Read Ebook: Le Téléphone le Microphone et le Phonographe by Du Moncel Th Comte Bonnafoux B Illustrator
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Au-dessus de ce syst?me, se trouve l'appareil magn?to-?lectrique de la sonnerie d'appel, qui n'a d'ailleurs rien de particulier et qui se rapproche des avertisseurs allemands dont nous parlerons ? la fin de cette notice. Cet appareil est remarquable par la force et la nettet? de ses sons et surtout par l'absence de cette voix de polichinelle si d?sagr?able dans les autres t?l?phones.
Le petit mod?le de M. Phelps a la forme d'une tabati?re oblongue ou en ellipse dont les deux centres sont occup?s par deux syst?mes t?l?phoniques actionn?s par un m?me aimant. Celui-ci est plac? horizontalement au-dessous de la tabati?re, et ses p?les correspondent aux noyaux magn?tiques des bobines. Ces noyaux sont constitu?s par des tubes de fer fendus longitudinalement pour faire dispara?tre les r?actions d'induction insolites, et les diaphragmes de fer sont appuy?s sur cinq ressorts ? boudin qui tendent ? les soulever au-dessus du syst?me magn?tique. Du c?t? oppos?, ces diaphragmes sont munis de bagues en mati?re demi-?lastique, qui emp?chent les vibrations centrales des lames de se compliquer de celles des bords. Sur ces lames est ensuite appliqu? le couvercle qui est creus? de cavit?s tr?s-?vas?es et peu profondes, avec couloirs de communication qui constituent la caisse sonore. L'embouchure correspond ? l'une des cavit?s, et l'autre est ferm?e par un petit bouchon m?tallique que l'on retire pour r?gler l'appareil quand besoin en est. Les vibrations de l'air se trouvant transmises par les couloirs aux deux cavit?s, les deux t?l?phones fonctionnent simultan?ment quoique, ? premi?re vue, un seul des t?l?phones semble ?tre appel? ? produire l'effet.
Suivant M. Pope, la perfection de cet appareil tient ? la simultan?it? des effets produits sur les deux appareils, ? la petite bague semi-?lastique qui circonscrit les contours de chaque lame vibrante et qui joue le r?le du marteau de l'oreille, c'est-?-dire celui d'?touffoir, aux fentes longitudinales du noyau tubulaire magn?tique et ? la petitesse des cavit?s laiss?es au-dessus des lames vibrantes. L'appareil est d'ailleurs en ?bonite et stri? sur sa surface pour lui donner plus de fixit? dans la main.
Avec la disposition de M. Trouv?, les courants induits d?termin?s sont donc plus ?nergiques; mais suivant l'auteur, les sons reproduits seraient aussi plus forts par la multiplicit? des effets vibratoires et par l'amplification des effets magn?tiques r?sultant de la disposition plus avantageuse des pi?ces magn?tiques.
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Avant cette disposition, M. Trouv? en avait imagin? une autre qu'il pr?senta ? l'Acad?mie des sciences, le 26 novembre 1877 et qui est celle ? laquelle nous avons fait allusion au commencement de ce chapitre. Il la d?crit en ces termes:
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L'un d'eux, imagin? par M. Demoget, consiste ? placer en avant et ? un millim?tre de la plaque vibrante du t?l?phone ordinaire de Bell, une ou deux plaques vibrantes semblables, en ayant soin de percer dans la premi?re et au centre, un orifice circulaire d'un diam?tre ?gal ? celui du barreau aimant?, et dans la seconde un orifice d'un diam?tre plus grand.
Suivant l'auteur, on augmente ainsi non-seulement l'intensit? des sons transmis, mais encore leur nettet?.
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N?anmoins nous croyons utile d'indiquer les dispositions nouvelles qui ont ?t? propos?es, et parmi elles nous en citerons une dans laquelle, au lieu d'un aimant droit, on emploie un aimant en fer ? cheval, entre les p?les duquel est plac?e la lame vibrante. Ces p?les sont, ? cet effet, munis de semelles de fer, et l'une d'elles est perc?e d'un trou, qui correspond ? l'embouchure de l'appareil. Les deux branches de l'aimant sont d'ailleurs munies d'h?lices magn?tisantes. Quand on parle ? travers le trou, la lame en vibrant d?termine dans les deux h?lices des courants induits qui seraient de sens contraire si les deux p?les ?taient de m?me nom, mais qui se trouvent ?tre de m?me sens, en raison de la nature contraire des p?les magn?tiques. La lame vibrante joue alors le m?me r?le que les deux lames de l'appareil de M. Trouv?, que nous avons d?crit pr?c?demment.
Afin de permettre d'employer des lames vibrantes d'une ?paisseur extr?mement faible, M. E. Duchemin a imagin? de mettre ? contribution des lames de mica tr?s-minces, saupoudr?es de fer porphyris? qu'il fixe au moyen d'une couche de silicate de potasse. On pourrait, d'apr?s l'auteur, correspondre ? voix basse avec ce syst?me, mais on aurait l'inconv?nient de crever la lame en parlant trop haut.
M. le professeur Jorgensen, de Copenhague, a construit aussi un t?l?phone Bell produisant des sons tr?s-intenses et qui lui a permis de constater des effets tr?s-curieux. Dans cet appareil, l'aimant est constitu? d'une mani?re analogue aux ?lectro-aimants tubulaires de Nickl?s. C'est d'abord un aimant cylindrique muni ? sa partie sup?rieure d'un noyau de fer doux sur lequel est adapt?e la bobine; puis un tube aimant? constitu? par une bague d'acier qui enveloppe le premier syst?me magn?tique et qui est reli? avec celui-ci par une culasse de fer. Enfin, au-dessus des extr?mit?s polaires de ce syst?me, se trouve la lame vibrante qui est dispos?e comme dans les t?l?phones ordinaires, et qui pr?sente une grande surface. Quand cette lame n'avait qu'un millim?tre d'?paisseur, on pouvait entendre la parole dans toute une chambre; mais quand on mettait l'oreille pr?s de la lame vibrante, les sons n'avaient plus aucune nettet?; la parole ?tait confuse et semblait r?percut?e comme quand on parle dans un espace trop sonore et sujet ? produire beaucoup d'?chos; on ?tait en un mot ?tourdi par les sons produits. En prenant une plaque plus ?paisse de 3 ou 4 millim?tres, par exemple, le t?l?phone ne produisait plus que les effets des t?l?phones ordinaires, et il fallait mettre l'oreille contre l'instrument.
M. Marin Maillet, de Lyon, a de son c?t? imagin?, pour augmenter les sons reproduits par le t?l?phone, de les faire r?fl?chir par un certain nombre de r?flecteurs qui, en les concentrant ? leur foyer sur un r?sonnateur pouvaient les amplifier consid?rablement. Cette id?e n'ayant pas ?t? accompagn?e d'exp?riences ne pr?sente ? la v?rit? rien de s?rieux.
EXP?RIENCES RELATIVES AU T?L?PHONE.
Depuis les exp?riences de M. Bell rapport?es dans la premi?re partie de ce travail, bien des essais ont ?t? entrepris par divers savants et divers inventeurs pour ?tudier les effets produits dans ce curieux instrument, en bien pr?ciser la th?orie et en d?duire des perfectionnements pour sa construction. Nous allons passer successivement en revue ces diff?rentes recherches.
Le colonel Navez, dans une note int?ressante sur un syst?me nouveau de t?l?phone pr?sent? ? l'Acad?mie royale de Belgique le 2 f?vrier 1878, ne fait qu'indiquer cette disposition comme moyen de reproduire la parole ? de longues distances; mais il ne cite aucune exp?rience qui montre nettement les avantages de cette combinaison. MM. Pollard et Garnier vingt jours apr?s M. Navez, et sans avoir eu connaissance du travail de ce dernier, m'ont envoy? les r?sultats qu'ils avaient obtenus par un moyen semblable, et ces r?sultats m'ont paru si int?ressants que j'en ai fait l'objet d'une communication ? l'Acad?mie des sciences, le 25 f?vrier 1878. Pour qu'on puisse ?tre bien fix? sur l'importance de ces r?sultats, je vais rapporter textuellement ce qu'en dit M. Pollard dans la lettre qu'il m'a ?crite le 20 f?vrier 1878.
< < Cette propri?t? des courants induits de la bobine de Ruhmkorff a permis ? M. Gaiffe d'obtenir, par leur interm?diaire, un moyen tr?s-facile de r?glage pour les t?l?phones afin de les placer dans leurs conditions de maximum de sensibilit?. Il met pour cela ? contribution un de ses appareils d'induction ? h?lices mobiles et ? intensit?s gradu?es dans le circuit duquel il interpose le t?l?phone ? r?gler. Les sons r?sultant du vibrateur se trouvent alors r?percut?s par le t?l?phone, et s'entendant ? distance de l'instrument, on peut au moyen d'un tournevis, r?agir sur la vis ? laquelle est fix?e l'extr?mit? libre du barreau aimant? de l'appareil. En la serrant ou en la desserrant, on rapproche ou on ?loigne l'autre extr?mit? de ce barreau de la lame vibrante du t?l?phone, et on r?p?te ces essais jusqu'? ce qu'on soit arriv? ? obtenir le maximum de l'intensit? du son. D'un autre c?t?, comme les sons rendus par les deux t?l?phones en correspondance sont d'autant plus intenses que les vibrations produites par eux se rapprochent plus de l'unisson, il est n?cessaire de les choisir de mani?re ? ?mettre les m?mes sons pour une m?me note donn?e, et le moyen indiqu? pr?c?demment peut ?tre tr?s-avantageusement employ?; car il suffit de noter ceux de ces appareils qui, pour un m?me r?glage de la machine d'induction, donnent la m?me note dans les conditions de maximum de sensibilit?. Un bon accouplement des deux t?l?phones en correspondance est non-seulement tr?s-important au point de vue de la nettet? des transmissions, mais il doit ?tre encore consid?r? par rapport ? la hauteur de la voix de ceux qui sont destin?s ? en faire usage. Plus cette hauteur est en rapport avec celle des sons produits par les appareils, mieux les sons sont per?us; c'est pourquoi il est des t?l?phones qui r?sonnent beaucoup mieux avec la voix des enfants et des femmes qu'avec la voix des hommes, tandis que l'inverse a lieu pour d'autres. Les vibrations des t?l?phones sont tr?s-diff?rentes d'un appareil ? l'autre, et les moyens que nous venons d'indiquer permettent facilement de s'en rendre compte. Si on place dans le circuit induit d'une bobine d'induction reli?e ? un t?l?phone, un condensateur de grande surface et que l'on ?loigne assez le contact de plombagine de la lame vibrante pour ne la toucher que momentan?ment ? chaque vibration, on ne re?oit plus naturellement les articulations des sons, mais seulement les notes d'un air que l'on chante devant la plaque du transmetteur; seulement le courant inducteur ayant des interruptions brusques, engendre des courants induits tr?s-intenses, et suivant MM. Pollard et Garnier, on entend dans tout un appartement l'air chant?, mais avec un timbre particulier qui d?pend de la construction du t?l?phone et du condensateur. Les avantages des courants induits dans les transmissions t?l?phoniques se comprennent ais?ment, si l'on r?fl?chit que les variations de r?sistance du circuit qui r?sultent de la plus ou moins grande amplitude des vibrations de la lame transmettrice ?tant des valeurs constantes, ne peuvent manifester distinctement leurs effets que sur des circuits courts; par cons?quent les articulations des sons qui en r?sultent, doivent ne plus ?tre tr?s-appr?ciables sur des circuits tr?s-r?sistants. Toutefois, si on consid?re que d'apr?s les exp?riences de M. Warren de la Rue , les courants produits par les vibrations de la voix dans un t?l?phone ordinaire, repr?sentent en intensit? ceux d'un ?l?ment Daniell traversant 100 megohms de r?sistance , on peut comprendre qu'il y a autre chose ? consid?rer dans les effets avantageux des courants induits que la simple question d'intensit? plus ou moins grande des courants agissant sur le t?l?phone r?cepteur. Avec une pile ?nergique, il est ?vident, en effet, que les courants diff?rentiels qui agiront seront toujours plus intenses que les courants induits d?termin?s par le jeu de l'instrument. Je ne serais pas, quant ? moi, ?loign? de croire que c'est surtout ? leurs inversions successives et ? leur faible dur?e, que les courants induits doivent les avantages qu'ils pr?sentent. Ces courants en effet dont la dur?e ne d?passe gu?re, suivant M. Blaserna, 1/200 de seconde, se pr?tent beaucoup mieux que les courants volta?ques aux vibrations multipli?es qui sont le propre des vibrations phon?tiques, et cela d'autant mieux que les inversions successives qui se produisent, d?chargent la ligne, renversent les effets magn?tiques et contribuent ? rendre les actions plus nettes et plus promptes. On ne doit donc pas s'?tonner si les courants induits de la bobine d'induction, qui peuvent se produire dans des conditions excellentes au poste de transmission, puisque le circuit du courant volta?que est alors tr?s-court, soient capables de fournir des r?sultats non-seulement plus avantageux que les courants volta?ques qui leur donnent naissance, mais m?me que les courants induits r?sultant du jeu des t?l?phones Bell, puisqu'ils sont infiniment plus ?nergiques. Quant aux effets relativement consid?rables produits par les courants si minimes des t?l?phones Bell, ils s'expliquent facilement par cette consid?ration que, prenant naissance sous l'influence m?me des vibrations de la lame t?l?phonique, leurs variations d'intensit? conservent toujours le m?me rapport, quelle que soit la r?sistance du circuit, et ne sont pas, en cons?quence, effac?es par la distance s?parant les deux t?l?phones. L'un des points les plus int?ressants ? ?lucider ?tait celui de savoir si la lame vibrante dont MM. Bell et Gray ont muni leur r?cepteur t?l?phonique, d?termine ? elle seule les vibrations complexes qui reproduisent la parole, ou bien si les diff?rentes parties du syst?me ?lectro-magn?tique de l'appareil concourent toutes ? cet effet. Les exp?riences faites d?s l'ann?e 1837 par M. Page sur les sons produits par les tiges ?lectro-magn?tiques r?sonnantes, et les recherches entreprises en 1846 par MM. de la Rive, Wertheim, Matteucci, etc. sur ce ph?nom?ne curieux, permettaient certainement de poser la question, et nous verrons ? l'instant qu'elle est beaucoup plus complexe qu'on ne pourrait le croire ? premi?re vue. Pour avoir un point de d?part fixe, il fallait avant tout reconna?tre si un t?l?phone d?pourvu de lame vibrante peut reproduire la parole. Les exp?riences faites d?s le mois de novembre 1877 par M. Edison avec des t?l?phones munis d'un diaphragme en cuivre, t?l?phones qui avaient pu cependant fournir des sons, pouvaient le faire croire, et ces exp?riences confirm?es par M. Preece et surtout par M. Blyth, donnaient plus de poids ? cette hypoth?se; mais, quand M. Spottiswoode eut assur?, que l'on pouvait supprimer enti?rement la lame vibrante d'un t?l?phone sans emp?cher la transmission de la parole, pourvu que l'extr?mit? polaire de l'aimant f?t plac?e tr?s-pr?s de l'oreille, le doute ne fut plus permis, et c'est alors que je pr?sentai ? l'Acad?mie des sciences ma note sur la th?orie du t?l?phone qui provoqua bient?t de la part de MM. Navez et Luvini une discussion int?ressante dont je parlerai ? l'instant. On voulut d'abord nier l'authenticit? de ces r?sultats, puis on chercha ? expliquer les sons entendus par M. Spottiswoode par une transmission m?canique des vibrations effectu?e de la m?me mani?re que dans les t?l?phones ? ficelle; mais de nombreuses exp?riences entreprises depuis par MM. Warwich, Rossetti, Hughes et beaucoup d'autres ont montr? qu'il n'en ?tait pas ainsi, et qu'un t?l?phone sans diaphragme pouvait transmettre ?lectriquement la parole. M. Navez lui-m?me qui, dans l'origine, avait ni? le fait, convient aujourd'hui qu'un t?l?phone sans diaphragme peut ?mettre des sons, et, m?me dans certaines conditions exceptionnelles de phonation et d'audition t?l?phonique, reproduire la voix humaine; mais il croit toujours que l'on ne peut reconna?tre s'il y a ou non articulation des mots. Cette incertitude dans les r?sultats obtenus par les diff?rents physiciens qui se sont occup?s de cette question prouve, toutefois, que les sons ainsi reproduits ne sont pas tr?s-accentu?s et que, dans des ph?nom?nes physiques appr?ciables seulement ? nos sens, la constatation d'un effet peu accentu? d?pend surtout de la perfection de nos organes. Nous verrons ? l'instant comment cet effet si faible peut se d?velopper dans de grandes proportions par suite de la disposition adopt?e par MM. Bell et Gray. Un second point ?tait encore ? ?claircir. Il s'agissait de savoir si le diaphragme d'un t?l?phone vibre r?ellement, ou du moins si ses vibrations peuvent entra?ner son d?placement, comme cela a lieu dans un trembleur ?lectrique ou un instrument ? anches que l'on fait vibrer par un courant d'air. M. Antoine Br?guet a fait ? cet ?gard des exp?riences int?ressantes qui ont montr? que ce mouvement n'?tait pas admissible, car il a pu faire parler tr?s-distinctement des t?l?phones avec des lames vibrantes de toutes les ?paisseurs, et il a pouss? les exp?riences jusqu'? employer des lames de 15 centim?tres d'?paisseur. La superposition sur ces lames ?paisses de morceaux de bois, de caoutchouc et en g?n?ral de substances quelconques n'emp?chait pas l'effet de se produire. Or on ne peut admettre dans ce cas que les lames puissent ?tre anim?es d'un mouvement de va-et-vient. J'ai d'ailleurs constat? en superposant une couche d'eau ou de mercure sur ces lames et m?me sur des diaphragmes minces, qu'aucun mouvement sensible ne les animait, du moins en n'employant, comme source ?lectrique, que les courants induits d?termin?s par l'action de la parole. Aucunes rides ne se distinguaient ? la surface de la couche liquide, m?me quand pour les apercevoir on employait des appareils ? r?flexion lumineuse. Comment d'ailleurs pourrait-on admettre qu'un courant qui n'est pas plus intense que celui d'un ?l?ment de Daniell ayant travers? dix millions de kilom?tres de fil t?l?graphique, courant qui ne peut fournir de d?viation que sur un galvanom?tre Thomson, et encore en admettant que le courant a ?t? provoqu? en appuyant le doigt sur le diaphragme, ait une ?nergie suffisante pour faire vibrer m?caniquement par attraction une lame de fer aussi tendue que l'est celle d'un t?l?phone!!! Il r?sulte toutefois d'exp?riences photographiques tr?s-pr?cises, que des vibrations sont produites par le diaphragme d'un t?l?phone r?cepteur; elles sont infiniment petites, si l'on veut, mais elles sont, suivant M. Blake, suffisantes pour qu'un index tr?s-l?ger, port? par ce diaphragme, puisse fournir quelques petites inflexions sur une ligne d?crite par lui sur un enregistreur. Toutefois, de ce qu'un petit mouvement de vibration existe sur ce diaphragme, il ne s'ensuit pas qu'il doive ?tre rapport? ? un effet d'attraction, car il peut r?sulter d'une vibration d?termin?e par l'action m?me de la magn?tisation au sein du diaphragme. Voici, du reste, une exp?rience tr?s-int?ressante de M. Hughes, r?p?t?e d'ailleurs dans d'autres conditions par M. Millar, qui prouve bien en faveur de notre opinion. Si l'aimant d'un t?l?phone r?cepteur est constitu? par deux barreaux aimant?s parfaitement ?gaux, s?par?s l'un de l'autre par un isolant magn?tique, et qu'on les place dans la bobine de mani?re ? pr?senter en face du diaphragme tant?t des p?les de m?me nom, tant?t des p?les contraires, on reconna?t que le t?l?phone reproduit mieux la parole dans ce dernier cas que dans le premier. Or, si les effets ?taient attractifs il n'en serait pas ainsi, car les actions sont en discordance quand des p?les de noms contraires sont soumis ? une m?me action ?lectrique, tandis qu'elles sont conspirantes dans un m?me sens quand ces p?les sont de m?me nom. D'un autre c?t?, on reconna?t que si on emploie plusieurs lames de fer superpos?es pour constituer le diaphragme d'un t?l?phone r?cepteur, la transmission des sons est beaucoup plus forte que quand le diaphragme est simple, et pourtant l'attraction, si tant est qu'elle p?t se faire, ne pourrait se produire que sur l'un des diaphragmes. Une exp?rience tr?s-int?ressante de M. A. Br?guet a montr? encore que les diff?rentes parties constituantes d'un t?l?phone, aussi bien le manche, les bornes de cuivre, la coquille que la plaque et le barreau aimant?, peuvent transmettre les sons; et pour arriver ? constater ce r?sultat, M. Br?guet a employ? des t?l?phones ? ficelle dont il attachait le fil en diff?rents points du t?l?phone exp?riment?. Il a pu de cette mani?re non-seulement ?tablir une correspondance entre une personne faisant agir le t?l?phone ?lectrique et une autre ?coutant dans le t?l?phone ? ficelle, mais encore faire parler plusieurs t?l?phones ? ficelle, reli?s en plusieurs points du t?l?phone ?lectrique. S'il faut en croire M. Preece, il para?trait qu'on pourrait transmettre avec un t?l?phone dont on remplacerait l'aimant par un simple noyau de fer doux, et il attribue ce r?sultat au magn?tisme r?manent du fer et ? l'action magn?tique exerc?e sur ce barreau par le magn?tisme terrestre. M. Blake de Boston a constat? aussi le m?me ph?nom?ne, mais il ne l'observait d'une mani?re marqu?e que quand le noyau de fer doux ?tait plac? dans une direction inclin?e par rapport ? la terre. Suivant M. Navez, l'intensit? du son reproduit dans un t?l?phone d?pend, non-seulement de l'amplitude des vibrations, mais aussi de la surface vibrante par suite de l'action qu'elle exerce sur la couche d'air qui doit transmettre les sons. . Quand le corps avec lequel on frappe est en fer, les sons dont il vient d'?tre question sont plus accentu?s qu'avec le morceau de bois, et quand l'aimant est muni de sa lame vibrante appliqu?e sur son p?le actif, on saisit en m?me temps que le bruit du choc une vibration de la plaque. Si le corps percuteur est un aimant, les bruits produits sont semblables ? ceux que l'on obtient avec un percuteur en fer, quand l'effet est produit entre p?les de m?me nom, mais si ce sont des p?les de noms contraires, on entend apr?s chaque coup un second bruit produit par l'arrachement de l'aimant et qui para?t ?tre un coup frapp? beaucoup moins fort. Naturellement ces bruits augmentent si l'aimant est muni de sa lame vibrante. Si on parle sur la plaque vibrante du t?l?phone transmetteur quand elle est appliqu?e sur le p?le de l'aimant, on entend sur le t?l?phone r?cepteur des sons vari?s assez semblables ? ceux produits par les vibrations d'une corde ? violon, et le bruit que fait la plaque quand on la retire du contact de l'aimant est parfaitement entendu au r?cepteur. Quand on parle au r?cepteur, la personne qui a l'oreille appliqu?e sur la plaque vibrante du transmetteur, dispos? comme ci-dessus, entend tr?s-bien, mais ne distingue pas les paroles, ce qui tient sans doute au magn?tisme condens? au point de contact de l'aimant et de la lame vibrante, et qui rend les variations magn?tiques plus lentes et plus difficiles ? s'effectuer. Pour percevoir les coups frapp?s sur l'aimant avec une tige de fer doux, la pr?sence de la bobine n'est pas n?cessaire. En enroulant trois tours seulement du fil conducteur d?nud?, servant de fil de ligne, sur une extr?mit? de l'aimant, on peut percevoir les sons, et ces sons cessent, comme dans les autres exp?riences, quand le circuit est interrompu, ce qui montre bien qu'on ne peut les attribuer ? une transmission m?canique. Mais ce qui est le plus curieux, c'est que si l'aimant est interpos? dans le circuit de mani?re ? en faire partie int?grante, et que les deux extr?mit?s du fil conducteur soient enroul?es autour des bouts de l'aimant, les coups frapp?s sur celui-ci avec le fer doux, sont per?us dans le t?l?phone aussit?t que l'un des p?les de l'aimant est muni de la plaque vibrante. J'ai r?p?t? moi-m?me les exp?riences de M. des Portes en frappant simplement sur la vis qui, dans les t?l?phones ordinaires fixe l'aimant ? l'appareil, et j'ai constat? que, toutes les fois que le circuit ?tait complet, les coups frapp?s avec un couteau d'ivoire ?taient r?p?t?s par le t?l?phone; ils ?taient tr?s-faibles, il est vrai, quand la lame vibrante ?tait enlev?e, mais tr?s-marqu?s avec l'addition de cette lame. Au contraire, toutes les fois que le circuit ?tait interrompu, aucun bruit n'?tait per?u. Ces bruits ?taient du reste plus forts quand les coups ?taient frapp?s sur la vis que quand ils ?taient frapp?s sur le p?le m?me de l'aimant au-dessus de la bobine, ce qui tenait ? ce que, dans le premier cas, le barreau pouvait vibrer librement, tandis que dans le second, les vibrations se trouvaient ?touff?es par suite de la fixation du barreau. Ces exp?riences ne sont pas les seules qui montrent les effets d?termin?s sous l'influence d'?branlements mol?culaires de diverses natures.--Ainsi, M. Thomson de Bristol a reconnu que si on introduit dans le circuit d'un t?l?phone ordinaire, une pi?ce de fer et une tige de laiton plac?e perpendiculairement sur le fer, il suffira de donner un coup sur la tige de laiton pour d?terminer un son ?nergique dans le t?l?phone. D'un autre c?t?, il a montr? aussi que si on entoure les deux extr?mit?s polaires d'un aimant droit de deux bobines d'induction, mises en rapport avec le circuit d'un t?l?phone, et qu'on prom?ne au-dessous de l'aimant, dans l'intervalle s?parant les deux bobines, la flamme d'une lampe ? alcool, on entend un bruit tr?s-marqu? aussit?t que la flamme exerce son action sur le barreau aimant?. Cet effet provient sans doute de l'affaiblissement du magn?tisme du barreau d?termin? par l'effet calorifique alors produit. Enfin j'ai reconnu moi-m?me que des grattements effectu?s sur l'un des fils qui r?unissent deux t?l?phones entre eux, sont per?us dans ces t?l?phones, quel que soit d'ailleurs le point du circuit o? ces grattements sont produits. Les sons ainsi provoqu?s sont, ? la v?rit?, tr?s-faibles, mais ils se distinguent nettement, et acqui?rent une plus grande intensit? quand le grattement est effectu? sur les bornes d'attache des fils des t?l?phones. Tous ces sons, d'ailleurs, ne peuvent pas ?tre la cons?quence d'une transmission m?canique de vibrations, car quand le circuit est interrompu, on ne peut en percevoir aucun. D'apr?s ces exp?riences, on pourrait croire que certains bruits que l'on constate dans les t?l?phones exp?riment?s sur les lignes t?l?graphiques, pourraient bien provenir des frictions des fils sur les supports, frictions qui donnent lieu ? ces sons souvent tr?s-intenses que l'on entend quelquefois sur certaines lignes t?l?graphiques. Quelle est la nature des vibrations transmises dans le t?l?phone r?cepteur? C'est une question encore obscure, et ceux qui s'en sont occup?s sont loin d'?tre d'accord; elle a m?me ?t? l'objet d'une discussion int?ressante en 1846 entre MM. Wertheim et De la Rive, et les d?couvertes nouvelles la rendent encore plus compliqu?e. Suivant M. Wertheim, ces vibrations seraient ? la fois longitudinales et transversales et proviendraient d'attractions ?chang?es entre les spires de l'h?lice magn?tisante et les particules magn?tiques du noyau; suivant M. De la Rive elles seraient, dans le cas qui nous occupe, uniquement longitudinales et r?sulteraient de contractions et dilatations mol?culaires d?termin?es par des arrangements diff?rents pris par les mol?cules magn?tiques, sous l'influence des aimantations et des d?saimantations. C'est cette explication qui nous para?t la plus rationnelle, et une exp?rience faite en 1846 par M. Guillemin semblerait la confirmer. M. Guillemin avait en effet reconnu que si une tige flexible de fer entour?e d'une h?lice magn?tisante est pinc?e dans un ?tau ? l'une de ses extr?mit?s et recourb?e sous l'influence d'un poids adapt? ? l'autre extr?mit?, on peut la faire redresser instantan?ment par le passage d'un courant ? travers l'h?lice magn?tisante. Or ce redressement ne peut, dans ce cas, provenir que de la contraction d?termin?e par les mol?cules magn?tiques qui, sous l'influence de leur aimantation, tendent ? provoquer des attractions intermol?culaires et ? modifier les conditions d'?lasticit? du m?tal. On sait en effet que du fer ainsi aimant? acquiert la duret? de l'acier et qu'il ne peut plus ?tre attaqu? par la lime. Quoi qu'il en soit, il est impossible de ne pas admettre que des sons soient produits dans le noyau magn?tique aussi bien que dans l'armature, sous l'influence d'effets ?lectriques intermittents. Ces sons pourront d'ailleurs ?tre musicaux ou articul?s; car du moment o? le transmetteur aura provoqu? l'action ?lectrique convenable, nous ne voyons pas de raison pour que des vibrations effectu?es transversalement ou longitudinalement transmettent les uns plut?t que les autres. Ces vibrations, du reste, sont, comme on l'a vu, pour ainsi dire microscopiques. Dans une suite de recherches qu'il avait entreprises sur les t?l?phones sans lame vibrante, ce savant avait employ? sans le savoir un t?l?phone dont la bobine n'?tait pas bien fix?e sur le noyau magn?tique, et il remarqua ? son grand ?tonnement que cette bobine oscillait le long du noyau magn?tique, au passage des courants discontinus, et qu'elle produisait des sons. Or ce mouvement ?tait une r?action d?termin?e par les effets magn?tiques produits. Il est certain que l'articulation de la parole exige une certaine puissance de vibration qu'un t?l?phone sans diaphragme ne peut pas facilement fournir, car il faut consid?rer que, dans un appareil ainsi dispos?, les effets magn?tiques sont r?duits dans un rapport consid?rable qui est celui de la force magn?tique d?velopp?e dans le barreau ? cette force multipli?e par elle-m?me, et qu'une action, aussi faible que l'est celle accus?e dans un t?l?phone, devient pour ainsi dire nulle, quand par suite de la suppression de l'armature, elle n'est plus repr?sent?e que par la racine carr?e de la force qui l'a d?termin?e. Il peut donc se faire que des sons ? peine perceptibles dans un t?l?phone sans diaphragme, le deviennent quand, par suite de la pr?sence de ce diaphragme, la cause qui les provoque est multipli?e par elle-m?me et qu'il s'y ajoute encore les vibrations d?termin?es au sein de l'armature elle-m?me sous l'influence des magn?tisations et d?magn?tisations qu'elle subit. Pour montrer que l'action du diaphragme n'est pas aussi indispensable que M. Navez semble le supposer, et que les vibrations de ce diaphragme ne sont pas le r?sultat d'attractions ?lectro-magn?tiques, il suffit de se reporter aux exp?riences de M. Hughes que nous avons expos?es p. 129. Il est certain que si cet effet ?tait en jeu, on entendrait mieux quand les deux barreaux aimant?s pr?senteraient des p?les de m?me nom devant le diaphragme, que quand ils pr?senteraient des p?les de noms contraires, puisque toutes les actions seraient alors conspirantes dans le m?me sens. D'un autre c?t? les plus grands effets que l'on obtient avec des diaphragmes multiples juxtapos?s ?loignent compl?tement cette hypoth?se. N?anmoins, il pourrait se faire que dans les t?l?phones ?lectro-magn?tiques, le diaphragme de fer, en raison des variations faciles de son ?tat magn?tique, p?t contribuer beaucoup ? rendre les sons articul?s plus nets et plus distincts; il pourrait alors r?agir ? la mani?re de la langue; mais nous croyons que c'est surtout ? l'amplitude des vibrations d?termin?es sur le transmetteur, qu'on doit rapporter la plus ou moins grande nettet? des sons articul?s. Ainsi M. Hughes a d?montr? que les charbons de bois m?tallis?s employ?s dans ses parleurs microphoniques ?taient pr?f?rables aux charbons de cornue pour transmettre la parole, pr?cis?ment parce que, ?tant moins conducteurs, les diff?rences de r?sistance qui r?sultent des diff?rences de pression, sont plus accentu?es et permettent par cons?quent de mieux faire saisir les diff?rentes nuances des sons vocaux qui constituent l'articulation de la parole. En r?sum?, la th?orie du t?l?phone et du microphone consid?r?s comme organes reproducteurs de la parole est encore loin d'?tre ?lucid?e compl?tement, et dans des questions aussi neuves, il serait imprudent d'?tre trop affirmatif. La transmission ?lectrique des sons, dans les t?l?phones magn?to-?lectriques, ne laisse pas que de pr?senter quelques complications th?oriques. On a vu en effet qu'on pouvait les obtenir avec des diaphragmes en mati?re non magn?tique et m?me par l'effet de simples vibrations m?caniques d?termin?es par des chocs. Est-ce ? des r?actions d'induction de l'aimant sur la lame vibrante mise en action qu'il faut les attribuer dans le premier cas, et aux mouvements des particules magn?tiques devant les spires de l'h?lice qu'il faut les rapporter dans le second?.... la question est encore bien obscure; n?anmoins on peut concevoir que les modifications de l'action inductrice de l'aimant sur le diaphragme mis en vibration puissent entra?ner des variations de l'intensit? magn?tique, de m?me qu'on peut admettre une action de la m?me nature par suite de l'?loignement, et du rapprochement des particules magn?tiques des spires de l'h?lice; toutefois M. Tr?ve croit, dans ce dernier cas, ? une action particuli?re qu'il a d?j? eu occasion d'?tudier dans d'autres circonstances, et voit dans le courant ainsi produit l'effet d'une transformation du travail m?canique d?termin? au sein des mol?cules magn?tiques. Ce qui complique encore la question, c'est que souvent ces effets sont produits par des transmissions simplement m?caniques.
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