Read Ebook: La fille du capitaine by Pushkin Aleksandr Sergeevich Paris A Illustrator Viardot Louis Translator
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Ebook has 730 lines and 39543 words, and 15 pages
Illustrator: A. Paris
Translator: Louis Viardot
ALEXANDRE POUSCHKINE
LA FILLE DU CAPITAINE
ROMAN TRADUIT DU RUSSE PAR LOUIS VIARDOT
QUATRI?ME ?DITION
Ouvrage illustr? de 33 gravures D'apr?s les dessins d'A. PARIS
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
AVERTISSEMENT DES ?DITEURS
La nouvelle que nous publions est consid?r?e en Russie comme le meilleur ouvrage en prose du po?te Pouschkine. Elle peut soutenir la comparaison avec les r?cits les plus attachants de Nicolas Gogol.
Ce po?te, si admir? de ses contemporains, n'?tait pas heureux: d'indignes propos r?pandus ? dessein dans les salons de Saint-P?tersbourg, o? l'on n'aimait pas sa fi?re et libre parole, amen?rent un duel dans lequel il fut bless? mortellement par son propre beau-fr?re. Cette mort fut pleur?e par les Russes comme une calamit? publique.
LE SERGENT AUX GARDES
Je vivais en fils de famille , m'amusant ? faire tourbillonner les pigeons sur les toits et jouant au cheval fondu avec les jeunes gar?ons de la cour. J'arrivai ainsi jusqu'au del? de seize ans. Mais ? cet ?ge ma vie subit un grand changement.
< --Sa dix-septi?me petite ann?e vient de commencer, r?pondit ma m?re. P?troucha est n? la m?me ann?e que notre tante Nastasia Garasimovna a perdu un oeil, et que... --Bien, bien, reprit mon p?re; il est temps de le mettre au service.>> La pens?e d'une s?paration prochaine fit sur ma m?re une telle impression qu'elle laissa tomber sa cuiller dans sa casserole, et des larmes coul?rent de ses yeux. Quant ? moi, il est difficile d'exprimer la joie qui me saisit. L'id?e du service se confondait dans ma t?te avec celle de la libert? et des plaisirs qu'offre la ville de Saint-P?tersbourg. Je me voyais d?j? officier de la garde, ce qui, dans mon opinion, ?tait le comble de la f?licit? humaine. Mon p?re n'aimait ni ? changer ses plans, ni ? en remettre l'ex?cution. Le jour de mon d?part fut ? l'instant fix?. La veille, mon p?re m'annon?a qu'il allait me donner une lettre pour mon chef futur, et me demanda du papier et des plumes. < --Quelle b?tise! s'?cria mon p?re en fron?ant le sourcil; pourquoi veux-tu que j'?crive au prince B...? --Mais tu viens d'annoncer que tu daignes ?crire au chef de P?troucha. --Eh bien! quoi? --Mais le chef de P?troucha est le prince B... Tu sais bien qu'il est inscrit au r?giment S?m?nofski. --Inscrit! qu'est-ce que cela me fait qu'il soit inscrit ou non? P?troucha n'ira pas ? P?tersbourg. Qu'y apprendrait-il? ? d?penser de l'argent et ? faire des folies. Non, qu'il serve ? l'arm?e, qu'il flaire la poudre, qu'il devienne un soldat et non pas un fain?ant de la garde, qu'il use les courroies de son sac. O? est son brevet? donne-le-moi.>> Ma m?re alla prendre mon brevet, qu'elle gardait dans une cassette avec la chemise que j'avais port?e ? mon bapt?me, et le pr?senta ? mon p?re d'une main tremblante. Mon p?re le lut avec attention, le posa devant lui sur la table et commen?a sa lettre. La curiosit? me talonnait. < Nous soup?mes. Zourine ne cessait de me verser ? boire, disant toujours qu'il fallait m'habituer au service. En me levant de table, je me tenais ? peine sur mes jambes. Zourine me conduisit ? ma chambre. Sav?liitch arriva sur ces entrefaites. Il poussa un cri quand il aper?ut les indices irr?cusables de mon z?le pour le service. < --Tais-toi, vieux hibou, lui r?pondis-je en b?gayant; je suis s?r que tu es ivre. Va dormir,... mais, avant, couche-moi.>> Dans ce moment entra un petit gar?on qui m'apportait un billet de la part de Zourine. Je le d?pliai et lus ce qui suit: < < Il n'y avait rien ? faire. Je donnai ? mon visage une expression d'indiff?rence, et, m'adressant ? Sav?liitch, je lui commandai de remettre cent roubles au petit gar?on. < --Je les lui dois, r?pondis-je aussi froidement que possible. --Tu les lui dois? repartit Sav?liitch, dont l'?tonnement redoublait. Quand donc as-tu eu le temps de contracter une pareille dette? C'est impossible. Fais ce que tu veux, seigneur, mais je ne donnerai pas cet argent.>> Je me dis alors que si, dans ce moment d?cisif, je ne for?ais pas ce vieillard obstin? ? m'ob?ir, il me serait difficile dans la suite d'?chapper ? sa tutelle. Lui jetant un regard hautain, je lui dis: < Mes paroles firent une impression si profonde sur Sav?liitch, qu'il frappa des mains, et resta muet, immobile. < --Te tairas-tu? lui dis-je en l'interrompant avec s?v?rit?; donne l'argent ou je te chasse d'ici ? coups de poing.>> Sav?liitch me regarda avec une profonde expression de douleur, et alla chercher mon argent. J'avais piti? du pauvre vieillard; mais je voulais m'?manciper et prouver que je n'?tais pas un enfant. Zourine eut ses cent roubles. Sav?liitch s'empressa de me faire quitter la maudite auberge; il entra en m'annon?ant que les chevaux ?taient attel?s. Je partis de Simbirsk avec une conscience inqui?te et des remords silencieux, sans prendre cong? de mon ma?tre et sans penser que je dusse le revoir jamais. LE GUIDE Mes r?flexions pendant le voyage n'?taient pas tr?s agr?ables. D'apr?s la valeur de l'argent ? cette ?poque, ma perte ?tait de quelque importance. Je ne pouvais m'emp?cher de convenir avec moi-m?me que ma conduite ? l'auberge de Simbirsk avait ?t? des plus sottes, et je me sentais coupable envers Sav?liitch. Tout cela me tourmentait. Le vieillard se tenait assis, dans un silence morne, sur le devant du tra?neau, en d?tournant la t?te et en faisant entendre de loin en loin une toux de mauvaise humeur. J'avais fermement r?solu de faire ma paix avec lui; mais je ne savais par o? commencer. Enfin je lui dis: < --Ah! mon p?re Pi?tr Andr?itch, me r?pondit-il avec un profond soupir, je suis f?ch? contre moi-m?me, c'est moi qui ai tort par tous les bouts. Comment ai-je pu te laisser seul dans l'auberge? Mais que faire? Le diable s'en est m?l?. L'id?e m'est venue d'aller voir la femme du diacre qui est ma comm?re, et voil?, comme dit le proverbe: j'ai quitt? la maison et suis tomb? dans la prison. Quel malheur! quel malheur! Comment repara?tre aux yeux de mes ma?tres? Que diront-ils quand ils sauront que leur enfant est buveur et joueur?>> Pour consoler le pauvre Sav?liitch, je lui donnai ma parole qu'? l'avenir je ne disposerais pas d'un seul kopek sans son consentement. Il se calma peu ? peu, ce qui ne l'emp?cha point cependant de grommeler encore de temps en temps en branlant la t?te: < --Pourquoi cela? --Le temps n'est pas s?r. Il fait d?j? un petit vent. Vois-tu comme il roule la neige du dessus? --Eh bien! qu'est-ce que cela fait? --Et vois-tu ce qu'il y a l?-bas? --Je ne vois rien de plus que la steppe blanche et le ciel serein.
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