Read Ebook: La vie de Rossini tome II by Stendhal
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Ebook has 486 lines and 76795 words, and 10 pages
LE LIVRE DU DIVAN
STENDHAL
VIE
DE ROSSINI
?TABLISSEMENT DU TEXTE ET PR?FACE PAR
HENRI MARTINEAU
PARIS
STENDHAL
VIE
DE ROSSINI
VIE DE ROSSINI
CHAPITRE XX
LA CENERENTOLA
Una volta, e due, e tre!
En entendant ce chant,
Una volta, e due, e tre!
je me crois toujours dans une arri?re-boutique de la rue Saint-Denis. Le Polonais ou l'habitant de Trieste ne peut avoir cette impression d?sagr?able: quant ? moi, je d?sire de tout mon coeur que l'on soit heureux dans toutes les arri?re-boutiques de France, mais je ne puis faire ma soci?t? des gens qui les habitent; je d?plairais encore plus qu'on ne me d?plairait.
La cavatine de don Magnifico,
Miei rampolli feminini,
chant?e par Galli ou Zuchelli, est une d?bauche de belle voix: ce morceau a beaucoup de succ?s, parce qu'il nous fait go?ter vivement le charme attach? ? de beaux sons de basse bien pleins et bien sonores; du reste, il est dans le style de Cimarosa, au g?nie pr?s.
Una grazia, un certo incanto;
je trouve beaucoup d'esprit dans
Nous voici dans la vraie force du talent de Rossini, dans sa partie triomphante. Quel dommage pour les personnes qui sentent d'une certaine fa?on qu'il n'ait pas m?l? un peu de noblesse ? tout son esprit! Il faut se souvenir que cet op?ra fut ?crit pour les Italiens de Rome, des habitudes desquels trois si?cles de Papaut? et de la politique des Alexandre VI et de Ricci ont banni toute noblesse et toute ?l?vation.
La cavatine du valet de chambre Dandini habill? en prince,
Come il ape ne'giorni d'aprile,
est extr?mement piquante. Ici le style d'antichambre est ? sa place; il y a juste dans la musique, comme dans le libretto, ce vernis l?ger de vulgarit? n?cessaire pour rappeler l'?tat de Dandini, mais il ne choque pas. Dans Cimarosa, nous voyons plut?t les passions des personnages subalternes que les habitudes sociales que leur a fait contracter leur position dans la soci?t?; seulement leurs passions sont contrari?es par les circonstances d'une position inf?rieure.
Galoppando s'en va la ragione E fra i colpi d'un doppio cannone Spalancato ? il mio core di gia,
Apr?s les id?es, sinon basses, du moins extr?mement vulgaires que cet op?ra nous a pr?sent?es jusqu'ici, et dont Rossini a plut?t forc? que mod?r? la couleur, l'?me est rafra?chie par le jeu de madame Pasta et sa passion enfantine lorsque, courant apr?s son p?re, qu'elle retient par la basque de son habit brod?, elle lui chante:
Signor, una parola!
Il fallait le jeu de madame Pasta pour que je puisse pardonner la trivialit? du chant
La belle Venere Vezzoza, pomposetta!
Ce coloris d?plaisant dispara?t tout ? coup dans
Altezzissima!
La passion se montre chez don Magnifico et ? l'instant je ne vois plus la trivialit? de ses habitudes. La belle voix de Galli est ravissante ? cet instant.
Il y a un chant fort agr?able, quoique encore un peu vulgaire, sur les paroles:
Nel volto estatico Di questo ? quello.
La sortie de don Magnifico, dans la sc?ne suivante, offrait encore ? Galli une occasion de faire admirer sa superbe voix dans le vers
Tenete allegro il re: vado in cantina.
Dans l'air de don Magnifico:
Noi don Magnifico,
la passion est remplac?e, comme de coutume, par l'esprit, et l'esprit, en musique, n'emp?che pas toujours d'?tre un peu plat. Il n'y a que de beaux sons dans cet air, je n'y trouve ni verve ni g?nie; or, il me semble que la farce n'admet pas la m?diocrit?. En revanche, le duetto qui suit est entra?nant; on disait ? Trieste que c'?tait le chef-d'oeuvre de la pi?ce. Ramire demande ? Dandini, son valet de chambre, d?guis? en prince, ce qu'il lui semble du caract?re des deux filles du baron:
Zitto, zitto; piano, piano.
La partie du t?nor est d'une fra?cheur d?licieuse et tout ? fait d'accord avec les sentiments d'un jeune prince ? qui l'enchanteur qui le prot?ge a r?v?l? qu'une des filles du baron est digne de tous ses voeux: l'enchanteur veut parler de Cendrillon. La rapidit? et la vivacit? de ce duetto sont inimitables: c'est un feu d'artifice. Jamais la musique n'a lanc? avec cette rapidit? et ce succ?s des sensations nouvelles et piquantes sur l'?me des spectateurs.
L'homme dans une situation ordinaire, qui assiste ? ce duetto, ne peut pas s'emp?cher d'?tre gai; il se sent venir ? l'esprit les id?es les plus bouffonnes, ou plut?t il se sent ravir par le bonheur que donnent ces id?es quand on les go?te. Le quartetto qui se forme par l'arriv?e des deux soeurs a des passages jolis et d'une grande v?rit? dramatique:
Con un anima plebea! Con un aria dozzinale!
Il y a de la gr?ce et surtout beaucoup d'esprit dans l'air de la Cenerentola ? son entr?e dans le salon:
Sprezza quei don che avversa.
Le second acte s'ouvre par un air de don Magnifico, dans lequel il nous dit que, lorsqu'une de ses filles sera l'?pouse du prince, les revenants-bons pleuvront chez lui:
Gi? mi par che questo e quello Confinandomi a un cantone E cavandosi il cappello Incominci: Ser barone Alla figlia sua reale Porterebbe un memoriale? Prendr? poi la cioccolata, ? una doppia ben coniata. Faccia intanto scivolare Io rispondo: Eh si vedremo; Gi? ? di peso? parleremo...
L'air de Ramire, quand il est amoureux et qu'il jure de trouver sa belle.
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