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Read Ebook: Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4 - (C suite) by Viollet Le Duc Eug Ne Emmanuel

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Ebook has 179 lines and 118865 words, and 4 pages

Supposons une tour ?lev?e sur quatre murs; en coupe, cette tour pr?sente la fig. 90. Nous avons donn? aux murs, ? la base, une ?paisseur suffisante pour r?sister ? la pression des parties sup?rieures, et, autant pour diminuer cette pression que pour ne pas empiler des mat?riaux inutiles, nous avons successivement r?duit l'?paisseur de ces murs ? mesure que notre construction s'est ?lev?e. Mais alors toute la charge AB s'appuie sur la surface CD, et si le surcro?t de force DEF n'est pas parfaitement reli?, ne fait pas exactement corps avec la charge AB, du bas en haut, le tassement le plus consid?rable devant se faire de A en B, il se d?clarera des d?chirures d'abord en I, puis en H, puis en G; ce surcro?t de force DEF que nous avons ajout? sera plus nuisible qu'utile, et toute la pesanteur venant alors ? charger effectivement sur la surface CD, le parement int?rieur de la muraille s'?crasera. Si notre tour n'est pas fort ?lev?e, il nous sera facile de relier parfaitement, au moyen de longues pierres, les parements ext?rieurs avec les parements int?rieurs, de faire une ma?onnerie homog?ne, et alors ce sera r?ellement la base CE qui portera toute la charge; mais si notre tour est tr?s-haute, si sa masse est colossale, quelques pr?cautions que nous prenions, la construction devant se composer d'une quantit? consid?rable de pierres, jamais nous ne pourrons relier les deux parements assez exactement pour r?sister ? cette diff?rence de pression qui s'exerce ? l'int?rieur et ? l'ext?rieur; notre ma?onnerie se d?doublera, et les effets que nous venons de signaler se produiront. Il faut donc user d'artifice. Il faut faire en sorte que le parement ext?rieur, moins charg?, pr?sente une roideur sup?rieure au parement int?rieur, et qu'au droit des retraites il y ait une liaison tr?s-puissante avec le corps de la b?tisse. En d'autres termes, il faut que le parement ext?rieur ?taye le corps de la ma?onnerie et produise l'effet que rend sensible la fig. 90 bis. Or cela n'est pas ais? lorsque l'on ne poss?de que des pierres ayant toutes ? peu pr?s la m?me dimension. Cependant l'architecte de la fa?ade de la cath?drale de Paris est arriv? ? ce r?sultat par la combinaison tr?s-savante et bien calcul?e de sa construction. Il a commenc? par ?tablir chaque tour, non sur des murs pleins, mais sur des piles , car il est plus ais? de donner de l'homog?n?it? ? la construction d'une pile qu'? celle d'un mur. Ces piles ext?rieures et int?rieures sont b?ties en assises de pierre dure, r?guli?res, bien aras?es, renfermant un blocage excellent et compos? de grosses pierres noy?es dans un bain de mortier. La pile int?rieure est contre-butt?e en tous sens puisqu'elle est int?rieure, et elle supporte un poids vertical; mais les piles donnant ? l'ext?rieur, sur le parvis ou lat?ralement, ont d? ?tre ?tay?es par un puissant empattement. Or toute la construction est bien parement?e en longues pierres ? l'int?rieur et ? l'ext?rieur, et, du soubassement ? la souche des tours, les contre-forts sont construits ainsi que l'indique la fig. 91.

Il est r?sult? de la m?thode employ?e que, bien qu'il y ait eu une pression beaucoup plus forte exerc?e sur le parement int?rieur que sur le parement ext?rieur des contre-forts, et que, par suite de cette pression, on puisse remarquer un tassement sensible ? l'int?rieur, toutes les charges se reportant, par la disposition des blocs de pierre noy?s dans l'?paisseur du blocage et cramponn?s ? diverses hauteurs, sur le parement ext?rieur, et formant, comme l'indique la fig. 91 bis, une superposition d'angles en dents de scie, la charge CD p?se sur la base EF, la charge EG p?se sur la base IK, la charge IL p?se sur toute la base MN, et ainsi de suite jusqu'en bas du contre-fort. Mais puisque, par le fait, la d?pression doit se faire entre les points EG, IL, MO, PR, il en r?sulte que les saillies GF, LK, ON, RS, viennent appuyer tr?s-fortement leurs angles F, K, N, S, sur le parement ext?rieur V; or celui-ci subissant une d?pression moindre que le parement int?rieur, puisqu'il est moins charg?, remplit l'office de l'?tayement que nous avons indiqu? dans la fig. 90 bis.

D?j? nous en avons dit assez sur la construction du moyen ?ge pour faire comprendre en quoi son principe diff?re compl?tement du principe de la construction romaine, comment les proc?d?s qui conviennent ? l'une ne peuvent convenir ? l'autre, comment les deux m?thodes sont la cons?quence de civilisations, d'id?es et de syst?mes oppos?s. Ayant admis le principe de l'?quilibre, des forces agissantes et oppos?es les unes aux autres pour arriver ? la stabilit?, les constructeurs du moyen ?ge devaient, par suite du penchant naturel ? l'homme vers l'abus en toute chose, arriver ? exag?rer, dans l'application successive de ces principes, ce qu'ils pouvaient avoir de bon, de raisonnable et d'ing?nieux. Cependant, nous le r?p?tons, l'abus se fait moins sentir dans les provinces du domaine royal et particuli?rement dans l'?le-de-France que dans les autres contr?es o? le syst?me de la construction gothique avait p?n?tr?.

? Amiens, la th?orie et la pratique ont eu raison des difficult?s que pr?sentait l'?rection d'un vaisseau ayant 15m,00 de largeur d'axe en axe des piles sur 42m,50 de hauteur sous clef, flanqu? de collat?raux de 7m,00 de largeur dans oeuvre sur 19m,00 de hauteur sous clef. Cette vaste construction a conserv? son assiette, et les mouvements qui ont d? n?cessairement se produire dans une b?tisse aussi ?tendue n'ont pu en alt?rer la solidit?. Alors les architectes avaient renonc? aux vo?tes crois?es comprenant deux trav?es; voulant r?partir les pouss?es ?galement sur les points d'appui s?parant ces trav?es, ils avaient adopt?, d?s 1220, les vo?tes en arcs d'ogive barlongues, conform?ment au plan ; c'?tait plus logique: les piles AMIH ?taient pareilles et les contre-forts B semblables entre eux, les arcs-boutants de m?me puissance. Les constructeurs allaient en venir aux formules; leur sentiment d'artiste avait d? ?tre choqu? par ces vo?tes crois?es sur des trav?es doubles paraissant reporter les charges de deux en deux piles, et dont les arcs ogives CD, par leur inclinaison, venaient masquer les fen?tres ouvertes de C en E sous les formerets. D'ailleurs, ainsi que nous l'avons dit d?j?, ces arcs ogives, ayant un diam?tre CD tr?s-long relativement aux diam?tres des arcs doubleaux CF, les obligeaient ? relever beaucoup les clefs G, ce qui g?nait la pose des entraits des charpentes, ou n?cessitait des ?l?vations consid?rables de bahuts au-dessus des formerets CE. En bandant des vo?tes en arcs d'ogive par trav?es, les arcs ogives AH ?tant plein cintre, il ?tait facile de faire que les clefs L de ces arcs ogives ne fussent pas au-dessus du niveau des clefs K des arcs doubleaux AI-MH qui ?taient en tiers-point.

? la cath?drale d'Amiens, o? nous avons pu examiner la fondation jusqu'au bon sol, nous avons trouv?, en dehors, le profil . En A est une couche de terre ? brique de 0,40 c. d'?paisseur pos?e sur l'argile vierge; en B est un lit de b?ton de 0,40 c. d'?paisseur; puis, de C en D, quatorze assises de 0,30 ? 0,40 c. d'?paisseur chacune, en libages provenant des carri?res de Blavelincourt pr?s d'Amiens. Cette pierre est une craie remplie de silice, tr?s-forte, que l'on exploite en grands morceaux. Au-dessus, on trouve une assise E en pierre de Croissy, puis trois assises de gr?s sous le sol ext?rieur. Au-dessus du sol ext?rieur, tout l'?difice repose sur six autres assises de gr?s bien parement?es et d'une extr?me duret?. Derri?re les rev?tements de la fondation est un blocage de gros fragments de silex, de pierre de Blavelincourt et de Croissy, noy?s dans un mortier tr?s-dur et bien fait. C'est sur ce roc factice que repose l'immense cath?drale. ? Notre-Dame de Paris, les fondations sont de m?me faites avec le plus grand soin, rev?tues de forts libages d'une grande ?paisseur, le tout reposant sur le bon sol, c'est-?-dire sur le sable inf?rieur de la Seine, qui est ? gros grains et verd?tre. Pour les pilotis que l'on pr?tend exister sous la ma?onnerie de la plupart de nos grandes cath?drales, nous n'en avons jamais trouv? de traces.

Pour expliquer nettement la fonction de la pile O, supposons que nous ayons ? ?tayer le choeur de Beauvais; supposons que nous ne poss?dions, pour faire cet ?tayement, que le gros contre-fort: si nous posons nos ?tais ainsi qu'il est indiqu? en A, nous renverserons certainement le contre-fort C; mais si, entre ce contre-fort C, nous posons, suivant le trac? B, un ?tai DE interm?diaire, l?g?rement inclin? vers le choeur, mais maintenu dans un plan vertical passant par l'axe des piles ou le rayon du sanctuaire, et que, de cet ?tai, nous serrions deux batteries FG contre la vo?te, puis deux autres batteries HI, nous n'aurons plus ? craindre l'effet des pouss?es de la vo?te V sur le gros contre-fort C, car l'?tai interm?diaire DE soutirera une grande partie de la pouss?e des deux batteries FG et la reportera sur sa semelle D. L? est tout le probl?me que s'est pos? et qu'a r?solu l'architecte du choeur de Notre-Dame de Beauvais. Malheureusement, l'ex?cution est d?fectueuse. Il est certain cependant que cet ?norme ?difice aurait conserv? une parfaite stabilit?, si l'architecte e?t pos? les colonnettes jumelles au-dessus du triforium plus fortes et plus r?sistantes, s'il e?t pu les faire en fonte, par exemple. Les d?sordres qui se sont manifest?s dans la construction sont venus tous de l?; ces colonnettes, trop gr?les, se sont bris?es, car elles ne pouvaient r?sister ? la charge qui se reporta sur elles lorsque les piles int?rieures vinrent ? tasser par suite de la dessication des mortiers. Se brisant, les linteaux L cass?rent , les gros blocs M, en bascule, s'appuy?rent trop fortement sur la t?te du premier arc-boutant, celui-ci se d?forma, et la vo?te suivant le mouvement, la pression sur ces arcs-boutants fut telle qu'ils se chantourn?rent presque tous; leur action devint nulle, par suite les arcs-boutants sup?rieurs l?ch?rent un peu, puisque la vo?te ne pressait plus sur eux. L'?quilibre ?tait rompu: il fallut faire des travaux consid?rables pour ?viter une chute totale de l'?difice. La fig. 101 ter, donnant en perspective le sommet des contre-forts recevant la t?te des arcs-boutants, nous fait bien voir que l'intention du ma?tre de l'oeuvre ?tait d'obtenir, au droit des piles du choeur de la cath?drale de Beauvais et sous les arcs-boutants, des contre-forts ?vid?s, mais parfaitement rigides, afin: 1? de charger le moins possible les piles inf?rieures; 2? de faire que les tassements des parties int?rieures construites en assises, roidies par les colonnettes en d?lit, reportassent naturellement les charges en dedans. De cet exemple et de ceux appartenant ? la construction gothique proprement dite, il d?coule ce principe, savoir: que toute construction ?lev?e au moyen d'assises superpos?es en grand nombre doit ?tre ?tay?e, roidie par l'adjonction de monolithes entourant, flanquant, ?paulant les piles compos?es de pierres superpos?es. Ce principe est ? peine appliqu? par les Romains, qui n'avaient pas besoin d'y recourir; il appartient aux constructeurs gothiques. De ce principe, ils font un des motifs les plus ordinaires de la d?coration des ?difices, et, en effet, il se pr?te aux combinaisons les plus brillantes et les plus hardies.

Certes, il y a, dans l'exemple de construction que nous venons de donner ? nos lecteurs, de graves d?fauts, et nous ne les dissimulons pas. Cet ?chafaudage ext?rieur de pierre, qui fait toute la force de la b?tisse, est soumis aux intemp?ries de l'atmosph?re: il semble que le constructeur, au lieu de chercher ? prot?ger les organes essentiels de son monument, ait pris plaisir ? les exposer ? toutes les chances de destruction. Son syst?me d'?quilibre d?pend de la r?sistance absolue de mat?riaux trop souvent imparfaits. Il veut ?videmment ?tonner, et il sacrifie tout ? ce d?sir. Mais ? c?t? de ces d?fauts si graves, quelle connaissance approfondie des lois de l'?quilibre! quel assujettissement de la mati?re ? l'id?e, quelle th?orie fertile en applications! N'imitons jamais ces constructions subtiles; mais profitons hardiment de tant de connaissances acquises. Pour en profiter, faut-il au moins les cultiver et les pratiquer.

Le plan de l'?glise de Saint-Urbain de Troyes est champenois. Le choeur rappelle celui de la petite ?glise de Rieux que nous venons de donner; sur les quatre piliers de la crois?e devait s'?lever une tour probablement fort ?lev?e, si l'on examine la section large de ces piliers. Deux autres clochers flanquaient l'entr?e, accompagn?e d'un porche saillant comme celui de l'?glise Saint-Nicaise de Reims. La tour centrale ne fut point commenc?e, la nef et la fa?ade rest?rent inachev?es. On peut toutefois, par ce qui reste de ces parties, se rendre un compte exact de ce que devait ?tre cette ?glise. Le choeur et les transsepts sont complets. Jetons les yeux d'abord sur le plan de l'?glise de Saint-Urbain , pris au niveau du rez-de-chauss?e; cet ensemble est n?cessaire pour appr?cier les diverses parties de sa construction. Ce plan pr?sente des points d'appui solides, ?pais, r?sistants, une disposition g?n?rale tr?s-simple. Plant? entre deux rues, deux porches profonds, bien abrit?s, donnent entr?e dans les deux branches de la croix. Au-dessus du rez-de-chauss?e, ? la hauteur de 3m,30, toute la construction ne pr?sente plus qu'une lanterne vitr?e, d'une extr?me l?g?ret?, maintenue par les contre-forts qui seuls restent pleins jusqu'aux ch?neaux sup?rieurs. C'est donc la construction de ces contre-forts qui doit nous pr?occuper en premier lieu. Voici l'un des contre-forts de l'abside pr?sent? parall?lement ? l'une des faces lat?rales. Le soubassement plein, de 3m,30 de haut, s'arr?te en A. En B' est trac?e la section horizontale du contre-fort au niveau B, et en C' la section horizontale au niveau C. D est la claire-voie vitr?e ext?rieurement de la galerie G; F, la claire-voie libre portant le plafond H servant de passage au niveau de l'appui des grandes fen?tres sup?rieures; E, les meneaux de ces fen?tres vitr?es. Les archivoltes des fen?tres dont l'arrachement est en I servent de formerets aux grandes vo?tes. Le ch?neau sup?rieur K est port?, int?rieurement par le remplissage pos? sur les archivoltes I, ext?rieurement par un arc L et tout un syst?me d'ajours dont nous donnerons le d?tail tout ? l'heure. Les claires-voies D et F sont en partie pos?es en feuillure, de sorte que ces claires-voies sont ind?pendantes des contre-forts et sont de v?ritables ch?ssis de pierre compris entre les contre-forts.

Disons un mot des mat?riaux qui entrent dans cette construction, car leur qualit? est en partie la cause du syst?me adopt?. ? Troyes m?me, on ne peut se procurer de la pierre de taille: les environs ne fournissent que de la craie, bonne tout au plus pour faire des remplissages de vo?tes. L'architecte de Saint-Urbain a d? faire venir de la pierre de Tonnerre pour les pi?ces d'appareil, et, afin d'?conomiser ces mat?riaux transport?s ? grand frais, il s'est servi, autant qu'il a pu, d'une certaine pierre dite de Bourgogne que l'on trouve ? quelques lieues de Troyes, et qui n'est qu'un calcaire grossier assez ferme, mais bas de banc et se taillant mal. C'est avec ces derniers mat?riaux qu'il a ?lev? la partie massive des contre-forts, en rev?tissant leur face externe M de grandes plaquettes de pierre de Tonnerre pos?es en d?lit et finement taill?es. C'est aussi avec la pierre de Tonnerre qu'il a fait les piles int?rieures, les claires-voies, les arcs, les ch?neaux et toutes les parties d?licates de la construction: or la qualit? de Tonnerre employ?e ici est un banc peu ?pais, tr?s-r?sistant, tr?s-ferme, tr?s-compacte et pouvant ?tre pos? en d?lit sans danger. Par le fait, cette construction est une b?tisse en moellon smill?, solide mais grossier, habill?e d'une pierre fine tr?s-belle, employ?e avec la plus stricte ?conomie, comme on le ferait du marbre aujourd'hui. La l?g?ret? des claires-voies, des meneaux, d?passe tout ce que nous connaissons en ce genre, et cependant les mat?riaux employ?s ont ?t? si bien choisis, l'?lasticit? de cette construction est si compl?te, que tr?s-peu de morceaux se sont bris?s. D'ailleurs la structure ?tant parfaitement solide et bien pond?r?e, les d?t?riorations survenant aux claires-voies et fen?tres n'ont nulle importance, celles-ci pouvant ?tre facilement remplac?es, comme de v?ritables ch?ssis, sans toucher au gros oeuvre. L'anatomie de cette construction doit ?tre examin?e avec le plus grand soin. Nous allons essayer d'en faire toucher du doigt les d?tails.

Prenons donc la claire-voie ext?rieure de la galerie du choeur de Saint-Urbain, et examinons comment elle est taill?e, pos?e, et comment elle se maintient dans son plan vertical. Nous la tra?ons ici , en plan A, en ?l?vation ext?rieure B, et en coupe C. La pierre de recouvrement D, rendant ces deux arcatures solidaires, formant ch?neau et appui des fen?tres hautes, est faite d'une ou de deux pi?ces venant se joindre aux morceaux pris sous les piliers int?rieurs et trac?s en F'' dans le d?tail L de la fig. 104. Pour donner plus de poids et plus de rigidit? ? la grande dalle ajour?e formant l'arcature ext?rieure vitr?e , et dont la coupe est trac?e en E, cette dalle porte une balustrade G faisant corps avec elle, prise dans le m?me morceau, de sorte que le ch?neau D, formant plafond de la galerie, est port? sur une saillie r?serv?e ? l'int?rieur le long de l'arcature ext?rieure, tandis que le lit inf?rieur de ce plafond vient mordre l'arcature int?rieure, ?galement compos?e d'une grande dalle de champ ajour?e et maintenue ? ses extr?mit?s par les feuillures N de notre d?tail L de la fig. 104. Il faut dire que, pour produire un effet plus piquant, l'architecte a donn? ? l'arcature ajour?e int?rieure un dessin plus d?licat, une autre forme qu'? l'arcature ext?rieure; ces deux claires-voies produisent ainsi la plus brillante d?coupure, des jeux surprenants qui se d?tachent sur un fond de vitraux color?s.

L'architecte de l'?glise de Saint-Urbain a ?t? fid?le ? son principe dans toutes les parties de sa construction. Il a compris que dans un ?difice aussi l?ger, b?ti avec du moellon et des dalles, il fallait laisser ? ces claires-voies une grande libert? pour ?viter des ruptures; aussi n'a-t-il engag? ces dalles que dans des feuillures qui permettent ? la ma?onnerie de tasser sans briser les d?licates cl?tures ajour?es qui remplacent les murs. On voit, en examinant la fig. 106, que les ch?neaux sont libres, r?duits presque au r?le de goutti?res, et qu'en supposant m?me une brisure, les infiltrations ne peuvent causer aucun pr?judice ? la ma?onnerie, puisque ces ch?neaux sont suspendus sur le vide au dehors, au moyen de ces g?bles ajour?s. Il fallait ?tre hardi pour concevoir une construction de ce genre; il fallait ?tre habile et soigneux pour l'ex?cuter, tout calculer, tout pr?voir et ne rien laisser au hasard: aussi cette construction, malgr? son excessive l?g?ret?, malgr? l'abandon, et des r?parations inintelligentes, est-elle encore solide apr?s cinq cent soixante ans de dur?e. L'architecte n'a demand? aux carri?res de Tonnerre que des dalles, ou tout au plus des bancs de 0,30 c. d'?paisseur, d'une grande dimension il est vrai, mais d'un poids assez faible: il ?vitait ainsi la d?pense la plus forte ? cette ?poque, celle du transport. Quant ? la main-d'oeuvre, elle est consid?rable; mais ce n'?tait pas alors ce qui co?tait le plus. L'?glise de Saint-Urbain se pr?sentera souvent dans le cours de cet ouvrage, car elle est certainement la derni?re limite ? laquelle la construction de pierre puisse atteindre, et, comme composition architectonique, c'est un chef-d'oeuvre .

Mais l'architecture est un art imp?rieux: d?s que vous modifiez un de ses membres, d?s que vous ajoutez quelque chose ? l'ordonnance, vous voyez les difficult?s de d?tail s'accumuler. Un premier changement du syst?me, que vous supposez peu important tout d'abord, en exige un second, puis un troisi?me, puis une foule d'autres. Alors ou il faut r?trograder, ou devenir l'esclave des exigences que vous avez provoqu?es par une premi?re tentative ou une premi?re concession. On se d?bat contre ces difficult?s successives qui semblent na?tre ? mesure qu'on les surmonte. Dans les temps o? la paresse d'esprit est regard?e comme une vertu, on traite ces tentatives p?rilleuses de tendances perverses, d'oubli des saines doctrines. Mais les architectes du moyen ?ge, et surtout de l'?poque dont nous nous occupons en ce moment, n'auraient jamais cru qu'un pas en arri?re ou un repentir f?t un progr?s: ils sentaient qu'ils ?taient entra?n?s par leurs propres principes, et ils r?solvaient avec courage chacune des difficult?s nouvelles qu'ils soulevaient sans repos...

Prenons la pile suivante L du plan, celle de l'angle rentrant, qui se trouve prise entre trois meneaux, qui re?oit un gros arc doubleau, deux grandes branches d'arcs ogives des vo?tes principales, et une troisi?me branche d'arc ogive de chapelle . On voit encore ici que le trac? de chacune de ces parties a ?t? fait ind?pendamment des autres, et que l'appareil ne pr?sente que le moins de liaisons possible pour ?viter les ?pures trop compliqu?es. Cette ind?pendance des divers membres des vo?tes venant retomber sur les piles laisse une grande ?lasticit? ? la construction, ?lasticit? n?cessaire dans un monument aussi l?ger, tr?s-?lev? et charg? fort in?galement. On peut constater en effet, dans le choeur de l'?glise de Saint-Nazaire, des torsions, des mouvements consid?rables, sans que pour cela la b?tisse ait rien perdu de sa solidit?. Encore une fois, ce ne sont pas l? des exemples ? suivre, mais fort utiles ? conna?tre, ? cause des moyens simples et pratiques mis en oeuvre. Voyons le c?t? ext?rieur de cette m?me pile .

Nous sommes plac?s dans l'angle de la chapelle, au point V du plan; nous supposons la partie sup?rieure des meneaux de la grande fen?tre de cette chapelle enlev?e. On voit en A la barre de fer qui maintient la t?te des colonnettes de ces meneaux et qui sert en m?me temps de cha?nage ? la naissance des arcs ; en B, la rainure r?serv?e pour poser la partie cintr?e ajour?e des meneaux; en C, les sommiers du formeret qui enveloppe le ch?ssis en pierre d?coup?e; en E, la branche d'arc ogive de la vo?te de la chapelle dont les deux assises de sommiers se confondent avec celles de l'arc formeret. ? partir du lit D, les claveaux de cet arc ogive sont ind?pendants. En G, l'archivolte entourant la d?coupure cintr?e et ajour?e de la premi?re fen?tre du sanctuaire et tenant lieu de formeret de vo?te ? l'int?rieur; en F, l'archivolte-formeret des meneaux non vitr?s s?parant la chapelle du choeur. Ici on observera que cet arc F est moulur? dans la partie cach?e par la ma?onnerie de l'angle rentrant derri?re l'arc ogive E: ce qui prouve de la mani?re la plus ?vidente que chaque membre de la construction a ?t? trac? et taill? s?par?ment sur le chantier d'apr?s des ?pures partielles, et que ces diverses parties ainsi pr?par?es par l'appareilleur ont ?t? mises en place par le poseur, qui seul connaissait chacune de leurs fonctions et leurs rapports dans l'ensemble de la b?tisse. Le ma?on est venu remplir les intervalles restant entre ces membres s'enchev?trant, se p?n?trant, tout en restant libres. Nous avons trac? en K la projection horizontale de cet angle rentrant avec la p?n?tration des deux archivoltes-formerets G.

CONSTRUCTIONS CIVILES. Vers les premiers temps du moyen ?ge, les traditions romaines s'?taient perp?tu?es, sur le sol des Gaules, dans les constructions civiles comme dans les constructions militaires; cependant le bois jouait alors un r?le plus important que pendant la p?riode gallo-romaine. Le syst?me de construction gallo-romaine ne diff?re pas du syst?me romain: ce sont les m?mes proc?d?s employ?s, plus grossiers quant ? l'ex?cution. Pendant la p?riode m?rovingienne, on reconna?t l'emploi tr?s-fr?quent du bois, non-seulement pour les couvertures, mais dans les plafonds, les lambris, les portiques, les parois m?me des habitations. La Germanie et les Gaules produisaient le bois de charpente ? profusion, et cette mati?re ?tant d'un emploi facile, il ?tait naturel de s'en servir de pr?f?rence ? la pierre et ? la brique, qui exigent une extraction difficile, des tailles, des transports p?nibles ou une cuisson pr?alable et du temps.

Supposons la coupe d'un mur AB destin? ? porter des planchers : le parement ext?rieur de ce mur sera compos? de hautes assises de pierre ne formant pas parpaing, et chaque ?tage, s?par? par un bandeau de pierre, sera en retraite de quelques centim?tres l'un sur l'autre. Le parement int?rieur, au contraire, sera mont? en pierres plus basses et portera une saillie ? chaque ?tage sur celui du dessous. Ainsi ce mur aura une propension ? s'incliner du dehors au dedans: 1? parce que son axe B tombera en B' en dedans de l'axe inf?rieur A, 2? parce que le parement ext?rieur offrira une surface moins compressible que le parement int?rieur. Donc ce mur ainsi construit exercera contre les bouts des poutres C une pression d'autant plus puissante que ces planchers seront plus ?lev?s au-dessus du sol. Donc il sera superflu de cha?ner les murs, qui, loin de tendre ? s'?carter, auront au contraire une propension ? s'incliner vers le centre du b?timent.

On voit, par cet exemple, que, bien que la construction civile du moyen ?ge ait son caract?re propre, distinct de la construction religieuse, cependant les architectes cherchent, dans l'une comme dans l'autre, ? remplacer les masses inertes par des forces agissantes. Dans les constructions civiles, les planchers sont consid?r?s comme des ?tr?sillonnements pos?s entre des murs qui tendent ? se rapprocher. Ainsi ces planchers sont roidis par la pression des murs, et l'ensemble de la b?tisse offre une grande solidit? par suite de ces pressions contre un ?tr?sillonnement.

Soit AB l'ouverture d'une salle dont le plancher sera support? par des arcs, ainsi que le font voir les fig. 128 et 129; AC, BD, l'?paisseur des murs; CE, la hauteur entre planchers. Si nous bandons des arcs GF venant p?n?trer dans les murs, en admettant m?me que nous ayons une forte charge en K, il y a lieu de croire que nous exercerons une telle pouss?e de G en H que le mur bouclera en dehors, car la r?sistance de frottement du lit GH ne sera pas suffisante pour emp?cher un glissement; s'il n'y a pas de glissement, la longueur GH n'est pas telle que le lit ne puisse s'ouvrir en dehors et s'?pauffrer en dedans, ainsi qu'il est figur? en I, effet qui produira le bouclement du mur et, par suite, la chute des arcs. Mais si nous avons un sommier tr?s-saillant L et deux assises en encorbellement MN, en supposant une charge raisonnable K', nous pourrons r?sister au glissement par un lit LO beaucoup plus ?tendu et par un frottement plus consid?rable; la courbe des pressions exerc?e par l'arc venant p?n?trer le lit LO en P trouvera l? une r?sistance qui se r?soudra en une ligne PR, plus ou moins inclin?e en raison inverse du plus ou moins de poids de la charge K' sup?rieure. Si cette charge est tr?s-puissante, du point R la r?sultante des pouss?es pourra devenir verticale et tomber en dedans du parement int?rieur du mur, ou peu s'en faudra; c'est tout ce que l'on doit demander. Le constructeur a le soin, dans ce cas, de placer au moins une assise ayant son parement int?rieur vertical ? l'aplomb de la rencontre de l'arc avec le sommier en encorbellement, car il augmente ainsi la r?sistance ? la pouss?e par le frottement de deux lits de pierres, tandis que s'il ne mettait qu'une seule assise en encorbellement sous le sommier, comme nous l'avons trac? en S, il n'aurait ? opposer ? la pouss?e que la r?sistance du lit TV, et le bouclement du mur pourrait se produire en Y comme il se produit en H'. Lorsque les constructeurs ne peuvent donner ? leur encorbellement, par une cause quelconque, la hauteur de trois ou quatre assises, alors ils se procurent des pierres tr?s-r?sistantes et ils les posent assez en saillie, comme l'indique la coupe A, pour que la courbe des pressions de l'arc tombe en B en dedans du parement int?rieur du mur; alors la pierre A tend ? basculer, ils la soulagent par une faible saillie C; son mouvement de bascule d?crirait une portion de cercle dont D est le centre. Pour r?sister ? ce mouvement de bascule, il y a la charge E, plus le remplissage F en ma?onnerie. Ne pouvant basculer, l'encorbellement A ne tend plus qu'? glisser de B en G. Or il s'agit de rendre le frottement assez puissant sur ce lit DG au moyen de la charge verticale E pour emp?cher ce glissement. Les encorbellements poss?dent donc deux propri?t?s: le soulagement des port?es au moyen des bascules arr?t?es par les charges en queue, et l'action de r?sistance aux pouss?es obliques par l'augmentation des surfaces de frottement.

L'Europe occidentale peut s'enorgueillir ? bon droit d'avoir provoqu? le grand mouvement intellectuel de la renaissance, et nous ne sommes pas de ceux qui regrettent ce retour vers les arts et les connaissances de l'antiquit? pa?enne. Notre si?cle vient apr?s celui de Montesquieu et de Voltaire; nous ne renions pas ces grands esprits, nous profitons de leurs clart?s, de leur amour pour la v?rit?, la raison et la justice; ils ont ouvert la voie ? la critique, ils ont ?tendu le domaine de l'intelligence. Mais que nous enseignent-ils? Serait-ce, par hasard, de nous astreindre ? reproduire ?ternellement leurs id?es, de nous conformer sans examen ? leur go?t personnel, de partager leurs erreurs et leurs pr?jug?s, car ils n'en sont pas plus exempts que d'autres? Ce serait bien mal les comprendre. Que nous disent-ils ? chaque page? <> Est-ce donc le go?t particulier ? tel philosophe qu'il faut prendre pour mod?le, ou sa fa?on de raisonner, sa m?thode? Voltaire n'aime pas le gothique, parce que l'art gothique appartient au moyen ?ge dont il sape les derniers ?tais: cela prouve seulement qu'il ne sait rien de cet art et qu'il ob?it ? un pr?jug?; c'est un malheur pour lui, ce n'est pas une r?gle de conduite pour les artistes. Essayons de raisonner comme lui, apportons dans l'?tude de notre art son esprit d'analyse et de critique, son bon sens, sa passion ardente pour ce qu'il croit juste, si nous pouvons, et nous arrivons ? trouver que l'architecture du moyen ?ge s'appuie sur des principes nouveaux et f?conds, diff?rents de ceux des Romains; que ces principes peuvent nous ?tre plus utiles aujourd'hui que ne le sont les traditions romaines. Les esprits rares qui ont acquis en leur temps une grande influence sont comme ces flambeaux qui n'?clairent que le lieu o? on les place; ils ne peuvent faire appr?cier nettement que ce qui les entoure. Est-ce ? dire qu'il n'y ait au monde que les objets sur lesquels ils ont jet? leurs clart?s? Placez-les dans un autre milieu, ils jetteront sur d'autres objets la m?me lumi?re. Mais nous sommes ainsi faits en France: nous regardons les objets ?clair?s sans nous soucier du flambeau, sans le transporter jamais ailleurs pour nous aider de sa lumi?re afin de tout examiner. Nous pr?f?rons nous en tenir aux jugements prononc?s par des intelligences d'?lite plut?t que de nous servir de leur fa?on d'examiner les faits, pour juger nous-m?mes. Cela est plus commode, en v?rit?. Nous admirons leur hardiesse, l'?tendue de leurs vues, mais nous n'oserions ?tre hardis comme eux, chercher ? voir plus loin qu'eux ou autre chose que ce qu'ils ont voulu ou pu voir.

Mais nous voici bien loin de nos ma?tres des oeuvres du moyen ?ge. Retournons ? eux, d'autant qu'ils ne se doutaient gu?re, probablement, qu'il fall?t un jour noircir tant de papier, dans leur propre pays, pour essayer de faire appr?cier leurs efforts et leurs progr?s. En avance sur leur si?cle, par l'?tendue de leurs connaissances, et plus encore par leur ind?pendance comme artistes; d?daign?s par les si?cles plus ?clair?s, qui n'ont pas voulu se donner la peine de les comprendre, en v?rit? leur destin?e est f?cheuse. Le jour de la justice ne viendra-t-il jamais pour eux?

Les besoins de la construction civile sont beaucoup plus vari?s que ceux de la construction religieuse; aussi l'architecture civile fournit-elle aux architectes du moyen ?ge l'occasion de manifester les ressources nombreuses que l'on peut trouver dans les principes auxquels ils s'?taient soumis. Il est n?cessaire de bien d?finir ces principes, car ils ont une grande importance. L'architecture des Romains est une structure rev?tue d'une d?coration qui devient ainsi, par le fait, l'architecture, l'architecture visible. Si l'on rel?ve un monument romain, il faut faire deux op?rations: la premi?re consiste ? se rendre compte des moyens employ?s pour ?lever la carcasse, la construction, l'?difice v?ritable; la seconde, ? savoir comment cette construction a pris une forme visible plus ou moins belle, ou plus ou moins bien adapt?e ? ce corps. Nous avons rendu compte ailleurs de cette m?thode. Ce syst?me poss?de ses avantages, mais il n'est souvent qu'un habile mensonge. On peut ?tudier la construction romaine ind?pendamment de l'architecture romaine, et ce qui le prouve, c'est que les artistes de la renaissance ont ?tudi? cette forme ext?rieure sans se rendre compte du corps qu'elle recouvrait. L'architecture et la construction du moyen ?ge ne peuvent se s?parer, car cette architecture n'est autre chose qu'une forme command?e par cette construction m?me. Il n'est pas un membre, si infime qu'il soit, de l'architecture gothique, ? l'?poque o? elle passe aux mains des la?ques, qui ne soit impos? par une n?cessit? de la construction; et si la structure gothique est tr?s-vari?e, c'est que les besoins auxquels il lui faut se soumettre sont nombreux et vari?s eux-m?mes. Nous n'esp?rons pas faire passer sous les yeux de nos lecteurs toutes les applications du syst?me de la construction civile chez les gens du moyen ?ge; nous ne pouvons pr?tendre non plus tracer ? grands traits les voies principales suivies par ce syst?me; car l'un des caract?res les plus frappants de l'art comme des moeurs du moyen ?ge, c'est d'?tre individuel. Si l'on veut g?n?raliser, on tombe dans les plus ?tranges erreurs, en ce sens que les exceptions l'emportent sur la r?gle; si l'on veut rendre compte de quelques-unes de ces exceptions, on ne sait trop quelles choisir, et on r?tr?cit le tableau. On peut, nous le croyons, faire ressortir les principes, qui sont simples, rigoureux, et chercher parmi les applications celles qui expriment le mieux et le plus clairement ces principes.

Les quelques exemples que nous avons donn?s mettent en lumi?re, nous en avons l'espoir, les cons?quences du principe admis par les architectes la?ques du moyen ?ge: apparence des moyens employ?s dans la structure des ?difices, et apparence produisant r?ellement l'architecture, c'est-?-dire la forme visible; solution des probl?mes donn?s, par les lois naturelles de la statique, de l'?quilibre des forces, et par l'emploi des mat?riaux en raison de leurs propri?t?s; acceptation de tous les programmes, quelle que soit leur vari?t?, et assujettissement de la construction ? ces programmes, par suite de l'architecture elle-m?me, puisque cette architecture n'est que l'apparence franchement admise de cette construction. Avec ces principes m?dit?s, avec quelques exemples choisis parmi les applications de ces principes, il n'est pas un architecte qui ne puisse construire comme les ma?tres du moyen ?ge, proc?der comme eux et varier les formes en raison des besoins nouveaux qui naissent perp?tuellement au milieu d'une soci?t? comme la n?tre, puisque chaque besoin nouveau doit provoquer une nouvelle application du principe. Si l'on nous accuse de vouloir faire r?trograder notre art, il est bon que l'on sache du moins comment nous entendons le ramener en arri?re; la conclusion de tout ce que nous venons de dire ?tant: <> Si la v?rit? est un signe de barbarie, d'ignorance, nous serons heureux d'?tre rel?gu?s parmi les barbares et les ignorants, et fiers d'avoir entra?n? quelques-uns de nos confr?res avec nous.

Mais voyons maintenant comment, dans des b?tisses plus riches, plus compliqu?es, plus importantes, les constructeurs arrivent ? se servir des encorbellements avec adresse, en se soumettant ? des dispositions command?es par un besoin particulier. Il s'agit de percer une porte dans l'angle rentrant form? par deux b?timents qui se coupent ? angle droit, disposition assez commode, d'ailleurs, et qui ?tait souvent command?e par les habitants d'un manoir ou d'une maison; de faire que cette porte donne entr?e dans les salles du rez-de-chauss?e ? droite et ? gauche, puis au premier ?tage; de supprimer le pan coup? dans lequel s'ouvre la porte, de retrouver l'angle droit form? par la rencontre des murs de face, dont l'un des deux, au moins, fera mur de refend en se prolongeant, et d'?tablir alors, au-dessus de cette porte et dans l'angle rentrant, un escalier de service communiquant du premier ?tage aux ?tages sup?rieurs. ? force de ferrailles recouvertes de pl?tre, on arriverait facilement aujourd'hui ? satisfaire ? ce programme. Mais s'il ne faut point mentir ? la construction, la chose devient moins ais?e. Soit donc le plan A du rez-de-chauss?e de cette construction et le plan B du premier ?tage. On voit, en C, la porte qui s'ouvre dans le pan coup?; en D, les piles int?rieures; en E, la projection horizontale des encorbellements int?rieurs supportant l'angle rentrant, et en F, la projection horizontale des encorbellements portant l'angle saillant; GG sont les arcs contre-buttant l'angle rentrant et portant les murs de refend du premier ?tage. Nous pr?sentons la vue ext?rieure de la porte avec les encorbellements qui lui servent d'auvent et qui portent l'angle saillant de l'escalier de service trac? sur le plan B du premier ?tage. Au besoin m?me, ces encorbellements peuvent masquer un m?chicoulis destin? ? d?fendre la porte. La fig. 137 donne la vue int?rieure de la porte avec les encorbellements portant l'angle rentrant; en G sont les deux arcs contre-buttant ces encorbellements et supportant les murs de refend sup?rieurs. Le noyau de l'escalier s'?l?ve sur le milieu H du pan coup?, et les encorbellements int?rieurs et ext?rieurs sont maintenus en ?quilibre par les pesanteurs oppos?es des deux angles saillants de la cage de cet escalier. On a, depuis, voulu obtenir des r?sultats analogues au moyen de trompes; mais les trompes chargent les ma?onneries inf?rieures beaucoup plus que ce syst?me d'encorbellements, exigent des mat?riaux plus nombreux et plus grands, des coupes de pierres difficiles ? tracer et plus difficiles encore ? tailler. Ce n'est donc point l? un progr?s, ? moins que l'on ne consid?re comme un progr?s le plaisir donn? ? un appareilleur de montrer son savoir au d?triment de la bourse de celui qui fait b?tir.

Tailleurs de pierre 100 Traceurs, appareilleurs, souffleurs 20 Bardeurs, pinceurs, poseurs 100 Terrassiers, manoeuvres, corroyeurs 200 Ma?ons et aides 200

Pour approvisionner les chantiers:

Carriers et chaufourniers 100 Tireurs de sable 25 Charretiers et aides 50

Total 795 Soit, nombre rond. 800

Prenons, par exemple, une des tours d'angle du ch?teau de Coucy, qui ont chacune 15 m?tres de diam?tre hors oeuvre, non compris les talus inf?rieurs. Chacune de ces tours renferme cinq ?tages, plus l'?tage de combles. L'?tage inf?rieur, dont le sol est un peu au-dessus du sol ext?rieur, est vo?t? en calotte entre des murs d'une ?paisseur de 3m,50 c. environ, plus le talus. Au-dessus de cet ?tage, qui n'est qu'une cave destin?e aux provisions, s'?l?ve un ?tage vo?t? en arcs d'ogive, ? six pans int?rieurement. Les autres ?tages sont ferm?s par des planchers. Voici les plans superpos?s des ?tages au-dessus de la cave. Les piles de l'hexagone sont alternativement pos?es, pleins sur vides, de sorte qu'en coupe perspective nous voyons que les pieds-droits s'?l?vent sur les clefs des arcs en tiers-point formant niches d'une pile ? l'autre, ainsi que l'indique la fig. 144. Cette construction ?vite le d?liaisonnement qui peut se produire et se produit ordinairement dans un cylindre renfermant des niches perc?es les unes au-dessus des autres; elle permet aussi d'ouvrir des meurtri?res se chevauchant et d?couvrant tous les points de l'horizon. Nous supposons d?truite la vo?te de l'?tage inf?rieur au-dessus de la cave, afin de laisser voir l'ensemble de la construction. On ne peut descendre dans cette cave que par l'oeil perc? au sommet de la vo?te. On comprend comment une pareille construction, reposant sur un massif plein et sur un ?tage inf?rieur dont les murs cylindriques sont tr?s-?pais et renforc?s par un talus ext?rieur, s'?paulant ? chaque ?tage par le moyen des piles chevauch?es, devait d?fier tous les efforts de la sape; car, pour faire tomber une tour ainsi b?tie, il e?t fallu saper la moiti? de son diam?tre, ce qui n'?tait pas facile ? ex?cuter au sommet d'un escarpement, et en pr?sence d'une garnison poss?dant des issues souterraines sur les dehors.

En parcourant les fortifications ?lev?es autour de la cit? de Carcassonne, sous Philippe le Hardi, on ne supposerait gu?re que, peu d'ann?es plus tard, on ?levait, dans la m?me ville, le choeur de l'?glise de Saint-Nazaire, dont nous avons pr?sent? quelques parties ? nos lecteurs.

La tour du Tr?sau est couverte par un comble aigu formant croupe conique du c?t? de la campagne, et qui vient, du c?t? de la ville, s'appuyer sur un pignon perc? de fen?tres ?clairant les divers ?tages. Si nous faisons une coupe transversale sur la tour en regardant le pignon, nous obtenons la fig. 154. En examinant les plans, on voit que ce mur-pignon est, relativement ? sa hauteur, peu ?pais. Mais, de ce c?t?, il s'agissait seulement de se clore ? la gorge de la tour, et ce mur est d'ailleurs solidement maintenu dans son plan vertical par les deux guettes FF, qui, par leur assiette et leur poids, pr?sentent deux points d'appui d'une grande solidit?. La jonction de la couverture avec le pignon est bien abrit?e par ces degr?s qui forment solins sur le parement int?rieur et qui facilitent la surveillance des parties sup?rieures de la tour. La toiture repose sur les deux grands bahuts K s?parant absolument le chemin de ronde F de la salle centrale. Au niveau du rempart, le chemin de ronde G pourtourne la construction du c?t? de la ville, dont le sol est en CD, comme celui du dehors est en AB.

CONTRE-FICHE, s. f. Pi?ce de charpente inclin?e, dont la fonction est de servir d'?tai dans la charpenterie . La pi?ce A est une contre-fiche.

Nous connaissons plusieurs exemples de cette disposition singuli?re, l'un dans l'?glise de Saint-Laurent pr?s Falaise , l'autre dans celle de Montgaroult , un troisi?me ? ?cajeul pr?s M?zidon.

Nous donnons ailleurs, ? l'article CONSTRUCTION, les proc?d?s d'appareil employ?s pendant l'?poque romane pour ?lever des contre-forts en pierre et les relier aux murs. Nous n'aurons donc ? nous occuper ici que des formes donn?es ? ces points d'appui pendant le moyen ?ge.

<> Ils annoncent la lumi?re ? venir, lorsqu'ils pr?chent le jour du jugement et la gloire future; mais, pleins de prudence, avant de pr?cher aux autres la pratique des vertus, ils se r?veillent du sommeil du p?ch? et ch?tient leur propre corps. L'ap?tre lui-m?me en est t?moin, quand il dit: <> Et de m?me que le coq, les pr?dicateurs se tournent contre le vent, quand ils r?sistent fortement ? ceux qui se r?voltent contre Dieu, en les reprenant et en les convainquant de leurs crimes, de peur qu'ils ne soient accus?s d'avoir fui ? l'approche du loup. La verge de fer sur laquelle le coq est perch? repr?sente la parole inflexible du pr?dicateur, et montre qu'il ne doit pas parler de l'esprit de l'homme, mais de celui de Dieu, selon cette parole: <> Et parce que cette verge elle-m?me est pos?e au-dessus de la croix ou du fa?te de l'?glise, cela signifie que les ?critures sont consomm?es et confirm?es...>>

Walstan, auteur du Xe si?cle, dans le livre de la Vie de saint Switin, parle d'une mani?re assez po?tique du coq plac? au sommet de l'?glise que l'?v?que Elf?ge avait fait b?tir ? Winchester:

<>

Ce symbole de vigilance, de lutte contre les efforts du vent, plac? au point le plus ?lev? des monuments religieux, appartient ? l'Occident. Il n'est pas question de coqs plac?s sur les clochers des ?glises de l'Italie m?ridionale. Serait-ce pour cela qu'on les a enlev?s de la plupart de nos ?glises? ou que du moins on ne les replace pas g?n?ralement lorsqu'on les restaure?

Nous n'avons point trouv? de coqs de clochers d'une ?poque ancienne, ou ceux que nous avons pu voir ?taient d'un dessin et d'un travail si grossier que nous ne croyons pas n?cessaire de les reproduire ici. Nous ne pouvons que souhaiter que les coqs reprennent leur ancienne place; ne f?t-ce que comme girouettes, ils ont leur utilit?.

CORBEAU, s. m. Support de pierre ou de bois formant saillie sur le parement d'un mur, ayant sa face ant?rieure moulur?e ou sculpt?e, pr?sentant ses deux faces lat?rales droites, et recevant, soit une tablette de corniche, soit un bandeau, ou encore une naissance de vo?te, une pile en encorbellement, un linteau de porte, une poutre-ma?tresse, etc. L'origine v?ritable du corbeau est donn?e par la saillie que pr?sente une solive de bois sur le nu d'un mur, ainsi que l'indique la figure 1, saillie m?nag?e pour porter un pan-de-bois en encorbellement, un comble, un poteau, etc.

La salle d'armes de la ville de Gand, en Belgique, a conserv? des corbeaux analogues sous ses poutres-ma?tresses , mais beaucoup plus riches et figurant exactement un lien reposant sur un corbeau A engag? dans le mur, et portant sous la poutre un chapeau B, ainsi que cela se doit pratiquer dans une oeuvre de charpenterie.

CORBEILLE, s. f. Forme g?n?ratrice du chapiteau autour de laquelle se groupent les ornements, feuillages ou figures qui le d?corent. La corbeille repose, ? sa partie inf?rieure, sur l'astragale, et est surmont?e du tailloir ou abaque .

CORDON, s. m. Moulure compos?e d'un seul membre, qui r?gne horizontalement sur un mur vertical. Le cordon n'a pas l'importance du bandeau, qui indique toujours une arase de la construction, comme un plancher, par exemple, un ?tage. Le cordon est un membre interm?diaire dont la place n'est indiqu?e que par le go?t, afin de d?truire la nudit? de parties verticales trop hautes. On ne trouve de cordons que dans l'architecture romane, car, dans l'architecture gothique, toutes les assises horizontales formant saillie ont toujours une signification r?elle et indiquent un sol, une arase.

Dans l'architecture romaine, la corniche appartient ? l'entablement, qui lui-m?me appartient ? l'ordre, de sorte que si les Romains superposent plusieurs ordres dans la hauteur d'un monument, ils ont autant de corniches que d'ordres. Ainsi un ?difice compos? de plusieurs ordres superpos?s n'est qu'un ?chafaudage d'?difices plac?s les uns sur les autres. Bien mieux, si le Romain place un ordre ? l'int?rieur d'une salle, il lui laisse sa corniche, c'est-?-dire son couronnement destin? ? recevoir le comble. Cela peut produire un grand effet, mais ne saurait satisfaire la raison. D'ailleurs, dans les ordres romains, qui sont d?riv?s des ordres grecs, la corniche, par la forme de ses moulures, sa saillie et les appendices dont elle est accompagn?e, indique clairement la pr?sence d'un ch?neau, c'est-?-dire la base d'un comble et le canal longitudinal recevant les eaux de pluie coulant sur la surface de ce comble. Or, ? quoi bon un ch?neau ? mi-hauteur d'un mur et surtout ? l'int?rieur d'une salle vo?t?e ou lambriss?e? Donc, pourquoi une corniche? Nous avons dit ailleurs combien le Romain ?tait peu dispos? ? raisonner l'enveloppe, la d?coration de ses ?difices. Nous ne leur en faisons pas un reproche, seulement nous constatons ce fait: que, d?s l'?poque romane, les architectes, si grossiers qu'ils fussent, partaient de principes tr?s-oppos?s ? ceux des Romains, ne se servant des divers membres de l'architecture qu'en raison de leur fonction r?elle, d?pendante de la structure. O? avaient-ils pris ces principes? ?tait-ce dans leur propre sentiment, par leur seule facult? de raisonner? ?tait-ce dans les traditions byzantines? C'est ce que nous ne chercherons pas ? d?cider. Il nous suffit que le fait soit reconnu, et c'est ? quoi les exemples que nous allons donner tendront, sans qu'il puisse rester de doutes ? cet ?gard dans l'esprit de nos lecteurs. D'abord, en examinant les ?difices les plus anciens de l'?re romane, nous voyons que les architectes ont une tendance prononc?e ? les ?lever d'une seule ordonnance de la base au fa?te; ? peine s'ils marquent les ?tages par une faible retraite ou un bandeau. Cette tendance est si marqu?e, qu'ils en viennent bient?t ? allonger ind?finiment les colonnes engag?es, sans tenir aucun compte des proportions des ordres romains, et ? leur faire toujours porter la corniche sup?rieure , si ?lev?e qu'elle soit au-dessus du sol. Abandonnant l'architrave et la frise de l'entablement romain, la colonne porte directement la corniche, le membre utile, saillant, destin? ? prot?ger les murs contre les eaux pluviales. Cela d?range les dispositions et proportions des ordres romains; mais cela, par compensation, satisfait la raison. Les Romains percent des arcades entre les colonnes d'un ordre engag?, c'est-?-dire qu'ils posent une premi?re plate-bande , une seconde plate-bande et la corniche au-dessus d'un arc, ce que nous n'emp?chons personne de trouver fort beau, mais ce qui est absolument contraire au bon sens. Les architectes romans, ? l'imitation peut-?tre des architectes byzantins, adoptent les arcs pour toutes les ouvertures ou pour d?charger les murs; ils posent souvent, ? l'ext?rieur, des colonnes engag?es, mais ils ne font plus la faute de les surmonter d'un entablement complet, n?cessaire seulement lorsque les colonnes sont isol?es. La colonne engag?e prend le r?le d'un contre-fort , et son chapiteau vient porter la tablette saillante de couronnement de l'?difice, autrement dit la corniche.

Voici un exemple entre mille de ce principe si naturel de construction . La corniche n'est plus ici qu'une simple tablette recevant les tuiles de la couverture; entre les colonnes engag?es, cette tablette repose sur des corbeaux. Les eaux tombent directement sur le sol sans ch?neau, et, afin de trouver ? la t?te du mur une ?paisseur convenable pour recevoir le pied de la toiture, sans cependant donner aux murs une ?paisseur inutile ? la base, des arcs de d?charge port?s sur des pilastres ou contre-colonnes engag?es AB et sur des corbeaux augmentent, sous la corniche, l'?paisseur de ce mur. Chaque morceau de tablette a son joint au-dessus de chacun des corbeaux, ce qui est indiqu? par le raisonnement. Si la corniche romaine est d?cor?e de modillons comme dans l'ordre corinthien et l'ordre composite, ceux-ci sont taill?s dans le bloc de marbre ou de pierre dont est compos?e cette corniche. C'est un travail d'?videment consid?rable; il y a entre la forme apparente et la structure un d?saccord complet. Dans ces corniches romanes, au contraire, l'apparence d?corative n'est que la cons?quence r?elle de la construction. Chaque corbeau est un morceau de pierre profond?ment engag? dans la ma?onnerie; entre ces corbeaux, il n'y a plus qu'un carreau de pierre, pos? comme le sont les m?topes de l'ordre dorique grec; puis, d'un corbeau ? l'autre, repose un morceau de tablette. De distance en distance, les grosses colonnes engag?es renforcent la construction en arr?tant tout effet de bascule ou de d?rangement, qui pourrait se produire ? la longue dans une trop grande longueur de ces tablettes pos?es seulement sur des corbeaux. Une pareille corniche se r?pare ais?ment, puisqu'elle se compose de membres ind?pendants les uns des autres, pouvant se d?poser et se reposer sans nuire ? la solidit? de l'ensemble et sans qu'il soit besoin d'?chafauds.

Sur les bas-c?t?s de la nef de l'?glise abbatiale de V?zelay , on voit une corniche construite toujours d'apr?s le principe roman, c'est-?-dire compos?e de corbeaux portant une tablette saillante; mais son caract?re ne rappelle en rien les corniches des provinces du centre. Comme style, elle leur est tr?s-sup?rieure. Nous la donnons ici dans tous ses d?tails, vue en perspective et en coupe. Le corbeau est bien franchement accus?, il a tous les caract?res d'un bout de solive de bois; mais ses profils retournent devant la tablette de mani?re ? former un encadrement autour des rosaces doubles qui sont, entre ces corbeaux, comme des m?topes inclin?es, comme des panneaux de bois embr?v?s au moyen de languettes. La construction est parfaitement d'accord avec la forme apparente; les corbeaux sont des pierres longues p?n?trant dans la ma?onnerie; la tablette est large, et les entre-corbeaux ne sont que des carreaux de pierre de 0,20 c. ? 0,25 c. de profondeur. C'est l? vraiment l'extr?mit? d'un comble en charpente reposant sur un mur en ma?onnerie, et il est impossible de ne pas y trouver la tradition d'une construction de bois. Mais n'oublions pas que lorsqu'on construisait la nef de V?zelay, il y avait un si?cle ? peine que tous les grands ?difices ?taient couverts et lambriss?s en bois, et que les vo?tes ?taient une innovation .

Cette corniche est un exemple unique, d'ailleurs; car, dans le m?me ?difice, les murs de la haute nef sont couronn?s d'une autre mani?re.

En Normandie, la corniche romane est d'une grande simplicit? et ne pr?sente qu'une faible saillie sur le nu des murs. Souvent elle ne se compose que d'une simple tablette de 0,10 c. ? 0,15 c. d'?paisseur. Cependant les corbeaux, avec ou sans arcature, se rencontrent fr?quemment. Ces corbeaux m?me reposent parfois sur un filet orn?, comme autour de l'abside de l'abbaye aux Dames de Caen .

Habituellement, les larmiers sont pris dans une seule hauteur d'assise; mais les d?tails de la fa?ade occidentale de la cath?drale de Paris sont d'une dimension au-dessus de l'ordinaire, et il semble que l'architecte ? qui l'on doit la partie sup?rieure de cette fa?ade, c'est-?-dire les deux tours avec leur galerie ? jour , ait voulu donner aux membres de l'architecture une importance relative tr?s-grande. La corniche sup?rieure des deux tours, qui ?tait destin?e ? recevoir la base de fl?ches en pierre, dont la construction ne fut qu'amorc?e, est unique comme hauteur d'assises dans le style gothique ancien. Elle se compose de deux assises de crochets, chacune de ces assises ayant 0,75 c. de hauteur entre lits; d'un larmier surmont? de deux assises en talus, et de la balustrade pos?e lorsqu'on renon?a ? continuer la construction des fl?ches. Chaque crochet est taill? dans un bloc de pierre ?norme; ainsi que le fait voir notre fig. 18; les assises du larmier et de la pente au-dessus sont cramponn?es tout au pourtour par des crampons doubles A tenant lieu d'un quadruple cha?nage. On voit que l'architecte avait pris ses pr?cautions pour pouvoir ?lever ses fl?ches sans danger.

COUPE DE PIERRES .

La vue int?rieure de la chapelle fait conna?tre la disposition des rangs de moellons qui forment les pendentifs et la petite coupole presque conique qui les surmonte. Si nous faisons une coupe sur la ligne CD du plan , nous voyons, en effet, que la coupole n'est pas une calotte h?misph?rique ou elliptique, mais un c?ne curviligne. Nous ne croyons pas qu'il existe en Occident une coupole plus ancienne que celle de l'?glise de Saint-Ferr?ol. Et cet exemple, qui probablement n'?tait pas le seul, indiquerait que les architectes des premiers temps de l'art roman ?taient fort pr?occup?s de l'id?e d'?lever des coupoles sur pendentifs: car, ? coup s?r, il ?tait vingt proc?d?s plus simples pour vo?ter la trav?e principale de cette chapelle, sans qu'il y e?t n?cessit? de recourir ? ce moyen. Il y avait l? ?videmment l'id?e d'imiter ces constructions byzantines qui alors passaient pour les chefs-d'oeuvre de l'art de l'architecture.

La coupole qui couronne le centre de la crois?e de l'?glise de Notre-Dame-du-Port ? Clermont n'est ni sur plan circulaire, ni sur plan octogonal, mais participe de ces deux figures. Le constructeur a t?tonn?. Il a commenc? par passer du carr? ? l'octogone par une assise A pos?e en gousset; sur cette assise, il a form? comme une esp?ce de trompe, puis il a band? un petit arc B sur des corbeaux. Tout cela ne formait pas un polygone r?gulier, mais un octogone ? quatre grands c?t?s et quatre petits. Sur cette base, il a ?lev? tant bien que mal une coupole octogonale irr?guli?re ? angles arrondis, ainsi que le montre le plan. Cette coupole est parfaitement contre-butt?e du c?t? de la nef par le berceau de la vo?te, dont la clef s'?l?ve jusqu'au-dessus de l'arcature ? jour D, ainsi que l'indique la ligne ponctu?e. Mais les berceaux des deux bras de la crois?e sont beaucoup plus bas, et, dans le sens des transsepts, le constructeur pouvait craindre la pouss?e de la coupole. Pour arr?ter cette pouss?e, il n'a rien trouv? de mieux que d'?tablir deux demi-berceaux C, qui prennent naissance sur les arcs E, band?s dans le prolongement des murs des collat?raux, et au del? il a pu ?lever son transsept G. ? premi?re vue, cette construction est singuli?re, compliqu?e, surtout en se reportant ? l'?poque o? elle a ?t? faite ; on se demande o? les Auvergnats ont ?t? prendre les exemples qui leur ont servi de mod?les.

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