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Read Ebook: La passagère by Chantepleure G Guy

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Ebook has 526 lines and 12837 words, and 11 pages

merci, ne salit que ceux qui la jettent... Phyllis ne s'est pas enfuie de chez Mme Chardon-Pluche, elle en a ?t? chass?e avec de telles paroles, de telles insinuations, -- en attendant l'insulte top claire dont vous avez ?t? le messag?re, -- qu'elle n'e?t plus pu y demeurer une heure de plus sans l?chet?... Sa premi?re pens?e a ?t? d'aller ? vous, mais votre accueil en une r?cente circonstance lui avait nettement indiqu? votre d?sir de ne plus la revoir... Alors, tr?s innocemment, sans supposer qu'un acte, ? ses yeux tout simple, pouvait ?tre mal interpr?t?, mal compris par d'autres, elle est venue au vieil ami de son enfance, ? l'ami fid?le, qui...

Guillaume eut une imperceptible h?sitation, puis il acheva:

-- ...qui, devant ?tre bient?t son mari, lui semblait ?tre, d?s maintenant, son appui, son protecteur naturel..

-- Son mari! r?p?ta Mlle Arguin au comble de la surprise... Vous ?pousez Phyllis Boisjoli?

Le profond et m?le regard de Guillaume croisa le regard per?ant de Mlle Arguin.

-- Phyllis conna?t depuis longtemps l'affection que je lui ai vou?e, fit le jeune homme; elle sait de quelle amiti? Mme Davran?ay, sa ch?re marraine, m'honorait... et elle veut bien me confier sa vie.

Mlle Arguin paraissait saisie, presque d?contenanc?e.

-- Dieu soit lou?! dit-elle enfin. J'aurais mauvaise gr?ce, monsieur, ? ne point vous f?liciter d'une d?cision que j'approuve...

Elle avan?a de quelques pas vers Phyllis.

-- Adieu, Phyllis. J'esp?re que vous serez pour l'homme qui vous prend pauvre et d?nu?e de tout, l'?pouse d?vou?e dont le roi Salomon dit "qu'elle a plus de valeur que les perles".

Phyllis inclina la t?te gravement:

-- Je l'esp?re aussi, dit-elle.

Mlle Arguin sortit, suivie de Guillaume, qui l'accompagnait courtoisement.

Presque aussit?t le jeune homme rentra.

-- Eh bien, ma pauvre enfant, dit-il, il semble que la fatalit? l'ait voulu...

Mais il n'acheva pas. Avec un sanglot de joie, de gratitude passionn?e, la petite Phyl avait couru ? lui, elle lui jetait autour du cou ses bras c?lins:

-- Oh! Kerjean, mon vieux Kerjean, mon fid?le ami, mon fr?re, cria-t-elle. Vous ?tes bon... Je ne suis plus seule, je n'ai plus peur, je suis contente! Merci, merci, merci!

-- Ma pauvre petite fille, c'est, je le dis encore, une grande folie... Puissiez-vous ne jamais le regretter!

-- Nous serons tr?s heureux, affirma-t-elle.

Kerjean pensait;

"Il y a douze heures ? peine, j'?tais satisfait de mon sort, j'avais une vie libre, laborieuse, un logis dont j'aimais le silence et la tranquillit?, des habitudes calmes qui m'?taient pr?cieuses. Je faisais de grands projets glorieux... Et parce qu'une petite fille qui ne m'est rien, que je n'aime certainement pas d'amour... et que j'aime bien plus, en v?rit?, je ne sais pourquoi, que si je l'aimais d'amour; parce qu'une petite fille d?sol?e a imagin? pour elle et pour moi un plan de vie comme si elle e?t invent? un jeu; parce qu'elle m'a parl? de sa gentille mani?re douce et r?sign?e de princesse qui se souvient encore d'avoir fait des heureux rien qu'en souriant; parce que, muette sous l'insulte, elle s'est, de toute sa faiblesse, confi?e, abandonn?e ? moi; parce que, dans sa robe candide, elle semblait vraiment une enfant; parce qu'elle m'est apparue, alors, si fragile, si pure, si d?sarm?e que l'en ai fr?mi; parce qu'un ?lan de tout mon coeur a bouscul? toute ma volont?, toute ma raison, je viens de commettre une grande folie, une incommensurable imprudence, je viens de me pr?cipiter dans une aventure absurde et sans issue!

Cependant, de sa voix douce, avec cet accent d?licat qui semblait changer les paroles en perles comme celles qui, dans le conte de f?es, tombent des l?vres de la belle princesse, la petite Phyl r?p?tait:

-- Nous serons heureux, Bon-g?ant... L'amiti?, c'est la plus belle et la meilleure des choses... Nous nous moquerons bien de l'amour!

JOURNAL DE PHYLLIS

Bruges, 10 d?cembre 191...

Aller ? Bruges, voir Bruges, c'?tait mon souhait ardent! Pourquoi? Je n'ai point ? le confesser ici... Un myst?rieux sortil?ge m'y attirait... Et voici: depuis deux heures, je suis ? Bruges!

Il me semble que je r?ve, il me semble que c'est une ombre qui va me guider ? travers les v?n?rables petites rues, le long des eaux calmes et tristes.

Je suis ? Bruges! N'est-il pas singulier que, dans mon existence tout ? coup d?vast?e par la disparition de ma bien-aim?e marraine, puis par un autre deuil que mon coeur ne quittera plus, de chers d?sirs se trouvent encore satisfaits, d'humbles petites joies fleurissent... Et que je sache encore en ?tre contente!

Kerjean m'a dit: "Vous plairait-il de quitter Paris pour une huitaine? Patain m'offrait quelques jours de cong?, ? l'occasion de mon mariage... Je n'ai pas os? refuser... Nous irons o? vous voudrez..."

J'ai battu des mains et j'ai r?pliqu?:

-- Quel bonheur! Nous irons ? Bruges!

Kerjean a paru contrari?.

-- A Bruges? Ce n'est gu?re la saison. Ne vous semblerait-il pas plus agr?able de l?zarder au soleil de quelque plage bleue, Cap-Martin ou San-Remo?

-- Le soleil m'?nerve et je d?teste le bleu... Bruges est l'unique lieu du monde o? je me soucie d'aller.

Il a dit simplement:

-- Ah!

Et il n'a pas demand? pourquoi. Il n'a vu l? qu'une toquade de la petite princesse... Je suis toujours la petite princesse pour Kerjean...

Avant-hier, quand on nous a mari?s dans la petite chapelle du couvent, j'?tais triste, tr?s triste... Je pensais ? ma ch?re marraine, je pensais ? l'homme que, tant de fois, mes r?ves m'avaient montr? agenouill? ? mes c?t?s sous la b?n?diction du pr?tre... Je pensais ? tout "ce qui aurait pu ?tre..." et ne serait jamais.

Et je me disais: "Puisque j'ai renonc? ? l'amour, puisque mon roman est fini... ? quel ?tre plus s?r, plus fid?le, plus noble euss?-je pu confier ma vie?"

Un moment, comme nous ?tions debout, j'ai lev? les yeux vers Kerjean, si grand pr?s de moi. Il ?tait p?le. Rien de sa pens?e ne transparaissait sur ses traits un peu raidis. Mais je devinais. Il disait ? Dieu: "Mon Dieu, aidez-moi, dans la t?che que j'accepte sinc?rement, bien que je la juge folle...B?nissez ma pr?cieuse petite Phyl, ma petite soeur choisie... Faites qu'elle soit heureuse, quand m?me... Je serai pour cette enfant l'ami fid?le, le fr?re dont elle a besoin; je la conduirai par la main, je la garderai du mal... Je prends la responsabilit? de sa vie."

Et voil?, c'est une petite princesse qui est partie pour Bruxelles.

Nous avons d?n? dans le wagon-restaurant. C'est si follement amusant!

L'h?tel o? nous sommes descendus, ? Bruxelles, donne sur le parc, dans la partie haute de la ville.

J'ai dormi comme une marmotte toute la nuit et presque toute la matin?e. Aussit?t pr?te, j'ai frapp? ? la porte de Kerjean. Il m'a demand? de mes nouvelles.

-- Je vais tr?s bien, je me sens heureuse de vivre... Comme tout est amusant! Ce matin, en m'?veillant, je me suis tout ? coup rappel? que nous sommes mari?s... et je me suis mis ? rire toute seule.... Et vous, Kerjean?

-- Je ris moins facilement que vous....

Puis, apr?s une petite pause, il a ajout?:

-- Vous feriez mieux de ne plus m'appeler par mon nom de famille...

L'id?e m'?gaya.

-- Tiens! c'est vrai!... Kerjean, c'est votre nom de famille!... Comment voulez-vous que vous appelle?

-- Mais, par mon nom de bapt?me... Guillaume.

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