Read Ebook: À terre & en l'air... Mémoires du Géant by Nadar F Lix Babinet M Jacques Commentator
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? TERRE ET EN L'AIR.....
BABINET
M?MOIRES DU G?ANT
par
M?MOIRES DU G?ANT
PARIS.--IMP. POUPART-DANYL ET Cie, RUE DU BAC, 30.
? TERRE & EN L'AIR...
M?MOIRES DU G?ANT
PAR
NADAR
AVEC UNE INTRODUCTION
PAR M. BABINET
DE L'INSTITUT
Rien que la v?rit?!...
PARIS E. DENTU, LIBRAIRE-?DITEUR PALAIS-ROYAL, 17 ET 19, GALERIE D'ORL?ANS
INTRODUCTION
Ils planaient dans les airs, on les prit pour des dieux!
Convaincu par l'exp?rience comme par le raisonnement qu'il est impossible de diriger au travers de l'air un immense volume de m?me l?g?ret? sp?cifique que cet ?l?ment mobile, M. Nadar s'arr?ta ? l'id?e que, pour se mouvoir dans ce milieu, un corps devait ?tre bien plus lourd que l'air, de mani?re ? n'offrir, par son volume, que peu de r?sistance au d?placement et peu de prise au vent contraire. C'est ?minemment le cas de l'oiseau.
Mais la difficult? consiste alors ? trouver un moteur, une machine qui, prenant son point d'appui dans l'air, ait assez de force d'une part pour soutenir l'a?ronaute contre la pesanteur, de l'autre pour le faire avancer et marcher. La nature nous offre dans le vol des oiseaux ce double effet obtenu d'une mani?re admirable. Les oiseaux lourds, tels que le Condor, l'Aigle, le Cygne, le Dindon aborig?ne, pourvus d'ailes d'une dimension moyenne, sont d'excellents voyageurs a?riens, tant pour la hauteur qu'ils atteignent que pour les immenses trajets qu'ils franchissent. Sans parler de la Grue, la Caille aux courtes ailes ?migre chaque automne au travers des mers.
M. Nadar ?tablit que c'est maintenant une id?e tomb?e dans le domaine public, savoir qu'avec un m?canisme connu, l'h?lice, et un moteur suffisamment ?nergique, la vapeur, il est possible ? l'homme de s'?lever, de se soutenir et de progresser, et m?me, jusqu'? un certain point, de s'avancer en sens contraire d'un courant d'air, c'est-?-dire d'un vent mod?r?. D'autres m?canismes et d'autres forces motrices ont ?t? indiqu?s et tout aussi peu exp?riment?s que l'h?lice avec la vapeur d'eau.
Quelle est donc, dans la question du vol de l'homme, la sp?cialit? de M. Nadar, qui r?pudie toute r?clamation d'ant?riorit? pour l'id?e m?canique? La voici:
C'est tout bonnement de mettre en pratique ce qu'il a con?u, avec tout le monde, j'entends avec tous ceux qui r?fl?chissent. On conna?t cette anecdote d'un artiste ?loquent qui expliquait aux Ath?niens tous les avantages et toutes les beaut?s d'un travail pour lequel la ville avait ? choisir un ex?cutant. Apr?s qu'il eut bien p?ror?, son concurrent, moins fort en paroles qu'en actions, se borna ? dire:--Citoyens, ce que mon rival vient de dire, moi je le ferai.--Il fut pr?f?r?.
On a plusieurs fois soutenu cette th?se, qu'il y a plus de m?rite ? r?aliser une id?e utile qu'? l'inventer. Puisque ici l'id?e appartient d?j? au public, je ne vois pas ce qu'on pourra faire valoir contre le m?rite du vol a?rien de M. Nadar, s'il parvient ? le mettre ou ? le faire en pratique. Il a l'h?lice et la vapeur, mais de plus il a la foi, qui est un moteur encore bien plus puissant.
Une soci?t? pour l'encouragement de la Locomotion a?rienne a ?t? form?e on peut dire par l'initiative et gr?ce ? l'impulsion irr?sistible de M. Nadar. ? sa t?te est M. Barral, homme de science et d'action, pour lequel je n'aurai jamais assez d'?loges ni le public assez d'estime. Voyons l'avenir de cette association.
Or donc un m?canicien de grand m?rite me disait s?rieusement:--J'irai de Paris ? Londres en moins de deux heures, au travers de l'atmosph?re.--Vous n'irez qu'? Charenton, tout au plus.
Un autre, qui a fait ses preuves dans l'industrie de la vapeur, offrait, pour quelques dizaines de mille francs, d'enlever une locomotive dans les airs comme un aigle enl?ve dans ses serres un agneau ou un li?vre.
Un troisi?me, tr?s-incr?dule, c?dait ? regret ? la force de l'?vidence.--Eh bien! disait-il, on volera, mais ce ne sera pas pour longtemps.--? la bonne heure; mais, comme on l'a dit de saint Denis, qui porta sa t?te coup?e depuis Paris jusqu'? la ville o? fut plus tard son abbaye, il n'y a que le premier pas qui co?te.
Tout le monde n'a pas la pers?v?rance passionn?e de M. Nadar; mais, afin de rassurer ceux qui pourraient craindre pour la r?alisation du vol humain, je dirai que j'admets des pers?v?rances intermittentes pour les questions qui ne se laissent jamais oublier. Le g?nie des inventeurs revient forc?ment aux grands probl?mes apr?s des tentatives infructueuses, et comme ici le possible est d?montr?, l'accomplissement est certain. C'est une question de temps, mais l'honneur sera au premier r?alisant.
--Que pensez-vous de ces eaux que le reflux emporte? disait un railleur ? un ami qui avait compt? sur la pleine mer. Celui-ci r?pondit froidement:--Je pense que cette mer reviendra.
Je me souviens que nous avions fait avec M. de La Landelle un plan d'essais gradu?s auquel on se soumettra quand on voudra arriver s?rement, sinon brillamment, ? la locomotion a?rienne.
Voici, dans une grande balance , un m?canisme de soul?vement. Quelle est sa force? et quelles dimensions faudrait-il lui donner pour porter un poids sp?cifi? d'avance?
Quelle force motrice faudrait-il employer pour enlever le m?canisme lui-m?me et le poids qu'on voudrait lui faire soutenir en l'air?
Quelle portion de la force motrice faudrait-il prendre pour que l'ensemble de ce qui est enlev? et port? puisse marcher avec une vitesse donn?e?
Enfin pendant combien de temps un r?servoir donn? de force motrice fournirait-il ? la consommation de travail qu'exige la machine volante?
On me dira:--Cette marche pas ? pas serait fastidieuse!--C'est possible, mais elle serait s?re. Voyez dans La Fontaine, la Tortue qui arrive au but avant le Li?vre.
Le lecteur, bien mieux que moi, peut donner carri?re, ? son imagination pour les cons?quences sociales de ce vol des hommes. Les murs seraient insuffisants comme cl?tures; on ne trouverait de s?ret? compl?te que dans des maisons recouvertes d'esp?ces de cages en fer ? barreaux assez serr?s. Mais on explorerait sans p?ril le monde entier, et on irait aux sources du Nil et ? Tombouctou comme on va aujourd'hui au Mont Blanc, qui a maintenant l'honneur d'?tre fran?ais. J'ai vu avec peine qu'on r?vait d?j? des batailles a?riennes; en revanche on a signal? tous les services que rendraient les hommes volants dans les cas de naufrage, d'incendie ou d'inondation. Un orage de foudre et de gr?le menacerait-il la terre, aussit?t des hommes volants porteraient dans les airs des paratonnerres qui feraient taire l'orage comme Charles l'a fait plusieurs fois avec des cerfs-volants ?lectriques.
Il est bien ?tabli que M. Nadar demande aux exhibitions des a?rostats flottants l'argent n?cessaire pour construire de vraies machines volantes avec des mouvements op?r?s suivant la volont? du voyageur a?rien. En supposant m?me que le r?sultat qu'il esp?re ne finisse pas par r?pondre ? son infatigable pers?v?rance, il lui restera dans l'histoire du vol humain le m?rite, j'ose dire la gloire, d'avoir ?t? celui par qui la Providence de Bossuet a dit ? la soci?t?:--Marche!
BABINET, de l'Institut.
QUELQUES LIGNES D'ORAISONS FUN?BRES
EN MANI?RE DE
PR?FACE
Aujourd'hui dimanche 3 avril 1864, vers les quatre heures, nous nous sommes rencontr?s une trentaine dans une mis?rable maison de la rue de Lourcine.
Nous avons ?t? de l?, sous une petite pluie continue, enterrer au nouveau cimeti?re d'Ivry le doyen des a?ronautes fran?ais, Jean-Baptiste Dupuis-Delcourt, n? le 25 mars 1802.
Dupuis-Delcourt avait autrefois occup? de lui le monde litt?raire et le monde scientifique. Mais les quelques succ?s qu'il avait obtenus comme auteur dramatique n'avaient jamais pu le d?tourner de sa passion dominante: l'A?rostation.
Il avait connu J. Montgolfier et aussi le physicien Charles qui imagina le premier de gonfler les ballons au gaz hydrog?ne.
Il avait assist? ? l'exp?rience de ce malheureux Deghen, l'homme volant, pauvre horloger venu expr?s de Vienne en Autriche,--qui manqua si piteusement en s?ance publique ? sa promesse de s'envoler de l'?cole Militaire sur le Trocadero,--fut en cons?quence houspill? et battu,--et qui la veille, ? la r?p?tition, s'?tait parfaitement envol?, m'a-t'on assur?, du Trocadero jusqu'? l'?cole Militaire.
Il avait vu mettre en lambeaux par la populace au Champ-de-Mars le ballon o? le colonel de Lennox avait engag? ses derniers cent mille francs: les morceaux de taffetas de six aunes s'en vendaient deux sous jusque sur la place de la Concorde.
Il avait serr? la main de Jacques Garnerin, de Robertson, du docteur Le Berrier.
Il avait presque relev? le cadavre de l'imprudente Mme Blanchard, tomb?e rue de Provence de son ballon incendi?.
Tout le monde l'aimait, ce savant aimable et bon, jusqu'? l'Acad?mie elle-m?me qui, en cinq occasions, nommait des commissions pour l'examen des communications scientifiques qu'il lui envoyait avec un z?le infatigable.
Dans l'Orangerie du Luxembourg, il avait, avant bien d'autres, fait des d?monstrations publiques de l'h?lice a?rienne, et son auditeur le plus assidu s'appelait Geoffroy Saint-Hilaire.
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