'est celui que j'offre au public.

Il existe de nombreux et excellents travaux sur Colbert. Forbonnais, de Montyon, Lemontey, et plus r?cemment, MM. Villenave, Bailly, Blanqui, de Villeneuve-Bargemont, d'Audiffret, de Serviez, semblaient avoir ?puis? ce sujet. Cependant, en remontant aux documents originaux et contemporains, soit manuscrits, soit imprim?s, j'ai reconnu qu'il y avait l? une mine des plus riches ? peine entam?e, et j'ai essay?, gr?ce ? eux, de sortir du vague et des g?n?ralit?s ? l'?gard d'un certain nombre de questions importantes que la connaissance de ces documents pouvait seule permettre d'approfondir.

Dans le nombre des manuscrits originaux de Colbert que poss?de la Biblioth?que royale, il en est quelques-uns qui ont surtout une grande valeur.

Je citerai d'abord un volume de lettres de Colbert ? Mazarin avec les r?ponses de ce dernier en marge. Ces lettres sont in?dites et j'y ai fait de nombreux emprunts.

Deux de ces volumes renferment la correspondance de 1670, les deux suivants, celle de 1671, le cinqui?me celle de 1672.

La collection des registres sp?ciaux concernant le commerce s'arr?te l?.

Il manque donc, pour appr?cier dans son ensemble l'administration de Colbert, en ce qui regarde la direction des affaires commerciales, les volumes renfermant sa correspondance sur ces affaires, de 1661 ? 1669, et de 1675 ? 1683.

Son administration comprend vingt-deux ann?es, et l'on ne poss?de en entier sa propre correspondance touchant les affaires du commerce que pendant quatre ann?es seulement.

Cependant, pour ceux qui connaissent le soin excessif avec lequel Colbert conservait les documents relatifs ? son administration et l'attention qu'il avait de viser lui-m?me en marge la copie de toutes ses lettres, il est ?vident que les registres qui manquent ont exist?. Mais toutes mes recherches pour les retrouver ont ?t? infructueuses, et j'ai d? me borner ? faire des voeux pour que cette lacune si regrettable soit combl?e un jour par de plus heureux que moi.

La France entrera bient?t, je l'esp?re, avec mesure, mais aussi avec fermet?, dans la p?riode d?croissante du syst?me protecteur. Un des hommes qui ont ?t? charg?s, au commencement de ce si?cle, de lui communiquer une nouvelle impulsion, et qui, plus tard, s'est rendu compte de ses effets avec la double autorit? que donnent l'intelligence et la pratique des affaires, M. le comte Chaptal, ancien ministre de l'int?rieur sous l'Empire, a fait, ? ce sujet, en 1819, quelques observations tr?s-judicieuses qu'il ne sera pas inutile de rappeler ici.

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NICOLAS FOUQUET,

SURINTENDANT DES FINANCES.

NICOLAS FOUQUET,

SURINTENDANT DES FINANCES.

Pour voir en ces beaux lieux le plus grand roi du monde, Mortels, je viens ? vous de ma grotte profonde.... Jeune, victorieux, sage, vaillant, auguste, Aussi doux que s?v?re, aussi puissant que juste.... Vous le verrez demain, d'une force nouvelle, Sous le fardeau p?nible o? votre voix l'appelle, Faire ob?ir les lois....

Nicolas Fouquet ?tait n? ? Paris en 1615. Son p?re, Fran?ois Fouquet, n?gociant renomm?, riche armateur de la Bretagne, avait fait longtemps le commerce avec les colonies. Ses connaissances sp?ciales le mirent en relation avec le cardinal de Richelieu, qui le fit entrer dans le conseil de marine et du commerce. Il fut le seul juge du mar?chal de Marillac qui n'opina point ? la mort, et, contre toute attente, le cardinal de Richelieu lui sut gr?, dit-on, de sa probit? et de son courage. Quand Fouquet eut vingt ans, son p?re lui acheta une charge de ma?tre des requ?tes au Parlement. Puis, quinze ans apr?s, celle de procureur g?n?ral ?tant devenue vacante, l'abb? Fouquet, fort avant dans les bonnes gr?ces du cardinal Mazarin, obtint de lui que son fr?re en f?t investi. Dans le Parlement, Fouquet rendit de bons services au cardinal. On raconte, en outre, qu'il ?tait fort exact ? poursuivre tous ceux qui ?crivaient contre ce ministre, et qu'il fut charg?, pendant quelques ann?es, de la police de Paris. Au mois de f?vrier 1653, le duc de la Vieuville, surintendant des finances, ?tant mort, sa charge fut partag?e entre Fouquet et Servien. Ce dernier mourut au mois de f?vrier 1659. Le pr?ambule de l'ordonnance du roi, en date du 21 f?vrier 1659, qui conf?ra ? Fouquet la pleine et enti?re possession de la surintendance, m?rite d'?tre reproduit:

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Il n'?tait pas possible, on le voit, de recevoir des lettres d'investiture plus flatteuses et plus brillantes. Au surplus, bien avant la mort de son coll?gue, Fouquet ?tait d?j? charg? des fonctions les plus importantes de la surintendance, c'est-?-dire du recouvrement des fonds. Servien n'avait dans ses attributions que la d?pense. Or, le recouvrement des fonds pr?sentait souvent, ? cette ?poque, des difficult?s inou?es; car, les revenus de l'?tat ?tant d'ordinaire d?pens?s deux ou trois ans ? l'avance, il s'agissait de d?cider les financiers, traitants et partisans, ? pr?ter des sommes consid?rables sans garantie bien certaine et sous la menace incessante d'une banqueroute. Il y en avait eu une tr?s-f?cheuse en 1648, le cardinal Mazarin ayant fait donner aux cr?anciers de l'?tat des billets payables sur des fonds depuis longtemps ?puis?s, ce qui ?tait une v?ritable d?rision et le plus s?r moyen de rendre les financiers encore plus exigeants, lorsqu'on aurait de nouveau besoin d'eux. Par malheur, gr?ce aux d?penses de la guerre, ? l'insatiable avidit? de Mazarin, ? l'imp?ritie et ? la cupidit? des surintendants ou de leurs commis, enfin ? la disproportion constante entre les recettes et les d?penses, les financiers, auxquels de temps en temps on faisait rendre gorge, que l'on emprisonnait, que l'on pendait parfois, ?taient les hommes les plus n?cessaires, les plus recherch?s du pays. Ils avaient en quelque sorte entre leurs mains les r?sultats de la guerre, le triomphe ou la d?faite; ils le savaient, en abusaient, et, on ne saurait trop le redire, les abus engendrant les abus, tous ceux qui avaient affaire aux financiers, s'inspirant le mieux possible de leurs exemples, dilapidaient, gaspillaient, s'enrichissaient comme eux, ? qui mieux mieux.

En 1653, ?poque ? laquelle Fouquet fut appel? ? la surintendance des finances conjointement avec Servien, sa fortune personnelle s'?levait, d'apr?s sa propre estimation, ? 1,600,000 livres, y compris la valeur de sa charge de procureur g?n?ral, sur laquelle il devait encore plus de 400,000 liv. De 1653 ? 1661, son emploi de surintendant lui rapporta, d'apr?s son aveu, 3,150,003 liv., ? peu pr?s 400,000 liv. par an. En outre, il fut reconnu, au moment de sa disgr?ce, qu'il avait emprunt? environ 12 millions, et il disait lui-m?me ? ce sujet: <> D'un autre c?t?, il r?sulta du d?pouillement de ses comptes que Vaux seulement lui avait co?t? plus de 9 millions en achats de terrain, constructions, meubles et embellissements. Il avait aussi fait des d?penses consid?rables ? sa maison de plaisance de Saint-Mand?, ? sa maison de ville, situ?e ? l'extr?mit? de la rue des Petits-Champs, et aux fortifications de Belle-Isle-sur-Mer, dont il avait achet? le gouvernement de la duchesse de Retz; de plus, il poss?dait un grand nombre de terres d'une moindre valeur. Les d?penses de sa maison, exag?r?es sans aucun doute, ?taient estim?es ? 4 millions par an. Enfin, ses ennemis allaient partout r?p?tant qu'il avait des ?missaires, des ambassadeurs particuliers dans les principales villes de l'Europe, et qu'il payait de sa propre cassette plusieurs millions de pension ? ses amis de la cour et des provinces, et aux personnages les plus puissants du royaume, pour s'en faire des cr?atures d?vou?es dans l'occasion. Que ces accusations fussent envenim?es, grossies par la malveillance et la calomnie, on n'en saurait douter. Mais, m?me ? voir les choses sans passion, il ?tait ?vident que Fouquet d?pensait des sommes exorbitantes, sans proportion avec la fortune d'un particulier, et que, ni le revenu de ses charges, ni son bien, ni celui de sa femme, n'y pouvaient suffire. D'o? venaient-elles donc?

C'est ici le lieu d'expliquer le curieux m?canisme des op?rations financi?res de cette ?poque, m?canisme plein de complications, machine confuse, surcharg?e de rouages, mais dont la description est indispensable pour l'intelligence du proc?s de Fouquet, et sur lesquels on poss?de, du reste, les renseignements les plus d?taill?s.

Voil? quels ?taient les principes et les r?gles. Il semble, au premier abord, qu'ils devaient pr?venir toute malversation, tant de la part du surintendant que des tr?soriers et des financiers. On va voir combien cet ordre si bien entendu, si rigoureux en apparence, pouvait comporter d'abus.

Pour qu'une ordonnance f?t payable ? l'?pargne, il ne suffisait pas quelle f?t sign?e par le surintendant; il fallait encore, au bas de l'ordonnance, un ordre particulier ?man? de lui, indiquant le fonds sp?cial sur lequel elle devait ?tre pay?e. Le tr?sorier de l'?pargne ne pouvait et ne devait payer qu'autant qu'il avait des valeurs appartenant au fonds sur lequel l'ordonnance ?tait assign?e; mais, comme il n'en avait presque jamais, attendu que les revenus ?taient, ? cette ?poque, toujours d?pens?s deux ou trois ans ? l'avance, il donnait, en ?change de l'ordonnance, un billet de l'?pargne, soit un mandat sur le fermier de l'imp?t sur lequel elle ?tait assign?e. Ajoutons que, pour la facilit? des affaires et des paiements, on subdivisait souvent le montant d'une m?me ordonnance en plusieurs billets de l'?pargne. Il y avait en outre des fonds intacts ou dont les rentr?es ?taient assur?es et prochaines au moment de l'?mission des billets qui les concernaient, tandis que les rentr?es d'autres fonds ?taient ?loign?es ou m?me tr?s-hypoth?tiques. De l? r?sultaient souvent des diff?rences consid?rables dans la valeur des billets de l'?pargne. Les uns ?taient au pair, d'autres, plus ou moins au-dessous du pair; d'autres, absolument sans valeur. Cependant, ils ?manaient tous de la m?me source et portaient tous les m?mes signatures. Mais ce qui para?tra surtout extraordinaire, incroyable, c'est que souvent des billets, compl?tement d?pr?ci?s tant qu'ils ?taient entre les mains de quelque pauvre diable, acqu?raient leur plus haute valeur en passant dans le portefeuille d'un fermier ou d'un courtisan en faveur, et c'est ici que se faisait le plus odieux, le plus abominable trafic.

En effet, Fouquet et P?lisson conviennent qu'on d?livrait souvent, par erreur ou sciemment, des ordonnances trois ou quatre fois sup?rieures au fonds qui devait les acquitter. On faisait alors ce qui s'appelait une r?assignation, c'est-?-dire un nouvel ordre de paiement sur un autre fonds, et quelquefois sur un autre exercice. La m?me op?ration se pratiquait pour tous les billets d'une date d?j? un peu ancienne qui n'avaient pu ?tre pay?s sur les fonds primitivement d?sign?s; car plus un billet ?tait vieux, plus il ?tait difficile d'en obtenir le paiement, et il y en avait qui ?taient ainsi r?assign?s cinq ou six fois, toujours sur de mauvais fonds. Mais, je l'ai d?j? dit, cela n'arrivait qu'aux gens de rien, aux simples rentiers, aux modestes fournisseurs. Les autres, les traitants, les partisans, les fermiers, ceux qui ?taient en ?tat de faire de grandes avances, stipulaient que leurs anciens billets seraient r?assign?s sur de bons fonds, et l'on acceptait m?me au pair dans leurs versements de grandes quantit?s de ces billets qu'ils s'?taient procur?s ? vil prix.

Si l'on pouvait avoir le moindre doute sur les r?sultats d'un pareil d?sordre, il suffirait, pour le dissiper, de lire les m?moires d'un financier du temps, de Gourville, m?moires curieux par leur franchise et par l'esp?ce de na?vet? impudente avec laquelle l'auteur avoue la part qu'il a prise ? tous les trafics que Fouquet tol?rait, encourageait. Ce Gourville, qui avait d'abord appartenu ? M. de La Rochefoucauld, s'?tait m?l? d'une mani?re tr?s-active aux intrigues de la Fronde et ?tait arriv? ? la cour par l'interm?diaire de la maison de Cond?, ? laquelle il avait rendu quelques services. Actif, plein de r?solution, spirituel, adroit ? prendre le vent, il parvint ? s'insinuer aupr?s de Fouquet, et le premier conseil qu'il lui donna fut d'amortir l'opposition du Parlement au moyen de quelques gratifications de 500 ?cus habilement distribu?s aux meneurs. Le conseil fut trouv? excellent, et Gourville se chargea des n?gociations qui r?ussirent ? merveille. Bient?t son cr?dit fit du bruit parmi les gens d'affaires, qui s'adress?rent ? lui toutes les fois qu'ils avaient quelque chose ? proposer au surintendant. <> Quant aux billets de 1648 dont il a ?t? question plus haut, voici comment Gourville en parle. Ce passage de ses m?moires est on ne peut plus significatif:

Ainsi, le surintendant, ses commis et ses amis, les tr?soriers de l'?pargne et les financiers battaient monnaie avec des billets achet?s ? 10 pour 100 de leur valeur primitive; et tout le monde ayant int?r?t ? la fraude, il ne se trouvait personne pour la d?masquer. Cependant, comme il arrive souvent, l'exc?s m?me du d?sordre en amena la fin. Il y avait alors ? la cour, pr?s du cardinal Mazarin, un homme qui observait avec une indignation souvent mal contenue ? quel gaspillage l'administration des finances publiques ?tait livr?e, attendant le moment favorable pour r?former les abus dont il g?missait. Cet homme, autrefois attach? au ministre Le Tellier, qui l'avait plus tard donn? au cardinal Mazarin, dont il ?tait devenu l'homme de confiance, l'intendant, c'?tait Colbert. La surveillance de Colbert ?tait-elle d?sint?ress?e? N'avait-il pas d?j? lui-m?me, ? cette ?poque, l'espoir de remplacer un jour le surintendant? Cela para?t hors de doute; mais ce n'est pas ce qu'il s'agit d'examiner ici. Bien que le cardinal Mazarin n'e?t qu'? se louer habituellement de l'exactitude avec laquelle Fouquet fournissait ? toutes ses d?penses, il ne laissait pas que de pr?ter volontiers l'oreille aux mauvais rapports qu'on lui faisait sur le compte du surintendant. Or, celui-ci le savait; et, toujours inquiet, troubl?, se croyant chaque jour ? la veille d'un caprice du premier ministre, d'une disgr?ce, il cherchait ? s'attacher, en redoublant de largesses, les personnages les plus consid?rables de la cour, pour se faire un parti en cas de besoin. Apr?s Colbert, un des ennemis les plus dangereux du surintendant, c'?tait un de ses fr?res, l'abb? Fouquet, qui l'avait autrefois mis en relation avec Mazarin, mais avec qui il s'?tait brouill? depuis, et qui le desservait avec une vivacit? dont le cardinal paraissait s'amuser beaucoup. Au mois de mars 1659, Mazarin partit pour Saint-Jean-de-Luz, o? le trait? des Pyr?n?es devait ?tre sign?. Colbert resta ? Paris. Peu de temps apr?s, le surintendant se dirigea vers Toulouse, o? il devait trouver le cardinal de retour. Le financier Gourville ?tait avec lui. On a pr?tendu que Fouquet entretenait des ambassadeurs particuliers dans les principales cours. Il avait mis aussi dans ses int?r?ts le surintendant des postes du royaume, M. de Nouveau, un de ses pensionnaires, et celui-ci avait ordre, apparemment, de lui adresser directement la correspondance de Colbert pour le cardinal de Mazarin. Arriv? ? Bordeaux, Fouquet re?ut et communiqua ? Gourville un projet de restauration des finances que Colbert soumettait au cardinal. D'apr?s ce projet, on aurait ?tabli une chambre de justice compos?e d'un certain nombre de membres de tous les parlements du royaume, avec M. Talon pour procureur g?n?ral. C'?tait la perte de Fouquet, dont M. Talon ?tait l'ennemi d?clar?, Gourville dit qu'apr?s avoir lu ce projet, dont la lecture avait fort abattu Fouquet, ils se mirent ? le copier tous les deux tr?s ? la h?te, afin de le rendre sans retard ? l'?missaire qui l'avait apport?.

La circonstance ?tait critique. Le financier vint en aide au surintendant, et le tira de ce danger avec une habilet? consomm?e. Il alla trouver le cardinal et lui dit qu'il courait ? Paris des bruits sur une cabale organis?e contre Fouquet, cabale tr?s-f?cheuse, en ce qu'il ne serait plus possible ? celui-ci, son cr?dit ?tant ruin? par tous ces m?chants propos, de trouver l'argent dont le roi avait besoin. Gourville ajouta qu'au surplus il n'?tait pas ?tonnant de voir la calomnie s'acharner contre le surintendant, bien des gens se croyant aptes ? g?rer sa charge, et ne n?gligeant rien pour r?ussir ? s'en emparer. Ces raisons, adroitement d?velopp?es par un homme qui ?tait cens? n'avoir aucune connaissance du projet de Colbert, frapp?rent le cardinal, qui pour rien au monde n'aurait voulu s'exposer ? trouver les coffres de l'?pargne vides au moment o? il ?tait sur le point d'atteindre le but de ses efforts diplomatiques, et non-seulement Fouquet ne fut pas disgraci?, mais Colbert re?ut du cardinal l'ordre de continuer ? le voir.

Les extraits suivants de la lettre de Mazarin montrent bien, au surplus, l'effet qu'avait produit sur son esprit la lecture du projet de Colbert.

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