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Read Ebook: Histoire de France 1618-1661 (Volume 14/19) by Michelet Jules

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Ebook has 1020 lines and 87890 words, and 21 pages

Il demande sa retraite, non d?finitive, mais momentan?e; on le rappellera plus tard, s'il est encore vivant et si on a besoin de lui. Il explique tr?s-bien qu'il est en grand danger, et qu'il a besoin de se mettre quelque temps ? couvert. Veut-il se rendre n?cessaire, se constater indispensable, et s'assurer d'autant mieux le pouvoir? Si son but est tel, on doit dire qu'?trange est la m?thode, bien t?m?raire. Il parle avec la franchise d'un homme qui n'a rien ? m?nager. Il ose donner ? son ma?tre, peut-?tre comme dernier service, l'?num?ration des d?fauts dont le roi doit se corriger. Et ce n'est pas l? une de ces satires flatteuses o? l'on montre un petit d?faut, une ombre, un repoussoir habile pour faire valoir les beaut?s du portrait. Non, c'est un jugement ferme et dur, fort ?tudi?, comme d'un La Bruy?re, d'un Saint-Simon qui fouillerait ? fond ce caract?re cent ans apr?s, un jugement des morts, et par un mort. Promptitude et l?g?ret?, soup?ons et jalousie, nulle assiduit?, peu d'application aux grandes choses, aversions irr?fl?chies, oubli des services et ingratitude. Il n'y manque pas un trait.

La reine m?re dut fr?mir d'indignation, et aussi de terreur peut-?tre, sentant que l'homme qui osait une telle chose oserait tout; et que, si ferme du haut de la mort, il comptait peu la mort des autres.

Le J?suite dut tomber ? la renverse, s'ab?mer dans le silence et l'humilit?.

Le roi sentit cela, et le re?ut comme parole testamentaire d'un malade ? un malade, et d'un mourant ? un mourant.

Richelieu, pri?, suppli?, resta au minist?re. Il ?tait difficile qu'il se retir?t en pleine crise. La guerre des huguenots durait en Languedoc, et la guerre d'Italie s'ouvrait.

Richelieu, appel? par le pape, autant que par le duc de Mantoue, avait l? une belle chance qui pouvait le sortir de tous ses embarras. Vainqueur de La Rochelle, s'il sauvait l'Italie, il devait esp?rer que le pape le nommerait en France l?gat ? vie, comme l'avaient ?t? Wolsey et Georges d'Amboise. Vrais rois et plus que rois, puisqu'ils unirent les deux puissances, temporelle et spirituelle.

Les concessions ?normes que le pape avait faites sur les biens eccl?siastiques ? l'Espagne, ? la Bavi?re, ? l'Autriche, qui en usait si mal et qui allait l?cher ses bandes en Italie, les refuserait-il ? celui qui venait le d?fendre de l'invasion des barbares? Ces bandes, men?es par leurs soldats, n'auraient pas plus m?nag? Rome que celles du luth?rien Frondsberg et du conn?table de Bourbon.

Richelieu, tr?s-probablement, en 1626, eut la premi?re id?e. Mais, en 1629, les circonstances chang?es l'amen?rent ? la seconde.

C'est une question d?battue de savoir si Richelieu, qui abandonna cette ordonnance en 1629, l'avait con?ue et provoqu?e en 1627. Je le croirais. Il ne m?nageait gu?re le pape alors. Il n'excepta point le nonce de la d?fense g?n?rale faite aux particuliers de visiter les ambassadeurs. Le nonce en jeta les hauts cris; c'?tait la premi?re fois qu'on d?fendait aux pr?tres de communiquer avec l'homme du pape.

Notez que l'auteur de l'ordonnance, le garde des sceaux, Marillac, et son fr?re, depuis ennemis de Richelieu, ?taient ses cr?atures, et alors ses agents, ? ce point que le fr?re fut charg? de l'affaire qui lui importait le plus, la digue de la Rochelle. On ne peut gu?re admettre que Marillac ait fait ? cette ?poque une si importante ordonnance ? l'insu ou contre le gr? de son protecteur Richelieu.

Cette ordonnance aurait ?t? une grande r?volution. Elle fait pour les cur?s justement ce que fit l'Assembl?e constituante; elle dote le bas clerg? aux d?pens du haut. Elle entreprend de couper court ? l'herbe fatale et st?rile qui germait partout, d'arr?ter l'extension des couvents, la multiplication des moines. On r?forme les monast?res. On d?sarme le clerg? en lui d?fendant de proc?der par censures contre les juges la?ques. On ordonne aux juges d'?glise de proc?der en fran?ais.

Dans un acte du m?me temps, Richelieu, sans oser retirer au clerg? les registres de morts, naissances et mariages, lui adjoint des contr?leurs la?ques, qui, de leur c?t?, publieront les bans ? la porte des ?glises.

Mais, en r?formant le clerg?, il entreprenait aussi de r?former la justice. Opposition des parlements. R?sistance des gallicans au projet le plus gallican.

Richelieu, ? ce moment, ?tait au comble de la gloire. En r?alit?, la victoire lui appartenait ? lui seul. Il avait vaincu non-seulement la Rochelle et les huguenots, mais les ennemis des huguenots, la cour, les parlements, les grands seigneurs, la reine m?re. Tous l'avaient pouss? ? la chose, et tous l'y avaient d?laiss?. Le clerg? m?me, en cette guerre qui ?tait proprement la sienne, donna peu, et recula vite. Les saints, le trop ardent B?rulle, qui, par visions, proph?ties, par raisons et par d?raisons, avaient travaill? dix ans la croisade, l'entrav?rent pr?cis?ment quand elle fut engag?e.

Vers 1629, tous les ordres religieux, moins un , semblaient ralli?s au cardinal ministre. Les Carm?lites elles-m?mes, amen?es ici et dirig?es par B?rulle, ? sa mort, pri?rent Richelieu d'?tre leur protecteur. Il devint en r?alit? celui des B?n?dictins de Cluny, de C?teaux, de Saint-Maur; celui des Pr?montr?s. Il s'occupait tr?s-sp?cialement des Mendiants, des Dominicains et des Carmes, les favorisait fort dans leurs affaires. Plusieurs de ses meilleurs espions, aux crises d?cisives, lui furent fournis par ces deux derniers ordres.

Grande tentation pour un ministre si attaqu?, si menac?, ? qui les fonds manquaient pour organiser la police, que de trouver dans tous ces moines une police officieuse! Partout, leur confessionnal devint pour Richelieu un vrai tr?sor d'informations.

D?s 1625, Joseph fut l'auxiliaire de Richelieu, vivant dans son palais et dans son appartement m?me. En 1631, il fut tout ? fait sous-ministre, ayant quatre capucins pour chefs des quatre divisions de son d?partement.

Richelieu dit que Campanella lui fit donner en 1631 un avis essentiel ? sa s?ret?. Il vint en France en 1635. Il y v?cut trois ans dans son clo?tre des Jacobins de la rue Saint-Honor?, et y fut visit?, consult? de Richelieu, probablement vers 1638, au moment o? le ministre aux abois sembla pr?s de se jeter dans une politique r?volutionnaire.

Mais tout cela est loin encore, et c'est ? tort qu'on montre le cardinal comme d?j? entr? dans ces id?es audacieuses dix ans plus t?t, en 1628.

Vainqueur de la Rochelle ? cette ?poque, tr?s-vivement adopt? des moines , il fut r?ellement et sinc?rement dans une politique catholique. Le chef qu'il e?t voulu ? l'Allemagne, c'?tait le catholique duc de Bavi?re, s'il avait pu l'opposer ? l'Autriche. Il fallut deux ann?es pour qu'il se d?cid?t ? l'alliance du protestant Gustave, qui servit de pr?texte ? Rome pour lui refuser tout. La politique qu'il suivit ces deux ans, malgr? l'?clat de deux pointes brillantes en Italie, n'aboutit pas. Le Bavarois craignait trop de se compromettre. Et la proph?tie de Gustave-Adolphe finit par se v?rifier: <>

LA FRANCE NE PEUT SAUVER MANTOUE

L'?clipse de la France, pendant deux ans qu'elle passa en ma?onnage, ? murer La Rochelle, profita ? nos ennemis. Le Danois et la ligue protestante succomb?rent. Le vieux chef h?ro?que des marches turques, Bethlem Gabor, mourut bient?t. Leurs meilleurs hommes pass?rent, des deux arm?es dissoutes, dans l'arm?e imp?riale. L'Espagne, notre alli?e menteuse qui daignait nous tromper en 1627, n'en prend m?me plus la peine. De concert avec l'Empereur, elle travaille ? force ouverte ? d?poss?der un Fran?ais, le duc de Nevers, tr?s-l?gitime h?ritier de Mantoue et du Montferrat.

Petits pays, mais grandes positions militaires. La seconde , une clef des Alpes. La premi?re, je veux dire Mantoue, la capitale des Gonzague, l'une des plus importantes places fortes de l'Europe, couvrait ? la fois le pape, la Toscane et les V?nitiens. Le d?luge barbare des arm?es mercenaires qui, d'un moment ? l'autre, pouvait inonder l'Italie, devait d'abord heurter Mantoue, renverser cette digue. Ajoutez, ce qu'on ne voit gu?re dans les places fortes, que celle-ci, sous les Gonzague, profitant de toutes les ruines, abritant les arts fugitifs, concentrant les chef-d'oeuvres ainsi que les richesses, ?tait devenue un tr?sor, un mus?e; c'?tait, avec Venise, le dernier nid de l'Italie.

Ainsi Marie de M?dicis donna une arm?e ? l'Espagne pour ?craser la France en Italie.

Richelieu, revenu si fort, fut pri? par le roi de rester au pouvoir; la reine m?re ne souffla mot. Elle attendit qu'il f?t aux prises en Italie pour agir encore par derri?re. Il l'avait bien pr?vu, compris qu'on emp?cherait tout, s'il n'emmenait le roi avec lui. Il l'enleva, pour ainsi dire, le 4 janvier 1629, en plein hiver, l'enleva seul, sans souffrir que personne l'accompagn?t, pas un courtisan, pas un conseiller qui p?t lui travailler l'esprit.

Il remettait beaucoup ? la fortune. La peste ?tait sur toute la route; le froid tr?s-vif. Si ce roi, de sant? si faible, tombait malade, quelle responsabilit?! Ajoutez que l'argent manquait. Il n'avait que deux cent mille francs qu'il envoya de Paris. Est-ce avec cela qu'on nourrit une arm?e? Toute sa richesse ?tait le roi. Il supposait que la pr?sence du roi, son danger personnel ? passer les Alpes en hiver, arracheraient des provinces voisines les secours n?cessaires. Cr?qui en Dauphin?, Guise en Provence, devaient tout pr?parer: Cr?qui aider le passage des monts, Guise amener la flotte. Il y eut entre eux une entente admirable pour ne rien faire, pour ob?ir, non pas au roi, mais ? sa m?re, c'est-?-dire ? l'Espagne. Les intendants n'agirent pas davantage. Le parlement de Dauphin? mit ce qu'il put d'obstacles aux approvisionnements. Point de vivres, point de mulets, point de canons, point de munitions. Chaque soldat n'avait que six coups ? tirer. Et Richelieu pers?v?ra. Il ramassa le peu qu'il put de vivres, et se pr?senta au passage. Il avait devin? d'un sens juste et hardi que le Savoyard prendrait peur et qu'il n'y aurait rien de s?rieux.

Le fourbe croyait nous amuser. Il ?tait pour nous, disait-il, mais il lui fallait du temps pour se d?gager des Espagnols. Ce temps, il l'employait ? ?lever des barricades ? Suse, de fortes barricades, large foss?, gros mur. Derri?re, trois mille hommes, bien arm?s. Une saison encore tr?s-mauvaise; partout la neige . On attaqua gaillardement de face; et, ce qui fit plus d'effet, c'est que les Savoyards virent derri?re eux les pics couverts de montagnards fran?ais.

Cela finit tout, et le roi passa. Il envoya dire poliment au duc, son bon parent, qu'il avait ?t? d?sol? de le battre, qu'il ne demandait que de passer, d'avoir des vivres en payant, de pouvoir ravitailler Casal. Ce qui se fit en effet.

L'affaire surprit l'Europe et fit honneur au roi, qui, de sa personne et en cette saison, avait frapp? ce coup, tandis qu'aucun roi ne sortait de son repos. L'empereur et le roi d'Espagne, par exemple, qui guerroyaient toujours, partout et si cruellement, ne bougeaient de leur prie-dieu.

L'effet moral aurait ?t? tr?s-grand si le roi avait pu rester en Italie. Mais il n'y laissa que cinq mille hommes, et en sortit. Ce furent, au contraire, les imp?riaux qui y entr?rent ? ce moment . Ces bandes barbares tant redout?es, contre lesquelles le pape nous avait appel?s d'avance, ce fut, tout au contraire, notre courte apparition de six semaines qui acc?l?ra leur invasion. Ils saisirent les Grisons, les passages essentiels qui liaient les ?tats autrichiens avec le Milanais des Espagnols.

Le roi ?tait rentr? en France, d?s le 28 avril, pour achever la guerre protestante. On concentra cinquante mille hommes autour de Rohan aux abois, qui n'en avait pas douze mille, et qui tomba ? l'exp?dient mis?rable, criminel, inutile, de conclure avec l'Espagne un trait? d'argent qu'on ne paya point. Les victoires de l'arm?e royale se born?rent au massacre de la garnison de Privas, qui offrait de se rendre, et qu'on ?gorgea. Des bourgeois m?mes, bon nombre furent pendus, tous d?pouill?s, leurs biens confisqu?s. Cet exemple barbare e?t ?t? r?p?t? sur d'autres villes si l'affaire d'Italie, plus brouill?e que jamais, n'e?t donn? h?te de finir la guerre. Elle fut conclue le 24 juin 1629, sous la condition de d?manteler toutes les villes protestantes.

Richelieu, en quittant le Languedoc, recommanda la mod?ration. Mais en m?me temps il ?tablit partout d'ardents convertisseurs qui suivirent bien peu ce conseil, des J?suites surtout, des Capucins. Cette paix victorieuse, ces fondations de missions, le firent ? ce moment l'idole du parti. Les ?v?ques venaient sur toute la route lui faire leur cour, et reconna?tre leur chef et le futur l?gat.

On sent ici, comme partout, que ce lent, lourd, prolixe ?chafaudage de sagesse diplomatique qui caract?rise ses M?moires, comme tant d'autres monuments de ce si?cle bavard, n'a rien de s?rieux. Un hasard immense plane sur les choses.

Il obscurcit, ? force de paroles, des faits tr?s-simples qui sautent aux yeux et dominent tout.

Que faisait la France pendant que les bandes allemandes occupaient Worms, Francfort, la Souabe, puis les environs de Strasbourg, puis m?me un fort dans l'?v?ch? de Metz? La France d?sarmait. Richelieu, en ao?t 1629, licencie trente r?giments, faute d'argent apparemment.

Il s'indigne de la d?marche qu'on fit faire au roi pr?s de l'Empereur, pour obtenir de sa bonne gr?ce l'investiture de Mantoue. Mais cette d?marche n'?tait-elle pas cons?quente, au moment o? l'on d?sarmait?

Je dis les barbares, et non les imp?riaux. Car, avec leur drapeau imp?rial, ces bons alli?s et cousins de l'Espagne s'en all?rent tout droit piller la terre d'Espagne, le Milanais. De l?, m?thodiquement, ils devaient manger les ?tats v?nitiens, le Mantouan, s'assouvir sur Mantoue. Le duc et Venise, notre pauvre unique alli?e, agonisaient de peur, et demandaient au roi du moins une parole, la promesse qu'il les d?fendrait. Le roi ne disait mot.

Quelles forces avait la France? Six r?giments de recrues en Champagne , et neuf de vieux soldats que Richelieu mena aux Alpes.

Waldstein avait 160,000 hommes, les plus aguerris du monde; et cela seulement sous sa main. Mais toutes les bandes camp?es sur le Rhin, m?me en Pologne, m?me en Italie, lui seraient venues ? coup s?r, s'il e?t signal? une grosse proie, comme la France ? ravager, le pillage de Paris.

Aussi, cette fois, le roi resta au nord, et Richelieu, nomm? son lieutenant, alla, conn?table en soutane et g?n?ralissime, frapper encore un petit coup aux Alpes. Il en ?tait comme dans ces ?ducations de prince o?, chaque fois que le prince manquait, on fouettait son camarade. Si l'Espagne ou l'Empereur agissaient mal en Italie, on fouettait le Savoyard qu'on avait sous la main. On se gardait bien d'aller chercher en plaine des batailles de Pavie.

Richelieu improvisa encore l'hiver cette campagne avec une activit?, une vigueur admirables. Il y ?tait int?ress?.

S'il e?t pu cette fois, par quelque moyen indirect, et sans quitter les Alpes, faire r?trograder les barbares, le pape lui e?t sans doute donn? ce titre bienheureux de l?gat ? vie, qui l'e?t fait roi de l'?glise de France, et consolid?, ?ternis? dans les minist?res. Aussi, son premier soin, en d?cembre, avant le d?part, fut de forcer Richer, le c?l?bre doyen de l'Universit?, ? se soumettre au pape et renier sa foi gallicane. Il ?tait fort ?g?. Le p?re Joseph alla, dit-on, pour terroriser le pauvre homme, jusqu'? la com?die de montrer des poignards, de dire qu'il fallait signer ou mourir.

Richelieu emmenait, comme hommes d'ex?cution, des g?n?raux qu'il croyait s?rs, Montmorency, Schomberg. Comme le vieux duc de Savoie, notre parent et ennemi, ?tait toujours la pierre d'achoppement, le cardinal avait imagin? d'abr?ger tout en le prenant au corps, le faisant enlever dans sa villa de Rivoli. L'affaire manqua par la chevalerie de Montmorency, qui devait faire le coup et qui avertit le duc. Alors on fit des si?ges, on prit Pignerol, et, plus tard, Saluces, deux bonnes petites places. Mais on ne put entrer bien loin dans l'Italie.

Ce n'?tait pas ces petits succ?s-l? qui pouvaient sauver Mantoue, et l'honneur de la France. Nos ennemis ?taient aid?s admirablement par la ligue des trois reines, de France et d'Angleterre. Henriette, de plus en plus ma?tresse de Charles Ier, le livrait ? l'Espagne, lui faisait demander la paix aux Espagnols, d?s lors d'autant plus fiers et plus insolents pour la France. Au Louvre, Marie de M?dicis avait repris son fils, et, lorsque Richelieu obtint que le roi viendrait ? l'arm?e, Marie et Anne d'Autriche le suivirent, s'?tablirent ? Lyon pour ralentir et paralyser la guerre.

Richelieu rejette sur Venise la faute du honteux et horrible ?v?nement. Cependant, par deux fois, elle avait ravitaill? la ville assi?g?e. Mais qu'?tait-ce que Venise alors? et comment lui reproche-t-on de n'avoir pu ce que le Roi de France lui-m?me ne pouvait? Il y avait fait passer furtivement trois cents hommes. Voil? un beau secours! Il est ?vident qu'au milieu de la peste et de tant de mis?res les n?tres se serr?rent aux Alpes, et n'all?rent pas voir au visage les vieux soldats, les brigands redoutables, qui tenaient Mantoue ? la gorge. Les V?nitiens y all?rent, furent battus. C'?tait le sort des Italiens. Leurs Spinola, leurs Piccolomini, leurs Montecuculli, firent, en ce si?cle, la gloire des arm?es ?trang?res. Mais, en Italie m?me, ils ne pouvaient plus rien, sur cette terre de d?sorganisation et de d?sespoir.

Il y avait quinze mois que les brigands avaient pris possession de l'Italie, qu'ils mangeaient en long et en large, sans distinction d'amis ou d'ennemis. Ils avaient d?sol? les Alpes des Grisons et la Valteline, cruellement ?corch? au passage le Milanais, les ?tats V?nitiens; et alors ils ?taient ? sucer lentement l'infortun? pays de Mantoue, la campagne de Virgile. Altringer et Gallas, deux chefs de partisans, savants ma?tres en ruines, qui d?j? avaient longuement pill? l'Allemagne, appliquaient leurs arts effroyables aux populations plus d?sarm?es encore de l'Italie. Le paysan endura tout; les pillages, les coups et les hontes, et souvent la mort par dessus, pour une larme ou pour un soupir. Le grand vengeur des guerres, la peste, impartiale, ?tait venue ensuite, fauchant et les uns et les autres, les tyrans, les victimes. Le camp barbare se d?peuplait, et, d'autre part, Mantoue perdit vingt-cinq mille ?mes. Les vivres n'y manquaient plus pour une population tant diminu?e. La peste avait fait l'abondance. Mais, en revanche, il y avait peu, bien peu de soldats pour garder son enceinte immense. Le lac couvrait, il est vrai, la ville, et ses longues chauss?es ?troites o? l'on n'arrive qu'un ? un. Mais, le 17 juillet 1630, les assi?geants, apprenant que notre arm?e, le 6, ?tait enfin en Italie, voyant le roi derri?re et croyant que ce nouveau Fran?ois Ier irait en plaine se joindre aux V?nitiens, sortirent de leur torpeur; ils quitt?rent leur camp, un cimeti?re, pour attaquer l'autre cimeti?re, qui ?tait la ville. La nuit, par une belle lune, ils passent en barques, attaquent sur un point, en surprennent un autre, mal gard?. Le duc de Mantoue capitule, se sauve, lui et sa fille, laisse son peuple.

CHAPITRE IV

LUTTE DE RICHELIEU CONTRE LES DEUX REINES

Juillet-Octobre 1630

Il faut ici avoir piti? de lui, et dire ce qu'il ?tait.

Le malheur ?tait qu'on ne pouvait compter sur rien avec une cr?ature si maladive, qui d?j? trois ou quatre fois avait touch? ? la mort, que l'ennui consumait, que les soucis minaient, que les m?decins ruinaient, exterminaient, par la m?decine du temps, implacablement purgative, acharn?e ? chasser cette humeur noire, qui ?tait sa vie m?me; chass?e, elle e?t emport? tout.

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