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Read Ebook: Les Rois Frères de Napoléon Ier Documents inédits relatifs au premier Empire by Du Casse Albert

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Ebook has 1988 lines and 218508 words, and 40 pages

Les habitants de Cassel, loin de prendre aucune part ? ces d?sordres, ont saisi cette circonstance pour donner des preuves particuli?res de leur d?vouement ? leur souverain; et toutes les classes de citoyens ont sollicit? la faveur de servir Sa Majest?, et d'?tre employ?s ? maintenir la tranquillit? dans la ville, et ? la d?fendre si elle ?tait attaqu?e.

Le soussign?, en adressant, d'apr?s l'ordre du Roi, la pr?sente communication ? Son Excellence M. Reinhard, envoy? extraordinaire et ministre pl?nipotentiaire de France, saisit cette occasion pour lui renouveler les assurances de sa haute consid?ration.

REINHARD ? CADORE.

Cassel, 29 avril 1809.

Ni les nouvelles, Monseigneur, ni les troupes qui ?taient d?j? en nombre suffisant, n'ont ?t? n?cessaires pour dissiper les attroupements du 22 et du 23; mais ce sont nos victoires seules qui d?truiront jusqu'? la pens?e d'une r?volte dans les esprits les plus mal intentionn?s. C'est le feu du ciel qui est tomb? ainsi sur tous les projets d?loyaux et insens?s.

Un r?giment hollandais venant d'Altona, et l'avant-garde de deux mille hommes venant de Mayence avec six canons, sont entr?s hier ? Cassel.

J'ai annonc? ? Votre Excellence l'arrestation de deux anciens serviteurs de l'?lecteur dont les noms avaient ?t? mis, par les meneurs des rebelles, au bas d'une proclamation. Ce sont MM. de Lenness et de Schmeerfeld, homme d'un ?ge d?j? avanc?. Il ne s'est point trouv? de preuves contre eux; mais comme anciennement suspects ils ont ?t? conduits ? Mayence o? ils seront d?tenus en prison. Plusieurs officiers des cuirassiers ont ?t? arr?t?s ou destitu?s. C'est le seul r?giment qui se soit mal conduit, et dans lequel il y ait eu des d?fections. Plusieurs autres arrestations ont eu lieu, celle d'un cur? par exemple qui avait b?ni des drapeaux, celle de la femme d'un officier qui avait envoy? ? son mari par la poste une ?charpe pour le garantir en cas de danger. D'autres ont d?j? ?t? rel?ch?s. Une centaine de paysans a p?ri. Cent cinquante environ ont ?t? entass?s dans les prisons de Cassel. Le comte et la comtesse de Boehlen de la Pom?ranie ci-devant su?doise, l'un chambellan, l'autre dame de la reine, ont re?u l'ordre de quitter Cassel dans les vingt-quatre heures et de rendre leurs d?corations. Ce qu'on sait du motif, c'est que le Roi a reproch? ? M. de Boehlen de s'?tre promen? au parc ? huit heures du soir avec un inconnu, et d'avoir dit en le quittant: Je d?sire que ce plan r?ussisse.

La dame ? l'?charpe de garantie demeurait ? Homberg, petite ville o? il y a un chapitre protestant de dames nobles. L'abbesse ?tait soeur de l'ex-ministre Stein. La soeur d'un ex-ministre de l'?lecteur en ?tait aussi. Cette petite ville ?tait le foyer de l'insurrection. Les chanoinesses ont ?t? arr?t?es et conduites ? Cassel.

M. le comte de Furstenstein m'a adress? par ordre du Roi une note concernant cette insurrection. J'ai l'honneur, Monseigneur, de vous en transmettre ma copie, ainsi que celle de ma r?ponse.

Je n'ai rien ? ajouter pour le moment aux causes qui ont amen? cet ?v?nement, et dont ma correspondance a rendu compte ? Votre Excellence. Mais il faut sans doute vous entretenir des fortes et p?nibles impressions qu'ils ont produites et des cons?quences qui peuvent en r?sulter. Qu'un attentat qui para?t avoir eu pour objet la personne sacr?e du Roi ait profond?ment affect? l'?me g?n?reuse et confiante de ce jeune monarque; que les Fran?ais qui l'entourent apr?s avoir craint pour lui et pour eux-m?mes, indign?s, exalt?s, se fassent un m?rite exclusif de leur fid?lit?; que les d?fiances, les soup?ons s'?tendent au del? des bornes l?gitimes; que beaucoup d'Allemands constern?s ne se croient pas assez prot?g?s par le sentiment de leur innocence; que li?s avec des coupables par des relations de famille ou de soci?t?, ils craignent de para?tre coupables eux-m?mes; qu'il en r?sulte un ?tat d'anxi?t?, voil? ce qui n'est que trop naturel.

Mais quelles sont les maximes qu'adoptera d?sormais le gouvernement? Sera-ce la s?v?rit? ou la cl?mence que la politique conseillera de faire pr?valoir? Des passions subalternes et quelques int?r?ts particuliers ne s'empareront-ils pas de la circonstance pour amener des changements, soit dans les personnes, soit dans le mode de l'administration?

M. Bercagny, dont la place en ce moment acquiert une grande importance, m'a parl? ? ce sujet dans un sens qui me para?t extr?mement sage. Il m'a dit qu'il avait calm? lui-m?me des mouvements trop fougueux de quelques Fran?ais, et qu'il sentait toute l'importance qu'il y avait ? ce qu'il ne s'?tabl?t point de scission ni de distinction entre les sujets ou les serviteurs de Sa Majest? sous le rapport de la nation ? laquelle ils appartiennent.

On ne peut, Monseigneur, arr?ter sa pens?e sans fr?mir sur les malheurs qui seraient tomb?s sur ceux-l? m?me qui, dans leur aveuglement, d?siraient peut-?tre le succ?s de l'insurrection. Aujourd'hui en punissant les perfides d'action et les tra?tres, il sera facile d'?tre g?n?reux envers les coupables d'intention ou d'?garement. J'apprends que l'intention de Sa Majest? est de publier une amnistie g?n?rale pour tous les paysans. Les autres seront mis en jugement, et m?me ? l'?gard de ceux-ci, il para?t que l'intention du Roi est de faire pr?valoir la cl?mence.

Sa Majest? a fait la r?ponse la plus terrible et la plus sublime aux manifestes d'insurrection de l'Autriche, en se servant du courage et du d?vouement de ces m?mes Allemands, qu'on voulait s?duire, pour ?craser les arm?es autrichiennes. Il y aura solidarit? de destin?e, et ce sera une glorieuse r?compense de la fid?lit? des uns, lorsqu'elle obtiendra le pardon ou repentir des autres. J'ose avouer ? Votre Excellence que lorsque j'ai vu le Roi d?j? port? ? pressentir que tel serait le syst?me qu'adopterait son auguste fr?re, je me suis abandonn? moi-m?me ? ces beaux pressentiments.

Sa Majest? m'a fait l'honneur de me parler de son voyage prochain ? Hambourg. Je d?sirerais beaucoup, Monseigneur, de recevoir vos ordres pour savoir si de pr?f?rence je dois suivre le Roi ou rester ? Cassel. Jusqu'? pr?sent rien n'annonce que l'intention de Sa Majest? soit de se faire accompagner par les membres du corps diplomatique, et s'il m'est permis d'opter, je ne quitterai point cette r?sidence. Mais il peut arriver des cas o? des instructions ?ventuelles seraient pour moi d'un grand prix pour diriger ma conduite.

Ainsi, le mois d'avril 1809 avait vu se produire, en Westphalie: la ridicule ?quip?e du capitaine de Katt ? Stendal, et la conspiration plus s?rieuse du colonel de Doernberg. Le 28, commen?a la singuli?re course du major de Schill, et bient?t apr?s l'entreprise d?sesp?r?e du duc de Brunswick-Oels. Les affaires de Schill et du duc de Brunswick sont rapport?es longuement et tr?s exactement dans le quatri?me volume des M?moires du roi J?r?me. Nous n'en ferons pas l'historique, nous nous bornerons ? donner quelques lettres et bulletins qui y ont trait:

BULLETIN.

Cassel, 3 mai 1809.

MM. de Malsbourg et de Coninx, conseillers d'?tat, allant l'un et l'autre dans ses terres, l'un vers Paderborn pour calmer les esprits, furent arr?t?s tous les deux et coururent quelques dangers. Le second fut sauv? par une ancienne femme de chambre de sa femme, qu'il rencontra voyageant en compagnie avec un ?tudiant. Elle lui fit prendre le r?le et le costume de son amant, et ce fut sous son escorte qu'il revint ? Cassel.

BULLETIN.

Un membre du Conseil d'?tat disait derni?rement qu'il fallait chasser tous les Allemands de la Wesphalie.--Un chef du d?partement des relations ext?rieures a propos? gravement au ministre de Saxe de troquer le royaume de Wesphalie.--M. de Wolfradt, ministre de l'int?rieur, ayant obtenu par le canal de M. Bercagny un emploi pour un Allemand qu'il lui avait recommand?, lui exprima sa reconnaissance avec un tel ?lan de sensibilit? qu'il alla jusqu'? lui baiser la main. Je suis d'autant plus touch? de cette faveur, ajoute M. de Wolfradt, que c'est la premi?re que vous ayez accord?e ? un Allemand. M. Bercagny, furieux, lui r?pondit: Monsieur, si tout autre qu'un ministre d'?tat m'avait fait un pareil compliment, je l'aurais jet? hors de la porte.--La commission sp?ciale a condamn? ? mort un mar?chal-des-logis des cuirassiers convaincu d'avoir assist? ? l'enl?vement d'une caisse par les paysans r?volt?s. Elle a condamn? ? la m?me peine un jeune homme de vingt-un ans, officier du m?me r?giment. Il a ?t? ex?cut? avant-hier. Il avait demand? de commander lui-m?me l'exercice pour son ex?cution. On eut le tort de le lui permettre; il mourut avec beaucoup de courage.--La gendarmerie avait ramass? quatre-vingt-treize conscrits qui avaient d?sert? apr?s la publication du premier d?cret pronon?ant la peine de mort contre ce crime; ? cause des circonstances actuelles, ils furent tous condamn?s. Assembl?s sur le lieu de l'ex?cution, on leur d?clara que deux seulement seraient fusill?s, et que le sort en d?ciderait. Cette cl?mence, temp?r?e par une s?v?rit? n?cessaire, a produit un tr?s bon effet. Malheureusement, le sort se montra injuste, l? o? le Roi s'?tait montr? si bon, il tomba au sort les deux plus doux, peut-?tre les plus innocents de la troupe.--M. de Buttlar, gendre de M. de Gilsa, a obtenu sa gr?ce. Il n'a perdu que son emploi, et a ?t? conduit en France. Il sera d?tenu pendant deux ans.--Le Roi fait souvent passer la revue des troupes. Il se prom?ne beaucoup ? cheval et quelquefois ? pied dans le beau parc de Cassel qui a ?t? interdit au public pendant certaines heures de la journ?e et de la soir?e.--On avait fait esp?rer ? un des r?giments de cuirassiers fran?ais qui traversaient la Wesphalie que le Roi le passerait en revue. Le r?giment attendit pendant deux heures ? la pluie ? la porte de Cassel, et la revue n'eut pas lieu. Quelqu'un en parla ? Sa Majest?:--J'?tais, dit le Roi, embarrass? de d?cider ? qui j'accorderais la droite. Si c'?tait aux cuirassiers, j'affligerais ma garde, et elle n'avait encore rien fait pour la m?riter.

Nous allons faire conna?tre de quelles forces disposait le roi J?r?me ? cette ?poque critique:

Du 10e corps dont il avait le commandement et qui ?tait compos?: 1? de trois mille cinq cents hommes en garnison sur l'Oder ou dans la Pom?ranie; de quatre cents hommes ? Stettin; de onze cents hommes ? Stralsund; de deux mille hommes ? Custrin; de la division westphalienne d'Albignac ? la poursuite de Schill; de la division hollandaise Gratien ?galement en marche sur Stralsund, et recevant des ordres tant?t de son souverain, tant?t de J?r?me; de la division westphalienne de la garde , command?e par les g?n?raux du Coudras comte de Bernterode, Bongars pour les gardes du corps, colonel comte de Langenswartz pour les grenadiers ? pied, major Fulgraff pour les chasseurs ? pied, colonel Wolff pour les chevau-l?gers, prince de Philipsthal pour les chasseurs carabiniers, envoy?s ? Halberstadt. Quartier g?n?ral ? Cassel, chef d'?tat-major g?n?ral le g?n?ral Rebwell. La division westphalienne de la ligne avait ses trois r?giments d'infanterie ? Magdebourg, 1er, 5e, 6e; le r?giment de cuirassiers ? Halberstadt. La division Gratien forte de deux brigades, d'un r?giment de cuirassiers et de trois compagnies d'artillerie, ?tait ? Stralsund o? elle d?truisit les bandes de Schill. Enfin ? Cassel et ? Magdebourg se trouvaient encore, sous le colonel Chabert, des d?tachements fran?ais et du r?giment Grand-Duch? de Berg envoy? de Mayence lors des troubles, environ trois mille hommes.

Tout cela composait bien un corps d'environ seize mille combattants, mais la garnison de Magdebourg en immobilisait cinq mille, mais l'empereur redemandait dans toutes ses lettres le renvoi du r?giment Grand-Duch? de Berg, mais la division hollandaise ne devait pas tarder ? recevoir de son roi l'ordre de rentrer en Hollande ? cause du d?barquement des Anglais aux bouches de l'Escaut, en sorte que, par le fait, J?r?me ne pouvait mettre en ligne plus de huit ? neuf mille hommes, en y comprenant deux mille Saxons ? Dresde sous les ordres du colonel Thielmann.

Il y avait bien aussi ? Dessau, sous le nom de Corps d'observation de l'Elbe, deux divisions aux ordres du duc de Valmy, mais ce dernier avait d?fense de disposer d'un homme sans l'ordre formel de l'empereur, ? moins que ce ne f?t pour la d?fense de Mayence.

Vers le milieu de mai 1809, ces deux l?gions, soutenues par quelques troupes autrichiennes, s'?tablirent vers Neustadt, Gabel et R?mburg sur la fronti?re de Boh?me, mena?ant la Saxe. ? cette nouvelle, notre alli?, le roi de Saxe, se retira ? Leipzig, au nord-ouest de ses ?tats, vers la Westphalie, demandant ? J?r?me de marcher ? son secours, affirmant que la Prusse avait d?clar? la guerre, que l'avant-garde de Guillaume marchait sous les ordres de Bl?cher. Napol?on, recevant cette nouvelle de son fr?re J?r?me, r?pondit que les Prussiens n'?taient pour rien dans cette lev?e de boucliers, que le 10e corps suffisait pour tenir t?te ? l'ennemi du c?t? de Dresde, ville qu'il fallait occuper et garder. Il d?fendit au duc de Valmy de d?placer ses divisions.

Sur les ordres de J?r?me, le colonel Thielmann, avec ses deux mille Saxons, se porta de Dresde sur la fronti?re de la Lusace, livra quelques combats au duc de Brunswick dans les montagnes, le chassa de Zittau et de R?mburg. Mais voyant l'ennemi manoeuvrer pour gagner les d?fil?s de Leitmeritz et de Toeplitz et se porter sur Dresde par la route de Dippoldiswalde, il se h?ta de se replier sur la capitale du royaume pour la d?fendre. En effet, un corps autrichien de six mille hommes, command? par le g?n?ral Am-Ende, s'?tait rendu ? Leitmeritz pour appuyer le duc. Le 10 juin, les Autrichiens et les bandes de Brunswick, ayant op?r? leur jonction, march?rent sur Dresde. Le 11, ils y entr?rent. Thielmann, se voyant trop inf?rieur en force pour lutter dans la ville, pr?f?ra tenir la campagne. Il avait pris la r?solution de se replier sur le 10e corps, lorsque dans la nuit du 11 au 12 juin il crut pouvoir essayer de surprendre les bivouacs du duc. Apr?s un combat des plus vifs, la cavalerie autrichienne de Am-Ende for?a les Saxons ? se replier sur Leipzig par Wilsdruf. Thielmann ne fut pas d'abord poursuivi, le g?n?ral autrichien ayant voulu recevoir du gouvernement de la Boh?me l'autorisation de se porter sur Leipzig. Le 19, cette autorisation ?tant arriv?e permit aux deux alli?s de suivre Thielmann qu'ils rencontr?rent pr?s de la ville. La lutte ne fut pas longue, le colonel saxon avait trop peu de monde, il passa l'Elster et se replia par Lutzen sur la Saale. Le 22, il fut joint ? Weissenfels par les troupes du roi J?r?me. Ce dernier, ayant ? Cassel le r?giment grand duc de Berg et sa garde , exp?dia l'ordre ? Albignac et ? Gratien, l'un ? Domitz, l'autre ? Stralsund, de le venir joindre ? marches forc?es ? Sondershausen, en descendant l'un par Magdebourg, l'autre par Brunswick. Lui-m?me avait l'intention de se porter sur Sondershausen avec sa garde, et de l? sur Dresde. Mais les op?rations contre Schill n'ayant pas permis ? ses deux g?n?raux de se mettre en marche pour la Westphalie avant les premiers jours de juin, le Roi modifia ses projets primitifs. Cependant, en apprenant le 15 juin l'entr?e ? Dresde des Autrichiens, il fit partir le 16 ses troupes, et le 18 il se mit lui-m?me en marche apr?s de nouveaux ordres envoy?s ? Albignac et ? Gratien.

L'empereur ne plaisantait pas pour ce qui avait trait aux affaires de la guerre. Il ?crivait ? Eug?ne, le vice-roi d'Italie: <>; ? Joseph, ? Naples: <>. Aussi les n?gligences de J?r?me ? cet ?gard lui ?taient-elles tr?s sensibles. Le 16 juin 1809, il manda au prince de Neufchatel:

Mon cousin, ?crivez au roi de Westphalie, commandant le 10e corps d'arm?e, que je n'ai aucune situation, que je ne re?ois aucun rapport, que j'ignore o? sont mes troupes, que depuis dix-sept jours que l'affaire de Schill s'est pass?e, je n'en ai pas encore re?u de rapport officiel; que si, comme commandant du 10e corps, il ne correspond pas fr?quemment avec vous et ne vous rend pas compte de tout ce qui int?resse ce corps d'arm?e, je me verrai oblig? d'y nommer un autre commandant.

J?r?me crut de sa dignit? de mener avec lui ? l'arm?e, non seulement un grand nombre d'?quipages, de gens de cour, chambellans et autres, mais m?me les ministres pl?nipotentiaires ?trangers accr?dit?s aupr?s de sa personne. Averti de cette circonstance par les lettres de Reinhard, Napol?on, qui aimait ? voir faire la guerre s?rieusement, comme il la faisait lui-m?me, trouva fort mauvaise cette mani?re d'agir de son fr?re.

Cependant le 21 juin, les divisions Albignac et Gratien apr?s des marches rapides se joignirent aux autres troupes de J?r?me qui se trouva ainsi ? la t?te d'une douzaine de mille hommes. Le 22, Albignac rallia les Saxons sur la Saale ? Weissenfels, et les op?rations commenc?rent.

Nous donnerons plus loin quelques lettres de M. Reinhard relatives ? cette campagne de Saxe pendant laquelle il ne quitta pas le quartier g?n?ral du Roi, campagne qui m?contenta fort l'empereur; mais avant, analysons rapidement les ?v?nements militaires.

Le 24 juin, J?r?me, ayant ralli? les troupes du 10e corps et ?tant arriv? de sa personne ? Querfurt, passa la Saale et poussa l'ennemi sur Leipzig qu'il ?vacua le lendemain. Le Roi entra le 26 ? Leipzig, pendant que le g?n?ral d'Albignac continuait ? pousser les Autrichiens sur Dresde. Un petit engagement eut lieu ? Waldheim, et pendant la nuit le duc de Brunswick se s?parant de Kienmayer avec ses bandes fila sur Chemnitz au sud-est pour gagner Bayreuth et la Westphalie, tandis que les landwehr de Kienmayer se ralliaient sur Dresde, et que lui-m?me avec ses troupes r?guli?res prenait la route de Bayreuth. Le 29, tout le 10e corps ?tant concentr? ? Waldheim, J?r?me marcha sur Dresde. Le 30, le colonel Thielmann commanda l'avant-garde du 10e corps, et le g?n?ral d'Albignac p?n?tra ? Dresde o? le Roi fit son entr?e le 1er juillet.

? Dresde, J?r?me apprit que ses ?tats paraissaient peu tranquilles, qu'une exp?dition anglaise semblait menacer les c?tes de la Hollande, et que le duc de Brunswick se dirigeait sur la Westphalie. Ces nouvelles le d?termin?rent ? abandonner Dresde o? l'empereur voulait qu'il se maint?nt. Le 4, il quitta cette ville, faisant engager fortement le roi de Saxe ? rentrer dans sa capitale.

Reinhard ?crivit ? Champagny, de Mersebourg et de Leipzig le 26 juin, et de Dresde le 1er juillet, les deux lettres suivantes:

REINHARD ? CHAMPAGNY.

Mersebourg, 26 juin 1809.

Le Roi est arriv? ? Querfurt avant-hier matin ? onze heures ; hier, ? dix heures du matin, il est arriv? ? Mersebourg.

On a intercept? une lettre o? l'archiduc Charles reproche au duc d'Oels les exc?s commis en Saxe par sa troupe, qui doit, dit-il, ?tre enti?rement soumise aux lois de la discipline autrichienne, aussi longtemps qu'elle aura besoin d'?tre soutenue par les Autrichiens. D?j? le duc d'Oels ?tait subordonn? au g?n?ral autrichien Am-Ende, et c'est ? celui-ci qu'il adressa la d?putation de Dresde qui ?tait venue ? sa rencontre.

Le g?n?ral Gratien a pr?sent? hier au Roi les principaux officiers de sa division; Sa Majest? s'est entretenue pendant longtemps avec eux. Il r?gne une grande activit? au quartier-g?n?ral. Le g?n?ral d'Albignac a ?t? fid?le ? l'ordre de ne rien hazarder. Depuis que les ennemis se retirent, quelques personnes pensent qu'il aurait pu se porter sur leur derri?re: il valait encore mieux ne commettre aucune imprudence.

La ville de Cassel est tranquille. Cependant, le g?n?ral Ebl? a pris occasion d'un mouvement qui a eu lieu ? Carlshaven contre des gendarmes, pour ?crire en deux mots au Roi: que jamais la Westphalie n'a ?t? aussi pr?s d'une insurrection g?n?rale. Une preuve des manoeuvres clandestines qui continuent ? y avoir lieu, c'est qu'on a arr?t? derni?rement une voiture charg?e d'armes et de poudre ? canon au moment de son passage par Homberg. Dans une lettre intercept?e de l'?lecteur de Hesse, il est dit qu'on ne fera rien de bon aussi longtemps que cet ent?t? de roi de Prusse ne se d?clarera point. Il est certain que les mati?res combustibles sont entass?es partout; mais toutes les ?tincelles ne seront point propres ? y mettre le feu.

Leipzig, le 26 au soir.

Le Roi est entr? ? Leipzig ? deux heures du soir, ? cheval et ? la t?te de ses troupes. Il ne reste plus de doute sur la retraite des ennemis et sur la difficult? qu'il y aura ? les atteindre. Sa Majest? partira demain: le corps diplomatique ne le suivra pas imm?diatement.

Ce soir le Roi m'a fait entrer dans son cabinet: il m'a r?p?t? que depuis Sundershausen il n'avait pas eu le temps d'?crire ? S. M. l'Empereur. Comme il a paru attacher quelque int?r?t ? ce que j'?crivisse, j'exp?dierai cette lettre par estafette jusqu'? Stuttgard.

Dresde, ce 1er juillet 1809.

Le Roi partit de Leipzig le 28 ? onze heures du matin: la division hollandaise l'avait pr?c?d? la veille. Sa Majest? passa la nuit ? Grimma. Le lendemain 29, le quartier-g?n?ral devait ?tre transport? ? Waldheim, petite ville situ?e dans un d?fil?. Le Roi ?tait en arri?re, et nos voitures l'avaient cette fois pr?c?d?, lorsqu'? une demi-lieue de Waldheim nous rencontr?mes le g?n?ral d'Albignac qui ordonna aux bagages de rebrousser chemin. Les ennemis ayant fait un mouvement sur leur gauche s'?taient port?s sur Chemnitz. Le quartier-g?n?ral fut ?tabli ? Hartha, village en arri?re de Waldheim. Hier ? deux heures de l'apr?s-midi, le Roi est arriv? ? Nossen d'o? il est parti ce matin ? cinq heures. ? dix heures, Sa Majest? a fait son entr?e ? Dresde ? la t?te de ses gardes et des cuirassiers saxons, au bruit des canons du rempart et des cloches de la ville. Elle s'est log?e au palais de Br?hl.

Les ennemis avaient quitt? Dresde avant-hier. Le g?n?ral Kienmayer, arriv? depuis quelques jours, avait ?tabli un camp. Ce camp a ?t? lev? hier et il n'est pas douteux que d?s demain les ennemis seront rentr?s dans les fronti?res de la Boh?me. Nos hussards leur ont d?j? enlev? quelques chariots. ? la t?te de la colonne qui s'est montr?e ? Chemnitz et qui avant-hier encore poussait des patrouilles d'uhlans jusqu'? Penig, o? est le duc d'OEls. Il a peu de troupes r?gl?es avec lui: sa bande noire qui s'est tr?s mal comport?e partout, et ce qui est ? la solde de l'?lecteur de Hesse, para?t en composer la partie principale. Cependant, la retraite vers la Boh?me de ce corps qui avant-hier encore se trouvait en quelque sorte sur nos derri?res, ne para?t pas bien constat?e. Du reste, il est peu probable qu'il risquera de prolonger son incursion. Quand le duc d'OEls qui n'est point, comme on l'avait dit, enti?rement subordonn? au g?n?ral autrichien, mais qui est consid?r? comme une esp?ce d'alli?, voudrait, en profitant de l'absence du roi, se jeter dans la Westphalie, ce serait probablement parce que ses alli?s voudraient en ?tre quittes; il serait abandonn? par les troupes autrichiennes et il ne lui resterait qu'une bande moins dangereuse que celle de Schill. Ce nouveau lib?rateur de l'Allemagne, ivre de tabac et de bi?re et de quelques vivat de la populace de Leipzig, voulait enr?ler sous ses drapeaux tous les ?tudiants de cette universit?. On lui a ri au nez. Par repr?sailles il a lev? une contribution de 6,000 thalers ? Leipzig et de 5,000 ? Dresde. Les Autrichiens se sont partout conduits avec beaucoup de m?nagements. Leur retraite au reste, et m?me quelques bruits que nous avons trouv?s ici circulant, semblent prouver qu'il s'est d?j? pass? quelque ?v?nement important sur le Danube, et c'est vers ce c?t?-l? que nous ne cessons de tourner nos regards.

Il y a eu le 28 un petit engagement entre les troupes du g?n?ral d'Albignac et celles du duc d'OEls, en avant de Waldheim. Il para?t que c'?tait une affaire de reconnaissance et que le tout s'est r?duit ? quelques bless?s de part et d'autre. Le g?n?ral d'Albignac a repris le commandement de la cavalerie et c'est le colonel Thielmann, qui d?j? avait remplac? le g?n?ral Dyherrn dans le commandement des troupes saxonnes, qui commande aujourd'hui l'avant-garde. Le prince de Hesse a ?t? commandant de la ville de Dresde. Sous les Autrichiens c'?tait le prince de Lobkowiz, commandant les milices de Boh?me.

Je vous ai d?j? parl?, Monseigneur, d'un mouvement qui avait ?clat? ? Carlshaven: il a ?t? dissip? par quelques gendarmes. Celui qui a eu lieu ? Marbourg a ?t? plus s?rieux: quatre ou cinq cents paysans sont entr?s dans la ville, mais ils en ont ?t? promptement chass?s par la garde d?partementale. Cet ?v?nement a donn? lieu ? l'arrestation d'un inconnu qui se nommait Ermerich, qui r?sidait ? Marbourg depuis trois mois, et qu'on dit avoir ?t? colonel en Angleterre. M. Lefebvre m'a envoy? et j'ai l'honneur de vous transmettre la copie d'une lettre qu'on a trouv?e dans ses papiers. C'est un homme de soixante-quatre ans: il nie encore tout.

Ces mouvements, Monseigneur, ont ?t? sans doute la cause d'une certaine inqui?tude que vous aurez pu remarquer dans la derni?re conversation du roi dont j'ai eu l'honneur de rendre compte ? Votre Excellence. Du reste, quelque vastes que puissent ?tre les vues des meneurs, il est certain que les paysans n'ont pu ?tre s?duits que par des causes locales; c'est la contribution personnelle qui a occasionn? le petit d?sordre de Carlshaven; ce sont les droits de consommation qui ont conduit les paysans ? Marbourg et l'on me mande que ce sont eux-m?mes qui ont arr?t? et livr? l'inconnu dont je vous ai parl?. Ce qui doit rassurer enti?rement, c'est que 1,500 hommes de l'arm?e de r?serve se sont rendus ? Marbourg du moment o? une lettre du pr?fet de la Werra avait donn? ? Hanau connaissance de ce mouvement.

Le roi avait exp?di? de Leipzig un de ses officiers d'ordonnance au roi de Saxe pour l'inviter ? revenir dans ses ?tats. Cet officier est revenu avant-hier. Je ne connais point directement le r?sultat de sa mission; mais le ministre de Saxe croit savoir que l'intention de sa Majest? n'est point de revenir aussi promptement que nous l'esp?rions. Le roi lui a encore hier ?crit par un autre officier.

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