Read Ebook: Mon frère et moi; souvenirs d'enfance et de jeunesse by Daudet Ernest
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Ebook has 263 lines and 28736 words, and 6 pages
Que d'heures j'ai pass?es l? ? plier la marchandise, ? ?crire des lettres, ? dresser des factures, ? faire des emballages! Nous peinions, mon p?re et moi, comme deux manoeuvres. ? moins de descendre les colis sur notre dos, je ne vois pas ce que nous laissions ? faire au commissionnaire qui nous servait d'aide. Nous ne songions ni l'un ni l'autre ? nous plaindre cependant; nous ?tions pay?s quand apparaissait un client.
Les clients n'auraient pas manqu?, car les produits de la maison avaient la r?putation d'?tre beaux, <
Que de soucis cuisants dans cette marche cahot?e entre la faillite et le prot?ts! Et les jours d'?ch?ance, comment en raconter les angoisses? Ils arrivaient toujours trop t?t. Le petit carnet sur lequel ?taient inscrits les billets ? payer nous les rappelait sans cesse. On les voyait approcher, le coeur serr?, comptant pour y faire face sur un acheteur qui ne venait pas. Ils nous prenaient souvent au d?pourvu. Alors on jetait en h?te dans une caisse cent ou deux cents pi?ces de foulards, un commissionnaire chargeait le tout sur son dos, et l'on s'en allait chez des marchands dont toute l'industrie consistait ? exploiter la g?ne des fabricants aux abois. La honte au front, la rage au coeur, on leur vendait ? vil prix de quoi faire face ? l'?ch?ance du jour. On ne s'enrichit gu?re ? pareil m?tier.
Lorsque tant de ruineuses op?rations eurent creus? le gouffre o? nous allions sombrer, vinrent les prot?ts, les prot?ts et leurs humiliantes suites. Un matin,--je m'en souviens comme si c'?tait d'hier,--vers sept heures, entr?rent dans le magasin trois hommes ? mine obs?quieuse. C'?taient un huissier et ses aides. ? la suite d'un jugement prononc? par le tribunal de commerce, pour une traite impay?e, ils venaient op?rer une saisie.
Ma m?re, souffrante ce jour-l?, dormait encore; mon p?re se rasait devant la crois?e du magasin; j'?crivais une lettre, et mon fr?re mettait la derni?re main ? ses devoirs avant de partir pour le lyc?e. On devine, sans qu'il soit n?cessaire de le d?crire, l'effet produit par l'apparition des recors dans notre int?rieur, si paisible en sa monotonie.
Ce jour-l?, pour la premi?re fois, j'eus une initiative virile. Tandis que mon pauvre p?re, tout p?le, la moiti? de la face couverte de savon, parlementait, son rasoir ? la main, pour d?fendre son foyer menac?, je partis comme un trait pour aller chercher du secours.
Parmi les n?gociants de Lyon avec qui nous entretenions des relations, il en ?tait un qui nous avait connus dans des temps plus fortun?s. Nos malheurs ne nous avaient pas ali?n? sa sympathie. Son nom s'?tait pr?sent? tout ? coup ? ma pens?e. J'arrivai chez lui, affol?.
--Monsieur, lui dis-je, venez chez nous tout de suite.
J'?tais si boulevers?, si p?le, qu'il ne m'interrogea pas. Il prit son chapeau et me suivit. En route, je lui racontai ce qui nous arrivait, je lui dis ce que nous attendions de lui; il ?tait l'ami de notre cr?ancier; son intervention pouvait nous sauver.
En arrivant ? la maison, il renvoya les huissiers, qui avaient, au grand d?sespoir de ma m?re, commenc? le r?colement de notre mobilier, puis s'entretint avec mon p?re. Au bout d'une heure, nous recevions l'assurance que les poursuites ne seraient pas continu?es, notre cr?ancier consentant ? nous accorder du temps pour nous lib?rer.
L'honn?te homme ? qui j'avais fait appel nous rendit ce service avec une simplicit? discr?te qui en accrut le prix. Il nous garda le secret, m?me vis-?-vis des siens. Bien des ann?es apr?s, en janvier 1871, traversant Gen?ve, au lendemain de l'armistice, au moment o? l'arm?e de l'Est venait de se jeter en Suisse, je rencontrai dans les rues de cette ville un pauvre petit lignard, h?ve, d?guenill?, tra?nant avec peine ses pieds meurtris. Il me reconnut et m'appela en se nommant. C'?tait le fils de notre sauveur. Je l'emmenai ? mon h?tel; je lui donnai les soins que n?cessitait son ?tat, et le cher gar?on ne se douta gu?re qu'au bonheur de secourir un soldat fran?ais se joignait pour moi la satisfaction de payer une dette sacr?e.
Si, du moins, nos infortunes se fussent born?es ? ces ?mouvantes ?preuves! Mais elles allaient se compliquer, se prolonger encore, et le chapitre en est vraiment in?puisable.
Apr?s le d?part de la bonne Annette, renvoy?e dans le Midi, comme je l'ai racont?, on l'avait remplac?e par une laborieuse et solide Auvergnate. Mais si modique que f?t la d?pense qu'elle entra?nait, il fallut y renoncer. Alors on prit une femme de m?nage pour la grosse besogne; notre ch?re maman aventura ses blanches mains dans la cuisine et m'institua pourvoyeur.
Chaque matin, apr?s une rapide conf?rence avec elle, je m'en allais aux provisions, un panier sous le bras, un peu humili? de mon r?le, cherchant ? me donner l'air d'un petit riche qui aurait jou? au domestique. Il para?t que j'achetais tr?s-bien. Au moment de partir, j'allais au coffre-fort pour prendre de l'argent.
Oh! ce coffre-fort, je le revois toujours! Il pouvait contenir en ses larges flancs une fortune, et, par une ?pre ironie du destin, il ?tait toujours vide. La clef restait sur la serrure, on n?gligeait m?me d'en fermer la porte. Sur l'une des tablettes dont il ?tait int?rieurement rev?tu, mon p?re d?posait de temps en temps une pile d'?cus. Je tirais de l?, tout perplexe; une sueur froide baignait mon front au fur et ? mesure que s'abaissait le fragile ?difice.
Un jour, le dernier ?cu de la derni?re pile ne fut pas remplac?. Il fallut recourir aux exp?dients, au mont-de-pi?t?, o? je portai successivement la vieille argenterie, les bijoux de ma m?re, tout ce que nous avions arrach? aux pr?c?dents naufrages. D?s ma premi?re visite chez un commissionnaire au mont-de-pi?t?, je l'avais int?ress? ? nos malheurs, en insistant fi?rement, contre toute v?rit?, sur le caract?re momentan? de notre g?ne. J'obtins ainsi d'?tre autoris? ? entrer chez lui par une porte r?serv?e, d'attendre dans une petite pi?ce, sans ?tre m?l? ? la foule des malheureux qui se pressaient ? son guichet.
Ah! jours de noire mis?re, quel sillon vous avez creus? dans notre souvenir! de quelle maturit? pr?coce vous avez rev?tu notre esprit! Oui, ? vivre avec l'adversit?, nous sommes de bonne heure devenus des hommes. On le deviendrait ? moins! Une ?me d'enfant se trempe vite dans de si dures ?preuves.
Mais l'exp?rience achet?e ? ce prix, par le sacrifice des illusions et des joies de la jeunesse, est si douloureuse que je ne souhaite ? personne de l'acqu?rir si ch?rement. Les soucis et les larmes de ce qu'on aime, la poursuite d?sesp?r?e apr?s l'argent, la d?tresse profonde et non avou?e, la honte des sollicitations importunes, les courses matinales chez le cur? de la paroisse, le premier et le seul ? qui on ose tout dire, l'angoisse de l'attente succ?dant aux demandes, les r?ponses qui n'arrivent pas, l'incertitude du lendemain, l'horizon sans ?claircie... Lecteur, Dieu te garde de ces ?preuves!
De cet acharnement de la mauvaise fortune, il fallut conclure qu'il n'y avait pas place pour moi dans le commerce paternel, qu'il ?tait prudent de me laisser libre de gagner ma vie d'un autre c?t?. Je fus donc autoris? ? chercher un emploi. J'en trouvai un d'abord au mont-de-pi?t? de Lyon.
Il nous devait bien cela. J'y gagnais, comme surnum?raire, ? raison de trois francs par jour, le pain que je mangeais chez mes parents. Assis entre deux pr?pos?s aux expertises, derri?re un guichet, je remplissais sur leurs indications des reconnaissances. Que de regards navr?s, que de figures allong?es, que de pauvres mains amaigries, tendant honteusement un mince paquet de pauvres hardes, j'ai vus par l'ouverture carr?e de la cloison qui nous s?parait du public!
Le soir du jour o?, pour la premi?re fois, j'avais assist? ? ce lamentable spectacle, je dis ? notre m?re:
--Il en est de plus malheureux que nous.
Au bout de quelques mois, je quittai le mont-de-pi?t?, malade, quasi empoisonn? par l'air empest? que j'avais respir?, entre ces murailles impr?gn?es de toutes les odeurs malsaines qui se d?gageaient des nantissements. Une position plus lucrative s'?tait offerte, une place de commis chez Descours, entrepreneur de roulage. On me mit pour mes d?buts au service des lettres de voiture. J'en ai noirci des centaines, de ces feuilles rev?tues du timbre imp?rial, en t?te desquelles on lisait, imprim?e en taille-douce, la vieille formule: < la garde de Dieu, et sous la conduite de , voiturier...>>
La t?che ?tait dure; elle me retenait souvent jusqu'? une heure avanc?e de la nuit. Mais, du moins, la r?mun?ration ?tait proportionn?e ? l'ouvrage, le milieu plus humain, plus sain, moins triste que celui du mont-de-pi?t?. M. Descours, un excellent homme, me t?moignait des ?gards; mes coll?gues me traitaient comme un ?tre sup?rieur ? ma condition, accidentellement jet? parmi eux, destin? ? les quitter un jour pour monter plus haut.
Mon fr?re avait alors quinze ans;--moi, j'en avais dix-huit;--il finissait ses humanit?s. Tous les loisirs que lui laissait sa vie d'?colier, ? la fois agit?e et laborieuse, tous ceux que me laissait mon bureau, ?taient absorb?s par nos r?ves litt?raires.
Nous ne nous ?tions encore dit ni l'un ni l'autre que nous donnerions notre vie aux lettres. Mais il est remarquable que plus les circonstances s'acharnaient ? nous ?loigner de la carri?re que nous avons ensuite embrass?e, plus une vocation myst?rieuse s'?veillait en nous et nous y pr?parait.
En avant! en avant! D?j? la blonde aurore A, de ses doigts ros?s, entr'ouvert l'Orient! En avant! en avant! Le ciel qui se colore, De ses premiers rayons d?j? jaunit et dore Le fa?te ardois? du couvent.
Puis, apr?s avoir d?vor? les po?mes d'Ossian et les trag?dies de Ducis, d'apr?s Shakespeare, je voulus aussi ?crire une trag?die. J'en composai le plan. Cela commen?ait dans une for?t de Cornouailles, le soir d'un combat. Mon fr?re me donna le premier vers:
Du sang! Partout du sang! Chaque arbre, chaque feuille...
Dans ses langes blancs, fra?chement cousus, La Vierge ber?ait son enfant J?sus; Lui gazouillait comme un nid de m?sanges; Elle le ber?ait et chantait tout bas Ce que nous chantons ? ces petits anges! Mais l'enfant J?sus ne s'endormait pas! Estonn?, ravi de ce qu'il entend, Il rit dans sa cr?che, et s'en va chantant; Comme un saint l?vite et comme un choriste, Il bat la mesure avec ses deux bras, Et la Sainte Vierge est triste, bien triste, De voir son J?sus qui ne s'endort pas.
Enfants d'un jour, ? nouveau-n?s! Petites bouches, petits nez, Petites l?vres demi-closes, Membres tremblants, Si frais, si blancs, Si roses!
Enfants d'un jour, ? nouveau-n?s! Pour le bonheur que vous donnez ? vous voir dormir dans vos langes, Espoir des nids, Soyez b?nis, Chers anges!
Pour tout ce que vous gazouillez, Soyez b?nis, bais?s, choy?s. Gais rossignols, blanches fauvettes, Que d'amoureux Et que d'heureux Vous faites!
C'est ainsi que mon fr?re pr?ludait ? tant de pages ?crites depuis dans le tumulte des ardentes luttes engag?es pour l'existence et pour la gloire, en plein Paris, en pleine modernit?.
Il trouvait ces choses au retour d'une course en canot, au sortir de classe, ou encore, apr?s quelque soir?e fi?vreuse, dans une chambre secr?tement lou?e en commun avec ses camarades, afin d'essayer ? Lyon l'apprentissage du quartier latin.
Pour la renomm?e de leur auteur, elles ont surv?cu au temps qui les vit na?tre. Mais o? sont ceux qui furent avec moi les premiers ? les entendre? O? sont-ils, ces compagnons des jeunes ann?es, ces t?moins de l'?closion d'une ?me de po?te, du d?cha?nement de nos passions naissantes, surexcit?es par le travail pr?coce et maladif de nos imaginations d'adolescents, emport?es vers le plus s?duisant id?al? Nous en avons retrouv? quelques-uns. Mais les autres, sont-ils morts? Sont-ils vivants? Et s'ils vivent, ont-ils gard? m?moire de notre fantaisiste pr?paration ? l'accomplissement des graves devoirs de la vie?
Ant?rieurement ? cette envol?e vers la litt?rature, le go?t des livres que nous avions tout enfants, comme l'avait eu notre m?re, s'?tait d?velopp? en nous avec une rare puissance.
Il y avait alors, sur le quai de Retz, dans les b?timents du lyc?e, au fond d'une boutique ?troite, un bouquiniste nomm? Daspet. Nous nous arr?tions chez lui de longues heures, debout devant les rayons tout charg?s de volumes us?s et poussi?reux. Il y en avait de tous les temps, des anciens et des modernes, des bons et des mauvais, les vieux classiques, les auteurs libertins du dix-huiti?me si?cle, des romans, des livres de m?decine, de science; nous feuilletions tout, debout, ? la h?te, tournant rapidement le feuillet, cherchant des yeux le passage int?ressant.
Pour compl?ter cette pr?paration inconsciente ? notre entr?e dans les lettres, les biographies d'Eug?ne de Mirecourt, dont le succ?s fut si vif en province, m'introduisaient dans le monde des ?crivains, et, malgr? ce qu'elles contenaient d'inexact ou de calomnieux, meublaient ma m?moire de mille traits propres ? me familiariser avec la personnalit? de ceux dont nous admirions les oeuvres.
Que n'avons-nous pas lu en ces ann?es lointaines! Le soir, quand tout reposait autour de nous, une lampe ?clairait nos longues veilles, pos?e pr?s du lit que nous partagions fraternellement. On nous croyait endormis; de sa chambre, notre m?re nous interpellait ? plusieurs reprises, afin de s'assurer que notre lumi?re ?tait ?teinte. Nous nous gardions de r?pondre; nous retenions notre haleine, nous tournions sans bruit les feuillets, et gr?ce ? nos pr?cautions, nous nous enfoncions librement, au lieu de dormir, dans les affabulations qui provoquaient peu ? peu la f?condit? de notre esprit.
Il avait sous ses ordres Paul Beurtheret, un aimable et bruyant Franc-Comtois, aussi lettr? que lui-m?me l'?tait peu, cachant sous une gouaillerie de bon aloi une nature d?licate, un coeur droit, une fi?re ind?pendance, une ?nergique sinc?rit? de conviction.
L? nous rencontrions aussi Claudius H?brard, un Lyonnais transplant? ? Paris, o? il ?tait devenu le po?te attitr? des r?unions catholiques d'ouvriers. Barde unique de son esp?ce, envers qui le parti s'est montr? ingrat, il allait dans les assembl?es religieuses r?citer des vers qu'il improvisait avec trop de facilit?, et qui n'ont pas surv?cu aux circonstances qui les inspir?rent.
Nous lui savions gr? de sa bonne gr?ce naturelle, qui le faisait nous traiter en camarades, nous jeunets, timides et obscurs. Il nous apportait une odeur de Paris que nous respirions avec d?lices.
Le r?cit d?butait par une douzaine de lettres ?chang?es entre le fr?re et la soeur. Tout ce qu'Alphonse Daudet avait de gr?ce, d'esprit, de fra?cheur de coeur, d'originalit? de style, se retrouvait dans cette correspondance. Le r?cit qui formait la seconde partie ?tait tout impr?gn? d'?motion, tout embaum? d'un suave parfum de jeunesse et d'attendrissement.
Ce privil?ge, mon fr?re s'en est montr? digne par l'ardeur de son incessant effort vers le mieux, par une d?fiance de lui-m?me qui le pousse ? creuser, ? ciseler ses inspirations avec une patiente t?nacit?, par un respect de son lecteur et de son talent qui le rend assez ma?tre de lui pour qu'une page ne sorte de ses mains que lorsqu'il y a ?puis? sa force de perfectionnement. Aussi n'a-t-il rien ? regretter de ce qu'il a ?crit. L'?dition d?finitive de son oeuvre, dont la publication vient d'?tre commenc?e sous une forme rarement employ?e par les ?crivains encore vivants, contiendra tout ce qu'il a publi?, tout sans exception. Lorsqu'il l'a pr?par?e, il n'a rien eu ? ?laguer. Tout a ?t? jug? bon pour y figurer. En ce temps de productions h?tives, improvis?es sous l'empire de la n?cessit?, combien en est-il parmi nous dont les travaux pourraient subir cette ?preuve?
Combien en est-il, je parle des plus renomm?s entre ceux dont la vogue a couronn? le talent et consacr? les succ?s, qui n'aient dans leur pass? des livres trop vite con?us, trop vite achev?s, qu'ils voudraient effacer de la liste de leurs ouvrages?
Combien en est-il qui ne s'attachent ? ne compter leur oeuvre qu'? partir d'une date relativement r?cente, ant?rieurement ? laquelle ils avaient ?crit des volumes qu'ils n'osent plus avouer et qu'ils ne consentiraient pas ? r?imprimer aujourd'hui? Le nombre est rare de ceux qui, servis par une heureuse fortune ou pr?voyants d?s le d?but de leur carri?re, ont su conjurer ces p?rils. Alphonse Daudet est du nombre.
Et ce n'est point l? le seul exemple de l'heureuse chance qui prot?gea son berceau litt?raire. Il n'a pas eu de <
Cette conscience litt?raire, si forte, si s?v?re pour elle-m?me, s'est ?veill?e chez mon fr?re en m?me temps que le talent. Elle explique ses proc?d?s, son acharnement ? perfectionner l'expression de sa pens?e, ses luttes de toutes les heures avec les mots qu'il triture, qu'il p?trit, qu'il assouplit au gr? de sa fantaisie.
<
Qu'on ne s'?tonne donc pas s'il a conquis la fortune et la gloire. Elles repr?sentent la r?compense m?rit?e par ce grand travailleur, qui a eu le courage, ? ses d?buts, de repousser les gains ais?s ? obtenir, de ne jamais sacrifier ? l'improvisation, m?me quand, encore adolescent, il se d?battait avec les difficult?s mat?rielles de l'existence, et qui peut, ? quarante ans, se flatter d'avoir fait du culte des lettres le but sup?rieur de sa vie.
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