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Read Ebook: Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5 - (D - E- F) by Viollet Le Duc Eug Ne Emmanuel

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Ebook has 321 lines and 146484 words, and 7 pages

?BRASEMENT, s. m. Indique l'ouverture comprise entre le tableau d'une fen?tre et le parement du mur int?rieur d'une salle. L'?brasement s'?largit du dehors au dedans, afin de faciliter l'introduction du jour et aussi de d?gager les vantaux d'une crois?e ouvrante .

Les formes les plus anciennes donn?es ? ces ?cailles pr?sentent une suite de carr?s ou de billettes, comme la figure ci-dessus, ou de petits arcs plein cintre et bris?s, ainsi que l'indique la fig. 2. Il faut observer que chaque rang d'?cailles est toujours pris dans une hauteur d'assises, les joints verticaux ?tant plac?s au milieu des vides laiss?s entre les ?cailles. L'eau pluviale tombant de A en B est conduite par la taille de la pierre le long des deux ar?tes AC, BC; en C, elle s'?goutte, arrive ? l'extr?mit? D, et ainsi successivement jusqu'? la corniche. Les parties les plus humect?es sont donc toujours les ar?tes des ?cailles; mais, par leur saillie m?me, ces ar?tes s?chent plus facilement que les parements unis; l'humidit? demeure donc moins longtemps sous les parements: c'est l? tout le secret de la conservation de ces surfaces couvertes d'?cailles. Les ombres fines et les lumi?res qui se jouent sur ces petites surfaces d?coup?es donnent de la l?g?ret? et de l'?l?gance aux couronnements; aussi les architectes ont-ils us? de ce moyen ? l'?poque de la renaissance. Nous ne pouvons pr?tendre donner tous les exemples d'?cailles taill?es sur parements; nous nous contenterons d'indiquer les principaux.

Les ?cailles appartenant aux monuments construits dans des provinces o? les couvertures en pierre ont ?t? adopt?es d?s l'?poque romane, comme dans le midi de la France et dans l'ouest, ne sont pas dispos?es comme des bardeaux de couvertures en bois; elles sont retourn?es, de fa?on ? laisser entre chacune d'elles comme autant de petits canaux propres ? ?loigner les eaux des joints verticaux .

La construction du donjon de Coucy, qui pr?sente un cylindre dont les parois verticales ont 60 m?tres d'?l?vation, n'a exig? qu'un ?chafaudage extr?mement simple, ?chafaudage qui avait encore le m?rite d'?viter les montages lents obtenus par des engins. On remarque sur la surface de l'?norme cylindre, ? l'ext?rieur, une suite de trous de boulins dispos?s en spirale et formant, ? cause de la largeur extraordinaire du diam?tre, une pente assez douce. Ces trous de boulins, espac?s de quatre en quatre m?tres environ, sont doubles, c'est-?-dire qu'ils pr?sentent deux spirales, ainsi que le fait voir la fig. 1. Au moyen de chevrons engag?s dans les trous A sup?rieurs et soulag?s par des liens portant dans les trous B inf?rieurs, le constructeur ?tablissait ainsi, en m?me temps qu'il ?levait sa b?tisse, un chemin en spirale dont l'inclinaison peu prononc?e permettait de monter tous les mat?riaux sur de petits chariots tir?s par des hommes ou au moyen de treuils plac?s de distance en distance. La fig. 2 fera comprendre cette op?ration. Les ma?ons et poseurs avaient le soin d'araser toujours la construction sur tout le pourtour du donjon, comme on le voit ici, et, sur cet arasement, ils circulaient et bardaient leurs pierres. Afin de poser les parements ext?rieurs verticalement , il suffisait d'un fil-?-plomb et d'un rayon de bois tournant horizontalement sur un arbre vertical plant? au centre de la tour. Aujourd'hui, nos ma?ons proc?dent de la m?me mani?re lorsqu'ils ?l?vent ces grandes chemin?es en brique de nos usines, de l'int?rieur du tuyau, sans ?chafaudage. L'?chafaud dont la trace existe sur les parois du donjon de Coucy n'est r?ellement qu'un chemin de bardage, et ce chemin pouvait ?tre fort large, ainsi que le d?montre la fig. 3, donnant une de ses fermes engag?es. En A et B sont les deux trous espac?s de 1m,80; au moyen des deux moises C ?treignant les poutrelles ? leur sortie des trous, on pouvait avoir deux liens EF, le second formant croix de Saint-Andr? avec une contre-fiche G. La t?te du lien F et le pied de la contre-fiche G s'assemblaient dans un potelet H, mois? ? son extr?mit? inf?rieure avec la poutrelle B. Un lien extr?me K, assembl? dans le pied de cette poutrelle B, soulageait l'extr?mit? de la poutrelle sup?rieure A. Il ?tait ainsi facile d'avoir un chemin de 5m,30 de largeur, non compris un garde-corps. Ces fermettes recevaient des solives qui portaient les madriers pos?s en travers de mani?re ? pr?senter un obstacle au glissement des chariots. Il e?t fallu un poids ?norme pour rompre des fermettes ainsi combin?es, bien qu'elles ne fussent maintenues dans la muraille que par deux scellements. Non-seulement la combinaison de ces fermettes ne leur permettait pas de quitter les scellements; mais, ?tant r?unies par des solives formant une suite de polygones autour du cylindre, elles ?taient toujours brid?es contre la muraille.

Il n'est pas douteux que les charpentiers du moyen ?ge, qui ?taient fort ing?nieux, ne fissent, dans certains cas, des ?chafauds en charpente, ind?pendants de la construction, ?chafauds montant de fond ou suspendus. Nous ne pouvons avoir une id?e de ces ?chafauds que par les traces de leurs scellements encore existantes sur les monuments. Il arrive, par exemple, qu'au-dessus d'un ?tage de b?timent dispos? de telle fa?on que l'on ne pouvait ?tablir des ?chafauds de fond, on aper?oit des trous carr?s de 0,30 c. sur 0,33 c., per?ant la muraille de part en part, et espac?s de mani?re ? laisser entre eux la longueur d'une solive; au-dessus de ces larges trous bien faits, on remarque d'autres petits trous de boulins de 0,10 c. sur 0,10 c. environ et ne traversant pas la ma?onnerie. Ceci nous indique la pose d'un ?chafaud dispos? comme l'indique la fig. 5. AB est l'?paisseur du mur; les poutrelles C le traversaient de part en part et ?taient arm?es, ? l'int?rieur, d'une forte clef mois?e D; deux moises E verticales pin?aient la poutrelle au ras du mur sur le parement ext?rieur; dans ces moises s'assemblaient deux liens F r?unis ? mi-bois qui venaient soulager la poutrelle en G et H. Sur cette pi?ce, rendue rigide, on ?levait alors les ?chafaudages en ?chasses I et boulins K, avec contre-fiches L, les boulins ?tant retenus au moyen de calles de bois dans les trous laiss?s sur les parements ext?rieurs. Un pareil ?chafaud pr?sentait toute la solidit? d'une charpente montant de fond.

La hauteur excessive de certains ?difices gothiques, et notamment des tours des ?glises surmont?es de fl?ches en pierre, ?tait telle qu'on ne pouvait songer ? ?lever ces constructions au moyen d'?chafauds montant de fond, car l'?tablissement de ces ?chafaudages e?t absorb? des sommes consid?rables, et ils auraient eu le temps de pourrir dix fois pendant le travail des ma?ons. On ?levait les soubassements avec des ?chasses et des boulins; on profitait des retraites m?nag?es avec soin dans ces sortes de constructions pour prendre des points d'appui nouveaux au-dessus du sol; puis, arriv? ? la hauteur des plates-formes ou galeries d'o? les tours s'?l?vent ind?pendantes, on d?chafaudait les parties inf?rieures pour monter les charpentes n?cessaires ? la construction de ces tours. Les baies de ces tours ?taient alors d'un grand secours pour poser des ?chafauds solides, propres ? r?sister ? la violence du vent et ? toutes les causes de d?gradations qui augmentent du moment qu'on s'?l?ve beaucoup au-dessus du sol.

Pour peu que l'on examine avec soin les constructions gothiques, on demeure persuad? que les architectes charg?s de les ?lever ont souvent manqu? de ressources en rapport avec la nature et l'importance de ces b?tisses. Ils devaient donc ?tre fort avares d'?chafaudages, lesquels co?tent fort cher et ne repr?sentent rien, du moment que l'?difice est achev?. Au-dessus d'une certaine hauteur, on reconna?t encore, par la position des trous d'?chafauds, que ceux-ci ?taient suspendus. Suspendre un ?chafaud ? un monument existant ne demande pas des combinaisons bien savantes; mais suspendre un ?chafaud pour ?lever un ?difice, avant que cet ?difice ne soit construit, c'est un probl?me qui para?t difficile ? r?soudre: on sait que les difficult?s mat?rielles n'arr?taient pas les architectes gothiques.

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Aussi la garde, le poste:

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Voici l'aspect int?rieur de ce poste, qui peut contenir quatre hommes. Il est vo?t? et surmont? d'un terrasson autrefois cr?nel?. Une petite fen?tre donnant sur la campagne l'?claire; une chemin?e permet de le chauffer; ? droite de la chemin?e est la tablette destin?e ? recevoir une lampe. Les gens du poste pouvaient facilement monter sur le terrasson sup?rieur pour voir ce qui se passait au loin. Ces grandes ?chauguettes ? deux ?tages sont assez communes; il est ? croire qu'en temps de guerre les soldats abrit?s dans l'?tage couvert ?taient pos?s en faction, ? tour de r?le, sur la terrasse sup?rieure. Des deux c?t?s de la tour du Tr?sau, ? Carcassonne, nous voyons de m?me deux hautes ?chauguettes ainsi combin?es; seulement il fallait de l'?tage ferm? monter sur le terrasson par une ?chelle, en passant ? travers un trou pratiqu? dans le milieu de la petite vo?te .

La fig. 5 reproduit la vue ext?rieure de cette ?chauguette, dont le cr?nelage ?tait un peu plus ?lev? que celui des courtines voisines. Cet ouvrage pouvait ?tre, en temps de guerre, muni de hourds, ce qui en augmentait beaucoup la force. Entre la porte Narbonnaise et la tour du Tr?sau de la m?me cit?, on a ainsi pratiqu? un redan qui enfile l'entr?e de la barbacane ?lev?e en avant de cette porte: ce redan est surmont? d'une belle ?chauguette. Une longue meurtri?re flanquante est ouverte sur son flanc.

La fig. 6 pr?sente en A le plan du redan au niveau du sol de la ville, avec son petit poste E et la meurtri?re F donnant vers la porte Narbonnaise. De ce poste E, par un escalier ? vis, on arrive ? l'?chauguette , qui n'est que le cr?nelage de la courtine formant un flanquement oblique en encorbellement sur l'angle G. La coupe C faite sur la ligne OP du plan B explique la construction de cette ?chauguette, qui pouvait ?tre munie de hourds comme les courtines; en D, nous avons figur? le profil de l'encorbellement H.

Soit un front AB muni de tours; BC est la largeur du foss?; le jet d'arbal?te est EF. Si l'assaillant dispose son attaque conform?ment au trac? FGH, neuf embrasures le d?couvrent. Mais soit IK un front continu non flanqu? de tours, l'attaque ?tant dispos?e de m?me que ci-dessus en FGH, les embrasures ?tant d'ailleurs perc?es ? des distances ?gales ? celles du front AB, treize de ces embrasures pourront d?couvrir l'assaillant. Que celui-ci traverse le foss? et vienne se poster en M, les assi?g?s ne peuvent se d?fendre que par les m?chicoulis directement plac?s au-dessus de ce point M; mais ils voient sur une grande longueur la nature des op?rations de l'ennemi, et l'inqui?tent par des sorties dans le fond du foss?, o? il ne trouve aucun d?filement.

La fig. 8 pr?sente le plan d'une de ces ?chauguettes au-dessous des m?chicoulis; elles ne consistent qu'en deux contre-forts ext?rieurs A, entre lesquels est pratiqu? un talus dont nous allons reconna?tre l'utilit?; un arc r?unit ces deux contre-forts. Voici en A l'?l?vation ext?rieure de cet ouvrage, et en B sa coupe. L'?chauguette s'?l?ve beaucoup au-dessus de la courtine; elle est munie, ? son sommet, comme celle-ci, de beaux m?chicoulis de pierre sur sa face et ses deux retours; de plus, ainsi que le fait voir la coupe, au droit du mur faisant fond entre les contre-forts, est pratiqu? un second m?chicoulis C, comme une rainure de 0,25 c. de largeur environ. Si l'assaillant se pr?sentait devant l'?chauguette, il recevait d'aplomb les projectiles lanc?s par les m?chicoulis vus D et, obliquement, ceux qu'on laissait tomber par le second m?chicoulis masqu? C; car on observera que, gr?ce au talus E, les boulets de pierre qu'on laissait choir par ce second m?chicoulis devaient n?cessairement ricocher sur ce talus E et aller frapper les assaillants ? une certaine distance du pied de l'?chauguette au fond du foss?. Les deux contre-forts, le vide entre eux et le talus ?taient donc une d?fense de ricochet, faite pour forcer l'assaillant ? s'?loigner du pied du rempart et, en s'?loignant, ? se pr?senter aux coups des arbal?triers garnissant les chemins de ronde de la courtine. Ces ?chauguettes flanquent les courtines, ainsi que le font voir les plans sup?rieurs . Elles permettaient encore ? un petit poste de se tenir ? couvert, ? l'int?rieur, sous la galerie G, et de se rendre instantan?ment sur le chemin de ronde sup?rieur H, au premier appel de la sentinelle.

La vue perspective int?rieure fait comprendre la disposition du petit poste couvert qui intercepte le passage au niveau du chemin de ronde de la courtine; elle explique les degr?s qui montent ? la plate-forme de l'?chauguette, et rend compte de la construction de l'ouvrage. N'oublions pas de mentionner la pr?sence des corbeaux A qui ?taient plac?s ainsi ? l'int?rieur du rempart pour recevoir une fili?re portant des solives et un plancher, dont l'autre extr?mit? reposait int?rieurement sur des poteaux, afin d'augmenter la largeur du chemin de ronde en temps de guerre, soit pour faciliter les communications, soit pour d?poser les projectiles ou ?tablir des engins. Nous avons expliqu? ailleurs l'utilit? de ces chemins de ronde suppl?mentaires .

Le plan , pris au niveau du cr?nelage, fait voir les deux baies fermant l'?chauguette, la petite chemin?e qui servait ? chauffer les gens de guet, l'ouverture du m?chicoulis de face en A et celles des m?chicoulis lat?raux en B. Ces m?chicoulis se fermaient au moyen de planchettes munies de gonds.

La fig. 15 donne une vue perspective ext?rieure de ce poste avec sa couverture. Cette construction ?tait en granit rouge.

La fig. 15 bis pr?sente, en A, la coupe de l'?chauguette sur la ligne EG, et, en B, sur la ligne CD du plan.

Dans la premi?re de ces coupes est indiqu?e l'ouverture du m?chicoulis de face en H avec la saillie K, sur le parement du mur, pour emp?cher les traits d?coch?s d'en bas de remonter en glissant le long du parement jusqu'aux d?fenseurs. Dans la seconde coupe B, on voit l'ouverture du m?chicoulis de face en L, et, en M, celles des m?chicoulis lat?raux avec les arr?ts O pour les traits venant du dehors. Ces m?chicoulis lat?raux servaient, avec les meurtri?res P, ? flanquer la courtine, car on remarquera que les d?fenseurs pouvaient non-seulement laisser tomber des pierres verticalement, mais aussi envoyer des traits d'arbal?te obliquement, ainsi que l'indique le trac? ponctu? MN. On trouve assez souvent, dans nos anciennes forteresses, beaucoup d'?chauguettes dispos?es de cette mani?re, au moins quant au m?chicoulis de face; mais il ne faut pas prendre pour telles des latrines qui souvent ont la m?me apparence ext?rieure, et ont leur vidange sur le dehors , quand ce dehors est un foss? ou un escarpement.

Sur l'un des fronts de l'enceinte du ch?teau de V?z , il existe encore de belles ?chauguettes semi-circulaires flanquantes, dont nous donnons la vue perspective ext?rieure . Sur le talus de la courtine na?t un contre-fort rectangulaire peu saillant, qui, au moyen de trois corbelets, porte un demi-cylindre inf?rieur sur lequel posent quatre assises profil?es arrivant ? former un puissant encorbellement portant l'?chauguette. La bascule de cette masse est parfaitement maintenue par le massif de la courtine.

Sur l'autre front de la m?me enceinte, ? l'int?rieur de la cour du ch?teau, il existe des ?chauguettes rectangulaires cette fois, ? doubles flanquements, c'est-?-dire formant deux redans de chaque c?t? , destin?s ? flanquer la courtine ? droite et ? gauche: le premier redan assez long pour permettre un tir parall?le aux parements de cette courtine; le second plus court, mais suffisant pour le tir oblique, ainsi que l'indique le plan A. Ici encore, c'est un large contre-fort rectangulaire naissant sur le talus inf?rieur et portant l'encorbellement du premier redan; puis un second contre-fort en encorbellement lui-m?me portant la saillie du second redan. Des larmiers abritent les profils et emp?chent la pluie de baver sur les parements.

On ?tablissait aussi des ?chauguettes transitoires en bois sur les chemins de ronde des fortifications du moyen ?ge; ces ?chauguettes se reliaient aux hourds et formaient des sortes de bret?ches . Quant aux ?chauguettes ? demeure en charpente, nous les avons scrupuleusement d?truites en France. ? peine si nous en apercevons les traces sur quelques tours ou clochers. Pour trouver de ces sortes d'ouvrages encore entiers, il faut se d?cider ? passer le Rhin et parcourir l'Allemagne conservatrice.

Dans la campagne, et surtout dans les pays de plaines, les combles des tours des ch?teaux se garnissaient d'?chauguettes qui permettaient de d?couvrir au loin ce qui se passait; la Picardie et les Flandres surmontaient les combles de leurs donjons d'?chauguettes de bois recouvertes de plomb ou d'ardoises. Les gravures nous ont conserv? quelques-unes de ces guettes de charpenterie. Nous donnons ici l'une d'elles en A.

? la base du pignon se voient deux autres ?chauguettes de pierre B, ? deux ?tages, flanquant le chemin de ronde des m?chicoulis.

Sur un dernier ?tage carr? s'?panouit un large encorbellement d?cor? d'?cussons armoy?s aux quatre angles; cet encorbellement arrive ? former des portions d'octogones, ainsi que l'indique le plan A. Une balustrade de pierre pourtourne le couronnement et est surmont?e aux angles de logettes ?galement en pierre couvertes de pavillons aigus en charpente. En retraite, sur le parement int?rieur de la tour, s'?l?ve un grand comble ? huit pans sur quatre faces duquel sont pos?es des ?chauguettes en bois couvertes aussi de pyramides ? huit pans. Tous ces combles sont rev?tus d'ardoises et de plomb, avec ?pis, boules, girouettes. Quatre petits combles diagonaux permettent de passer ? couvert de la base de la charpente dans chacune des ?chauguettes d'angle.

Du jour o? chacun n'eut plus ? songer ? sa d?fense personnelle, l'?chauguette disparut de nos ?difices civils ou religieux; et il faut reconna?tre que la gendarmerie de notre temps remplace avec avantage ces petits postes de surveillance.

Ce principe, qui para?t si naturel et si simple au premier abord, est cependant un de ceux sur lesquels les diverses ?coles d'architecture s'entendent le moins. Nous avons touch? cette question d?j? dans l'article ARCHITECTURE, et notre confr?re regrett?, M. Lassus, l'avait trait?e avant nous. Dans la pratique, cependant, il ne semble pas que les observations mises en avant sur ce sujet aient produit des r?sultats. Nous n'avons pas la vanit? de nous en ?tonner; nous croyons simplement que nos explications n'ont ?t? ni assez ?tendues ni assez claires. Il faut donc reprendre la question et la traiter ? fond, car elle en vaut la peine.

Le mode grec, que les Romains ne comprirent pas, fut perdu. ? la place de ces principes harmoniques, bas?s sur le module abstrait, le moyen ?ge ?mit un autre principe, celui de l'?chelle, c'est-?-dire qu'? la place d'un module variable comme la dimension des ?difices, il prit une mesure uniforme, et cette mesure uniforme est donn?e par la taille de l'homme d'abord, puis par la nature de la mati?re employ?e. Ces nouveaux principes ne font pas que, parce que l'homme est petit, tous les monuments seront petits; ils se bornent, m?me dans les plus vastes ?difices , ? forcer l'architecte ? rappeler toujours la dimension de l'homme, ? tenir compte toujours de la dimension des mat?riaux qu'il emploie.

Prenons un monument franchement gothique, la nef principale de la cath?drale d'Amiens. Cette nef a, d'axe en axe des piles, 14m,50; les colonnes centrales portent 1m,36 de diam?tre, et les quatre colonnettes engag?es qui cantonnent ces colonnes centrales, 0,405m. Nous demandons que l'on nous indique une nef de la m?me ?poque, n'ayant que 7m,25 de largeur d'axe en axe des piles, dont les colonnes centrales n'auraient que 0,68 c. de diam?tre et les colonnes engag?es 0,20 c., c'est-?-dire ?tant dans un rapport exact de proportion avec la nef de la cath?drale d'Amiens.

Voici un monument qui se pr?sente ? propos, construit en mat?riaux tr?s-r?sistants, tandis que ceux dont se compose la cath?drale d'Amiens ne le sont que m?diocrement: c'est la nef de l'?glise de Semur-en-Auxois, b?tie en m?me temps que celle de la cath?drale d'Amiens. La nef n'a en largeur qu'un peu moins de la moiti? de celle-ci, 6m,29. Or les colonnes centrales ont 1m,08 de diam?tre, et les colonnes engag?es qui les cantonnent, 0,27 c., au lieu de 0,64 c. et 0,19 c. Ces rapports proportionnels que nous trouvons dans l'architecture antique n'existent donc pas ici; notez que 0,405m font juste 15 pouces, et 0,27 c., 10 pouces, et les colonnettes cantonnantes des piles de l'?glise de Semur sont les plus gr?les que nous connaissions de cette ?poque; ordinairement ces colonnettes, qui ont une si grande importance parce qu'elles portent en apparence les membres principaux de l'architecture, ont, dans les plus petits ?difices, 0,32 c. , dans les plus grands 0,40 c. ; par cas exceptionnel, comme ? Reims, 0,49 c. ; c'est-?-dire l'unit?, l'unit? plus 1/4, l'unit? plus 1/2. Mais ce qui donne l'?chelle d'un ?difice, ce sont bien plus les mesures en hauteur que les mesures en largeur. Or, dans cette petite ?glise de Semur, le niveau du dessus des bases est ? 1m,06 du sol, et les piles n'ont que 5m,00 de haut, compris le chapiteau, jusqu'aux naissances des vo?tes des bas-c?t?s. Dans la cath?drale d'Amiens, les piles qui remplissent le m?me objet ont 13m,80, et le niveau du dessus des bases... 1m,06. Dans la cath?drale de Reims, les piles ont 11m,20 de haut, et les bases 1m,30; 1m,06 font juste 3 pieds 3 pouces; 1m,30, 4 pieds, c'est-?-dire 3 unit?s 1/4, 4 unit?s. Les chapiteaux de ces piles de la nef d'Amiens ont, tout compris, 1m,14 de haut; ceux de Reims, 1m,14, c'est-?-dire 3 pieds 6 pouces; ceux des petites piles de l'?glise de Semur, 1m,06, comme les bases . La nef de la cath?drale de Reims a 37m,00 sous clef; les colonnettes de son triforium ont 3m,50 de haut. La nef de la cath?drale d'Amiens a 42m,00 sous clef; les colonnes de son triforium ont de hauteur 3m,00. La nef de l'?glise de Semur a, sous clef, 24m,00; les colonnettes de son triforium ont de hauteur 2m,00: c'est le minimum, parce que le triforium est un passage de service, qu'il indique la pr?sence de l'homme; aussi ne grandit-il pas en proportion de la dimension de l'?difice. Les architectes, au contraire, m?me lorsque, comme ? Amiens, la construction les oblige ? donner au triforium une grande hauteur sous plafond, rappellent, par un d?tail important, tr?s-visible, comme les colonnettes, la dimension humaine. C'est pour cela qu'? la base des ?difices, dans les int?rieurs, sous les grandes fen?tres, les architectes ont le soin de plaquer des arcatures qui, quelle que soit la dimension de ces ?difices, ne sont toujours port?es que par des colonnettes de 2m,00 de hauteur au plus, colonnettes qui sont ainsi, tout au pourtour du monument, ? la hauteur de l'oeil, comme des moyens multipli?s de rappeler l'?chelle humaine, et cela d'une fa?on d'autant plus frappante, que ces colonnettes d'arcatures portent toujours sur un banc, qui, bien entendu, est fait pour s'asseoir, et n'a que la hauteur convenable ? cet usage, c'est-?-dire de 0,40 ? 0,45 c. Il va sans dire que les balustrades, les appuis n'ont jamais, quelle que soit la dimension des ?difices, que la hauteur n?cessaire, c'est-?-dire 1m,00 .

Non-seulement la taille de l'homme, mais aussi la dimension des mat?riaux d?terminent l'?chelle de l'architecture romaine et surtout de l'architecture gothique. Tout membre d'architecture doit ?tre pris dans une hauteur d'assise; mais comme les pierres ? b?tir ne sont pas partout de la m?me hauteur de banc, c'est l? o? l'on reconna?t la souplesse des principes de cette architecture. Avec un tact et un sentiment de l'art assez peu appr?ci?s de nos jours, l'architecte du moyen ?ge ?l?ve sa construction de fa?on ? la mettre d'accord avec la dimension de l'?difice qu'il b?tit. Peu importe que les mat?riaux soient hauts ou bas, il sait en m?me temps le soumettre ? l'?chelle impos?e par ces mat?riaux et aux proportions convenables ? un grand ou ? un petit monument. Supposons qu'il ne poss?de que des pierres calcaires dont la hauteur de banc est de 0,40 c. au plus, et qu'il veuille b?tir un ?difice d'une tr?s-grande dimension, comme la fa?ade de la cath?drale de Paris, par exemple; admettons m?me qu'il tienne ? donner ? cette fa?ade de grandes proportions, ou, pour mieux dire, une ?chelle sup?rieure ? l'?chelle commune. Il ?l?vera les soubassements en assises r?guli?res, basses; si, dans ces soubassements, il veut faire saillir des bandeaux, il ne donnera ? ces bandeaux qu'une tr?s-faible hauteur, et encore les fera-t-il tailler sur des profils fins, d?licats, afin de laisser ? la masse inf?rieure toute son importance; il maintiendra les lignes horizontales, comme indiquant mieux la stabilit?. Arriv? ? une certaine hauteur, il sent qu'il faut ?viter l'uniformit? convenable ? un soubassement, que les lits horizontaux donn?s par les assises d?truiront l'effet des lignes verticales. Alors, devant cette structure compos?e d'assises, il place des colonnettes en d?lit qui sont comme un dessin d'architecture ind?pendant de la structure; il surmonte ces colonnettes d'arcatures prises dans des pierres pos?es de m?me en d?lit et appareill?es de telle fa?on qu'on n'aper?oive plus les joints de la construction: ainsi donne-t-il ? son architecture les proportions qui lui conviennent, et il laisse ? ces proportions d'autant plus de grandeur que, derri?re ce placage d?coratif, l'oeil retrouve l'?chelle vraie de la b?tisse, celle qui est donn?e par la dimension des mat?riaux. La grande galerie ? jour qui, sous les tours, termine la fa?ade de Notre-Dame de Paris, est un chef-d'oeuvre de ce genre. La structure vraie, comme un th?me invariable, se continue du haut en bas, par assises r?gl?es de 0,40 c. de hauteur environ. Devant cette masse uniforme se dessine d'abord la galerie des Rois, avec ses colonnes monolithes de 0,25 c. de diam?tre, dress?es entre des statues de 3m,00 de hauteur. Puis vient se poser imm?diatement une balustrade ? l'?chelle humaine, c'est-?-dire de 1m,00 de hauteur, qui rend ? la galerie sa grandeur, en rappelant, pr?s des figures colossales, la hauteur de l'homme. Au-dessus, les assises horizontales; le th?me continue sans rien qui alt?re son effet. L'oeuvre se termine par cette grande galerie verticale dont les colonnes monolithes ont 5m,10 de hauteur sur 0,18 c. de diam?tre, couronn?e par une arcature et une corniche saillante, haute, ferme, dans laquelle cependant l'ornementation et les profils se soumettent ? la dimension des mat?riaux . Les tours s'?l?vent sur ce vaste soubassement; elles se composent, comme chacun sait, de piles cantonn?es de colonnettes engag?es b?ties par assises de 0,45 c. de hauteur; mais pour que l'oeil, ? cette distance, puisse saisir la construction, ?norme empilage d'assises, dans les angles, chacune de ces assises porte un crochet saillant se d?coupant sur les fonds ou sur le ciel. Ces longues s?ries de crochets, marquant ainsi l'?chelle de la construction, rendent aux tours leur dimension v?ritable en faisant voir de combien d'assises elles se composent. Sur la fa?ade de Notre-Dame de Paris, l'?chelle donn?e par la dimension de l'homme et par la nature des mat?riaux est donc soigneusement observ?e de la base au fa?te. La statuaire, qui sert de point de comparaison, n'existe que dans les parties inf?rieures; les couronnements en sont d?pourvus, et, en cela, l'architecte a proc?d? sagement: car, dans un ?difice de cette hauteur, si l'on place des statues sur les couronnements, celles-ci paraissent trop petites lorsqu'elles ne d?passent pas du double au moins la dimension de l'homme; elles ?crasent l'architecture lorsqu'elles sont colossales.

En entrant dans une ?glise ou une salle gothique, chacun est dispos? ? croire ces int?rieurs beaucoup plus grands qu'ils ne le sont r?ellement; c'est encore par une judicieuse application du principe de l'?chelle humaine que ce r?sultat est obtenu. Comme nous l'avons dit tout ? l'heure, les bases des piles, leurs chapiteaux, les colonnettes des galeries sup?rieures rappellent ? diverses hauteurs la dimension de l'homme, quelle que soit la proportion du monument. De plus, la multiplicit? des lignes verticales ajoute singuli?rement ? l'?l?vation. Dans ces int?rieurs, les profils sont camards, fins, toujours pris dans des assises plus basses que celles des piles ou des parements. Les vides entre les meneaux des fen?tres ne d?passent jamais la largeur d'une baie ordinaire, soit 1m,25 au plus. Si les fen?tres sont tr?s-larges, ce sont les meneaux qui, en se multipliant, rappellent toujours ces dimensions auxquelles l'oeil est habitu?, et font qu'en effet ces fen?tres paraissent avoir leur largeur r?elle. D'ailleurs ces baies sont garnies de panneaux de vitraux s?par?s par des armatures en fer, qui contribuent encore ? donner aux ouvertures vitr?es leur grandeur vraie; et pour en revenir aux colonnes engag?es ind?finiment allong?es, dans l'emploi desquelles les uns voient une d?cadence ou plut?t un oubli des r?gles de l'antiquit? sur les ordres, les autres une influence d'un art ?tranger, d'autres encore un produit du hasard, elles ne sont que la cons?quence d'un principe qui n'a aucun point de rapport avec les principes de l'architecture antique. D'abord il faut admettre que les ordres grecs n'existent plus, parce qu'en effet ils n'ont aucune raison d'exister chez un peuple qui abandonne compl?tement la plate-bande pour l'arc. La plate-bande n'?tant plus admise, le point d'appui n'est plus colonne, c'est une pile. La colonne qui porte une plate-bande est et doit ?tre diminu?e, c'est-?-dire pr?senter ? sa base une section plus large que sous le chapiteau; c'est un besoin de l'oeil d'abord, c'est aussi une loi de statique; car la plate-bande ?tant un poids inerte, il faut que le quillage sur lequel pose ce poids pr?sente une stabilit? parfaite. L'arc, au contraire, est une pesanteur agissante qui ne peut ?tre maintenue que par une action oppos?e. Quatre arcs qui reposent sur une pile se contre-buttent r?ciproquement, et la pile n'est plus qu'une r?sistance oppos?e ? la r?sultante de ces actions oppos?es. Il ne viendra jamais ? la pens?e d'un architecte de reposer quatre arcs sur une pile conique ou pyramidale. Il les bandera sur un cylindre ou un prisme, puisqu'il sait que la r?sultante des pressions obliques de ces quatre arcs, s'ils sont ?gaux de diam?tre, d'?paisseur et de charge, passe dans l'axe de ce cylindre ou de ce prisme sans d?vier. Il pourrait se contenter d'un poin?on pos? sur sa pointe pour porter ces arcs. Or, comme nous l'avons assez fait ressortir dans l'article CONSTRUCTION, le syst?me des vo?tes et d'arcs adopt? par les architectes du moyen ?ge n'?tant autre chose qu'un syst?me d'?quilibre des forces oppos?es les unes aux autres par des butt?es ou des charges, tout dans cette architecture tend ? se r?soudre en des pressions verticales, et le syst?me d'?quilibre ?tant admis, comme il faut tout pr?voir, m?me l'imperfection dans l'ex?cution, comme il faut compter sur des erreurs dans l'?valuation des pressions obliques oppos?es ou charg?es, et par cons?quent sur des d?viations dans les r?sultantes verticales, mieux vaut dans ce cas une pile qui se pr?te ? ces d?viations qu'une pile inflexible sur sa base. En effet, soit , sur une pile A, une r?sultante de pressions qui, au lieu d'?tre parfaitement verticale, soit oblique suivant la ligne CD, cette r?sultante oblique tendra ? faire faire ? la pile le mouvement indiqu? en B. Alors la pile sera broy?e sur ses ar?tes. Mais soit, au contraire, sur une pile E, une r?sultante de pressions obliques, la pile tendra ? pivoter sur sa base de mani?re ? ce que la r?sultante rentre dans la verticale, comme le d?montre le trac? F. Alors, si la pile est charg?e, ce mouvement ne peut avoir aucun inconv?nient s?rieux. Tout le monde peut faire cette exp?rience avec un c?ne sur le sommet ou la base duquel on appuierait le doigt. Dans le premier cas, on fera sortir la base du plan horizontal; dans le second, le c?ne ob?ira, et ? moins de faire sortir le centre de gravit? de la surface conique, on sentira sous la pression une r?sistance toujours aussi puissante.

Ainsi laissons donc l? les rapports de la colonne des ordres antiques, qui n'ont rien ? faire avec le syst?me de construction de l'architecture du moyen ?ge. Ne comparons pas des modes oppos?s par leurs principes m?mes. Les architectes gothiques et m?me romans du Nord n'ont pas, ? proprement parler, connu la colonne; ils n'ont connu que la pile. Cette pile, quand l'architecture se perfectionne, ils la d?composent en autant de membres qu'ils ont d'arcs ? porter; rien n'est plus logique assur?ment. Ces membres ont des pressions ?gales ou ? peu pr?s ?gales ? recevoir; ils admettent donc qu'en raison de l'?tendue des monuments ils donneront ? chacun d'eux le diam?tre convenable, 1 pied, 15 pouces, ou 18 pouces, comme nous l'avons d?montr? plus haut; cela est encore tr?s-logique. Ils poseront ces membres r?unis sur une base unique, non faite pour eux, mais faite pour l'homme, comme les portes, les balustrades, les marches, les appuis sont faits pour l'homme et non pour les monuments; cela n'est pas conforme ? la donn?e antique, mais c'est encore conforme ? la logique, car ce ne sont pas les ?difices qui entrent par leurs propres portes, qui montent leurs propres degr?s ou s'appuient sur leurs propres balustrades, mais bien les hommes. Ces membres, ou fractions de piles, ces points d'appui ont, celui-ci un arc ? soutenir ? cinq m?tres du sol: on l'arr?te ? cette hauteur, on pose son chapiteau ; cet autre doit porter son arc ? huit m?tres du sol: il s'arr?te ? son tour ? ce niveau; le dernier recevra sa charge ? quinze m?tres, son chapiteau sera plac? ? quinze m?tres de hauteur. Cela n'est ni grec, ni m?me romain, mais cela est toujours parfaitement logique. La colonne engag?e gothique, qui s'allonge ainsi ou se raccourcit suivant le niveau de la charge qu'elle doit porter, n'a pas de module, mais elle a son ?chelle, qui est son diam?tre; elle est cylindrique et non conique, parce qu'elle n'indique qu'un point d'appui recevant une charge passant par son axe, et qu'en supposant m?me une d?viation dans la r?sultante des pressions, il est moins dangereux pour la stabilit? de l'?difice qu'elle puisse s'incliner comme le ferait un poteau, que si elle avait une large assiette s'opposant ? ce mouvement. Son diam?tre est aussi peu variable que possible, quelle que soit la dimension de l'?difice, parce que ce diam?tre uniforme, auquel l'oeil s'habitue, paraissant gr?le dans un vaste monument, large dans un petit, indique ainsi la dimension r?elle, sert d'?chelle, en un mot, comme les bases, les arcatures, balustrades, etc.

Mais comme les architectes du moyen ?ge ont le d?sir manifeste de faire para?tre les int?rieurs des monuments grands , ils ?vitent avec soin tout ce qui pourrait nuire ? cette grandeur. Ainsi ils ?vitent de placer des statues dans ces int?rieurs, si ce n'est dans les parties inf?rieures, et, alors, ils ne leur donnent que la dimension humaine, tout au plus. L'id?e de jeter des figures colossales sous une vo?te ou un plafond ne leur est jamais venue ? la pens?e, parce qu'ils ?taient architectes, qu'ils aimaient l'architecture et ne permettaient pas aux autres arts de d?truire l'effet qu'elle doit produire. Les sculpteurs n'en ?taient pas plus malheureux ou moins habiles pour faire de la statuaire ? l'?chelle; ils y trouvaient leur compte et l'architecture y trouvait le sien .

?CHIFFRE . C'est le mur sur lequel s'appuient les marches d'un escalier, quand ce mur ne d?passe pas les niveaux ressautants du degr? .

?CU, s. m. .

La Synagogue de la cath?drale de Bamberg repose sur une colonne ? laquelle est adoss?e une petite figure de juif, facile ? reconna?tre ? son bonnet pointu. Au-dessus de cette statuette est un diable dont les jambes sont pourvues d'ailes; il s'appuie sur le bonnet du juif. La statue de l'Ancienne loi est belle; ses yeux sont voil?s par un bandeau d'?toffe; de la main gauche elle laisse ?chapper cinq tablettes, et de la droite elle tient ? peine son ?tendard bris?. On ne voit pas de couronne ? ses pieds. En pendant, ? la gauche du spectateur, par cons?quent ? la droite de la porte, l'?glise repose de m?me sur une colonnette dont le f?t, ? sa partie inf?rieure, est occup? par une figure assise ayant un phylact?re d?ploy? sur ses genoux ; de la main droite , ce personnage para?t b?nir; la t?te manque, ce qui nous embarrasse un peu pour d?signer cette statuette que cependant nous croyons ?tre le Christ. Au-dessus sont les quatre ?vang?listes, c'est-?-dire en bas le lion et le boeuf, au-dessus l'aigle et l'ange. Malheureusement les deux bras de la loi Nouvelle sont bris?s. Au geste, on reconna?t toutefois qu'elle tenait l'?tendard de la main droite et le calice de la gauche. Cette statue, d'une belle ex?cution, pleine de noblesse, et nullement mani?r?e comme le sont d?j? les statues de cette ?poque en Allemagne, est couronn?e. Elle est, ainsi que son pendant, couverte par un dais.

Cette mani?re de personnifier la religion chr?tienne et la religion juive n'est pas la seule. Nous voyons au-dessus de la porte m?ridionale de la cath?drale de Worms, dans le tympan du g?ble qui surmonte cette porte, une grande figure de femme couronn?e, tenant un calice de la main droite comme on tient un vase dans lequel on se fait verser un liquide. Cette femme couronn?e est fi?rement assise sur une b?te ayant quatre t?tes, aigle, lion, boeuf, homme; quatre jambes, pied humain, pied fendu, patte de lion et serre d'aigle: c'est encore la Nouvelle loi. Dans le tympan de la porte qui surmonte cette statue, on voit un couronnement de la Vierge; dans les voussures, la Nativit?, l'arche de No?, Adam et ?ve, le crucifiement, les trois femmes au tombeau, J?sus-Christ ressuscitant et des proph?tes. Parmi les statues des ?brasements, on remarque l'?glise et la Synagogue. La religion chr?tienne porte l'?tendard lev?, elle est couronn?e; la religion juive a les yeux band?s, elle ?gorge un bouc; sa couronne tombe d'un c?t?, ses tablettes de l'autre.

Souvent, dans nos vitraux fran?ais, on voit de m?me un Christ en croix avec l'?glise et la Synagogue ? ses c?t?s, mais repr?sent?es sans leurs montures, l'?glise recueillant le sang du Sauveur dans un calice, et la Synagogue voil?e, se d?tournant comme les statues de Bamberg et de Strasbourg, ou tenant un jeune bouc qu'elle ?gorge. Villard de Honnecourt para?t, dans la vignette 57e de son manuscrit, avoir copi? une de ces figures de l'?glise sur un vitrail ou peut-?tre sur une peinture de son temps.

Vers le Ve si?cle, lorsque le nouveau culte put s'exercer publiquement, deux principes eurent une action marqu?e dans la construction des ?glises en Occident: la tradition des basiliques antiques qui, parmi les monuments pa?ens, servirent les premiers de lieu de r?union pour les fid?les; puis le souvenir des sanctuaires v?n?rables creus?s sous terre, des cryptes qui avaient renferm? les restes des martyrs, et dans lesquelles les saints myst?res avaient ?t? pratiqu?s pendant les jours de pers?cution. Rien ne ressemble moins ? une crypte qu'une basilique romaine; cependant la basilique romaine poss?de, ? son extr?mit? oppos?e ? l'entr?e, un h?micycle vo?t? en cul-de-four, le tribunal. C'est l? que, dans les premi?res ?glises chr?tiennes, on ?tablit le si?ge de l'?v?que ou du ministre eccl?siastique qui le rempla?ait; autour de lui se rangeaient les clercs; l'autel ?tait plac? en avant, ? l'entr?e de l'h?micycle relev? de plusieurs marches. Les fid?les se tenaient dans les nefs, les hommes d'un c?t?, les femmes de l'autre. Habituellement nos premi?res ?glises fran?aises poss?dent, sous l'h?micycle, l'abside, une crypte dans laquelle ?tait d?pos? un corps saint, et quelquefois le fond de l'?glise lui-m?me rappelle les dispositions de ces constructions souterraines, bien que la nef conserve la physionomie de la basilique antique. Ces deux genres de constructions si oppos?s laissent longtemps des traces dans nos ?glises, et les sanctuaires sont vo?t?s, ?lev?s suivant la m?thode concr?te des ?difices romains b?tis en briques et blocages, que les nefs ne consistent qu'en des murs l?gers reposant sur des rangs de piles avec une couverture en charpente comme les basiliques antiques.

?COLE FRANCO-CHAMPENOISE. Cette ?cole est un d?riv? de la pr?c?dente; mais elle emprunte certains caract?res ? l'?cole champenoise, qui est plus robuste et conserve des traditions de l'architecture antique. Les mat?riaux de la Brie sont peu r?sistants, et les constructeurs ont tenu compte de leur d?faut de solidit? en donnant aux piliers, aux murs, une plus forte ?paisseur, en tenant leurs ?difices plus trapus que dans l'?le-de-France proprement dite.

L'?cole bourguignonne abandonne difficilement les traditions romanes, et pendant que d?j? on construisait, dans l'?le-de-France et la basse Champagne, des ?glises qui pr?sentent tous les caract?res de l'architecture gothique, on suivait en Bourgogne, avec succ?s, les m?thodes clunisiennes en les perfectionnant.

Ces ?coles, diverses par leurs origines et leurs travaux, progressent chacune de leur c?t? jusqu'au moment o? se fait sentir l'influence de la nouvelle architecture de l'?le-de-France et de la Champagne, l'architecture gothique.

L'?cole gothique normande ne se d?veloppe que plus tard, vers 1240, et son v?ritable si?ge est en Angleterre.

Afin de faciliter les recherches, nous classons ces ?glises par d?partements et arrondissements, en suivant l'ordre alphab?tique.

PYR?N?ES . ?g. de Luz, ?g. de Saint-Savin, ?g. d'Ibos pr?s Tarbes.

Quant aux embrasures des batteries d?couvertes, Albert D?rer les a construites ? Nuremberg, ainsi que l'indique la fig. 8, sur les courtines et quelques-uns de ses boulevards. Le parapet, large, en pierre, pr?sente une surface convexe pour mieux r?sister ? l'effet des projectiles ennemis. Un volet tournant sur un axe garantit les artilleurs lorsqu'on charge la pi?ce. Ces volets ?taient assez ?pais et solides pour que les boulets, venant horizontalement, pussent ricocher sur leur surface externe, car alors le tir de plein fouet ?tait mou ? cause de la qualit? m?diocre de la poudre et de la proportion vicieuse des pi?ces, dont l'?me ?tait relativement d'un trop grand diam?tre pour la charge employ?e.

Quelquefois, en France et en Italie, on eut l'id?e de profiler les embrasures ainsi que l'indique la fig. 9, afin d'emp?cher les boulets ennemis de glisser sur les parois des ?brasements et de frapper la pi?ce. Il va sans dire que ces redans sont promptement d?truits par l'artillerie des assi?geants et m?me alt?r?s par le souffle de la pi?ce. D?s l'?poque de Fran?ois Ier, on en vint, lorsqu'on voulut armer une forteresse, ? couronner les boulevards et les courtines par des talus en terre m?lang?e avec des brins de bois ou du chaume. En cas de si?ge, on ouvrait des embrasures dans ces talus , et on maintenait leurs parois verticales par des madriers. Cette m?thode est encore suivie de nos jours. On augmentait au besoin le relief du parapet par des gabionnades ou des sacs ? terre.

Quelquefois m?me ces parapets, avec leurs embrasures, ?taient faits de clayonnages triangulaires juxtapos?s et remplis de terre et de fumier . Ces moyens ?taient particuli?rement employ?s pour des ouvrages de campagne qu'il fallait faire ? la h?te, et quand on n'avait pas le loisir de laisser tasser les terrassements.

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