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Read Ebook: Cadio by Sand George

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Ebook has 1906 lines and 60194 words, and 39 pages

LOUISE. Prions avec eux!

SAINT-GUELTAS, bas, la retenant. Louise, accordez-moi aussi le viatique de l'amour...

LOUISE. Non, mais celui de la reconnaissance et de l'admiration!

SAINT-GUELTAS. La mort ne va-t-elle pas m'absoudre de ce pass? qui t'?pouvante? Dis un seul mot...

LOUISE. Sauvez mon p?re!

SAINT-GUELTAS. Je le sauverai ou je mourrai avec lui. Accorderez-vous un baiser ? mon cadavre?

LOUISE. Oui, je le promets.

SAINT-GUELTAS. Et si par miracle nous survivions ? ce d?sastre...

LOUISE. Sauvez mon p?re, et je suis ? vous.

SAINT-GUELTAS, enthousiaste. Alors, en avant! Je vais ? ce combat comme ? une f?te!--?tes-vous pr?ts, les amis?

LES VEND?ENS, qui se sont tous embrass?s ? la ronde, autour de la croix. Oui, notre ma?tre.

SAINT-GUELTAS. Mettez cette jeune fille au milieu de vous, mes braves! C'est une sainte ? qui Dieu conf?re le don des miracles!

LOUISE, ? Saint-Gueltas. Un serment en ?change du mien. Tuez-moi plut?t que de me laisser tomber entre les mains des bleus!

SAINT-GUELTAS. Je le jure!

ROXANE, arrivant avec la Tessonni?re. Par ici, tenez! un de nos petits Vend?ens; il va nous dire o? nous sommes.

LA TESSONNI?RE. Ce n'est pas la peine: voil? le calvaire et notre pauvre cal?che bris?e!

ROXANE. Ah! mon Dieu! voil? une grande heure que nous marchons pour nous retrouver au m?me endroit, et pour nous rapprocher peut-?tre du lieu du combat! ?coutez! il me semble que j'entends... Non, rien! Mais nous sommes ensorcel?s! Petit! petit!

LA KORIGANE. Tiens, c'est la vieille folle!

ROXANE. Deux louis si tu veux nous conduire en lieu s?r, dans quelque maison... Sais-tu si la ville est prise? R?ponds donc! C'est quelque Breton des c?tes; il ne comprend pas.

LA TESSONNI?RE, bas. Non, c'est la Korigane; elle s'habille en homme, ? pr?sent; c'est l'h?ro?ne sanglante, la ma?tresse de Saint-Gueltas!

ROXANE. Fi! la Tessonni?re, vous avez les id?es d'un vieux libertin!

LA TESSONNI?RE. Moi? Ah! par exemple!...

ROXANE. Ma petite Korigane, puisque c'est toi, tu vas nous conduire et nous prot?ger!

LA KORIGANE. Vous? Allez au feu d'enfer avec vos pareilles!

ROXANE. Ah ??! tu ne me reconnais donc pas? moi, ta ma?tresse, qui te g?tais!...

LA KORIGANE, farouche. Je n'ai plus ni ma?tresse ni ma?tre; je ne sers plus personne, et, les dames, je les voudrais voir toutes au fond de l'eau. C'est vous autres qui avez tout g?t?, tout perdu avec vos b?tises, vos peurs, vos bravades, vos embarras, vos voitures et votre argent! Ah! vous voil? bien! <> Il para?t qu'elle ne vaut pas cher, votre vie de fain?antes!

ROXANE. En veux-tu dix? en veux-tu vingt?

LA KORIGANE. Je ne veux rien de vous! et votre argent, je le m?prise. Tout le monde le maudit, allez! C'est avec ?a que vous trouvez partout vos aises quand il n'y a plus rien pour le pauvre monde. S'il y a une voiture ou seulement une charrette, c'est vos amis ou vos amants qui la retiennent pour vous, et nos bless?s, ? nous, cr?vent dans les foss?s comme des chiens. S'il y a un morceau de pain dans une chaumi?re, c'est pour vous ou pour vos filles de chambre. S'il y a un mot de consolation du pr?tre, c'est pour vous autres; un bon regard des chefs, c'est encore pour vous, et, si ? deux doigts de la mort on pense encore ? l'amour, c'est vous autres qui en avez l'honneur!

ROXANE, bas, ? la Tessonni?re. Cette furie est jalouse de moi parce que le marquis me fait la cour! Sauvons-nous, mon cher! Elle est capable de nous ?gorger!

LA TESSONNI?RE. Et on se bat tout pr?s d'ici! ?coutez! oui! Courons, courons!

ROXANE, courant. Eh bien, vous vous arr?tez?

LA TESSONNI?RE. J'?te mes sabots. Tant pis! j'attraperai un rhume!

LA KORIGANE, qui a mont? sur la butte. Ils se battent d?j?? Ils n'ont donc pas pu gagner le Grand-Ch?ne? J'ai peur! Non, il ne peut pas mourir, lui! j'ai cousu, sans qu'il le sache, une relique dans la doublure de sa veste! Mon ma?tre couvert de sang!...

SAINT-GUELTAS, d'une voix ?teinte. Laissez-moi, je peux me battre encore!

LA KORIGANE, aux Vend?ens. Courez, courez! suivez-moi, je connais le pays; je le cacherai... J'aurai sa derni?re parole au moins!... J'aurai sa mort, moi!

RABOISSON. A la ba?onnette! allons, retournez-vous!

MOTUS. Sans te contredire, mon lieutenant, nous devrions entrer dans le bois du Grand-Ch?ne. Ils sont capables de s'y tenir cach?s comme des li?vres et de nous ?chapper.

CADIO. Non, partis, sauv?s avec Saint-Gueltas. J'ai parl? ? un bless? qui les a tous vus passer.

MOTUS. Mon lieutenant, tu es bless??

MOTUS. Un mouchoir? Non, mon lieutenant, je ne connais pas ?a.

CADIO. Voil? le ruban de ma cornemuse avec une poign?e d'herbe m?ch?e; ?a arr?te le sang.

CADIO. Oui, mais j'ai peur tout de m?me. ?a ne passe pas comme ?a!

LE COLONEL, Non, halte! sonnez le ralliement.

CADIO, quand il a fini. Voil? qui est beau! Je voudrais conna?tre cet instrument-l?!

MOTUS. Citoyen la Tignasse, on peut te l'apprendre; mais ?a n'est pas dans un jour qu'on peut en d?tacher comme ?a. Et d'abord, vois-tu, il faut avoir les cheveux en tresses et en queue! Tant que tu auras la t?te couverte en chaume, tu n'apprendras rien qu'? souffler dans la peau de vache.

LE COLONEL, qui a donn? des ordres ? des officiers. C'est entendu, cinq minutes pour faire souffler les chevaux, et nous allons plus loin couper la retraite aux vaincus. Donnons-leur le temps de fuir. Quand il s'en sauverait quelques-uns! Les malheureux ne peuvent plus rien.

LE COLONEL. Votre oncle a d? pouvoir s'?chapper; mais Louise?

HENRI, Dieu! lui, mon oncle! Gr?ce pour lui, mon colonel!

LE COLONEL, aux fantassins. Laissez ce malheureux.

UN FANTASSIN. Colonel, on l'a pris les armes ? la main. Il ne s'est pas rendu.

LE COLONEL. Il est cribl? de blessures. Laissez-le respirer. Voyez, mes enfants, il se meurt! vous n'achevez pas les agonisants?

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